L`A n da lo u sie g ita ne
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Du vendredi 22 au dimanche 24 février 2013 L’Andalousie gitane Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr L’Andalousie gitane | Du vendredi 22 au dimanche 24 février 2013 Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Mémoires au présent : l’Andalousie gitane À force d’âme, depuis des siècles, le flamenco est un corps vivant qui réinvente sans cesse son identité reliée entre l’art et la technique, la tragédie et le lyrisme, l’académique et le spontané. Il dessine sa propre cartographie géographique et humaine avec ses abysses et ses altitudes, ses sols arides, la richesse de ses mines, le dédale de ses quartiers, la chaleur de ses forges. Le flamenco a engendré ses propres valeurs et ses parts obscures. Il a la douceur de sa tendresse et l’âpreté de son amertume, il a ses cris partagés, entre la rage de vivre et le désespoir. Il est fait de géométries tracées au compás (mesure), avec ses jeux de bras, ses frappes entre la pointe des pieds et le talon, ses facettes divergentes et multiformes, son célèbre triangle : Séville, Huelva, Cadix, avec Jerez au centre. Le flamenco est jalonné de lieux sacrés et profanes, de processions et de pèlerinages. Il a ses temples autant que ses églises, ses cafés cantantes et ses tablaos (cabarets), ses peñas (cercles), ses réunions intimes (juergas), ses fêtes familiales (baptêmes, mariages, funérailles), ses chants de Noël (villancicos), ses académies et ses festivals. Autant de creusets pour autant de destins singuliers, célèbres et anonymes qui nous invitent à comprendre comment le flamenco a su imposer son style au reste du monde. Comment l’Andalousie pourrait-elle être andalouse sans être gitane ? Question provocante qui prête à débat lorsqu’il s’agit de revendiquer l’héritage, tant les filiations, les généalogies s’entrecroisent. Le pur et l’impur se confrontent, les accidents de la grande histoire de l’Espagne – arabo-andalouse, catholique, franquiste et républicaine, monarchiste, indépendantiste, régionale – marquent les bornes de la mémoire flamenca. De son émergence aux XVIIIe et XIXe siècles à la complexité des nombreux apports (grecs, ibères, byzantins, juifs, arabes, berbères…), de nombreuses études ont mis en relief toute la difficulté de lui assigner une histoire. Federico García Lorca et Manuel de Falla se sont penchés sur son esthétique avec ses codes musicaux et ses ruptures. « Un pouvoir mystérieux que tout le monde ressent et qu’aucun philosophe n’explique », nous dit Lorca. Quoi qu’il en soit, le débat reste toujours vif et entier lorsqu’il s’agit de départager le flamenco de ce qui ne l’est pas, la représentation mythique que l’on peut s’en faire, que l’on soit Gitan ou pas. Avec son folklore qui inspire la méfiance, avec ses excès qui intriguent et fascinent, le flamenco défend farouchement son originalité. Il se fonde sur des esprits rebelles dont l’art résiste à la dispersion, à la dissolution et à la récupération. Pour débattre de toutes ces questions, Jacques Maigne, présent lors du Forum du 23 février, nous a confié son regard de journaliste qu’il exerce sur le flamenco depuis trente-cinq ans : « Ce qui m’intéresse le plus dans le flamenco, ce sont des moments à vivre. C’est une culture espagnole et andalouse totalement raffinée, un fil historique qui se renouvelle et qui s’égare parfois dans des batailles de puristes qui, dès que l’on sort du dogme, poussent des hurlements. Par-delà les transcendances, le flamenco continue de s’affirmer et de surprendre. En terre andalouse, il s’est forgé 2 un style, une forme propre. Cela donne une immense variation de couleurs et de tonalités. C’est aussi la structure clanique et familiale des Gitans qui a fait que le flamenco a évolué en adéquation avec leur façon de vivre au sein des familles, des dynasties, des transmissions… » Une approche qui donne quelques pistes pour voir et entendre l’inclassable Diego Carrasco. Ce natif de Jerez a su mixer comme nul autre toutes les bulerías de sa ville avec la précision d’un compás aussi net que libre. Ses connaissances à la guitare, son accompagnement des plus grands cantaores (Terremoto, Camarón) ou danseurs (Gades, Vega) ont certainement métamorphosé ses toques en cordes vocales, quittant aussi l’habit de la souffrance pour habiller le flamenco de joie. Chanteur et chantre du flamenco libre, Diego Carrasco aime brouiller les cartes avec du rock, s’afficher avec fougue dans un programme de corrida flamenca dans les arènes des SaintesMaries-de-la-Mer et aussi se produire tout seul. En ce qui concerne la danse, Jacques Maigne poursuit : « Lorsque l’Espagne s’est réveillée au tourisme, début des années soixante, elle a “vendu” ses attraits : les taureaux et le flamenco. Se sont créés de toutes pièces les fameux tablaos (cabarets). Les familles sont alors passées du flamenco familial et spontané à un stade professionnel. C’est à ce moment que s’est créé un archétype du flamenco. Jusqu’à cette époque, la danse était assez limitée alors qu’aujourd’hui, tout le monde en veut. Ce n’est pas un hasard si les premières stars internationales ne furent ni des chanteurs, ni des guitaristes – exception faite de Sabicas. Ce sont des danseurs, Farruco, Vicente Escudero, Carmen Amaya…, qui ont été les premiers à faire des tournées mondiales. » La danseuse Concha Vargas a connu ces fameux tablaos, ceux de Madrid du début des années soixante-dix et son célèbre Café de Chinitas. Elle a aussi participé à de nombreuses tournées à l’étranger pour des spectacles, Les Dialogues avec Dieu avec Curro Ferrnández ou encore Persécution avec cet autre natif de sa ville, El Lebrijano. En 1989, elle se rapproche du fameux clan des Pinini dirigé par Pedro Bacán et propose loin de toutes recherches esthétisantes une connaissance et une longue expérience par l’intime de la danse, ancrée dans la terre et qu’elle perpétue toujours aujourd’hui. Caroline Bourgine SOMMAiRe 3 VeNDReDi 22 FÉVRieR – 20H Suspiro flamenco p. 4 SAMeDi 23 FÉVRieR – 15H Forum : Gitans et flamenco p. 6 SAMeDi 23 FÉVRieR – 20H Fiesta de la Bulería p. 8 DiMANCHe 24 FÉVRieR – 16H30 La Susi / El Agujetas p. 10 VeNDReDi 22 FÉVRieR – 20H Salle des concerts Suspiro flamenco Tangos Tientos Soleá por bulerías Martinete Fandangos de Huelva Alegrías Bulerías Soleá Compañia Manuela Carrasco Manuela Carrasco, danse, chorégraphie Joaquín Amador, guitare, direction musicale Rafael de Carmen, danse Oscar de Los Reyes, danse Enrique El Extremeño, chant Emilio Molina, chant El Tañé, chant Paco Iglesias, guitare José Carrasco, percussions Avec le soutien de l’Institut Andalou de Flamenco, Département de la Culture et du Sport, Junta de Andalucía. Fin du concert (sans entracte) vers 21h30. Suspiro flamenco L’ondulation imperceptible de la robe se mue bientôt en un puissant élan. Le corps de Manuela s’élève vers le ciel. Ses yeux brillants épousent les étoiles. Sa cambrure idéale paraît une ode à la souplesse. Sa lenteur est profonde. La vive allure de ses enchaînements dessine la fulgurante harmonie de figures inédites. Et lorsque ses talons commencent à s’épancher en roulements d’abord discrets, puis prenant à mesure possession de toute la musique, alors qui saura peindre la divine beauté de ses jambes découvertes ? Tonnerre battant, elles dévoilent l’évidence de la passion, en communion avec la terre, d’où l’on croit voir jaillir les éclats merveilleux d’un galop d’étalon. C’est la fascination des pieds de Manuela qui déclencha la vocation d’Eva la Yerbabuena !… On a dit de Manuela Carrasco qu’elle est une déesse. Et elle l’aurait probablement été dans ces mythologies anciennes du bassin oriental de la Méditerranée, où ses lointains ancêtres parvinrent à l’issue d’une longue migration nomade depuis le nord de l’Inde. Enfant de Triana, Manuela de Séville irradie par sa danse la quintessence de la beauté gitane. Initiée par son père, le danseur José Carrasco « El Sordo », elle est toujours en quête des formes les plus pures du « baile flamenco ». Dès l’âge de dix ans, elle s’y consacre en professionnelle au Tablao El Jaleo de Torremolinos. Après une première tournée européenne à dix-sept ans dans la troupe de Curro Vélez, elle est engagée au fameux Tablao Los Gallos de Séville. Sa formation autodidacte se poursuit à Utrera, puis à Madrid, où elle accède en tête d’affiche au Tablao Los Canasteros de Manolo Caracol. À vingt ans, deux récompenses couronnent son entrée dans une carrière adulte : Premier Prix de Bulería au Concours national d’Art Flamenco de Cordoue et Premier Prix national de Danse décerné par la Chaire de Flamencologie de Jerez. Deux ans plus tard, alors qu’elle vient d’obtenir le Premier Prix international de Danse à San Remo (Italie), elle éblouit les spectateurs du Théâtre Monumental de Madrid dans le spectacle Gitano. Aux côtés de Camarón et d’El Lebrijano, Manuela Carrasco est adoubée dans l’univers des grands du flamenco. Elle ne le quittera plus, parcourant les scènes du monde, de Rome à New York en passant par Paris, où elle est remarquée dès 1981. Le Prix national de la Danse, attribué en 2007 par le ministère espagnol de la Culture, est le plus grand hommage qui ait été rendu à l’art accompli de cette adepte de la pureté dans la danse flamenca. Paris accueille à nouveau Manuela Carrasco. Aux spectateurs de la Cité de la musique, elle présente son plus récent spectacle, Suspiro flamenco. Le guitariste Joaquín Amador, son compagnon et partenaire musical depuis plus de trente ans, en assure la direction artistique. Interprétant la soleá, la bulería et les tientos dans le respect de la tradition, l’artiste introduit pour la première fois au répertoire habituel de la danseuse les fandangos de Huelva. La troupe nous régale également de tangos, cante por martinetes et alegrías, afin de nous faire vivre toutes les émotions d’un excellent spectacle de flamenco puro. François Bensignor 5 SAMeDi 23 FÉVRieR – 15H Amphithéâtre Forum Gitans et flamenco 15h Conférence Flamencos, les rythmes de l’héritage Corinne Frayssinet-Savy, ethnomusicologue 16h Table ronde Animée par Caroline Bourgine, journaliste Avec la participation de Daniela Lazary, productrice, Jacques Maigne, journaliste, Corinne Frayssinet-Savy, ethnomusicologue, Frédéric Deval, directeur de programme 17h30 Concert José Valencia, chant Juan Requena, guitare Avec le soutien de l’Institut Andalou de Flamenco, Département de la Culture et du Sport, Junta de Andalucía. 6 José Valencia Son chant frappe d’emblée par sa puissance et par sa profondeur. Il possède ce pouvoir d’évocation capable de faire surgir les ombres colorées des mythes s’emparant de nos imaginaires. C’est comme si sa voix mettait à nu la fantasmagorie du récit flamenco. Il est de ces « cantaores » que Federico García Lorca décrit « étranges et simples », mais aussi « hallucinés par un point brillant qui tremble à l’horizon ». José Valencia vit pour et par le flamenco. Il a toujours considéré le « cante », que sa famille pratique dans toutes les occasions, comme l’un des éléments vitaux indispensable à sa propre existence. Né en 1975, il passe ses huit premières années dans la communauté andalouse de Barcelone, avant que sa famille ne s’en retourne à Lebrija. Joselito s’y imprègne de l’art particulier qui est celui de son lignage : le chant de Jerez, magistralement incarné par Tío Gregorio « El Borrico » (1910-1983), et celui de Lebrija servi avec brio par Miguel Funi, dont il est un parent. Dans les rues du village, auquel il est profondément attaché, il peut croiser El Lebrijano ou Dorantes, voisins aimables avec lesquels, plus tard, il partagera la scène. Dès l’âge de onze ans, José commence par hanter les scènes des festivals andalous, fort du Premier Prix que lui a décerné la Fédération des Clubs de Flamenco de Séville. En 1990, il trouve sa véritable « université flamenca » au sein du clan gitan des Pinini. Pedro Bacán, guitariste à la délicatesse inventive bouleversante, a décidé d’y mettre en valeur le style dépouillé, rural et transcendant de Lebrija, alors cantonné aux fêtes familiales. Contribuant à toutes ses créations (Nuestra Historia Al Sur, Al Son de Tres por Quatro, Marisma, etc.), jusqu’à la mort accidentelle de Bacán en 1997, Joselito de Lebrija se forge un nom sur les scènes internationales. Certains de ses duos avec Inés, la sœur de Pedro, marquent durablement les mémoires. Serait-ce parce qu’il a fêté ses dix-sept ans sur la scène de l’Opéra Garnier à Paris ? Toujours est-il que le chanteur est devenu francophile et francophone. Après les belles années de compagnonnage créatif au sein de cette magnifique école de Lebrija, la carrière de Joselito s’oriente vers les compagnies de danse. Farruquito, Manuela Carrasco, Antonio Canales, Joaquín Grilo, Eva La Yerbabuena et bien d’autres auront recours à sa maîtrise du « compás » (rythme) et à sa connaissance des « palos » (types de chant). À partir de 2000, José Valencia reprend son nom en tant qu’artiste. Une façon d’affirmer sa maturité, mais aussi d’établir les bases d’une carrière de soliste. Solo Flamenco (Cambaya/Karonte), premier album enregistré sous son seul nom, est paru en 2012. Formé à l’école de l’oralité, José Valencia est de ces artistes qui laissent monter en eux les « letras » (paroles) adéquates, selon les circonstances et l’environnement, avant de les livrer à leur public. Chaque mot, chaque note, chaque modulation, pénétrés par l’inspiration de l’instant, sonnent dès lors à leur plus juste place. François Bensignor 7 SAMeDi 23 FÉVRieR – 20H Salle des concerts Fiesta de la bulería Artistes gitans de Jerez de la Frontera Bulería de Jerez – Tous les artistes Romance por bulería – Concha Vargas Alfileres de colores – Diego Carrasco Tientos, tangos y soleá – Tomasa « La Macanita » Zambra y siguiriya – Jesús Méndez Soleá y fandango – Tía Juana la del Pipa Fin de fiesta por bulería – Tous les artistes Diego Carrasco, chant, guitare Tía Juana la del Pipa, chant Tomasa « La Macanita », chant Jesús Méndez, chant Diego del Morao, guitare Manuel Parrilla, guitare Chicharro, palmas Gregorio, palmas Ane Carrasco, percussions Concha Vargas, danse José Valencia, chant Carmen Vargas, chant Curro Vargas, guitare Avec le soutien de l’Institut Andalou de Flamenco, Département de la Culture et du Sport, Junta de Andalucía. Fin du concert (sans entracte) vers 21h40. 8 Fiesta de la bulería « Le flamenco de Jerez possède une personnalité, une créativité très particulières. Il se distingue avant tout par un rythme, un “swing” bien à lui. À Jerez, on a une conception très originale du “compás”, notamment pour la bulería », expliquait Moraíto. Merveilleux guitariste, disparu dans la fleur de l’âge, il affirmait aussi que Jerez était la source principale du flamenco. Ses anciens compagnons de scène, réunis pour cette Fiesta de la bulería, en sont les meilleurs témoins. Diego Carrasco guide la fiesta au gré de sa fantaisie. D’abord guitariste, il s’est forgé une réputation sous le nom d’El Tate de Jerez près des grandes voix de Tía Anica « La Piriñaca », Tío Gregorio « El Borrico » et autres Terremoto. Lorsqu’il reprend son nom en 1984, sa créativité l’entraîne à l’aventure. Chanteur, compositeur, producteur de spectacles et de disques, il s’ouvre à toutes les expériences. Fusionnant l’avenir au passé dans un lyrisme débridé, Diego Carrasco étanche sa soif d’absolu dans la joie de la fête. La voix abrasive de Tomasa « La Macanita » rayonne depuis plus de trente ans. Enfant prodige, sa vie professionnelle débute à quinze ans. « J’ai choisi les premières soleares que je voulais chanter, avant d’étendre mon répertoire, dit-elle. C’est comme quand on achète des chaussures. Au début elles font mal, et puis à force de les porter elles se font à vos pieds, jusqu’à ce qu’on se sente parfaitement bien dedans. » La Macanita enregistre à vingt et un ans le premier de ses cinq albums parus à ce jour. Inspiré par La Paquera de Jerez et La Perla de Cadiz, son chant profond et dépouillé sait magnifier l’ardeur de la seguiriya comme porter l’allégresse de la bulería. Juana la del Pipa perpétue l’art d’une prestigieuse lignée, l’une des traditions les plus authentiques du flamenco. La Biennale de Séville comme le Festival Flamenco de Nîmes ont honoré son interprétation des coplas désespérées qui jalonnent l’histoire tragique du peuple gitan. Elle nous fait partager ses souffrances séculaires pour mieux les consumer dans le feu de la joie. Jesús Méndez chante les bulerías de son illustre aïeule La Paquera de Jerez (1934-2004). Initié dès son plus jeune âge, ce n’est qu’à dix-sept ans qu’il ose donner de la voix dans une fête. Sa carrière décolle grâce au guitariste Gerardo Núñez, qui l’aide à affiner son art et lui ouvre les portes. Jesús a parcouru le monde aux côtés de Javier Barón, Belén Maya, Andrés Marín, etc. Son premier album, Jerez sin Frontera (2008) a été la Révélation du Prix National de la Critique en Espagne. Concha Vargas, originaire de Lebrija, exprime la quintessence de l’art de deux grandes lignées gitanes, les Pinini et les Peña. À onze ans, elle éblouit ses aînés, dont Fernanda de Utrera et Antonio Mairena. À dix-huit ans, elle se produit au Tablao Zambra de Madrid. Comme partenaire de Mario Maya et d’El Lebrijano ou comme figure maîtresse du clan des Pinini, elle marque les esprits d’Europe, d’Amérique ou du Japon par sa danse habitée, à nulle autre pareille. Une danse de la terre et de l’âme, sans apprêt, aussi vive et imprévisible qu’elle exprime les états de la vie dans la sublimation de leur humanité. François Bensignor 9 DiMANCHe 24 FÉVRieR – 16H30 Salle des concerts Première partie La Susi, chant Paco Iglesias, guitare Mercedes Amador, chœur, palmas Carmen Amador, chœur, palmas Deuxième partie Manuel de los Santos « El Agujetas », chant Antonio Soto, guitare Avec le soutien de l’Institut Andalou de Flamenco, Département de la Culture et du Sport, Junta de Andalucía. Fin du concert (sans entracte) vers 17h50. 10 Aussi éloignés dans leurs styles respectifs que leurs villes d’origine, La Susi et El Agujetas illustrent la beauté du flamenco dans sa diversité. L’une, héritière de la lignée des Amador, a grandi dans la ville d’Alicante, capitale touristique prospère, qui eut le courage de rester républicaine. L’autre fut élevé parmi ces agriculteurs gitans qui forment un sixième de la population de Jerez de la Frontera, ancien joyau d’Al Andalus. La Susi La Susi a cette qualité remarquable d’allier la maîtrise du chant profond à la grâce de sa danse. Tangos et bulerías rendent son pas sublime. Entourée d’un grand-père danseur, d’un père guitariste et de neuf frères s’illustrant dans l’une ou l’autre discipline de l’art du flamenco, sa jeune passion de la musique et de la danse illumine ses treize ans. Son nom brille bientôt près de celui de son frère, le guitariste Joaquín Amador, son principal accompagnateur. Elle participe aux spectacles de Camarón dès l’âge de dix-sept ans et s’engouffre dans la brèche du « flamenco fusion » ouverte par l’étoile filante du cante. À partir de 1977, dès lors que Paco de Lucía expose son talent en produisant son premier disque, La Susi va concentrer son art sur sa voix, dont les couleurs gitanes s’expriment dans le registre festif et enlevé avec la plus parfaite ardeur. Sa maîtrise l’a conduite à chanter également la Misa Flamenca de Pedro Peña. el Agujetas « Une personne qui sait lire et écrire ne peut pas chanter le flamenco, parce qu’elle perd le “savoir prononcer”. » Ces mots d’Agujetas résument son chant comme sa personne : un caractère entier, indomptable et fantasque ; un chant sauvage, à l’état pur. Initié par son père à la forge et au chant, il a ferré les chevaux des paysans et des seigneurs. Lui, le Gitan, les coplas lui montaient jusqu’aux lèvres, laissant ses auditeurs bouche bée. Le génie du verbe, qu’il partageait avec feu son père, a enrichi de vers fulgurants le répertoire populaire de Jerez, dans lequel puisent encore les cantaores. Avant d’en faire métier vers la trentaine, Agujetas n’a jamais chanté que dans les fêtes de familles. Après son premier disque en 1970, il tente l’aventure sur les scènes du monde. La balafre qui creuse sa joue droite est un souvenir de rixe aux États-Unis, qu’il sillonne de 1974 à 1980. Adulé en France et au Japon, il apprécie de se produire hors d’Espagne : « Je chante mieux quand je suis loin de chez moi, parce que je me souviens », explique-t-il. Le film que lui consacre Dominique Abel en 1999 le présente chez lui, à Jerez. Et l’on peut affirmer que dans cette étrange maison, bâtie de ses propres mains, le cantaor développe la force spontanée de son art avec la même maestria qu’ailleurs. Plus que jamais digne du Prix Manuel-Torre que lui attribua la Chaire de Flamencologie de Jerez, Agujetas consolide son mythe, interprétant les martinetes comme personne et révélant les soleares et siguiriyas dans leur poésie la plus poignante et la plus crue. François Bensignor 11 et aussi… > CONCeRTS > SALLe PLeYeL > LA SÉLeCTiON De LA MÉDiATHèque MARDi 18 JuiN, 20H SAMeDi 22 JuiN, 20H En écho à ce concert, nous vous proposons… Play Mory Djely Kouyaté et JeanPhilippe Rykiel (France, Guinée) > Sur le site internet http://mediatheque.cite-musique.fr Oumou Sangaré (Mali) … de regarder un extrait vidéo dans les « Concerts » : L’Andalousie, musiques traditionnelles, musiques gitanes. Saetas, chants de la Semaine Sainte, chant flamenco, concert enregistré à la Cité de la musique en 1996 • Flamenco à la cité, Angelita Vargas et Juan Carmona, Enrique Morente, Fosforito, Carmen Linares, concerts enregistrés à la Cité de la musique en 1995 SAMeDi 22 JuiN, 20H Balkan Brass Battle Fanfare Ciocárlia (Roumanie) Mahala Rai Banda (Moldavie/ Roumanie) > CONCeRTS ÉDuCATiFS SAMeDi 6 AVRiL, 20H DiMANCHe 7 AVRiL, 16H30 Stravinski en mode hip hop (création) igor Stravinski Petrouchka Scherzo fantastique Le Sacre du printemps Les Siècles François-Xavier Roth, direction Compagnie Melting Spot Farid Berki, chorégraphe Laurent Meunier, création vidéo Adolescents des collèges et associations d’Île-de-France DiMANCHe 23 JuiN, 16H30 À partir de 8 ans. Traditions populaires des montagnes SAMeDi 25 MAi, 11H30 Chants et flûtes des bergers (Albanie) Les frères Dervishi, chant Adnan Aliu, flûte kaval Salah Shabani, flûte kaval La Tradition de l’Épire (Grèce) Time travelling - Voyage vocal dans le temps VOCES8 À partir de 6 ans. … d’écouter un extrait audio dans les « Concerts » : Les Maîtres de musique : la guitare flamenca, Juan Maya Marote, concert enregistré à la Cité de la musique en 2000 (Les concerts sont accessibles dans leur intégralité à la Médiathèque de la Cité de la musique.) > À LA MÉDiATHèque … de regarder : Agujetas cantaor de Dominique Abel . Le flamenco au lever du jour de Angel Ostos Calderon • Festival Sons d’hiver : La Macanita, El Chocolate, par JeanMarc Birraux … de lire : Flamenco par Bernard Leblon • Qu’est-ce que le flamenco par Fernando Quinones • Le flamenco et ses valeurs par Frédéric Deval Manos Achalinotopoulos et son ensemble Manos Achalinotopoulos, clarinette Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice : Gaëlle Plasseraud | Graphiste : Ariane Fermont | Stagiaires : Emma Granier, Colin Bevot. Imprimeur France Repro | Licences no 757541-757542-757543 Compagnie Eastman Sidi Larbi Cherkaoui, chorégraphie, danse, chant Shantala Shivalingappa, chorégraphie, danse, chant Arthur Nauzyciel, conseiller artistique Adam Carrée, lumières Filip Peeters, concept visuel et marionnettes Paul Van Caudenberg, vidéo Patrizia Bovi, chant, harpe Gabriele Miracle, percussions, dulcimer Olga Wojciechowska, violon Tsubasa Hori, percussions