Marcel Jeanjean, l`illustrateur “envolé”

Transcription

Marcel Jeanjean, l`illustrateur “envolé”
Sète
À SUIVRE
DEMAIN
●
Manifestation Dans le cadre
d’une journée d’action nationale,
la CGT Privés d’emploi et
précaires Sète-Bassin de Thau
appelle à se rassembler devant
Pôle Emploi, à 9 h 30.
● Investisseurs Présentation de la
loi Duflot sur l’immobilier à la
CCI, à 18 h.
● Conseil municipal À 18 h 30,
salle Brassens.
●
Art contemporain chinois
Conférence de Sylvie Lagnier à
18 h 30, médiathèque
François-Mitterrand (entrée libre).
MERCREDI
●
Un acteur et des poèmes
Lectures de poèmes par l’acteur
Charles Caunant et le pianiste
Matthieu Bréno. À L’Orque Bleue,
quai Aspirant-Herbert, à partir de
18 h 30. Entrée gratuite.
● Enfants au Poche Avec Mon
Arbre, pour les 4-8 ans. 7 €, à
16 h. Et aussi samedi.
JEUDI
● Réunion de quartier Pour le
quartier du Jardin-aux-fleurs, à
l’initiative de la mairie, au
gymnase Nakache, à 18 h.
VENDREDI
● Expo galerie Leonardo-Agosti À
l’occasion de l’ouverture de ce
nouvel espace, vernissage d’une
expo collective 3 quai
Aspirant-Herber à 18 h. Jusqu’au
1er mai.
●
Expo dans la salle des Pèlerins
Du figuratif à l’abstrait, peintures
de Marie-Clémence et André
Fontcouberte, vernissage à
18 h 30, à Notre-Dame de la
Salette. Jusqu’au 22 mars.
● Humour au Poche Avec Le
Cœur dans les talons, d’Edgar. À
21 h, 13 et 15 €. Et aussi samedi.
●
Soirée musicale à La Bodega
Le bar musical du 21 quai
Noël-Guignon propose une soirée
“rock live” avec le groupe Rock
Story, de 23 h à 5 h (entrée libre).
SAMEDI
●
Expo à l’Atelier Spirale
Vernissage de l’expo de Daniel
Desardec peintre décapeur, à 18 h
au 13, rue Rouget-de-Lisle.
Expo ouverte de 16 h à 20 h, et
rencontre avec l’artiste dimanche
de 10 h à 12 h.
● La Nuit des guerriers À 19 h,
gala de full contact, au gymnase
du Lido.
LUNDI 11 MARS 2013
Marcel Jeanjean,
l’illustrateur “envolé”
Destins oubliés (9) ❘ Épris d’aviation, ce pionnier de la ligne claire a créé, quatre
ans avant le premier Tintin, un héros qui lui ressemble beaucoup...
L
e coup de foudre a été immédiat », a écrit Philippe Joubert-Lussac sur son blog. L’an
dernier, ce photographe parisien est tombé nez à nez, aux puces,
sur une réédition de 1964 de Sous les
cocardes, un album écrit et illustré
par Marcel Jeanjean, et publié en
1919. À en juger par son blog, on comprend mal pourquoi cet esthète intello a été subjugué par ce livre retraçant la vie quotidienne d’une escadrille, la “33”, celle de Jeanjean, au
lendemain de la guerre 1914-18…
Sauf que l’auteur sétois ne versait pas
exactement dans le comique troupier.
Ni dans le patriotisme béat. La guerre
est certes présente dans Sous les cocardes, mais en arrière-plan. Jeanjean
préfère brosser les portraits des officiers, des pilotes, et raconter les péripéties de la “33” « avec un parti pris
tout de légèreté, de bonhomie et d’humour », souligne le bloggeur parisien,
ébahi par la qualité des textes, la profondeur lyrique de certains passages
(« L’aviation héroïque et fantasque,
creuset miraculeux où se fondent la
ténacité du fantassin, la hardiesse
du cavalier, la fermeté de l’artilleur »).
Peintre officiel de l’Air en 1933
Et puis bien sûr il y a les dessins. Simples, expressifs, pleins de charme, déjà très “ligne claire”. On pense à Jean
de Brunhoff (Babar) mais aussi, dix
ans avant, aux premiers… Hergé. Rapprochement encore plus troublant,
voire flagrant, quand on compare Les
Aventures de Fricasson à celles de
Tintin. Car parallèlement à sa carrière d’illustrateur du monde de l’aviation, qui lui vaudra, en 1933, d’être nommé “peintre officiel de l’Air”, Marcel
Jeanjean exerce aussi ses talents
dans les publications civiles. Et en
particulier celles destinées à la jeunesse.
En 1925, quatre ans avant la naissance officielle de Tintin, il invente donc,
pour mieux incarner ses récits pédagogiques, le personnage de Fricasson. Un jeune globe-trotter, toujours
accompagné de son affectueux petit
chien. Cela vous dit quelque chose ?
Fricasson est brun et Zigoto, son toutou, noir et blanc, mais tout de
même… Au fil des trois albums de Fricasson (parus entre 1925 et 1927), on
croise aussi un vieux marin fumeur
de pipe. Et des savants, des inventeurs, qui ne sont pas sans rappeler
un certain Tournesol. Lequel n’apparaîtra qu’en 1944… Affectionnant en
outre particulièrement, donc, les avions, mais aussi les navires, sous-marins, fusées, etc., Jeanjean leur accorde une grande place dans ses pages.
Comme le fera plus tard Hergé.
Le père de Tintin s’est-il directement
inspiré de Jeanjean ? Impossible d’y
répondre, d’autant qu’on ne trouve
pas trace d’une quelconque controverse à ce sujet de leur vivant ni chez les
exégètes du 9e art. Mais la question se
pose…
À l’inverse d’Hergé, Jeanjean ne deviendra pas un dessinateur de bande
dessinée au sens strict (pas de bulles
pour les textes), mais continuera d’illustrer des albums (la série des Cadet
et Cadette, dans les années 50-60) ainsi que des œuvres de grands auteurs
disparus (Villon, Daudet) ou contemporains comme Léopold Sedar Senghor. Il a également signé en 1936 une
planche dessinée en couleurs illustrant le cortège du fameux carnaval
du Bœuf gras, à Paris. Publicitaire attitré des usines d’aviation Amiot,
Jeanjean sera aussi sollicité pour orner des assiettes en porcelaine de Limoges, des cendriers, ou les vignettes
autocollantes des plaquettes de chocolat et des paquets de cafés vendus
dans les magasins Familistère.
Si la postérité est restée ingrate à son
égard, il n’est pas trop tard pour découvrir, quarante ans tout juste après
sa disparition, l’œuvre de cet artisan
conteur. Et, pour attraper, à l’instar
du dandy bloggeur, un vrai coup de
cœur.
MARC CAILLAUD
[email protected]
LUNDI PROCHAIN
Jean Gourguet,
artisan du cinéma
:$457 690+013
■ Fricasson, globe-trotter, son chien Zigoto et un marin à pipe. Troublant, non ?
Aucune trace d’une photo de lui
Les archives (sur internet en
particulier) sont chiches à l’égard de
l’existence de Marcel Jeanjean. On
sait qu’il est né à Cette le 31 janvier
1893 (Où ? Dans quel milieu ?
Mystère), qu’il a été mobilisé en
1914 dans l’infanterie et qu’il avait
créé un journal, Le Canard Poilu,
dans les tranchées. Puis le Cettois,
sans doute plus attiré par le ciel et
les avions que par la mer et la
pêche, devient pilote de
reconnaissance en 1917, avant
d’embrasser, donc, la carrière
d’illustrateur.
Aucune trace ensuite d’un retour
dans sa ville natale. Décédé à l’âge
de 80 ans, le 25 juillet 1973, à
Soisy-sur-École, bourgade de
l’Essonne, Marcel Jeanjean repose
à Pont-sur-Vanne, petit village de
l’Yonne. Malgré de nombreuses
recherches, nous n’avons pu
retrouver la moindre photo de
lui. Comme si son propre visage
avait aussi été gommé de l’histoire…
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■ Fricasson et Zigoto voyageaient à travers le monde.
COLL. J.-C DUGRIP