PRÉVENTION de la DÉPRESSION dans un groupe bancaire

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PRÉVENTION de la DÉPRESSION dans un groupe bancaire
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PRÉVENTION de la DÉPRESSION
dans un groupe bancaire
Auteurs :
(1) Psychiatre, Strasbourg
M. Willlard (1), E. Wertenschlag (2), C. Bontemps (2)
(2) AST67 médecin du travail, Strasbourg
Dans le cadre de la prévention de la dépression en milieu de travail, un programme basé sur un module de sensibilisation aux troubles de l’humeur
associé à un dépistage systématique de la dépression lors des consultations de santé travail a été mis en place dans un groupe bancaire.
Module de sensibilisation à destination
ENQUÊTE sur la DÉPRESSION
Epidémiologie de la dépression,
signes d’alerte et facteurs de gravité,
risque suicidaire, possibilités thérapeutiques
Réalisée au décours de la
visite médicale en santé travail par
le médecin du travail
Répercussions sociales et professionnelles
de la dépression, impact socio-économique
Enquête par questionnaire,
passation sur 1 an (11/2014-10/2015),
sur un site pilote de 459 salariés
Risques psychosociaux : cadre législatif
Rôle des professionnels de santé
soignants et de santé au travail
VARIABLES MÉDICALES
Méthodologie de l’enquête
Après information du CHSCT de la mise en place d'une enquête sur les
risques psychosociaux, le questionnaire a fait l'objet d'une passation lors
de visites médicales en santé travail sur la période de novembre 2014 à
octobre 2015 inclus.
VARIABLES
SOCIO-PROFESSIONNELLES
Dépistage de la dépression CES D
(seuil de 24, auto questionnaire de 20 items,
score maximal de 60 )
sexe
Echelles visuelles
analogiques de stress
professionnel et personnel
Si positif : MADRS
CSP
contrat de travail
lieu de travail
FACTEURS DE RISQUES
PROFESSIONNELS
(seuil de 20, hétéro questionnaire de
10 items, score maximal de 60).
(échelle de 0 [absence de stress]
à 10 [stress insupportable])
Etat de santé neuro-psychique
Étude qualitative
des conditions de travail
Consommation tabagique (test de
dépendance à la nicotine de Fagerström)
Prévalence de la dépression en fonction
de l'âge et du genre dans 2 études
Résultats
311 questionnaires exploitables soit plus des 2/3 des salariés
Moins de 5% de refus
Légère prépondérance de femmes (54%)
et de cadres (52,4%)
89,1% des salariés en CDI
Lieu de travail : siège 43,2% des salariés,
travail en agence 34,1%,
plateforme téléphonique 10,4%
Entreprise du
secteur bancaire
Baromètre
INPES
Salariés
en activité
Population
générale
CES D seuil 24
Qre CIDI-SF
AGE
Tous âges confondus
8.4 %
7.5 %
20-34 ans
13.3 %
10.1 %
35-54 ans
7.1 %
9%
55 et +
4.5 %
4.4 %
Homme
3.5 %
5.6 %
Femme
12.5 %
10 %
GENRE
Prévalence de la dépression de 8,4%
Facteurs étiologiques de la dépression usuels :
sans lien avec le travail / en lien avec le travail /
dépression multifactorielle avec rôle
aggravant du travail
EVA professionnelle > 6 chez 13,6% des salariés
EVA personnelle > 6 chez 6,5% des salariés
Pas d’influence de la CSP sur le niveau
de stress professionnel
Travail en agence significativement
associé à une EVA professionnelle > 6
Dans notre étude, la prévalence de la dépression a été de 8,4%, avec
des évaluations allant jusqu’ à 44. Au sein de la Cohorte GAZEL en 2008
(1)
, l’épisode dépressif a également été caractérisé par la CES D, mais avec
des seuils de 17 pour les hommes et 23 pour les femmes.
Les prévalences objectivées étaient de 14,16% chez les hommes et de
16,7% chez les femmes. Dans le baromètre santé INPES 2010 (2) utilisant
le questionnaire CIDI-SF, celle-ci était de 7,5%. Le tableau ci-contre
détaille les prévalences de la dépression en fonction de l’âge et du genre
comparativement dans notre étude et dans le baromètre santé INPES.
La passation de l’échelle MADRS a été possible chez 24 personnes,
avec un score allant de 0 à 42. Le score a été classé modéré à sévère
dans 33,4% des cas.
L’EVA du stress professionnel a objectivé 13,6% de salariés avec
un niveau supérieur à 6 versus 6,5% pour le stress personnel. Les
moyennes des évaluations étaient respectivement de 3,47 et de 2,18.
Ces résultats sont à mettre en perspective avec ceux de l’enquête SUMER 2010 (3), où 35% des techniciens de la banque et des assurances
étaient dans une situation de job strain.
La CSP n’avait pas d’influence sur le niveau de stress professionnel. Le
travail en agence était significativement associé à un niveau d’EVA
professionnelle supérieur à 6 (23,8% versus 9,2% au siège et 0% en
plateforme téléphonique).
L’étude qualitative des facteurs étiologiques de la dépression
a permis d’objectiver des dépressions sans lien avec le travail,
certaines en lien avec le travail pour lesquelles l’étude des risques
psychosociaux présentait tout son intérêt, et des dépressions
multifactorielles où le travail a pu jouer un rôle aggravant. Le faible
nombre de cas n’autorisait cependant pas à tirer des conclusions plus
approfondies.
34ème Congrès national de médecine et santé au travail | juin 2016
Discussion
Notre étude a objectivé une prévalence
de la dépression chez des salariés du
secteur bancaire de 8,4%.
Ce résultat est probablement sous estimé, eu égard au biais du travail sain.
Néanmoins, la durée du recueil (12 mois) a veillé à minimiser cet effet.
La prévalence de la dépression en milieu professionnel a fait l’objet de
peu d’études en France. Le lien avec le travail a pu être quant à lui
étudié, notamment dans le programme MCP s’appuyant sur l’expertise des médecins du travail, sans approche par questionnaire pour la
classification de la pathologie. La présence d’une EVA professionnelle
significativement plus élevée dans les agences a attiré l’attention sur
l’intérêt d’approfondir les conditions de travail inhérentes à ces
postes de travail.
Conclusion
Cette étude, parallèlement à la sensibilisation des dirigeants et des
membres du CHSCT, a permis d’attirer l’attention sur la pathologie dépressive et d’ouvrir le dialogue sur l’évaluation des risques
psychosociaux dans l’entreprise. Elle devrait permettre de généraliser cette action de prévention à l’ensemble des salariés du groupe
bancaire.
BIBLIOGRAPHIE
(1) Le Port Agnès et al. Association between dietary patterns and depressive symptoms over
time : A 10 year follow-up study of the Gazel cohort. Plos one dec 2012 Vol7 ; issue 12/ e51593
(2) Beck F, Guignard R. La dépression en France (2005-2010) : prévalence, recours au soin et
sentiment d’information de la population. La santé de
l’homme N°421– septembre octobre 2012 pages 43-5
(3) L’organisation du travail à l’épreuve des risques
psychosociaux. Dares analyses 01/2016 n°004.
(4) Willard M, Soigner la dépression professionnelle
par les TCC, Elsevier Masson, 2013, 152p.
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