L`A n da lo u sie g ita ne

Transcription

L`A n da lo u sie g ita ne
Du vendredi 22 au dimanche 24 février 2013
L’Andalousie gitane
Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert,
à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr
L’Andalousie gitane | Du vendredi 22 au dimanche 24 février 2013
Roch-Olivier Maistre,
Président du Conseil d’administration
Laurent Bayle,
Directeur général
Mémoires au présent : l’Andalousie gitane
À force d’âme, depuis des siècles, le flamenco est un corps vivant qui réinvente sans cesse son
identité reliée entre l’art et la technique, la tragédie et le lyrisme, l’académique et le spontané.
Il dessine sa propre cartographie géographique et humaine avec ses abysses et ses altitudes,
ses sols arides, la richesse de ses mines, le dédale de ses quartiers, la chaleur de ses forges.
Le flamenco a engendré ses propres valeurs et ses parts obscures. Il a la douceur de sa tendresse
et l’âpreté de son amertume, il a ses cris partagés, entre la rage de vivre et le désespoir. Il est fait
de géométries tracées au compás (mesure), avec ses jeux de bras, ses frappes entre la pointe des
pieds et le talon, ses facettes divergentes et multiformes, son célèbre triangle : Séville, Huelva,
Cadix, avec Jerez au centre.
Le flamenco est jalonné de lieux sacrés et profanes, de processions et de pèlerinages. Il a ses
temples autant que ses églises, ses cafés cantantes et ses tablaos (cabarets), ses peñas (cercles),
ses réunions intimes (juergas), ses fêtes familiales (baptêmes, mariages, funérailles), ses chants de
Noël (villancicos), ses académies et ses festivals. Autant de creusets pour autant de destins
singuliers, célèbres et anonymes qui nous invitent à comprendre comment le flamenco
a su imposer son style au reste du monde.
Comment l’Andalousie pourrait-elle être andalouse sans être gitane ? Question provocante
qui prête à débat lorsqu’il s’agit de revendiquer l’héritage, tant les filiations, les généalogies
s’entrecroisent. Le pur et l’impur se confrontent, les accidents de la grande histoire de l’Espagne
– arabo-andalouse, catholique, franquiste et républicaine, monarchiste, indépendantiste,
régionale – marquent les bornes de la mémoire flamenca. De son émergence aux XVIIIe et XIXe
siècles à la complexité des nombreux apports (grecs, ibères, byzantins, juifs, arabes, berbères…),
de nombreuses études ont mis en relief toute la difficulté de lui assigner une histoire. Federico
García Lorca et Manuel de Falla se sont penchés sur son esthétique avec ses codes musicaux
et ses ruptures. « Un pouvoir mystérieux que tout le monde ressent et qu’aucun philosophe
n’explique », nous dit Lorca.
Quoi qu’il en soit, le débat reste toujours vif et entier lorsqu’il s’agit de départager le flamenco
de ce qui ne l’est pas, la représentation mythique que l’on peut s’en faire, que l’on soit Gitan ou
pas. Avec son folklore qui inspire la méfiance, avec ses excès qui intriguent et fascinent, le
flamenco défend farouchement son originalité. Il se fonde sur des esprits rebelles dont l’art
résiste à la dispersion, à la dissolution et à la récupération.
Pour débattre de toutes ces questions, Jacques Maigne, présent lors du Forum du 23 février,
nous a confié son regard de journaliste qu’il exerce sur le flamenco depuis trente-cinq ans :
« Ce qui m’intéresse le plus dans le flamenco, ce sont des moments à vivre. C’est une culture espagnole
et andalouse totalement raffinée, un fil historique qui se renouvelle et qui s’égare parfois dans des
batailles de puristes qui, dès que l’on sort du dogme, poussent des hurlements. Par-delà les
transcendances, le flamenco continue de s’affirmer et de surprendre. En terre andalouse, il s’est forgé
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un style, une forme propre. Cela donne une immense variation de couleurs et de tonalités. C’est aussi
la structure clanique et familiale des Gitans qui a fait que le flamenco a évolué en adéquation avec leur
façon de vivre au sein des familles, des dynasties, des transmissions… »
Une approche qui donne quelques pistes pour voir et entendre l’inclassable Diego Carrasco.
Ce natif de Jerez a su mixer comme nul autre toutes les bulerías de sa ville avec la précision d’un
compás aussi net que libre. Ses connaissances à la guitare, son accompagnement des plus grands
cantaores (Terremoto, Camarón) ou danseurs (Gades, Vega) ont certainement métamorphosé ses
toques en cordes vocales, quittant aussi l’habit de la souffrance pour habiller le flamenco de joie.
Chanteur et chantre du flamenco libre, Diego Carrasco aime brouiller les cartes avec du rock,
s’afficher avec fougue dans un programme de corrida flamenca dans les arènes des SaintesMaries-de-la-Mer et aussi se produire tout seul.
En ce qui concerne la danse, Jacques Maigne poursuit : « Lorsque l’Espagne s’est réveillée au
tourisme, début des années soixante, elle a “vendu” ses attraits : les taureaux et le flamenco. Se sont
créés de toutes pièces les fameux tablaos (cabarets). Les familles sont alors passées du flamenco
familial et spontané à un stade professionnel. C’est à ce moment que s’est créé un archétype du
flamenco. Jusqu’à cette époque, la danse était assez limitée alors qu’aujourd’hui, tout le monde en
veut. Ce n’est pas un hasard si les premières stars internationales ne furent ni des chanteurs, ni des
guitaristes – exception faite de Sabicas. Ce sont des danseurs, Farruco, Vicente Escudero, Carmen
Amaya…, qui ont été les premiers à faire des tournées mondiales. »
La danseuse Concha Vargas a connu ces fameux tablaos, ceux de Madrid du début des années
soixante-dix et son célèbre Café de Chinitas. Elle a aussi participé à de nombreuses tournées
à l’étranger pour des spectacles, Les Dialogues avec Dieu avec Curro Ferrnández ou encore
Persécution avec cet autre natif de sa ville, El Lebrijano. En 1989, elle se rapproche du fameux clan
des Pinini dirigé par Pedro Bacán et propose loin de toutes recherches esthétisantes une
connaissance et une longue expérience par l’intime de la danse, ancrée dans la terre et qu’elle
perpétue toujours aujourd’hui.
Caroline Bourgine
SOMMAiRe
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VeNDReDi 22 FÉVRieR – 20H
Suspiro flamenco
p. 4
SAMeDi 23 FÉVRieR – 15H
Forum : Gitans et flamenco
p. 6
SAMeDi 23 FÉVRieR – 20H
Fiesta de la Bulería
p. 8
DiMANCHe 24 FÉVRieR – 16H30
La Susi / El Agujetas
p. 10
VeNDReDi 22 FÉVRieR – 20H
Salle des concerts
Suspiro flamenco
Tangos
Tientos
Soleá por bulerías
Martinete
Fandangos de Huelva
Alegrías
Bulerías
Soleá
Compañia Manuela Carrasco
Manuela Carrasco, danse, chorégraphie
Joaquín Amador, guitare, direction musicale
Rafael de Carmen, danse
Oscar de Los Reyes, danse
Enrique El Extremeño, chant
Emilio Molina, chant
El Tañé, chant
Paco Iglesias, guitare
José Carrasco, percussions
Avec le soutien de l’Institut Andalou de Flamenco, Département de la Culture et du Sport, Junta de Andalucía.
Fin du concert (sans entracte) vers 21h30.
Suspiro flamenco
L’ondulation imperceptible de la robe se mue bientôt en un puissant élan. Le corps de Manuela
s’élève vers le ciel. Ses yeux brillants épousent les étoiles. Sa cambrure idéale paraît une ode
à la souplesse. Sa lenteur est profonde. La vive allure de ses enchaînements dessine la fulgurante
harmonie de figures inédites. Et lorsque ses talons commencent à s’épancher en roulements
d’abord discrets, puis prenant à mesure possession de toute la musique, alors qui saura peindre
la divine beauté de ses jambes découvertes ? Tonnerre battant, elles dévoilent l’évidence de la
passion, en communion avec la terre, d’où l’on croit voir jaillir les éclats merveilleux d’un galop
d’étalon. C’est la fascination des pieds de Manuela qui déclencha la vocation d’Eva la
Yerbabuena !…
On a dit de Manuela Carrasco qu’elle est une déesse. Et elle l’aurait probablement été dans ces
mythologies anciennes du bassin oriental de la Méditerranée, où ses lointains ancêtres parvinrent
à l’issue d’une longue migration nomade depuis le nord de l’Inde. Enfant de Triana, Manuela de
Séville irradie par sa danse la quintessence de la beauté gitane. Initiée par son père, le danseur
José Carrasco « El Sordo », elle est toujours en quête des formes les plus pures du « baile
flamenco ». Dès l’âge de dix ans, elle s’y consacre en professionnelle au Tablao El Jaleo de
Torremolinos. Après une première tournée européenne à dix-sept ans dans la troupe de Curro
Vélez, elle est engagée au fameux Tablao Los Gallos de Séville. Sa formation autodidacte se
poursuit à Utrera, puis à Madrid, où elle accède en tête d’affiche au Tablao Los Canasteros de
Manolo Caracol. À vingt ans, deux récompenses couronnent son entrée dans une carrière adulte :
Premier Prix de Bulería au Concours national d’Art Flamenco de Cordoue et Premier Prix national
de Danse décerné par la Chaire de Flamencologie de Jerez. Deux ans plus tard, alors qu’elle vient
d’obtenir le Premier Prix international de Danse à San Remo (Italie), elle éblouit les spectateurs du
Théâtre Monumental de Madrid dans le spectacle Gitano. Aux côtés de Camarón et d’El Lebrijano,
Manuela Carrasco est adoubée dans l’univers des grands du flamenco. Elle ne le quittera plus,
parcourant les scènes du monde, de Rome à New York en passant par Paris, où elle est remarquée
dès 1981. Le Prix national de la Danse, attribué en 2007 par le ministère espagnol de la Culture, est
le plus grand hommage qui ait été rendu à l’art accompli de cette adepte de la pureté dans la
danse flamenca.
Paris accueille à nouveau Manuela Carrasco. Aux spectateurs de la Cité de la musique, elle
présente son plus récent spectacle, Suspiro flamenco. Le guitariste Joaquín Amador, son
compagnon et partenaire musical depuis plus de trente ans, en assure la direction artistique.
Interprétant la soleá, la bulería et les tientos dans le respect de la tradition, l’artiste introduit pour
la première fois au répertoire habituel de la danseuse les fandangos de Huelva. La troupe nous
régale également de tangos, cante por martinetes et alegrías, afin de nous faire vivre toutes les
émotions d’un excellent spectacle de flamenco puro.
François Bensignor
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SAMeDi 23 FÉVRieR – 15H
Amphithéâtre
Forum Gitans et flamenco
15h Conférence
Flamencos, les rythmes de l’héritage
Corinne Frayssinet-Savy, ethnomusicologue
16h Table ronde
Animée par Caroline Bourgine, journaliste
Avec la participation de Daniela Lazary, productrice, Jacques Maigne, journaliste, Corinne
Frayssinet-Savy, ethnomusicologue, Frédéric Deval, directeur de programme
17h30 Concert
José Valencia, chant
Juan Requena, guitare
Avec le soutien de l’Institut Andalou de Flamenco, Département de la Culture et du Sport, Junta de Andalucía.
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José Valencia
Son chant frappe d’emblée par sa puissance et par sa profondeur. Il possède ce pouvoir
d’évocation capable de faire surgir les ombres colorées des mythes s’emparant de nos imaginaires.
C’est comme si sa voix mettait à nu la fantasmagorie du récit flamenco. Il est de ces « cantaores »
que Federico García Lorca décrit « étranges et simples », mais aussi « hallucinés par un point brillant
qui tremble à l’horizon ».
José Valencia vit pour et par le flamenco. Il a toujours considéré le « cante », que sa famille pratique
dans toutes les occasions, comme l’un des éléments vitaux indispensable à sa propre existence.
Né en 1975, il passe ses huit premières années dans la communauté andalouse de Barcelone,
avant que sa famille ne s’en retourne à Lebrija. Joselito s’y imprègne de l’art particulier qui est
celui de son lignage : le chant de Jerez, magistralement incarné par Tío Gregorio « El Borrico »
(1910-1983), et celui de Lebrija servi avec brio par Miguel Funi, dont il est un parent. Dans les rues
du village, auquel il est profondément attaché, il peut croiser El Lebrijano ou Dorantes, voisins
aimables avec lesquels, plus tard, il partagera la scène.
Dès l’âge de onze ans, José commence par hanter les scènes des festivals andalous, fort du
Premier Prix que lui a décerné la Fédération des Clubs de Flamenco de Séville. En 1990, il trouve sa
véritable « université flamenca » au sein du clan gitan des Pinini. Pedro Bacán, guitariste à la
délicatesse inventive bouleversante, a décidé d’y mettre en valeur le style dépouillé, rural et
transcendant de Lebrija, alors cantonné aux fêtes familiales. Contribuant à toutes ses créations
(Nuestra Historia Al Sur, Al Son de Tres por Quatro, Marisma, etc.), jusqu’à la mort accidentelle de
Bacán en 1997, Joselito de Lebrija se forge un nom sur les scènes internationales. Certains de ses
duos avec Inés, la sœur de Pedro, marquent durablement les mémoires. Serait-ce parce qu’il a fêté
ses dix-sept ans sur la scène de l’Opéra Garnier à Paris ? Toujours est-il que le chanteur est devenu
francophile et francophone.
Après les belles années de compagnonnage créatif au sein de cette magnifique école de Lebrija,
la carrière de Joselito s’oriente vers les compagnies de danse. Farruquito, Manuela Carrasco,
Antonio Canales, Joaquín Grilo, Eva La Yerbabuena et bien d’autres auront recours à sa maîtrise du
« compás » (rythme) et à sa connaissance des « palos » (types de chant). À partir de 2000, José
Valencia reprend son nom en tant qu’artiste. Une façon d’affirmer sa maturité, mais aussi d’établir
les bases d’une carrière de soliste. Solo Flamenco (Cambaya/Karonte), premier album enregistré
sous son seul nom, est paru en 2012.
Formé à l’école de l’oralité, José Valencia est de ces artistes qui laissent monter en eux les « letras »
(paroles) adéquates, selon les circonstances et l’environnement, avant de les livrer à leur public.
Chaque mot, chaque note, chaque modulation, pénétrés par l’inspiration de l’instant, sonnent dès
lors à leur plus juste place.
François Bensignor
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SAMeDi 23 FÉVRieR – 20H
Salle des concerts
Fiesta de la bulería
Artistes gitans de Jerez de la Frontera
Bulería de Jerez – Tous les artistes
Romance por bulería – Concha Vargas
Alfileres de colores – Diego Carrasco
Tientos, tangos y soleá – Tomasa « La Macanita »
Zambra y siguiriya – Jesús Méndez
Soleá y fandango – Tía Juana la del Pipa
Fin de fiesta por bulería – Tous les artistes
Diego Carrasco, chant, guitare
Tía Juana la del Pipa, chant
Tomasa « La Macanita », chant
Jesús Méndez, chant
Diego del Morao, guitare
Manuel Parrilla, guitare
Chicharro, palmas
Gregorio, palmas
Ane Carrasco, percussions
Concha Vargas, danse
José Valencia, chant
Carmen Vargas, chant
Curro Vargas, guitare
Avec le soutien de l’Institut Andalou de Flamenco, Département de la Culture et du Sport, Junta de Andalucía.
Fin du concert (sans entracte) vers 21h40.
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Fiesta de la bulería
« Le flamenco de Jerez possède une personnalité, une créativité très particulières. Il se distingue avant
tout par un rythme, un “swing” bien à lui. À Jerez, on a une conception très originale du “compás”,
notamment pour la bulería », expliquait Moraíto. Merveilleux guitariste, disparu dans la fleur de
l’âge, il affirmait aussi que Jerez était la source principale du flamenco. Ses anciens compagnons
de scène, réunis pour cette Fiesta de la bulería, en sont les meilleurs témoins.
Diego Carrasco guide la fiesta au gré de sa fantaisie. D’abord guitariste, il s’est forgé une
réputation sous le nom d’El Tate de Jerez près des grandes voix de Tía Anica « La Piriñaca »,
Tío Gregorio « El Borrico » et autres Terremoto. Lorsqu’il reprend son nom en 1984, sa créativité
l’entraîne à l’aventure. Chanteur, compositeur, producteur de spectacles et de disques, il s’ouvre à
toutes les expériences. Fusionnant l’avenir au passé dans un lyrisme débridé, Diego Carrasco
étanche sa soif d’absolu dans la joie de la fête.
La voix abrasive de Tomasa « La Macanita » rayonne depuis plus de trente ans. Enfant prodige,
sa vie professionnelle débute à quinze ans. « J’ai choisi les premières soleares que je voulais chanter,
avant d’étendre mon répertoire, dit-elle. C’est comme quand on achète des chaussures. Au début elles
font mal, et puis à force de les porter elles se font à vos pieds, jusqu’à ce qu’on se sente parfaitement
bien dedans. » La Macanita enregistre à vingt et un ans le premier de ses cinq albums parus
à ce jour. Inspiré par La Paquera de Jerez et La Perla de Cadiz, son chant profond et dépouillé
sait magnifier l’ardeur de la seguiriya comme porter l’allégresse de la bulería.
Juana la del Pipa perpétue l’art d’une prestigieuse lignée, l’une des traditions les plus authentiques
du flamenco. La Biennale de Séville comme le Festival Flamenco de Nîmes ont honoré son
interprétation des coplas désespérées qui jalonnent l’histoire tragique du peuple gitan. Elle nous
fait partager ses souffrances séculaires pour mieux les consumer dans le feu de la joie.
Jesús Méndez chante les bulerías de son illustre aïeule La Paquera de Jerez (1934-2004). Initié dès
son plus jeune âge, ce n’est qu’à dix-sept ans qu’il ose donner de la voix dans une fête. Sa carrière
décolle grâce au guitariste Gerardo Núñez, qui l’aide à affiner son art et lui ouvre les portes. Jesús
a parcouru le monde aux côtés de Javier Barón, Belén Maya, Andrés Marín, etc. Son premier
album, Jerez sin Frontera (2008) a été la Révélation du Prix National de la Critique en Espagne.
Concha Vargas, originaire de Lebrija, exprime la quintessence de l’art de deux grandes lignées
gitanes, les Pinini et les Peña. À onze ans, elle éblouit ses aînés, dont Fernanda de Utrera et
Antonio Mairena. À dix-huit ans, elle se produit au Tablao Zambra de Madrid. Comme partenaire
de Mario Maya et d’El Lebrijano ou comme figure maîtresse du clan des Pinini, elle marque les
esprits d’Europe, d’Amérique ou du Japon par sa danse habitée, à nulle autre pareille. Une danse
de la terre et de l’âme, sans apprêt, aussi vive et imprévisible qu’elle exprime les états de la vie
dans la sublimation de leur humanité.
François Bensignor
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DiMANCHe 24 FÉVRieR – 16H30
Salle des concerts
Première partie
La Susi, chant
Paco Iglesias, guitare
Mercedes Amador, chœur, palmas
Carmen Amador, chœur, palmas
Deuxième partie
Manuel de los Santos « El Agujetas », chant
Antonio Soto, guitare
Avec le soutien de l’Institut Andalou de Flamenco, Département de la Culture et du Sport, Junta de Andalucía.
Fin du concert (sans entracte) vers 17h50.
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Aussi éloignés dans leurs styles respectifs que leurs villes d’origine, La Susi et El Agujetas illustrent
la beauté du flamenco dans sa diversité. L’une, héritière de la lignée des Amador, a grandi dans la
ville d’Alicante, capitale touristique prospère, qui eut le courage de rester républicaine. L’autre fut
élevé parmi ces agriculteurs gitans qui forment un sixième de la population de Jerez de la
Frontera, ancien joyau d’Al Andalus.
La Susi
La Susi a cette qualité remarquable d’allier la maîtrise du chant profond à la grâce de sa danse.
Tangos et bulerías rendent son pas sublime. Entourée d’un grand-père danseur, d’un père
guitariste et de neuf frères s’illustrant dans l’une ou l’autre discipline de l’art du flamenco, sa jeune
passion de la musique et de la danse illumine ses treize ans. Son nom brille bientôt près de celui
de son frère, le guitariste Joaquín Amador, son principal accompagnateur. Elle participe aux
spectacles de Camarón dès l’âge de dix-sept ans et s’engouffre dans la brèche du « flamenco
fusion » ouverte par l’étoile filante du cante. À partir de 1977, dès lors que Paco de Lucía expose
son talent en produisant son premier disque, La Susi va concentrer son art sur sa voix, dont les
couleurs gitanes s’expriment dans le registre festif et enlevé avec la plus parfaite ardeur. Sa
maîtrise l’a conduite à chanter également la Misa Flamenca de Pedro Peña.
el Agujetas
« Une personne qui sait lire et écrire ne peut pas chanter le flamenco, parce qu’elle perd le “savoir
prononcer”. » Ces mots d’Agujetas résument son chant comme sa personne : un caractère entier,
indomptable et fantasque ; un chant sauvage, à l’état pur. Initié par son père à la forge et au chant,
il a ferré les chevaux des paysans et des seigneurs. Lui, le Gitan, les coplas lui montaient jusqu’aux
lèvres, laissant ses auditeurs bouche bée. Le génie du verbe, qu’il partageait avec feu son père, a
enrichi de vers fulgurants le répertoire populaire de Jerez, dans lequel puisent encore les
cantaores. Avant d’en faire métier vers la trentaine, Agujetas n’a jamais chanté que dans les fêtes
de familles. Après son premier disque en 1970, il tente l’aventure sur les scènes du monde. La
balafre qui creuse sa joue droite est un souvenir de rixe aux États-Unis, qu’il sillonne de 1974 à
1980. Adulé en France et au Japon, il apprécie de se produire hors d’Espagne : « Je chante mieux
quand je suis loin de chez moi, parce que je me souviens », explique-t-il. Le film que lui consacre
Dominique Abel en 1999 le présente chez lui, à Jerez. Et l’on peut affirmer que dans cette étrange
maison, bâtie de ses propres mains, le cantaor développe la force spontanée de son art avec la
même maestria qu’ailleurs. Plus que jamais digne du Prix Manuel-Torre que lui attribua la Chaire
de Flamencologie de Jerez, Agujetas consolide son mythe, interprétant les martinetes comme
personne et révélant les soleares et siguiriyas dans leur poésie la plus poignante et la plus crue.
François Bensignor
11
et aussi…
> CONCeRTS
> SALLe PLeYeL
> LA SÉLeCTiON De LA MÉDiATHèque
MARDi 18 JuiN, 20H
SAMeDi 22 JuiN, 20H
En écho à ce concert, nous vous proposons…
Play
Mory Djely Kouyaté et JeanPhilippe Rykiel
(France, Guinée)
> Sur le site internet
http://mediatheque.cite-musique.fr
Oumou Sangaré
(Mali)
… de regarder un extrait vidéo dans
les « Concerts » :
L’Andalousie, musiques traditionnelles,
musiques gitanes. Saetas, chants de la
Semaine Sainte, chant flamenco,
concert enregistré à la Cité de la
musique en 1996 • Flamenco à la cité,
Angelita Vargas et Juan Carmona,
Enrique Morente, Fosforito, Carmen
Linares, concerts enregistrés à la Cité
de la musique en 1995
SAMeDi 22 JuiN, 20H
Balkan Brass Battle
Fanfare Ciocárlia (Roumanie)
Mahala Rai Banda (Moldavie/
Roumanie)
> CONCeRTS ÉDuCATiFS
SAMeDi 6 AVRiL, 20H
DiMANCHe 7 AVRiL, 16H30
Stravinski en mode hip hop
(création)
igor Stravinski
Petrouchka
Scherzo fantastique
Le Sacre du printemps
Les Siècles
François-Xavier Roth, direction
Compagnie Melting Spot
Farid Berki, chorégraphe
Laurent Meunier, création vidéo
Adolescents des collèges et
associations d’Île-de-France
DiMANCHe 23 JuiN, 16H30
À partir de 8 ans.
Traditions populaires des
montagnes
SAMeDi 25 MAi, 11H30
Chants et flûtes des bergers (Albanie)
Les frères Dervishi, chant
Adnan Aliu, flûte kaval
Salah Shabani, flûte kaval
La Tradition de l’Épire (Grèce)
Time travelling - Voyage vocal dans
le temps
VOCES8
À partir de 6 ans.
… d’écouter un extrait audio dans les
« Concerts » :
Les Maîtres de musique : la guitare
flamenca, Juan Maya Marote, concert
enregistré à la Cité de la musique en
2000
(Les concerts sont accessibles dans
leur intégralité à la Médiathèque de la
Cité de la musique.)
> À LA MÉDiATHèque
… de regarder :
Agujetas cantaor de Dominique Abel .
Le flamenco au lever du jour de Angel
Ostos Calderon • Festival Sons d’hiver :
La Macanita, El Chocolate, par JeanMarc Birraux
… de lire :
Flamenco par Bernard Leblon •
Qu’est-ce que le flamenco par Fernando
Quinones • Le flamenco et ses valeurs
par Frédéric Deval
Manos Achalinotopoulos et son
ensemble
Manos Achalinotopoulos, clarinette
Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice : Gaëlle Plasseraud | Graphiste : Ariane Fermont | Stagiaires : Emma Granier, Colin Bevot.
Imprimeur France Repro | Licences no 757541-757542-757543
Compagnie Eastman
Sidi Larbi Cherkaoui, chorégraphie,
danse, chant
Shantala Shivalingappa,
chorégraphie, danse, chant
Arthur Nauzyciel, conseiller
artistique
Adam Carrée, lumières
Filip Peeters, concept visuel et
marionnettes
Paul Van Caudenberg, vidéo
Patrizia Bovi, chant, harpe
Gabriele Miracle, percussions,
dulcimer
Olga Wojciechowska, violon
Tsubasa Hori, percussions