Histoire et épistémologie de la Médecine - Site Pitié

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Histoire et épistémologie de la Médecine - Site Pitié
Histoire et
épistémologie
de la Médecine
Jacques Gonzalès (Pitié-Salpêtrière)
Patrice Josset (Saint Antoine)
PCEM 1
2004-2005
Premier cours
De la préhistoire ...
à l’antiquité
LA NUIT DES TEMPS
La « paléopathologie »:
les maladies des os comme notamment la tuberculose,
les traumatismes (trépanation ?)
L’espérance de vie courte, la mortalité des femmes en couches
et des très jeunes enfants
les maladies parasitaires comme la malaria (paludisme)
les épidémies.
Les maladies digestives, oculaires, génito-urinaires au quotidien.
L’homme face à la maladie
Les maladies mentales, les malformations mêlées aux croyances,
des symptômes inquiétants,
une anatomie ignorée tout comme le fonctionnement du corps.
La maladie était une énigme, la mort une fatalité.
Les pratiques « religieuses » (religio = relier)
recourir à la magie, à l’exorcisme en invoquant des forces spirituelles
De l’oral à l’écriture
Les risques de la spéculation et du raisonnement analogique
Faire disparaître l’emprise maléfique : le mal provient d’une faute
Civilisation polythéistes
L’empirisme: la tradition orale
L’apparition de l’écriture, tablettes d’argile des populations rassemblées
et des civilisations disparues
Supprimer la manifestation du mal
La pharmacopée
Les assyro-babyloniens: hépatoscopie
L’Egypte ancienne
à recevoir
L’Egypte ancienne
(1500-3000 ans avant notre ère)
Des dieux et des papyrus
Une médecine organisée,
un début de terminologie en anatomie
des thérapeutiques,
des tests médicaux.
Le monde hellénique et Hippocrate
(4ème siècle avant notre ère)
Issu d’une famille médicale, les Asclépiades,
Hippocrate a beaucoup voyagé
De la soixantaine d’œuvres dit Corpus Hippocratique
environ six sont probablement de sa main, parmi elles:
la maladie sacrée, Airs, Eaux, Lieux, le serment.
Ses idées:
- l’observation est une clé fondamentale de la médecine
- toutes les maladies sont de causes naturelles et non
d’origines divines
- le médecin doit aider le corps malade à se guérir lui même
Ses traitements: le régime, les exercices, et quelques
remèdes.
Hippocrate
II
Inspiré par les présocratiques
Divinités et origines des maladies
Airs eaux lieux
Le but de ce traité: préparer le médecin voyageur à comprendre
les maladies en fonction du climat et de l’environnement:
- l’exposition au soleil des cités,
- le régime des vents
- l’origine des eaux consommées : pluie, source, neige, eaux
stagnantes, etc...
en fonction de la nature des sols,
en fonction des cultures et coutumes,
les lois ainsi que les régimes politiques
Comportement moral et serment
Hippocrate et la théorie des quatre humeurs
Développement en parallèle avec la théorie des 4 éléments
sang, phlegme, bile et atrabile
La santé = équilibre des humeurs
En cas de maladie, il faut revenir à l’état normal:
rééquilibrer les humeurs, les disperser, les fluidifier, les renforcer
Les médicaments agissent par leurs effets contraires (allopathie):
le froid permet de rafraîchir les maladies échauffantes.
Les humeurs agissent sur les caractères:
le caractère sanguin,
phlegmatique ou lymphatique,
le bilieux et
l’atrabilaire (en grec: mélancholé)
ARISTOTE
I
Aristote (4ème siècle avant J.-C.) né à Stagyre,
élève de Platon,
privilégie la philosophie pour connaître la Nature
et relègue la médecine à une place secondaire
la misogynie, l’idéologie grecque d'alors
l’âme (anima en est la traduction latine)
est la réalisation d’une fonction
trois sortes d'âmes:
- l’âme végétative des plantes,
- l’âme sensitive (sensitivo-motrice) des animaux
- l’âme rationnelle, et l'homme dispose des trois.
ARISTOTE
II
Les êtres vivants possèdent aussi une chaleur vitale, une « chaleur
innée ».
Aristote a disséqué de nombreux animaux
l’anatomie des êtres vivants,
l’anatomie comparée.
Il propose une classification des vivants en relevant une logique
fondée sur la finalité fonctionnelle des organes:
la plupart des insectes naissent par génération spontanée de la terre en
putréfaction ou des végétaux sous l’action de la chaleur.
ARISTOTE
III
Aristote n'a pas fait progresser la médecine mais l’a
influencée,
son enseignement se faisait dans le « Lycée » avec pour
support une bibliothèque.
> place majeure du cœur, le siège de l’âme et la source
de la chaleur qui met en forme la matière, qui transforme
l’air inspiré en pneuma, ce pneuma qui en circulant est
perceptible (le pouls).
Le cœur se forme en premier chez l’embryon.
L’école d’Alexandrie
(4ème siècle av. JC)
Grâce à la bienveillance des Ptolémée, pharaons
d’origine grecque,
des dissections anatomiques deviennent
possibles.
Hérophile
(4ème siècle av. JC)
Il montre que les nerfs proviennent du cerveau et de la
moelle épinière,
il découvre les ventricules cérébraux,
Les pulsations des artères sont dues à l’action du cœur
( ce qui était vraisemblablement déjà connu des
médecins égyptiens à l’époque pharaonique)
et à la présence du pneuma
Il observe les gonades de la femme qu’il appelle
« testicules féminins ».
Erasistrate
(III ème siècle av JC)
Il distingue le cervelet du cerveau,
les nerfs sensitifs des nerfs moteurs.
Il s’intéresse aux mouvements de l’air et du sang dans le corps,
à la circulation.
Il attribue au sang un rôle essentiel
et il condamne la saignée.
L’École des Empiriques
A la fin de la vie d’Hérophile qui fait partie comme Erasistrate
de l’école des dogmatistes en tant que disciples d’Hippocrate,
naissent des polémiques avec une nouvelle école, celle des
empiriques.
Ils critiquent les conceptions des dogmatistes et même l’utilité
de leurs travaux en anatomie.
Ils prétendent acquérir une expérience pratique plus utile que
ceux qui spéculent.
Ils surveillent soigneusement les effets de leurs traitements.
Ils développent des médications compliquées comme la
thériaque, une potion préparée à partir de plus de 70
composants qui restera en vigueur (sous d’innombrables
variantes) jusqu’au 19ème siècle.
Rome
I
L’arrivée de médecins grecs instruits et compétents
(IIème siècle av. J.C.),
de nouvelles sectes (écoles de pensée médicale):
les « méthodistes », inspirés de la philosophie épicurienne.
Asclépiade puis surtout Soranos en sont les inspirateurs illustres
une théorie théorie fondée sur l’état resserré ou relâché
des canaux répartis dans le corps,
doctrine appliquée et développée par Soranos, un accoucheur.
L’école des « pneumatistes » le pneuma
Rome
II
L'enseignement de la médecine s’y organise, au Ier siècle ap. J.C.
Les bains (les thermes romains sont célèbres), l'hygiène sont
privilégiés pour maintenir ou rétablir la santé
Création du premier hôpital de l’Occident
Vers 60, Dioscoride écrit un traité
consacré à la pharmacopée par les plantes,
la base de l’enseignement médical jusqu’au 17ème siècle
Celse (premier siècle de notre ère) a fourni dans une sorte
d’encyclopédie, le De medicina, (De l’art médical), un témoignage
essentiel du savoir des Romains,
un des rares ouvrages de médecine écrit en latin.
Soranos
Soranos (Ier siècle ap. J.C.), né à Ephèse,
Soranos utilise le spéculum
pour juger de l'état serré ou relâché du col de l'utérus.
l'utérus n’est pas un organe vital
Il est le tout premier des grands accoucheurs
Son traité (« Sur les maladies des femmes ») est
essentiellement pratique, parsemé de considérations
morales.
Il s’adresse surtout aux sages-femmes.
GALIEN
(IIème siècle)
Galien, né à Pergame, en Asie Mineure,
médecin « grec », installé à Rome,
l'héritier spirituel d'Hippocrate,
influencé par les écrits aristotéliciens et les acquis anatomiques
de l'école d'Alexandrie
Une œuvre considérable
une nouvelle conception de la médecine fondée sur la critique
systématique de ses prédécesseurs
… mais respectant l'œuvre de Soranos.
Galien et l’anatomie
des dissections de gros animaux,
médecins de gladiateurs
forte réputation en anatomie
souvent extrapolée des animaux à l’homme
le finalisme: la position des organes idéale pour leur fonctionnement
La circulation du sang et Galien
le sang se forme dans le foie après digestion des aliments
le passage entre les deux ventricules
Galien et la théorie des quatre humeurs
Fidèle à Hippocrate et à la théorie des quatre humeurs,
Il y ajoute en correspondance quatre tempéraments fondamentaux:
le bilieux ou cholérique (cholé = la bile),
le mélancolique ou atrabilaire,
le sanguin,
le phlegmatique.
il faut que les humeurs et les qualités opposées (froid-chaud, sechumide) soient réparties selon un juste « tempérament »
En analysant tous ces facteurs établir la thérapeutique adéquate
Reconnaître le déséquilibre du tempérament responsable de la maladie
Conclusion
Aristote et Galien sont reconnus par l’Eglise chrétienne bien plus
qu’Hippocrate
Leurs écrits et leurs idées vont être figés pendant des siècles.