Guérillas, guerres secrètes et "covert operations" au Laos

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Guérillas, guerres secrètes et "covert operations" au Laos
GUERILLAS, GUERRES SECRETES ET
« COVERT OPERATIONS » AU LAOS
ESSAI HISTORIOGRAPHIQUE
Dr Ami-Jacques Rapin*
(CERIA)
No l0
série rouge, mars 1998
* Chercheur associé au CERIA.
© 1998 by CERIA
Case postale 2403 - 1002 Lausanne - Switzerland
RAPIN, Ami-Jacques, Guérillas, guerres secrètes et "covert operations" au Laos, Les Cahiers du CERIA, série
rouge, no 10, mars 1998.
RESUME
Ce bref essai présente les principales publications relatives aux opérations militaires
clandestines conduites au Laos dans le courant du XXe siècle. Les périodes historiques
suivantes sont traitées dans le texte : les révoltes anticoloniales du début du siècle, les
guérillas franco-laotiennes de 1945, la première guerre d’Indochine, les années 1954-1964,
la guerre du Vietnam et la phase contemporaine qui suit la prise du pouvoir par le Pathet
Lao en 1975. Initiation bibliographique à un sujet méconnu, ce texte ambitionne également
de proposer quelques pistes de réflexion historiographique.
Nous remercions l’Institut d’Etudes Politiques et Internationales de l’Université de Lausanne
(IEPI) pour le soutien apporté à cette publication.
Guérillas, guerres secrètes et "covert operations" au Laos
Essai historiographique
Au cours des deux conflits qui ensanglantent l'Indochine de 1946 à 1975, l'implication du Laos
dans les hostilités est marquée par le sceau du paradoxe. Théâtre marginal des opérations
militaires conventionnelles qui se concentrent au Vietnam, l'espace laotien est pourtant une
zone stratégique essentielle pour chacun des belligérants. La géographie politique de
l'Indochine explique en grande partie cette situation. Le Laos, enclavé et étiré du Nord au Sud
de la Péninsule, constitue un axe parallèle à l'Annam, territoire charnière entre le Tonkin et la
Cochinchine. Ces deux régions du Vietnam constituent l'enjeu réel du conflit, en raison de leur
poids démographique et économique, sans commune mesure avec celui du Laos. Le contrôle
de l’axe laotien est non seulement vital pour assurer la sécurité des arrières du pays tonkinois,
mais aussi pour maîtriser le contournement du goulet d'étranglement annamite. L'importance
de ce dernier facteur se vérifie dans le courant de la guerre du Vietnam, lorsque la piste Ho Chi
Minh assure la logistique des forces communistes dans leur mouvement nord-sud.
Les conséquences de cette position géostratégique originale sont différentes selon que l'on se
situe dans la première ou dans la seconde phase du conflit. En dehors de l'implantation
localisée de bases de guérilla laotienne et des offensives Viêt-minh de 1953-1954, le Laos est
relativement épargné par la première guerre d'Indochine. Zone d'opération secondaire dans la
dynamique globale du conflit, le territoire laotien s'inscrit cependant au coeur des
préoccupations des États-majors français et Viêt-minh. Comme on le sait, l'issue de la guerre
se joue en 1954 dans la cuvette de Dien Bien Phu où l'établissement d'une base aéroterrestre
française n’a d'autre but que de bloquer toutes offensives communistes au Laos. La guerre du
Vietnam a un impact infiniment plus dramatique sur le pays. Bien que formellement neutre, le
Laos subit une campagne de bombardements clandestins sans précédent. De mai 1964 à avril
1973, les États-Unis et leurs alliés locaux déversent 2’093’100 tonnes de bombes sur les zones
contrôlées par le Pathet Lao, soit un tonnage deux fois supérieur à celui largué sur le Nord-
1
Vietnam et à peine inférieur au tonnage total largué durant la seconde guerre mondiale en
Europe. Simultanément, les services secrets américains entreprennent sur le territoire laotien la
plus vaste opération secrète de leur histoire.
Cette évolution meurtrière s'explique par les modifications substantielles du rapport de force
entre les adversaires en présence. Les offensives Viêt-minh de 1953 et 1954 ont permis un
renforcement des positions communistes au Laos, alors même que le contrôle du pays gagnait
en importance stratégique avec la division du Vietnam en deux zones séparées par le 17e
parallèle. Si cette nouvelle configuration stratégique est à l'origine de l'intensification des
opérations militaires au Laos, leur caractère clandestin trouve son fondement dans le
changement de statut diplomatique du pays.
Lors de la première guerre d'Indochine, l'intervention directe de la France dans la défense du
Royaume est dictée par les liens politiques qui unissent les deux pays. Jusqu'en 1953, la
responsabilité de la sécurité du pays et de la lutte contre-insurrectionnelle est formellement
partagée par la France et les autorités autochtones. En octobre de cette année, le traité francolaotien signé à Paris opère le transfert d'une série de compétences que la Métropole s'était
jusque là réservées. Cette pleine indépendance signifie que désormais le gouvernement laotien
est en charge totale de sa sécurité. La convention militaire qui accompagne le traité stipule
toutefois que le Laos autorise le libre passage des troupes françaises en vue de garantir la
sécurité des frontières du pays en collaboration avec l'armée laotienne. Les Accords de Genève
de 1954 font sensiblement évoluer les données du problème laotien. La volonté des puissances
de neutraliser le Laos limite en effet les possibilités d'ingérences militaires ouvertes. Le fragile
équilibre politique laotien ne résiste pourtant pas longtemps aux intérêts stratégiques
immédiats de la République démocratique du Vietnam d'une part et des États-Unis de la
Thaïlande et de la République du Vietnam d'autre part. Le Laos est dès lors rapidement
entraîné dans le second conflit indochinois et la neutralité du pays réduite à une fiction
politique.
Cette double rupture, quantitative du point de vue de l'intensité de la confrontation armée et
qualitative du point de vue du statut diplomatique du pays, ne saurait toutefois estomper les
lignes de continuité qui unissent les deux phases du conflit indochinois dans ses
développements laotiens. Les données de cet enchaînement ne sont pas encore pleinement
éclaircies, en particulier dans le domaine de la politique contre-insurrectionnelle poursuivie par
la France et les États-Unis. La raison principale qui explique ce manque de clarté historique
2
tient dans le déséquilibre de nos connaissances sur chacune des étapes de cette politique. Alors
que la phase américaine a donné lieu à une production historiographique abondante qui
comprend plusieurs études d'un bon niveau scientifique, la phase française n'a pas suscité
d'effort analytique comparable. Ce hiatus exprime l'implication différente des deux pays dans le
conflit et les structures respectives de la recherche scientifique en France et aux États-Unis1. Il
n’en est pas moins préjudiciable à la bonne compréhension de l'histoire contemporaine du Laos
qui est globalement déterminée par le phénomène de polarisation politique consécutif à
l'intervention de puissances étrangères.
Le but de ce bref essai est de présenter les principales publications traitant des opérations
militaires clandestines conduites au Laos au cours du XXe siècle2. Guide de lecture destiné à
ceux qui désireraient approfondir leur connaissance d’un sujet souvent ignoré par les synthèses
historiques consacrées aux guerres d’Indochine, ce texte ambitionne également de dégager
quelques pistes de réflexion historiographique.
Prémices coloniales (1900-1945)
L'étude des révoltes anticoloniales qui ont agité le Laos au début du XXe siècle a donné lieu à
des interprétations divergentes selon qu'elles aient été effectuées par des historiens occidentaux
ou des chercheurs laotiens. L'historiographie officielle du Pathet Lao a perçu dans ces
mouvements une forme de proto-nationalisme à l'origine des luttes politique révolutionnaire de
la seconde moitié du XXe siècle (Christie 1979). Un point de vue qui n'est pas partagé par
l'ensemble des auteurs qui ont étudié ces événements. Pour la plupart d'entre eux, la notion de
nationalisme ne saurait s'appliquer à des mouvements de résistance fortement marqués par leur
caractère archaïque. Les dimensions messianique et millénariste des révoltes qui se succèdent
dès le début du siècle les inscrivent dans un espace de références symboliques pré-national.
Leur dynamique, essentiellement régionale, est dictée par un réflexe de résistance aux
bouleversements socio-économiques introduits par la domination coloniale. Réaction violente
face aux abus des pouvoirs locaux sur lesquels s’appuient l’administration coloniale, ces
1La
guerre d’Indochine n’a pas suscité en France de traumatisme comparable à celui causé par la guerre du
Vietnam dans l’opinion américaine. Élevé au rang de débat de société au États-Unis, la guerre du Vietnam ne
pouvait que mobiliser l’attention de chercheurs fortement sensibilisés à l’étude de l’histoire contemporaine de
l’Asie et disposant de ressources supérieures à leurs homologues français. En France, les études asiatiques sont
conduites par un petit nombre de spécialistes. De plus, l’histoire des conflits n’a jamais pu s’imposer dans le
champ historiographique français.
2Par opérations militaires clandestines, nous entendons aussi bien les combats de guérilla à visée
insurrectionnelle que l’ensemble des activités militaires secrètes destinée à lutter contre les menées
révolutionnaires.
3
révoltes trouvent leur origine dans l’altération des structures traditionnelles d’autorités, le
détournement des flux commerciaux pré-coloniaux et l’augmentation sensible des impôts et
des corvées. Il existe néanmoins des éléments de continuité qui permettent de rattacher ces
mouvements violents de contestation du pouvoir colonial aux développements ultérieurs de la
résistance armée au Laos. La révolte du plateau des Bolovens présente quelques éléments
d’une telle filiation3.
L’insurrection des Bolovens, également connue comme la “révolte du Saint homme” (Ong
Kaeo, Saint qui possède la pierre miraculeuse) a fait l’objet de plusieurs études approfondies
(Gay 1987; Gay 1989; Gunn 1985; Moppert 1978; Moppert 1981; Murdoch 1974). Son
caractère ethnique s’affirme d’emblée. Ce sont des membres des tribus Lao Thoeng, qui
peuplent la région, qui se soulèvent dans un premier. Ils sont bientôt suivis par un nombre
croissant de Lao Lum4. L’analyse des dimensions multiples de cette révolte, dont le point
culminant se situe en 1901 mais qui ne sera définitivement jugulée qu’en 1936, met en
évidence le progressif passage du stade de la jacquerie au stade d’une lutte prolongée de
guérilla. Celle-ci amène les partisans du plateau des Bolovens à la veille de la seconde guerre
mondiale et du développement de la lutte de libération nationale. Peut-on pour autant affirmer
que la révolte des Bolovens a créé les structure d’accueil pour les futurs révolutionnaires du
Pathet Lao (Moppert, 1981) ? Il est certain qu’une filiation directe est aisément démontrable,
puisque le dernier chef de la révolte, Ong Kommadam, est le père de Sithon Kommadam,
“héros de la révolution” laotienne et chef de guerre du plateau des Bolovens dans les années
1950-19705. La zone stratégique des Bolovens, difficile d’accès dans sa partie méridionale et
donc propice aux actions de guérilla, sera en effet un des deux enjeux essentiels - avec la plaine
des Jarres - des opérations militaires menées au Laos dans l’ombre de la guerre du Vietnam6.
3Le
plateau des Bolovens se situe à l'extrême sud du Laos dans les provinces de Saravan, Champassak, Xekong
et Attapu
4Lao Thoeng (Lao vivant sur le flanc des montagnes) est le terme générique qui désigne les populations
autrefois nommées Kha (esclave). Lao Lum (Lao du fond des vallées) est le terme générique utilisé pour
désigner les habitants majoritaires des plaines.
5Les fils de Oun Kommadan, Sithon et Khamphan, avaient été internés par les Français dans la province de
Pongsali, dans le nord du Laos. Évades - ou libères par les Japonais - en 1945, ils organisent des noyaux de
résistance dans les années qui suivent dans les provinces du Nord (Burchett, 1957). A partir de 1947, les
services de sécurité français signalent la présence de Sithon à la tête d'une bande de partisans dans la région du
plateau des Bolovens (Gunn, 1988). Il occupera dès lors des postes de responsabilité dans les "gouvernements
de résistance" des révolutionnaires laotiens avant de faire partie de l'équipe dirigeante de la République
démocratique du Laos.
6La plaine des Jarres se situent dans la province de Xiangkhoang.
4
Les mouvements insurrectionnels qui agitent le Nord du Laos durant la période coloniale
répondent globalement à des causes identiques à celles de la révolte des Bolovens. La révolte
des Leu de 1915, qui embrase plusieurs provinces du Nord (Phonhgsali, Huaphan, Luang
Prabang), est la conséquence directe des perturbations économiques que cause la création
d’une frontière artificielle avec la Chine (Gunn 1989). Les incidences de la politique
monopolistique de la Régie de l’Opium sur le commerce traditionnellement lucratif de ce
produit expliquent l’amorce d’un mouvement de révolte qui trouve toutefois un second élan
dans l’opposition aux taxes coloniales. Ce dernier facteur provoque le ralliement d’autres
minorités ethniques qui ne sont pas directement concernées le commerce de l’opium.
Pluri-ethnique, la révolte de 1915 ne touche pas les Hmong pourtant directement impliqués
dans la production de l’opium7. L’insurrection Hmong des années 1918-1921 résulte d’une
révolte de cette minorité en Chine. Faisant tâche d’huile, le mouvement se propage au Tonkin
et au Laos où il vise les potentats locaux chargés d’appliquer la politique du gouvernement
colonial (Gunn 1986). Sous la direction de Pachaï, la “révolte du Fou” - ainsi nommée pour
personnaliser le mouvement en stigmatisant le shaman qui se trouve à sa tête - touche les
provinces de Huaphan, Luang Prabang et Xiang Khuang (Alleton 1981). Ces provinces, en
particulier la dernière où se situe la plaine des Jarres, seront également des zones d’action du
Pathet Lao et de ses alliés vietnamiens au cours du conflit indochinois. La filiation entre les
deux mouvements insurrectionnels est toutefois nettement moins directe que dans le cas de la
révolte des Bolovens et il semble hasardeux d’affirmer que la “révolte du Fou” a pu fournir
une structure d’accueil au Pathet Lao. La moindre durée de la rébellion n’a pas facilité sa
continuité générationnelle. La polarisation de la communauté Hmong au cours du conflit
indochinois n’est cependant pas totalement étrangère aux événements du début du siècle. La
nécessité de rallier les chefs Hmong au cours de la révolte, celle d’éviter son renouvellement
dans les années qui suivent, suscite un jeu complexe dans la distribution du pouvoir par
l’autorité coloniale. La rivalité entre les clans Lo et Ly est ainsi arbitrée de telle manière que
l’un formera l’essentiel des armées secrètes levées par La France et les États-Unis au Laos,
alors que l’autre fournira ses combattants au mouvement de libération nationale, puis au Pathet
Lao (McCoy 1972).
Martin Stuart-Fox a très justement noté que les études consacrées aux mouvements de
rébellion de la première moitié du XXe siècle sont, proportionnellement à l’importance des
7Les
Hmong sont un peuple montagnards, venus de Chine au cours du XIXe siècle. Ils se sont établis à des
altitudes élevées dans les montagnes tonkinois, laotiennes et thaïlandaises.
5
faits envisagés, nettement plus nombreuses que celles dédiées à l’organisation coloniale du
Laos (Stuart-Fox 1997). L’insurrection des Bolovens a suscité deux thèses de doctorat (Gay
1987; Moppert 1978), et trois articles scientifiques (Gunn 1984; Moppert 1981; Murdoch
1974). La “révolte du Fou” a été présentée dans un ouvrage collectif (Alleton, 1981) et dans
un article de synthèse (Gunn, 1986), tout comme la révolte des Leu (Gunn, 1989). L’ouvrage
de référence qui traite de l’ensemble de la question parachève cet effort historiographique
(Gunn, 1990). L’asymétrie constatée par Stuart-Fox se vérifie également si l’on compare cette
production historiographique à celle suscitée par l’implication du Laos dans la première guerre
d’Indochine. Les chercheurs se sont globalement désintéressés de cette phase de l’histoire
laotienne, laissant ainsi le champ libre aux récits guerriers et à la mémoire des acteurs (infra).
Les années 1930 et la seconde guerre mondiale sont des périodes de maturation de
l’anticolonialisme au Laos qui se bâtit à la fois sur les bases d’un mouvement d’émancipation
nationale et sur celles du parti communiste indochinois en plein essor (Gunn, 1988). Au cours
de cette phase, la lutte armée n’est pas encore à l’ordre du jour et il faut attendre la fin du
second conflit mondial pour que la France soit à nouveau confrontée à une contestation
militaire de son hégémonie politique sur le pays.
Guérillas franco-laotiennes (1945-1946)
Au cours de la seconde guerre mondiale, la France de Vichy doit accepter la présence de
troupes japonaises en Indochine. En mars 1945, l’armée japonaise opère un coup de force
contre les troupes françaises stationnées dans la Péninsule. Au Laos, cette initiative nippone a
pour effet immédiat de susciter la création de “maquis” composés de commandos français
parachutés depuis peu dans le pays, de quelques militaires et administrateurs coloniaux
échappés du piège japonais et de combattants locaux, chasseurs laotiens et volontaires
autochtones8. Cette situation paradoxale, qui voit les forces militaires de la puissance coloniale
opérer des actions de partisans dans la jungle, anticipe de quelques années la formation de
“maquis” ethniques destinés à lutter contre le Viêt-minh et ses alliés laotiens. En 1945, les
groupements de guérilla franco-lao sont actifs dans les provinces de Louang Phrabang,
Xiangkhoang, Vientiane, Khammouan, Savannakhet et Saravan, soit sur la majeure partie du
territoire laotien. Par leurs opérations politico-militaires, ils maintiennent une présence
française dans un pays où s’affirment de manière pressante les revendications indépendantistes.
8Les
chasseurs laotiens constituent la première unité militaire spécifiquement laotienne levée par les autorités
coloniales en 1943 (Stuart-Fox, 1997).
6
Les acteurs français de ces événements ont publié de nombreux souvenirs (Allard and Deuve
1984; Aymard 1985; Ayrolles 1949; Boucher de Crévecoeur 1985; Boucher de Crèvecoeur
1984; Caply 1966; Charbonneau and Maigre 1980; Chezal 1947; Deuve 1997; Gentil 1950;
Gronier 1950; Jacquin 1979; Rochet 1946; Valery 1954). Dans cette liste, Jean Deuve a une
place à part. Chef du groupement de guérilla de Pakse en 1945, il occupe par la suite
d'importantes fonctions dans les services de sécurité du Laos avant de devenir conseiller du
premier ministre jusqu'en 1964. Il publie à partir de la seconde moitié des années 1960 de
nombreux travaux historiques sur le Laos. Son étude de 1997 sur les guérillas francolaotiennes est la réédition de l'ouvrage paru en 1966 sous le pseudonyme de Michel Caply.
Bien que mieux documenté que d'autres souvenirs d'acteur, il ne possède toutefois pas les
qualités historiques des recherches publiées ultérieurement par l'auteur.
L'importance du matériel publié sur le sujet offre d’intéressantes perspectives pour la recherche
historique. Ceci d'autant que l'acquisition du Fonds Jean Deuve par le Mémorial de Caen
(Rapin 1998) et l'ouverture des archives sur la guerre d'Indochine du Service Historique de
l'Armée de Terre à Vincennes (Bodinier 1987; Hesse d’Alzon 1988) permettent de compléter
l'examen de la mémoire de cette période chez ses acteurs français par un indispensable travail
d'archives. Deux directions semblent particulièrement prometteuses. Le rôle joué par les
services secrets britanniques et américains a déjà été abordé par plusieurs auteurs (Crickshank
1983; Dommen and Dalley 1991; Smith 1972). Il reste toutefois à établir précisément la
position française dans la période difficile et conflictuelle de reconquête du Laos; on sait que
l’action de l’État-major français des guérillas, basé à Calcutta, a été parfois remis en cause
(Bergot 1979). Il s'agirait également de mieux cerner l'influence des groupes de guérilla
opérant dans les zones peuplées par des minorités ethniques sur la mobilisation ultérieure de
ces dernières dans l’effort de guerre français, puis américain (Gunn 1988).
La présence de guérillas franco-laotiennes sur l’ensemble du territoire facilite à partir de la
seconde moitié de l’année 1945 la reprise en main du pays par la puissance coloniale. Cette
opération, qui s’appuie principalement sur des troupes régulières présentes au sud du pays,
s’effectue pourtant dans un contexte difficile marqué par l’entrée de troupes chinoises au nord
du 16e parallèle - conformément aux accord de Postdam - la formation d’un gouvernement
Lao Issara (Laos libre) à Vientiane et l’hostilité des communautés vietnamiennes installées au
Laos9. Le gouvernement Lao Issara ne résiste toutefois pas à la décision de retrait des troupes
9Les
Britanniques, chargés de désarmer les troupes japonaises au sud du 16e parallèles, offrent l'opportunité à
la France de se rétablir militairement dans le sud du pays.
7
chinoises de Vientiane. Il s’exile en Thaïlande, alors que, le 24 avril 1946, les troupes
françaises réoccupent Vientiane. La restauration de l’autorité française sur le Laos provoque
dès lors un retournement de situation et c’est au tour du Lao Issara de prendre le maquis.
Les actions de guérilla des nationalistes laotiens se développent dans les mois qui suivent à
partir de deux bases distinctes. La première, qui bénéficie de la tolérance du gouvernement de
Bangkok, se situe en Thaïlande et permet de mener des opérations au-delà du Mékong en
territoire laotien. La seconde, qui peut compter sur l’appui du Viêt-minh, dirige ses opérations
sur l’est du pays à partir du Vietnam. Cette phase de développement du nationalisme laotien a
été amplement étudiée (Adams 1970; Brown 1986; Deuve 1992; Dinh 1970; Gunn 1988;
Murdoch 1978)
Elle trouve son aboutissement dans la dissolution en 1949 du mouvement Lao Issara dont une
partie réintègre le jeu politique laotien, alors qu’une autre renforce son alliance avec le Viêtminh sous l'autorité du prince Souphanouvong, fondateur du Pathet Lao (État lao).
La première guerre d’Indochine (1946-1954)
Dans une première phase de la guerre d’Indochine, l’histoire des luttes de guérilla au Laos se
limite aux actions conduites par les plus radicaux des indépendantistes laotiens et leurs alliés
vietnamiens. Nous mentionnons ici les principales études consacrées à la politique
insurrectionnelle du Pathet Lao au cours de ses trente années de lutte armée, pour ne plus y
revenir par la suite (Adams 1970; Black 1964; Brown 1992; Brown and Zasloff 1986; Burchett
1959; Caply 1970; Caply 1971;Christie 1979; CIA 1964; Dommen 1975; Fall 1965; Fletcher
1981; Gunn 1987; Gunn 1988; Gunn 1991; Halpern and Turley 1990; Langer 1968; Langer
1972; Langer 1973; Langer and Zasloff 1969; Langer and Zasloff 1970; Lo 1970; Merinville
1967; Norindr 1980; Tong 1965; Zasloff 1973). L’implantation du Pathet Lao s’effectue dans
un premier temps grâce au soutien des minorités ethniques. Avant 1954, le mouvement
indépendantiste n’attire que peu de laotiens des plaines et ce sont les Lao Thoeng au sud et
une partie des Hmong au nord qui lui assure une base populaire (Gunn 1988). Les autorités
militaires françaises vont également jouer la carte ethnique pour tenter de s’opposer
principalement aux poussées Viêt-minh provenant du Tonkin et de l’Annam et dans une
moindre mesure aux guérillas actives sur le sol laotien. Cette mobilisation ethnique est
accomplie par une structure militaire rattachée aux services secrets français, connue dans un
premier temps comme le Groupement de commandos mixtes aéroportés (GCMA), puis dans
un deuxième temps comme le Groupement mixte d’intervention (GMI).
8
L’idée de créer des mouvements de contre-guérilla dans les zones d’action ennemie était
potentiellement présente dans l’univers mental des militaires du Corps expéditionnaire français
dès le début de la guerre d’Indochine. Certains d’entre eux avaient été formés à l’école de la
résistance et avait participé aux actions clandestines effectuées dans les territoires occupés par
les puissances fascistes. De ce point de vue, l’expérience des guérillas franco-laotiennes de
1945 créait un précédent qui avait fait ses preuves en Indochine. Il faut également noter que
l’encadrement des minorités ethniques par des officiers français était déjà pratiqué, en
particulier au Tonkin, avant 1951. L’expérience de GCMA ne tire en fait sa profonde
originalité que de la systématisation de cette pratique et surtout du rattachement de cette
structure aux services secrets français.
Depuis mai 1947, le Laos est une monarchie constitutionnelle intégrée à l’Union française. Ce
statut est successivement réaménagé en 1949 et en 1953, afin de transférer à l’État laotien les
compétences que s'étaient réservées la Métropole, en particulier en matière de politique de
sécurité. Doté d'une police à partir de 1947, puis d'une armée à partir de 1949 - toutes deux
encadrées par les Français - l’État laotien est en charge de sa sécurité intérieure. La défense du
pays est effectuée conjointement avec les troupes de l'Union française, en fait le Corps
expéditionnaire français d'extrême orient (CEFEO). C'est dans ce cadre que se constituent au
Laos et au Tonkin à partir de 1951 des groupements de guérilla, rattachés au SDECE (Section
de documentation et de contre-espionnage) sous l'autorité du général en chef du CEFEO.
L'armement et le contrôle des minorités ethniques qui vont constituer le GCMA échappent
donc au gouvernement laotien. Dix ans plus tard, la formation de “l’Armée secrète" de Vang
Pao renouvelle cette situation de dédoublement des forces armées luttant contre les
communistes laotiens et nord-viêtnamiens. Le général Vang Pao, leader des forces Hmong
combattant pour le compte de la CIA au Laos, a d’ailleurs fait ses premières armes dans le
cadre du GCMA où il se serait fait remarquer très tôt par les officiers français (Trinquer,
1976).
L'implantation des maquis du GCMA épouse étroitement la géographie stratégique du Laos.
La plaine des Jarres est la zone d'opération des forces de Touby Lifoung, le chef hmong qui
avait appuyé les Français en 1945. Au sud, le plateau des Bolovens est couvert par une
Centaine (nom donné aux unités de base du GCMA) basée à Attapu. Entre les deux opèrent le
long de la cordillère annamite les "maquis mobiles du Laos" (Trinquier, 1976). Enfin à Nord, le
GCMA forme également des Centaines destinées à mobiliser les populations vivant sur la
frontière du Tonkin (province de Houaphan et Pongsali). L'efficacité militaire du GCMA ne
9
semble pas avoir été perçue de manière identique par tous les cadres français combattant en
Indochine. Au scepticisme de nombreux officiers engagés dans des opérations plus classiques
répond l'enthousiasme des initiateurs des “maquis”. Les cadres français du GCMA
n'ambitionnent pas uniquement de confiner leurs troupes dans des missions de renseignement et
de soutien. Le projet à plus long terme est de soulever les minorités ethniques pour créer
l'insécurité sur les arrières Viêt-minh. Cette prétention structurera en bonne partie
l'historiographie du GCMA qui est traversée par les thèmes de l'occasion manquée et de la
trahison des populations indochinoises mobilisées par les Français.
En dehors de quelques exceptions (David 1988; David 1994; Howard 1976; Porch 1995)
l’histoire du GCMA/GMI est le lieu de la mémoire des acteurs et du récit guerrier. Dans la
première catégorie, l’on retrouve un article sur la constitution du groupement rédigé par
l’inventeur du sigle GCMA (De Puy-Monbrun 1972), ainsi qu’un ouvrage romancé publié
quelques années plus tard (De Puy-Monbrun 1977). Le commandant du GCMA/GMI de mai
1953 à octobre 1954 a pour sa part relaté l’histoire des maquis dans un livre et dans un article
qui constituent la principale source sur le sujet (Trinquier 1976; Trinquier 1979). La
perspective du haut commandement sur le rôle du GCMA est rapidement présentée dans les
mémoires de l’un des principaux chefs militaires français (Salan 1970-1974). La catégorie du
récit guerrier regroupe des ouvrages qui restent difficiles à utiliser dans le cadre d’une
démarche scientifique. Fréquemment basées sur une expérience directe de la guerre
d’Indochine et investies par la mémoire des membres du GCMA, ces publications recèlent une
quantité d’informations qu’il s’agit d’extirper d’une narration romancée (Bergot 1979; Bergot
1986; Huitric 1976; Muelle 1993). L’absence quasi totale de références est l’un des principaux
obstacles à leur utilisation académique. Là encore, l’exploitation des archives du Service
Historique de l’Armée de Terre à Vincennes devrait permettre d’établir une synthèse
analytique de l’histoire du GCMA. Une étude récente sur les services de renseignement
français a montré que les documents relatifs au GCMA existent dans les archives de Vincennes
(Porch 1995). Compte tenu du caractère clandestin des opérations menées par le GCMA, ils ne
sauraient toutefois suffire à la connaissance de l’histoire de ce groupement. Une sérieuse
enquête d’histoire orale auprès des acteurs - non seulement les cadres européens du GCMA,
mais également leurs subordonnés locaux - semble l’indispensable complément
historiographique d’une telle entreprise.
Les principales pistes de recherche qui demeurent à explorer pour cette période ne concernent
pas directement l'histoire militaire événementielle, déjà largement exposée dans les publications
10
existantes. Une étude analytique de la structure organisationnelle du GCMA serait par contre
indispensable à la pleine compréhension de l'impact de cette expérience sur les populations
laotiennes et sur l'avenir du pays. Il s'agirait tout d'abord de mieux saisir la nature des relations
entre les services secrets français et les autorités administratives et militaires laotiennes. La
mobilisation ultérieure des Hmong dans “l’Armée secrète" n'a en effet pu s’opérer que dans un
cadre socio-politique initialement instauré par les Français. Il s'agirait ensuite d'approfondir
notre connaissance de certains épisodes clés de l'histoire du GCMA au Laos. L'affaire de
"l'opium des méos" est de ce point de vue particulièrement intéressante, puisqu'elle concerne
un problème socio-économique permanent de l'histoire laotienne10. Comme nous l’avons vu
plus haut, la question de l’opium fut l’une des causes des révoltes du début du siècle; elle
continuera d’exercer son influence sur les phases ultérieures de l’histoire laotienne que ce soit
par la compromission des dirigeants politiques et militaires du pays dans le trafic de drogue ou
par l’implication des services secrets américains dans ce même trafic (infra).
De la guerre française à la guerre américaine (1954-1964)
Les dimensions politiques et diplomatiques de cette période transitoire ont été largement
étudiées (Ackland 1970; Alpern 1961; Césari 1996; Chae-Jin 1970; Deuve 1984; Dinh 1964;
Dommen 1971; Dommen 1996; Eddy 1971; Epstein 1961; Fall 1957; Fall 1961; Fall 1969;
Goldstein 1968; Hall 1971; Halpern 1959; Halpern 1964; Hoa 1962; Lederer 1961; Mahajani
1971; Manich Jumsai 1961; Mirsky and Tonefield 1971; Modelski 1962; Pace 1961; Paul
1971; Randle 1974; Rose 1963; Simmonds 1963; Sirikrai 1981; Thee 1973; Toye 1968; Trager
1963; Usowski 1991; Weisbrod 1971; Young 1972; ). Notre propos n’est pas ici d’entrer dans
le détail des coups d’État, assassinats et manoeuvres politiques qui se succèdent au cours de
cette décennie. Il est toutefois nécessaire de placer quelques jalons historiques qui permettent
de mieux saisir la dynamique conflictuelle de ces années charnières, marquées par l’implication
croissante des États-Unis dans les affaires laotiennes.
Les Accords de Genève de 1954 visent un projet à long terme de neutralisation du Laos qui
implique à la fois une non-ingérence étrangère et la construction d'une véritable unité nationale.
Les intérêts antagonistes des États-Unis et du Vietnam du Nord entreront rapidement en
contradiction avec la première condition de ce projet et par répercussion ruineront les
tentatives de réalisation de la seconde.
10En
1952, une enquête de la prévôté militaire française révèle que le GCMA a transporté dans ses appareils la
récolte d'opium des Hmong, désignés alors comme les "méos".
11
Dans le but de neutraliser le pays, les Accords de Genève prévoient d'une part l'intégration des
forces militaires du Pathet Lao dans l'armée laotienne, d'autre part le retrait des effectifs
étrangers du territoire laotien. L'intégration des forces du Pathet Lao aurait dû suivre leur
regroupement dans les deux provinces de Phongsali et de Huaphan dans le nord du pays.
L'échec de la première expérience de coalition gouvernementale (1957-1958) rend le projet
caduc. La phase d’application des accords a cependant permis une implantation durable du
parti dans ces provinces de regroupement qui présentent l'avantage d’être contiguës au
territoire nord-viêtnamien11. Quant au retrait des forces étrangères, il est soumis à une
exception qui autorise la France à maintenir deux bases sur le sol laotien ainsi qu’une mission
d'encadrement de la nouvelle armée laotienne. Sur le plan politique également, la France
conserve une certaine influence qui se personnalise dans la fonction de conseiller du premier
ministre qu'occupe Jean Deuve de 1954 à 1964. Il tirera de cette expérience une étude des plus
intéressantes, et à notre connaissance sans équivalent, sur les services secrets laotiens (Deuve
1995).
L'implication croissante des États-Unis annule progressivement le rôle dévolu à la France par
les Accords de Genève. Dès 1955, le gouvernement américain prend en charge l’assistance
économique et militaire du Laos. L'armée laotienne est ainsi totalement financée par les ÉtatsUnis, alors même que le Pathet Lao est pleinement dépendant du Nord Vietnam. Le Laos est à
ce moment le seul pays du monde où les deux camps qui s'affrontent sont entièrement financés
par une puissance étrangère (Stuart-Fox, 1997).
L'assistance militaire américaine n'est pas uniquement d'ordre économique. Conscient de
l'importance stratégique du pays pour le contrôle de la Péninsule indochinoise et de l'ensemble
du Sud-est asiatique, le gouvernement américain va progressivement se substituer à la France
dans l'encadrement direct des forces armées laotiennes (--- 1961; Burchett 1963; Hartwig,
McClain et al. 1975; Levine 1995; Mirsky and Tonefield 1971; Roswell 1964; Satawedin 1984;
Sirikrai 1981; Spector 1983; Stanton 1985). La présence de forces spéciales américaines est
dans un premier temps dissimulée; elles ne quittent leurs habits civils pour revêtir l'uniforme
qu'à partir de 1961 (Craig 1994; Garner 1994; Stanton 1985). Chargées d’entraîner l'armée
laotienne et d'encadrer les Hmong, ces unités agissent parallèlement aux agents des services
secrets américains qui renforcent leur présence au Laos durant la période. La CIA opère
directement depuis l'ambassade de Vientiane, mais également au travers de certaines
11Nous
renvoyons à la section précédante pour les références bibliographiques concernant le Pathet Lao et le
Nord-Vietnam.
12
organisations chargées de l'assistance technique et économique. La compagnie aérienne Air
America fournit dans cette perspective la couverture idéale pour les opérations clandestines de
l'Agence américaine. Ses missions ne feront que croître jusqu'au début des années 1970, une
période où la compagnie aérienne fournit l'essentiel de l'appui logistique à l'Armée secrète de
Van Pao (Leary 1984; Leary 1984; Leary 1992; Leary 1995; Leary 1996; Leary and Internet
1997; Robbins 1979; Robbins 1988).
L'influence directe de la CIA sur la vie politique laotienne est particulièrement évidente dans la
suite immédiate du coup de force de Kong Le. En août 1960, le commandant du 2e bataillon
de parachutistes de l’armée royale opère un coup d’État contre le gouvernement de droite qu’il
juge totalement gangrené par la corruption. En fournissant l'encadrement thaïlandais des forces
de droite qui renverse le gouvernement neutraliste issu du putsch de Kong Le, l'Agence
américaine contribue fortement à la polarisation du jeu politique laotien (Kerby 1977;
Satawedin 1984; Sirikrai 1981; Warner 1996).
Comme on peut le constater aux nombres de références citées, la période 1954-1964 à fait
l'objet d'un intense effort historiographique. L'importance des enjeux politiques nationaux et
internationaux, l'implication croissante des États-Unis et l'ombre grandissante de la guerre du
Vietnam expliquent cet intérêt soutenu. Il demeure toutefois quelques dimensions méconnues
de l'histoire du pays, dont l'examen permettrait de compléter les nombreuses recherches axées
sur les aspects diplomatiques et politiques de la période. La question des rapports
qu'entretiennent les minorités ethniques avec le pouvoir laotien au cours de cette période
transitoire est une première piste de réflexion. Fortement mobilisées par le Pathet Lao d'une
part et par les Américains d'autre part, elles suscitent la méfiance des autorités de Vientiane.
Du désarmement des forces Hmong du GCMA en 1954 (Bergot 1979) à la formation d'une
armée clandestine aux ordres de la CIA (Hamilton-Merritt 1993) se pose la question du
contrôle effectif de ces minorités par les autorités laotiennes. Une deuxième piste de recherche
concerne le problème de la corruption généralisée de monde politique et administratif. Le
déferlement de l'aide économique américaine a provoqué la formation de micro pouvoirs dont
l'activité principale consiste à engranger les bénéfices financiers de cette aide. Dans quelle
mesure le développement de ces intérêts particuliers a-t-il contribué à la dynamique
conflictuelle de la période ? Il ne fait guère de doutes que la capacité de mobilisation des
acteurs locaux par les États-Unis est étroitement dépendante de ces intérêts. Les Français
n'avaient d'ailleurs pas procédé différemment en achetant le soutien de certains secteurs de la
société laotienne par l'attribution d'avantages économiques. Dans un registre plus
13
biographique, il semble enfin qu'une étude détaillée du rôle joué par Jean Deuve apporterait
des éclairages pertinents sur cette période. Rarement mentionné dans la production
historiographique, cette éminence grise de la politique laotienne mériterait une plus grande
attention. Il faut mentionner à ce sujet l'existence d'un roman qui met en scène un conseiller
français du premier ministre laotien (Lartéguy 1965). Cette fiction, sans doute fondée sur des
informations de première main, présente de nombreux faits authentiques, ainsi que des faits
originaux qui mériteraient vérification.
Au cours de cette période particulièrement instable, l'ingérence massive des États-Unis et du
Nord Vietnam au Laos a incontestablement réduit la marge de manoeuvre des acteurs laotiens.
L'échec des deux gouvernements de coalition après les conférences de Genève de 1954 et 1962
en est l’expression la plus manifeste. Les tentatives de surmonter les rivalités de personnes et
les dissensions politiques internes se sont systématiquement heurtées à des intérêts qui
dépassaient le cadre laotien. A la polarisation politique du pays répond symétriquement son
éclatement territorial. A l'est, appuyé sur la frontière vietnamienne, le Pathet Lao contrôle de
larges zones qui sont autant d'axes de pénétration des troupes nord vietnamiennes. A l'ouest et
au sud, les forces de droite sont présentes dans les plaines qui jouxtent la frontière thaïlandaise.
Quant aux forces neutralistes, actives pour un temps dans la plaine des Jarres, au Nord et dans
des poches du centre et du sud, elles sont progressivement happées par la polarisation du
conflit.
La guerre du Vietnam (1964-1975)
Pour les États-Unis et le Nord Vietnam, le territoire laotien n'entre en considération dans leur
définition des buts de guerre qu'en fonction du développement des opérations sur le théâtre
vietnamien. De ce point de vue, deux zones représentent un intérêt stratégique capital pour
chacun des adversaires. Au sud, la piste Ho Chin Minh, qui longe la frontière vietnamienne du
17e parallèle jusqu'au Cambodge, assure à la fois la logistique du Viêt-cong et l'infiltration
d'éléments nord vietnamiens dans le Sud Vietnam12. Elle est par conséquent un objectif
stratégique de première importance pour les États-Unis qui espèrent asphyxier le Viêt-cong en
coupant son poumon logistique. Au Nord, la plaine des Jarres, demeure un enjeu essentiel
comme dans les phases précédentes des hostilités. Les Nord Vietnamiens craignent que les
États-Unis ne l'utilisent comme base stratégique contre le Tonkin. Les Américains, les
12La
“piste Ho Chi Minh" est en fait un réseau de pistes parallèles qui longe la frontière vietnamo-laotienne du
nord du 17e parallèle jusqu’à la frontière cambodgienne. Après la chute de Sihanouk en 1970, elle gagne en
importance stratégique pour le Viêt-cong qui ne peut plus faire transiter des armes par le Cambodge.
14
Thaïlandais et les Sud vietnamiens veulent impérativement empêcher toutes poussées
communistes dans cette zone. Dans cette situation, toute montée aux extrêmes dans le conflit
vietnamien se répercute automatiquement au Laos. Symétriquement, la marge de manoeuvre
des acteurs laotiens diminue en fonction de l'implication croissante des puissances étrangères.
Les Nord Vietnamiens maintiennent jusqu'à 40'000 hommes au côté du Pathet Lao, sans
compter les troupes en transit sur la piste Ho Chi Minh (Royal Lao Government 1969). Quant
au gouvernement royal, il se trouve dans une position de dépendance totale envers les ÉtatsUnis qui après avoir fortement contribué à l'échec des expériences gouvernementales
neutralistes, maintiennent au poste de premier Ministre le chef de file de cette tendance. La
présence de Suvanna Phouma à la tête du gouvernement laotien est une caution au statut de
neutralité du pays qui est dans les faits systématiquement violé (Taylor 1990).
Ces violations sont officiellement révélées à la fin des années 1960, lorsqu'une enquête du
congrès des États-Unis est rendue publique. Elles étaient dans les faits systématiquement
dénoncées par le Pathet Lao et le Nord Vietnam depuis cinq ans. L'intervention des États-Unis
revêt deux formes différentes. D'une part, l'aviation américaine opère des bombardements
massifs sur les deux zones stratégiques mentionnées. D'autre part, les services secrets
américains organisent clandestinement une force militaire qui agit indépendamment de l'armée
laotienne, d'une notable inefficacité. Ces faits sont aujourd'hui largement connus. Aux
dénonciations contemporaines des faits sont venus s'ajouter les témoignages de certains
acteurs, les évaluations stratégiques de l'armée américaine et les mises au point
historiographique.
a. Perspectives générales
Les travaux de Tomithy Castle ont apporté la synthèse la plus complète sur les différentes
dimensions de l'intervention américaine au Laos (Castle 1991; Castle 1993). Fondés sur une
impressionnante série de documents officiels déclassifiés et d'interviews avec des acteurs de ces
événements, ils sont venus heureusement compléter trois recherches plus anciennes sur le sujet
(Goldstein 1973; Hannah 1987; Stevenson 1972). D'un style plus narratif, les ouvrages de
Roger Warner recèlent également de nombreuses informations (Warner 1995; Warner 1996).
Cet auteur a récemment innové en prenant l'initiative de publier une intéressante iconographie
sur la guerre clandestine des États-Unis au Laos (Warner 1996).
b. La guerre aérienne
Les opérations de bombardements contre la plaine des Jarres et la piste Ho Chi Minh sont
partiellement conduites par l'armée de l'air laotienne, encadrée par les États-Unis (Doty and
15
Widner 1974; Hartwig, McClain et al. 1975) et par des pilotes thaïlandais et Hmong engagés
par la CIA (Pratt 1974; Robbins 1987). Mais l'essentiel des sorties est effectué par l'aviation
américaine basée en Thaïlande, au Sud Vietnam et sur l’île de Guam (Glasser 1995). Les
campagnes de bombardements sur le nord du Laos sont menées sous le nom de code
d'opération "Barrel Roll" (provinces de Xiangkhoang, Houaphan et Louang-Phrabang).
L'opération "Steel Tiger" vise les cibles situées sur le parcours de la piste Ho Chi Minh
(provinces de Attapu, Xekong, Saravan, Savannakhet et Khammouan). Dès le début des
années 1970, ces bombardements sont dénoncés par les auteurs américains qui mettent en
évidence leurs effets désastreux sur les populations laotiennes (Branfman 1971; Branfman
1972a; Branfman 1972b; Everingham 1972; Mullin 1974). Dans un registre plus technique,
l'armée américaine produit ses propres études sur la guerre aérienne au Laos (Kipp 1969;
Lofgren and Sexton 1973; Noell 1972; Roth 1971)13. Ces recherches seront approfondies par
la suite et l'on dispose aujourd'hui d'études très complètes sur le sujet (Ballard 1982; Berger
1977; Lamy 1996; Van Staaveren 1993). Il faut encore mentionner les témoignages de pilotes
américains qui ont participé à ces opérations (Davis 1996; Drury 1986).
c. La guerre clandestine
Comme nous l'avons vu, les américains avaient rapidement pris la succession des Français pour
équiper et entraîner de l'armée royale laotienne. Cette politique d'encadrement militaire se
poursuit tout long de la guerre du Vietnam (Clarke 1988; Sananikone 1981; Vongsavanh
1981) . La combativité des troupes régulières laotiennes ne répondant pas aux leurs attentes,
les stratèges américains vont envisager d'autres solutions pour combattre le Pathet Lao et les
Nord Vietnamiens. En plus des unités spéciales qui opèrent au Laos (Plaster 1997; Singlaub
and McConnell 1991; Stanton 1990), la CIA va mobiliser sa propre armée clandestine
composée de mercenaires thaïlandais et des volontaires Hmong de l'"Armée secrète" du
général Vang Pao. Ce sont ces troupes qui indépendamment de l'armée régulière vont engager
les combats les plus meurtriers contre les forces communistes. La guerre clandestine de
l'"Armée secrète" se concentre dans le nord du pays et plus particulièrement dans la plaine des
Jarres. Dans le sud, la mobilisation des minorités ethniques contre les communistes rencontre
moins de succès. Un programme d’encadrement de volontaires Lao Thoeng est lancé en 1961.
Abandonné en 1962, il est revitalisé sous le nom de code “Project Hark” en 1965 (Conboy,
1989). Ce programme militaire permet la formation de petites unités de reconnaissance et de
renseignement infiltrées le long de la piste Ho Chi Minh. Elles agissent conjointement avec des
13Pour
une liste plus complète des études de l'armée américaine consacrées à la guerre aérienne en Asie du sud
est, cf. Van Staarven, 1993.
16
forces spéciales américaines et sud vietnamiennes qui conduisent des raids contre l’axe
logistique de Viêt-cong (Bendell 1993; Saal 1990; Singlaub and McConnell 1991; Stanton
1985; Yarborough 1991). La relative inefficacité de ces opérations terrestres ainsi que des
campagnes de bombardements, de guerre chimique (Buckingham 1982) et de guerre
électronique (Weiss 1971) de l’US Air Force entraîne en 1971 l'invasion du sud du Laos par
20'000 soldats sud vietnamiens dans le cadre de l'opération Lam Son 719 (Nguyen 1979;
Nolan 1986)14.
L'intervention de la CIA au Laos occupe une place particulière dans l'histoire des opérations
clandestines de l'agence américaine (Blum 1986; Blum 1995; Prados 1986) . Menée sur une
échelle sans précédent, elle recouvre aussi bien des missions de renseignements et d'évaluations
(Usowski 1991), des entreprises de déstabilisation politique (Branfman 1976; Warner 1996),
des missions aériennes de combat et de logistique (Leary 1984) que le contrôle d'une force
militaire qui comptera jusqu'à 40'000 hommes (Castle 1979). L'ampleur de cette intervention
ne pouvait que susciter des nombreuses publications, principalement aux États-Unis où
l'expérience de la guerre du Vietnam a été un traumatisme national. Mais les opérations
clandestines menées par la CIA au Laos ont largement été discutées pour une autre raison.
Dans les années 1970, plusieurs auteurs ont diffusé la thèse de l'implication des services secrets
américains dans le trafic d'opium au Laos (McCoy 1972; Robbins 1979). Une idée reprise dans
un film de fiction grand public intitulé Air America où Mel Gibson joue le rôle d'un pilote de la
compagnie homonyme.
Cette perspective n'est pas partagée par les auteurs des études les plus récentes, proches des
cercles militaires, qui se concentrent sur les dimensions opérationnelles de la guerre
clandestine. (Conboy and McCouaig 1989; Conboy 1995; Leary 1995; Linder 1995; Warner
1995; Warner 1996). De son côté, William Leary a fortement critiqué, dans ses travaux
consacrés à Air America, les présentations caricaturales de la compagnie aérienne (Leary 1992;
Leary 1996; Leary and Internet 1997). A ces analyses générales des activités de la CIA au
Laos viennent s'ajouter un certain nombre d'approches biographiques.
Nous disposons tout d'abord des mémoires de certains acteurs de ces événements. Richard
Secord, un officier de l'US Air Force qui sera plus tard impliqué dans l'Iran Gate, livre son
14
De 1961 à 1971, les Etats-Unis ont mené dans le cadre de l’opération "Ranch Hand" une campagne
d’épandage d’herbicide en Asie du sud-est. A partir de 1965, l’opération "Ranch Hand" est étendue au sud
Laos. Elle vise à éliminer la végétation qui offre un camouflage aux manœuvres des communistes, mais aussi à
détruire les récoles pour empêcher le ravitaillement des combattants.
17
témoignage sur les opérations aériennes qu'il coordonne pour le compte de la CIA (Secord
1992). Douglas Blaufarb, chef de station de la CIA à Vientiane au milieu des années 1960,
traite plus particulièrement de la doctrine contre-insurrectionnelle (Blaufarb 1972; Blaufarb
1977). A un autre niveau d’exécution, Roger Parker présente ses opérations dans la plaine des
Jarres au début des années 1970 en tant qu'agent de la CIA (Parker 1995; Parker 1996; Parker
1997). Charles Davis relate ses missions aériennes effectuées pour le compte d'Air America à
la fin des années 1960 (Davis 1996). Ralph McGehee propose la perspective d'un agent
opérant pour le compte de la CIA en Thaïlande où se trouve la base arrière des opérations
menées au Laos (McGehee 1983) . Sedgwick Tourison décrit son travail d'officier de
renseignements de l'armée américaine au Laos où il arrive en 1971 et collabore étroitement
avec la CIA (Tourison 1991, 1995, 1996). Et enfin Warner Smith fournit des détails sur une
unité de la Marine américaine, placée sous l'autorité de la CIA, qui aurait opéré en Chine en
Thaïlande et au Laos (Smith 1996)15.
Il faut ensuite citer deux biographies particulièrement intéressantes. La première est celle de
Ted Shackley, chef de station de la CIA à Vientiane de 1966 à 1968 (Corn 1994). La seconde
présente un personnage singulier, Edgar Buell détaché par l'International Voluntary Service au
Laos, qui va rapidement collaborer avec la CIA pour mobiliser les Hmong dans la croisade
anticommuniste de l'agence (Schanche 1970).
Trois études spécifiques ont été consacrées à l'engagement des Hmong au côté des États-Unis
(Castle 1979; Hamilton-Merritt 1993, 1996). On peut également consulter des ouvrages plus
généraux sur la mobilisation des minorités ethniques dans le cadre du conflit indochinois
(Dassé 1976; Kunstader 1967). On trouvera enfin d'utiles informations sur le période dans des
histoires du peuple Hmong (Chagnon and Rumpf 1983; Chan 1994; Glenn, Downing et al.
1986; Goldfarb 1982; Johns and Strecker 1986; Lartéguy and Yang 1979; Lewis and Tayanin
1992; Mottin 1980; Pfaff 1995; Quincy 1995; Yang 1993).
Comme on peut le constater, la période américaine a été incomparablement plus étudiée que
les autres périodes examinées dans cet essai. Ce qui ne signifie pas que toutes les questions
posées par cette phase complexe du conflit indochinois ont été résolues. Paradoxalement, le
point de vue des acteurs laotiens a été passablement négligés. Écrases par l'omniprésence de
leurs tuteurs américains et nord vietnamiens, ils sont tantôt réduits au rôle de figurants
(Conboy and McCouaig 1989) tantôt quasi absents du récit (Parker 1997). Une exception
notable réside dans la prise en charge de leur propre histoire par les Hmong réfugiés aux États15Nous
employons ici le conditionnel, car la véracité du récit a été remise en cause
18
Unis (Chang 1993; Chan 1994; Mattison, Lo et al. 1994; Moua 1994). Leur perception du
conflit nous est ainsi infiniment mieux connue que celle des Hmong qui ont soutenu le Pathet
Lao durant la guerre.
Le Pathet Lao au pouvoir (1975-1997)
L'arrivée des communistes au pouvoir au Laos en 1975 ne clôt pas l'histoire des opérations
militaires clandestines dans le pays. Alors que des dizaines de milliers de réfugiés sont internés
en Thaïlande (Garrett 1974; Garrett 1980), des groupes de Hmong demeurés au Laos
entreprennent des opérations de guérilla contre le gouvernement communiste (Yang 1982;
Garrett 1974; Garrett 1980; Hamel 1981; Hamel 1994; Lee 1982; Yang 1993). Face aux
quelques succès locaux des rebelles, et dans la crainte d’une contagion à d’autres secteurs de
la société, le gouvernement laotien fait appel à l’armée vietnamienne qui intervient
massivement en 1977. La répression des insurgés cause un nouvel exode Hmong en Thaïlande
(Robinson 1991). Le refroidissement des relations sino-laotienne, consécutif à l’invasion
vietnamienne du Cambodge en 1979 et à l’opération de représailles de l’armée chinoise dans le
Nord du Vietnam, renforce la dépendance du Laos envers son allié vietnamien. Les rumeurs du
recrutement par la Chine d’une armée d’insurgés laotiens provoque l’augmentation de la
présence militaire vietnamienne (Stuart-Fox 1981). Au début des années 1980, on compte
jusqu’à 30’000 soldats vietnamiens au Laos. C'est dans ce contexte qu'éclate l'affaire de la
guerre chimique utilisée par le gouvernement laotien contre les minorités ethniques. En 1979,
le Département d’État américain accuse les autorités laotiennes d'user d'armes chimiques pour
éliminer les populations hostiles à son pouvoir (Haig 1982). Ces accusations seront reprises
par plusieurs auteurs (Yang 1978; Hamilton-Merritt 1980; Seagrave 1981), alors que d'autres
n’excluront pas une manipulation (Chagnon and Rumpf 1983; Evans 1983; Ziegler 1988).
Bien que la menace d’une déstabilisation du pays s’atténue au fil des années, des activités
armées endémiques peuvent être constatées jusqu’à très récemment. En 1995, deux employés
laotiens du Programme des Nations-Unies pour le contrôle des stupéfiants sont assassinés dans
le Nord du Laos. En septembre 1996, un voyagiste français résidant au Laos depuis de
nombreuses années est tué dans une embuscade tendue sur la route reliant Vientiane à Luang
Prabang. Ces agressions ne seraient que les plus connues d’une série d’attaques armées
conduites par des Hmong. S’agit-il des derniers survivants de ”l’Armée secrète” de Vang Pao
comme l’affirment certaines sources à Vientiane (Torod 1997) ou de bandits inorganisés
comme le prétendent les autorités de Vientiane ? Ce qui est certain, c’est que le contrôle des
19
autorités de Vientiane sur certaines contrées reculées du Nord-Ouest du pays est loin d’être
absolu.
En dépit des quelques publications mentionnées, l'histoire des mouvements de résistance au
Laos après 1975 est encore largement méconnue. Le dépouillement des dossiers d'archives du
Fonds Deuve portant sur le sujet est une première étape pour améliorer notre connaissance du
problème. Les développements les plus récents doivent également entrer dans nos
considérations. Si l’hypothèse d’une persistance de la rébellion Hmong s’avérait exact, nous
serions confrontés à l’une des plus étonnantes manifestations de continuité insurrectionnelle
dans l’histoire de l’Asie du sud-est.
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