le bois énergie
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DOSSIER N°06 - O F F I C E N AT I O N A L D E S F O R Ê T S - SEPTEMBRE 2007 1 POINT SUR LE BOIS ÉNERGIE 01 02 1ER COMBUSTIBLE RENOUVELABLE UNE ÉNERGIE INCONTOURNABLE Déjà 9 Mtep par an pour réduire les émissions de CO2 03 LE BOIS : 1/3 de l’objectif français en énergie renouvelable 04 UNE ÉNERGIE PROPRE qui préserve l’environnement Le bois, énergie traditionnelle, est plus que jamais d'actualité. Réduire notre dépendance énergétique et nos émissions de gaz à effet de serre sont des priorités en France et dans l'Union européenne. Le bois est l'énergie renouvelable la plus apte à y répondre grâce à une ressource disponible et une filière qui s'organise. RÉPARTITION DE LA CONSOMMATION D’ÉNERGIE PRIMAIRE EN FRANCE EN 2005 LE BOIS, 1ER COMBUSTIBLE RENOUVELABLE Aujourd’hui déjà, 9 Mtep par an L e bois énergie est avec l’hydroélectricité, la plus importante source d’énergie renouvelable en France. Il fournit 85% de l’énergie thermique renouvelable. En revanche, sa contribution à la production électrique est encore réduite (2% de l’électricité produite à partir d’énergies renouvelables) proportionnellement à d’autres sources (hydraulique, cogénération basée sur l’incinération de déchets urbains). Grâce au bois bûche, la France est le 1er consommateur européen de bois énergie. La consommation stable jusqu’en 2005, a connu en 2006 un véritable engouement. Lachaleur,bienavantl’électricitéetlescarburants La production de chaleur seule est la valorisation énergétique la plus répandue. Elle fait appel à di- En millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) - Données DGEMP vers équipements (cheminées, inserts, poêles, chaudière automatique) selon les usagers (particuliers, collectivités, industriels) et les combustibles (bûches, granulés, plaquettes). Les chaudières automatiques assurent des rendements supérieurs à 85% contre 15% pour la cheminée traditionnelle à foyer ouvert. Tout ou partie de la chaleur produite peut aussi être transformée en électricité (cogénération) par combustion directe ou gazéification, cette dernière voie étant encore mal stabilisée. La filière cogénération optimisée obtient des rendements d'environ 65%, alors que la valorisation électrique seule plafonne à 25%. Enfin, la production de carburants (dits de “2ème génération”) à partir de la ressource ligno-cellulosique constitue une voie prometteuse à l’horizon 2015. Les rendements énergétiques prévisionnels sont de 30% environ. EN BREF t La plus ancienne source d’énergie a de l’avenir : le bois pourrait doubler sa contribution à la production d’énergies renouvelables en France 2 DU CHAUFFAGE DOMESTIQUE AUX UTILISATIONS INDUSTRIELLES REPÈRES t Les sous-produits de l’exploitation forestière et des scieries sont utilisés par l’industrie de la trituration ou valorisés comme combustibles : en effet, seuls 2 à 20% du volume des arbres sur pied peuvent être transformés en objets finis en bois. En déclin depuis le début des années 90, les usages domestiques évoluent fortement : l'utilisation traditionnelle du bois en base (cuisinière, chaudières) est désormais délaissée au profit d'un usage d'appoint (inserts, foyers fermés, poêles). Actuellement, près de 6 millions d’appareils fournissent environ 7,5 Mtep. Cependant, les installations anciennes sont encore peu performantes, avec un rendement inférieur à 50%. Leur modernisation permettrait de doubler le nombre de foyers équipés pour une utilisation de bois identique. Le chauffage collectif au bois fait recette La consommation de bois du secteur industriel est surtout le fait des industries de transformation du bois qui valorisent leurs co-produits (écorces, sciures, liqueurs noires, chutes…) pour couvrir leurs besoins de chaleur et d’électricité. Parallèlement, le développement des chaufferies collectives conduit à une croissance rapide de la consommation dans les secteurs collectif et tertiaire. Les chaufferies collectives et industrielles fournissent 1,5 Mtep. Mot d’ordre : mobiliser les bois Près de 40 Mt de bois-énergie sont consommées chaque année. 25 Mt soit 60% proviennent de l’exploitation forestière, surtout sous forme de bûches, la production de plaquettes forestières étant encore marginale (0,2 Mt). Cependant, ce type de produit est appelé à se développer rapidement pour répondre au besoin des chaufferies collectives. Celles-ci sont aussi alimentées par des produits connexes de scieries ou des bois de rebut. Même si l’évaluation précise de la ressource est difficile, l’augmentation du stock sur pied en forêt au cours des décennies passées confirme que les prélèvements réalisés sont inférieurs à la production annuelle. Grâce à une valorisation accrue des petits bois et d’une utilisation des rémanents (dans le respect de la gestion durable), les disponibilités pourraient fortement augmenter: environ 10 à 12 Mm3 supplémentaires pourraient ainsi être mobilisés à l’horizon 2012. UNE ÉNERGIE RENOUVELABLE INCONTOURNABLE Un enjeu majeur en Europe et en France EN BREF t Le bois énergie contribue à plus de la moitié de la production européenne d’énergies renouvelables L e développement de la production d’énergies renouvelables est un objectif majeur de l’Union européenne, à la fois pour des raisons de moindre dépendance énergétique et de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Malgré une croissance importante ces dernières années (+4%/an), les énergies renouvelables restent peu importantes dans le bilan énergétique européen(12% de la production primaire). Avec 57 Mtep en 2004, le bois énergie fournit plus de la moitié de la production européenne d’énergies renouvelables. UE : objectif 20-20-20 en 2020 Proposée par la Commission européenne en janvier 2007 et adoptée par les chefs d’Etat lors du sommet européen des 8 et 9 mars 2007, la «Politique énergétique pour l’Europe » met en avant trois objectifs à l’horizon 2020 : ▪ 20% de réduction des émissions de CO2, ▪ 20% de gain en matière d’efficacité énergétique, ▪ 20% d’énergies renouvelables dans la consommation finale. VOUS AVEZ DIT « BOIS ÉNERGIE » ? Bûches, plaquettes forestières, granulés bois, dosses, délignures, DIB, bois de rebut, sciures … Le terme « bois énergie » recouvre la valorisation du bois en tant que combustible sous toutes ses formes, de la bûche à la sciure, en passant par les plaquettes. Tout le monde connaît le bois en bûches, énergie traditionnelle de chauffage et de cuisson en milieu rural, adoptée en appoint en milieu urbain. Ce bois de feu constitue toujours l’essentiel du bois énergie en France et dans le monde. Le bois énergie moderne se présente sous des formes nouvelles : plaquettes (bois déchiqueté en “plaquettes” d’un calibre de quelques centimètres) et granulés (sciure compactée) permettent une alimentation automatique de la chaudière aussi souple que le fuel. Les gisements se sont diversifiés : coupes d’éclaircie forestières, rémanents forestiers et bocagers, taillis à courte rotation, co-produits des industries du bois (sciure, écorces, dosses, délignures, etc.) et bois de rebuts issus de produits en fin de vie comme les palettes usagées, les vieux meubles, etc. 3 LE BOIS : 1/3 DE L’OBJECTIF FRANÇAIS EN ENERGIE RENOUVELABLE Parmi les énergies renouvelables, le bois est la seule ressource pouvant être développée rapidement compte tenu de la sous-exploitation actuelle de la forêt (65% de la croissance biologique annuelle est récoltée) et des nouvelles technologies. Tout d’abord, la poursuite de la modernisation des installations domestiques devrait permettre d’augmenter considérablement la production de chaleur utile: à production d’énergie et consommation de bois constantes. L’existence de technologies performantes pour les chaufferies rend le bois compétitif par rapport aux autres sources d’énergie. Ainsi, la plupart des pays forestiers européens (Finlande, Suède, Autriche) ont développé ce type de production de chaleur. En France, le potentiel de développement reste considérable. La multiplication des installations et l’organisation de filières d’approvisionnement devraient permettre de multiplier par 5 la couverture des besoins en matière de chauffage collectif et industriel. Enfin, la production électrique par cogénération à base de bois énergie, actuellement très réduite en France alors qu’elle s’est fortement développée dans d’autres pays européens, pourrait également fortement progresser. LES TAILLIS À COURTE ROTATION Une biomasse alternative ? Les cultures dendro-énergétiques, ou taillis à courte rotation, sont produites sur terres agricoles, en faisant appel à un savoir-faire et une organisation propres aux forestiers. La production est de 5 à 15 tonnes de matière sèche par hectare et par an et le bois est récolté tous les 5 à 10 ans. Grâce à de nouveaux procédés de transformation, ces cultures devraient permettre de produire le carburant nécessaire pour 64 000 km par an et par hectare en culture, contre 23 000 actuellement. Bénéficiant des avantages des cultures sylvicoles (économes en intrants et sans impact sur les marchés alimentaires), elles offrent un complément, voire une alternative, aux biocarburants actuels. L’émergence des biocarburants de 2ème génération devrait accroître encore la demande de biomasse. Même si la ressource forestière est abondante, l’implantation de cultures dédiées à la production de biomasse herbacée ou ligneuse est nécessaire pour accompagner l’essor de ces débouchés. Les taillis à courte rotation apparaissent ainsi comme une voie prometteuse à développer pour éviter les tensions sur les marchés des utilisations traditionnelles du bois (bois d’oeuvre, trituration, énergie). REPÈRES t Doubler le nombre d’appareils de chauffage domestique, sans consommer plus de bois, c’est possible grâce à l’amélioration des rendements Vers un plan d’actions dynamique ? QUE FAIT L’ONF POUR LE BOIS ÉNERGIE ? Des outils et des partenariats Convaincu que le développement de la filière bois énergie doit être maîtrisée par les producteurs pour garantir une gestion durable des forêts, l’ONF a mis en place une organisation interne adaptée et a développé des partenariats étroits . Une filiale dédiée, ONF Energie : créée en 2006, elle permet à l’ONF d’être réactif face aux demandes d’approvisionnement en plaquettes et de conforter son positionnement en tant que fournisseur direct de combustible bois. La FNCOFOR est entrée à son capital en novembre 2006. Une marque commune « Forêt Énergie » pour les plaquettes forestières issues de la forêt publique (ONF, FNCOFOR) et des coopératives forestières (GCF) afin d’apporter une garantie d’origine et d’approvisionnement et répondre aux demandes des utilisateurs. L’association France Biomasse Énergie regroupe de multiples compétences autour de la valorisation énergétique de la biomasse agricole et forestière, en faveur notamment du développement des biocarburants de 2ème génération. Un protocole d’accord ONF-FNCOFOR pour organiser la mobilisation de bois énergie au profit du programme « 1 000 chaufferies bois en milieu rural » et confirmer ainsi leur volonté commune de réussir ce programme, initié par la FNCofor et l’ADEME. Indispensable pour permettre une mobilisation accrue de la ressource forestière, un “Plan de mobilisation de la forêt française” devrait faciliter la structuration d’une filière d’approvisonnement efficace. Les mesures fiscales (crédits d’impôts pour l’installation de matériels de chauffage au bois, TVA à 5,5% pour le réseau de chaleur au bois) peuvent dynamiser la modernisation du parc français d’appareils de chauffage au bois et incitent à la conversion vers ce type de source d’énergie. Le plan Bois-énergie de l’ADEME devra poursuivre son objectif de développement des chaufferies collectives et industrielles. Les décisions relatives à l’appel d’offres de la Commission de régulation de l’énergie en faveur d’installations produisant de l’électricité à partir de la biomasse, devraient aboutir à de nouveaux investissements notamment en matière de co-génération. La revalorisation du tarif préférentiel de rachat de l’électricité soutiendra ces projets. Les collectivités locales sont fortement impliquées dans le soutien à la filière bois-énergie. Les Régions participent aux investissements financés par l’ADEME et la Fédération des Communes forestières (FNCOFOR) a lancé un programme «1000 chaufferies bois» pour le développement de chaufferies collectives en milieu rural. EN BREF t Mobiliser plus de bois pour alimenter un réseau de plus en plus important de chaufferies collectives 4 UNE ÉNERGIE RENOUVELABLE ET PROPRE EN BREF t 3 1 m de bois = 1 t de CO2 stockée REPÈRES t Produire plus de bois tout en préservant la biodiversité : une proposition commune des forestiers (ONF, Communes forestières, forestiers privés) et de France Nature Environnement au “Grenelle de l’environnement” Un bilan CO2 neutre L ’arbre est comme une pile qui se charge avec l’énergie du soleil. Au cours de la photosynthèse, le dioxyde de carbone (CO2) et l’eau (H2O) se lient en différents composés carbonés. Cette réaction se produit en exploitant l’énergie du soleil. Lorsque le bois brûle, le dioxyde de carbone et l’eau se libèrent et retournent à l’atmosphère, tout en restituant l’énergie solaire pour les besoins de l’utilisateur. Tous les combustibles carbonés, y compris le bois, émettent du CO2 quand on les brûle. Mais à la différence du charbon, du pétrole et du gaz, le bois se renouvelle grâce à la photosynthèse et réabsorbe le CO2, ce qui compense les émissions lors de la combustion. A l’échelle d’un massif forestier géré durablement, les émissions nettes sont nulles. CONSOMMER DU BOIS POUR LUTTER CONTRE L’EFFET DE SERRE Ainsi, le bois énergie s’accompagne de nombreux bénéfices conjoints: stock de carbone dans les sols et les racines, entretien d'un stock sur pied mobilisable, emplois et revenus en milieu rural, bénéfices écologiques. PRÉSERVER L’ÉCOSYSTÈME FORESTIER Afin de garantir la pérennité du puits forestier et dynamiser le prélèvement de carbone dans l’atmosphère, le bois-énergie pour sa partie forestière doit être issu de forêts gérées durablement. L’intégralité des forêts publiques françaises et la majorité des forêts privées de production le sont. Près d’un tiers des forêts françaises (100% des forêts domaniales, 50% des forêts des collectivités, 25% des forêts privées) bénéficie d’une certification «gestion durable» (PEFC). La dynamisation de l’exploitation forestière doit être réalisée en réduisant l’empreinte écologique sur la forêt. Notamment en préservant les sols forestiers : gestion raisonnée des rémanents forestiers, dont une partie est utilisée en bois–bûche ou pour produire des plaquettes forestières, lutte contre le tassement de sols, etc. Dans les forêts publiques, la certification ISO 14001 de l’ONF contribue à cette préservation. Une pollution atmosphérique réduite Par rapport aux filières thermiques classiques (fioul, charbon), la filière bois-énergie n’émet presque pas de soufre ni d’oxyde d’azote. Les émissions d’autres polluants, liées à la combustion, sont très réduites pour les matériels récents (y compris à usage domestique) et inférieures aux normes imposées aux incinérateurs pour les chaufferies collectives ou industrielles. LE BOIS ÉNERGIE EN BREF De multiples atouts Le cycle du carbone du bois Une publication de l’Office national des forêts Directeur de la publication Pierre-Olivier Drège Mise en page et impression Imprimerie Onf Onf 2 avenue de Saint-Mandé 75570 Paris Cedex 12 www.onf.fr Certifié ISO 9001 et ISO 14001 Fin de rédaction Septembre 2007 Bois énergie et puits de carbone : des projets doublement bénéfiques L'utilisation de bois énergie issu de sources pérennes contribue à l'atténuation du changement climatique en combinant constitution de puits de carbone (stockage dans les troncs, les sols, etc.) et réduction des émissions par substitution d’énergie fossile. En favorisant une exploitation valorisée de la production forestière, elle dynamise le puits (capacité annuelle d'absorption de CO2 de l'atmosphère) par rapport à des forêts non exploitées. 1. C’est un combustible bon marché ; 2. La ressource est renouvelable lorsqu’elle est gérée de manière durable comme en France; 3. C’est une énergie propre : sa combustion dans des installations modernes cause moins de rejets que celle de la plupart des énergies fossiles ; 4. Son bilan carbone est neutre vis-à-vis de l’effet de serre ; 5. Il contribue à la sécurité et l’indépendance énergétiques de notre pays ; 6. C’est une source d’activités en milieu rural qui permet la création d’emplois et de richesse au niveau local; 7. La dépense consacrée au bois énergie est réinjectée dans le tissu économique local ; 8. Il contribue à l’entretien de la forêt et du paysage, à l’amélioration de l’état sanitaire des forêts et à la lutte contre les incendies.