Autopromotion et participation populaire

Transcription

Autopromotion et participation populaire
Autopromotion
et participation populaire
Compte rendu d'un atelier régional
de formateurs pour le développement
rural participatif
Tagaytay, Philippines, 15-28 août 1988
35406
Programme sur les organisations participatives des ruraux pauvres
Service des politiques rurales de l'emploi
Bureau international du Travail Genève
ISBN 9 2 - 2 - 2 0 6 9 2 5 - 0
Première édition
1989
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des données qui y figurent n'impliquent de la part du Bureau international du Travail aucune prise de position quant au statut
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Imprimé par le Bureau international du Travail. Genève, Suisse
INTRODUCTION
Dans le cadre de son programme sur les organisations participatives des
ruraux pauvres (PORP), le BIT a organisé pour la région Asie un atelier de
formateurs issus d'organismes oeuvrant pour un développement rural participé.
Cet atelier s'est déroulé du 15 au 28 août 1988 dans la ville de Tagaytay aux
Philippines.
L'atelier
régional
a
réuni
quelque
20 participants
issus
de
16 organisations du Bangladesh, de l'Indonésie, du Népal, du Pakistan, des
Philippines, de Sri Lanka et de Thaïlande. Une liste complète des participants
se trouve en annexe. L'organisation Process des Philippines en était l'hôte et
a assuré avec le BIT le bon déroulement de l'atelier. Plusieurs organismes
dont le PNUD, la Commission économique et sociale des Nations Unies pour
l'Asie et le Pacifique (ESCAP), le gouvernement canadien, le Service des
universités canadiennes outre-mer (CUSO) et la Fondation Friedrich Neuraan ont
contribué au financement.
Ce rapport présente un compte rendu des délibérations de l'atelier basé
sur des notes prises au cours de celui-ci. Son objectif essentiel est
d'informer les lecteurs d'expression francophone de la teneur des discussions
qui ont eu lieu sur la participation et le développement rural lors de cet
atelier régional. Ce compte rendu ne constitue pas en conséquence un relevé
exhaustif ni nécessairement impartial de ces délibérations. Afin de
transgresser les inévitables barrières linguistiques et de rapprocher des
personnes oeuvrant pour une même préoccupation - une véritable participation
des populations rurales pauvres à leur propre développement - à partir
d'expériences semblables - celle de la paysannerie pauvre du tiers monde - il
nous a paru essentiel de rendre disponible un tel compte rendu en langue
française-'-.
L'organisation de cet atelier constitue la première concrétisation d'un
document esquissant un programme de formation pour la promotion d'un
développement rural participé. Ce document, qui figure en annexe, prévoit
l'organisation de plusieurs ateliers régionaux et sous-régionaux sur ce thème.
Le premier a eu lieu aux Philippines et d'autres suivront prochainement pour
la région Afrique. Il s'avérait indispensable, par conséquent, dans l'esprit
de ce programme de formation, d'assurer une diffusion aussi large que possible
du contenu des débats de l'atelier des Philippines afin de permettre à des
personnes
et des groupes venant d'horizons
différents d'en
prendre
connaissance.
Le partage des connaissances est en soi un acte de participation et un
acte de formation. L'atelier des Philippines comportait un objectif de
formation, basé cependant sur la participation. Il ne s'agit pas ici de
transferts mécaniques de savoirs. Il s'est agi d'une réflexion collective
menée par tous les participants à partir de leurs expériences respectives de
•*• Un compte rendu en langue anglaise est également disponible sous le
titre: Promoting people's: participation and self-reliance, Proceedings of the
workshop, ILO, Geneva, 1988.
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la participation et du développement rural. Cette réflexion a permis aux
participants de clarifier certaines notions touchant à l'animation; la
participation, l'autonomie et le développement rural, et de progresser ainsi
dans leur propre entendement. Le bon déroulement de l'atelier reposait en
conséquence sur l'adhésion de tous à l'exercice individuel et collectif
d'autoclarification. Le principe de
la participation
s'appliquait
à
l'organisation de l'atelier lui-même comme le souhaitaient les organisateurs.
L'organisation des travaux donna lieu à une première discussion entre
participants tombant d'accord sur la séquence suivante. Un premier temps de
cinq jours (prévu à l'origine pour deux jours) fut consacré à la présentation
et à la discussion de l'expérience et de la pratique de chacun des organismes
représentés. Au cours d'un deuxième temps, des discussions par petits groupes
et en séances plénières abordèrent les différents thèmes d'intérêt commun
sélectionnés durant la première période. Cette disposition permettait de
partir de la pratique de tout un chacun et de répondre directement aux
préoccupations exprimées. Cette séquence a été maintenue dans la rédaction du
compte rendu. Le déroulement participatif de l'atelier, voulu par les
organisateurs et auquel les participants ont pleinement adhéré, a été
grandement facilité par la taille relativement réduite du groupe (environ
20 personnes) et la communauté de lieu partagée par tous. L'objectif de
formation de l'atelier fut pleinement atteint en ce que tous ont pu, par le
biais des discussions et réflexions collectives, faire avancer leur propre
entendement des concepts et des pratiques du développement rural participé. Le
thème de la formation des animateurs externes notamment dont l'atelier fut une
illustration pratique a été longuement débattu. Ce thème se situe
véritablement au coeur de l'avenir des mouvements de base oeuvrant pour une
véritable participation des populations rurales pauvres à leurs efforts
d'autodéveloppement. Comment assurer la poursuite et la démultiplication de
ces mouvements tout en sauvegardant la qualité originelle de la participation?
Comment assurer une amélioration continue de la qualité de l'animation, et
comment étendre celle-ci? Les lignes qui suivent s'efforcent d'apporter
quelques éléments de réponse à ces questions.
Il est important que les débats entamés à l'occasion de cet atelier aux
Philippines puissent se poursuivre et nourrir d'autres débats et d'autres
réflexions sur les thèmes de la participation et de 1'autopromotion. Nous
formulons l'espoir que ce compte rendu servira utilement à étendre la
réflexion et la pratique pour une véritable autopromotion rurale.
Philippe Egger
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Sommaire
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE; SE CONNAITRE
Encadré no 1.
Où est le programme?
Indonésie
: Tellung Poccoé Yapit
LP3ES
Bina Swadaya
Pakistan
: Programme Aga Khan d'appui aux zones rurales
Organisation coopérative des travailleurs ruraux du Sindh
Népal
: Ama Milan Kendra
Bangladesh : Samaj Progoti Parishad
Nijera Kori
Thaïlande
: Projet de développement du Nord-est
Projet de développement intégré de base
Association des agents de développement du Nord
Sri Lanka
: Institut participatif pour un autre développement
Programme d'animation
Service pour la décennie de l'eau et de l'assainissement
Philippines: Les employeurs des Philippines pour le progrès social
Faculté du travail social et du développement communautaire
Process
Encadré no 2. Visite à une organisation de pêcheurs (Calaris)
DEUXIEME PARTIE: REFLECHIR ENSEMBLE
Thème no 1
:
Les organisations non gouvernementales et leurs relations
avec les gouvernements et les donateurs
Thème no 2
:
Participation et autodépendance
Encadré no 3:
A quel rythme l'animation
expérience au Sri Lanka
Thème no 3
:
Education, conscientisation et recherche participative
Thème no 4
:
Rôle et retrait de l'animateur
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peut-elle
se démultiplier?
Une
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Encadré no 4
Alphabétisation et participation
Thème no 5
Une formation pour l'animation
Encadré no 5
Le grand arbre
Thème no 6
Les femmes ou l'autre moitié du ciel
Thème no 7
Epargne et crédit
Thème no 8
Suivi, évaluation et auto-évaluation
Thème no 9
Religion, culture et participation
CONCLUSIONS
Annexe
Liste des participants
Esquisse d'un programme de formation pour le développement rural participé
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PREMIERE PARTIE: SE CONNAITRE
Pour discuter et réfléchir ensemble, il convient au préalable de se
connaître. Pour se connaître, il faut partir non pas de la théorie mais de la
pratique et de l'expérience personnelle. C'est cette voie que les participants
de l'atelier ont choisi de suivre en échangeant d'abord à partir de leurs
expériences individuelles. En conséquence, chaque participant fut invité à
parler de son travail, de son organisation, des résultats positifs et moins
positifs, des objectifs poursuivis et réalisés. Chaque exposé donna lieu à un
débat très nourri. Afin de ne pas faire double emploi avec la deuxième partie
qui traite des principaux thèmes abordés, cette première partie s'en tient à
une brève fiche signalétique des différents organismes participants. Cette
première phase du "se connaître" qui dura cinq jours a véritablement jeté les
bases du "réfléchir ensemble" de la deuxième phase.
Encadré no !.. Où est le programme?
Dès la première réunion, l'un des participants s'inquiéta
du programme et posa la question: "Mais où le programme?".
"Il n'y a pas de programme, répondirent les responsables de
l'atelier. Nous déciderons au fur et à mesure de
l'avancement de nos discussions. La participation doit se
pratiquer à tous les niveaux. Il nous faut d'abord nous
connaître, sinon nous ne pourrons pas communiquer et nous
comprendre."
"L'objectif de cet atelier est de permettre à chacun de
réfléchir sur sa pratique, ses finalités, son état
d'avancement, comment progresser, nous améliorer, surmonter
les difficultés; quels sont nos espoirs, nos craintes, nos
frustrations? Ainsi nous nous enrichirons mutuellement.
Voilà la substance de l'atelier; le programme, nous le
ferons en cours de route."
"Il n'y aura pas de cours ni d'enseignement. A chacun de
faire son chemin en échangeant le plus possible avec les
autres. Nous n'avons pas besoin d'aboutir à des conclusions
communes ou à rédiger un rapport. Cela serait artificiel.
Nous ne surmonterons pas toutes nos différences. Tel n'est
pas notre but."
Cette absence de structuration préalable de l'atelier
introduisit une gêne pour un petit nombre de participants
qui acceptèrent difficilement ce vide apparent. Leur
intégration au groupe en
souffrit
ainsi
que
leur
contribution et ce qu'ils devaient en retirer. Ces
personnes avaient cependant une formation universitaire
poussée et parlaient beaucoup de la participation.
Nonobstant cette tension, la discussion collective
petits groupes et en séance plénière, le soir, la nuit
toute la journée, ne tarissait pas et personne d'autre
s'inquiéta du programme. Celui-ci se déroulait en
faisant. Trois moments peuvent à posteriori être retenus:
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en
et
ne
se
- 6- présentation des expériences individuelles et
discussion;
- élaboration de thèmes prioritaires pour examen;
- discussion approfondie des thèmes en petits groupes et
en séance plénière.
Une visite à un groupe de pêcheurs, des séances de nuit sur
des points particuliers, des discussions en aparté, une
présidence tournante, des rapporteurs de fin de journée,
deux soirées vidéo sur l'expérience pratique de deux
organisations et la préparation d'une soirée culturelle
organisée et exécutée par les participants agrémentèrent la
vie collective durant les deux semaines passées à l'hôtel
Adélaïde à Tagaytay aux Philippines.
Tellung Poccoé Yapit. Indonésie
Un institut de formation d'inspiration islamiste donne des cours de
formation professionnelle initialement pour les "laissés pour compte" du
système éducatif. Agriculture, élevage, technologie, gestion, économie
familiale sont parmi les matières enseignées. Des cours d'éducation ouvrière
sont également donnés pour les cadres syndicaux. Un nouveau programme de
formation à l'animation est en cours d'élaboration. Les enseignements sociaux
du Coran orientent l'approche pédagogique de cet institut.
LP3ES. Indonésie
Cette petite ONG, commencée en 1982, travaille et autour de Klaten, île
de Java, avec des groupes de population pauvres et des jeunes chômeurs. Un
premier travail d'analyse sociale est effectué avec les populations pour
étudier les causes de la pauvreté et identifier les ressources disponibles.
Des cours de formation professionnelle et de formation à la gestion sont
octroyés. Un programme de crédit permet aux groupes de se lancer dans de
petites activités productives, bien que l'essentiel de l'apport de l'ONG soit
éducationnel. L'ONG travaille avec une centaine de groupements. Il y a
beaucoup d'échecs car les investissements sont peu rentables, des rivalités
sociales secouent les groupes et les populations sont découragées par l'échec
du mouvement coopératif et la multiplicité des interventions d'aide à base de
dons.
Bina Swadaya. Indonésie
Cette organisation, établie depuis de nombreuses années, est présente
dans de multiples secteurs. Recherche, publications, formation, service
financier, commercialisation, etc. Son principe de base est d'appuyer des
groupements d'entraide. La formation est une de ces activités les plus
importantes dont la formation d'agents de l'animation. Différents programmes
existent à cet égard allant de l'économie à la gestion jusqu'à l'organisation,
l'analyse sociale et la formation de dirigeants. Bina Swadaya gère une banque
alimentée par l'épargne des groupements et des subventions externes. Environ
800 groupements sont aidés par cette banque dont 30 pour cent sont arrivés à
maturation. Le responsable de la formation se plaint d'une rotation rapide
parmi les cadres des ONG et d'une certaine lassitude des formateurs.
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Programme Aga Khan d'appui aux zones rurales
(AKRSP). Pakistan
Il s'agit d'un programme de développement agricole oeuvrant dans le nord
du Pakistan (siège à Gilgit). Son objectif est de créer des organisations
villageoises gérant des investissements agricoles, aménagements, semences,
engrais, commercialisation, etc. Les villageois s'organisent en groupements
d'intérêt autour de projets précis. Une sorte de contrat est négocié avec les
organisations villageoises pour la réalisation des investissements. Environ
400 organisations ont été créées. Le programme gère un service d'épargne et de
crédit en liaison avec une banque locale.
Organisation coopérative des travailleurs
ruraux du Sindh. Pakistan
Etablie depuis 1978, cette organisation se donne deux objectifs:
construire des groupements d'intérêt dans les villages et faciliter
l'émergence de dirigeants. L'organisation est très petite et dispose de peu de
moyens. Ses seules armes sont l'amitié et le dialogue. Bien qu'ayant travaillé
dans plus de 200 villages en dix ans, les résultats sont maigres, en grande
partie en raison de la débâcle du mouvement coopératif. Une collaboration
s'est établie avec les centrales syndicales. Depuis 1985, l'organisation a
repris un ancien projet du BIT en faveur des femmes rurales, mais il y a de
nombreux problèmes.
Ama Milan Rendra (Club des mères). Népal
Cette organisation, membre du Conseil national du Service social, appuie
des groupements de femmes dans les villages. Elle finance des cours
d'alphabétisation et de formation et encourage les femmes à entreprendre des
activités productives afin de s'assurer d'un revenu autonome. Un réseau de
bureaux locaux couvre une grande partie du pays.
Samai Progoti Parishad (Conseil pour le
progrès social). Bangladesh
Cette ONG travaille dans le district de Dinajpur, à l'extrême nord du
pays.
Cinq
programmes
composent
son
action:
l'éducation
et
la
conscientisation, l'alphabétisation, la formation professionnelle, l'élevage,
les soins de santé de base et l'assainissement. L'organisation comprend
15 personnes et une quarantaine de volontaires répartis dans autant de
groupements. Son objectif est de rendre les groupements autosuffisants en
trois années par l'introduction de différentes activités sociales et
économiques. Etant une petite ONG, elle souffre de tous les problèmes liés à
sa taille dans un pays où les grandes ONG dominent.
Ni.iera Kori, Bangladesh
Cette ONG, fondée en 1974, est née du mouvement de lutte pour
l'indépendance. Son action, qui ne comporte aucune intervention matérielle, se
base sur l'organisation et la conscientisation dans les domaines suivants:
développement humain, conseil juridique, agriculture, pêche, élevage,
éducation sanitaire. Deux cents animateurs travaillent actuellement sur le
terrain avec environ 3.000 groupements dans tout le pays, dont 40 pour cent de
femmes. Ces groupements élisent des représentants au conseil d'administration
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de l'organisation. Les groupements sont encouragés à épargner et à faire
pression sur le gouvernement et faire valoir leurs droits. La plus grande
richesse de ces groupements est leur solidarité et le recouvrement de leur
dignité. Compte tenu de la situation très oppressive dans le pays, les
groupements ont toujours besoin de l'aide et du soutien des animateurs.
Ceux-ci sont formés principalement par immersion dans les activités en cours
et par la réflexion collective.
Projet de développement du Nord-est
(NET). Thaïlande
Cette ONG travaille dans la province de Surin depuis 1980 avec une
cinquantaine de villages pour un développement rural intégré. Depuis le début
des années quatre-vingt, le gouvernement est beaucoup plus favorable à
l'action des ONG. L'organisation agit pour la mise en place d'unités communes
telles que des banques de riz, des groupes d'épargne et de crédit, des banques
de buffles, la pisciculture, des banques de médicaments, des boutiques
villageoises, gérées par les villageois, ceci afin de réduire leur dépendance
envers l'extérieur, source de leur pauvreté. En trois années, cette ONG pense
qu'un village peut atteindre une autosuffisance de base lui permettant de
mieux maîtriser son développement.
Projet de développement intégré
de base (GRID). Thaïlande
Cette organisation travaille étroitement avec la précédente dont elle est
issue en 1982. Elle poursuit les mêmes objectifs tout en accordant davantage
d'attention à la formation d'animateurs et de responsables villageois ainsi
qu'à la maîtrise des technologies traditionnelles et améliorées adaptées aux
besoins des villages. L'ONG accorde également des prêts.
Association des agents du développement
du Nord. Thaïlande
Cette association basée à Chiang-Mai est composée de cadres d'ONG (une
vingtaine) qui réfléchissent ensemble sur leur pratique et s'assurent des
services d'entraide et d'échanges. Une de ces ONG, Etude de la culture pour le
développement rural (CSRO), travaille dans trois provinces du Nord. Son
principe de base est d'étudier les bases culturelles du développement afin de
favoriser un développement de l'intérieur du village. L'étude des systèmes
traditionnels de solidarité, de coopération, mais aussi des pratiques
culturales, de la pêche, du stockage, etc., occupe principalement les cinq
cadres de cette organisation. Au cours de réunions mensuelles, chaque village
élabore progressivement un projet global de développement.
Institut participatif pour un autre
développement (PIPA). Sri Lanka
Formé en 1980 par cinq animateurs issus d'un programme d'animation
expérimental du gouvernement, cet institut comprend maintenant 15 animateurs
externes. Son budget de fonctionnement est de 2.000 dollars E.-U. par mois.
L'institut travaille avec une centaine de villages, chacun comprenant un ou
plusieurs animateurs(trices) internes. Le travail d'animation comprend
essentiellement trois phases. Une première phase qui comprend enquête
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- 9 socio-économique menée par les animateurs externes, initiation d'un dialogue
et de réunions régulières avec ceux qui souhaitent travailler ensemble,
constitution d'un fonds d'épargne. Au cours de la deuxième étape, les groupes
ainsi formés s'organisent pour accéder aux nombreux services gouvernementaux
disponibles au Sri Lanka et empruntent à la Banque pour le financement de
projets productifs. Les groupes commencent à se fédérer au bout de trois
années. La troisième phase est entièrement entre les mains des groupements et
de leurs animateurs qui s'attachent à formuler et mettre en oeuvre de
véritables plans locaux de développement. Les animateurs internes d'un groupe
de villages se réunissent mensuellement pour évaluer leurs activités.
Programme d'animation. Sri Lanka
Le programme d'animation est géré par l'Institut de recherche et de
formation pour le développement
rural du gouvernement. Un programme
expérimental d'animation a été lancé en 1978 qui a inspiré de nombreuses
initiatives en Asie. Il a également donné naissance au PIDA ci-dessus. La
mauvaise fortune de ce programme gouvernemental est décrite dans l'encadré
no 3.
Service pour la décennie de l'eau et de
l'assainissement. Sri Lanka
Ce service a été mis sur pied par un groupe d'une trentaine d'ONG au
Sri Lanka pour conseiller et mettre en oeuvre des activités dans le domaine de
l'eau et de l'assainissement. Sa première approche fut très directive et
technique. Après plusieurs échecs, ce service est en train de repenser son
mode d'intervention qu'il souhaite maintenant davantage basée sur la
participation des populations. Un village notamment refusa les latrines
construites par le service parce que, ont argué les villageois, ils n'en
avaient aucun usage, leur première priorité étant la nourriture. Le service
collabore avec les populations pour la mise au point de techniques adaptées
aux conditions locales.
Les employeurs des Philippines pour le
progrès social (PBSP). Philippines
Cette association patronale a ouvert un Institut de gestion du
développement social qui assure des cours de formation en organisation et en
gestion à l'intention de petits entrepreneurs, artisans et communautés rurales
et urbaines. L'objectif de ces formations est de rendre ces acteurs capables
de gérer convenablement des activités productives. Des cadres d'ONG sont
également formés.
Faculté du travail social et du développement
communautairef Université des Philippines
Cette faculté se spécialise dans la formation pour le développement
communautaire. Elle se veut une université ouverte au peuple. Son objectif est
de libérer les populations de la pauvreté par l'éducation et la connaissance.
Un grand nombre de cadres d'ONG sont formés par cette faculté.
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Process. Philippines
Cette ONG, fondée en 1983, est également issue d'un programme
expérimental gouvernemental initié en 1979 par le Bureau pour les travailleurs
ruraux. Ce programme avait été refondu et rebaptisé Sarilakas à la suite
d'échanges avec le programme d'animation du Sri Lanka. L'animation commencée
sous Sarilakas est poursuivie par Process et suit la même méthodologie (et la
même histoire) que le PIDA au Sri Lanka. Quelque 300 villages bénéficient de
l'appui de Process répartis dans neuf provinces et trois régions. Trois
fédérations provinciales et une alliance régionale ont été formées. Process
est composé d'une trentaine de personnes et financé par une ONG du Nord. Outre
l'animation, Process est très actif dans le domaine du conseil juridique. De
nouveaux textes sont en discussion au Parlement sur la réforme agraire et la
réforme aquatique (Code des pêches). Process et les groupes qu'il appuie se
sont mobilisés sur ces questions cruciales pour l'avenir des petits paysans,
des travailleurs sans terre et des petits pêcheurs. Process est également
présent dans le domaine de la communication éditant plusieurs revues sur son
action. Compte tenu de la conjoncture politique aux Philippines, Process est
actuellement submergé de demandes auxquelles il convient de répondre tout en
sachant que le travail d'animation a son propre rythme.
Encadré no 2. Visite à une organisation
de pêcheurs Calaris
Au sixième jour de l'atelier, l'ensemble du groupe rendit
visite à une organisation de pêcheurs de la lagune près de
Manille, du nom de Calaris. Le président et quelques
responsables de l'organisation invitèrent le groupe à
partager leur repas - à base de poisson - dans une cabane
sur pilotis au-dessus de la lagune leur servant de lieu de
réunion. Ces responsables se chargèrent d'expliquer au
groupe l'histoire de leur organisation et surtout la lutte
des pêcheurs contre la progressive marginalisation de leur
activité. La surface totale de la lagune est d'environ
90.000 hectares dans lesquels les pêcheurs puisaient
abondamment il y a quelques décennies. Le malheur est que
cette surface s'est progressivement rétrécie jusqu'à moins
d'un tiers en raison de la pollution favorisant la
multiplication
des nénuphars
étouffant
l'eau et la
propriété privée. Les propriétés délimitent des surfaces de
la lagune où se pratiquent la culture intensive du poisson.
Les 24.000 pêcheurs de la lagune, dont seuls environ
20 pour cent possèdent un bateau, ont progressivement réagi
face à cette double spoliation de leur ressource naturelle.
Leur histoire est celle d'une longue lutte avec les
autorités locales, avec les propriétaires des périmètres
privés, avec les autorités responsables de l'aménagement de
la lagune, avec la municipalité de Manille déversant les
ordures dans la lagune, pour faire valoir leur droit à
l'existence, leur droit à exercer dans des conditions
décentes
leur
métier
de
pêcheur.
L'histoire
de
l'organisation- des
pêcheurs
illustre
les nombreuses
tactiques utilisées pour se faire reconnaître comme
partenaire à part entière dans les négociations sur
l'avenir
de
la lagune. L'organisation
des pêcheurs
fonctionne davantage comme groupe de pression que comme
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instrument d'entraide. Mais elle a incontestablement su
construire un fort sentiment de solidarité entre les
pêcheurs très conscients du fait que l'avenir de leur
activité, de leur existence même en tant que pêcheurs,
réside entièrement dans la force de leur organisation.
En réponse à une question sur les moyens du combat
collectif, le président de l'organisation, un simple
pêcheur sans éducation formelle mais faisant montre d'une
capacité d'analyse et d'exposition remarquable, identifia
quatre stades de l'engagement:
- celui de l'apathie, "notre destin est ainsi, nous n'y
pouvons rien";
- celui de la dépendance, "notre avenir est entre les
mains des autres, ce sont eux qui décident";
- le stade précritique, "peut-être pouvons-nous faire
quelque chose pour améliorer notre sort, mais quoi?";
- la libération, "c'est nous qui détenons la clé du
changement, organisons-nous en conséquence".
Tandis que le président livrait son analyse de leur
progressive prise de conscience des liens entre leur
activité traditionnelle, les ressources naturelles, les
forces
de
la
modernisation
et
l'environnement
sociopolitique de la lagune, un de ses confrères illustrait
au tableau par un magnifique dessin sa propre version de
l'histoire des pêcheurs de Calaris.
La connaissance que ces pêcheurs avaient de leur histoire,
de leur situation et les causes de leur spoliation
socio-économique fut une parfaite illustration du pouvoir
que le savoir engendre lorsqu'il est ancré dans les
préoccupations des gens. Il existe une foule d'études sur
les mutations engendrées par la modernisation, mais lorsque
ce même savoir est issu des recherches et réflexions
effectuées par les acteurs directement intéressés, il se
transforme en une véritable force.
Cet entretien marqua profondément le groupe de l'atelier en
ce qu'il était une illustration vivante, d'une formation,
d'un savoir issus de l'action et de l'interaction entre
individus animés par une volonté commune.
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DEUXIEME PARTIE; REFLECHIR ENSEMBLE
Au terme de la première partie qui dura cinq jours, les participants
identifièrent un certain nombre de thèmes qu'ils souhaitaient discuter de
façon plus approfondie. Neuf thèmes furent ainsi sélectionnés:
-
les organisations non gouvernementales
gouvernement et le donateur;
et
leurs
-
participation et autodépendance;
-
éducation, conscientisation et recherche participative;
-
rôle et retrait de l'animateur;
-
une formation pour l'animation;
-
les femmes ou l'autre moitié du ciel;
relations
avec
le
épargne et crédit;
-
religion, culture et participation.
Chaque thème était introduit par une ou -deux personnes et fit l'objet de
discussions en groupes et en séance plénière. Les notes qui suivent
s'efforcent de relater les principaux points de la discussion sans prétendre
rendre toute la richesse des échanges qui ont eu lieu. Les encadrés résument
des interventions qui ont particulièrement marqué les débats.
Thème no 1. Les organisations non gouvernementales
et leurs relations avec les gouvernements et les donateurs
La multiplication des ONG et l'extension de leurs activités sont devenues
un phénomène incontournable. Bien que l'on se réfère ici à toute organisation
privée utilisant des fonds publics ou privés et travaillant pour le
développement, on ne peut éviter de poser la question: qu'est-ce qu'une ONG?
L'appellation est ambiguë en soi puisqu'elle suggère simplement qu'une ONG
n'est pas le gouvernement. Plusieurs intervenants ont souligné la position
intermédiaire que les ONG aimaient à occuper, intermédiaire entre le
gouvernement et les populations pauvres, entre les donateurs et les
organisations de base. D'autres ont fait remarquer qu'il existait de grandes
différences entre les ONG. Certaines n'apportaient qu'un appui de type
purement caritatif, d'autres finançaient des projets de développement très
conventionnels basés sur de simples apports en équipements, en subventions, en
frais de fonctionnement. Il y avait des ONG de petite dimension et d'autres de
très grande dimension comme le Bangladesh Rural Advancement Committee (BRAC)
avec plus de 3.000 employés.
Les ONG se consacrant totalement à 1'autopromotion des populations
rurales pauvres fondée sur les principes de la participation et de l'autonomie
n'étaient pas nombreuses. Pour marquer la spécificité de ces organisations de
taille relativement réduite et où les tâches de gestion du développement
étaient
largement
substituées
par
celles
d'animation
et
d'appui
à
l'autodéveloppment des populations, il convenait de proposer une nouvelle
appellation. Unanimement, les participants ont choisi de se référer à ces
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organisations
en
tant
qu'organisations
d'appui
à
1'autopromotion
(Self-reliance promoting organisation ou SPO en anglais). Cette appellation
décrivait bien l'objectif et le contenu du travail de ces organisations, et
les différenciait des ONG en général qui a priori n'ont rien de commun avec
1'autopromotion.
Cependant, une deuxième question mobilisa immédiatement l'attention des
participants. Les organisations d'appui à 1'autopromotion demeuraient des
intermédiaires entre les organisations ou groupements de base et les
donateurs. Dans la plupart des cas, les organisations d'appui restaient
étroitement dépendantes de quelques donateurs (du Nord) pour le financemnt de
leurs activités. Alors que ces organisations tiennent un discours d'autonomie
et d'autopromotion envers les groupements de base, leur état de dépendance
financière envers l'extérieur s'accorde mal avec cette philosophie. De
nombreuses organisations présentes à l'atelier ont admis cette, contradiction
sans tenter de la cacher, tout en soulignant que les solutions envisageables
n'étaient pas simples. Des exemples ont été donnés de diverses activités
économiques que les organisations intermédiaires ont essayé pour tenter
d'augmenter leurs fonds propres malgré les difficultés à réconcilier des
activités très distinctes. Plusieurs intervenants ont souligné la position
d'intermédiaire des organisations d'appui, position qui devait également
être temporaire jusqu'à plus ou moins longue échéance, ces organisations
devaient se retirer ou se fondre dans les organisations de base qu'elles
auraient contribuer à créer. Il était important pour les organisations d'appui
de maîtriser leur croissance, de décentraliser les responsabilités aux
organisations de base aussi rapidement que possible, et de garder une taille
relativement réduite n'impliquant pas le poids d'une bureaucratisation
incompatible avec l'esprit qui doit animer ces organisations. Malgré cette
dépendance financière, il convenait néanmoins d'assurer la liberté d'esprit et
de mouvement de ces organisations envers les gouvernements et envers les
donateurs. La diversification des sources de financement fut considérée comme
souhaitable,
ainsi
que
l'élaboration
d'une plateforme
commune entre
organisations d'appui pour faire face au gouvernement. Différents services
- transport, documentation, secrétariat - pouvaient également faire l'objet
d'une gestion commune entre organisations d'appui afin de réduire les frais.
Enfin, et afin de mieux ancrer le centre de décision de ces organisations dans
le milieu avec lequel elles travaillent, il fut suggéré de favoriser une
représentation des organisations
et groupements de base aux organes
délibérants des organisations d'appui. Plusieurs exemples furent donnés à ce
titre tel que Nijera Kori dans le conseil d'administration duquel siègent des
représentants des travailleurs ruraux. Enfin l'organisation PIDA de Sri Lanka
est une association autogérée par une quinzaine d'animateurs comportant un
minimum de frais généraux. De nombreuses questions sont restées sans réponse
mais les participants tombèrent d'accord sur le principe suivant lequel les
organisations d'appui devaient progressivement se conformer elles aussi à la
philosophie de développement qu'elles défendent.
Thème no 2. Participation et autodépendance
Les termes d'autodépendance, d'autonomie, d'autopromotion sont souvent
utilisés de nos jours par toutes sortes de personnes et en toutes situations.
L'autopromotion constitue un objectif pour beaucoup et une vérité pour peu. Le
véritable défi est d'aller vers 1'autodépendance et de jeter les bases de ce
mouvement affranchissant les populations d'une dépendance paralysante. Parler
d'autodépendance, c'est rompre avec une approche et des projets qui apportent
le développement aux populations réduites à attendre passivement ces
9140d-v.2
- 14 -
livraisons. L*autodépendance signifie que l'on s'attache à développer les
capacités propres des populations. Comment parler d'autodépendance à des
populations pauvres, vivant en état de dépendance économique, mais faisant
preuve également d'un manque de confiance en leurs capacités propres, nourries
par des valeurs étrangères à elles. "Nous sommes pauvres, nous ne savons rien.
Pouvez-vous nous aider, donnez-nous de l'aide." Voilà des propos qu'on peut
entendre souvent. La première tâche de l'animation est de venir en ami et
d'expliquer qu'une communauté ne peut pas progresser sans avoir confiance en
ses capacités propres. Il convient de gagner la confiance des populations en
ami et' non en personne puissante prétendant pouvoir résoudre les problèmes.
L'amorce d'une relation d'amitié entre l'animateur et les populations est
jugée déterminante. Il faut apporter le dialogue, la discussion, la réflexion
sur les véritables problèmes, analyser ensemble la pauvreté, la dépendance,
l'endettement. De nombreuses références ont été faites aux valeurs culturelles
des populations qu'il convenait de découvrir et d'entretenir, dans la mesure
où elles contiennent des références à 1'autodépendance, à 1'autopromotion.
Aujourd'hui l'autonomie est souvent assimilée à
solutions individuelles, alors que l'histoire ancienne
présente de nombreux exemples d'autodépendance ainsi
référence à 1'autopromotion collective. Il revenait
ressortir ces exemples et références historiques.
l'individualisme et aux
des communautés rurales
que des valeurs faisant
à l'animation de faire
La première tâche de l'animation était de rendre aux populations la
confiance en leur capacité propre d'avancer ensemble vers une vie meilleure.
L'autodépendance
comporte
plusieurs
dimensions
dont
trois
paraissent
essentielles:
intellectuelle;
-
organisationnelle;
-
matérielle.
Afin de rompre avec la dépendance du présent, il faut surmonter la
dépendance intellectuelle dans laquelle les populations sont assujetties,
nourries par des attitudes et des discours trompeurs sur l'arriération des
ruraux et leur incapacité à se moderniser. Les références à la culture, aux
aspects positifs de la tradition et l'utilisation de contes et de saynètes
furent présentées comme des outils utiles pour l'animation. Le développement
d'une organisation rassemblant de façon volontaire
les énergies des
populations qui souhaitent travailler et progresser ensemble est une étape
essentielle. Enfin, cette organisation doit permettre
la réalisation
d'investissements et d'exploitations communes pour améliorer la situation
matérielle de la population dans les domaines déterminés par elle.
De nombreux obstacles ont été mentionnés, notamment ceux liés à
l'animation entraînant une nouvelle dépendance envers l'animateur/trice. En
fonction des contextes socio-économiques, cette dépendance est vite surmontée
comme parmi les pêcheurs aux Philippines ou au Sri Lanka où la population
jouit d'un niveau d'éducation élevé. Au Bangladesh, par contre, les
travailleurs' sans terre vivent une situation tellement oppressive que le
soutien et l'amitié des animateurs est essentiel.
Les organisations d'appui peuvent également commettre de nombreuses
erreurs. Tout en parlant de participation et d'autodépendance, celles-ci
peuvent imposer leur façon de faire, leur point de vue et miner toute velléité
des
populations
de
penser
et
d'agir
de
façon
indépendante. Ceci
déresponsabilise les populations et n'encourage pas la participation. Au
9140d-v.2
- 15 -
Bangladesh, par exemple, Nijera Kori a, au début, imposé une exploitation
collective des terres avant de se rendre compte que ceci ne correspondait pas
du tout aux souhaits de la population. D'autres organismes fixent les règles
de la participation des populations et vident celle-ci de son contenu.
D'autres encore ont souligné le poids des structures antiparticipatives. En
Thaïlande, les populations ont appris à attendre le développement promis par
le gouvernement et elles attendent toujours. L'animateur ne vient avec aucun
don et il faut beaucoup de temps pour renverser cette situation. En Indonésie
également, les ONG ont davantage tendance à compter sur la participation des
populations dans les projets des ONG qu'à encourager la participation dans le
sens d'une véritable autopromotion.
Le temps de la participation est nécessairement long, mais il faut
prendre ce temps avec les populations pour analyser avec elles les causes de
la pauvreté et les perspectives de l'effort en commun. L'animation doit être
pleinement consciente de ces dangers et marcher avec les populations à leur
rythme et non pas loin devant.
Encadré no 3. A quel rythme l'animation peut-elle
se démultiplier? Une expérience au Sri Lanka
A quel rythme une action d'animation peut-elle s'étendre et
se démultiplier? Ceci est une question que chaque programme
d'animation doit se poser. Trop lent, le programme perdra
de son dynamisme et ne pourra se régénérer de l'intérieur.
Trop rapide, il perdra sa substance même. Une expérience
menée au Sri Lanka nous offre un contre-exemple. En 1978,
le gouvernement du Sri Lanka donne son accord pour le
lancement d'un programme expérimental d'animation. De 1978
à 1980, cette expérience connut un succès remarquable.
Vingt animateurs externes ont été formés pour travailler
dans quatre localités appliquant les principes mêmes de
l'animation pour 1'autopromotion sans aucun appui matériel
ou financier. Ce programme d'animation continue aujourd'hui
sous le PIDA fondé par cinq animateurs estimant qu'ils ne
pouvaient plus travailler dans le cadre de l'administration
publique. (L'expérience du PIDA est analysée par ailleurs.)
Cette défection causa indirectement la stagnation du
programme gouvernemental jusqu'en 1984. A ce moment-là, le
gouvernement obtint un important financement extérieur pour
une expansion rapide du programme expérimental initial. On
recruta près de 50 animateurs externes qui recevaient une
formation en quatre jours, au lieu de trois mois
initialement, par une méthode très directive. En peu de
temps, ceux-ci recrutèrent et formèrent à leur tour près de
500 volontaires, payés par le programme. En moins de deux
ans, près de 800 groupements furent formés. Une importante
administration centrale avait été mise sur pied pour gérer
ces personnels et un fonds de roulement pour le financement
des activités des groupements. Mais la création de
groupements était devenue une fin en soi pour les
animateurs qui se souciaient peu de leur solidarité réelle
pourvu qu'ils proposent des activités finançables dans le
cadre du programme. Fin 1987, un nouveau directeur est
nommé à la tête du programme qui avait fait partie de
l'ancienne équipe du programme expérimental. Le problème
9140d-v.2
- 16 -
qui se pose à lui et qu'il est venu partager avec l'atelier
de Tagaytay est la réorientation du programme. Comment
faire?
Facilités de financement et expansion beaucoup trop rapide
ont vidé ce programme de sa substance. Au patient travail
d'animation, on a substitué la formation hâtive de
groupements appâtés par une livraison clés en main du
développement. Ce danger ne guette-t-il pas de nombreux
programmes qui, passés à la notoriété après un travail
appliqué sur le terrain, se voient étouffés par une
générosité traîtresse?
Thème no 3.
Education, conscientisation et recherche
participative
R. Tagore: Le monde est mon école
J'apprendrai jusqu'à la fin
Une grande différence existe entre l'éducation formelle, conventionnelle
et l'éducation non formelle:
Education formelle
-
compétence technique
spécialisation
servir l'employeur
migration
importations de connaissances
Education non formelle - se comprendre soi-même
- comprendre sa communauté
- sa propre réalité
L'éducation moderne et spécialisée ne voit que les parties et oublie le
tout. Le problème de maintes ONG est qu'elles souhaitent "éduquer" le peuple;
or cette volonté qui les anime est issue du système éducatif formel et tend à
détruire les savoirs et les technologies traditionnels. Il existe un savoir
populaire, des connaissances populaires et c'est dans ce savoir qu'il faut
ancrer l'action d'animation. Il faut faire sortir ces connaissances et ne pas
imposer un savoir de l'extérieur qui ne peut pas être supérieur.
La recherche conventionnelle a construit une culture de la pauvreté
propre aux populations pauvres qui seraient dépendantes, fatalistes, sans
motivation, ayant perdu leur identité et prisonnières de- relation de
clientélisme. Cette réalité existe sûrement, mais la recherche conventionnelle
ne permet pas de la saisir. D'autres méthodes d'investigation sont nécessaires
pour faire s'exprimer le point de vue, l'analyse, la réflexion des
populations. Le chercheur extérieur doit être accepté par la communauté et
il/elle doit s'intégrer à elle, vivre avec elle. Des méthodes nouvelles sont
nécessaires ayant recours aux images, au théâtre, aux symboles, bref aux modes
de communication propres des populations pour leur permettre d'être un acteur
à part entière de la recherche et de formuler les questions qui les
préoccupent. La population doit s'engager pleinement dans le travail de
recherche et de collecte des informations.
9140d-v.2
- 17 -
Là également, il existe de nombreux obstacles y compris du côté des
populations qui respectent le savoir et disent ne rien connaître. Il convient
de surmonter cet obstacle par l'animation et affirmer les capacités de la
population égales à celles de tout autre être humain. En Inde, l'organisation
Bhoomi Sena, composée de travailleurs asservis, a beaucoup travaillé sur
l'affirmation de la vérité par ces travailleurs, êtres humains asservis
luttant pour leur libération comme mode d'organisation et de conscientisation.
Si on éduque pour donner aux populations une vérité qui n'est pas
leur, on ne facilite pas leur libération. En Thaïlande, l'école ne sert pas
communauté, elle introduit des valeurs étrangères qui ne servent pas
résoudre les problèmes de la communauté. Souvent l'école aggrave ceux-ci
favorisant l'exode. Le savoir de l'école moderne n'est pas utilisable dans
communauté.
la
la
à
en
la
La conscientisation est un concept très large qui comporte différentes
dimensions. Mais essentiellement, il s'agit de partir des perceptions,
des valeurs, des savoirs de la population pour engager celle-ci dans une
réflexion sur sa propre vérité et sur les moyens de transformer favorablement
celle-ci. Les savoirs des populations s'étendent à la santé, à la technologie,
aux pratiques culturales et à bien d'autres domaines.
La vérité des populations est leur propre expérience de la vie et c'est
de.cette vérité qu'il faut amorcer l'animation. C'est une entreprise de longue
haleine qui peut progresser très lentement au départ mais qui peut également
aller très vite une fois que le mouvement est lancé. Le rythme de l'animation
et celui des populations peuvent ne pas coïncider, et il convient de se
réguler sur celui de la population.
On ne peut pas éduquer quelqu'un, on peut seulement tenter un transfert
de connaissances. La véritable éducation doit partir de la motivation propre à
chacun pour découvrir une vérité en interaction avec d'autres.
Thème no 4.
Rôle et retrait de l'animateur/animatrice
Le rôle de l'animateur externe pose deux questions:
-
pourquoi est-il nécessaire?
pendant combien de temps?
Afin
de
prendre
des
initiatives,
transformer
leur
condition
socio-économique et sortir de leur état de dépendance, les populations pauvres
doivent s'organiser. Cette organisation dépend généralement d'un appui de
l'extérieur. Pour utiliser leurs connaissances et reprendre confiance en leurs
capacités, elles ont besoin d'encouragements et d'appuis. Pour faire valoir
leurs droits, pour maîtriser de nouvelles productions, pour gérer des
activités, un appui extérieur est souvent nécessaire. Le rôle de l'animateur
est celui d'un guide, d'un ami qui souhaite l'autonomie des populations et non
leur domination. L'animateur externe doit toujours expliquer, dès le début,
qu'il (elle) est là pour telle et telle raison mais que sa présence ne pourra
s'éterniser parce que d'autres groupes ont besoin de ses services.
Parmi les multiples dimensions du rôle de l'animateur, les suivantes ont
été proposées: un ami, un guide, un organisateur de groupes, un catalyseur, un
consultant, un mobilisateur, un agent du changement, la recherche-action, un
conscientiseur, un facilitateur, un coordonnateur de projets. Ces différents
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- 18
rôles peuvent également se classer suivant les phases
organisations populaires. Trois phases sont retenues:
-
que
traversent
les
une phase de maturation;
une phase de consolidation;
une phase d'autonomie et de retrait de l'animateur.
Dans cette dernière phase, l'animateur doit jouer le rôle d'un consultant
occasionnel et d'un ami que l'on a plaisir à revoir.
Un animateur externe des Philippines a proposé sa propre version des
fruits de son expérience de l'animation. Il propose, parmi les:
"A ne pas faire":
-
ne
ne
ne
ne
ne
ne
ne
ne
ne
ne
pas
pas
pas
pas
pas
pas
pas
pas
pas
pas
être un parrain ou un prophète
monter de barrières entre la population et soi
critiquer les valeurs et les coutumes des populations
être autocrate ni paternaliste
être commandeur ou suiveur
apporter toutes les réponses et solutions
manipuler la discussion
faire de promesses qui ne seront pas tenues
faire du commerce
recevoir ni donner de cadeaux
"A faire":
-
commencer là où les populations se trouvent et ce qu'elles ont
vivre, souffrir et se réjouir avec la communauté
donner des informations
être un bon ami et un modèle
être à l'écoute des populations et les comprendre
être un catalyseur et un facilitateur
avoir la confiance des populations
être franc et honnête, admettre ses erreurs
lancer des discussions
apporter sa propre nourriture
Un participant rappela, tout en reconnaissant la valeur de cette
expérience, qu'il ne saurait être question de régies de conduite strictes,
chaque animateur/trice devant tirer ses propres leçons en la matière.
De nombreux organismes d'appui n'abordent pas franchement et clairement
la question du retrait des animateurs externes (et de leur appui) avec les
organisations populaires, et ce dans l'intérêt de celles-ci. Un tel dialogue
est nécessaire et le plus tôt serait le mieux. Il y a plusieurs raisons à
cela. Afin de renforcer les organisations de base, il est nécessaire que
celles-ci se multiplient, qu'un mouvement plus large se crée, et donc que les
animateurs externes soient détachés pour aller travailler en d'autres lieux.
Les organisations de base ont besoin de se fédérer et de s'unir en une
organisation plus puissante, et il est nécessaire que les animateurs externes
délaissent le travail d'organisation à la base pour aider à la structuration
du mouvement.
Ces organismes d'appui
donateurs externes qu'ils ne
est incertain et il est, par
base s'affranchissent de cette
9140d-v.2
doivent admettre qu'ils sont dépendants de
contrôlent pas du tout. Ce financement externe
conséquent, nécessaire que les organisations de
aide extérieure aussi rapidement que possible.
- 19
Enfin, les animateurs externes sont faillibles comme toute personne
humaine et ils peuvent trahir les populations. Celles-ci doivent être averties
de ce danger réel.
Le rythme et les modalités de ce retrait doivent s'adapter aux
circonstances locales et, de fait, pourront varier. Mais le principe du
retrait doit être admis et discuté avec les populations aussi rapidement que
possible. Il ne s'agit pas d'un retrait mécanique mais du couronnement d'une
action d'animation qui vise à introduire un changement qualitatif. L'animateur
externe doit travailler pour son propre retrait et non pour sa propre
pérennité, qui doit être celle des organisations de base.
Encadré no 4. Alphabétisation et participation
Chacun sait que le Bangladesh est un pays pauvre et très
peuplé. Le problème de la faim n'y est nullement résolu et
ressurgit périodiquement de façon dramatique. Le pays n'a
guère les moyens d'assurer des services de santé pour tous,
ni l'école pour tous ou même l'alphabétisation pour tous.
La Commission nationale du plan a beau faire preuve
d'imagination et chiffrer différentes stratégies possibles,
aucune ne permet d'atteindre les objectifs de base dans un
délai relativement court. Il y a quelque temps, sillonnant
le pays pour vérifier de possibles hypothèses de travail,
un membre de cette
commission
entend
dire
qu'une
performance théâtrale aurait lieu ce soir là, dans un
village proche, sur le thème de l'alphabétisation. II. y
accourut et assista à une série de saynètes retraçant
l'effort d'alphabétisation du village. Les enfants du
village décident d'enlever la honte que représente tous
ceux qui ne savent ni lire ni écrire. Ils manifestent à
travers
tout le village en déclarant la guerre à
l'illettrisme.
De
connivence
avec
les
services
administratifs, ils décident que le signe pour "a signé" ne
sera plus le pouce trempé dans l'encre mais le nez. A la
grande honte des villageois, ceux-ci se virent contraints
de se frotter le nez dans de l'encre pour chaque document
administratif "signé". Au chevet des personnes malades, les
enfants se précipitèrent pour les informer que nul ne
sauvera son âme s'il ne rédigeait son testament avant de
partir. La peur saisit le village qui accepta très vite les
cours d'alphabétisation accélérés proposés par les enfants.
En moins de trois mois, tout le village savait maîtriser
lecture et écriture. Et notre collègue membre de la
Commission nationale du plan put le vérifier sur place au
lendemain de cette représentation extraordinaire montée par
les villageois. Il réunit les villageois pour leur
témoigner son admiration et sa gratitude, car ils venaient
de lui présenter une solution qu'aucun membre de cette
commission, bardé de diplômes et d'expérience, n'avait pu
envisager. Si eux pouvaient vaincre l'analphabétisme en
quelques mois, alors en deux ou trois années le pays entier
pouvait suivre. Ceci représenterait un atout d'une force
considérable pour le développement futur du pays.
9140d-v.2
- 20 -
Rempli de joie, notre collègue rentra à la capitale décidé
à partager cette nouvelle extraordinaire avec les autres
membres du gouvernement. Du ministre de l'Education, il
apprit
qu'une
conférence
internationale
sur
l'alphabétisation devait se tenir au Bangladesh, sous peu.
Il s'efforça de convaincre le ministre que cette conférence
devait avoir lieu dans ce village, compte tenu de sa
contribution à la solution d'un problème mondial, ce qui ne
pouvait manquer d'intéresser les experts internationaux
attendus. Non, il n'était pas envisageable de faire
séjourner ceux-ci dans un village. On conclua sur un
compromis avec la ville la plus proche, distante d'une
demi-heure du village, et sur une visite du village au
cours de la conférence. On apprit par la suite que le
Président devait s'adresser à cette conférence. Peut-être
pourrait-il également rendre hommage à ce village? Notre
membre de la Commission nationale du plan s'en retourna
audit village quelques jours avant l'ouverture de la
conférence pour informer les villageois des préparatifs en
cours. Eux aussi décidèrent d'accueillir dignement les
conférenciers et peut-être même le Président. Nettoyage du
village, réfection des routes, confection de nouvelles
toilettes, podium d'accueil, rien ne fut laisser au hasard
pour ces jours historiques. Au petit matin du jour désigné,
une délégation de jeunes du village partit à pied à
l'aéroport, distant d'une vingtaine de kilomètres, pour
accueillir le Président. Peu après midi, ils
s'en
retournèrent, las d'attendre, et ayant fini par entendre
que le Président ne viendrait pas. Ils arrivèrent au
village les larmes aux yeux. Il restait les conférenciers,
mais aucun ne trouva le temps d'effectuer le déplacement au
village durant les quelques jours de ces délibérations
internationales sur l'alphabétisation.
Notre collègue resta quelques jours avec ses nouveaux amis
villageois, tâchant de leur expliquer que leur action
devait avoir sa première signification pour eux-mêmes.
L'ignorance du monde extérieur, incapable qu'il était de
reconnaître une vérité, ne devait pas nuire à leur
enthousiasme.
Pouvaient-ils
continuer
et
travailler
également dans les villages avoisinants? Leur réussite
était leur motivation et personne ne pouvait leur enlever
celle-ci.
La motivation de ces villageois avait su vaincre en peu de
temps un obstacle immense qui reste à résoudre au
Bangladesh et dans le reste du monde. La cécité du monde
des lettrés ne valait que refus de voir des paysans accéder
par leurs propres moyens et par leur seule volonté au
statut de personnes et de citoyens.
Notre collègue ne resta pas longtemps membre de la
Commission nationale du plan au Bangladesh. Il quitta son
pays
pour
réfléchir
aux
forces
immenses
que
la
participation pouvait déchaîner pour le développement,
forces qui ne sont jamais comptabilisées dans les comptes
de la nation.
- 21 -
Thème no 5. Une formation pour l'animation
La tâche de l'animateur est d'animer les populations pauvres et de
promouvoir leurs capacités d'autopromotion. De quelle formation les agents de
l'animation ont-ils réellement besoin? De toute évidence, le mode traditionnel
de la formation qui conçoit l'éducation comme un engrangement de connaissances
ne peut s'appliquer ici. Le mode de formation doit être lié au contenu, à
savoir la participation et l'animation. Il doit s'agir d'une formation
participative supposant une relation d'égalité entre les formateurs et les
candidats à l'animation.
D'autres questions s'ajoutent à celles du mode et du contenu de la
formation. Faut-il former des animateurs en très grand nombre? Qu'en est-il de
la formation des animateurs internes? S'agit-il d'une formation en continu?
Des centres de formation sont-ils nécessaires?
Il est vrai que maints organismes d'appui gèrent des centres de formation
pour leurs agents. Ces centres dispensent souvent un enseignement de base,
proche du système éducatif traditionnel et très éloigné de la vie des
villages, lieux de travail pour l'animation. Le responsable de l'organisation
coopérative des travailleurs ruraux du Sindh (SRWCO) au Pakistan rappelle que
eux aussi avaient pratiqué une éducation ouvrière très classique pendant des
années sans grand résultat. Maintenant, ils étaient davantage conscients de la
valeur des approches participatives. La question n'est pas de former pendant
des années un flot continu d'animateurs et d'animatrices. L'objectif essentiel
est de disposer d'un petit noyau d'animateurs externes, qui à leur tour
pourront former au cours de l'animation des animateurs internes. C'est la
leçon essentielle à retenir de l'expérience de l'Institut participatif pour un
autre développement (PIDA) au Sri Lanka. La formation des animateurs doit être
étroitement liée à la pratique de l'animation. Elle doit alterner la réflexion
et l'action et permettre la propre autopromotion formative des animateurs.
Parmi les thèmes retenus comme essentiels, on peut citer:
-
l'analyse économique et sociologique des villages;
le mode d'interaction avec la population;
la pratique de l'animation;
une réflexion continue, individuelle et de groupe sur cette pratique.
L'essentiel d'une formation participative ne relève cependant pas du
contenu, mais de la pratique, c'est-à-dire du mode interactif entre les agents
en formation et avec la population villageoise. Si la motivation est réelle,
le contenu peut s'approprier très rapidement. Et cette motivation doit
permettre aux animateurs de poursuivre et d'approfondir leur formation bien
après la fin du cycle de formation. L'expérience de la Tanzanie est ici
significative. Grâce à l'intervention du BIT, un programme d'appui aux
initiatives de développement des villageois a été entièrement reformulé à la
suite de deux stages de formation de quinze jours pour une vingtaine d'agents
du développement
communautaire. Ces agents rebaptisés animateurs (et
animatrices) ont pu, en l'espace d'une année, et sans aucune intervention
financière, assurer l'émergence d'initiatives réellement participatives de
développement dans les villages où ils (elles) avaient été affectés
temporairement. La motivation de ces agents était très grande et ils ont
assimilé l'approche participative proposée de façon très rapide. Cette
approche fut ensuite transmise par eux aux villageois.
9140d-v.2
- 22 -
La formation des animateurs internes procède de la même optique et de la
même méthode. Au fur et à mesure que les animateurs internes émergent de
l'action en s'imposant naturellement par leurs capacités d'animation, il
convient de leur assurer un complément de formation. Celle-ci sera plus lente
et plus rudimentaire que pour les animateurs externes car des obstacles de
langue, d'écriture, de conceptualisation se poseront inévitablement. Mais les
animateurs internes sont d'autant plus efficaces qu'ils agissent dans un
milieu connu d'eux et où ils sont connus. Leur communication avec la
population ne posera aucun problème. Leur travail étant nécessairement à temps
partiel, ils resteront paysans, pêcheurs ou artisans. Le village peut accepter
une forme d'indemnisation pour le travail d'animation effectué à l'intention
des villageois. Cette décision relève du seul village. Par ailleurs, parmi les
animateurs internes, certains s'imposeront par une grande capacité d'animation
et une bonne assimilation de l'animation et de 1'autopromotion. En vertu de
ces capacités, ceux-ci peuvent progressivement étendre leur sphère d'activité
au-delà du village et intégrer d'autres villages. Ils (elles) peuvent devenir
des animateurs
externes-internes. Une formule d'indemnisation
de ces
animateurs externes-internes peut être assurée par l'organisme d'appui.
En conséquence, la formation des animateurs doit viser à former un petit
noyau motivé et mobile d'animateurs externes, un nombre important d'animateurs
internes
et
une
augmentation
modérée
du
nombre
des
animateurs
externes-internes. Le schéma suivant permet de résumer cette proposition.
Animateurs externes
constant
Animateurs externes/internes
multiplication lente
Animateurs internes
multiplication rapide
La formation pour l'animation doit se régler sur cette perspective du
développement et de la multiplication des animateurs.
Encadré no 5.
Le grand arbre
"Tant que le grand arbre sera là, les jeunes plants ne
pousseront pas", proverbe indonésien prononcé à l'occasion
de la discussion sur le retrait des animateurs externes.
L'image du grand arbre est-elle juste? N'est-elle pas
contraire à la relation d'égalité qui doit prévaloir entre
l'animateur et les populations?
Thème no 6.
Les femmes ou l'autre moitié du ciel
"Dans notre société, les femmes n'ont pas de bouche", rappelle d'emblée
un participant du Pakistan.
"En milieu rural, les femmes sont traitées comme des animaux", ajoute un
autre.
Ces signes de discrimination à 1'encontre des femmes, notamment en milieu
rural, sont en effet particulièrement nombreux. Au Népal, par exemple, ceux-ci
peuvent être classés en quatre catégories principales:
-
au niveau des lois, les femmes ne peuvent hériter de la propriété
familiale, partagée uniquement entre les fils;
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- 23 -
-
au niveau de l'éducation, car on n'encourage pas la formation pour les
femmes ni l'école pour les filles;
-
au niveau du travail, puisque les femmes travaillent 365 jours dans
l'agriculture, et les hommes seulement 120 jours;
-
au niveau culturel enfin, la tradition encourageant, avant tout, les
femmes à bien servir leur mari.
Pour changer cette situation, il est indispensable d'encourager la
formation de groupements de femmes pour leur permettre de prendre conscience
de leur oppression et d'être capables de se libérer. Une activité productive
permettant aux femmes de s'assurer d'une source de revenu autonome est souvent
un préalable. Mais ce n'est pas suffisant, car les racines de la
discrimination sont profondes.
Au niveau de l'animation, il est indispensable de former des animatrices
et de leur permettre de travailler directement avec les femmes. Les femmes
doivent avoir la possibilité de s'organiser librement, et entre elles si elles
le souhaitent. Dans certaines sociétés, cela est à la fois nécessaire et
possible compte tenu de l'évolution générale du statut de la femme. Aux
Philippines par exemple, où les femmes jouissent d'une certaine égalité, il
n'est pas nécessaire pour les femmes de s'organiser séparément. Elles peuvent
librement défendre leurs intérêts au travers d'organisations mixtes assurant
1'autopromotion de tous. Dans d'autres sociétés, il est difficile pour les
femmes de s'organiser compte tenu des contraintes qui pèsent sur leur mobilité.
Cependant, il n'est pas pensable de parler de participation et
d'autopromotion en oubliant totalement les femmes. Le travail d'animation doit
également porter sur l'instauration d'une relation d'égalité entre hommes et
femmes, permettre aux femmes de s'organiser, de prendre la parole au cours des
réunions, d'occuper des postes de responsabilité, et d'introduire de nouvelles
pratiques et une nouvelle division du travail permettant d'alléger le travail
des femmes. L'autopromotion n'est pas concevable sans une pleine participation
des femmes. Celles-ci doivent pouvoir contribuer et bénéficier de cette
autopromotion au même titre que les hommes. Il est souvent nécessaire, en
conséquence, de conscientiser au préalable les hommes sur l'oppression et la
pauvreté des femmes, afin que ceux-ci saisissent mieux la situation et le
travail des femmes et qu'ils les aident à transformer ensemble cette réalité.
Si les hommes s'organisent pour lutter contre la pauvreté et l'injustice,
il est possible de leur faire comprendre, au travers de l'animation, la
situation oppressive des femmes et l'aide dont elles ont besoin pour
transformer celle-ci. De même, les hommes et les femmes comprendront qu'ils
ont besoin les uns des autres pour assurer leur autopromotion. Des exemples de
cette double action d'animation parmi les hommes, puis parmi les femmes, ont
été donnés au Bangladesh et aux Philippines.
Aux Philippines, les pêcheurs-hommes qui péchaient et les pêcheurs-femmes
qui assuraient la commercialisation du poisson ont pu, au travers de
l'animation, mieux comprendre leurs tâches respectives et travailler ensemble
pour améliorer leur sort commun.
9140d-v.2
- 24 -
Thème no 7.
Epargne et crédit
Le crédit, si nécessaire aux paysans pauvres, est souvent une cause
d'appauvrissement, voire de servage. Les villageois, s'endettant pour de
multiples
raisons
et
étranglés
par
les
taux
d'intérêt
usuriers,
s'appauvrissent davantage, jusqu'à passer leur vie à rembourser des dettes.
Dans d'autres circonstances, les paysans s'endettent pour être contraints
d'acheter des engrais qui souvent arrivent trop tard. Au lieu d'entraîner des
investissements productifs, le crédit entraîne les populations dans un cercle
vicieux de paupérisation.
Par ailleurs, les banques ne sont souvent pas présentes en milieu rural
et
rarement
au niveau des villages. Lorsqu'elles
sont physiquement
accessibles, de multiples barrières réglementaires ou autres s'opposent à ce
que les populations pauvres bénéficient de leurs services. L'obstacle le plus
commun est l'exigence d'une forme de garantie, généralement la terre que la
plupart des familles pauvres ne peuvent offrir. Ailleurs, les femmes
musulmanes ne peuvent fournir de photo d'identité exigée par la banque.
Ailleurs encore, les paysans fuient les banques de peur d'être pris dans des
détournements. Cependant, les banquiers sont les premiers à admettre que les
arriérés et les impayés s'accumulent
chez les gros emprunteurs, que
constituent les riches et les élites, et donc que la caution exigée est
inefficace. Pratiquement, tous les organismes d'appui comptent parmi leurs
interventions le crédit aux villageois. Les formes de cette intervention
financière varient cependant grandement.
L'organisation
Nijera Kori du Bangladesh échappe à cette règle
puisqu'elle n'assure, volontairement, aucun service financier. Elle travaille
uniquement à la constitution et au renforcement d'organisations de base de
travailleurs sans terre afin que ceux-ci puissent faire valoir leurs droits
d'accès à une banque en cas de besoin, comme tout autre citoyen. La situation
est semblable au Sri Lanka, quoique plus favorable puisque le gouvernement
encourage la multiplication des services bancaires en zone rurale, accessibles
aux plus pauvres. Il s'agit alors de concrétiser ce droit.
D'autres organismes d'aide s'efforcent
d'assouplir
la législation
bancaire en permettant la création d'une structure intermédiaire qui, par le
biais d'une bonification du taux d'intérêt, prête aux paysans. Le dépôt d'une
garantie bancaire auprès d'une banque locale constitue une autre formule.
De nombreux organismes d'appui s'efforcent enfin de créer au niveau d'un
groupement ou d'une union de groupement un capital géré par ceux-ci et leur
permettant d'assurer des prêts ainsi que leurs remboursements. Il peut s'agir
soit directement d'un capital financier soit d'un don en nature que les
groupements pourront capitaliser par le biais des remboursements.
La banque Grameen au Bangladesh, uniquement ouverte aux populations
rurales pauvres sans terre, a introduit de nombreuses innovations dans les
pratiques bancaires. La plus importante est la caution solidaire octroyant à
un groupe la responsabilité des emprunts des membres" du groupe et de leur
remboursement. Cette formule a fait ses preuves et permet à de nombreuses
personnes pauvres d'emprunter de petites sommes, sans avoir d'autres garanties
que la caution d'un groupe d'appartenance reconnu par la banque Grameen. La
limitation de cette formule est de réduire le groupe à un mécanisme de
contrôle d'emprunts et de remboursements et de réduire le champ de la
participation et de 1'autopromotion.
9140d-v.2
- 25 -
Du point de vue de l'animation et de l'autopromotion, il convient de
noter deux points. D'une part, il est nécessaire que les groupements, avant
même de percevoir des financements extérieurs sous forme de prêts ou de
subventions, puissent faire état d'une pratique régulière de l'épargne. Cette
épargne volontaire doit être gérée collectivement par le groupement et marquer
ainsi sa solidarité. Une telle épargne constitue une première expérience de
gestion commune et une assurance indispensable contre toutes sortes d'aléas
(maladie, décès, catastrophe, disette, etc). Elle peut constituer également un
premier capital d'investissement.
D'autre part, les organismes d'appui devraient s'efforcer de militer en
faveur d'une adoption beaucoup plus large du principe de la caution solidaire.
Celle-ci permettrait à un nombre toujours plus important de populations
pauvres d'accéder à des services financiers établis qui seuls présentent les
garanties d'une viabilité à long terme.
Thème no 8.
Suivi-évaluation et auto-évaluation
Deux problèmes principaux sont abordés ici. D'une part, la séquence
habituelle
de
l'évaluation
est
la
suivante:
donateur/organisme
d'appui/animateurs externes/populations. D'autre part, la participation relève
d'un développement des facultés humaines et se prête difficilement à la
quantification.
Ces évaluations externes menées par les donateurs avec ou sans
représentant des organismes d'appui ne sont que d'une faible utilité pour ces
derniers et, en général, d'aucune utilité pour les populations. Celles-ci sont
appelées à répondre passivement à des questions et sont rarement informées des
résultats de l'évaluation.
Aussi, les organismes d'appui réfléchissent de plus en plus sur les
moyens de transformer une évaluation en un exercice également utile pour les
populations.
Bien qu'il soit difficile d'envisager actuellement un renversement total
de la séquence classique de l'évaluation (est-il même pensable que les
populations évaluent les donateurs?), il y a lieu d'utiliser l'évaluation
comme un moment privilégié de réflexion et d'encourager ainsi une
participation des populations à l'évaluation de leurs propres activités.
Beaucoup de questions se posent quant à la meilleure méthode d'une
auto-évaluation, le coût en temps de ce qui est nécessairement un exercice
lent et les nombreux obstacles à surmonter. La recherche conventionnelle
produit de piètres résultats quant il s'agit de soutirer de l'extérieur des
informations aux communautés. Les populations n'acceptent plus si facilement
de se soumettre aux décisions d'une évaluation externe menée en-dehors
d'elles, comme le rappelle un exemple récent en Thaïlande où une communauté a
refusé une évaluation menée comme une inspection.
Aux Philippines, l'organisation Process a récemment tenté une expérience
d'auto-évaluation en introduisant celle-ci par des questions très simples et
en soulignant qu'il était essentiel que les populations fassent le bilan des
activités menées ensemble, portent un jugement sur la qualité de celles-ci et
arrêtent les orientations futures. Les questions posées étaient les suivantes:
9140d-v.2
- 26 -
-
quelle a été notre histoire? qu'avons-nous réalisé?
-
quels sont nos échecs, nos réussites? que pouvons-nous faire?
-
que devrions-nous faire à l'avenir? comment pouvons-nous y arriver?
L'auto-évaluation entretient des liens étroits avec la participation et
1'autopromotion, puisque l'objectif ultime est de développer la capacité de
maîtrise et d'autogestion des populations. L'auto-évaluation peut puissamment
y contribuer si elle est bien introduite et conduite en favorisant l'autonomie
de pensée des populations. Bien sûr, au début il appartient à l'animation
d'introduire et d'animer l'auto-évaluation, mais celle-ci doit vite être
totalement appropriée par les populations. On ne doit pas se substituer à
elles ni les pousser à examiner des questions difficiles touchant par exemple
à la démocratie, aux dirigeants, questions qu'elles ne sont pas prêtes à
examiner.
Il est également nécessaire que les populations prennent l'habitude
d'évaluer la performance de l'organisme d'appui. Ceci est une étape nécessaire
vers l'affranchissement des populations de la tutelle de l'organisme d'appui
qui ne saurait s'éterniser. Les moyens et le rythme seront ici déterminés par
les circonstances locales. L'organisme d'appui doit en prendre l'initiative et
demander aux populations de le critiquer afin qu'il puisse améliorer sa
contribution. Si des craintes et la peur subsistent, cela signifie que
l'organisme d'appui a échoué à instaurer une relation d'égalité avec les
populations, relation si nécessaire à la participation. De nombreux problèmes
existent à cet égard suivant les sociétés, comme par exemple la non-mobilité
des femmes en milieu musulman. Mais rien n'est immuable, comme le décrit si
bien William Hinton dans son livre Franshen, dans lequel un passage relate des
séances de critiques publiques des paysans envers les cadres durant la
révolution chinoise.
Quatre points peuvent résumer l'essentiel de la discussion sur ce thème:
1)
l'auto-évaluation doit être considérée comme une véritable dimension du
développement des capacités d'autogestion des populations organisées en
vue de leur autopromotion;
2)
l'animation doit aider ces populations à s'initier à la pratique de
l'auto-évaluation. Ceci doit faire partie de la formation des animateurs;
3)
l'auto-évaluation doit nécessairement comprendre trois étapes:
4)
-
un rappel de la réalité des populations avant l'organisation pour
1'autopromotion;
-
les réussites et les échecs dans la transformation de cette réalité;
-
la direction et les activités futures.
l'auto-évaluation doit également comprendre une évaluation des dirigeants
que les populations se sont données et l'évaluation de leurs animateurs
externes.
9140d-v.2
- 27 Thème no 9.
Religion, culture et participation
La religion et la culture imprègnent profondément la vie des populations
rurales en Asie. Il existe différentes religions (bouddhisme, islam,
hindouisme), et toutes comportent des valeurs fondamentales pour l'identité de
l'homme et sa vie sociale. La religion est malheureusement également la source
de nombreux conflits et rivalités divisant les communautés à partir
d'interprétations erronées et partisanes des valeurs fondamentales.
Ce thème est jugé important mais sortant quelque peu du cadre de
l'atelier, dans la mesure où il s'agissait là d'une question que chaque
individu, chaque groupe, chaque société devait aborder en fonction de ses
valeurs propres.
Deux aspects principaux ont été abordés au cours de la discussion. La
religion et la culture constituent les racines de l'identité d'un peuple. On
ne peut songer à stimuler la participation des populations avec des valeurs
culturelles étrangères à celles-ci. La participation doit s'enraciner dans le
contexte culturel de la population et partir de ses valeurs propres en
reconnaissant et en s*appuyant sur les croyances et les pratiques du milieu.
La religion et la culture peuvent introduire cependant des tensions. Dans
certaines sociétés, la religion constitue un facteur de division sociale des
communautés, une source de conflit inutile. Des responsables religieux
s'opposent aux forces sociales de progrès au nom d'une interprétation
restrictive des textes sacrés, des enjeux de pouvoir et des privilèges dont
ils jouissent. Certaines pratiques religieuses entraînent des dépenses
ruineuses pour les populations pauvres et conduisent à leur endettement.
Toutes les religions proposent des valeurs de solidarité et de justice
sociale très positives. Des mouvements sociaux progressistes s'inspirent de
ces valeurs. La tâche des animateurs est donc de déceler et de faire valoir
les valeurs positives de la religion, en s'appuyant sur celles-ci pour
dénoncer les fausses interprétations des textes religieux et les fausses
valeurs.
9140d-v.2
- 28 -
CONCLUSIONS
Quelles conclusions pouvait-on tirer d'un atelier de ce type? Trois
questions ont été posées aux participants au terme des délibérations:
-
qu'est-ce qui a été clarifié?
quelle utilité pour votre travail?
votre avis sur le déroulement de l'atelier.
Parmi les nombreuses et diverses réponses apportées, on peut citer:
-
Nous avons échangé en amis, l'atmosphère était très bonne, j'ai une
perception plus claire de la pratique, avant je faisais trop de théorie,
à mon retour j'en parlerai à mon équipe, nous analyserons ensemble notre
• travail à la lumière de ce que j'ai appris ici, mais l'auto-évaluation
cela nous pouvons l'introduire tout de suite, etc.
-
Je comprends mieux les rôles respectifs des animateurs internes et
externes, le problème de notre propre attitude, nos relations avec les
populations, la discussion sur l'épargne et le crédit a été très utile,
je dois en parler avec mes collègues, etc.
-
La question du retrait de l'animateur est très importante, nous devons
réfléchir davantage là-dessus, notre entretien avec les pêcheurs a été
très riche, là j'ai beaucoup appris, la façon dont nous avons traité de
la formation est très nouvelle pour moi, je dois organiser un atelier de
ce type avec toute mon équipe, mais il faudrait un deuxième atelier d'ici
une à deux années, etc.
-
Je suis venu avec deux objectifs, réviser toutes ces notions et partager
avec vous la réorientation de mon programme, j'ai beaucoup avancé sur ces
deux points, nous pourrons réduire le nombre d'animateurs externes et
surtout revoir leur formation, il faudra du temps pour mettre en
application toutes ces nouvelles orientations mais c'est nécessaire.
-
Je suis venu d'une ONG et je souhaite rejoindre une organisation d'appui
à 1'autopromotion, peu d'ateliers auxquels j'ai pu assister appliquaient
ainsi le principe de la participation, c'est un véritable lieu de
formation, etc.
-
Le dialogue est très important et la liberté est nécessaire pour
apprendre, pour échanger, ici nous avons pu échanger en toute liberté,
l'émotion est nécessaire pour stimuler la compréhension, j'aurais aimé
une visite de terrain plus approfondie, etc.
-
Tout ce que j'ai appris remet en question mon travail, mais de façon
positive, je vais pouvoir l'analyser de façon plus critique, etc.
-
J'ai beaucoup appris, le plus important concerne les animateurs internes,
il faut donner davantage de responsabilités aux organisations de base, il
faudrait organiser des ateliers de ce genre pour nos agents de terrain,
etc.
-
Mon horizon s'est beaucoup enrichi, notamment concernant 1'autopromotion,
le thème de la participation est maintenant plus clair et il faut
l'appliquer partout dans l'évaluation, dans nos relations avec les
donateurs, pour le crédit, etc.
9140d-v.2
- 29 -
-
J'ai appris beaucoup de choses mais il faudra du temps pour assimiler
tout cela, adapter ce qui peut l'être, je dois en parler à mon
organisation et nous devons réfléchir ensemble, etc.
-
Je suis très content, je me sens enrichi et suis
davantage,etc.
-
L'essence de la participation est de parvenir à résoudre les tensions
qu'elle crée elle-même, c'est la vie même comme cet atelier l'a montré,
nous avons choisi de partir de la pratique et non de la théorie, sur
différents points nous avons fait progresser l'analyse, le concept
d'animateur interne-externe est nouveau, tout comme l'auto-évaluation...
-
Nous avons commencé à réfléchir sur certaines notions essentielles et je
vais poursuivre cette réflexion, mais il faudrait que nous puissions nous
revoir, une visite de terrain plus longue aurait été souhaitable.
capable
de donner
La plupart des participants sont tombés d'accord sur la valeur de la
démarche méthodologique de l'atelier, elle doit être participative, partir de
la pratique et non d'un contenu déterminé à l'avance et être portée par une
dynamique interactive entre les participants. L'objectif n'était pas de donner
à chacun un certain nombre de réponses toutes faites mais d'introduire une
réflexion qui se poursuivra après l'atelier sur des questions essentielles. Et
de fait, les participants ont souligné qu'ils poursuivront la réflexion
entamée à Tagaytay en commençant par partager celle-ci avec leur équipe pour
étudier les réorientations possibles de leur pratique.
Plusieurs participants ont indiqué qu'ils auraient souhaité une visite de
terrain plus approfondie et de quelques jours afin de s'imprégner d'une
expérience différente.
Enfin, des souhaits ont été exprimés pour l'organisation d'ateliers
semblables dans un délai de deux à trois ans. Des versions nationales de cet
atelier régional furent également suggérées.
9140d-v.2
ANNEXE 1
REGIONAL WORKSHOP FOR NGO TRAINERS
IN PARTICIPATORY RURAL DEVELOPMENT
Villa Adelaida, Tagaytay City
August 15-28, 1988
LIST OF PARTICIPANTS
Name/Home Address/Telephone
1.
Mr. C. Abeygunawardana
10 Kandawatta Lane
Nugegoda, Sri Lanka
Tel. No. 554070
Mr. Chandio Munir Ahmad
263-C-2 PECHS
Karachi 29/13
Tel. No. 446895
Office Address/Telephone
Change Agents Programme
Rural Development Training and
Research Institute (RDTRI)
24/4 Castle Street
Colombo 8, Sri Lanka
Tel. No. 596592
Sindh Rural Workers
Coopérative Organization
263-C-2 PECHS
Karachi 29/13, Pakistan
Tel. No. 442538
Position
Director
Field of Expertise
Development Administration
on Participatory Rural
Development
Sri Lanka
Pakistan
Président
3.
Ms. Jocelyn Caragay
69 Silencio St.,
Santol, Quezon City
Tel. No. c/o 605238
University of the Philippines
Collège of Social Work and
Community Development
Diliman, Quezon City
Tel. No. 972477
Assistant Professor
4.
Mr. Philippe Egger
Rural Employment Policies Branch
Employaient & Development Office
CH-1211 Geneva 22
Switzerland
Tel. No. 022-996563
•ILO Staff
Ms. Edel C. Guiza
PROCESS
54 Estrella St.,
Bel Air, Makati, Métro Manila
Philippines
Bina Swadaya
Jl Gunung Sahari 111/7
Jakarta Pusat, 10610
Indonesia
Tel. No. 354 700
Executive Director
Participatory Rural
Development
Staff
Trainor
Mr. Em Haryadi
Jalan Gardu Gang, SLB No. 11
Condet, Jakarta Timur
Indonesia
Tel. No. 809 2064
Country
Social Work & Community
Development
Philippines
Swi tzerland
Philippines
Indonesia
2
Name/Home Address/Telephone
7. Mr. Wilfredo J . Homicillada
4 t h S t . , A l t a Tierra Village
J a r o , I l o i l o City
T e l . No. 70546
Office Address/Telephone
PROCESS Western Visayas
125 Bonifacio St.,
Molo, Iloilo City
Position
Expertise
Country
Area Coordinator
Panay Island
Community Organizing
Philippines
Philippines
8. Mr. Abul Kashem
Baluadanga, Oinajpur
Samaj Progoti Parishad (SPP)
Baluadanga, Oinajpur
Bangladesh
Tel. No. 0531 No. 4533
Director
Project Management
Bangladesh
9- 1r. AmaTendu Kundu
Kast-Khan Khana Pur
D t . R a j b a r i , Bangladesh
Nijera Kori
40A Road 4A Ohanmondi
Dhaka, Bangladesh
Tel. No. 505901
Program Organizer
Community Organizing
Bangladesh
10.Ms. Ma. Luisa Lopez
Galanto Compound
Cleofe St., Baesa
Quezon City
Social Development Management
Institute (SDMI)
Philippine Business for Social
Progress (PBSP)
Cor. Real / Magallanes St.,
Intramuros, Manila
Tel. No. 498223/498217
Senior Training Offlcer
Training and Community
Organizing
Philippines
11-Mr. Noor Mohammad
Village Altit P.O. Kar
Hunza, Pakistan
Aga Khan Rural Support Programme
P.O. Box 506
Barbar Road
Gilgit, Pakistan
Senior Social Organizer
Field Work
Pakistan
12.Mr. Sanan Pengmuan
106 Moo 6 Thumbol
Phohuk, Bangphae
Ratchaburi, Thailand
Grassroot Integrated
Development Project (GRIO)
2 9 0 M O O 3 Thumbol Srakoo
Suwannaphum District
ROI-ET Prjovince, Thailand
Tel. No. 5134408
F1eld Coordinator
Community Development
Thailand
Anima Milan Kendra
Pradarsani Marg
Kathmandu, Népal
Tel. No. 23554
Branch Chairman
13
-Ms. Niru Pokharel
Népal Teentoliya
Biratnagar, Népal
Népal
3
Name/Home Address/Telephone
14. Mr. Kiran Pyakuryal
Tel. No. 253-9455
15. Mr. Muhammad Anisur Rahman
56 Grand Montfleury
1290 Versoix, Switzerland
Tel. No. 553601
16. Mr. Preecha Sungpet
113-117 SOI Poitangco
Surin, Thailand
J.
Mr. H. M. Taib
Jalan Merdeka 88
Watan Soppeng
South Sulawesi, Indonesia
8. Or. S. Tilakaratna
6-0 Pagoda Road
Nugegoda, Sri Lanka
Tel. No. 552972
Office Address/Telephone
Position
Expertise
Country
UN-ESCAP Rajdamnern Avenue
Bangkok 10200, Thailand
Tel. No. 282-9161 ext. 1390
Coordinator, IRD
Integrated Rural
Development
Bangkok
Rural Employment Policies Branch
Employment & Development Dept.
International Labour Office
CH-1222 Geneva 22, Switzerland
Tel. No. 996565
Coordinator, P0RP
Participatory Rural
Development
Switzerland
NET Foundation
113-117 SOI Poitangco
Thetsaban Road, Muang District
Surin Province, Thailand
Tel. No. 511-172
Traîner
Community Development
Thailand
Tellung Pocco'e-Yapit
Jalan Gunung, Latimojong
Lurong 94/2
Ujung-Pandang, South Sulawesi
Indonesia
Instructor
Education
Indonesia
PIDA
6-D Pagoda Road
Nugegoda, Sri Lanka
Tel. No. 553192
Facilitator
P a r t i c i p a t o r y Development
Sri Lanka
Coordinator
Community Development
Thailand
9. Mr. Knun Chutchawan Thnnqdee lert
Northern Development Workers
560/1 Moo 5
SOI Suntitum-Raummit
Tambon Chang Phuak
Amphur Muang, Chiangmao 50000
Thailand
Tel. No. 212-617
4
Name/Home Address/Telephone
Office Address/Telephone
20.
Mr. Ranjit Weerasinghe
No. 50 Mahamega Watte
Maharagama, Sri Lanka
Water & Sanitation Décade
Service
291/16 Edwards Avenue
Havelock Road, Colombo 6
Sri Lanka
Tel. No. 586540
21.
Mr. M. Zainnudin
Pemuda Selatan St.,
No. 125, Klaten,
Central Java, Indonesia
LP 3 ES Klaten
J l Rajawali 16
Klaten 57414
Central Java, Indonesia
T e l . No. (0272) - 22027
Position
Executive Secretary
Expertise
Régional Planning
Country
Sri Lanka
Indonesia
ESQUISSE D'UN PROGRAMME DE FORMATION
POUR LA PROMOTION DU DEVELOPPEMENT RURAL PARTICIPE
Préface
I.
Le besoin
II.
Les éléments d'un programme
._
Les animateurs externes
Les animateurs internes
Les formateurs
Les "facilitateurs" de la société civile
L'enchaînement du programme
III.
Préparation de matériels pédagogiques
Programme sur les organisations participatives
des ruraux pauvres (PORP)
Bureau International du Travail,
CH-1211 Genève 22
Suisse
Préface
Au
cours
organisations
collaborer
de
la
dernière
participatives
avec
divers
développement
rural
Tiers-Monde.
La
des
réseaux
participé
présente
décennie,
ruraux
de
base
(DRP)
esquisse
le
programme
pauvres
a
oeuvrant
pour
dans
d'un
eu
plusieurs
programme
le
sur
privilège
la
pays
de
PORP
promotion
et
régions
formation
pour
les
de
d'un
du
la
promotion du DRP est le fruit d'une réflexion menée au sein du programme PORP
entre ses collaborateurs sur les éléments d'un effort plus systématique en ce
sens.
La mise en oeuvre de ce programme de formation ne peut pas dépendre
uniquement du programme PORP.
Il intéresse toute agence qui souhaite initier
une telle activité ou y apporter son soutien directement ou par tout autre
moyen, séparément ou en collaboration avec d'autres agences.
Le programme
PORP sera éventuellement en mesure de mettre en oeuvre dans les années à venir
quelques
agences;
activités
celles-ci
de
cette
proposition
comprendraient
la
en
collaboration
préparation
de
avec
dossiers
de
d'autres
lecture
évoqués ci-après qui seraient également mis à la disposition d'autres agences
intéressées.
Compte tenu de son propre effort à cet égard, le programme PORP serait
heureux de recevoir
matériaux
de
chapitre III.
lecture
conseils et appuis pour identifier et recueillir des
appropriés
pour
les
différents
niveaux
évoqués
au
Un échange de notes et de rapports sur l'application des
activités décrites ci-dessous
serait utile pour
tous.
Le
programme PORP
serait heureux de recevoir de telles informations à des fins de synthèse et de
diffusion.
I.
1.
Le besoin
La dernière décennie a été marquée par un intérêt croissant pour un
développement rural participé (DRP).
Le DRP se définit comme un processus de
développement en milieu rural dans lequel l'initiative revient aux populations
rurales pauvres qui se regroupent pour mener enquêtes et actions collectives
afin
d'améliorer
leur
sort.
De
telles
spontanément par les ruraux pauvres;
appuyées
par
plusieurs
d'autres.
pays
en
Ces
sont
parfois
prises
plus souvent elles sont stimulées et
dernières
développement
initiative
années
une
notamment
multiplication
on
des
observe
dans
interventions
extérieures pour promouvoir un DRP.
2.
La
qualité
de
ces
interventions
diffèrent
grandement.
Certaines
illustrent une très haute qualité de promotion d'un développement autonome des
populations.
L'intervention extérieure est alors, de nature "catalytique",
stimulant et soutenant avec précaution l'action collective, prenant soin de ne
pas
engendrer
une
dépendance
des
populations
sur
les
"animateurs-facilitateurs", développant
la conscience et les capacités des
populations, et
pour
se
retirant
à
terme
populaire autonome et allant de l'avant.
laisser
derrière
un mouvement
D'autres interventions mobilisent
les populations et les impliquent dans des actions de développement, mais les
idées, les initiatives et le contrôle des actions et du mouvement reviennent
davantage
aux
intervenants
extérieurs
dont
les
populations
dépendent
fortement.
Ce risque existe aussi pour des interventions qui en principe se
consacrent
à
n'apportent
que peu ou prou de ressources matérielles ou financières aux
la
promotion
de
l'autonomie
des
populations.
Certaines
populations, leur laissant le soin de progresser en mobilisant leurs propres
ressources, aussi faibles soient-elles, et de s'assurer de leur droit aux
ressources publics au moyen de leur force organisée ou encore de rechercher
d'autres
ressources
par elles-mêmes;
d'autres
adoptent
une
pratique
plus
"douce" de subventions et/ou de crédits pour les groupes cibles financés en
général par des donateurs étrangers, pratique qui en soi contient ses propres
limites.
activement
flll £_
A un autre niveau, certaines interventions cherchent à promouvoir
l'autonomie
intellectuelle
des
populations
en
stimulant, et
- 2 -
favorisant
"la
recherche
participative
ou
par
les
populations",
1'auto-évaluation par les populations de leur propres expériences, tandis que
d'autres montrent moins d'intérêt pour cette dimension de l'autonomie.
De
même, la nature de la "démocratie interne" des efforts collectifs des groupes
cibles varient grandement.
Le degré de soutien qu'un processus de DRP peut
mobiliser au sein de la société, qui se révèle souvent un facteur déterminant
pour son élargissement
et
son aboutissement
varie
également.
Enfin, des
pratiques de travail à la base témoignent de méthodes dignes d'une application
plus large, mais où les ressources humaines de la qualification requise font
défaut pour permettre une extension â d'autres régions.
3.
Il est certain que la qualité du travail à la base dans plusieurs cas
peut être améliorée, au sens d'une amélioration du contenu participatif du
travail et de l'autonomie des groupements de base, d'une application élargie
des méthodologies mises au point, du soutien de la société, etc.
Parmi les
moyens pour conduire de telles améliorations on peut citer l'introduction de
conceptions et normes plus avancées, des échanges avec d'autres expériences et
des réflexions communes pour clarifier et affiner les objectifs et méthodes du
travail à la base, de meilleures méthodes pour l'orientation des agents de
terrain dans les concepts et méthodes du travail à la base, et des programmes
de
"sensibilisation"
pour
ceux
qui
pourraient
potentiellement
appuyer
de
telles activités.
II.
4.
Les éléments d'un programme
L'ensemble de ces moyens peut constituer les éléments d'une "formation
pour la promotion du DRP".
Le terme de "formation" est utilisé ici dans un
sens très large de moyens pour apprendre, développer et clarifier son propre
entendement, acquérir et améliorer les
compétences
requises, augmenter
sa
propre sensibilité envers telles questions et circonstances critiques, etc.
Pour
la
promotion
connaissance,
la
d'un
développement
qualification,
la
rural
maitrise
participé,
et
la
notamment,
sensibilité
la
requises
s'acquièrent au travers de réflexions et d'actions menées collectivement avec
d'autres,
plutôt
qu'au
moyen
d'une
"formation"
traditionnel de la relation "formateur-formé".
l'évidence
un
exercice
d'horizons
différents.
à
On
"formation" est nécessaire:
plusieurs
distingue
niveaux
quatre
conduite
dans
le
cadre
Une telle formation est à
avec
des
niveaux
personnes
différents
venant
où
une
- 3 -
(i)
les "animateurs" externes;
(il)
les "animateurs" internes;
(iii) les formateurs;
(iv)
5.
les "facilitateurs" de la société civile.
Les besoins en formation et les méthodologies pour chacun de ces niveaux
différent sensiblement.
(i)
Les animateurs externes
L'"animation", une tâche essentielle pour la promotion du DRP,
cherche à étendre
parmi les
ruraux pauvres
la
conscience du
potentiel de leurs efforts collectifs, une motivation à l'action
de groupe, enfin la notion d'autonomie et de leur capacité à
réfléchir ensemble (autonomie intellectuelle).
De façon générale, les animateurs externes sont issus de couches
de la société bénéficiant d'une éducation avancée et exprimant
une
conscience
animateurs
sociale.
externes
sont
Tout
en pratiquant
également
l'animation, les
appelés a une fonction de
"facilitateurs" pour promouvoir une dynamique de groupe et des
actions collectives, faciliter l'accès aux savoirs nécessaires,
au savoir-faire technique et aux contacts, aider les populations
dans leurs relations avec les administrations publiques et dans
des situations difficiles, assurer une sorte de protection contre
les
forces
établies
peu disposées
envers
la naissance d'une
action collective.
Les animateurs externes ont besoin d'une "formation" pour les
initier aux objectifs du DRP et à la pratique des rapports avec
les
pauvres
l'autonomie
et
les
parmi
démunis
ces
afin
de
populations
stimuler
et
leurs
le
sens
de
initiatives
collectives et rendre le travail d'animation (et de facilitateur)
progressivement superflu.
est
un
processus
pédagogie de groupe
La formation des animateurs externes
participatif
d'auto-apprentissage
basé sur des
expériences
et des
et
de
actions
concrètes et de leur analyse avec l'appui d'un ou de plusieurs
"formateur(s)"
dont
la
tâche
consultant/coordinateur/facilitateur.
est
celle
d'un
- 4 -
La formation des animateurs externes porte essentiellement sur:
L'analyse sociale
-
analyse
du
milieu
social
local
placé
dans son contexte social plus large.
Techniques du
comportement
assurer un rapport de
"sujet à sujet"
avec
-
les
populations
une
relation
d'égalité.
Compétence de
1'animateur
stimuler
l'analyse
les
populations
sociale
développer
à
les
pratiquer
aidant
leurs
à
capacités
intellectuelles, développer
le sens de
l'autonomie des populations.
Formation des
animateurs internes
A mesure que la dynamique de groupe se
développe,
identification
et
formation
d'animateurs internes potentiels choisis
parmi la population.
Connaissance du travail
de facilitateur
Connaissance du milieu social global, en
particulier des structures et politiques
gouvernementales,
des
procédures
institutions et mécanismes sociaux ayant
trait
à
l'action
à
la
base,
savoir
rechercher des appuis dans ce milieu.
Le programme de formation des animateurs externes, une étape essentielle
pour l'intervention exogène, doit se poursuivre sur plusieurs mois sous
la coordination des "formateurs", au travers d'un cycle de réflexions de
groupe, animation â la base et réflexions de groupe.
Un ensemble de
documents de lecture soigneusement choisis rédigés en un langage simple
et adapté sera nécessaire pour cette formation.
- 5 -
(ii) Les animateurs internes
Les
animateurs
organisés
qui
potentielles
affichent
en
"formation".
internes
au
animation
Un
sont
des
travers
qui
personnes
d'actions
peuvent
développement
être
autonome
issues
de
groupe
consolidées
implique
de
groupements
des
au
capacités
moyen
nécessairement
d'une
que
les
animateurs internes prennent progressivement en charge le travail d'animation
des animateurs externes.
La formation des animateurs internes sera menée de préférence au niveau local
en
petits
groupes
et
orientée
de
manière
à
améliorer
leurs
techniques
d'animation et leur permettre de faire un rapport entre leur travail et la
société en général.
Cette formation portera sur:
-
une réflexion collective sur l'expérience des actions de groupe;
-
affiner
notamment
les
la
instruments
nature
et
d'analyse
les
causes
et
de
d'enquête
la
sociale,
pauvreté
et
sa
reproduction-perpétuation;
-
méthodes pour stimuler et faciliter l'action de groupe;
-
guider les activités des organisations
populaires de manière
démocratique et participative;
-
méthodes pour multiplier les processus participatifs;
-
comprendre les processus sociaux globaux.
A ce niveau, on pourra avoir recours comme matériels pédagogique à une
documentation audio-visuelle sur les mouvements
illustrés,
du
théâtre
populaire,
des
de base, à des "manuels"
marionnettes
et
autres
supports
populaires pour présenter idées et études de cas.
(iii)
Les formateurs
Les formateurs comprennent des personnels au niveau national
dont la tâche première est de "former" des animateurs externes.
Ils forment une catégorie fondamentale dans la mesure où leur
travail déclenche de multiples processus d'intervention pour la
promotion
ultérieure
du
DRP
en
divers
d'animateurs
facilitateurs.
Les
lieux,
internes
formateurs
et
y
la
doivent
expérience concrète qui seule permet
la
compris
la
formation
sensibilisation
se
des
prévaloir
d'une
compréhension
et la
- 6 -
sensibilité de la dynamique
sociale de
groupe;
ils doivent
également faire montre d'une bonne compréhension conceptuelle
des
tâches
certaine
nécessaires.
maturité
Ainsi
les
intellectuelle
formateurs
et
sont
possèdent
issus
des
une
rangs
supérieurs des cadres des organisations nationales oeuvrant pour
le DRP.
La "formation des formateurs" est fondamentalement un processus
d'auto-clarification au moyen de réflexions individuelles et de
groupe dans le cadre de "séminaires de formateurs".
Le groupe
en question est composé d'une équipe d'agents de terrain de rang
supérieur issus de quelques institutions nationales, certains
pouvant être directeur de la formation de leur organisation, et
d'autres choisis pour être formés à cette fin.
être
restreinte
afin
de
faciliter
des
L'équipe devrait
échanges
intensifs
à
l'intérieur du groupe. Un "séminaire de formateurs" comportera
de façon générale:
-
Une intense réflexion collective
sur le travail en cours de
chaque organisation prenant part au programme de formation, en
fonction du contexte national spécifique;
-
Un affinement des concepts et une discussion sur les instruments
de l'animation:
la recherche participative, la pédagogie pour
la promotion de la conscience de soi des populations et l'esprit
d'autonomie;
-
Le
travail
la promotion de l'auto-évaluation, etc.;
de
facilitateur:
faciliter
les
initiatives
collectives en vue de promouvoir l'autonomie des populations;
-
Evaluation
des
processus
participatifs
dans
des
contextes
nationaux précis, ainsi que leur extension et démultiplication;
-
La méthodologie de la formation des animateurs de base;
-
Le suivi participé du travail à la base.
Un tel séminaire peut avoir lieu au niveau régional, rassemblant des
formateurs (actuels ou potentiels) d'organisations de plusieurs pays qui ont
identifié des lacunes dans leurs activités de formation au
sein de leur
organisation ou qui souhaitent améliorer la formation des animateurs externes.
- 7 -
Les discussions du séminaire pourraient être facilitées/coordonnées par
des personnes avec une certaine expérience du DRP.
Il serait stimulant et
enrichissant d'inviter à un tel "séminaire de formateurs" au niveau régional
des défenseurs du DRP de premier ordre des autres régions qui prendront part
également à l'organisation de séminaires semblables dans leur propre région.
Ceci
permettrait
l'introduction
d'une
importante
dimension
d'échanges
inter-rêgionaux dans les programmes de formation.
Un
ensemble
de
documents
conceptuelles et méthodologiques
de
lecture,
comprenant
des
contributions
sur le DRP, ainsi que des études de cas
intéressantes, seraient utiles pour ce séminaire.
(iv)
Les "facilitateurs" de la société civile
Les "facilitateurs" de la société civile oeuvrant pour la
promotion
du
extérieures
DRP
comprennent
(fonctionnaires,
journalistes
et
moyennes)
qui
mesure
faciliter
les
en
activités
les
professionels,
avocats,
sont
toutes
autres
des
par
membres
enseignants,
des
différents
groupements
personnes
classes
moyens
organisés
de
en
procurant une protection ou une légitimité, en permettant de
surmonter
des
obstacles,
améliorant
ressources, donnant des conseils, etc.
l'accès
à
des
Ces personnes qui
peuvent potentiellement jouer un tel rôle doivent pouvoir
être identifiées par l'organisme de promotion du DRP et par
les animateurs au cours de leur travail dans un lieu donné.
Une
"formation"
pour
ces
personnes
consistent
essentiellement en un développement de leur conscience et
des exercices de "sensibilisation" sous la forme de:
(a) programmes d'"initiation" par le biais de visites de
terrain comprenant des échanges avec les groupements
organisés, et
- 8 -
(b) des
séminaires
de
discussion
pour
améliorer
leur
compréhension de la nature du DRP et de sa dynamique.
De tels exercices peuvent être menés au niveau national
ou local en fonction des caractéristiques du DRP dans
un lieu donné.
Un choix de lecture serait également utile à ce niveau études de cas, rapports et discussions sur le rôle positif
de la classe professionnelle en général dans la promotion du
DRP et rapports sur des programmes "d'initiation".
L'enchaînement du programme
6.
Dans chaque région, un programme de formation complet pour la promotion
du DRP devrait débuter par un "séminaire de
participants
organiseraient
animateurs externes.
formateurs".
Les organismes
ensuite des programmes de formation pour leurs
Un programme national pourrait également comprendre un
élément de coopération inter-pays si celle-ci était jugée utile, l'organisme
d'un pays tirant partie de l'expérience d'un autre pays.
La formation des
animateurs internes et la sensibilisation de facilitateurs s'en suivraient, le
moment étant déterminé par l'évolution des processus de DRP respectifs.
7.
Il serait utile pour les formateurs ayant prit part au "séminaire de
formateurs" de
se
réunir
à
nouveau
une
fois
le
déroulement
complet
du
programme achevé - par exemple, du séminaire de formateurs, â la formation des
animateurs externes par
chaque organisme
participant, à la
formation des
animateurs internes, et la sensibilisation des facilitateurs, y compris le
déroulement du processus de DRP afférent sur une période de deux à trois
années.
L'ensemble
de
l'expérience,
qui
devrait
être
étudiée
de
façon
systématique, pourrait alors être analysée afin d'améliorer le savoir-faire de
la formation et la connaissance de la promotion du DRP, sa méthodologie et sa
dynamique en différents contextes structurels.
- 9 -
III.
Préparation de matériels pédagogiques
Comme il est indiqué ci-dessus, des "matériels pédadogiques" spécifiques
à chaque niveau seraient utiles.
Un des aspects nécessaire au lancement d'un
programme de formation consiste en la préparation de "dossiers" pédagogiques
adaptés à chaque niveau.
Il existe de nombreux écrits de niveau avancé et des études de cas
deviennent disponibles, pouvant servir de matériaux pour les "séminaires de
formateurs" régionaux.
Il est nécessaire cependant d'opérer une sélection.
Outre un choix de quelques documents de base, il serait utile de rassembler
des
extraits
importants
de
documents
conceptuels,
d'études
de
cas,
et
réflexions par des penseurs engagés.
Le programme PORP se propose d'entreprendre cette tâche au cours des
prochains mois afin de préparer un premier dossier pour ce niveau.
Le matériaux destinés
externes paraissent rares.
identifier
parmi la
spécifiquement
à
la
formation des
animateurs
Quelques documents en langage simple peuvent être
littérature
disponible mais
cette
dernière
notamment
d'ordre conceptuel et méthodologique est plutôt dense et ne se prête pas
directement à la stimulation d'une réflexion de groupe pour des agents de
base.
Ce domaine n'a pas encore été sérieusement traité par les organismes
concernés.
Quelques documents très utiles ont été produits par le programme CCF/AD de
la FAO sur la base de séminaires et rencontres â la base parmi des agents
de terrain en Asie du Sud.
<m e.
- 10 -
Les personnes les mieux qualifiées pour préparer ces matériaux sont bien
sûr les animateurs externes eux-mêmes, et on peut utiliser deux méthodes pour
obtenir leur concours à cet égard:
(1) Des
séminaires
d'animateurs
au
niveau
d'un
organisme
national
responsable de la promotion du DRP dans lesquels un petit groupe
d'animateurs externes expérimentés réfléchiront ensemble sur leur
travail et leurs expériences, et prépareront des documents dans
leur propre style, présentant leurs tâches telles qu'ils/elles les
perçoivent, analysant
leurs
expériences
et les
leçons
qu'elles
suggèrent pour l'animation, etc.
(2) Des
séminaires
animateurs
semblables
de niveau
au
supérieur
niveau
régional,
d'organismes
rassemblant
issus
de
des
plusieurs
pays, pour préparer des documents portant sur des questions et des
méthodologies d'intérêt et d'application plus larges.
Les activités et la production de documents décrits ci-dessus semblent
recouvrir un certain caractère d'urgence, non seulement pour les programmes de
formation formels des animateurs externes, mais également afin de procurer à
ces
animateurs
des
"compagnons"
qu'ils
peuvent
garder
auprès
d'eux
en
référence et comme source d'inspiration et leur permettre de se sentir membre
d'un mouvement plus large dans lequel ils pourraient se reconnaître et ainsi
surmonter la solitude de leur travail souvent difficile et hasardeux.
En fonction de la disponibilité de ressources, le programme PORP se
propose d'amorcer une telle "coopération technique" avec les animateurs de
base dans les prochaines années.
Des matériaux, de
type
plutôt
audio-visuel, pour
la
formation des
animateurs internes, seraient davantage spécifique au contexte culturel local,
et des méthodes Imaginatives pour leur production doivent être conçues par les
agences nationales en consultation avec les groupements de base.
- 11 -
Enfin,
des
matériaux
pour
la
"sensibilisation"
de
facilitateurs
extérieurs de la société civile pourraient comprendre des documents choisis
parmi le dossier en préparation pour les
"séminaires de formateurs" plus
quelques analyses pertinentes sur le développement rural dans des contextes
nationaux
dialogue".
précis, et des
sur des
exercices
"d'initiation et de
Ce dossier, destiné à des personnes pour lesquelles l'appui au DRP
peut être une
réduit.
rapports
activité
uniquement
secondaire, pourrait
être
relativement