afrique centrale : une demarche originale de londres et paris au

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afrique centrale : une demarche originale de londres et paris au
Liberte Politique
AFRIQUE CENTRALE : UNE DEMARCHE ORIGINALE DE
LONDRES ET PARIS AU SERVICE DE LA PAIX
Article rédigé par Jean Flouriot, le 08 février 2002
PARIS,[DECRYPTAGE/analyse] — Les ministres des Affaires étrangères français et britannique se sont
rendus, du 21 au 23 janvier derniers, dans les capitales des principaux protagonistes de la guerre en
République démocratique du Congo (ex-Zaïre).
Ils ont rencontrés les chefs d'État à Kinshasa, Kigali, Bujumbura et Kampala mais aussi les représentants des
divers mouvements en rébellion.
Cette démarche conjointe est originale. On sait que les gouvernements britanniques et français n'ont pas la
même approche du conflit congolais. La diplomatie française apporte un soutien dynamique au jeune
président congolais Joseph Kabila, successeur de son père, assassiné il y a un an. Le représentant de la
France aux Nations unies, Jean-Bernard Levitte, a mené l'an dernier une mission de terrain après avoir
appuyé une enquête de l'ONU sur le pillage des ressources minières du Congo par les envahisseurs rwandais
et ougandais.
En août 2001, Hubert Védrine a déjà fait le tour des capitales de la région, renouant le dialogue avec le
Rwanda. La Grande Bretagne, ancienne puissance coloniale, entretient des relations suivies avec l'Ouganda
et se montre compréhensive sur les revendications sécuritaires du Rwanda qui invoque la présence au Congo
des forces rebelles hutues pour y maintenir une lourde occupation militaire.
Tous les protagonistes du conflit, amis ou ennemis de Kinshasa, ont été signataires d'un accord de paix à
Lusaka en 1999. Les affrontements armés se sont arrêtés, les forces "régulières" se retirant en arrière des
fronts. L'Ouganda, en application d'une résolution des Nations unies, a retiré une partie de ses troupes mais
le Rwanda n'en a rien fait. Des observateurs de l'ONU maintiennent tant bien que mal un cessez-le-feu
souvent troublé par les actions des mouvements rebelles soutenus par les divers protagonistes. La population
supporte de moins en moins cette situation et réclame le retour de la paix et de l'unité du Congo.
Lors de l'éruption du Nyaracongo, sur la frontière rwando-congolaise, on a pu observer la répugnance des
Congolais de Goma à se réfugier sur le territoire rwandais. La désorganisation du pays est dramatique et les
organisations caritatives estiment à plusieurs millions de personnes les victimes directes et indirectes du
conflit.
"Cette mission ne visait pas à obtenir un succès mais à faire un travail de fond. La suite du voyage est aussi
importante que le voyage lui-même" a déclaré Hubert Védrine au terme de ce voyage. Les deux ministres
vont "échanger leurs conclusions et revenir vers les dirigeants de la région pour chercher une voie
constructive" a annoncé M. Straw.
Au même moment, le Figaro consacre une page entière à l'évolution vers la paix de la Sierra-Leone et
montre comment, depuis deux ans, l'intervention d'un bataillon de fusiliers marins britannique a réduit la
rébellion. L'action du gouvernement britannique s'exerce aussi dans l'administration locale réorganisée et
financée par la coopération britannique. Les Sierra leonais se réjouissent du retour de la paix mais les
détracteurs de l'action britannique crient au retour du colonialisme.
Pendant ce temps, la France applique en Centrafrique, en Côte-d'Ivoire ou au Tchad, une doctrine de non
intervention qui laisse sombrer ces pays dans le chaos. Voilà deux modes d'interventions à l'opposé l'un de
l'autre. Est-il possible de concevoir une action conjointe efficace ?
Que se passera-t-il au Congo, pays essentiel pour l'avenir de l'Afrique centrale, aux richesses naturelles
étonnantes, potentiellement le plus grand pays francophone du monde ? L'action franco-britannique
obtiendra-t-elle le retrait des occupants étrangers ? De son côté, la Belgique, ancienne puissance coloniale,
fait pression sur les participants au dialogue inter-congolais pour qu'ils fassent passer le bien commun du
pays avant les querelles de personnes.
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Les Congolais aspirent à la paix et l'unité. D'où leur viendra le secours ?
Jean Flouriot est géographe, consultant.
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