Les premières assurances-vie conformes à l`islam

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Les premières assurances-vie conformes à l`islam
Le 6 janvier 2014
Les premières assurances-vie conformes à l'islam apparaissent en
France
Le Monde.fr | 06.01.2014 à 13h18 • Mis à jour le 06.01.2014 à 14h37 | Par Eric Leroux
Après quelques timides lancements,
la finance islamique fait son entrée
dans la cour des grands placements
avec la création de deux contrats
d'assurance-vie qui respectent les
préceptes de la loi islamique, la
charia.
Après Swiss Life, qui a lancé son contrat Salam cet automne, c'est Vitis Life, une compagnie
luxembourgeoise propriété d'investisseurs qataris, qui vient de se lancer en proposant pour la
première fois aux résidents de l'Hexagone le contrat Amâne Exclusive Life.
Ces contrats « charia compatibles » se démarquent des autres assurances-vie sur plusieurs points
importants. Tout d'abord, leurs fonds en euros ne délivrent aucun rendement. Pour engranger des
gains et maintenir au minimum le pouvoir d'achat de l'épargne, les souscripteurs doivent donc placer
leurs économies dans une ou plusieurs « unités de compte » (Sicav ou fonds communs de
placement), « qui sont elles mêmes gérées selon les principes éthiques de la finance islamique »,
précise Bastien Perrine, responsable du marché français de Vitis Life.
Chez Swiss Life, c'est Salam-Pax Sicav Ethical Fund of Funds, géré au Luxembourg par Casa4Funds,
un spécialiste de la gestion islamique, qui est proposé ; chez Vitis Life, cinq fonds sont disponibles,
gérés par Amundi, BNP Paribas, HSBC, Templeton et Oasis. Y sont accessibles des fonds
monétaires islamiques, des certificats d'investissement islamiques (les « sukuks »), des actions, et
des gestions diversifiées.
AUTORITÉ RELIGIEUSE
Pour être éligibles, tous ces fonds doivent respecter les interdictions prévues par la loi islamique et ne
pas investir en obligations (l'intérêt défini à l'avance n'est pas conforme), ni dans des entreprises
exerçant des activités « haram » (non conformes), telles que le jeu, le sexe, l'alcool, etc., ni pratiquer
la spéculation. « Ils doivent faire l'objet d'une autorisation donnée par une autorité religieuse », indique
M. Perrine. Chez Vitis Life, c'est le Cifie (Comité indépendant de finance islamique en Europe) qui
attribue aux fonds cette validation.
Les contrats d'assurance-vie islamiques se distinguent enfin par leurs clauses bénéficiaires : si
l'assuré reste libre de désigner les bénéficiaires de son choix, il bénéficie d'une aide pour rédiger sa
clause en respectant les contraintes religieuses, qui prévoient l'égalité entre les héritiers et différentes
restrictions.
Le 6 janvier 2014
Si Amâne est réservé à une clientèle fortunée, avec un montant minimal de souscription fixé à
250 000 euros, le contrat Salam est moins « élitiste » (un minimum de 3 000 euros est requis). Ce
dernier connaît des débuts satisfaisants selon les professionnels. « Nous avons commercialisé plus
de 200 contrats en quelques semaines, surtout auprès de professionnels libéraux, de cadres, de chefs
d'entreprise et de joueurs de foot, avec des versements libres de 50 000 euros en moyenne », dévoile
Vincent Liégeon, directeur commercial de Swiss Life.
Un démarrage en phase avec les attentes, assure-t-il sans cacher qu'en créant un produit
communautaire « la société a encouru un risque d'image important ». Elle mène désormais une
réflexion sur le lancement d'un compte courant rémunéré qui serait lui aussi conforme à la finance
islamique.
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Eric Leroux
Journaliste au Monde

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