LE PINCEAU MAGIQUE ! Conte chinois « Il était une fois, dans un

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LE PINCEAU MAGIQUE ! Conte chinois « Il était une fois, dans un
Rendez vous conte juin 2014
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LE PINCEAU MAGIQUE ! Conte chinois
« Le moineau met son chapeau,
Et moi aussi,
La mouette met ses chaussettes,
Sapristi !
Le mainate met sa cravate
C’est la pie…
Mon Conte….
Messon, messé messa !
Elle me l’a pris
Mai où ai-je donc mis ça ?
L’étourneau est étourdi
Qu’elle me le rapporte vite ici »
****
Voici ce que j'ai entendu raconter
« Il était une fois, dans un Royaume lointain, un jeune orphelin appelé Zhao, il
vivait au pied des montagnes du nord de la Chine. Il gardait un petit troupeau
de chèvres. Comme les journées étaient longues, il passait son temps à
observer la nature et à admirer le paysage. .et surtout Il avait un don
extraordinaire : quand il dessinait, tout devenait possible.
Zhao dessinait tout ce qu’il trouvait dès qu'il avait un moment de libre. Comme
il était trop pauvre pour s’acheter un pinceau, il utilisait un bout de bois sur le
sol, avec de l'argile rouge sur une pierre, sur un mur abandonné, un arbre
coupé. Il dessinait n'importe où et avec n'importe quoi. . Il dessinait si bien les
oiseaux et les poissons qu'on s'attendait à les entendre chanter ou à les voir
nager Il avait déjà essayé de se fabriquer un pinceau avec des tiges de riz, mais
il rêvait d’un vrai pinceau, en poils de loup ou en plume de coq.
. Il rêvait de devenir un peintre célèbre.
Un jour d’hiver, alors que Zhao dessinait dans la poussière du chemin, une
jeune bergère s’est approchée de lui en tirant derrière elle belle chèvre
blanche.
–Que dessines-tu aujourd'hui ?, demanda la bergère.
Zhao lui a montré son dessin : . le coq, ailes écartées, bec ouvert, semblait prêt
au combat. Il semblait plus vrai que vrai
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–Oh ! C'est magnifique, Zhao !
Tout à coup, un faucon qui volait au-dessus de leur tête a foncé droit sur eux.
Croyant apercevoir un véritable coq, l’oiseau de proie a arraché le dessin des
mains de Zhao et s’est éloigné en emportant le coq de papier entre ses griffes.
– Ah ! Quel artiste, tu trompes même les oiseaux !, dit en riant la jeune bergère.
– Tu parles d'un artiste, je n'ai même pas de pinceau, soupira Zhao
Non loin de là, un riche seigneur se promenait à cheval, accompagné de son
serviteur qui lui, bien sûr, était à pied.
– Le résultat de la chasse est bien maigre aujourd'hui, maugréa-t-il à son
serviteur.
Le seigneur a vu alors Zhao et la jeune bergère qui discutaient. Il a remarqué
également la chèvre bien grasse que tenait la bergère.
– Ah, ah ! Nous ne reviendrons pas les mains vides, ricana le seigneur.
Puis, il a fait un geste à son serviteur. Celui-ci est parti à la course, a arraché la
corde des mains de la bergère et a tiré la chèvre blanche jusqu’à son seigneur.
–Non ! Rendez-la-moi ! a supplié la bergère en s’agenouillant dans la
poussière. Seigneur, je vous en prie !
Le riche seigneur lui a ricané au visage et a emporté la chèvre blanche avec lui.
La bergère a pleuré toutes les larmes de son corps, sous le regard impuissant
de Zhao.
Que pouvait faire un petit orphelin et une pauvre bergère face à un seigneur si
puissant ? Le soir venu, Zhao s’est rendu à l’école de peinture de son village. Il a
ouvert doucement la porte et a écouté le professeur donner son cours à ses
élèves.
– Mes enfants, n'oubliez jamais qu'il faut tenir votre pinceau fermement,
expliqua le professeur. Ensuite, vous travaillerez d'une main assurée et rapide
comme ceci. Et comme cela.
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En quelques gestes faisant danser le pinceau sur le papier, le professeur avait
peint une magnifique montagne.
–Hum... , a fait Zhao sans trop vouloir déranger.
– Mais ! Que veux-tu, toi ?, demanda sèchement le professeur.
– J'aimerais emprunter un pinceau, monsieur, dit Zhao
– Et pourquoi voudrais-tu emprunter un pinceau ?, questionna le professeur.
– Pour peindre, monsieur, répondit Zhao
Tous les élèves de la classe se sont moqués de Zhao en le pointant du doigt.
Le professeur dit alors à Zhao, habillé avec ses pauvres habits d’un ton sec…
– Il faut être un petit garçon riche pour apprendre la peinture. Disparais !
Vas-t-en !
Et le professeur a chassé Zhao en claquant la porte.
Ce soir-là, Zhao est rentré chez lui le cœur bien triste. Seul, dans sa petite
chambre, il a regardé tous les dessins qu’il avait dessinés et qui ne lui plaisaient
plus.
– Ça ne sert à rien, soupirait-t-il. Seul un pinceau donnerait vie à ces dessins.
Je ne serai jamais un peintre.
Zhao s’est couché sur son lit de paille et s’est endormi Il a fait alors un rêve
étrange. Il a rêvé qu’un vieil homme sage avec une grande barbe blanche
sortait, comme par magie, de l’un de ses tableaux pour s’approcher de lui et lui
dire…
– Zhao, voici un pinceau magique. Il est pour toi et rien que pour toi.
Mais souviens-toi toujours que l'important, c'est ce que tu portes en toi.
Peins avec ton cœur !
Ensuite, le vieux sage déposait le pinceau magique, au manche de bambou sur
le plancher et s’en retournait dans le tableau en répétant :
« Peins avec ton cœur ! Peins avec ton cœur ! »
Quand Zhao se réveilla le lendemain matin, il se dit qu’il avait fait un bien drôle
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de rêve. Mais quelle ne fut pas sa surprise quand il a vu, là, par terre, au pied
de son lit… un pinceau au manche de bambou, aux poils de loup, imbibé
d’encre, le même que son rêve et prêt à peindre !
– Ce n'est pas un rêve !. Ça y est, j'ai mon pinceau aux poils de loup !
Il a enfilé à toute vitesse son manteau et a couru à la rivière en emportant son
beau pinceau. Là, il a enlevé la poussière qui recouvrait une pierre plate et a
fait glisser son pinceau sur elle, formant d’un seul geste un très beau poisson.
La jeune bergère, qui passait par là, s’est approchée de lui et a regardé sa
peinture.
–Oh ! Une carpe !, s’exclama-t-elle émerveillée. Mais regarde, il manque
quelque chose.
– Tu as raison,
Puis, le jeune peintre a ajouté, une nageoire à son poisson. Tout à coup, Zhao
et la bergère ont vu la peinture s’illuminer d’une lumière magique et le poisson
est devenu… un véritable poisson frétillant, prenant une couleur d’or ! Et hop !
Dans l’eau glacée !
–Oh !, s’exclamèrent en cœur Zhao et la bergère éclaboussés, en éclatant de
rire.
Intrigués par ce qui se passait près de la rivière, des villageois se sont
approchés lentement.
– Peux-tu me peindre une chèvre, Zhao?, a demandé la bergère.
Avec des mouvements délicats, Zhao a peint une chèvre blanche sur un gros
rocher. Et comme pour le poisson, le pinceau magique a donné vie à la chèvre,
qui les a regarder en bêlant. La jeune bergère était folle de joie et elle l’a prise
dans ses bras.
Les villageois, rassemblés en plein soleil, étaient stupéfaits.
Zhao s’est donc mis à peindre pour les pauvres du village. Il peignait des
charrues, des lampes, du grain, des poules et des cochons. Et chacun repartait
avec ce que Zhao avait créé avec son pinceau magique.
–Oh !, se sont ils tous exclamé-ils en cœur.
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Un homme est sorti alors de la foule et s’est avancé vers Zhao. C’était le
serviteur du riche seigneur, fasciné par ses prouesses
– Petit, ce pinceau que tu as, amuserait sûrement le seigneur. Et alors qui sait,
il pourrait peut-être nous rendre à tous la vie plus facile.
Zhao a accepté d’accompagner le serviteur jusqu’à la demeure du riche
seigneur.
– Alors Zhao, il paraît que tu fais des tours de magie avec ton pinceau ?
Montre-moi ça. Peins-moi exactement le même.
Le seigneur a montré à Zhao un grand sabre de guerre. Mais Zhao s’est
souvenu de son rêve et des paroles du vieux sage :
« Peins avec ton cœur ».
– Je... Je ne peux pas, Mon pinceau ne travaille pas pour de l'argent et se doit à
tous. Je ne saurais être au service d'une personne, fut-elle aussi noble que
vous. a répondu faiblement Zhao
– Comment oses-tu refuser de m'obéir !, hurla le seigneur.
Enfermez-le dans la grange ! Il sera peut-être moins têtu quand il aura faim et
froid
On a enfermé Zhao dans une vieille grange froide A la nuit tombée, le jeune
peintre a senti la faim lui tordre le ventre et le froid lui pénétrer dans les os. Il
lui fallait trouver une solution au plus vite. Dans la grange il faisait très très noir
Quand la lune s’est levée, un mince rayon s’est glissé par une fente de la porte
et cette lueur a suffi au peintre.
– J'aurais dû y penser avant !, s’écria-t-il tout à coup.
Zhao a sorti le pinceau magique de son manteau et a pu peindre un grand bol
de riz sur le mur. Au même moment, le seigneur marchait vers la grange,
accompagné de son serviteur.
– Allons voir s'il y est devenu plus raisonnable, ricana le seigneur.
Arrivé devant la grange, le seigneur a regardé par les fissures de la porte, et ce
qu’il a vu l’a renversé. Zhao mangeait un grand bol de riz et se réchauffait
confortablement auprès d’un feu de bois.
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– Le petit garnement!, a hurlé de colère le seigneur. Ouvre-moi cette porte, toi!
Dépêche-toi ! Le serviteur a voulu ouvrir la porte mais elle était coincée par le
froid.
–Ouvre-moi cette porte !, a répété le seigneur en frappant son serviteur de
grands coups de bâton.
Alerté par les cris, Zhao s’est dépêché de peindre sur le sol une longue échelle
de bois. Ensuite, il la a déposé sur le mur et grimpa rapidement jusqu’à la
fenêtre.
– Cogne plus fort !, a hurlé sans cesse le seigneur à son serviteur. Mais le
serviteur a eu beau cogner à la porte de toutes ses forces, elle ne s’est pas
ouverte.
– Aaaah ! Recule, idiot !, a ordonné le seigneur.
Il a écarté rudement son serviteur et a défoncé la porte d’un grand coup de
pied. Quand il est entré dans la grange, il a vu Zhao au haut de l’échelle : il était
en train de peindre une ouverture autour de la fenêtre. Le seigneur s’est
empressé de grimper à sa poursuite, mais les barreaux de l’échelle ont cédés
sous son poids énorme et il est retombé durement sur le plancher. Zhao en a
profité pour sauter par l’ouverture qu’il avait peinte et a atterri dehors, dans la
paille. Il a pris ses jambes à son cou.
–Va me chercher mon cheval !, a ordonné le seigneur à son serviteur.
Le serviteur a obéi. Pendant ce temps, Zhao avait beaucoup de mal à avancer
dans les broussailles, après une course épuisante à travers la forêt, il est arrivé
devant un ravin. Pour le traverser, une seule voie possible : un vieux tronc
d’arbre qui reliait les deux versants, comme un pont.
– Le voilà !, a crié une voix.
Zhao s’est retourné et a vu le riche seigneur et son serviteur qui
s’approchaient.
–Vite attrape-le !, a grogné le seigneur.
Le serviteur s’est élancé à la poursuite de Zhao. Le jeune peintre s’est armé de
courage et a traversé le ravin en marchant sur le vieux tronc d’arbre. En
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arrivant de l’autre côté, il a vu le serviteur qui commençait déjà à traverser à
son tour. Zhao a peint alors des flammes sur le tronc d’arbre, qui s’est mis
aussitôt à brûler.
– Aaaah !, s’est écrié de peur le serviteur.
Et il est revenu rapidement sur ses pas, juste à temps pour voir le vieux tronc
s’effondrer en flammes au fond du ravin.
– Imbécile !, a ragé le seigneur en frappant son pauvre serviteur à coups de
bâton. L'empereur va entendre parler de ce morveux !
De l’autre côté du ravin, Zhao a vu les deux hommes s’éloigner enfin.
Au fond de lui, il a ressenti toute la reconnaissance qu’il avait envers son
pinceau magique.
Le pinceau magique
Un cadeau béni
Un vrai coup de chance
Mais risquer ma vie
Montre-toi sage
Fais-en bon usage
Qu'il neige ou qu'il pleuve
Que le tonnerre gronde
Que la tempête fasse rage
Tous les jours je m'entraînerai
Pour montrer ce que je sais
Je créerai des oiseaux en papier
Je peindrai un dragon vigoureux
Je dessinerai mille bateaux argentés
Aux voiles couleur de feu
Toute l'année j'apprendrai à peindre
Sans jamais me plaindre
Ensuite je pourrai
Accéder à la vérité
Peindre c'est magique
Je tiens l'avenir dans mes mains
Et dans l'espace entre terre et ciel
Voir le phœnix s'envoler
Se réchauffer au soleil
Voguer sur ses ailes dorées
Avec mon pinceau magique
Je peux peindre mon destin
Quelques jours plus tard, assis à la table d’une auberge
Zhao s’exerçait à faire danser sur le sol gris, le sol se colore et laisse apparaître une
cigogne. La commerçante jette un coup d’œil à sa peinture.
– C’est magnifique Regarde, tu as oublié de lui dessiner un œil à ta cigognen Mais
pourquoi ne finis-tu donc jamais tes dessins ?
– C'est mieux comme ça, a répondu Zhao . Ça évite d'avoir des ennuis.
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–Des ennuis ?, s’est étonné la commerçante.
Tout à coup, en selle sur de beaux chevaux noirs, des hommes armés sont arrivés au
galop dans la rue.
–Qui est-ce ?
– Ce sont les gardes impériaux, Ils ont beaucoup de pouvoir. Alors baisse la tête. Ne
les regarde surtout pas.
Zhao et la commerçante ont baissé la tête en signe de respect. L’un des soldats a pris
la parole.
– L'empereur a ordonné l'arrestation d'un jeune et très dangereux évadé de Shong
Phen. Cet enfant possède un pinceau diabolique. Toute personne le cachant sera
punie par l'empereur en personne.
À ce moment, et sans que Zhao s’en aperçoive, une toute petite goutte de peinture
s’est écoulé du pinceau magique et est allé s’écraser sur la cigogne pour former son
œil. Aussitôt, le grand oiseau a pris vie et s’est envolé au-dessus de la tête des gardes
impériaux, en lançant son cri aigü.
–Oh !, ont fait en coeur les villageois.
– C'est lui !, a crié un garde en pointant Zhao . Arrêtez-le !
Zhao a été mis aux arrêts, puis on l’a emmené devant l’empereur en personne.
– C'est donc toi dont j'ai tant entendu parler, dit calmement l’empereur à
Zhao Il parait que tu as un pinceau extraordinaire avec lequel tu fais des tours de
magie. Montre-moi. Peins !
Zhao a obéi. Il a peint une libellule sur sa main, ses ailes ont bougées, elle a pris vie
et s’est envolée
–Oh !, se sont exclamés émerveillés les fidèles sujets de l’empereur.
–Hum, charmante cette libellule Mais j’aurai préférer des pièces d’or. Donne !
Zhao lui a remis le pinceau magique. L’empereur a peint sur un mur un coffre rempli
de pièces d’or. La peinture s’est illuminée et les pièces d’or ont commencé à devenir
bien réelles.
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– Regardez, de l'or, de l'or !, ria l’empereur en peignant. Et encore plus d'or ! Ha ! Ha
! Ha ! Ha ! Ha ! Ha !
–Oh !, se sont extasiés les fidèles sujets.
– Il semblerait que ce pinceau magique ait enfin trouvé son véritable maître. Je ne
suis pas seulement un grand empereur, je suis aussi un grand artiste !
Mais à la surprise générale, l’or s’est métamorphosé soudainement en serpent
géant. Tous ont reculés, effrayés. Le serpent a glissé dangereusement vers
l’empereur.
– Ah ! Faites quelque chose !, a hurlé l’empereur à ses gardes.
Armés de longues lances, les gardes impériaux ont chassés le serpent géant hors du
palais. L’empereur a essuyé son front en sueur, puis il a dit à Zhao …
– Je crois qu'ensemble, tous les deux, nous allons devenir les plus grands peintres de
tout le pays. Qu'en penses-tu ?
Zhao n’a rien répondu
– Parfait ! Maintenant je veux que tu peignes une salle pleine d'or.
– Mais une fois que cet or sera utilisé, vous n'en aurez plus, votre grandeur
Par contre, si je peins un arbre pouvant donner des fruits d’or
–Hum, c'est très intelligent. Mais ça sera difficile de le protéger des voleurs, non ?
– Si je peins l'arbre sur une île déserte, votre grandeur, vous n'aurez pas à le protéger
Et, à l’aide de son pinceau magique, le jeune peintre a commencé à tracer sur un
grand mur un arbre immense, aux fruits d’or sur un Îlot
– Ah ! Excellent! Envoie-moi là-bas tout de suite.
– À vos ordres, votre grandeur !,
Il a peint ensuite la mer, calme et bleue où le soleil jouait en taches de lumière. Les
vaguelettes caressaient le sable doré de la rive, les cormorans tournoyaient dans le
ciel clair. Une jonque ornée de dragons d'or se balançait près du rivage, sa voile
frissonnait sous la brise. L’empereur s’est empressé de sauter dans la jonque, suivi de
sa garde impériale et de tous ses fidèles sujets.
– Peins le vent, Zhao !.Beaucoup de vent pour gonfler les voiles !
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Le jeune peintre a ébouriffé les poils de son pinceau pour déchaîner le vent. Les
voiles se sont gonflées et le bateau a glissé sur la mer en direction de l’île à l’arbre
d’or.
– Encore plus de vent, Zhao !, Cette jonque n'avance pas. Tu es un paresseux et un
incapable ! Je veux du vrai vent et pas ce souffle d'éventail ! a crié l’empereur irrité.
Zhao a levé son pinceau pour faire plus de vent. De grosses vagues se sont formées
sur la mer.
– Peins-moi un vent digne d'un grand empereur !
Encore une fois, Zhao a obéi à l’empereur. Son pinceau creusait les vagues crêtées
de blanc, chassant au large la jonque. Le ciel s'est assombri, la mer est devenue
couleur de plomb. Prise dans la houle, la jonque roulait et tanguait. Un éclair a
déchiré le ciel et une tempête de pluie s’est abattue sur la mer déchaînée.
– Ça suffit !, a ordonné l’empereur en s’agrippant au mât du bateau.
Mais il était trop tard. D’énormes vagues ont projeté le bateau contre les parois
rocheuses de l’île et le bateau s’est fracassé en milles morceaux. L’empereur a
échoué sur l’île. Seul, tous les autres ont disparu dans les profondeurs de la mer.
–Haaaa ! Zhao ! Sors-moi d'ici !, a supplié l’empereur.
– Mais votre grandeur, vous ne m'avez jamais dit que vous vouliez revenir,
A répondu Zhao , en remettant en ordre les poils de son pinceau
– Ramène-moi mes sujets ! Je suis l'empereur, tu m’entends, l’empereur !
Mais les empereurs qui règnent et peignent en ne pensant qu'à s'enrichir ne méritent
pas de revenir. Zhao s’est souvenu que l'important est ce que l'on porte en soi.
Jamais il ne cesserait de peindre avec son cœur. Il a passé le reste de sa vie à
peindre pour les pauvres gens.
Voilà ce que j'ai entendu raconter. Et on dit aussi que le pinceau de Zhao, le pinceau
magique, n'a pas été perdu dans la nuit des siècles. On dit qu'il existe quelque part et
qu'il lui arrive encore de réaliser des miracles. A condition, naturellement, qu'il soit
tenu par une main pure et que cette main ne soit pas guidée par un esprit que trouble
la soif de l'or. Il paraît que cela arrive parfois..
Sapristi ! … même si je suis étourdie Mon Conte… est dit .et même si la pie me l’a
repris, ouf, maintenant vous l’avez appris !
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Pour résumer
Il y a bien longtemps en Chine, vivait un pauvre jeune garçon nommé Zhao qui rêvait
de devenir un grand artiste peintre.
Une nuit, il a reçu dans ses rêves un pinceau magique capable de donner vie à chacun
de ses dessins. Emprisonné par le seigneur local, il a réussi à s’enfuir en peignant une
échelle et une fenêtre ouverte. S’envolant sur le dos d’un dragon qu’il avait
dessiné.Zhao s’est installé dans un petit village et a juré de ne plus jamais achever ses
toiles. Mais les hommes de l’empereur l’ont retrouvé et il a été emmené au palais.
Là, l’empereur lui a ordonné de peindre un arbre d’or sur une île, et un bateau pour
l’y conduire.
Mais il lui a demandé de peindre tellement de vent, que le bateau a coulé en laissant
l’empereur prisonnier à jamais sur son île