Autopromotion et participation populaire
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Autopromotion et participation populaire
Autopromotion et participation populaire Compte rendu d'un atelier régional de formateurs pour le développement rural participatif Tagaytay, Philippines, 15-28 août 1988 35406 Programme sur les organisations participatives des ruraux pauvres Service des politiques rurales de l'emploi Bureau international du Travail Genève ISBN 9 2 - 2 - 2 0 6 9 2 5 - 0 Première édition 1989 Les désignations utilisées dans les publications du BIT, qui sont conformes à la pratique des Nations Unies, et la présentation des données qui y figurent n'impliquent de la part du Bureau international du Travail aucune prise de position quant au statut juridique de tel ou tel pays, zone ou territoire, ou de ses autorités, ni quant au tracé de ses frontières. Les articles, études et autres textes signés n'engagent que leurs auteurs et leur publication ne signifie pas que le Bureau international du Travail souscrit aux opinions qui y sont exprimées. La mention ou la non-mention de telle ou telle entreprise ou de tel ou tel produit ou procédé commercial n'implique de la part du Bureau international du Travail aucune appréciation favorable ou défavorable. Les publications du Bureau international du Travail peuvent être obtenues dans les principales librairies ou auprès des bureaux locaux du BIT. On peut aussi se les procurer directement, de même qu'un catalogue ou une liste des nouvelles publications, à l'adresse suivante: Publications du BIT, Bureau international du Travail, CH-1211 Genève 22, Suisse. Imprimé par le Bureau international du Travail. Genève, Suisse INTRODUCTION Dans le cadre de son programme sur les organisations participatives des ruraux pauvres (PORP), le BIT a organisé pour la région Asie un atelier de formateurs issus d'organismes oeuvrant pour un développement rural participé. Cet atelier s'est déroulé du 15 au 28 août 1988 dans la ville de Tagaytay aux Philippines. L'atelier régional a réuni quelque 20 participants issus de 16 organisations du Bangladesh, de l'Indonésie, du Népal, du Pakistan, des Philippines, de Sri Lanka et de Thaïlande. Une liste complète des participants se trouve en annexe. L'organisation Process des Philippines en était l'hôte et a assuré avec le BIT le bon déroulement de l'atelier. Plusieurs organismes dont le PNUD, la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l'Asie et le Pacifique (ESCAP), le gouvernement canadien, le Service des universités canadiennes outre-mer (CUSO) et la Fondation Friedrich Neuraan ont contribué au financement. Ce rapport présente un compte rendu des délibérations de l'atelier basé sur des notes prises au cours de celui-ci. Son objectif essentiel est d'informer les lecteurs d'expression francophone de la teneur des discussions qui ont eu lieu sur la participation et le développement rural lors de cet atelier régional. Ce compte rendu ne constitue pas en conséquence un relevé exhaustif ni nécessairement impartial de ces délibérations. Afin de transgresser les inévitables barrières linguistiques et de rapprocher des personnes oeuvrant pour une même préoccupation - une véritable participation des populations rurales pauvres à leur propre développement - à partir d'expériences semblables - celle de la paysannerie pauvre du tiers monde - il nous a paru essentiel de rendre disponible un tel compte rendu en langue française-'-. L'organisation de cet atelier constitue la première concrétisation d'un document esquissant un programme de formation pour la promotion d'un développement rural participé. Ce document, qui figure en annexe, prévoit l'organisation de plusieurs ateliers régionaux et sous-régionaux sur ce thème. Le premier a eu lieu aux Philippines et d'autres suivront prochainement pour la région Afrique. Il s'avérait indispensable, par conséquent, dans l'esprit de ce programme de formation, d'assurer une diffusion aussi large que possible du contenu des débats de l'atelier des Philippines afin de permettre à des personnes et des groupes venant d'horizons différents d'en prendre connaissance. Le partage des connaissances est en soi un acte de participation et un acte de formation. L'atelier des Philippines comportait un objectif de formation, basé cependant sur la participation. Il ne s'agit pas ici de transferts mécaniques de savoirs. Il s'est agi d'une réflexion collective menée par tous les participants à partir de leurs expériences respectives de •*• Un compte rendu en langue anglaise est également disponible sous le titre: Promoting people's: participation and self-reliance, Proceedings of the workshop, ILO, Geneva, 1988. 9140d-v.2 - 2 - la participation et du développement rural. Cette réflexion a permis aux participants de clarifier certaines notions touchant à l'animation; la participation, l'autonomie et le développement rural, et de progresser ainsi dans leur propre entendement. Le bon déroulement de l'atelier reposait en conséquence sur l'adhésion de tous à l'exercice individuel et collectif d'autoclarification. Le principe de la participation s'appliquait à l'organisation de l'atelier lui-même comme le souhaitaient les organisateurs. L'organisation des travaux donna lieu à une première discussion entre participants tombant d'accord sur la séquence suivante. Un premier temps de cinq jours (prévu à l'origine pour deux jours) fut consacré à la présentation et à la discussion de l'expérience et de la pratique de chacun des organismes représentés. Au cours d'un deuxième temps, des discussions par petits groupes et en séances plénières abordèrent les différents thèmes d'intérêt commun sélectionnés durant la première période. Cette disposition permettait de partir de la pratique de tout un chacun et de répondre directement aux préoccupations exprimées. Cette séquence a été maintenue dans la rédaction du compte rendu. Le déroulement participatif de l'atelier, voulu par les organisateurs et auquel les participants ont pleinement adhéré, a été grandement facilité par la taille relativement réduite du groupe (environ 20 personnes) et la communauté de lieu partagée par tous. L'objectif de formation de l'atelier fut pleinement atteint en ce que tous ont pu, par le biais des discussions et réflexions collectives, faire avancer leur propre entendement des concepts et des pratiques du développement rural participé. Le thème de la formation des animateurs externes notamment dont l'atelier fut une illustration pratique a été longuement débattu. Ce thème se situe véritablement au coeur de l'avenir des mouvements de base oeuvrant pour une véritable participation des populations rurales pauvres à leurs efforts d'autodéveloppement. Comment assurer la poursuite et la démultiplication de ces mouvements tout en sauvegardant la qualité originelle de la participation? Comment assurer une amélioration continue de la qualité de l'animation, et comment étendre celle-ci? Les lignes qui suivent s'efforcent d'apporter quelques éléments de réponse à ces questions. Il est important que les débats entamés à l'occasion de cet atelier aux Philippines puissent se poursuivre et nourrir d'autres débats et d'autres réflexions sur les thèmes de la participation et de 1'autopromotion. Nous formulons l'espoir que ce compte rendu servira utilement à étendre la réflexion et la pratique pour une véritable autopromotion rurale. Philippe Egger 9140d-v.2 3 - Sommaire INTRODUCTION PREMIERE PARTIE; SE CONNAITRE Encadré no 1. Où est le programme? Indonésie : Tellung Poccoé Yapit LP3ES Bina Swadaya Pakistan : Programme Aga Khan d'appui aux zones rurales Organisation coopérative des travailleurs ruraux du Sindh Népal : Ama Milan Kendra Bangladesh : Samaj Progoti Parishad Nijera Kori Thaïlande : Projet de développement du Nord-est Projet de développement intégré de base Association des agents de développement du Nord Sri Lanka : Institut participatif pour un autre développement Programme d'animation Service pour la décennie de l'eau et de l'assainissement Philippines: Les employeurs des Philippines pour le progrès social Faculté du travail social et du développement communautaire Process Encadré no 2. Visite à une organisation de pêcheurs (Calaris) DEUXIEME PARTIE: REFLECHIR ENSEMBLE Thème no 1 : Les organisations non gouvernementales et leurs relations avec les gouvernements et les donateurs Thème no 2 : Participation et autodépendance Encadré no 3: A quel rythme l'animation expérience au Sri Lanka Thème no 3 : Education, conscientisation et recherche participative Thème no 4 : Rôle et retrait de l'animateur 9140d-v.2 peut-elle se démultiplier? Une - 4 - Encadré no 4 Alphabétisation et participation Thème no 5 Une formation pour l'animation Encadré no 5 Le grand arbre Thème no 6 Les femmes ou l'autre moitié du ciel Thème no 7 Epargne et crédit Thème no 8 Suivi, évaluation et auto-évaluation Thème no 9 Religion, culture et participation CONCLUSIONS Annexe Liste des participants Esquisse d'un programme de formation pour le développement rural participé 9140d-v.2 - 5 - PREMIERE PARTIE: SE CONNAITRE Pour discuter et réfléchir ensemble, il convient au préalable de se connaître. Pour se connaître, il faut partir non pas de la théorie mais de la pratique et de l'expérience personnelle. C'est cette voie que les participants de l'atelier ont choisi de suivre en échangeant d'abord à partir de leurs expériences individuelles. En conséquence, chaque participant fut invité à parler de son travail, de son organisation, des résultats positifs et moins positifs, des objectifs poursuivis et réalisés. Chaque exposé donna lieu à un débat très nourri. Afin de ne pas faire double emploi avec la deuxième partie qui traite des principaux thèmes abordés, cette première partie s'en tient à une brève fiche signalétique des différents organismes participants. Cette première phase du "se connaître" qui dura cinq jours a véritablement jeté les bases du "réfléchir ensemble" de la deuxième phase. Encadré no !.. Où est le programme? Dès la première réunion, l'un des participants s'inquiéta du programme et posa la question: "Mais où le programme?". "Il n'y a pas de programme, répondirent les responsables de l'atelier. Nous déciderons au fur et à mesure de l'avancement de nos discussions. La participation doit se pratiquer à tous les niveaux. Il nous faut d'abord nous connaître, sinon nous ne pourrons pas communiquer et nous comprendre." "L'objectif de cet atelier est de permettre à chacun de réfléchir sur sa pratique, ses finalités, son état d'avancement, comment progresser, nous améliorer, surmonter les difficultés; quels sont nos espoirs, nos craintes, nos frustrations? Ainsi nous nous enrichirons mutuellement. Voilà la substance de l'atelier; le programme, nous le ferons en cours de route." "Il n'y aura pas de cours ni d'enseignement. A chacun de faire son chemin en échangeant le plus possible avec les autres. Nous n'avons pas besoin d'aboutir à des conclusions communes ou à rédiger un rapport. Cela serait artificiel. Nous ne surmonterons pas toutes nos différences. Tel n'est pas notre but." Cette absence de structuration préalable de l'atelier introduisit une gêne pour un petit nombre de participants qui acceptèrent difficilement ce vide apparent. Leur intégration au groupe en souffrit ainsi que leur contribution et ce qu'ils devaient en retirer. Ces personnes avaient cependant une formation universitaire poussée et parlaient beaucoup de la participation. Nonobstant cette tension, la discussion collective petits groupes et en séance plénière, le soir, la nuit toute la journée, ne tarissait pas et personne d'autre s'inquiéta du programme. Celui-ci se déroulait en faisant. Trois moments peuvent à posteriori être retenus: 9140d-v.2 en et ne se - 6- présentation des expériences individuelles et discussion; - élaboration de thèmes prioritaires pour examen; - discussion approfondie des thèmes en petits groupes et en séance plénière. Une visite à un groupe de pêcheurs, des séances de nuit sur des points particuliers, des discussions en aparté, une présidence tournante, des rapporteurs de fin de journée, deux soirées vidéo sur l'expérience pratique de deux organisations et la préparation d'une soirée culturelle organisée et exécutée par les participants agrémentèrent la vie collective durant les deux semaines passées à l'hôtel Adélaïde à Tagaytay aux Philippines. Tellung Poccoé Yapit. Indonésie Un institut de formation d'inspiration islamiste donne des cours de formation professionnelle initialement pour les "laissés pour compte" du système éducatif. Agriculture, élevage, technologie, gestion, économie familiale sont parmi les matières enseignées. Des cours d'éducation ouvrière sont également donnés pour les cadres syndicaux. Un nouveau programme de formation à l'animation est en cours d'élaboration. Les enseignements sociaux du Coran orientent l'approche pédagogique de cet institut. LP3ES. Indonésie Cette petite ONG, commencée en 1982, travaille et autour de Klaten, île de Java, avec des groupes de population pauvres et des jeunes chômeurs. Un premier travail d'analyse sociale est effectué avec les populations pour étudier les causes de la pauvreté et identifier les ressources disponibles. Des cours de formation professionnelle et de formation à la gestion sont octroyés. Un programme de crédit permet aux groupes de se lancer dans de petites activités productives, bien que l'essentiel de l'apport de l'ONG soit éducationnel. L'ONG travaille avec une centaine de groupements. Il y a beaucoup d'échecs car les investissements sont peu rentables, des rivalités sociales secouent les groupes et les populations sont découragées par l'échec du mouvement coopératif et la multiplicité des interventions d'aide à base de dons. Bina Swadaya. Indonésie Cette organisation, établie depuis de nombreuses années, est présente dans de multiples secteurs. Recherche, publications, formation, service financier, commercialisation, etc. Son principe de base est d'appuyer des groupements d'entraide. La formation est une de ces activités les plus importantes dont la formation d'agents de l'animation. Différents programmes existent à cet égard allant de l'économie à la gestion jusqu'à l'organisation, l'analyse sociale et la formation de dirigeants. Bina Swadaya gère une banque alimentée par l'épargne des groupements et des subventions externes. Environ 800 groupements sont aidés par cette banque dont 30 pour cent sont arrivés à maturation. Le responsable de la formation se plaint d'une rotation rapide parmi les cadres des ONG et d'une certaine lassitude des formateurs. 9140d-v.2 - 7 - Programme Aga Khan d'appui aux zones rurales (AKRSP). Pakistan Il s'agit d'un programme de développement agricole oeuvrant dans le nord du Pakistan (siège à Gilgit). Son objectif est de créer des organisations villageoises gérant des investissements agricoles, aménagements, semences, engrais, commercialisation, etc. Les villageois s'organisent en groupements d'intérêt autour de projets précis. Une sorte de contrat est négocié avec les organisations villageoises pour la réalisation des investissements. Environ 400 organisations ont été créées. Le programme gère un service d'épargne et de crédit en liaison avec une banque locale. Organisation coopérative des travailleurs ruraux du Sindh. Pakistan Etablie depuis 1978, cette organisation se donne deux objectifs: construire des groupements d'intérêt dans les villages et faciliter l'émergence de dirigeants. L'organisation est très petite et dispose de peu de moyens. Ses seules armes sont l'amitié et le dialogue. Bien qu'ayant travaillé dans plus de 200 villages en dix ans, les résultats sont maigres, en grande partie en raison de la débâcle du mouvement coopératif. Une collaboration s'est établie avec les centrales syndicales. Depuis 1985, l'organisation a repris un ancien projet du BIT en faveur des femmes rurales, mais il y a de nombreux problèmes. Ama Milan Rendra (Club des mères). Népal Cette organisation, membre du Conseil national du Service social, appuie des groupements de femmes dans les villages. Elle finance des cours d'alphabétisation et de formation et encourage les femmes à entreprendre des activités productives afin de s'assurer d'un revenu autonome. Un réseau de bureaux locaux couvre une grande partie du pays. Samai Progoti Parishad (Conseil pour le progrès social). Bangladesh Cette ONG travaille dans le district de Dinajpur, à l'extrême nord du pays. Cinq programmes composent son action: l'éducation et la conscientisation, l'alphabétisation, la formation professionnelle, l'élevage, les soins de santé de base et l'assainissement. L'organisation comprend 15 personnes et une quarantaine de volontaires répartis dans autant de groupements. Son objectif est de rendre les groupements autosuffisants en trois années par l'introduction de différentes activités sociales et économiques. Etant une petite ONG, elle souffre de tous les problèmes liés à sa taille dans un pays où les grandes ONG dominent. Ni.iera Kori, Bangladesh Cette ONG, fondée en 1974, est née du mouvement de lutte pour l'indépendance. Son action, qui ne comporte aucune intervention matérielle, se base sur l'organisation et la conscientisation dans les domaines suivants: développement humain, conseil juridique, agriculture, pêche, élevage, éducation sanitaire. Deux cents animateurs travaillent actuellement sur le terrain avec environ 3.000 groupements dans tout le pays, dont 40 pour cent de femmes. Ces groupements élisent des représentants au conseil d'administration 9140d-v.2 - 8 - de l'organisation. Les groupements sont encouragés à épargner et à faire pression sur le gouvernement et faire valoir leurs droits. La plus grande richesse de ces groupements est leur solidarité et le recouvrement de leur dignité. Compte tenu de la situation très oppressive dans le pays, les groupements ont toujours besoin de l'aide et du soutien des animateurs. Ceux-ci sont formés principalement par immersion dans les activités en cours et par la réflexion collective. Projet de développement du Nord-est (NET). Thaïlande Cette ONG travaille dans la province de Surin depuis 1980 avec une cinquantaine de villages pour un développement rural intégré. Depuis le début des années quatre-vingt, le gouvernement est beaucoup plus favorable à l'action des ONG. L'organisation agit pour la mise en place d'unités communes telles que des banques de riz, des groupes d'épargne et de crédit, des banques de buffles, la pisciculture, des banques de médicaments, des boutiques villageoises, gérées par les villageois, ceci afin de réduire leur dépendance envers l'extérieur, source de leur pauvreté. En trois années, cette ONG pense qu'un village peut atteindre une autosuffisance de base lui permettant de mieux maîtriser son développement. Projet de développement intégré de base (GRID). Thaïlande Cette organisation travaille étroitement avec la précédente dont elle est issue en 1982. Elle poursuit les mêmes objectifs tout en accordant davantage d'attention à la formation d'animateurs et de responsables villageois ainsi qu'à la maîtrise des technologies traditionnelles et améliorées adaptées aux besoins des villages. L'ONG accorde également des prêts. Association des agents du développement du Nord. Thaïlande Cette association basée à Chiang-Mai est composée de cadres d'ONG (une vingtaine) qui réfléchissent ensemble sur leur pratique et s'assurent des services d'entraide et d'échanges. Une de ces ONG, Etude de la culture pour le développement rural (CSRO), travaille dans trois provinces du Nord. Son principe de base est d'étudier les bases culturelles du développement afin de favoriser un développement de l'intérieur du village. L'étude des systèmes traditionnels de solidarité, de coopération, mais aussi des pratiques culturales, de la pêche, du stockage, etc., occupe principalement les cinq cadres de cette organisation. Au cours de réunions mensuelles, chaque village élabore progressivement un projet global de développement. Institut participatif pour un autre développement (PIPA). Sri Lanka Formé en 1980 par cinq animateurs issus d'un programme d'animation expérimental du gouvernement, cet institut comprend maintenant 15 animateurs externes. Son budget de fonctionnement est de 2.000 dollars E.-U. par mois. L'institut travaille avec une centaine de villages, chacun comprenant un ou plusieurs animateurs(trices) internes. Le travail d'animation comprend essentiellement trois phases. Une première phase qui comprend enquête 9140d-v.2 - 9 socio-économique menée par les animateurs externes, initiation d'un dialogue et de réunions régulières avec ceux qui souhaitent travailler ensemble, constitution d'un fonds d'épargne. Au cours de la deuxième étape, les groupes ainsi formés s'organisent pour accéder aux nombreux services gouvernementaux disponibles au Sri Lanka et empruntent à la Banque pour le financement de projets productifs. Les groupes commencent à se fédérer au bout de trois années. La troisième phase est entièrement entre les mains des groupements et de leurs animateurs qui s'attachent à formuler et mettre en oeuvre de véritables plans locaux de développement. Les animateurs internes d'un groupe de villages se réunissent mensuellement pour évaluer leurs activités. Programme d'animation. Sri Lanka Le programme d'animation est géré par l'Institut de recherche et de formation pour le développement rural du gouvernement. Un programme expérimental d'animation a été lancé en 1978 qui a inspiré de nombreuses initiatives en Asie. Il a également donné naissance au PIDA ci-dessus. La mauvaise fortune de ce programme gouvernemental est décrite dans l'encadré no 3. Service pour la décennie de l'eau et de l'assainissement. Sri Lanka Ce service a été mis sur pied par un groupe d'une trentaine d'ONG au Sri Lanka pour conseiller et mettre en oeuvre des activités dans le domaine de l'eau et de l'assainissement. Sa première approche fut très directive et technique. Après plusieurs échecs, ce service est en train de repenser son mode d'intervention qu'il souhaite maintenant davantage basée sur la participation des populations. Un village notamment refusa les latrines construites par le service parce que, ont argué les villageois, ils n'en avaient aucun usage, leur première priorité étant la nourriture. Le service collabore avec les populations pour la mise au point de techniques adaptées aux conditions locales. Les employeurs des Philippines pour le progrès social (PBSP). Philippines Cette association patronale a ouvert un Institut de gestion du développement social qui assure des cours de formation en organisation et en gestion à l'intention de petits entrepreneurs, artisans et communautés rurales et urbaines. L'objectif de ces formations est de rendre ces acteurs capables de gérer convenablement des activités productives. Des cadres d'ONG sont également formés. Faculté du travail social et du développement communautairef Université des Philippines Cette faculté se spécialise dans la formation pour le développement communautaire. Elle se veut une université ouverte au peuple. Son objectif est de libérer les populations de la pauvreté par l'éducation et la connaissance. Un grand nombre de cadres d'ONG sont formés par cette faculté. 9140d-v.2 - 10 - Process. Philippines Cette ONG, fondée en 1983, est également issue d'un programme expérimental gouvernemental initié en 1979 par le Bureau pour les travailleurs ruraux. Ce programme avait été refondu et rebaptisé Sarilakas à la suite d'échanges avec le programme d'animation du Sri Lanka. L'animation commencée sous Sarilakas est poursuivie par Process et suit la même méthodologie (et la même histoire) que le PIDA au Sri Lanka. Quelque 300 villages bénéficient de l'appui de Process répartis dans neuf provinces et trois régions. Trois fédérations provinciales et une alliance régionale ont été formées. Process est composé d'une trentaine de personnes et financé par une ONG du Nord. Outre l'animation, Process est très actif dans le domaine du conseil juridique. De nouveaux textes sont en discussion au Parlement sur la réforme agraire et la réforme aquatique (Code des pêches). Process et les groupes qu'il appuie se sont mobilisés sur ces questions cruciales pour l'avenir des petits paysans, des travailleurs sans terre et des petits pêcheurs. Process est également présent dans le domaine de la communication éditant plusieurs revues sur son action. Compte tenu de la conjoncture politique aux Philippines, Process est actuellement submergé de demandes auxquelles il convient de répondre tout en sachant que le travail d'animation a son propre rythme. Encadré no 2. Visite à une organisation de pêcheurs Calaris Au sixième jour de l'atelier, l'ensemble du groupe rendit visite à une organisation de pêcheurs de la lagune près de Manille, du nom de Calaris. Le président et quelques responsables de l'organisation invitèrent le groupe à partager leur repas - à base de poisson - dans une cabane sur pilotis au-dessus de la lagune leur servant de lieu de réunion. Ces responsables se chargèrent d'expliquer au groupe l'histoire de leur organisation et surtout la lutte des pêcheurs contre la progressive marginalisation de leur activité. La surface totale de la lagune est d'environ 90.000 hectares dans lesquels les pêcheurs puisaient abondamment il y a quelques décennies. Le malheur est que cette surface s'est progressivement rétrécie jusqu'à moins d'un tiers en raison de la pollution favorisant la multiplication des nénuphars étouffant l'eau et la propriété privée. Les propriétés délimitent des surfaces de la lagune où se pratiquent la culture intensive du poisson. Les 24.000 pêcheurs de la lagune, dont seuls environ 20 pour cent possèdent un bateau, ont progressivement réagi face à cette double spoliation de leur ressource naturelle. Leur histoire est celle d'une longue lutte avec les autorités locales, avec les propriétaires des périmètres privés, avec les autorités responsables de l'aménagement de la lagune, avec la municipalité de Manille déversant les ordures dans la lagune, pour faire valoir leur droit à l'existence, leur droit à exercer dans des conditions décentes leur métier de pêcheur. L'histoire de l'organisation- des pêcheurs illustre les nombreuses tactiques utilisées pour se faire reconnaître comme partenaire à part entière dans les négociations sur l'avenir de la lagune. L'organisation des pêcheurs fonctionne davantage comme groupe de pression que comme 9140d-v.2 - 11 - instrument d'entraide. Mais elle a incontestablement su construire un fort sentiment de solidarité entre les pêcheurs très conscients du fait que l'avenir de leur activité, de leur existence même en tant que pêcheurs, réside entièrement dans la force de leur organisation. En réponse à une question sur les moyens du combat collectif, le président de l'organisation, un simple pêcheur sans éducation formelle mais faisant montre d'une capacité d'analyse et d'exposition remarquable, identifia quatre stades de l'engagement: - celui de l'apathie, "notre destin est ainsi, nous n'y pouvons rien"; - celui de la dépendance, "notre avenir est entre les mains des autres, ce sont eux qui décident"; - le stade précritique, "peut-être pouvons-nous faire quelque chose pour améliorer notre sort, mais quoi?"; - la libération, "c'est nous qui détenons la clé du changement, organisons-nous en conséquence". Tandis que le président livrait son analyse de leur progressive prise de conscience des liens entre leur activité traditionnelle, les ressources naturelles, les forces de la modernisation et l'environnement sociopolitique de la lagune, un de ses confrères illustrait au tableau par un magnifique dessin sa propre version de l'histoire des pêcheurs de Calaris. La connaissance que ces pêcheurs avaient de leur histoire, de leur situation et les causes de leur spoliation socio-économique fut une parfaite illustration du pouvoir que le savoir engendre lorsqu'il est ancré dans les préoccupations des gens. Il existe une foule d'études sur les mutations engendrées par la modernisation, mais lorsque ce même savoir est issu des recherches et réflexions effectuées par les acteurs directement intéressés, il se transforme en une véritable force. Cet entretien marqua profondément le groupe de l'atelier en ce qu'il était une illustration vivante, d'une formation, d'un savoir issus de l'action et de l'interaction entre individus animés par une volonté commune. - 12 - DEUXIEME PARTIE; REFLECHIR ENSEMBLE Au terme de la première partie qui dura cinq jours, les participants identifièrent un certain nombre de thèmes qu'ils souhaitaient discuter de façon plus approfondie. Neuf thèmes furent ainsi sélectionnés: - les organisations non gouvernementales gouvernement et le donateur; et leurs - participation et autodépendance; - éducation, conscientisation et recherche participative; - rôle et retrait de l'animateur; - une formation pour l'animation; - les femmes ou l'autre moitié du ciel; relations avec le épargne et crédit; - religion, culture et participation. Chaque thème était introduit par une ou -deux personnes et fit l'objet de discussions en groupes et en séance plénière. Les notes qui suivent s'efforcent de relater les principaux points de la discussion sans prétendre rendre toute la richesse des échanges qui ont eu lieu. Les encadrés résument des interventions qui ont particulièrement marqué les débats. Thème no 1. Les organisations non gouvernementales et leurs relations avec les gouvernements et les donateurs La multiplication des ONG et l'extension de leurs activités sont devenues un phénomène incontournable. Bien que l'on se réfère ici à toute organisation privée utilisant des fonds publics ou privés et travaillant pour le développement, on ne peut éviter de poser la question: qu'est-ce qu'une ONG? L'appellation est ambiguë en soi puisqu'elle suggère simplement qu'une ONG n'est pas le gouvernement. Plusieurs intervenants ont souligné la position intermédiaire que les ONG aimaient à occuper, intermédiaire entre le gouvernement et les populations pauvres, entre les donateurs et les organisations de base. D'autres ont fait remarquer qu'il existait de grandes différences entre les ONG. Certaines n'apportaient qu'un appui de type purement caritatif, d'autres finançaient des projets de développement très conventionnels basés sur de simples apports en équipements, en subventions, en frais de fonctionnement. Il y avait des ONG de petite dimension et d'autres de très grande dimension comme le Bangladesh Rural Advancement Committee (BRAC) avec plus de 3.000 employés. Les ONG se consacrant totalement à 1'autopromotion des populations rurales pauvres fondée sur les principes de la participation et de l'autonomie n'étaient pas nombreuses. Pour marquer la spécificité de ces organisations de taille relativement réduite et où les tâches de gestion du développement étaient largement substituées par celles d'animation et d'appui à l'autodéveloppment des populations, il convenait de proposer une nouvelle appellation. Unanimement, les participants ont choisi de se référer à ces 9140d-v.2 - 13 - organisations en tant qu'organisations d'appui à 1'autopromotion (Self-reliance promoting organisation ou SPO en anglais). Cette appellation décrivait bien l'objectif et le contenu du travail de ces organisations, et les différenciait des ONG en général qui a priori n'ont rien de commun avec 1'autopromotion. Cependant, une deuxième question mobilisa immédiatement l'attention des participants. Les organisations d'appui à 1'autopromotion demeuraient des intermédiaires entre les organisations ou groupements de base et les donateurs. Dans la plupart des cas, les organisations d'appui restaient étroitement dépendantes de quelques donateurs (du Nord) pour le financemnt de leurs activités. Alors que ces organisations tiennent un discours d'autonomie et d'autopromotion envers les groupements de base, leur état de dépendance financière envers l'extérieur s'accorde mal avec cette philosophie. De nombreuses organisations présentes à l'atelier ont admis cette, contradiction sans tenter de la cacher, tout en soulignant que les solutions envisageables n'étaient pas simples. Des exemples ont été donnés de diverses activités économiques que les organisations intermédiaires ont essayé pour tenter d'augmenter leurs fonds propres malgré les difficultés à réconcilier des activités très distinctes. Plusieurs intervenants ont souligné la position d'intermédiaire des organisations d'appui, position qui devait également être temporaire jusqu'à plus ou moins longue échéance, ces organisations devaient se retirer ou se fondre dans les organisations de base qu'elles auraient contribuer à créer. Il était important pour les organisations d'appui de maîtriser leur croissance, de décentraliser les responsabilités aux organisations de base aussi rapidement que possible, et de garder une taille relativement réduite n'impliquant pas le poids d'une bureaucratisation incompatible avec l'esprit qui doit animer ces organisations. Malgré cette dépendance financière, il convenait néanmoins d'assurer la liberté d'esprit et de mouvement de ces organisations envers les gouvernements et envers les donateurs. La diversification des sources de financement fut considérée comme souhaitable, ainsi que l'élaboration d'une plateforme commune entre organisations d'appui pour faire face au gouvernement. Différents services - transport, documentation, secrétariat - pouvaient également faire l'objet d'une gestion commune entre organisations d'appui afin de réduire les frais. Enfin, et afin de mieux ancrer le centre de décision de ces organisations dans le milieu avec lequel elles travaillent, il fut suggéré de favoriser une représentation des organisations et groupements de base aux organes délibérants des organisations d'appui. Plusieurs exemples furent donnés à ce titre tel que Nijera Kori dans le conseil d'administration duquel siègent des représentants des travailleurs ruraux. Enfin l'organisation PIDA de Sri Lanka est une association autogérée par une quinzaine d'animateurs comportant un minimum de frais généraux. De nombreuses questions sont restées sans réponse mais les participants tombèrent d'accord sur le principe suivant lequel les organisations d'appui devaient progressivement se conformer elles aussi à la philosophie de développement qu'elles défendent. Thème no 2. Participation et autodépendance Les termes d'autodépendance, d'autonomie, d'autopromotion sont souvent utilisés de nos jours par toutes sortes de personnes et en toutes situations. L'autopromotion constitue un objectif pour beaucoup et une vérité pour peu. Le véritable défi est d'aller vers 1'autodépendance et de jeter les bases de ce mouvement affranchissant les populations d'une dépendance paralysante. Parler d'autodépendance, c'est rompre avec une approche et des projets qui apportent le développement aux populations réduites à attendre passivement ces 9140d-v.2 - 14 - livraisons. L*autodépendance signifie que l'on s'attache à développer les capacités propres des populations. Comment parler d'autodépendance à des populations pauvres, vivant en état de dépendance économique, mais faisant preuve également d'un manque de confiance en leurs capacités propres, nourries par des valeurs étrangères à elles. "Nous sommes pauvres, nous ne savons rien. Pouvez-vous nous aider, donnez-nous de l'aide." Voilà des propos qu'on peut entendre souvent. La première tâche de l'animation est de venir en ami et d'expliquer qu'une communauté ne peut pas progresser sans avoir confiance en ses capacités propres. Il convient de gagner la confiance des populations en ami et' non en personne puissante prétendant pouvoir résoudre les problèmes. L'amorce d'une relation d'amitié entre l'animateur et les populations est jugée déterminante. Il faut apporter le dialogue, la discussion, la réflexion sur les véritables problèmes, analyser ensemble la pauvreté, la dépendance, l'endettement. De nombreuses références ont été faites aux valeurs culturelles des populations qu'il convenait de découvrir et d'entretenir, dans la mesure où elles contiennent des références à 1'autodépendance, à 1'autopromotion. Aujourd'hui l'autonomie est souvent assimilée à solutions individuelles, alors que l'histoire ancienne présente de nombreux exemples d'autodépendance ainsi référence à 1'autopromotion collective. Il revenait ressortir ces exemples et références historiques. l'individualisme et aux des communautés rurales que des valeurs faisant à l'animation de faire La première tâche de l'animation était de rendre aux populations la confiance en leur capacité propre d'avancer ensemble vers une vie meilleure. L'autodépendance comporte plusieurs dimensions dont trois paraissent essentielles: intellectuelle; - organisationnelle; - matérielle. Afin de rompre avec la dépendance du présent, il faut surmonter la dépendance intellectuelle dans laquelle les populations sont assujetties, nourries par des attitudes et des discours trompeurs sur l'arriération des ruraux et leur incapacité à se moderniser. Les références à la culture, aux aspects positifs de la tradition et l'utilisation de contes et de saynètes furent présentées comme des outils utiles pour l'animation. Le développement d'une organisation rassemblant de façon volontaire les énergies des populations qui souhaitent travailler et progresser ensemble est une étape essentielle. Enfin, cette organisation doit permettre la réalisation d'investissements et d'exploitations communes pour améliorer la situation matérielle de la population dans les domaines déterminés par elle. De nombreux obstacles ont été mentionnés, notamment ceux liés à l'animation entraînant une nouvelle dépendance envers l'animateur/trice. En fonction des contextes socio-économiques, cette dépendance est vite surmontée comme parmi les pêcheurs aux Philippines ou au Sri Lanka où la population jouit d'un niveau d'éducation élevé. Au Bangladesh, par contre, les travailleurs' sans terre vivent une situation tellement oppressive que le soutien et l'amitié des animateurs est essentiel. Les organisations d'appui peuvent également commettre de nombreuses erreurs. Tout en parlant de participation et d'autodépendance, celles-ci peuvent imposer leur façon de faire, leur point de vue et miner toute velléité des populations de penser et d'agir de façon indépendante. Ceci déresponsabilise les populations et n'encourage pas la participation. Au 9140d-v.2 - 15 - Bangladesh, par exemple, Nijera Kori a, au début, imposé une exploitation collective des terres avant de se rendre compte que ceci ne correspondait pas du tout aux souhaits de la population. D'autres organismes fixent les règles de la participation des populations et vident celle-ci de son contenu. D'autres encore ont souligné le poids des structures antiparticipatives. En Thaïlande, les populations ont appris à attendre le développement promis par le gouvernement et elles attendent toujours. L'animateur ne vient avec aucun don et il faut beaucoup de temps pour renverser cette situation. En Indonésie également, les ONG ont davantage tendance à compter sur la participation des populations dans les projets des ONG qu'à encourager la participation dans le sens d'une véritable autopromotion. Le temps de la participation est nécessairement long, mais il faut prendre ce temps avec les populations pour analyser avec elles les causes de la pauvreté et les perspectives de l'effort en commun. L'animation doit être pleinement consciente de ces dangers et marcher avec les populations à leur rythme et non pas loin devant. Encadré no 3. A quel rythme l'animation peut-elle se démultiplier? Une expérience au Sri Lanka A quel rythme une action d'animation peut-elle s'étendre et se démultiplier? Ceci est une question que chaque programme d'animation doit se poser. Trop lent, le programme perdra de son dynamisme et ne pourra se régénérer de l'intérieur. Trop rapide, il perdra sa substance même. Une expérience menée au Sri Lanka nous offre un contre-exemple. En 1978, le gouvernement du Sri Lanka donne son accord pour le lancement d'un programme expérimental d'animation. De 1978 à 1980, cette expérience connut un succès remarquable. Vingt animateurs externes ont été formés pour travailler dans quatre localités appliquant les principes mêmes de l'animation pour 1'autopromotion sans aucun appui matériel ou financier. Ce programme d'animation continue aujourd'hui sous le PIDA fondé par cinq animateurs estimant qu'ils ne pouvaient plus travailler dans le cadre de l'administration publique. (L'expérience du PIDA est analysée par ailleurs.) Cette défection causa indirectement la stagnation du programme gouvernemental jusqu'en 1984. A ce moment-là, le gouvernement obtint un important financement extérieur pour une expansion rapide du programme expérimental initial. On recruta près de 50 animateurs externes qui recevaient une formation en quatre jours, au lieu de trois mois initialement, par une méthode très directive. En peu de temps, ceux-ci recrutèrent et formèrent à leur tour près de 500 volontaires, payés par le programme. En moins de deux ans, près de 800 groupements furent formés. Une importante administration centrale avait été mise sur pied pour gérer ces personnels et un fonds de roulement pour le financement des activités des groupements. Mais la création de groupements était devenue une fin en soi pour les animateurs qui se souciaient peu de leur solidarité réelle pourvu qu'ils proposent des activités finançables dans le cadre du programme. Fin 1987, un nouveau directeur est nommé à la tête du programme qui avait fait partie de l'ancienne équipe du programme expérimental. Le problème 9140d-v.2 - 16 - qui se pose à lui et qu'il est venu partager avec l'atelier de Tagaytay est la réorientation du programme. Comment faire? Facilités de financement et expansion beaucoup trop rapide ont vidé ce programme de sa substance. Au patient travail d'animation, on a substitué la formation hâtive de groupements appâtés par une livraison clés en main du développement. Ce danger ne guette-t-il pas de nombreux programmes qui, passés à la notoriété après un travail appliqué sur le terrain, se voient étouffés par une générosité traîtresse? Thème no 3. Education, conscientisation et recherche participative R. Tagore: Le monde est mon école J'apprendrai jusqu'à la fin Une grande différence existe entre l'éducation formelle, conventionnelle et l'éducation non formelle: Education formelle - compétence technique spécialisation servir l'employeur migration importations de connaissances Education non formelle - se comprendre soi-même - comprendre sa communauté - sa propre réalité L'éducation moderne et spécialisée ne voit que les parties et oublie le tout. Le problème de maintes ONG est qu'elles souhaitent "éduquer" le peuple; or cette volonté qui les anime est issue du système éducatif formel et tend à détruire les savoirs et les technologies traditionnels. Il existe un savoir populaire, des connaissances populaires et c'est dans ce savoir qu'il faut ancrer l'action d'animation. Il faut faire sortir ces connaissances et ne pas imposer un savoir de l'extérieur qui ne peut pas être supérieur. La recherche conventionnelle a construit une culture de la pauvreté propre aux populations pauvres qui seraient dépendantes, fatalistes, sans motivation, ayant perdu leur identité et prisonnières de- relation de clientélisme. Cette réalité existe sûrement, mais la recherche conventionnelle ne permet pas de la saisir. D'autres méthodes d'investigation sont nécessaires pour faire s'exprimer le point de vue, l'analyse, la réflexion des populations. Le chercheur extérieur doit être accepté par la communauté et il/elle doit s'intégrer à elle, vivre avec elle. Des méthodes nouvelles sont nécessaires ayant recours aux images, au théâtre, aux symboles, bref aux modes de communication propres des populations pour leur permettre d'être un acteur à part entière de la recherche et de formuler les questions qui les préoccupent. La population doit s'engager pleinement dans le travail de recherche et de collecte des informations. 9140d-v.2 - 17 - Là également, il existe de nombreux obstacles y compris du côté des populations qui respectent le savoir et disent ne rien connaître. Il convient de surmonter cet obstacle par l'animation et affirmer les capacités de la population égales à celles de tout autre être humain. En Inde, l'organisation Bhoomi Sena, composée de travailleurs asservis, a beaucoup travaillé sur l'affirmation de la vérité par ces travailleurs, êtres humains asservis luttant pour leur libération comme mode d'organisation et de conscientisation. Si on éduque pour donner aux populations une vérité qui n'est pas leur, on ne facilite pas leur libération. En Thaïlande, l'école ne sert pas communauté, elle introduit des valeurs étrangères qui ne servent pas résoudre les problèmes de la communauté. Souvent l'école aggrave ceux-ci favorisant l'exode. Le savoir de l'école moderne n'est pas utilisable dans communauté. la la à en la La conscientisation est un concept très large qui comporte différentes dimensions. Mais essentiellement, il s'agit de partir des perceptions, des valeurs, des savoirs de la population pour engager celle-ci dans une réflexion sur sa propre vérité et sur les moyens de transformer favorablement celle-ci. Les savoirs des populations s'étendent à la santé, à la technologie, aux pratiques culturales et à bien d'autres domaines. La vérité des populations est leur propre expérience de la vie et c'est de.cette vérité qu'il faut amorcer l'animation. C'est une entreprise de longue haleine qui peut progresser très lentement au départ mais qui peut également aller très vite une fois que le mouvement est lancé. Le rythme de l'animation et celui des populations peuvent ne pas coïncider, et il convient de se réguler sur celui de la population. On ne peut pas éduquer quelqu'un, on peut seulement tenter un transfert de connaissances. La véritable éducation doit partir de la motivation propre à chacun pour découvrir une vérité en interaction avec d'autres. Thème no 4. Rôle et retrait de l'animateur/animatrice Le rôle de l'animateur externe pose deux questions: - pourquoi est-il nécessaire? pendant combien de temps? Afin de prendre des initiatives, transformer leur condition socio-économique et sortir de leur état de dépendance, les populations pauvres doivent s'organiser. Cette organisation dépend généralement d'un appui de l'extérieur. Pour utiliser leurs connaissances et reprendre confiance en leurs capacités, elles ont besoin d'encouragements et d'appuis. Pour faire valoir leurs droits, pour maîtriser de nouvelles productions, pour gérer des activités, un appui extérieur est souvent nécessaire. Le rôle de l'animateur est celui d'un guide, d'un ami qui souhaite l'autonomie des populations et non leur domination. L'animateur externe doit toujours expliquer, dès le début, qu'il (elle) est là pour telle et telle raison mais que sa présence ne pourra s'éterniser parce que d'autres groupes ont besoin de ses services. Parmi les multiples dimensions du rôle de l'animateur, les suivantes ont été proposées: un ami, un guide, un organisateur de groupes, un catalyseur, un consultant, un mobilisateur, un agent du changement, la recherche-action, un conscientiseur, un facilitateur, un coordonnateur de projets. Ces différents 9140d-v.2 - 18 rôles peuvent également se classer suivant les phases organisations populaires. Trois phases sont retenues: - que traversent les une phase de maturation; une phase de consolidation; une phase d'autonomie et de retrait de l'animateur. Dans cette dernière phase, l'animateur doit jouer le rôle d'un consultant occasionnel et d'un ami que l'on a plaisir à revoir. Un animateur externe des Philippines a proposé sa propre version des fruits de son expérience de l'animation. Il propose, parmi les: "A ne pas faire": - ne ne ne ne ne ne ne ne ne ne pas pas pas pas pas pas pas pas pas pas être un parrain ou un prophète monter de barrières entre la population et soi critiquer les valeurs et les coutumes des populations être autocrate ni paternaliste être commandeur ou suiveur apporter toutes les réponses et solutions manipuler la discussion faire de promesses qui ne seront pas tenues faire du commerce recevoir ni donner de cadeaux "A faire": - commencer là où les populations se trouvent et ce qu'elles ont vivre, souffrir et se réjouir avec la communauté donner des informations être un bon ami et un modèle être à l'écoute des populations et les comprendre être un catalyseur et un facilitateur avoir la confiance des populations être franc et honnête, admettre ses erreurs lancer des discussions apporter sa propre nourriture Un participant rappela, tout en reconnaissant la valeur de cette expérience, qu'il ne saurait être question de régies de conduite strictes, chaque animateur/trice devant tirer ses propres leçons en la matière. De nombreux organismes d'appui n'abordent pas franchement et clairement la question du retrait des animateurs externes (et de leur appui) avec les organisations populaires, et ce dans l'intérêt de celles-ci. Un tel dialogue est nécessaire et le plus tôt serait le mieux. Il y a plusieurs raisons à cela. Afin de renforcer les organisations de base, il est nécessaire que celles-ci se multiplient, qu'un mouvement plus large se crée, et donc que les animateurs externes soient détachés pour aller travailler en d'autres lieux. Les organisations de base ont besoin de se fédérer et de s'unir en une organisation plus puissante, et il est nécessaire que les animateurs externes délaissent le travail d'organisation à la base pour aider à la structuration du mouvement. Ces organismes d'appui donateurs externes qu'ils ne est incertain et il est, par base s'affranchissent de cette 9140d-v.2 doivent admettre qu'ils sont dépendants de contrôlent pas du tout. Ce financement externe conséquent, nécessaire que les organisations de aide extérieure aussi rapidement que possible. - 19 Enfin, les animateurs externes sont faillibles comme toute personne humaine et ils peuvent trahir les populations. Celles-ci doivent être averties de ce danger réel. Le rythme et les modalités de ce retrait doivent s'adapter aux circonstances locales et, de fait, pourront varier. Mais le principe du retrait doit être admis et discuté avec les populations aussi rapidement que possible. Il ne s'agit pas d'un retrait mécanique mais du couronnement d'une action d'animation qui vise à introduire un changement qualitatif. L'animateur externe doit travailler pour son propre retrait et non pour sa propre pérennité, qui doit être celle des organisations de base. Encadré no 4. Alphabétisation et participation Chacun sait que le Bangladesh est un pays pauvre et très peuplé. Le problème de la faim n'y est nullement résolu et ressurgit périodiquement de façon dramatique. Le pays n'a guère les moyens d'assurer des services de santé pour tous, ni l'école pour tous ou même l'alphabétisation pour tous. La Commission nationale du plan a beau faire preuve d'imagination et chiffrer différentes stratégies possibles, aucune ne permet d'atteindre les objectifs de base dans un délai relativement court. Il y a quelque temps, sillonnant le pays pour vérifier de possibles hypothèses de travail, un membre de cette commission entend dire qu'une performance théâtrale aurait lieu ce soir là, dans un village proche, sur le thème de l'alphabétisation. II. y accourut et assista à une série de saynètes retraçant l'effort d'alphabétisation du village. Les enfants du village décident d'enlever la honte que représente tous ceux qui ne savent ni lire ni écrire. Ils manifestent à travers tout le village en déclarant la guerre à l'illettrisme. De connivence avec les services administratifs, ils décident que le signe pour "a signé" ne sera plus le pouce trempé dans l'encre mais le nez. A la grande honte des villageois, ceux-ci se virent contraints de se frotter le nez dans de l'encre pour chaque document administratif "signé". Au chevet des personnes malades, les enfants se précipitèrent pour les informer que nul ne sauvera son âme s'il ne rédigeait son testament avant de partir. La peur saisit le village qui accepta très vite les cours d'alphabétisation accélérés proposés par les enfants. En moins de trois mois, tout le village savait maîtriser lecture et écriture. Et notre collègue membre de la Commission nationale du plan put le vérifier sur place au lendemain de cette représentation extraordinaire montée par les villageois. Il réunit les villageois pour leur témoigner son admiration et sa gratitude, car ils venaient de lui présenter une solution qu'aucun membre de cette commission, bardé de diplômes et d'expérience, n'avait pu envisager. Si eux pouvaient vaincre l'analphabétisme en quelques mois, alors en deux ou trois années le pays entier pouvait suivre. Ceci représenterait un atout d'une force considérable pour le développement futur du pays. 9140d-v.2 - 20 - Rempli de joie, notre collègue rentra à la capitale décidé à partager cette nouvelle extraordinaire avec les autres membres du gouvernement. Du ministre de l'Education, il apprit qu'une conférence internationale sur l'alphabétisation devait se tenir au Bangladesh, sous peu. Il s'efforça de convaincre le ministre que cette conférence devait avoir lieu dans ce village, compte tenu de sa contribution à la solution d'un problème mondial, ce qui ne pouvait manquer d'intéresser les experts internationaux attendus. Non, il n'était pas envisageable de faire séjourner ceux-ci dans un village. On conclua sur un compromis avec la ville la plus proche, distante d'une demi-heure du village, et sur une visite du village au cours de la conférence. On apprit par la suite que le Président devait s'adresser à cette conférence. Peut-être pourrait-il également rendre hommage à ce village? Notre membre de la Commission nationale du plan s'en retourna audit village quelques jours avant l'ouverture de la conférence pour informer les villageois des préparatifs en cours. Eux aussi décidèrent d'accueillir dignement les conférenciers et peut-être même le Président. Nettoyage du village, réfection des routes, confection de nouvelles toilettes, podium d'accueil, rien ne fut laisser au hasard pour ces jours historiques. Au petit matin du jour désigné, une délégation de jeunes du village partit à pied à l'aéroport, distant d'une vingtaine de kilomètres, pour accueillir le Président. Peu après midi, ils s'en retournèrent, las d'attendre, et ayant fini par entendre que le Président ne viendrait pas. Ils arrivèrent au village les larmes aux yeux. Il restait les conférenciers, mais aucun ne trouva le temps d'effectuer le déplacement au village durant les quelques jours de ces délibérations internationales sur l'alphabétisation. Notre collègue resta quelques jours avec ses nouveaux amis villageois, tâchant de leur expliquer que leur action devait avoir sa première signification pour eux-mêmes. L'ignorance du monde extérieur, incapable qu'il était de reconnaître une vérité, ne devait pas nuire à leur enthousiasme. Pouvaient-ils continuer et travailler également dans les villages avoisinants? Leur réussite était leur motivation et personne ne pouvait leur enlever celle-ci. La motivation de ces villageois avait su vaincre en peu de temps un obstacle immense qui reste à résoudre au Bangladesh et dans le reste du monde. La cécité du monde des lettrés ne valait que refus de voir des paysans accéder par leurs propres moyens et par leur seule volonté au statut de personnes et de citoyens. Notre collègue ne resta pas longtemps membre de la Commission nationale du plan au Bangladesh. Il quitta son pays pour réfléchir aux forces immenses que la participation pouvait déchaîner pour le développement, forces qui ne sont jamais comptabilisées dans les comptes de la nation. - 21 - Thème no 5. Une formation pour l'animation La tâche de l'animateur est d'animer les populations pauvres et de promouvoir leurs capacités d'autopromotion. De quelle formation les agents de l'animation ont-ils réellement besoin? De toute évidence, le mode traditionnel de la formation qui conçoit l'éducation comme un engrangement de connaissances ne peut s'appliquer ici. Le mode de formation doit être lié au contenu, à savoir la participation et l'animation. Il doit s'agir d'une formation participative supposant une relation d'égalité entre les formateurs et les candidats à l'animation. D'autres questions s'ajoutent à celles du mode et du contenu de la formation. Faut-il former des animateurs en très grand nombre? Qu'en est-il de la formation des animateurs internes? S'agit-il d'une formation en continu? Des centres de formation sont-ils nécessaires? Il est vrai que maints organismes d'appui gèrent des centres de formation pour leurs agents. Ces centres dispensent souvent un enseignement de base, proche du système éducatif traditionnel et très éloigné de la vie des villages, lieux de travail pour l'animation. Le responsable de l'organisation coopérative des travailleurs ruraux du Sindh (SRWCO) au Pakistan rappelle que eux aussi avaient pratiqué une éducation ouvrière très classique pendant des années sans grand résultat. Maintenant, ils étaient davantage conscients de la valeur des approches participatives. La question n'est pas de former pendant des années un flot continu d'animateurs et d'animatrices. L'objectif essentiel est de disposer d'un petit noyau d'animateurs externes, qui à leur tour pourront former au cours de l'animation des animateurs internes. C'est la leçon essentielle à retenir de l'expérience de l'Institut participatif pour un autre développement (PIDA) au Sri Lanka. La formation des animateurs doit être étroitement liée à la pratique de l'animation. Elle doit alterner la réflexion et l'action et permettre la propre autopromotion formative des animateurs. Parmi les thèmes retenus comme essentiels, on peut citer: - l'analyse économique et sociologique des villages; le mode d'interaction avec la population; la pratique de l'animation; une réflexion continue, individuelle et de groupe sur cette pratique. L'essentiel d'une formation participative ne relève cependant pas du contenu, mais de la pratique, c'est-à-dire du mode interactif entre les agents en formation et avec la population villageoise. Si la motivation est réelle, le contenu peut s'approprier très rapidement. Et cette motivation doit permettre aux animateurs de poursuivre et d'approfondir leur formation bien après la fin du cycle de formation. L'expérience de la Tanzanie est ici significative. Grâce à l'intervention du BIT, un programme d'appui aux initiatives de développement des villageois a été entièrement reformulé à la suite de deux stages de formation de quinze jours pour une vingtaine d'agents du développement communautaire. Ces agents rebaptisés animateurs (et animatrices) ont pu, en l'espace d'une année, et sans aucune intervention financière, assurer l'émergence d'initiatives réellement participatives de développement dans les villages où ils (elles) avaient été affectés temporairement. La motivation de ces agents était très grande et ils ont assimilé l'approche participative proposée de façon très rapide. Cette approche fut ensuite transmise par eux aux villageois. 9140d-v.2 - 22 - La formation des animateurs internes procède de la même optique et de la même méthode. Au fur et à mesure que les animateurs internes émergent de l'action en s'imposant naturellement par leurs capacités d'animation, il convient de leur assurer un complément de formation. Celle-ci sera plus lente et plus rudimentaire que pour les animateurs externes car des obstacles de langue, d'écriture, de conceptualisation se poseront inévitablement. Mais les animateurs internes sont d'autant plus efficaces qu'ils agissent dans un milieu connu d'eux et où ils sont connus. Leur communication avec la population ne posera aucun problème. Leur travail étant nécessairement à temps partiel, ils resteront paysans, pêcheurs ou artisans. Le village peut accepter une forme d'indemnisation pour le travail d'animation effectué à l'intention des villageois. Cette décision relève du seul village. Par ailleurs, parmi les animateurs internes, certains s'imposeront par une grande capacité d'animation et une bonne assimilation de l'animation et de 1'autopromotion. En vertu de ces capacités, ceux-ci peuvent progressivement étendre leur sphère d'activité au-delà du village et intégrer d'autres villages. Ils (elles) peuvent devenir des animateurs externes-internes. Une formule d'indemnisation de ces animateurs externes-internes peut être assurée par l'organisme d'appui. En conséquence, la formation des animateurs doit viser à former un petit noyau motivé et mobile d'animateurs externes, un nombre important d'animateurs internes et une augmentation modérée du nombre des animateurs externes-internes. Le schéma suivant permet de résumer cette proposition. Animateurs externes constant Animateurs externes/internes multiplication lente Animateurs internes multiplication rapide La formation pour l'animation doit se régler sur cette perspective du développement et de la multiplication des animateurs. Encadré no 5. Le grand arbre "Tant que le grand arbre sera là, les jeunes plants ne pousseront pas", proverbe indonésien prononcé à l'occasion de la discussion sur le retrait des animateurs externes. L'image du grand arbre est-elle juste? N'est-elle pas contraire à la relation d'égalité qui doit prévaloir entre l'animateur et les populations? Thème no 6. Les femmes ou l'autre moitié du ciel "Dans notre société, les femmes n'ont pas de bouche", rappelle d'emblée un participant du Pakistan. "En milieu rural, les femmes sont traitées comme des animaux", ajoute un autre. Ces signes de discrimination à 1'encontre des femmes, notamment en milieu rural, sont en effet particulièrement nombreux. Au Népal, par exemple, ceux-ci peuvent être classés en quatre catégories principales: - au niveau des lois, les femmes ne peuvent hériter de la propriété familiale, partagée uniquement entre les fils; 9140d-v.2 - 23 - - au niveau de l'éducation, car on n'encourage pas la formation pour les femmes ni l'école pour les filles; - au niveau du travail, puisque les femmes travaillent 365 jours dans l'agriculture, et les hommes seulement 120 jours; - au niveau culturel enfin, la tradition encourageant, avant tout, les femmes à bien servir leur mari. Pour changer cette situation, il est indispensable d'encourager la formation de groupements de femmes pour leur permettre de prendre conscience de leur oppression et d'être capables de se libérer. Une activité productive permettant aux femmes de s'assurer d'une source de revenu autonome est souvent un préalable. Mais ce n'est pas suffisant, car les racines de la discrimination sont profondes. Au niveau de l'animation, il est indispensable de former des animatrices et de leur permettre de travailler directement avec les femmes. Les femmes doivent avoir la possibilité de s'organiser librement, et entre elles si elles le souhaitent. Dans certaines sociétés, cela est à la fois nécessaire et possible compte tenu de l'évolution générale du statut de la femme. Aux Philippines par exemple, où les femmes jouissent d'une certaine égalité, il n'est pas nécessaire pour les femmes de s'organiser séparément. Elles peuvent librement défendre leurs intérêts au travers d'organisations mixtes assurant 1'autopromotion de tous. Dans d'autres sociétés, il est difficile pour les femmes de s'organiser compte tenu des contraintes qui pèsent sur leur mobilité. Cependant, il n'est pas pensable de parler de participation et d'autopromotion en oubliant totalement les femmes. Le travail d'animation doit également porter sur l'instauration d'une relation d'égalité entre hommes et femmes, permettre aux femmes de s'organiser, de prendre la parole au cours des réunions, d'occuper des postes de responsabilité, et d'introduire de nouvelles pratiques et une nouvelle division du travail permettant d'alléger le travail des femmes. L'autopromotion n'est pas concevable sans une pleine participation des femmes. Celles-ci doivent pouvoir contribuer et bénéficier de cette autopromotion au même titre que les hommes. Il est souvent nécessaire, en conséquence, de conscientiser au préalable les hommes sur l'oppression et la pauvreté des femmes, afin que ceux-ci saisissent mieux la situation et le travail des femmes et qu'ils les aident à transformer ensemble cette réalité. Si les hommes s'organisent pour lutter contre la pauvreté et l'injustice, il est possible de leur faire comprendre, au travers de l'animation, la situation oppressive des femmes et l'aide dont elles ont besoin pour transformer celle-ci. De même, les hommes et les femmes comprendront qu'ils ont besoin les uns des autres pour assurer leur autopromotion. Des exemples de cette double action d'animation parmi les hommes, puis parmi les femmes, ont été donnés au Bangladesh et aux Philippines. Aux Philippines, les pêcheurs-hommes qui péchaient et les pêcheurs-femmes qui assuraient la commercialisation du poisson ont pu, au travers de l'animation, mieux comprendre leurs tâches respectives et travailler ensemble pour améliorer leur sort commun. 9140d-v.2 - 24 - Thème no 7. Epargne et crédit Le crédit, si nécessaire aux paysans pauvres, est souvent une cause d'appauvrissement, voire de servage. Les villageois, s'endettant pour de multiples raisons et étranglés par les taux d'intérêt usuriers, s'appauvrissent davantage, jusqu'à passer leur vie à rembourser des dettes. Dans d'autres circonstances, les paysans s'endettent pour être contraints d'acheter des engrais qui souvent arrivent trop tard. Au lieu d'entraîner des investissements productifs, le crédit entraîne les populations dans un cercle vicieux de paupérisation. Par ailleurs, les banques ne sont souvent pas présentes en milieu rural et rarement au niveau des villages. Lorsqu'elles sont physiquement accessibles, de multiples barrières réglementaires ou autres s'opposent à ce que les populations pauvres bénéficient de leurs services. L'obstacle le plus commun est l'exigence d'une forme de garantie, généralement la terre que la plupart des familles pauvres ne peuvent offrir. Ailleurs, les femmes musulmanes ne peuvent fournir de photo d'identité exigée par la banque. Ailleurs encore, les paysans fuient les banques de peur d'être pris dans des détournements. Cependant, les banquiers sont les premiers à admettre que les arriérés et les impayés s'accumulent chez les gros emprunteurs, que constituent les riches et les élites, et donc que la caution exigée est inefficace. Pratiquement, tous les organismes d'appui comptent parmi leurs interventions le crédit aux villageois. Les formes de cette intervention financière varient cependant grandement. L'organisation Nijera Kori du Bangladesh échappe à cette règle puisqu'elle n'assure, volontairement, aucun service financier. Elle travaille uniquement à la constitution et au renforcement d'organisations de base de travailleurs sans terre afin que ceux-ci puissent faire valoir leurs droits d'accès à une banque en cas de besoin, comme tout autre citoyen. La situation est semblable au Sri Lanka, quoique plus favorable puisque le gouvernement encourage la multiplication des services bancaires en zone rurale, accessibles aux plus pauvres. Il s'agit alors de concrétiser ce droit. D'autres organismes d'aide s'efforcent d'assouplir la législation bancaire en permettant la création d'une structure intermédiaire qui, par le biais d'une bonification du taux d'intérêt, prête aux paysans. Le dépôt d'une garantie bancaire auprès d'une banque locale constitue une autre formule. De nombreux organismes d'appui s'efforcent enfin de créer au niveau d'un groupement ou d'une union de groupement un capital géré par ceux-ci et leur permettant d'assurer des prêts ainsi que leurs remboursements. Il peut s'agir soit directement d'un capital financier soit d'un don en nature que les groupements pourront capitaliser par le biais des remboursements. La banque Grameen au Bangladesh, uniquement ouverte aux populations rurales pauvres sans terre, a introduit de nombreuses innovations dans les pratiques bancaires. La plus importante est la caution solidaire octroyant à un groupe la responsabilité des emprunts des membres" du groupe et de leur remboursement. Cette formule a fait ses preuves et permet à de nombreuses personnes pauvres d'emprunter de petites sommes, sans avoir d'autres garanties que la caution d'un groupe d'appartenance reconnu par la banque Grameen. La limitation de cette formule est de réduire le groupe à un mécanisme de contrôle d'emprunts et de remboursements et de réduire le champ de la participation et de 1'autopromotion. 9140d-v.2 - 25 - Du point de vue de l'animation et de l'autopromotion, il convient de noter deux points. D'une part, il est nécessaire que les groupements, avant même de percevoir des financements extérieurs sous forme de prêts ou de subventions, puissent faire état d'une pratique régulière de l'épargne. Cette épargne volontaire doit être gérée collectivement par le groupement et marquer ainsi sa solidarité. Une telle épargne constitue une première expérience de gestion commune et une assurance indispensable contre toutes sortes d'aléas (maladie, décès, catastrophe, disette, etc). Elle peut constituer également un premier capital d'investissement. D'autre part, les organismes d'appui devraient s'efforcer de militer en faveur d'une adoption beaucoup plus large du principe de la caution solidaire. Celle-ci permettrait à un nombre toujours plus important de populations pauvres d'accéder à des services financiers établis qui seuls présentent les garanties d'une viabilité à long terme. Thème no 8. Suivi-évaluation et auto-évaluation Deux problèmes principaux sont abordés ici. D'une part, la séquence habituelle de l'évaluation est la suivante: donateur/organisme d'appui/animateurs externes/populations. D'autre part, la participation relève d'un développement des facultés humaines et se prête difficilement à la quantification. Ces évaluations externes menées par les donateurs avec ou sans représentant des organismes d'appui ne sont que d'une faible utilité pour ces derniers et, en général, d'aucune utilité pour les populations. Celles-ci sont appelées à répondre passivement à des questions et sont rarement informées des résultats de l'évaluation. Aussi, les organismes d'appui réfléchissent de plus en plus sur les moyens de transformer une évaluation en un exercice également utile pour les populations. Bien qu'il soit difficile d'envisager actuellement un renversement total de la séquence classique de l'évaluation (est-il même pensable que les populations évaluent les donateurs?), il y a lieu d'utiliser l'évaluation comme un moment privilégié de réflexion et d'encourager ainsi une participation des populations à l'évaluation de leurs propres activités. Beaucoup de questions se posent quant à la meilleure méthode d'une auto-évaluation, le coût en temps de ce qui est nécessairement un exercice lent et les nombreux obstacles à surmonter. La recherche conventionnelle produit de piètres résultats quant il s'agit de soutirer de l'extérieur des informations aux communautés. Les populations n'acceptent plus si facilement de se soumettre aux décisions d'une évaluation externe menée en-dehors d'elles, comme le rappelle un exemple récent en Thaïlande où une communauté a refusé une évaluation menée comme une inspection. Aux Philippines, l'organisation Process a récemment tenté une expérience d'auto-évaluation en introduisant celle-ci par des questions très simples et en soulignant qu'il était essentiel que les populations fassent le bilan des activités menées ensemble, portent un jugement sur la qualité de celles-ci et arrêtent les orientations futures. Les questions posées étaient les suivantes: 9140d-v.2 - 26 - - quelle a été notre histoire? qu'avons-nous réalisé? - quels sont nos échecs, nos réussites? que pouvons-nous faire? - que devrions-nous faire à l'avenir? comment pouvons-nous y arriver? L'auto-évaluation entretient des liens étroits avec la participation et 1'autopromotion, puisque l'objectif ultime est de développer la capacité de maîtrise et d'autogestion des populations. L'auto-évaluation peut puissamment y contribuer si elle est bien introduite et conduite en favorisant l'autonomie de pensée des populations. Bien sûr, au début il appartient à l'animation d'introduire et d'animer l'auto-évaluation, mais celle-ci doit vite être totalement appropriée par les populations. On ne doit pas se substituer à elles ni les pousser à examiner des questions difficiles touchant par exemple à la démocratie, aux dirigeants, questions qu'elles ne sont pas prêtes à examiner. Il est également nécessaire que les populations prennent l'habitude d'évaluer la performance de l'organisme d'appui. Ceci est une étape nécessaire vers l'affranchissement des populations de la tutelle de l'organisme d'appui qui ne saurait s'éterniser. Les moyens et le rythme seront ici déterminés par les circonstances locales. L'organisme d'appui doit en prendre l'initiative et demander aux populations de le critiquer afin qu'il puisse améliorer sa contribution. Si des craintes et la peur subsistent, cela signifie que l'organisme d'appui a échoué à instaurer une relation d'égalité avec les populations, relation si nécessaire à la participation. De nombreux problèmes existent à cet égard suivant les sociétés, comme par exemple la non-mobilité des femmes en milieu musulman. Mais rien n'est immuable, comme le décrit si bien William Hinton dans son livre Franshen, dans lequel un passage relate des séances de critiques publiques des paysans envers les cadres durant la révolution chinoise. Quatre points peuvent résumer l'essentiel de la discussion sur ce thème: 1) l'auto-évaluation doit être considérée comme une véritable dimension du développement des capacités d'autogestion des populations organisées en vue de leur autopromotion; 2) l'animation doit aider ces populations à s'initier à la pratique de l'auto-évaluation. Ceci doit faire partie de la formation des animateurs; 3) l'auto-évaluation doit nécessairement comprendre trois étapes: 4) - un rappel de la réalité des populations avant l'organisation pour 1'autopromotion; - les réussites et les échecs dans la transformation de cette réalité; - la direction et les activités futures. l'auto-évaluation doit également comprendre une évaluation des dirigeants que les populations se sont données et l'évaluation de leurs animateurs externes. 9140d-v.2 - 27 Thème no 9. Religion, culture et participation La religion et la culture imprègnent profondément la vie des populations rurales en Asie. Il existe différentes religions (bouddhisme, islam, hindouisme), et toutes comportent des valeurs fondamentales pour l'identité de l'homme et sa vie sociale. La religion est malheureusement également la source de nombreux conflits et rivalités divisant les communautés à partir d'interprétations erronées et partisanes des valeurs fondamentales. Ce thème est jugé important mais sortant quelque peu du cadre de l'atelier, dans la mesure où il s'agissait là d'une question que chaque individu, chaque groupe, chaque société devait aborder en fonction de ses valeurs propres. Deux aspects principaux ont été abordés au cours de la discussion. La religion et la culture constituent les racines de l'identité d'un peuple. On ne peut songer à stimuler la participation des populations avec des valeurs culturelles étrangères à celles-ci. La participation doit s'enraciner dans le contexte culturel de la population et partir de ses valeurs propres en reconnaissant et en s*appuyant sur les croyances et les pratiques du milieu. La religion et la culture peuvent introduire cependant des tensions. Dans certaines sociétés, la religion constitue un facteur de division sociale des communautés, une source de conflit inutile. Des responsables religieux s'opposent aux forces sociales de progrès au nom d'une interprétation restrictive des textes sacrés, des enjeux de pouvoir et des privilèges dont ils jouissent. Certaines pratiques religieuses entraînent des dépenses ruineuses pour les populations pauvres et conduisent à leur endettement. Toutes les religions proposent des valeurs de solidarité et de justice sociale très positives. Des mouvements sociaux progressistes s'inspirent de ces valeurs. La tâche des animateurs est donc de déceler et de faire valoir les valeurs positives de la religion, en s'appuyant sur celles-ci pour dénoncer les fausses interprétations des textes religieux et les fausses valeurs. 9140d-v.2 - 28 - CONCLUSIONS Quelles conclusions pouvait-on tirer d'un atelier de ce type? Trois questions ont été posées aux participants au terme des délibérations: - qu'est-ce qui a été clarifié? quelle utilité pour votre travail? votre avis sur le déroulement de l'atelier. Parmi les nombreuses et diverses réponses apportées, on peut citer: - Nous avons échangé en amis, l'atmosphère était très bonne, j'ai une perception plus claire de la pratique, avant je faisais trop de théorie, à mon retour j'en parlerai à mon équipe, nous analyserons ensemble notre • travail à la lumière de ce que j'ai appris ici, mais l'auto-évaluation cela nous pouvons l'introduire tout de suite, etc. - Je comprends mieux les rôles respectifs des animateurs internes et externes, le problème de notre propre attitude, nos relations avec les populations, la discussion sur l'épargne et le crédit a été très utile, je dois en parler avec mes collègues, etc. - La question du retrait de l'animateur est très importante, nous devons réfléchir davantage là-dessus, notre entretien avec les pêcheurs a été très riche, là j'ai beaucoup appris, la façon dont nous avons traité de la formation est très nouvelle pour moi, je dois organiser un atelier de ce type avec toute mon équipe, mais il faudrait un deuxième atelier d'ici une à deux années, etc. - Je suis venu avec deux objectifs, réviser toutes ces notions et partager avec vous la réorientation de mon programme, j'ai beaucoup avancé sur ces deux points, nous pourrons réduire le nombre d'animateurs externes et surtout revoir leur formation, il faudra du temps pour mettre en application toutes ces nouvelles orientations mais c'est nécessaire. - Je suis venu d'une ONG et je souhaite rejoindre une organisation d'appui à 1'autopromotion, peu d'ateliers auxquels j'ai pu assister appliquaient ainsi le principe de la participation, c'est un véritable lieu de formation, etc. - Le dialogue est très important et la liberté est nécessaire pour apprendre, pour échanger, ici nous avons pu échanger en toute liberté, l'émotion est nécessaire pour stimuler la compréhension, j'aurais aimé une visite de terrain plus approfondie, etc. - Tout ce que j'ai appris remet en question mon travail, mais de façon positive, je vais pouvoir l'analyser de façon plus critique, etc. - J'ai beaucoup appris, le plus important concerne les animateurs internes, il faut donner davantage de responsabilités aux organisations de base, il faudrait organiser des ateliers de ce genre pour nos agents de terrain, etc. - Mon horizon s'est beaucoup enrichi, notamment concernant 1'autopromotion, le thème de la participation est maintenant plus clair et il faut l'appliquer partout dans l'évaluation, dans nos relations avec les donateurs, pour le crédit, etc. 9140d-v.2 - 29 - - J'ai appris beaucoup de choses mais il faudra du temps pour assimiler tout cela, adapter ce qui peut l'être, je dois en parler à mon organisation et nous devons réfléchir ensemble, etc. - Je suis très content, je me sens enrichi et suis davantage,etc. - L'essence de la participation est de parvenir à résoudre les tensions qu'elle crée elle-même, c'est la vie même comme cet atelier l'a montré, nous avons choisi de partir de la pratique et non de la théorie, sur différents points nous avons fait progresser l'analyse, le concept d'animateur interne-externe est nouveau, tout comme l'auto-évaluation... - Nous avons commencé à réfléchir sur certaines notions essentielles et je vais poursuivre cette réflexion, mais il faudrait que nous puissions nous revoir, une visite de terrain plus longue aurait été souhaitable. capable de donner La plupart des participants sont tombés d'accord sur la valeur de la démarche méthodologique de l'atelier, elle doit être participative, partir de la pratique et non d'un contenu déterminé à l'avance et être portée par une dynamique interactive entre les participants. L'objectif n'était pas de donner à chacun un certain nombre de réponses toutes faites mais d'introduire une réflexion qui se poursuivra après l'atelier sur des questions essentielles. Et de fait, les participants ont souligné qu'ils poursuivront la réflexion entamée à Tagaytay en commençant par partager celle-ci avec leur équipe pour étudier les réorientations possibles de leur pratique. Plusieurs participants ont indiqué qu'ils auraient souhaité une visite de terrain plus approfondie et de quelques jours afin de s'imprégner d'une expérience différente. Enfin, des souhaits ont été exprimés pour l'organisation d'ateliers semblables dans un délai de deux à trois ans. Des versions nationales de cet atelier régional furent également suggérées. 9140d-v.2 ANNEXE 1 REGIONAL WORKSHOP FOR NGO TRAINERS IN PARTICIPATORY RURAL DEVELOPMENT Villa Adelaida, Tagaytay City August 15-28, 1988 LIST OF PARTICIPANTS Name/Home Address/Telephone 1. Mr. C. Abeygunawardana 10 Kandawatta Lane Nugegoda, Sri Lanka Tel. No. 554070 Mr. Chandio Munir Ahmad 263-C-2 PECHS Karachi 29/13 Tel. No. 446895 Office Address/Telephone Change Agents Programme Rural Development Training and Research Institute (RDTRI) 24/4 Castle Street Colombo 8, Sri Lanka Tel. No. 596592 Sindh Rural Workers Coopérative Organization 263-C-2 PECHS Karachi 29/13, Pakistan Tel. No. 442538 Position Director Field of Expertise Development Administration on Participatory Rural Development Sri Lanka Pakistan Président 3. Ms. Jocelyn Caragay 69 Silencio St., Santol, Quezon City Tel. No. c/o 605238 University of the Philippines Collège of Social Work and Community Development Diliman, Quezon City Tel. No. 972477 Assistant Professor 4. Mr. Philippe Egger Rural Employment Policies Branch Employaient & Development Office CH-1211 Geneva 22 Switzerland Tel. No. 022-996563 •ILO Staff Ms. Edel C. Guiza PROCESS 54 Estrella St., Bel Air, Makati, Métro Manila Philippines Bina Swadaya Jl Gunung Sahari 111/7 Jakarta Pusat, 10610 Indonesia Tel. No. 354 700 Executive Director Participatory Rural Development Staff Trainor Mr. Em Haryadi Jalan Gardu Gang, SLB No. 11 Condet, Jakarta Timur Indonesia Tel. No. 809 2064 Country Social Work & Community Development Philippines Swi tzerland Philippines Indonesia 2 Name/Home Address/Telephone 7. Mr. Wilfredo J . Homicillada 4 t h S t . , A l t a Tierra Village J a r o , I l o i l o City T e l . No. 70546 Office Address/Telephone PROCESS Western Visayas 125 Bonifacio St., Molo, Iloilo City Position Expertise Country Area Coordinator Panay Island Community Organizing Philippines Philippines 8. Mr. Abul Kashem Baluadanga, Oinajpur Samaj Progoti Parishad (SPP) Baluadanga, Oinajpur Bangladesh Tel. No. 0531 No. 4533 Director Project Management Bangladesh 9- 1r. AmaTendu Kundu Kast-Khan Khana Pur D t . R a j b a r i , Bangladesh Nijera Kori 40A Road 4A Ohanmondi Dhaka, Bangladesh Tel. No. 505901 Program Organizer Community Organizing Bangladesh 10.Ms. Ma. Luisa Lopez Galanto Compound Cleofe St., Baesa Quezon City Social Development Management Institute (SDMI) Philippine Business for Social Progress (PBSP) Cor. Real / Magallanes St., Intramuros, Manila Tel. No. 498223/498217 Senior Training Offlcer Training and Community Organizing Philippines 11-Mr. Noor Mohammad Village Altit P.O. Kar Hunza, Pakistan Aga Khan Rural Support Programme P.O. Box 506 Barbar Road Gilgit, Pakistan Senior Social Organizer Field Work Pakistan 12.Mr. Sanan Pengmuan 106 Moo 6 Thumbol Phohuk, Bangphae Ratchaburi, Thailand Grassroot Integrated Development Project (GRIO) 2 9 0 M O O 3 Thumbol Srakoo Suwannaphum District ROI-ET Prjovince, Thailand Tel. No. 5134408 F1eld Coordinator Community Development Thailand Anima Milan Kendra Pradarsani Marg Kathmandu, Népal Tel. No. 23554 Branch Chairman 13 -Ms. Niru Pokharel Népal Teentoliya Biratnagar, Népal Népal 3 Name/Home Address/Telephone 14. Mr. Kiran Pyakuryal Tel. No. 253-9455 15. Mr. Muhammad Anisur Rahman 56 Grand Montfleury 1290 Versoix, Switzerland Tel. No. 553601 16. Mr. Preecha Sungpet 113-117 SOI Poitangco Surin, Thailand J. Mr. H. M. Taib Jalan Merdeka 88 Watan Soppeng South Sulawesi, Indonesia 8. Or. S. Tilakaratna 6-0 Pagoda Road Nugegoda, Sri Lanka Tel. No. 552972 Office Address/Telephone Position Expertise Country UN-ESCAP Rajdamnern Avenue Bangkok 10200, Thailand Tel. No. 282-9161 ext. 1390 Coordinator, IRD Integrated Rural Development Bangkok Rural Employment Policies Branch Employment & Development Dept. International Labour Office CH-1222 Geneva 22, Switzerland Tel. No. 996565 Coordinator, P0RP Participatory Rural Development Switzerland NET Foundation 113-117 SOI Poitangco Thetsaban Road, Muang District Surin Province, Thailand Tel. No. 511-172 Traîner Community Development Thailand Tellung Pocco'e-Yapit Jalan Gunung, Latimojong Lurong 94/2 Ujung-Pandang, South Sulawesi Indonesia Instructor Education Indonesia PIDA 6-D Pagoda Road Nugegoda, Sri Lanka Tel. No. 553192 Facilitator P a r t i c i p a t o r y Development Sri Lanka Coordinator Community Development Thailand 9. Mr. Knun Chutchawan Thnnqdee lert Northern Development Workers 560/1 Moo 5 SOI Suntitum-Raummit Tambon Chang Phuak Amphur Muang, Chiangmao 50000 Thailand Tel. No. 212-617 4 Name/Home Address/Telephone Office Address/Telephone 20. Mr. Ranjit Weerasinghe No. 50 Mahamega Watte Maharagama, Sri Lanka Water & Sanitation Décade Service 291/16 Edwards Avenue Havelock Road, Colombo 6 Sri Lanka Tel. No. 586540 21. Mr. M. Zainnudin Pemuda Selatan St., No. 125, Klaten, Central Java, Indonesia LP 3 ES Klaten J l Rajawali 16 Klaten 57414 Central Java, Indonesia T e l . No. (0272) - 22027 Position Executive Secretary Expertise Régional Planning Country Sri Lanka Indonesia ESQUISSE D'UN PROGRAMME DE FORMATION POUR LA PROMOTION DU DEVELOPPEMENT RURAL PARTICIPE Préface I. Le besoin II. Les éléments d'un programme ._ Les animateurs externes Les animateurs internes Les formateurs Les "facilitateurs" de la société civile L'enchaînement du programme III. Préparation de matériels pédagogiques Programme sur les organisations participatives des ruraux pauvres (PORP) Bureau International du Travail, CH-1211 Genève 22 Suisse Préface Au cours organisations collaborer de la dernière participatives avec divers développement rural Tiers-Monde. La des réseaux participé présente décennie, ruraux de base (DRP) esquisse le programme pauvres a oeuvrant pour dans d'un eu plusieurs programme le sur privilège la pays de PORP promotion et régions formation pour les de d'un du la promotion du DRP est le fruit d'une réflexion menée au sein du programme PORP entre ses collaborateurs sur les éléments d'un effort plus systématique en ce sens. La mise en oeuvre de ce programme de formation ne peut pas dépendre uniquement du programme PORP. Il intéresse toute agence qui souhaite initier une telle activité ou y apporter son soutien directement ou par tout autre moyen, séparément ou en collaboration avec d'autres agences. Le programme PORP sera éventuellement en mesure de mettre en oeuvre dans les années à venir quelques agences; activités celles-ci de cette proposition comprendraient la en collaboration préparation de avec dossiers de d'autres lecture évoqués ci-après qui seraient également mis à la disposition d'autres agences intéressées. Compte tenu de son propre effort à cet égard, le programme PORP serait heureux de recevoir matériaux de chapitre III. lecture conseils et appuis pour identifier et recueillir des appropriés pour les différents niveaux évoqués au Un échange de notes et de rapports sur l'application des activités décrites ci-dessous serait utile pour tous. Le programme PORP serait heureux de recevoir de telles informations à des fins de synthèse et de diffusion. I. 1. Le besoin La dernière décennie a été marquée par un intérêt croissant pour un développement rural participé (DRP). Le DRP se définit comme un processus de développement en milieu rural dans lequel l'initiative revient aux populations rurales pauvres qui se regroupent pour mener enquêtes et actions collectives afin d'améliorer leur sort. De telles spontanément par les ruraux pauvres; appuyées par plusieurs d'autres. pays en Ces sont parfois prises plus souvent elles sont stimulées et dernières développement initiative années une notamment multiplication on des observe dans interventions extérieures pour promouvoir un DRP. 2. La qualité de ces interventions diffèrent grandement. Certaines illustrent une très haute qualité de promotion d'un développement autonome des populations. L'intervention extérieure est alors, de nature "catalytique", stimulant et soutenant avec précaution l'action collective, prenant soin de ne pas engendrer une dépendance des populations sur les "animateurs-facilitateurs", développant la conscience et les capacités des populations, et pour se retirant à terme populaire autonome et allant de l'avant. laisser derrière un mouvement D'autres interventions mobilisent les populations et les impliquent dans des actions de développement, mais les idées, les initiatives et le contrôle des actions et du mouvement reviennent davantage aux intervenants extérieurs dont les populations dépendent fortement. Ce risque existe aussi pour des interventions qui en principe se consacrent à n'apportent que peu ou prou de ressources matérielles ou financières aux la promotion de l'autonomie des populations. Certaines populations, leur laissant le soin de progresser en mobilisant leurs propres ressources, aussi faibles soient-elles, et de s'assurer de leur droit aux ressources publics au moyen de leur force organisée ou encore de rechercher d'autres ressources par elles-mêmes; d'autres adoptent une pratique plus "douce" de subventions et/ou de crédits pour les groupes cibles financés en général par des donateurs étrangers, pratique qui en soi contient ses propres limites. activement flll £_ A un autre niveau, certaines interventions cherchent à promouvoir l'autonomie intellectuelle des populations en stimulant, et - 2 - favorisant "la recherche participative ou par les populations", 1'auto-évaluation par les populations de leur propres expériences, tandis que d'autres montrent moins d'intérêt pour cette dimension de l'autonomie. De même, la nature de la "démocratie interne" des efforts collectifs des groupes cibles varient grandement. Le degré de soutien qu'un processus de DRP peut mobiliser au sein de la société, qui se révèle souvent un facteur déterminant pour son élargissement et son aboutissement varie également. Enfin, des pratiques de travail à la base témoignent de méthodes dignes d'une application plus large, mais où les ressources humaines de la qualification requise font défaut pour permettre une extension â d'autres régions. 3. Il est certain que la qualité du travail à la base dans plusieurs cas peut être améliorée, au sens d'une amélioration du contenu participatif du travail et de l'autonomie des groupements de base, d'une application élargie des méthodologies mises au point, du soutien de la société, etc. Parmi les moyens pour conduire de telles améliorations on peut citer l'introduction de conceptions et normes plus avancées, des échanges avec d'autres expériences et des réflexions communes pour clarifier et affiner les objectifs et méthodes du travail à la base, de meilleures méthodes pour l'orientation des agents de terrain dans les concepts et méthodes du travail à la base, et des programmes de "sensibilisation" pour ceux qui pourraient potentiellement appuyer de telles activités. II. 4. Les éléments d'un programme L'ensemble de ces moyens peut constituer les éléments d'une "formation pour la promotion du DRP". Le terme de "formation" est utilisé ici dans un sens très large de moyens pour apprendre, développer et clarifier son propre entendement, acquérir et améliorer les compétences requises, augmenter sa propre sensibilité envers telles questions et circonstances critiques, etc. Pour la promotion connaissance, la d'un développement qualification, la rural maitrise participé, et la notamment, sensibilité la requises s'acquièrent au travers de réflexions et d'actions menées collectivement avec d'autres, plutôt qu'au moyen d'une "formation" traditionnel de la relation "formateur-formé". l'évidence un exercice d'horizons différents. à On "formation" est nécessaire: plusieurs distingue niveaux quatre conduite dans le cadre Une telle formation est à avec des niveaux personnes différents venant où une - 3 - (i) les "animateurs" externes; (il) les "animateurs" internes; (iii) les formateurs; (iv) 5. les "facilitateurs" de la société civile. Les besoins en formation et les méthodologies pour chacun de ces niveaux différent sensiblement. (i) Les animateurs externes L'"animation", une tâche essentielle pour la promotion du DRP, cherche à étendre parmi les ruraux pauvres la conscience du potentiel de leurs efforts collectifs, une motivation à l'action de groupe, enfin la notion d'autonomie et de leur capacité à réfléchir ensemble (autonomie intellectuelle). De façon générale, les animateurs externes sont issus de couches de la société bénéficiant d'une éducation avancée et exprimant une conscience animateurs sociale. externes sont Tout en pratiquant également l'animation, les appelés a une fonction de "facilitateurs" pour promouvoir une dynamique de groupe et des actions collectives, faciliter l'accès aux savoirs nécessaires, au savoir-faire technique et aux contacts, aider les populations dans leurs relations avec les administrations publiques et dans des situations difficiles, assurer une sorte de protection contre les forces établies peu disposées envers la naissance d'une action collective. Les animateurs externes ont besoin d'une "formation" pour les initier aux objectifs du DRP et à la pratique des rapports avec les pauvres l'autonomie et les parmi démunis ces afin de populations stimuler et leurs le sens de initiatives collectives et rendre le travail d'animation (et de facilitateur) progressivement superflu. est un processus pédagogie de groupe La formation des animateurs externes participatif d'auto-apprentissage basé sur des expériences et des et de actions concrètes et de leur analyse avec l'appui d'un ou de plusieurs "formateur(s)" dont la tâche consultant/coordinateur/facilitateur. est celle d'un - 4 - La formation des animateurs externes porte essentiellement sur: L'analyse sociale - analyse du milieu social local placé dans son contexte social plus large. Techniques du comportement assurer un rapport de "sujet à sujet" avec - les populations une relation d'égalité. Compétence de 1'animateur stimuler l'analyse les populations sociale développer à les pratiquer aidant leurs à capacités intellectuelles, développer le sens de l'autonomie des populations. Formation des animateurs internes A mesure que la dynamique de groupe se développe, identification et formation d'animateurs internes potentiels choisis parmi la population. Connaissance du travail de facilitateur Connaissance du milieu social global, en particulier des structures et politiques gouvernementales, des procédures institutions et mécanismes sociaux ayant trait à l'action à la base, savoir rechercher des appuis dans ce milieu. Le programme de formation des animateurs externes, une étape essentielle pour l'intervention exogène, doit se poursuivre sur plusieurs mois sous la coordination des "formateurs", au travers d'un cycle de réflexions de groupe, animation â la base et réflexions de groupe. Un ensemble de documents de lecture soigneusement choisis rédigés en un langage simple et adapté sera nécessaire pour cette formation. - 5 - (ii) Les animateurs internes Les animateurs organisés qui potentielles affichent en "formation". internes au animation Un sont des travers qui personnes d'actions peuvent développement être autonome issues de groupe consolidées implique de groupements des au capacités moyen nécessairement d'une que les animateurs internes prennent progressivement en charge le travail d'animation des animateurs externes. La formation des animateurs internes sera menée de préférence au niveau local en petits groupes et orientée de manière à améliorer leurs techniques d'animation et leur permettre de faire un rapport entre leur travail et la société en général. Cette formation portera sur: - une réflexion collective sur l'expérience des actions de groupe; - affiner notamment les la instruments nature et d'analyse les causes et de d'enquête la sociale, pauvreté et sa reproduction-perpétuation; - méthodes pour stimuler et faciliter l'action de groupe; - guider les activités des organisations populaires de manière démocratique et participative; - méthodes pour multiplier les processus participatifs; - comprendre les processus sociaux globaux. A ce niveau, on pourra avoir recours comme matériels pédagogique à une documentation audio-visuelle sur les mouvements illustrés, du théâtre populaire, des de base, à des "manuels" marionnettes et autres supports populaires pour présenter idées et études de cas. (iii) Les formateurs Les formateurs comprennent des personnels au niveau national dont la tâche première est de "former" des animateurs externes. Ils forment une catégorie fondamentale dans la mesure où leur travail déclenche de multiples processus d'intervention pour la promotion ultérieure du DRP en divers d'animateurs facilitateurs. Les lieux, internes formateurs et y la doivent expérience concrète qui seule permet la compris la formation sensibilisation se des prévaloir d'une compréhension et la - 6 - sensibilité de la dynamique sociale de groupe; ils doivent également faire montre d'une bonne compréhension conceptuelle des tâches certaine nécessaires. maturité Ainsi les intellectuelle formateurs et sont possèdent issus des une rangs supérieurs des cadres des organisations nationales oeuvrant pour le DRP. La "formation des formateurs" est fondamentalement un processus d'auto-clarification au moyen de réflexions individuelles et de groupe dans le cadre de "séminaires de formateurs". Le groupe en question est composé d'une équipe d'agents de terrain de rang supérieur issus de quelques institutions nationales, certains pouvant être directeur de la formation de leur organisation, et d'autres choisis pour être formés à cette fin. être restreinte afin de faciliter des L'équipe devrait échanges intensifs à l'intérieur du groupe. Un "séminaire de formateurs" comportera de façon générale: - Une intense réflexion collective sur le travail en cours de chaque organisation prenant part au programme de formation, en fonction du contexte national spécifique; - Un affinement des concepts et une discussion sur les instruments de l'animation: la recherche participative, la pédagogie pour la promotion de la conscience de soi des populations et l'esprit d'autonomie; - Le travail la promotion de l'auto-évaluation, etc.; de facilitateur: faciliter les initiatives collectives en vue de promouvoir l'autonomie des populations; - Evaluation des processus participatifs dans des contextes nationaux précis, ainsi que leur extension et démultiplication; - La méthodologie de la formation des animateurs de base; - Le suivi participé du travail à la base. Un tel séminaire peut avoir lieu au niveau régional, rassemblant des formateurs (actuels ou potentiels) d'organisations de plusieurs pays qui ont identifié des lacunes dans leurs activités de formation au sein de leur organisation ou qui souhaitent améliorer la formation des animateurs externes. - 7 - Les discussions du séminaire pourraient être facilitées/coordonnées par des personnes avec une certaine expérience du DRP. Il serait stimulant et enrichissant d'inviter à un tel "séminaire de formateurs" au niveau régional des défenseurs du DRP de premier ordre des autres régions qui prendront part également à l'organisation de séminaires semblables dans leur propre région. Ceci permettrait l'introduction d'une importante dimension d'échanges inter-rêgionaux dans les programmes de formation. Un ensemble de documents conceptuelles et méthodologiques de lecture, comprenant des contributions sur le DRP, ainsi que des études de cas intéressantes, seraient utiles pour ce séminaire. (iv) Les "facilitateurs" de la société civile Les "facilitateurs" de la société civile oeuvrant pour la promotion du extérieures DRP comprennent (fonctionnaires, journalistes et moyennes) qui mesure faciliter les en activités les professionels, avocats, sont toutes autres des par membres enseignants, des différents groupements personnes classes moyens organisés de en procurant une protection ou une légitimité, en permettant de surmonter des obstacles, améliorant ressources, donnant des conseils, etc. l'accès à des Ces personnes qui peuvent potentiellement jouer un tel rôle doivent pouvoir être identifiées par l'organisme de promotion du DRP et par les animateurs au cours de leur travail dans un lieu donné. Une "formation" pour ces personnes consistent essentiellement en un développement de leur conscience et des exercices de "sensibilisation" sous la forme de: (a) programmes d'"initiation" par le biais de visites de terrain comprenant des échanges avec les groupements organisés, et - 8 - (b) des séminaires de discussion pour améliorer leur compréhension de la nature du DRP et de sa dynamique. De tels exercices peuvent être menés au niveau national ou local en fonction des caractéristiques du DRP dans un lieu donné. Un choix de lecture serait également utile à ce niveau études de cas, rapports et discussions sur le rôle positif de la classe professionnelle en général dans la promotion du DRP et rapports sur des programmes "d'initiation". L'enchaînement du programme 6. Dans chaque région, un programme de formation complet pour la promotion du DRP devrait débuter par un "séminaire de participants organiseraient animateurs externes. formateurs". Les organismes ensuite des programmes de formation pour leurs Un programme national pourrait également comprendre un élément de coopération inter-pays si celle-ci était jugée utile, l'organisme d'un pays tirant partie de l'expérience d'un autre pays. La formation des animateurs internes et la sensibilisation de facilitateurs s'en suivraient, le moment étant déterminé par l'évolution des processus de DRP respectifs. 7. Il serait utile pour les formateurs ayant prit part au "séminaire de formateurs" de se réunir à nouveau une fois le déroulement complet du programme achevé - par exemple, du séminaire de formateurs, â la formation des animateurs externes par chaque organisme participant, à la formation des animateurs internes, et la sensibilisation des facilitateurs, y compris le déroulement du processus de DRP afférent sur une période de deux à trois années. L'ensemble de l'expérience, qui devrait être étudiée de façon systématique, pourrait alors être analysée afin d'améliorer le savoir-faire de la formation et la connaissance de la promotion du DRP, sa méthodologie et sa dynamique en différents contextes structurels. - 9 - III. Préparation de matériels pédagogiques Comme il est indiqué ci-dessus, des "matériels pédadogiques" spécifiques à chaque niveau seraient utiles. Un des aspects nécessaire au lancement d'un programme de formation consiste en la préparation de "dossiers" pédagogiques adaptés à chaque niveau. Il existe de nombreux écrits de niveau avancé et des études de cas deviennent disponibles, pouvant servir de matériaux pour les "séminaires de formateurs" régionaux. Il est nécessaire cependant d'opérer une sélection. Outre un choix de quelques documents de base, il serait utile de rassembler des extraits importants de documents conceptuels, d'études de cas, et réflexions par des penseurs engagés. Le programme PORP se propose d'entreprendre cette tâche au cours des prochains mois afin de préparer un premier dossier pour ce niveau. Le matériaux destinés externes paraissent rares. identifier parmi la spécifiquement à la formation des animateurs Quelques documents en langage simple peuvent être littérature disponible mais cette dernière notamment d'ordre conceptuel et méthodologique est plutôt dense et ne se prête pas directement à la stimulation d'une réflexion de groupe pour des agents de base. Ce domaine n'a pas encore été sérieusement traité par les organismes concernés. Quelques documents très utiles ont été produits par le programme CCF/AD de la FAO sur la base de séminaires et rencontres â la base parmi des agents de terrain en Asie du Sud. <m e. - 10 - Les personnes les mieux qualifiées pour préparer ces matériaux sont bien sûr les animateurs externes eux-mêmes, et on peut utiliser deux méthodes pour obtenir leur concours à cet égard: (1) Des séminaires d'animateurs au niveau d'un organisme national responsable de la promotion du DRP dans lesquels un petit groupe d'animateurs externes expérimentés réfléchiront ensemble sur leur travail et leurs expériences, et prépareront des documents dans leur propre style, présentant leurs tâches telles qu'ils/elles les perçoivent, analysant leurs expériences et les leçons qu'elles suggèrent pour l'animation, etc. (2) Des séminaires animateurs semblables de niveau au supérieur niveau régional, d'organismes rassemblant issus de des plusieurs pays, pour préparer des documents portant sur des questions et des méthodologies d'intérêt et d'application plus larges. Les activités et la production de documents décrits ci-dessus semblent recouvrir un certain caractère d'urgence, non seulement pour les programmes de formation formels des animateurs externes, mais également afin de procurer à ces animateurs des "compagnons" qu'ils peuvent garder auprès d'eux en référence et comme source d'inspiration et leur permettre de se sentir membre d'un mouvement plus large dans lequel ils pourraient se reconnaître et ainsi surmonter la solitude de leur travail souvent difficile et hasardeux. En fonction de la disponibilité de ressources, le programme PORP se propose d'amorcer une telle "coopération technique" avec les animateurs de base dans les prochaines années. Des matériaux, de type plutôt audio-visuel, pour la formation des animateurs internes, seraient davantage spécifique au contexte culturel local, et des méthodes Imaginatives pour leur production doivent être conçues par les agences nationales en consultation avec les groupements de base. - 11 - Enfin, des matériaux pour la "sensibilisation" de facilitateurs extérieurs de la société civile pourraient comprendre des documents choisis parmi le dossier en préparation pour les "séminaires de formateurs" plus quelques analyses pertinentes sur le développement rural dans des contextes nationaux dialogue". précis, et des sur des exercices "d'initiation et de Ce dossier, destiné à des personnes pour lesquelles l'appui au DRP peut être une réduit. rapports activité uniquement secondaire, pourrait être relativement