ex. celsior-dimanche - la Cité internationale de la bande dessinée et
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iiiiiiiiiiii NOUVELLE SÉRIE : N° 57 , i .jiiii''iiiiii'''iiiimiMiiuiu>iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiii<>ii>' 12 «3 centimes ■■■'''■"■■'■■■■■■■■■■■■■■'■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■(■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■n LE 30 MARS 1924 ■>■■■■■•■ EX. CELSIOR-DIMANCHE IIIIIIIMIIIIIIMIIIIIIIIIIIIIIIIII!IIII!!IIIIIIIII iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiniiii imiiiiii; MiiiiiiiliiTiiiiiiliitiiiiiiiniiiiiiiiiiiMiiiiliiii iiiiiiiimsif iiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiini iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiEiMiiiiiiiriiiniiiripiiiiiiiiMiiiiiiiitillllii liiiiiiiiiuiiiiiiiitiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiini LES GLANEURS DE BRUYÈRE AUX HALLES Chaque matin, aux Halles, après la fermeture, on peut voir quelques braves gens venir ramasser, pour les revendre ensuite, les brindilles de bruyère dont le sol est jonché. TROIS PETITES SŒURS, VEDETTES DE L'ÉCRAN LE BARBIER DU BORD DE LA SEINE La plus jeune a cinq ans et demi, la cadette, sept ans et demi, l'aînée, dix ans. Liliane, Evelyne et Huguette Hefti figurent dans le prologue du film tiré de On ne badine pas avec l'amour : Rosette, Camille et Perdican. Les deux aînées, en outre, y dansent la pavane. Toutes ont déjà " des planches ", car ces trois gracieuses fillettes ont joué au théâtre Cora Laparcerie et au théâtre Femina. C'est la première fois, croyons-nous, que trois sœurs aussi jeunes sont réunies sur le même film. Parmi les petits artisans qui exercent à Paris des métiers pittoresques, il n'en est peut-être pas de plus amusant que ce barbier du bord de la Saine, installé ordinairement dans les environs du pont de l'Archevêché. Dès'qu'il a gagné quelque argent, notre homme disparaît pour ne revenir que les poches vides. Mais il possède tout de même son public fidèle, et le voici en plein travail, coupant les cheveux d'un "client", tandis qu'un autre, qu'il vient de raser, se lave k la fontaine voisine. DU HAUT DU DOME DE SAINT-PAUL Ce document montre l'étrange perspective, qu'un photographe audacieux a obtenue du haut des 90 mètres de la coupole de la cathédrale Saint-Paul, à Londres. De cette hauteur, on distingue, taches noires, quelques fidèles assis. L'INSTANT PRÉCIS DE L'ACCIDENT FACE AU CHEVAL, EN PLEIN GALOP Il n'a pas dû, non plus, manquer de sang-froid l'opérateur qui a pu fixer ce cheval, en pleine course, au moment ou U ^te l'obstacle. En tout cas, l'effet saisissant quon rechert^vu a ^ pleinement atteint. UN PARTERRE FLEURI... DE LÉGUMES Au cours d'une visite des délégués des Halles de Paris aux maraîchers français de Casablanca, ces derniers ont imaginé cet amusant parterre tout fleuri de légumes. Voici un accident émouvant d'une course de motocyclettes. Le réservoir de l'une d'elles ayant pris feu, on voit le conducteur, en pleine vitesse, rouler sur le sol, tandis que brûle, avec une épaisse fumée, sa machine en débris. DIMANCHE-ILLUSTRÉ niiiMir VENTE AU miiiiuiiiimiïimuiiiiii MIIIIHIIIIIIII IIIIIIMIIHHIIUUIUH *2 tmmmmt roui liniiiiiii» TARIF DES EST EN VENTE PARTOUT DÈS LE SAMEDI iiiiuiiitH ABONNEMENTS France, Colonies, Régions occupées Belgique Etranger. Compte chèque postal n° 5970. — 20, rue d'Enghien, Paris (Xe) 0.25 0.30 0.50 LE 30 MARS 1924 iiii|iïii»iuiM«Hi|iiiiiiiiiiiiiniiiiniiiimiiiiniHiHHi DIMANCHE-ILLUSTRE (Excelsior-Dimanche) NUMERO France, Colonies, Régions occupées Belgique Etranger ■■■■■■ 3 moi» 6 moi« 3.50 6.50 4 fr. 8 fr. 6.75 13 fr. Un an 12 fr. 15 fr. 25 fr. CALCULER VITE ET BIEN / v est indispensable pour se. faire apprécier dans une foulo d'emplois, et aussi pour établir ou vérifier factures, devis, mémoires, feuilles de paye, prix de revient, prix de vente, escompte, rabais, commissions, intérêts, comptes de banque, comptes de ménage, etc. Demandez à l'Ecole Universelle, 59, boulevard Exeimans, Paris (16°), sa brochure gratuite numéro 4077, qui vous donnera le moyen de devenir bon calculateur en quelques semaines, moyennant un3 heure par jour de travail-altrayant, chez vous, sans déplacement. Pas de théorie fastidieuse ; rien que des exercices pratiques. " Une force insoupçonnée transforme son attitude ". en □ Par la grande aisance qu'il donne aux organes vitaux FRANCE ET PARIS 330 DÉPOTS JUVÊMIL PRIX aide puissamment Comptoir de 6 à 20 ans à l'œuvre de la Nature, 32 fr. à 55 fr. 7, rue de bien cette boite... PRINTEMPS, La froidure paresseuse De l'hi«er a fait son temps, Voici la saison joueuse Du délicieux printemps. YOISELLERIE du- Vieux-Colombier, 7 - Paris suivant l'âge et à l'éclosion Spécialité de la fière beauté. OISEAUX DE TOUS PAYS d'otseaux rares. — Cages, grains, accessoires. Le délicieux printemps n'est pas sans présenter de réels dangers (mur les tempéraments affaiblis ou simplement fatigués. La douée et capiteuse tiédeur de ses premiers effluves provoque dans tout le corps certains troubles, dus précisément au travail qui s'opère dans la nature. Le printemps, c'est la saison où les faiblesses de l'organisme s'accusent. C'est la saison des troubles de l'estomac, des lourdeurs de tète, de l'insomnie, des douleurs. Il importe à ce moment de faire une cure de Pilules Pink pour renforcer la résistance de l'organisme, renouveler et pu ri lier le sang. La cure des Pilules Pink est, par excellence, la cure printanière qui reconstitue les forces, donne de l'appétit, calme et dissipe les malaises. C'est la bonne cure de santé qui procure le bienêtre physique et le contentement de vivre. 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G LASER le grand Spétiali»te de Paris 7^, — loiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiii" iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiim L'AMEU- SURIMPRES- Photographies uunuuuiiuiiMuiiUHuiiuiuuuuuuuiiiuiiuijuui Ciiilillllll:ll!!lllll!llliiilll!!!!!!lllllll!illl!li!llililii!illllll!l!iii;mt!!Ul Boulevard SèbaJiopdt La plus îolide La plus perfectionnée La plus élégante iff Klle remplace merveïileusemenl le Corset. LE ET NOUS. 72 Madame ! DEMANDE LEUR SUIS SIONS. — NOTRE ÉCRAN GAI. — NOS LECTEURS... En tout: LA Qualités supérieures. — Prix modères DÉPÔT a PARIS, 8, rue de Valenciennes(X') r» tîwui élastique BLEMENT ET LES DÉCORS AU STUDIO. — SANDRA MILOWANOFF. — ET lOUï,. AC'I h£> = Mêtio: (ian du Notd = h. il. V.l'artt FEL'ILLADS. D'APRÈS SOURIT. 1 1)1: VERLEYE, CI. licencié en lettres et en t'itit 1S5, bcul. Magenta. Tél. ; Trudame 03-83 Le.. 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Nos deux savants ont donc pensé que s'il était possible de recharger notre substance grise, tout comme on recharge une pile électrique, nous laisserions passer le " marchand de sable" et ne songerions plus à nous mettre au lit. Poser le problème, c'était le résoudre, surtout pour des savants américains... Grâce à un peiit appareil électrochimique qui s'applique sur les tempes, vous pourrez, désormais, vous moquer du dieu Morphée et passer autant de nuits blanches que vous voudrez dans votre bureau, dans votre laboratoire ou dans les cabarets de Montmartre. Quant à moi, j'aime autant vous le dire tout de suite, je n'achèterai pas cet appareil somnicide. Je tiens, en effet, Morphée pour le plus bienfaisant, pour le plus aimable, pour le plus charmant des dieux... Je suis, en effet, de l'avis des Arabes qui disent : — Il vaut mieux être assis que debout, couché qu'assis et endormi qu'éveillé ! Morphée chasse nos soucis et nos chagrins, il égalise les conditions sociales et rend même plus heureux le vagabond qui ronfle sur son banc que le millionnaire qui se retourne sur son lit de plumes sans trouver le sommeil... La Belle au Bois dormant hit réveillée, après cent ans de léthargie, par le Prince charmant qu'elle épousa... Le conte finit là, mais j'imagine que, par la suite, -la zizanie se mit dans le ménage : c'est souvent ainsi que se terminent les romans d'amour. Si bien qu'un jour, la Belle qui, au bois, avait tant dormi, dit à son mari : — Ah ! pourquoi êtes-vous venu me déranger ? j'étais si heureuse au pays des songes ! EUX L A plus indispensable de toutes les défenses est celle-ci : Ne vous vengez point. Le temps le plus inutilement gaspillé est celui passé à se venger. Et ce n'est pas seulement une perte de temps, mais aussi de matière cérébrale, de force nerveuse, de vitalité, de richesse de l'âme et de réserve de vie. Le désir de vengeance est la plus dangereuse des passions qui puissent asservir l'être humain. Lorsque vous désirez blesser qui vous a blessé, vous souhaitez une chose qui vous irrite pendant que vous l'espérez, vous désappointe quand vous l'obtenez, et vous rend ensuite mécontent de vous-même. Vous ne pouvez espérer traverser la vie sans rencontrer des gens qui vous blesseront. Il y aura ceux qui vous railleront, ceux qui vous trahiront, ceux qui vous duperont, ceux qui vous envieront, sans compter tout l'essaim mesquin, malicieux, méchant el venimeux des guêpes el des moustiques humains. Si vous vous mettez à les poursuivre et à les punir, il ne vous restera plus de temps pour faire autre chose. Si vous les laissez préoccuper votre esprit, Votre paix intérieure en sera empoisonnée ; votre caractère s'aigrira, et c'en sera fait de votre sommeil. Vos heures de loisir elles-mêmes ne seront plus que mécontentement. Oubliez ! L'essentiel n'est même pas ici de pardonner l'offense, c'est de l'oublier. Avancez ! Il y a trop à faire dans la vie pour perdre son temps à lutter contre des abeilies.~La vie est trop riche pour qu'on y introduise la pauvreté de la haine. Laissez passer ! Avancez ! Votre ennemi a besoin d'une correction, c'est certain. Mais qu'est-ce que cela peut vous faire ? La question qui vous intéresse est celle-ci : De quoi a"ez-vous besoin ? Vous avez besoin de repos d'esprit, de calme et de contentement; el les pensées de vengeance ne peuvent que vous troubler. Lorsqu'un homme vous fait tort, laissez-le simplement tomber. Qu'il disparaisse de votre vie l Adieu ! Il ne manque pas de gens plus intéressants que lui. Pour ce qui nous concerne, il est un citoyen indésirable, et nous ne voulons plus avoir rien de commun avec lui. Au suivant ! Pourquoi redresser les torts ? Ils se redressent toujours automatiquement, mieux que nous ne saurions le faire. Nous ne nous rendons pas compte de l'activité naturelle, automatique, égalisante du monde spirituel. Elle est plus précise qu'une invention mécanique. Lorsqu'un homme fait le mal, il obtient le mal, un jour ou l'autre inévitablement. Ne vous inquiétez donc pas de lui. A quoi bon vous tourmenter ? Dans quelles profondeurs de souffrance le désir de revanche n'a-l-il pas plongé le monde ! Que de corps mutilés n'a-l-on pas entassés déjà sur les autels de la vengeance ! Lorsque le Christ a parlé de tendre l'autre joue, il ne prêchait pas_ un impossible idéalisme, mais le simple bon sens. Les gens qui arrivent spirituellement sont ceux qui oublient. Voici une devise que vous pourriez peindre sur votre mur afin de la voir tous les jours, au plafond de votre chambre afin de la voir quand vous vous éveillez la nuit, dans votre esprit afin que vos pensées la lisent au passage, dans votre cœur, où elle exercera une influence apaisante sur toutes vos émotions : une injure ne peut blesser que si l'on s'en souvient. La plus noble vengeance est donc d'oublier. SOYONS AU COURANT... ... des nouvelles taxes sur les automobi'es Sénat vient d'adopter les dispositions L volée? par la Chambre, en ce qui concerne E les taxes qu'auront à payer les automobilistes. A compter du premier |our du trimestre suivant la promulgation de la loi liscale, les droits sont ainsi fixés : Sommes à payer annuellement : 1° Motocyclettes avec sidecars : par motocyclette avec sidecar. 60 francs ; 2° Cyclecars : par cycîcoar, 120 francs; 3° Voitures automobile? assujetties à un tarif de transport arrêté pai une autorité publique : par cheval-vapeur ou fraction de cheval-vapeur, avec minimum d'imposition de 5 chevaux-vapeur, 36 francs ; 4" Véhicules automobile? antres que ceux figurant dans les trois catégorie? précédentes : du premier au dixième cheval-vapeur avec minimum d imposition de 5 chevaux-vapeur : du premier au dixième cheval-vapeur. 36 tr : au-dessus du dixième cheval-vapeur 44 fr. Pour les voitures servant au transport des personnes, les chevaux-vapeur au-dessus du TL y a sur terre de nobles êtres. Ils forment la vingtième sont taxés à raison de 52 Irancs psr cheval-vapeur. véritable aristocratie de l'humanité. Le véritable aristocrate est au-dessus de la nature. Il ne craint ni les événements ni le destin. ... du prochain accueil que réserve Paris Il ne craint pas ce que l'Univers peut lui faire. aux souverains de Roumanie Il est au-dessus de lui-même. S'écouter soi-même E roi et la reine de Roumanie dont on a est le fait du commun. annoncé la venue à Paris seront reçus, Il est au-dessus de son corps. Ses plaisirs habituels ont passé définitivement du plan de le 10 avril prochain à l'Hôtel de Ville. Cette son corps au plan de son âme et de son esprit. réception, à laquelle assistera le président Il est au-dessus de sa réputation. Il ne se vante de la République, accompagné de M'"1' Millepas. Il ne recherche ni l'attention ni la louange. rand. sera entourée du plus grand éclat. On a Il est au-dessus de ses plaisirs. Il peut les prévu le même cérémonial que pour la réception du président Masaryk. La décoration accepter, il ne se laisse jamais conduire par eux. Il est au-dessus de ses chagrins. Le désastre de la salle Saint-Jean, où seront reçus les souou l'injustice en s'abattant sur lui n'arriveront verains à leur arrivée, et celle du salon des Arcades, où auront lieu les présentations, pas à lui donner de l'amertume. Il est au-dessus des choses. Il évite le luxe, s'annoncent comme devant être particulièrevulgaire et injuste. Il est caractérisé par une noble ment réussies. simplicité. Il ne doit jamais rien â personne il n'est ... d'un renouseau du sport hippique en jamais plat devant ses supérieurs, ni dur avec ses France inférieurs il n'est jamais follement enthousiaste et E concours hippique annuel bat son plein jamais pessimiste, il n'est jamais dégoûté de la à Pans présentement, et donne lieu à des vie et jamais effrayé de la mort. démonstrations, à des exercices fort suivis et FRANK CRÂNE. appréciés. Les amazones s'y sont montrées en certain nombre, et 1 on y a même vu un garçonnet de neuf ans accomplir, sans étriers, des prouesses que pouriai! envier plus d'un cavalier adulte. Il est à remarquer que ce concours hippique a attiré une loule plus considérable que son prédécesseur. Les chevaux semblent exercer un renouveau d'attrait qui se maniVENDREDI 4 AVRIL LUNDI 31 MARS feste, d'ailleurs, un peu partout. îl est de bon Lever du soleil : 5 h. 33 - coucher : 18 h. 18. Lever du soleil : 5 h. 24 - coucher : 18 h. 24. ton de savoir monter à cheval comme il redeLever de la lune : 3 h. 59 - coucher : 14 h. 15. Lever de la lune : 5 h. 49 - coucher : 18 h. 37. vient à 1J mode d'avoir son attelage au bois. N'est-ce pas bien caractéristique dans ce siècle fN médecin psychiatre de mes amis Le jour croît : 3 m. matin ; 1 m. soir. Le jour croit : 2 m. matin ; 1 m. soir. de l'automobile, et n'était-ce pas intéressant prétend que nous ne consacrons pas Saint AMBROISE : 95e jour + 271. à noter ? Saint BENJAMIN : 91e jour + 275. assez d'heures à ce repos complet qu'est le sommeil. SAMEDI 5 AVRIL ... des dernières actualités de l'aviation — Trop de nos contemporains et de nos MARDI 1er AVRIL N sait que, récemment, quatre aviateurs contemporaines, m'a-t-il déclaré, se couchent Lever du soleil : 5 h. 31 - coucher : 18 h. 20. Lever du soleil : 5 h. 22 - coucher : 18 h. 26 militaires américains sont partis de Santaà des heures indues et se lèvent alors que Lever de la lune : 4 h. 30 - coucher : 15 h. 22. Lever de la lune : 6 h. 14 - coucher : 19 h. 40. Monica pour accomplir le tour du monde et Le jour croit : 2 m. matin ; 2 m. soir. n'est pas terminé, dans l'organisme, le travail Le jour croit : 2 m. matin ; 2 m. soir. font route actutilernent sur le Pacifique et de reconstitution pour lequel la nature exige Sainte IRÈNE : 96e jour + 270. les îles Aléoutiennes. Lt voici qu'à leur tour e jour + 274. Saint HUGUES : 92 du calme et du temps. Nous dormons mal, Paris : Au Gaumonl Palace, à 14 heures, trois aviateurs anglais prennent leur vol de nous ne dormons pas assez, et comme nos Paris : Salle des Ingénieurs Civils, soirée grand gala de l'Aviation française suivie d'une l'aérodrome de Calshot, près de Southampton, existences sont de plus en plus fiévreuses, pour réaliser la même performance. C est un de propagande en faveur de la boxe française. tombola.. tourmentées, compliquées, épuisantes, nous itinéraire de près de 37.000 kilomètres qu'il tombons du tournis dans le tracassin et, de faut couvrir, après avoir disposé minutieuseDIMANCHE 6 AVRIL MERCREDI 2 AVRIL ment des relais et des points de secours, munis là, dans la neurasthénie finale. 11 y a du vrai, certes, dans cette expli- Lever du soleil : 5 h. 29 - coucher : 18 h. 21. Lever du soleil : 5 h. 20 - coucher : 18 h. 27. de tout le matériel nécessaire à la marche et à cation de la névrose universelle. Si tant de Lever de la lune : 4 h. 58 - coucher : 16 h. 28. Lever de la lune : 6 h. 40 - coucher : 20 h. 42. la réparation des Appareils, lesquels sont des hydravions. Le jour croît : 2 m. matin ; I m. soir. gens sont perpétuellement de mauvaise Le jour croît : 2 m. matin ; 1 m. soir. Peut-on ne pas payer un tribut d'admirae humeur, c'est parce qu'ils considèrent PASSION : 97 jour + 269. tion et de sympathie aux hommes audacieux e Morphée comme un dieu subalterne et ne Saint FRANÇOIS DE PAULE : 93 jour + 273. Réouverture de l'hippodrome de Long- qui vont entreprendre un tel voyage au nom fréquentent son temple silencieux que le du progrés ? champs. moins possible. On les voit plutôt chez JEUDI 3 AVRIL Course cycliste Paris-Roubaix. Plutus où il y a toujours un monde énorme des nouvelles inventions de T. S. F. Lever du soleil : 5 h. 27 - coucher : 18 h. 23. Lens : importante manifestation sportive et où personne, en dépit de la fable, ne Lever de la lune : 5 h. 24 - coucher : 17 h. 33. avec le concours du boxeur Carpenlier, au ES amateurs, chaque jour plus nombreux, songe à sommeiller. Le jour croît : 2 m. matin ; 2 m. soir. qui s'adonnent à la téléphonie sans fil, profit d'un monument à élever aux morts de Les avides, les ambitieux, les méchants savent qu'il n'est guère possible, actuellement, e jour + 272. la ville. Saint RICHARD : 94 aussi, ne dorment guère... Le sommeil est de faire de la réception en haut-parleur sans un une des preuves de l'innocence, une des appareil à lampes. récompenses de la vertu, une des formes Voici qu'un chercheur, depuis longtemps f de la santé morale et physique. connu pour ses remarquables travaux, l'abbé AUJOURD'HUI DIMANCHE 30 MARS Nous ne redeviendrons raisonnables que Tauleigne, à qui le Comité de la fondation Carnegie attribua en octobre dernier sa grande lorsque nous nous serons détendu les nerfs Au Trocadéro : à 9 h. 30, solennité à la mémoire du président Wi'.son. — Egliss médaille d'argent, vient d'imaginer un nouveau et reposé l'esprit en écoutant les conseils Saint-Lou:s des Invalides : à 10 h. 30, service solennel pour les morts ds récepteur ultra-sensible, avec lequel il est de la bonne, calme et sage Nuit. l'Ar.ronne. — Course de côte motocycliste à Argenteuil. facile d'entendre sans lampes ni accumulateurs JEAN STYLO. J les radio-concerts en haut-parleur. L L LA SEMAINE PROCHAINE * * * O L tamilillli DIMANCHE-ILLUSTRÉ tiiiiiiiiillllllflllIlttflGIlllllllllllltlllflltllliilillieiiita9lllllfllllllltli:illitllciinin:itllllBi 4 Hii:nMn.!iiiniiMniiniuniPMiiHiJi:tMi!niiHi:MiiiM!iMn:ininiiu:iii:uiiMii!itt[iilliMinilliiilii £,E 30 MARS 1924 HUlli LA SEMAINE QUI VIENT DE S'ÉCOULER 13e Semaine de t Année — Reste à courir 39 semaines LE F R A N r A LONDRES L'EXPRESS DE BALE LE CABINET POINCARÉ DEMISSIONNAIRE EST LES ENTRETIENS ENTRE TAMPONNE UN TRAIN LA BAISSE DE LA LIVRE BIENTOT RECONSTITUÉ MM. MAC DONALD DE MARCHANDISES S'EST POURSUIVIE AU COURS DE LA SEMAINE La catastrophe cui s'est produ tz ET DE SAINT-AULAIRE A la suite d'un vote sur la loi des pensions, M. de Lasteyrie avait été mis en minorité. M matin, à la suite d'un vote sur la loi des pensions, avant lequel !e ministre des Finances avait posé la question de confiance, le cabinet, mis en minorité par 271 voix contre 264, dut démissionner. M. Poincaré, avec la plupart des membres du cabinet, se rendit chez le président de la République. Ce dernier insista auprès du président du Conseil pour que le cabinet se représenlât le jour même devant la Chambre. M. Poincaré rédigea la lettre de démission du cabinet. Rappelé le soir à l'Elysée, M. Poincaré remit au lendemain la réponse à la demande qui lui était faite de reconstituer le cabinet. L.a réponse de M. Poincaré fut affirmative. Et le cabinet fut remanié comme il avait été prévu, après que le président du Conseil eut pris l'avis de différentes personnalités poli- L tiques. M. VON KOESCH AU QUAI D'ORSAY ERCREDI LE PRIX DES DENRÉES La hausse du franc a déjà eu pour résultat de provoquer dans les prix de gros de certaines marchandises, notamment des denrées alimentaires, une baisse sensible. M. Naudin, préfet de police, vient de prescrire aux services de surveillance de la préfecture de vérifier, dans tous les quartiers de la capitale, si les prix affichés pour la vente au détail sont en concordance avec les prix de gros. Des sanctions seront prises contre les contrevenants. LA GRÈCE EST EN RÉPUBLIQUE Mardi dernier, i Assemblée nationale grecque a voté la déposition de la dynastie cl l'établissement de la République. La ligne de conduite du nouveau gouvernement consiste dans l'application des traités et la consolidation de la paix, et en conséquence dans l'entente amicale avec tous les pays étrangers. E lle tend, en particulier, au rétablissement d'étroites relations d'amitié et de confiance avec les trois grandes puissances, à l'amélioration de nos rapports amicaux avec l'Etat des Serbes, Croates et Slovènes au resserrement plus étroit de nos relations amicales avec la Roumanie, au développement des bonnes relations avec les deux pays voisins ainsi qu'avec l'Albanie. CN ARRÊTE TROIS ESC RDC S On a arrêté dimanche trois aigrefins dont on suivait la piste depuis quelques jours et qui ont commis pour plus de 2 millions d'escroqueries Ils achetaient des marchandises sans les payer, les revendaient rapidement à bas prix et s enfuyaient. Le procédé étail simple. L'un d'eux, nommé Lambrecht, avait été arrêté i) y a quelques semaines ; mais il ne dénonça pas ses complices, Eugène Cliaize et Deminique Parodi. qui devaient cependant être arrêtes peu après. Les escroqueries commises à Versailles Saint Ouen.PariS. Turin atteignent près de 2.500.000 francs. UNE BIJOUTERIE CAMBRIOLÉE BOULEVARD HAUSSMANN Dans la nuit de lundi à mardi, un cambriolage a été commis boulevard Haussmann 11 bis. Des bandits se sont introduits dans la boutique de bijouterie de M. lsaac Tillèse et ont dérobé pour 400.000 francs de valeurs et bijoux. Quand le bijoutier vint, à 7 h. 30 du matin, il put constater que les malfaiteurs étaient parvenus à soulever le rideau de fer qui clôt le magasin, à découper une glace pour se (aire un passage, et à éventrer à la dynamite le coffrefort contenant des bijoux et des valeurs. Le magasin avait déjà été dévalisé il v a six ans, ce qui n'avait pas engagé le bijoutier à s'assurer contre un nouveau vol. entre Metz et Strasbourg a fait neuf morts et 15 blessés. La question de la sécurité a été envisagée. à 11 h. 30 a eu lieu, au Foreign Office, entre MM. Mac Donald Premier anglais, et le comte de SaintAulaire, ambassadeur de France, un entretien diplomatique dont on connaît les grandes lignes. Le comte de Saint-Aulaire a insisté sur l'impossibilité où se trouve le gouvernement français de renoncer aux gages productifs qu'il a saisis, à moins que les alliés ne s'entendent pour leur substituer des garanties aussi efficaces dans le règlement d'ensemble, dont les comités d'experts s'efforcent de ieter les bases. Au sujet de la question de la sécurité, le comte de Saint-Aulaire a montré que la stabilité du règlement que préparent les experts en matière de réparations, dépendra essentiellement du degré de sécurité que l'on saura donner à 1 Europe. UNDI L'ambassadeui d'Allemagne, M. von Hoescbs'est rendu, samedi après-midi, au ministère des Affaires étrangères, où il a eu un entretien avec M. de Peretti de La Rocca, au sujet des affaires courantes. Il a été question des otages allemands qui furent arrêtés, sur l'ordre du gouvernement français à la nouvelle de l'arrestation du capitaine français d'Armont. attiré dans un guetapens hors du territoire suisse, et qui vient d'être condamné à douze ans de travaux forcés par la haute-cour de Leipzig. LE PROFESSEUR QUIDDE REMIS LN LIBERTÉ D'après les décisions prises par le tribunal populaire de Munich, le professeur Quidde a été remis provisoirement en liberté. L'enquête ouverte contre lui se poursuit. UN DISCOURS DU CHANCELIER MARX L UNDI, à 2 h. 2 du matin, le train international numéro 2 allant de Calais à Bâle, et qui part de Metz à 1 h. 45 pour arriver à Strasbourg à 3 h. 19, a tamponné le train de marchandises 6028 qui s était garé sur une ligne secondaire pour le laisser passer. L'express était composé de trois voitures directes Calais-Bâle, d'un wagon-lits OstendeConstantinople, et de diverses voitures en provenance d'Ostende ou du Luxembourg et à destination de Milan, Bâle ou Strasbourg. Il avait été aiguillé sur la voie de gauche et avait trouvé son disque ouvert. Régulièrement, ce train prend la voie de droite. L'Ostende-Bâle s'engagea sur cette voie et heurta les wagons de queue du train de marchandises. La locomotive de 1 express se coucha sur le côté gauche. Le fourgon à bagare; et celui des postes, ainsi que les deux voitures de troisième classe qui venaient ensuite, furent complètement broyés. Quant au train tramponné, une dizaine de wagons contenant du charbon furent mis en miettes. On retrouva neuf cadavres. Ceux de MM. Jean-Baptiste Camous, soldat à la 50e section technique de télégraphie militaire à Nice ; Gustave-Modeste Carrez, cavalier au 3e hussards, à Strasbourg ; Nicolas Dutreux, mécanicien du chemin de fer du dépôt de Halsbergen ; Henri Baer, serrurier du chemin de fer, 63; rue du Maréchal-Foch, à Hayange ; Jean Weiss, cultivateur à Schleithal (BasRhin) ; Mme Noémie Lambert, née Dumont. marchande foraine, née à Joigny (Yonne), mai? dont on ignore encore le domicile ; M. Camille Ruckly, conducteur du train tamponneur, demeurant à Strasbourg; M. Lamberger, chauffeur aux Sablons qui a succombé à l'hôpital de Sainte-Blandme, à Metz, où il avait été transporté. Les blessés sont au nombre de quinze. Trois d entre eux se trouvaient dans le train de marchandises ; tous les autres dans le rapide. L aiguilleur Farny a été arrêté. Il dormait au moment du passage de l'express. A ELBERFELD Le chancelier Marx, qui est soumis à la réélection comme membre du Reichstag. a ouvert la période électorale en prononçant à Elberfeld un très important discours. 11 y a dit que c'est en exécutant ses obligations que le peuple allemand arrivera à s'affranchir. Le Dr Marx a fait particulièrement ressortir que ces charges sont bien lourdes, mais il n'engage pas les Allemands à les éluder. Et il ajouta que l'on se pénètre d autant plus de la nécessité d'une politique d'exécution que l'on se rapproche des territoires occupés. Ce discours semble indiquer que les Allemands commencent à envisager avec netteté la situation créée par leur résistance. Les paroles du chancelier et celles prononcées le même jour par M. Stresemann à Darmstadt sont dans une nets conciliante, qui paraît s accorder avec les 1 ruits qui courent sur le contenu du rapport des ex ertj. ïJi MORT DU GÉNÉRAL NIVELLE La devise anglaise au-dessous de 80 francs. L A livre, qui clôturait mercredi après Bourse à 84,50 et qui s'inscrivait à ce cours jeudi matin, revenait l'après-midi à 84,13 et accentuait encore son recul, après Bourse, pour finir à 83,97. Le dollar, qui oscillait la veille de 19,63 à 19,72, enregistrait, de son côté, un léger fléchissement. Il clôturait en Bourse à 19,60 et finissait, à dix-huit heures environ, à 19,55. Au cours de la huitaine, la livre continuait son mouvement de baisse, arrêté pendant quelques heures à l'annonce de la crise ministérielle. La baisse reprenait le lendemain d'ailleurs, et l'on atteignait jeudi matin au taux de 79,50, qui passait, vendredi matin, à 79. Le dollar, de son côté, pour moins rapide que soit la baisse de son cours, faisait cependant, vendredi matin 18,38. C'est, on le voit, au cours de cette dernière semaine, une baisse de quelques francs1 sur la livre et de plus de un franc sur le dollar. MEMENTO POLITIQUE 21 mars — 6323 millions, chiffre des nouveaux impôts acceptés par les Assemblées. Il est en excédent de 89 millions sur les chiffres prévus. ÉTRANGER 21 mars — Les employés des tramways et autobus de Londres se mettent en grève. LÉGION D'HONNEUR 22 mars. — Le champion de l'aviation, Sadi Lecointe, est promu officier de la Légion d'honneur. NÉCROLOGIE 21 mart. — Le peintre Cormon, blessé au cours de la journée par un taxi, rue de Rome, meurt dans la nuit : il aval! soixante-dix-huit ans 22 mars. — M Jean Cazelles, sénateur du Gard, meurt à Paris. FAITS DIVERS 23 mars. — A la direction des Domaines et du Timbre du département de !a Seine, rue de la Banque on vole 310.000 francs en timbres de 300 francs. 24 mars — Deux malfaiteurs, qui avalent dévalisé un Russe el lui avaienl vole 103 francs, sont arrêtes rue de la Roquette Ce son! les nommés Bletry et Leblanc — On arrête, rue Aubert, un ingénieur lithuanien qui tentait de changer un faux billet de 20 dollars. Quelques jours après le général Pellé. le général Nivelle, qui fut, après le généra) Joffre, commandant en chef des armées françaises, est mort samedi à son domicile de la rue de la Tour. SPORIS On se souvient du rôle qu'il joua et de la 21 mars — Le Conseil de la Fédération Irança'sc de malchance qu il connut au printemps de 1917, rugby suspend Lasserre, capitaine de l'équipe de France, et qui lui valut d'être très discuté; quelques pour un mois. Motil : une letrre de Lasserre à le Fédésemaines après, il était remplacé comme géné- ration estimée blessante pour celle dernière 22 mars. — Au camp d'Avord, un avion militaire ralissime par le général Pétain. Les obsèques du général Nivelle ont été capote. L adiudant Tessyeux et un civil de ses amis, célébrées, mercredi, au temple de l'Étoile, M Pajot,' sont tués — Le concours hippique commence au Grand Palais avenue de la Grande-Armée. Sur la tombe du des Champs-Elysées. chef disparu, M. Maginot prononça un dis— Le Cross des Cinq Nations est gagné par l'Anglecours, au cours duquel il dit quelle reconnais- terre : le premier français, Mandés, se classe sixième. sance la France devait garder à l'ancien géné— A Rome, le maître Français d'escrime Haussy ralissime. est battu de une louche par l'épéiste ital'en Sassone. Le maréchal Focli assistait à fa rencontre, en compagnie du prince héritier d'Italie et de M Mussolini. LA RÉORGANISATION DES CADRES 23 mars — Le coureur allemand Witlig lait ses débuts au vélodrome Bufialo où il est acclamé. DE L'ARMÉE • — A Berlin, !e stayer français Miquel est. lu' aussi, UN DISCOURS DE M. MUSSOLINI La Chambre a discuté et adopté mardi matin l obiet d'ova lions L Aviron bayonnais bat. en rugby le Racing. A b occasion de la célébration du cinquième le projet de loi sur l'organisation des cadres des par 11 points à 6. anniversaire de la fondation du fascisme. réserves de l'armée de terre. 25 mars — L'aviateur Plenderleith, pilotant un avion M. Mussolini a prononcé, au théâtre Costantzo, Les expressions : officiers de complément amphibie portant M Mac Laren, chef d'expédition, et et V assimilés disparaissent entièrement. le sergent Andrews, quitte Southampton pour la preun grand discours politiciue : " La liberté n'est pas un droit, a-t-il dit, Il n'y aura plus que des officiers de réserve. mière étape d'un tour du monde aérien 11 atterrit dans mais un devoir. Lorsque dans un pays il est La possession de leur grade leur est garantie de le brouillard au Havre II atteignait le lendemain Lyon. permis de faire campagne pour la liberté, c est façon précise. Leurs positions, calquées sur la meilleure preuve que la liberté existe. Le celles de l'officier de l'armée active, sont netteLOIS ET DÉCRETS D'INTÉRÊT GÉNÉRAL gouvernement n'est pas inquiet. Après les élec- ment définies : ils pourront être dans les cadres, PARUS A L' " OFFICIEL tions, le gouvernement fera fonctionner le Par- hors cadres, en disponibilité, admis à l'honoralement pourvu que le Parlement fonctionne. riat. etc. ; ils pourront accéder à tous les grades 25 mars — Arrêté du sous-secrétaire d'Etal des Postes On allégera les charges fiscales du peuple italien. jusqu'à el y compris celui de lieutenant-colonel ; aux termes duquel les limbrts spéciaux des ]tux OlymOn doit e Iler vers l'équilibre budgétaire. On l'identification pour la solde sera complète en piques de 1924 seront mis en vente dans les bureaux de Poste, du avril au 31 juillet inclus. allégera aussi la pression politique. Mais il période d'activité. La principale innovation consiste dans la faut que nos adversaires se résignent au lait création d'un cadre nouveau, celui des " assiaccompli. OJ peut-on vendre ses bijoux dans les " Qui n'est pas avec nous, conclut M. Musso- milés spéciaux , qui ne vaut qu'à l'égard du meilleures conditions ? lini, est contre nous. Il faut aller de l'avant. Il personnel spécial de l'établissement ou du service auquel appartient le gradé, étant entendu faut faire l'Italie grande, voilà le but du fasONSULTEZ M. Mazer. qui achète tous que l'emploi civil, occupé en temps de paix par cisme auquel nous ne faillirons pas. bijoux, brillants, perles, or, argenterie, etc., " Au cas cù la nécessité l'imposerait, toutes un officier de réserve, ne lui donne pas le droit à des prix inconnus. Bureau d'acliats, les chemises noires se lèveraient et nous ferions d'écarter un emploi dans les unités combat- 48 rue Richer, au deuxième étage. To»'es ce que nous n'avons pas fait en octobre 1922. " tantes. expertises gratuites (12" année). C HIIIIIIIII L£ 30 MARS 1924 uuiiiiniiiiii n iiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiii LES 5 ROMANS •■■■■■uiuiiiiiHMiiiiiiiiHiiiiiiiiHiiiiHiiiiiiiiuiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii DE LA DIMANCHE-ILLUSTRÉ mimn» VIE LE PEINTRE REMBRANDT PRINCE DES TÉNÈBRES par FUMCK-BEENTÂ Ce peintre unique, ce maître prestigieux de l'ombre et de la lumière, dont les tableaux sont autant de merveilles, méritait de trouver sa place ici, car sa vie, comme son œuvre, fut d'un intérêt puissant et sans cesse renouvelé. La postérité nous dit ce que fut l'artiste. L'historien Funch\-Brentano Va nous dire ce qu'était l'homme. REMBRANDT, par lui-même s'accorde aujourd'hui à considérer Rembrandt comme le plus grand peintre que le monde ait connu : la magie de la lumière répandue dans ses tableaux est enchanteresse ; c est un soleil divin, qui a brillé dans son génie, car vous le chercheriez en vain dans les jeux de la nature. Ce titre " prince des ténèbres " lui a été donné par ses contemporains, et à propos de son œuvre la plus célèbre, la fameuse Ronde de nuit. Rembrandt naquit en Hollande, à Leyde, le 15 juillet 1606, sur les bords du Rhin. Son père était meunier et sa mère fille d'un boulanger. La Hollande sortait de ses grandes luttes contre l'Espagne pour son indépendance, et allait entrer dans une ère de prospérité admirable, singulièrement favorable aux arts. Le moulin paternel se dressait sur les bords du Rhin, proche de son embouchure et, de cet emplacement, était appelé " van Riju ", c'està-dire " du Rhin ", désignation qui devint le nom de famille de notre artiste, car " Rembrandt " était son prénom. Enfant de dix ou douze ans, le petit Rembrandt se lia d'amitié avec le fils d'un brodeur du voisinage, nommé Jean Liévens. Ce dernier avait de grandes dispositions pour le dessin et trouvait son plaisir à crayonner, du matin au soir, dans l'atelier paternel où des figures de rêve naissaient du métier du brodeur, parmi les fleurs et les verdures décoratives : aussi l'atelier Liévens devint-il pour l'enfant du meunier un lieu de délices où se forma sa vocation. Rembrandt et Liévens apprirent de compagnie le métier de peintre qui était alors un métier véritable, soumis à toute la réglementation des corporations ouvrières. La ville de Leyde possédait quelques artistes de valeur et, à la foire annuelle, les deux jeunes gens, Rembrandt et Liévens, vendaient pour quelques stuivers — nous dirions pour quelques sous — les gravures sorties de leur presse, en une petite baraque en plein vent, semblable à celles que nous voyons sur les boulevards à l'approche de Noël et du jour de l'An. Un tableau que les jeunes artistes firent en collaboration, la Présentation au Temple, aujourd'hui conservé au Musée de La Haye, attira sur eux l'attention des connaisseurs. Liévens fut appelé à la cour du roi d'Angleterre et Rembrandt fui mandé à Amsterdam pour une commande importante, la célèbre Leçon d'ahatomie, également conservée aujourd'hui au Musée de La Haye. N Leçon d'anatomie, peinte par Rembrandt à vingt-six ans, se composait en réalité d'une série de portraits groupés autour du professeur de chirurgie Nicolas Tulp, faisant une démonstration à ses élèves sur le cadavre d'un supplicié. Le succès en fut prodigieux. Tout le monde, disent les contemporains, voulait avoir des portraits ou des tableaux à la façon de Rembrandt. Nombreuses furent les personnalités qui vinrent poser devant le chevalet de l'artiste, et, entre autres, une jeune et charmante Frisonne — on veut dire : originaire du pays de Frise : Saskia van Vilenburgh. Vilenburgh se traduirait en français par " le château aux hiboux ". Elle appartenait à une famille noble et riche. Son père, conseiller à la cour de Frise, avait assisté aux derniers moments de Guillaume le Taciturne, assassiné par Gérard le Bourguignon. Le modèle s'éprit de son peintre et le peintre de son modèle, si bien qu'ils devinrent mari et femme le 26 juin 1634. Le fils du meunier de Leyde épousait une jeune fille charmante, d'une des plus belles familles du pays et qui lui apportait en dot 40.000 florins, près d'un million de francs d'aujourd'hui. Rembrandt et Saskia firent très bon ménage. Ils s'aimaient beaucoup. Le peintre a immortalisé les traits de sa femme en dix chefsd'œuvre. Le ménage était dans une large aisance : Rembrandt, au milieu d'une répu-i G mm J tation grandissante, gagnait beaucoup d'argent, quand, tout à coup, dans la vie de notre artiste, le ciel s'obscurcit pour tourner rapidement aux plus affreux orages. Rembrandt travaillait dans la solitude, il était d'un abord farouche. Il peignait et gravait en grand mystère, avec des procédés qui n'appartenaient qu'à lui. C'était, tout autour de lui, un arsenal d'outils bizarres, de brosses singulières, de burins et de calâmes inconnus, de chiffons et de petits tampons imbibés d'essences mystérieuses pour les frottis, de vernis aux reflets étranges et dont la senteur vous prenait à la gorge quand on entrait. Sale, le plus souvent, sa longue blouse noire, la culotte même zébrées de couleurs diverses, car, dans l'ardeur du travail, il y essuyait ses brosses pour plus de commodité. On eut dit un alchimiste. Au reste, il fréquentait des personnages aux allures suspectes et qui ne " disaient rien de bon " aux bourgeois rangés, paisibles et ordonnés, qui composaient la société d'Amsterdam. Ajoutez que l'intérieur même de Rembrandt apparaissait comme un taudis d'antiquaire : tableaux, gravures, vieux meubles, glaces vénitiennes, bibelots de toutes sortes et quelques-uns des plus singuliers, armures ciselées et damasquinées, velours et brocarts, cuirs d'Orient et de Cordoue, animaux empaillés, pierres hrillantes, coquillages aux formes tarabiscotées. Le tout en désordre et rempli de poussière. Dans l'acquisition de ce bric-à-brac formidable, mêlé d'œuvres'd'art précieuses et de merveilleux tableaux, Rembrandt dépensait des sommes considérables. D'autre part, l'artiste avait la manie de la spéculation, des spéculations les plus compliquées et les plus aventureuses, comme notre grand Balzac, avec lequel il a eu d'ailleurs bien des rapports. Rembrandt va jusqu'à équiper des vaisseaux qui font le commerce des mers. La famille de Saskia commence par lui faire des procès, lui reprochant de dilapider la dot de sa femme. Rembrandt, habile à peindre, est inhabile aux finesses du Palais. Des quatre enfants que lui donne sa jeune femme, les trois premiers meurent l'un après l'autre ; seul, le dernier, un garçon, Titus, survit : encore sa santé est-elle délicate. Enfin, le 19 juin 1647, Saskia elle-même descend dans la tombe ; elle avait à peine trente ans. Rembrandt perdait sa femme chérie, qui avait été le rayon de son foyer, il la perdait l'année même où il produisait sa fameuse Ronde de nuit, son œuvre la plus célèbre, la plus importante, la plus intéressante sans aucun doute. Mais autant les Leçons d'anatomie avait eu de succès, autant la Ronde de nuit suscita de critiques et d'attaques violentes. " Prince des ténèbres " l'appelait-on, dans un esprit de dénigrement, pour critiquer et sa vie bizarre, cachée, mystérieuse et les ombres de ses tableaux, sombres et profondes d'où la lumière jaillissait comme d'une région inconnue. La compagnie des arquebusiers, qui avait fait la commande, et son jeune capitaine, Banning Coq, firent entendre les protestations les plus vives et, par un de ces revirements auxquels la faveur du public n'est que trop sujette, elle se détourna de l'artiste, encensé jusqu'à ce jour, pour faire place au dénigrement, au dédain, à l'abandon. Rembrandt a choisi pour nourrice à son petit garçon une certaine Geertghe Direx, une demifolle, qui se répandra sur son maître en calomnies perfides, dans la vue de se faire épouser, ce qui produira un nouveau procès dont Rembrandt sortira, il est vrai, à son honneur. ETTE UN CHEF-D'ŒUVRE DE REMBRANDT : L'ERMITE EN PRIÈREJ REMBRANDT ET SA FEMME Au cours du procès on avait entendu la déposition d'une jeune paysanne de vingtdeux ans, Henriette Stoffels ; elle deviendra la compagne de Rembrandt et lui sera une femme dévouée, bonne et aimante. A Titus, elle servira de seconde mère. Rembrandt reproduira, sous les aspects les plus divers, la douce et bonne expression de son regard, le charme de son tranquille sourire. TVTOUS arrivons ainsi à l'année 1656, date terI ^ rible dans la vie du grand artiste. Les navires que Rembrandt avait frétés sont pris par des corsaires ; ses créanciers l'acculent à la faillite. En pleine rue, devant une porte d'auberge, tout ce que Rembrandt possède de précieux : les œuvres d'art, les tableaux, les estampes, les meubles de valeur sont mis à l'encan et ses propres œuvres. Le tout est enlevé à vil prix et ne couvre pas la moitié de la créance. La maison même où il demeure est vendue. Rembrandt, chassé de chez lui, cherche asile d auberge en auberge : il est pauvre, il est l'être pitoyable sur lequel s'acharne la société. Mais, dans la déroute, l'artiste de génie se retrouve tout entier. II n'a plus d'autres modèles que Henriette et Titus, et lui-même. II est dans la misère, dans le dénûment mais, sous son pinceau, Henriette, Titus et luimême se parent d'atours resplendissants ; Henriette devient une princesse des pays fabuleux, Titus un jeune seigneur couvert d'or et de brocart, lui-même apparaît en prince, en boïard ou en roi. Et le vide se fait de plus en plus grand autour de lui. Rubens vient en Hollande. II tient à rendre visite à tous ses confrères, les peintres hollandais ; il n'en néglige qu'un, le plus grand, un peintre beaucoup plus grand que lui-même, il ne néglige que Rembrandt. Et voici qu'Henriette meurt en 1663; Titus, qui, sous la direction de son père, promettait de devenir un peintre de talent, meurt en 1668. Rembrandt reste seul en tête-à-tête avec son génie, indomptable, indompté, car il peint toujours et_ d'un pinceau de plus en plus puissant. N'ayant plus de modèle, il se peint lui-même, ridé, attristé, désenchanté, avec ses grands yeux profonds qui vous regardent jusqu'au cœur. Enfin le pauvre grand homme meurt lui-même, le 8 octobre 1669, à soixantetrois ans. Un inventaire dressé à son décès constate que " Rembrandt van Riju, peintre sur le Rozengracht (canal aux roses), ne laisse rien qui lui appartienne, sauf ses vêtements de laine et de toile et ses instruments de travail ". L'œuvre de Rembrandt est immense, il n'en est pas qui puisse lui être comparée : plus de 600 tableaux, plus de 1.500 dessins, 275 eauxfortes. De lui date la peinture moderne : il est le véritable créateur de la gravure à l'eau-forte telle qu'on la pratique aujourd'hui. Nous ne dirons pas que les œuvres du grand artiste, qui mourut dans la misère, se couvrent d'or : car il y faudrait des superpositions de pièces d'or, pour réaliser les sommes où ils sont poussés dans les ventes publiques. Et, comme ses tableaux et ses estampes, la vie même du plus grand de tous les peintres nous apparaît comme un chef-d'œuvre, en une constante et indéfectible poussée vers le mieux. A travers tant d'épreuves, de soubresauts, d'angoisse et de secousses violentes, d'inconséquences aussi, et de caprices d'enfant et d'infortunes parfois méritées, l'artiste n'a jamais laissé fléchir son rude effort vers l'idéal qu'il avait devant les yeux. D'année en année, sans arrêt, sans reflux, l'œuvre se déroule avec la puissance d'un grand fleuve, pour arriver à la fin de son cours, en une ampleur, une magnificence et un calme comparables à ceux du Rhin immense, au bord duquel le peintre était né, qui lui avait donné son nom, et qui terminait sa longue carrière en se perdant avec une majesté souveraine dans les flots de l'Océan. FUNCK-BRENTANO. nu» DIMANCHE-ILLUSTRÉ imiiiHiniiHi iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiii LES Dinaiiiiiiiiinii i miiitii g M ll ,l,HI 'iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiimiiiMiiiiii»i<iii>'i""i'>' <' "" CONTES ' LE 30 MARS 1924 •■■■mmn D'ACTION LE RAID DU CAPORAL SWEENEY, DESERTEUR par J 'vAIS attraper cinq ans, cinq ans au moins. La terreur, imprécise jusqu'alors, commença de prendre corps. — Cinq ans ! Cinq ans ! murmurait, à la cadence de son pas, le caporal Sweeney. Cinq ans ! Cinq ans ! semblaient répéter les pas de l'autre prisonnier, ceux de l'homme de garde et ceux du jeune lieutenant, tandis qu'ils se dirigeaient, par la route des Chinois, vers le poste de police du camp américain. Le caporal s'aperçut qu'il bredouillait tout haut, quand l'autre prisonnier lui dit, avec un geste furieux : — Je le sais bien, et moi aussi, j'en aurai iour cinq ans. Mais, nom de..., je risquerai e paquet, je vais filer ! — Tu es le pire idiot de tout Pékin, si tu fais cela, répondit le càporal. Et où qu'c'est que tu voudrais aller ? Y a pas d'endroit où... 11 se tut brusquement et tourna la tête. L'homme de garde et le lieutenant étaient sur leurs tarions, mais, dans le brouhaha de cette artère encombrée, leur conversation n'avait pas été entendue. La foule agitée se précipitait d'un mur à l'autre, comme un torrent dans une vanne de moulin : c était un grouillement de marchands chinois s enfuyant en désordre devant un convoi de wagons allemands, tandis que, dans leur sillage, une troupe de lanciers bengalis s'avançaient à grand fracas insouciant. Le caporal murmura de nouveau à l'homme qui grondait tout bas, près de lui : — Y a rien à faire. On est sûr d'être pincé avant Tientsin. Pense plus à ça, espèce de toqué... Un cri à son oreille lui fit faire un saut de côté, et il vit l'homme de garde, bousculé par le flanc d'un chameau porteur, perdre l'équilibre, tandis qu'une rove de charrette le frap>ait par derrière. Le fusil chargé tomba sur e trottoir aux larges dalles inégales. L'autre prisonnier, au fracas de la chute, comprit que c'était la chance qu'il cherchait, et, sans même songer à faire un crochet dans une des tortueuses ruelles voisines, il s'élança en plein milieu de la route des Chinois, et la foule saisissant, comme d'instinct, ce qui se passait, s'ouvrit devant lui, éparpillée par l'épouvante. Le jeune lieutenant fit sauter son revolver de l'étui et tira, au jugé, à trente pas, sans beaucoup s'inquiéter s'il y aurait un Chinois à portée de son projectile. • Au coup de feu, le fugitif sembla trébucher, puis se reprendre ; il courut encore quelques pas, se faisant de plus en plus petit, et s'affaissa dans la boue immonde du ruisseau. Le lieutenant, immobile, l'œil encore fixé sur le canon du revolver, considérait sa victime ; l'homme de garde avait ramassé son fusil boueux et, subitement Ï { RALPH D. PAINE de Pékin, sans arme et sans le sou comme il était, avec, pour bagage, cinq mots de chinois, un triple sort le guetterait : ou bien il mourrait de faim, lentement, ou il se ferait Ralph Paine nous ramène au temps de l'insurrection des ramasser par un avant-poste étranger, ou bien Boxers chinois. Le caporal Sweeney, qui fait partie il tomberait parmi des indigènes hostiles. Il était aussi incapable de quoi que ce fût qu'un du corps expéditionnaire américain, n'est pas, tant s'en homme abandonné sur un radeau en plein Océan. Les peines qui l'attendaient, s'il était faut, d'une honnêteté à toute épreuve. Mais on lira ses pris ou s'il se rendait, lui paraissaient pires aventures avec intérêt et leur fin logique non sans émotion. que n'importe quelle mort, car le caporal Sweeney avait été un bon soldat, habitué à la rude vie au grand air. J La honte le torturait, et il souffrait tour à tour chacun des destins qui le menaçaient. ému, près de s'évanouir, il regardait ce sol- feutre. Il revint vers le lieutenant, exténué Cependant, après avoir grelotté trois heurts dat de son régiment devenu, en un instant, et fort désappointé. L'officier était penché dans sa trappe, il eût accueilli de grand cœur quelque chose qui avait l'air d'un rouleau de au-dessus du corps de l'autre prisonnier, et la plus petite chance de fuite à l'air libre, loin couvertures plié en deux sous les pieds de la sur sa figure jeune et haute en couleur se lisait des murs de cette cité de cauchemar. j populace chinoise. un vif chagrin. Vers minuit, le caporal Sweeney, épuisé, Ils avaient, tous deux, oublié le caporal, — J'ai trouvé une charrette vide, dit-il tomba dans le coma, mauvaise caricature du et celui-ci, près d'eux, assistait à la pitoyable à l'homme de garde. Aidez-moi à porter ce sommeil. Un grattement à la porte en papier tragédie, les poings crispés. On eût dit qu'ils pauvre diable jusqu'au camp. Il n'a plus besoin et un susurrement d'une voix de fausset le posaient tous les trois pour un tableau mili- de médecin. Quant à Sweeney, il ne peut pas réveillèrent. D'un bond il fut sur ses pieds taire. Mais,, presque aussi vite que la mort fuir bien loin. II se cache dans la section amé- et il lança dans le noir son poing, qui passa qui avait délivré le prisonnier en fuite, il était ricaine et je vais faire téléphoner par le maré- au travers du fragile panneau et atteignit passé sur celui qui restait comme un désir chal-prévôt de l'état-major ; la garde balayera quelque chose qui céda et qui se mit à gémir : frénétique de courir. Il savait combien toute le district de bout en bout. L'homme sera — O.w.w... Â-i-i ! Moi, maître, You Han. possibilité de liberté était éloignée, combien capturé avant demain matin. Ça va, y a moyen va bien. désespérément petites étaient les chances de Le déserteur étendit son bras musculeux, ne pas être repris, mort ou vif. Mais le refrain saisit une poignée de vêtements flottants et des " cinq ans ! cinq ans ! " lui martelait le ramena le visiteur à l'intérieur d'un geste crâne. L'occasion naquit du sacrifice involonA même réflexion vint à l'esprit du fugitif, brusque. Puis, essayant d'étouffer sa voix taire de son compagnon. quand, le cœur battant, les jambes molles, rauque : Le caporal n'avait pas conscience de vou— Oh ! mon gentil petit gars aux yeux il entra dans une petite cour, très loin au loir ce qu'il faisait : quelque chose l'entraî- c œur de la ville chinoise, et qu'il se laissa tomber allongés. Et comment que tu m'as déterré ? nait à toute vitesse ; il fit demi-tour et enfila dans le fond d'une chambre obscurcie par Jusqu'à présent, je ne m'étais jamais senti la première ruelle qui se présenta devant lui. la fumée. On était si près dé la chute du jour envie d'embrasser un Chinois, pourtant. MainUn joug de colporteur lui heurta si fort l'épaule, que le maître du logis, ne reconnaissant pas tenant, tu vas me sortir de là, ou bien je te qu'il se crut atteint par la balle qu'il attendait ; ce brusque visiteur, se recula avec un cri du casse les reins sur mon genou. J'suis flambé, les cris d'un marchand de sucreries, à l'entrée petit brasero, dont il essayait de ranimer la cette fois ! Vas-tu me vendre pour avoir la de la ruelle, lui parurent la clameur de la pour- chaleur pour la nuit. récompense ? suite ; mais le lieutenant et l'homme de garde Le gamin, un gosse abandonné, mourant — C'est moi... moi encore... revenu. Le ne s'étaient retournés que pour voir la traînée soldat américain... Ne me dénonce pas, si de faim, que le caporal avait ramassé dans le de Chinois culbutés, qui indiquait le sillage des hommes viennent me chercher, fit le capo- pillage d'un village pendant la marche sur du prisonnier fugitif. L'homme de garde bon- ral hors d'haleine. Pékin, essaya de dire ce qu'il savait en un anglais dit à sa poursuite, mais il donna bientôt du Le Chinois fit oui de la tête sans prononcer indigène pénible, interrompu fréquemment front contre un mur. Entre le mur et la route un mot et se glissa dehors. Sweeney faisait par les exclamations de son maître. 11 avait des Chinois, trois allées débouchaient à droite, des efforts pour reprendre sa respiration ; appris que le caporal était en retard d'un jour, et à gauche; au hasard, il courut^.vers la plus l'odeur du gaz de charbon le suffoquait. Il fit au camp, et il était parti ce jour-là de grand proche. un trou dans le mur de papier huilé et aspira matin, pour le retrouver. Puis était venue Quelque part, au delà des maisons entassées, à pleins poumons l'air pur de la nuit froide. la tragédie, la fuite, dont les nouvelles étaient on entendait le claquement de pieds chaussés C'était de ce taudis qu'il était parti la veille, arrivées au camp avec le cadavre du soldai de cuir, dont le staccato précipité indiquait quand, après avoir bu pas mal de bière japo- Smathers. You Han avait entendu le nom de la piste du déserteur. Mais le poursuivant ne naise, il avait acheté et mis sous son bras un Sweeney répété dans les conversations surexciput trouver d'issue pour contourner ou tra- demi-litre de samshu, breuvage .meurtrier tées de la compagnie, et, bribe par bribe, il verser l'obstacle. Quand il entra enfin dans qui rend fou et qui avait été la cause 8e la chute s était fait une idée de ce qui était arrivé. Il la rue qu'il cherchait à atteindre, il n'y avait du caporal Sweeney. Et maintenant, le malheu- avait fouillé les cantines, les maisons de thé, plus en vue le moindre manteau bleu dans la reux essayait de se rappeler ce qui s'était passé les tripots, du camp au mur de la ville tartare, foule, et le seul bruit qu'on perçût était le bruit dans les vingt-quatre heures qui avaient pré- jusqu'à ce qu'il eût enfin retrouvé la piste, ouaté des chaussures indigènes à semelles de cédé sa marche ignominieuse sur la route des grâce aux indications des groupes au coin des Chinois, aux côtés de l'autre prisonnier. Il rues sur le " fou de soldat échappé ". savait qu'il avait dépassé la durée de sa permission, mais ce n'était rien en comparaison de l'esclandre qu'il avait causé à la cantine de la rue des Légations. Un officier américain E caporal arrêta court le récit, car il ne était entré, attiré par le bruit, et le caporal se tenait guère à entendre l'histoire de sa revoyait confusément en train de couvrir chute dans cet abîme sans fond ; d'un d'injures et d'affreux jurons son officier supé- autre côté, il mourait d'envie de savoir de quelle rieur et se débattant pour aller " lui démolir façon il allait en sortir. You Han avec lui, la figure ". Puis il s'était enfui et avait été c'était l'espoir reconquis du plein air, de la ramassé un peu plus tard par le lieutenant campagne, où l'on marche librement au hasard, qui avait tiré, au retour vers le camp, sur le sol- sans s'inquiéter de ce qu'il y a au bout de la dat Smathers et l'avait tué. route. Il n'avait pu songer sans frémir à fuir, Le caporal quitta le trou du mur en papier seul parmi des millions de mystérieux étranet s'allongea sur le plancher, la blouse bleue gers. You Han, chien fidèle, était le compad'un Chinois roulée en guise d'oreiller pour gnon rêvé pour un soldat américain toujours poser sa pauvre tête endolorie. disposé à commander. Le petit Chinois ne — Et cinq ans de plus pour tentative de comprenait pas la conduite du soldat, mais, au fuite, grogna-t-il péniblement. Moi qui avais lieu d'en être choqué, il en ressentait une vive deux beaux engagements derrière moi ; et admiration. A cette heure, son seigneur venait les galons qu'j'devais avoir dans six mois... d'accomplir un acte encore plus extraordinaire Oui, une ceinture. J'n'ai jamais passé au conseil que d'habitude, puisque la mort seule pouvait de guerre. Et tout ça par la faute de ce damné en être la conséquence. Et puis, You Han samshu. Aussi, c'est bien fait. Est-ce qu'un savait ce qu'était le samshu, et il faisait au chrétien devrait faire l'imbécile avec les liqueurs démon sa part. Seul, le ton nouveau, l'humilité des païens. Ils vont me tirer d'ici en un rien de la demande, presque une supplication, de temps. Sainte Vierge ! Où est-ce que je inquiétait le petit esclave. Le caporal Sweeney pourrais bien aller ? secoua ses épaules pour jeter à terre le manteau Le soldat déshonoré se retourna, tandis de peur qui le faisait frissonner depuis trop qu'une nouvelle crainte l'assommait.longtemps, et d'une voix encore mal assurée, — Le porc de Boxer qui tient cette bou- avec de petites toux convulsives pour retrouver tique d empoisonneur, il va me " vendre " son souffle, il donna des ordres à You Han : dès qu'il entendra parler de cette histoire, ' - Toi trouver charrette Pékin. Vite, vite, là-bas sur la route des Chinois. vite, chop, chop, dépêche, sabee ? As-tu de La peur panique lui entra dans le sang et l'argent sous tes robes de femme ? dans les moelles, et il se débattit contre elle You Han eut un sourire épanoui, qui lui dans le noir. Il ne savait de quel côté se tour- coupa la figure en deux avec un bruit de parner. Impossible de se cacher parmi les Chinois, chemin qu'on déchire ; il plongea dans un en ville, et quant à prendre ouvertement la repli et un tintement d'argent fut la réponse. route, c'était la capture sans phrase à Tientsin Puis il disparut, et le déserteur, instantanéLe jeune lieutenant fit sauter son revolver de l'étui et tira, au jugé, à trente pas, ou à Taku, à supposer qu'il pût fuir aussi loin ment, fut submergé par le flot amer de ses tans beaucoup s'inquiéter s'il u aurait un Chinois à portée de son projectile. vers la côte. S'il s'en allait au hasard autour terreurs de toiites espèces. 11 lui sembla qu il * * * L * * * L iinimiiii LE 30 MARS 1924 i uiiiinmni mliwiimutmi mmiinwiiiiiiiu IIIIIIMIH m "\ ituiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuniuiiiiiiiiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiniiiii DIMANCHE-ILLUSTRÉ '""""» s'écoulait des_ années avant qu'il entendît.Petits essais malins, pour le reconquérir à luidans la cour, les clameurs aiguës d un essieu ' même. Au premier pas dans cette voie, il cria : rouillé de charrette, accompagnées d'un bruit " Toi y moyen regarder voir, maître 1 ' et de harnais. You Han se glissa dans la soupente, il tira de dessous la charrette Un fusil Krog puis, traînant presque je caporal jusqu'à la avec sa baïonnette et sa cartouchière. A cette charrette, il l'aida à grimper à quatre pattes vue, le déserteur redressa les épaules, bomba sous la capote d'étoffe, avec ces mots : la poitrine et, dans son élan de gratitude, il ;— Charrette appartenir cousin ; pas payé talocha si fort son "bienfaiteur que le pauvre lui. Vous, restez au fond. Nous va campagne. gosse en eut la tête meurtrie pendant tout le Comme la charrette avançait en cahotant reste du jour. dans l'allée, l'homme caché sous la bâche enten— Nuit dernière, quand cherché charrette, dit au loin, faiblement, le bruit de sabots de moi trouvé moyen courir au camp, pleurnicha la cavalerie sur la terre gelée. Ils approchaient, You Han ; trouvé fusil dans tente de maître. et le fugitif s'aplatit sous une pile d'étoffes Tout noir. Sentinelle, poum ! pas touché. ouatées ; la sueur lui roulait en grosses gouttes Ça bon, remercié le diable. sur la figure. Quelques instants après, il dis— Bien ! mon beau p'tit bijou d'Asie à tinguait jusqu'au cliquetis des sabres et au vingt-quatre carats I T'es la plus jolie ébauche craquement du cuir des selles ; la patrouille d'homme blanc qu'on ait jamais, par érreur, enfila une rue de côté, si près de la charrette reliée en cuir jaune. Maintenant, il m' semble cahotée que le déserteur entendit nettement que, dans le temps, j'ai été un homme. Passela voix d'un cavalier du 6e : moi un chiffon et un peu de cette vieille graisse — On gèle par cette sale nuit ; tout ça pour de cuisine ; laisse-moi de la place sur la charaller fourrer son nez dans tous les trous à rats rette, je vais faire mon ménage à fond. de Pékin et retrouver ce fichu animal de John You Han grimaça un sourire et entonna, Sweeney. Je me demande comment il a pu sur un air de complainte, une interminable en arriver à ce point-là. chanson où il était question d'une jeune fille La réponse se perdit, car le cœur du déser- nommée " Petite brise grasse de printemps teur battait si fort contre ses côtes et faisait parfumé ", qui vivait dans le " village du magisun bruit tel qu'il empêchait d'entendre jus- trat sage et bienveillant ". La ballade s'élevait qu'au fracas de la cavalerie. You Han mit la de plus en plus aiguë, tandis que le chanteur mule au galop sans dire un mot, sauf une fois, regardait le caporal marcher en avant d'un en se penchant sur la voiture : pas balancé, le fusil bien posé sur l'épaule — Samshu, pas bon, maître. Plus jamais ! dans son creux accoutumé, le dos aussi droit Boire de l'eau. Ça aller bien. qu'une planche. You Han fut encore plus joyeux quand son maître fit demi-tour sur £ fc * le talon et lui cria avec, dans la voix, la rudesse du terrain de manoeuvres : u jour, la charrette avait passé le mur — Ferme ça, gringalet ! L'essieu de la charextérieur de Pékin, se dirigeant vers rette chante mieux que toi I l'ouest à l'aventure, ainsi qu'un vaisUne aigre bise soufflait du nord, de la SibéEn se traînant sur les poignets, l'enfant loucha à nouveau le cnpora! et seau désemparé sur des mers inconnues. rie, tandis que le soleil brillait, haut dans un essaya de smdever cette lourde masse, puis de lui parler dans un gémissement inarticulé. Le. conducteur fit comprendre au déser- ciel sans nuages. Le déserteur oublia presque teur que le dernier avant-poste étranger était complètement sa lassitude et se surprit à siffler You Han et un peloton de coureurs du Yamen le caporal John Sweeney gratta sa tête fraîpassé et qu'il allait pouvoir descendre et mar- le " rassemblement ", mais il s'arrêta court qu'il reconnut au gland rouge de leur chapeau chement tondue et se creusa l'esprit sur sa avec- un gémissement. cher sans crainte. plat. Ils montaient de petits rats de poneys propre identité, Tandis qu'il se pelotonnait Vers la chute du jour, le mur d'enceinte tout efflanqués, et derrière, une foule de villa- sur le " kang " de briques chaudes, c'était r A demi gelé, meurtri par les heurts et les secousses — la charrette n'était pas suspendue d'un village se silhouettait comme une île geois, à pied, et une horde de petits enfants un déserteur assez réconcilié avec son sort. et le toit n'était pas élevé — affamé, harassé, rocheuse sur la plaine unie. You Han arrêta braillards. L'Américain saisit son fusil et, '■— Ça m'en bouche un coin de croire que le soldat descendit de son ignominieuse ca- un passant déguenillé et, le traitant diploma- embusqué derrière la charrette, il hésitait c'est vrai ! Epatant, il y avait encore des michette et, péniblement, sans prononcer une tiquement de " remarquable frère aîné ", il entre s enfuir ou faire feu. Les cris aigus de racles en magasin, murmura-t-il tout endormi. parole, marcha le long de la route aux larges lui arracha quelques renseignements : ce qu'ils You Han le rassurèrent. Puis il fut emporté ornières. A un moment, You Han, quittant voyaient là était une grande ville, résidence par une foule pleine d'admiration, dont les la route, dirigea l'attelage à travers les cours du gouverneur du district. La chanson du dos se courbaient en signe de respect et d'homd'un temple en ruines et l'arrêta à l'abri d'un village du magistrat bienveillant et sage avait mage ; il n'était pas jusqu'aux moutards minusUSTE à l'aurore, il se réveilla. On entendait autel de marbre. suggéré à You Han une inspiration dont l'au- cules qui ne tombassent sur leur petit nez une clameur confuse dans la cour, des voix — Nous manger, maintenant, dit-il. dace lui coupait la respiration. Mais il s'y camard en essayant de " faire kotow ". et des bruits de chevaux se hâtant et s'agiL'idée du déjeuner ranima un peu le cœur accrocha sans broncher, et quand ils furent Les boutiquiers laissaient là leurs marchan- tant. Puis le papier du mur à treillis se perça et du caporal. 11 ne savait d'où le repas allait à un mille de la porte du mur, il dit au déser- dises, les vieillards, sur les seuils, étaient leur un doigt brun passa au travers.Toutes les tervenir, mais il en avait fini avec les étonne- teur : pipe de leur bouche, tandis que la procession reurs du réfugié lui revinrent en escadrons ments, et le petit Chinois avait le plein com— Toi attendre, moi aller regarder voir. emplissait les petites rues ét que le déserteur, renforcés. Le fusil à la main, il ouvrit violemmandement de la misérable expédition. You à cheval, tel un héros, arrivait au Yamen. Dans ment la porte. Un troupeau de marchands * * * Han se glissa dans la charrette et sortit un la cour, d'autres serviteurs attendaient pour de poneys se formait pour le départ matinal fourneau à charbon de bois, du poisson séché, conduire le bienveillant général étranger aux vers Pékin, et un palefrenier, le visage collé des pommes de terre et une théière.^ A mule se mit à paître sur le bord de la appartements préparés pour lui. Il y avait du au mur, essayait d'attraper un aperçu du noble — Li y a moyen cousin à moi. Li tient bouroute ; le caporal s'étendit de son long à feu dans le " kang " de briques — plate-forme étranger. C'était tout. Mais le déserteur revit tique, payer plus tard, dit l'enfant avec ce côté, et la brave petite silhouette, vêtue de où l'on couche — et à la disposition du nouvel la chambre enfumée dans la " ville chinoise ". qu'on aurait pu prendre pour un clignement cotonnade bleue, continua le chemin jusqu'à la hôte, empilés sur une table, des poulets, des Il revit les cavaliers du 6e le frôler presque dans malicieux de paupières. ville. You Han songeait que tout lui était étran- œufs, des fruits, des pommes de terre, ainsi sa fuite. Le convive illustre redevenait le fugiYou Han reprit la marche sans consulter ger, là-bas, et cela lui serrait le cœur. Il passa qu'une robe doublée de fourrure. You Han tif courant sans savoir où la peur des " cinq son maître. Pendant plusieurs milles la char- le mur d'enceinte, découvrit le " Yamen " disparut et le fugitif s'assit, muet d'étonne- ans, cinq ans au moins " le conduirait. rette côtoya le pied d'anciennes fortifications ; du gouverneur du district, et ce dignitaire ment. Bientôt You Han revint annoncer que D'un coup de pied, il remit debout You l'homme rongeait son frein en silence ; le consentit gracieusement à voir l'importun le magistrat serait inexprimablement heu- Han, qui dormait, et la charrette fut sous presgamin roulait de vastes projets dans son cer- pèlerin. You Han fit son " kotow " en la pré- reux de recevoir le personnage de marque sion aussitôt que la mule eut mangé. veau placide. You Han allait s'apprêter à jeter sence émotionnante du dignitaire, dans la dans la soirée, et la seule raison, s'il ne l'avait — Nous ne sommes qu'à trente milles de à son grand ami quelques mots de consolation, chambre d'audience toute dorée, et d'une pas invité à dîner, c'est qu'il savait que son Pékin, grondait le caporal. Et la cavalerie caraquand le déserteur, qui marchait un peu en voix balbutiante parfois, mais monotone et hôte préférerait sa nourriture préparée par cole, pille, pacifie et distribue des bénédicavant, s'arrêta net, les pieds dans ses empreintes aiguë, il s'acquitta du discours qu'il avait com- son propre domestique, selon les règles étran- tions à main armée ! Je m'trotte jusqu'à ce et s'accroupit comme s'il avait vu un serpent posé dans la charrette. gères. Comme dans un beau rêve, le déser- que je tombe : tel est mon ultimatum. à sonnettes. La mule baie renâcla et s'éventa " Un illustre et très honorable général des teur dîna, servi par trois domestiques qui se Tout le jour ils se hâtèrent, allant droit avec ses oreilles, ainsi qu'un lapin. A deux soldats étrangers vient visiter votre belle cité. disputaient avec You Han l'honneur de lui devant eux ; la mule chancelait dans les brancents mètres de là, les rubans d'acier d'une Je ne suis que son serviteur indigne et trois passer chaque plat. Puis il brossa ses jambières cards et les pèlerins étaient prêts à se laisser ligne de chemin de fer coupaient la route et fois méprisé. Ce héros vaillant et inexprima- poussiéreuses, son uniforme bleU, ét fit venir choir sur le bord de la route quand ils s'arrêdisparaissaient dans une tranchée sablonneuse. blement distingué est un Américain, 1 un de un barbier. tèrent, pour passer la nuit, dans une taverne Instinctivement, le caporal Sweeney chercha ceux qui protègent sans jamais piller ni déUn peu plus tard, l'hôte fut accueilli comme de village. You Han était trop las pour orgades yeux les fils télégraphiques, dont la ligne truire. II désire étendre la paix et son pouvoir un personnage de rare distinction par le vieux- niser une nouvelle réception. Le déserteur, incurvée et bourdonnante se détacha sur le de protection jusqu'à votre Céleste Présence. monsieur enroulé dans ses robeè de soie rouge, dans un demi-sommeil fiévreux, parlait tout ciel. Il fut, soudain, ramené à la route des Il veut savoir si vous avez été molesté par l'une qui gouvernait et pressurait le district. Le haut. Chinois, et il entendit le coup de revolver au de ces armées de démons étrangers. Il les en caporal s'éleva merveilleusement à la hauteur Enervé, les pieds saignants, il reprit la piste jugé du prompt petit lieutenant, et il revit punira immédiatement si tel est votre Auguste de là situation." Tous deux mélangèrent à la dès l'aurore du troisième jour ; You Han suila culbute du soldat Smathers. Plaisir. Mon maître, dans sa bienveillance perfection leurs mutuelles assurances de res- vait, inquiet. Le dése.rteur, à tout moment, — Qu'est-ce que fait par ici c t imbécile infinie, a laissé ses soldats, ses canons, ses pect, de cordialité et de protection. Ils cau- se retournait, jetant des regards d'effroi derde chemin d'fer ? Est-ce qu'ils le construisent chevaux derrière lui, de peur d'effrayer le sèrent laborieusement par l'intermédiaire dou- rière lui. Demain lui apparaissait comme une à mesure pour me r'pincer ? Allons-y, pas pays qui l'entoure et qui est déjà plongé dans teux de You Han débordé, rebondissant des terrible menacé, tandis que le souvenir du gymnastique. Y a donc pas moyen de s' sauver la crainte de ces fils de l'enfer qui ne combattent ambages du iangagè du mandarin à des ins- passé le poussait à une fuite sans répit. Le de nulle part ? que pour détruire. Il envoie le salut d'un chef tructions-dans le goût suivant : camp, avec la camaraderie de tous les jours, Il envoyait des volées de questions à You à un autre chef. Voici sa carte. " — Dis au père Qiiat'z'yeux que je suis avec les hommes en bleu et en kaki ; la routine Han, comme si un appareil à ressort les lui i ou Han se cognait le front sur le plancher, l'ambassadeur particulier de Georges Washing- de ses années de régiment ; les rues de Chieût arrachées. Le gamin, interloqué, s'appji- en guise de ponctuation, tout en observant ton et du général Grant et que, lorsque je cago, qui avaient vu ses années d'enfance; quait à répondre : avidement, du coin de l'œil, l'effet produit frappe du pied, un million de braves soldats le père et la mère qui étaient fiers de ses — Route du Diable va à Pao-ting-fu ; puis par son discours, encourageant ou non. Puis tremblent de tout leur cœur ; mais que je sais prouesses ; tous les chaînons. de ses trente va à Pékin. Y a pas appartenir à soldat améri- il plaça devant le magistrat l'étiquette criarde reconnaître les grands esprits quand je les années passées, c'était comme si cela n'eût cain. Appartient li Anglais. d'un paquet de tabac militaire, sur laquelle rencontre ; aussi ai-je la poitrine gonflée d'or- jamais existé. Ils traversèrent les rails en courant, comme des héros en bleu et kaki posaient noncha- gueil d'être assis comme ça près de lui et You Han entra en se dandinant dans le vilsi le métal leur eût brûlé les pieds, et le déser- lamment pour un " baptême du feu ". Les de pouvoir causer avec son " Importance ", lage qui suivit, démarche inspirée par le souteur, à coups de fouet, mit la mule au galop serviteurs officiels, attroupés à portée de la d'homme à homme. Fourre-lui ça, dur. et venir du Yamen du magistrat, mais il eut des jusqu'à ce qu'un coude de. la route leur eût voix, aperçurent une lueur d'amusement ferme. ennuis avec le brimeur du village. II n'y avait caché cette preuve inattendue d'une civili- étonné au travers des énormes lunettes de leur Le gouverneur envoyait des volées de ques- pas à se tromper sur l'apparence de ce trucusation qu'ils fuyaient à l'aveuglette. A son chef. Forts de cet indice, ils aidèrent You tions et le déserteur parait les fragments que lent bandit. Ses vêtements étaient dans un propre étonnement, dans l'après-midi le capo- Han, tout tremblant, à se remettre sur ses You Han était capable de faire passer. Une désordre étudié, et sa queue, mal nattée, était ral Sweeney redevint homme. Ils avaient passé pieds, et bientôt ils s'agitèrent à qui mieux escorte militaire jusqu'au prochain village enroulée autour de son cou, pour montrer la zone dévastée par les alliés chrétiens, et mieux dans la cour, stimulés par des ordres lui fut offerte, mais il la refusa avec emphase. qu'il avait soif de combat. 11 fut blessé du les villages étaient vivants et populeux. You précipités. Il ne cherchait pas l'ostentation en public. port avantageux de l'étranger, et tous deux Han avait deviné la honte qui couvait dans Une demi-heure plus tard, le déserteur Une fois rentré dans son appartement, après l'esprit de son maître et il songeait à faire de vit approcher une procession conduite par un supplément de gâteaux, de vin et de tabac, (Lire la vile page 15.) A J L miiiiii DIMANCHE-ILLUSTRÉ «iiiiiiiiuiiiiiiiiiiiniiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimi 8 , ,M,,, ,,,,,,,,,,,, ,,,,,,, ,,,, l■•■■■l^l^lll^I^lln•l^n■^IJIt^I^Imln■•■^■•^^■«•'■"■•■■ ■■ * * ■ ,,,,,,,,, ,, "* ** tprésident de club £T BONNE D "ENFANT. Copyright par Dimanche-Illustré, Chicago Trilune. POUR L F * ENFANTS iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiEimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii 9 "■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■imiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiniiiiimiiiHiiiii DIMANCHE-ILLUSTRÉ m»» Copyright par Dimanche-Illustré, Chicago Tribune. DIMANCHE-ILLUSTRÉ immiiHUiHirtmi imniMH i inium imiiiiii i nîHHiiirii 10 ' "»"' iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiimiiinmiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii LE 30 MARS 1924 'iminmr JE VOUDRAIS BIEN SAVOIR... Si un abonné du téléphone peut faire connaître son absence à ses correspondants par l'intermédiaire de l'administration et être lui-même averti des communications qui lui ont été faites ? C .iiiiiimiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiii | | 1 ■■■ftiiniin IIIIIIIEIIIIIIIIIMIIIII minium i iiniinii ■■iimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiimiiK Cette rubrique est ouverte à tous nos lecteurs. Elle leur permettra de se tenir en contact constant avec leur journal, qui les renseignera volontiers sur tous les faits d'un intérêt général et d'ordre documentaire ou pratique. § | | double faculté résulte de l'article 42 : de la loi du 27 décembre 1923, qui a I réorganisé le service des abonnés absents, |r, MIIMIIIIIMIIIIIIII! iiiiiiiilliliiiiiiliuli r mur llllilil I ~ i iiMiiiiiiiiiiiiiiiiili, iniinilin Il créé par décret en date du 3 octobre 1913. La participation à ce service confère à l'abonné Les impôts directs, en février dernier, ont plébiscite et constitua, autour de la petite la faculté de faire connaître à ceux de ses corproduit 476.851.500 francs; ceux de février zone sarde du traité de Turin, une autre zone respondants qui le demandent pendant son 1923 ayant donné 296.376.100 francs, soit une plus vaste, dite zone d'annexion, créant un absence tout ou partie de ces trois indications : plus-value de 180.475.400 francs. régime analogue. Une convention entre la la durée de son absence, sa nouvelle adresse, Pour les deux premiers mois de l'exercice, France et la Suisse, en date du 14 juin, amél'adresse ou le numéro d'appel de la personne le produit des impôts directs a atteint 874 mil- liora ce régime en accordant la franchise à qu'il a chargée de le remplacer. Elle donné lions 998.600 francs, certaines catégories de produits agricoles. lieu au paiement d'une taxe de 1 fr. 25 par Cette convention douanière fut dénoncée par jour d'absence. Des abonnements peuvent la France le 18 décembre 1918 et les preêtre concédés, à raison de 10 francs par mois, mières négociations datent du mois d'avril 1919. 20 francs par trimestre, 60 francs par an. Chaque ordre de renvoi au service des abon- Si des réunions de courses hippiques nés absents, donné au poste central par l'abonné furent données où le jeu n'était pas autoqui s'absente, donne lieu à la perception d'une risé? Si l'on envisage l'accélération de la transtaxe supplémentaire de 0 fr. 25. mission des télégrammes? L'abonné à ce service a, en outre, la faculté ONSIEUR GoBLET, alors qu'il était ministre de demander, avant chacune de ses absences : de l'Intérieur, fit interdire les paris 'ÉCOULEMENT des télégrammes a été retardé 1° que les numéros d'appel des corresponsur les champs de courses et traquer récemment par le mauvais temps. Nomdants qui l'ont appelé lui soient communiqués les bookmakers qui les offraient. Ces derbre de lignes ont été interrompues par niers, poursuivis et traduits en justice, furent, dès sa rentrée. (11 est perçu une taxe de 25 cenle vent ou la neige ; l'isolement des lignes est times par dix numéros d'appel enregistrés) ; les uns condamnés, les autres acquittés, le également si faible que, les jours de grande 2° que lui soient adressées par poste, ou trans- "délit" qu'ils avaient commis étant assez mal humidité, des interruptions se produisent, mises par téléphone, dès sa rentrée, les com- défini. qui immobilisent plusieurs lignes. Mais l'hippodrome, privé de jeu, fut déserté, munications dictées à cet effet par ses corresTous ces inconvénients seraient supprimés et le préfet de la Seine ayant déclaré au Conseil pondants et comprenant, au maximum, vingt si l'on pouvait rendre souterraines les lignes mots. Chacune de ces communications donne municipal que la suppression des paris était aériennes, ainsi que cela a été réalisé en Anglelieu à une taxe supplémentaire de 0 fr. 50. une atteinte portée à la liberté individuelle, terre. La marche des télégrammes se ferait Pour le réseau de Paris, les abonnements et que la diminution des recettes causait un sans à-coups, et un temps considérable serait de cette espèce ne peuvent être acceptés actuel- préjudice grave à l'élevage, un moyen fut trouvé gagné dans la transmission. La transformation de laisser le public libre de jouer : les sociétés lement que pour les postes reliés au bureau est malheureusement longue et fort coûcentral de Scgur. Pour participer au service de courses furent autorisées à exploiter à leur teuse, et on ne saurait l'envisager à l'heure des abonnés absents, les abonnés doivent avoir propre compte le pari mutuel sur les hippoactuelle. une provision téléphonique, ou en effectuer dromes. C'est cette autorisation qu'on demanda une. Les abonnements mensuels peuvent partir récemment d'élargir, en supprimant la partie S'il est incorrect d'écrire comte, comd'une date quelconque. " sur les hippodromes " pour la remplacer par une formule qui eût autorisé le jeu " offi- tesse, marquise de... et s'il est des titres devant lesquels monsieur ou madame est ciel " en tous lieux. ETTE * * * * * * M Si jn gib er abandonné devient la propriété de celui qui le trouve ? L coutume admet que toute chose sans propriétaire peut devenir la propriété de celui qui la trouve, sans que l'on puisse l'accuser de vol. La jurisprudence a sanctionné !a coulume en matière de chasse, en décidant que le lait de ramasser un animal mort abandonné ne pouvait constituer un délit de chasse. A ft & * Si l'on parle plus, en Belgique, le français que le flamand? sait que la Belgique est officiellement bilingue et que tout texte, toute inscription se publient à la fois en français et en flamand. On tient ainsi, en dehors de toute querelle de parti, les 'deux langues pour également importantes dans la vie de la nation. Cette égalité se retrouve, à peu de chose près, dans les documents statistiques. Ceux-ci établissent, en effet, que, parmi les habitants âgés de plus de quinze ans : O N obligatoire? * *'* 678.554 Belges parlent les deux langues; 57.279 parlent le français et l'allemand ; 39.870 parlent le français, le flamand et l'allemand ; 18.385 ne parlent que l'allemand; 6.251 parlent le flamand et l'allemand.. * * * Quel est, en un mois, le total des impôts payés par les contribuables ? D des documents officiels, l'ensemble des recouvrements budgétaires opérés pendant le mois de février dernier — non comprises les recettes de l'Administration des Pcsles — s'est élevé à 1.980.335.500 francs. Dans ce total, 1.820.089.600 francs représentent le produit des recettes normales et permanentes, et le reste, soit 160.245.900 francs, celui des ressources exceptionnelles, recettes d ordres et produits divers. Le produit des recettes normales et permanentes est en augmentation de 484.884.200 fr. sur celui du mois de février 1923 : 1 million 335205.400 francs. APRÈS U adresse peut être ainsi libellée : comte... marquis..., mais le titre de duc D'où vient le nom de " mendiants " que crée une exception. On doit écrire : l'on applique à un dessert ? monsieur le duc... Il est, cependant, toulours plus poli de faire précéder le titre du N disait autrefois les quatre mendiants, à cause des quatre grands ordres men- mot monsieur ou madame. Il y a là une question diants que le moyen âge a vus naître et de nuance qui relève des relations. Quand une dame écritàuneautredame titrée, qui étaient : les Franciscains, les Dominicains, le titre suffit sur l'enveloppe, sauf pour l'exceples Carmes et les Augustins. Les Franciscains avaient un froc ou robe de tion déjà indiquée : madame la duchesse... Dans le corps de la lettre, à moins qu'elle couleur grise ; les Dominicains, de teinte écrue ; les Carmes, de couleur brune, et les Augustins. ne soit adressée par quelqu'un appartenant de couleur noire. Or. le raisin sec, les noisettes, à une classe sociale différente, le monsieur ou les amandes et les figues rappelaient ces couleurs madame suffit, sauf en ce qui concerne les titres et le nom leur fut donné par analogie. C'était de duc et de duchesse. Ce n'est que familièrement que l'on peut écrire mon cher duc. une image parlante d'autrefois. Enfin, on ne dit pas ; monsieur le prince, On cessa peu à peu de dire les quatre mendiants et, aujourd'hui, le pluriel tend à faire madame la princesse, mais prince, princesse. Mais c'est en vain que l'on chercherait des place au singulier. On dit, en effet, un mendiant par abréviation, règles très précises à ce sujet dans les manuels comme on dit un crème pour un café-crème, et de bienséance épistolaire de savoir-vivre et l'on oubliera l's du pluriel que l'unité n'appelle les codes récents de la civilité puérile et honpas. alors que l'apparent désaccord dans un nête. crème subsiste, parce qu'il est nécessaire d'éviter une confusion. NE O 1.896.003 ne parlent que le français : 1.874.722 ne parlent que le flamand. La proportion est de 41,47 % pour les habitants de langue française ; de 41,07 % pour les habitants de langue flamande. Le reste se répartit ainsi qu'il suit : L ft * Quand ont été instituées les zones franches entre la Franze et la Suisse ? L zone franche de douanes du pay; de Gex, ou zone gessienne, remonte au traité de Paris du 29 novembre 1815 et, au delà, à une tradition datant du temps de Henri IV. Elle permettait aux populations gessiejmes de commercer librement avec Genève. Un article du traité passé à Turin, le 26 mars 1816, entre la Sardaigne et la Suisse rappela le protocole du 3 novembre 1815 relativement aux douanes dans le voisinage de Genève et du lac et créa la zone sarde ou savoyarde. Le gouvernement de Genève s'engageait à prendre " les précautions nécessaires pour que la contrebande ne puisse être favorisée par les habitants du canton ". Cet article rétablissait d'anciennes dispositions, dont la plus connue était réglée par le traité de Saint-Julien de 1603. Le régime institué par les traités de Paris et de Turin en faveur des régions genevoise, gessienne et savoyarde leur était si favorable qu'en 1860, après Solférino, Magenta et la paix de Villafranca, lorsque la Savoie, ancienne province des Etats sardes, fut annexée à la France, les Savoyards des vallées de la Dranse et de l'Arve, jusqu'à Chamonix, en réclamèrent le bénéfice. Napo'.éon III eut recours à un A le briquet dit oxygéné jouit d'un véritable succès pendant les dix dernières années de la Restauration. On l'appelait aussi briquet Fumade, du nom de son fabricant..Il se composait d'un étui cylindrique à deux compartiments. Celui de dessus contenait des allumettes au chlorate de potasse; celui de dessous, une petite fiole renfermant de l'amiante imbibé d'acide sulfurique, dans lequel on le trempait pour avoir du feu ou essayer. C'était là le début des allumettes chimiques, qui substituèrent à la fiole le frottoir. * * * Ce qu'est le mazout et s'il peut servir au chauffage des cuisinières? L mazout, ou huile lourde, est le sousproduit ou déchet des pétroles et essences distillés, et il est employé par l'industrie depuis une vingtaine d'années. On sait que son utilisation a trouvé un champ plus large depuis la guerre, et qu'il remplace le charbon sur de grands paquebots, comme le Paris. Les Compagnies de chemins de fer ont étudié des types de locomotives qui le font tenir, par un progrès évident, comme production de chaleur, facilité de ravitaillement, absence de fumée, etc. Des appareils au mazout (un au moins) ont fonctionné, pour la première fois dans le domaine culinaire, à l'Exposition de Copenhague, et celui qui le vit à l'œuvre a donné cette appréciation dans la Revue culinaire : " Nous avons pu servir cinq cents couverts, sans être ennuyés une seule minute par le fourneau. " Le chauffage par le mazout est très rapide et il se règle facilement. E £ £ ift S'il est vrai qu'un académicien a raillé autrefois la lenteur avec laquelle était exécutée la revision du dictionnaire ? O a souvent reproché à l'Académie sa lenteur, qui a donné lieu à de nombreuses anecdotes. En effet, un des premiers membres de l'illustre assemblée a écrit sur ce sujet une épigramme restée célèbre. L'auteur en est l'abbé François Le Metel de Boisrobert, qui fut un des fondateurs de l'Académie, dont il occupa le sixième fauteuil. Boisrobert était un des poètes familiers de la cour du grand Cardinal ; sa renommée égale celle de Chapelain. Et voici en quels termes il railla ses collègues et lui-même dans une épître à l'académicien Balzac : N Voilà comment nous nous divertissons En beaux discours, en sonnets, en chansons .' Et la nuit vient, qu'à peine on a su faire Le tiers d'un mot pour le vocabulaire. J'en ai vu tel, aiix Avents commencé. Qui vers les Rois n'était guère avancé. Pour dire tout, enfin, dans cette épître, L'Académie est comme un vrai chapitre ; Chacun à part promet d'y faire bien, Mais, tous ensemble, ils ne tiennent plus rien, Mais, tous ensemble, ils ne font rien qui vaille. Depuis six ans dessus l'F on travaille; Elle destin m aurait fort obligé S'il m'avait dit : Tu vivras jusqu'au G. ! Et la chronique ajoute que les académiciens furent les premiers à rire de cette innocente plaisanterie. * £ * Comment on se procurait du feu avant le règne des allumettes chimiques ? D'où vient le geste qui fait mettre les doigts en fourchette pour conjurer le N avait les allumettes soufrées aux deux bouts, qui, ne pouvant engendrer le feu sort? O elles -mêmes, devaient être approchées de l'âtre ou de l'amadou en combustion. Les "premières allumettes à friction ou congrèves nous vinrent d'Allemagne, vers 1833. I! fallait les frotter énergiquement entre les plis d'une feuille de papier de verre. Les insuccès étaient fréquents, on se brûlait souvent les doigts ou les habits. Et beaucoup de gens préféraient le briquet, dont l'usage n'allait pas lui-même sans inconvénients. Le Manuel des Frileux, publié à la fin du Premier Empire, donnait à ses lecteurs le moyen d'entretenir son silex, de garder son amadou bien au sec, et indiquait, pour le surplus, à quel procédé on avait recours dans bien des cas : Tous les jours on voit des personnes qui, soit en se levant le matin, soit en rentrant le soir chez elles, éprouvent le plus grand embarras pour avoir du feu. Vainement elles recourent à leur amadou, plus vainement encore elles battent leur pierre à fusil à coups redoublés. On voit bien jaillir des milliers d'étincelles, mais point de feu. Après une grande demi-heure d'efforts infructueux, on jette tout d'impatience et l'on se voit obligé d'aller quêter de la lumière chez les voisins, qui souvent ne sauraient s'en procurer eux-mêmes. Après ces briquets précaires, vinrent les briquets chimiques qui ne l'étaient guère moins ; P échapper au " mauvais œil ", ou pour s'assurer que le sort ne vous sera pas contraire, on dirige souvent contre la chose redoutée la main, dont seuls l'index et l'auriculaire sont étendus. Les trois autres doigts sont repliés. Le geste est très commun en Italie. Il vient d'Esthonie, où, lorsque le vent menace d'emporter les foins, les paysans ont l'habitude de jeter sur le sol des fourchettes. Ces fourchettes, selon eux, empêchent le vent de disperser les récoltes. 'est cette habitude qui a amené au geste de la main en fourchette. OUR C * * * Quelle est l'origine de l'expression : " Monter sur ses grands chevaux ? " E est à rapprocher de cette autre : C'est son cheval ou son grand cheval de bataille, et toutes deux datent du temps de la chevalerie, lorsque les hommes de guerre méritaient de petits chevaux ou palefrois pour la route et de grands chevaux ou destriers pour le combat. " Je vous vois montée sur vos grands chevaux ", dit Mmo de Sévigné. Il n'est pas douteux que l'expression a donné naissance à l'expression s'emballer, qui la résume à merveille. LLE Illlllllllll LE 30 MARS 1924 " ■IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIUIIIIIII \\ IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIMIIIIIIIIIIIIIMIIIIIII III Illlllllllllllllllllll Illlll DIMANCHE-ILLUSTRÉ »•■•••■!• PROFITONS DE NOS LOISIRS DU DIMANCHE POUR NOUS INSTRUIRE UN PEU MONGE G que Napoléon devait nommer plus tard comte de Péluse, était fils d'un humble marchand forain, dont le centre d'opérations se trouvait à Beaune. Le grand mathématicien naquit donc en cette ville en 1746. Son père put le faire entrer au collège des Oratoriens, qui furent frappés de l'intelligence précoce de l'enfant et se chargèrent de son éducation. Un officier du génie s'intéressa aussi à- lui pour lui avoir vu inventer, à l'âge de quàtorze ans, une pompe à incendie et exécuter un plan de Beaune. Il le fit entrer à l'école militaire de Mézières. Là, le jeune Monge, quelque temps après MONGE son arrivée, remit à ses professeurs un devoir de calcul sur un problème de fortifications; qui leur parut si court que, sans le lire, ils blâmèrent l'élève. Mais celui-ci expliqua sa méthode. C'était une simplification extrêmement claire des opérations que l'on faisait jusqu'alors. Monge gagna aussitôt la considération de ses maîtres et fut nommé, à dix-neuf ans, suppléant d'un des examinateurs de mathématiques, qu'il remplaça peu après. En 1780, Turgot, qui avait fondé une chaire d'hydraulique au Louvre, l'appela à Paris, et le temps de Monge se partagea, par périodes de six mois, entre Mézières, où il continuait à donner ses cours, et la capitale. En 1783, membre de l'Académie des sciences, il devient examinateur des élèves de la marine, ce qui lui vaut, au début de la Révolution, d'être pris comme ministre de la Marine par l'Assemblée législative. Il rend son portefeuille en avril 1793. Il reprend alors ses travaux personnels; pour peu de temps, car le voici apportant à la défense nationale l'appui de sa science. Il dirige, en effet, les recherches de procédés nouveaux pour activer la préparation des poudres et des armes et obtient d'excellents résultats. Cependant, il enseigne à l'École Normale la découverte capitale qu'il vient de faire : celle de la géométrie descriptive.D'autre part, il fonde l'École Polytechnique et y fait un cours sur la théorie des surfaces. En 1795, il va à Rome, se lie avec Bonaparte qui lui accorde son amitié, amitié qui ne se démentira plus jamais. Monge est mis à la tête de l'expédition scientifique qui accompagne le général en Egypte. Toutes les recherches effectuées au cours de cette campagne, il les dirige ; il explore les ruines de Péluse, il organise l'Institut du Caire, dont il devient président. A son retour à Paris, il reprend son poste à l'École Polytechnique. L'empire le fait comte, sénateur, grand cordon de la Légion d'honneur. Monge meurt en 1818. Parmi les œuvres nombreuses qu'il a laissées, il faut citer, outre la Géométrie descriptive, le Dictionnaire physique et les Leçons sur le calorique et l'électricité. Monge, qui a découvert diverses équations et plusieurs lois mathématiques, a été surtout un simplificateur. ASPARD MONGE, A A A LE GIBET DE MONTFA UCON I y a plusieurs siècles, la justice était plus sévère que de notre temps, et tel voleur, qui s'en tire aujourd'hui avec quelques mois de prison, eût été, au cours du moyen-âge, parfaitement pendu. Aussi ne suffisait-t-il pas d'une unique potence pour exécuter les sentences judiciaires dans une ville comme Paris. Il existait plusieurs lieux de supplice et le gibet de Montfaucon, propre aux pendaisons par série. Ce gibet, auquel, en tout temps, était accrochée une brochette de patients, dressait son profil sinistre au bout de la rue du Faubourg-Saint-Martin, sur une butte située entre L PENDAISON AU GIBET DE MONTFAUCON la rue des Morts et de la Butte-Chaumont, non loin de l'emplacement où a été construit l'hôpital Saint-Louis. Au bout d'une rampe de pierre, que fermait, à l'entrée, une solide porte de fer, s'élevait une plate-forme rectangulaire faite de gros quartiers de roc et dont les dimensions atteignaient 14 mètres de long sur 10 m. de large. Cette plate-forme supportait seize piliers carrés, en pierre, que réunissaient au sommet et à mi-hauteur des poutres de bois. De ces poutres pendaient des chaînes de fer, dont chacune attendait un condamne. Les deux étages ainsi faits du gibet permettaient d'exécuter une soixantaine d'hommes à la fois. Au centre de ce gigantesque appareil de justice, avait été creusée une excavation où l'on jetait les cadavres, que venaient dévorer les corbeaux. A quelques mètres en avant de Montfaucon, s'élevait une croix, devant laquelle le condamné était confessé par des Cordeliers dont il recevait l'extrême-onction. Au préalable, d ailleurs, le patient avait déjà fait halte au couvent des Filles-Dieu dans lequel, suivant une antique coutume, il recevait du pain et du vin. Au XIIIE siècle, le gibet existait déjà. Au XVIIIE, on ne l'utilisait plus guère. Il fut désaffecté en-1761 et on fit disparaître ses derniers vestiges en 1790. La plupart des condamnés de marque pendus à Montfaucon sont des financiers accusés de malversations, crimes sévèrement châtiés autrefois. Les surintendants ou "trésoriers Enguerrand de Marigny, Gérard de la Guette, Pierre Rémy, Sembleçay, Jacques de Beau, Jean Foucher, notamment, y trouvèrent la mort. A A A FREDERICK LEMALTRE U rôle a fait Frédérick Lemaître du jour au lendemain, lui taillant, à vingt-trois ans, une célébrité telle qu'aucun comédien n'en connut de semblable. Jusque là, il s'était vu refuser l'entrée de l'Odéon à sa ► sortie du Conservatoire, et avait dû débuter sur une scène de dernier ordre, à quatre pattes, affublé d'une crinière fauve dans le rôle d'un lion. Un court passage à l'Odéon, enfin ouvert à ses espérances, le montra fort médiocre dans la tragédie. Mais le 2 juillet 1823, il était à l'Âmbigu, jouant l'Auberge des Adrets, FREDERICK LEMAÎTRE pièce qui fut sifflée le premier soir. Le lendemain de cette première, Frédérick Lemaître, transformant complètement son rôle, créait le fameux Robert Macaire, si longtemps la joie de nos pères : étonnant personnage en haillons qui prend des allures de dandy pour manger un petit pain d'un sou, être hybride dont le calme grotesque et la dignité sinistre joints à tant de cynisme devaient plus tard inspirer si puissamment Daumier. Frédérick Lemaître devenait du coup la gloire du boulevard. Après Robert Macaire, il joua triomphalement une infinité de rôles tant à l'Ambigu qu'à la PorteSaint-Martin, qu'à la Renaissance, où il créa notamment Ruy Blas, de Victor Hugo .Demeuré l'enfant chéri du succès, il se permit toutes les libertés. Un soir, il aperçoit sur la scène un bouton de cuivre : "A quoi peut servir cette machine ? — N'y touchez pas, crie un machiniste. C'est le régulateur du gaz. — Bah ! Le gaz a un régulateur. Il est bien heureux le gaz. Voyons cela." Et Frédérick tourne le bouton ; la salle entière est plongée dans l'obscurité ; ce sont des hurlements furieux, mais quand les spectateurs savent que c'est une plaisanterie de leur idole, ils lui font une ovjation. Frédérick Lemaître, très grassement payé, était la terreur du directeur dont il assurait les recettes. Celui-ci, presque chaque soir, était obligé de l'envoyer chercher dans le restaurant où l'acteur s'était livré à des repas pantagruéliques. Et chaque fois la même scène se reproduisait. " Le rideau va se lever, diable ! disait notre homme affectant l'étonnement, je n'ai pas un centime en poche. Apportez mon addition au directeur et dites-lui qu'on me retient en otage. " Le directeur payait comme il payait à l'entr'acte les différences de jeu que faisait Frédérick au café voisin. " Monsieur, on frappe les trois coups, venait-on lui dire. — Eh ! que voulez-vous que j'y fasse. Impossible de m'en aller. Il faut que je regagne ou aue je paye. Dette de jeu, dette d'honneur. " N Le public attendait, il fallait que la caisse du théâtre s'exécutât. Pourtant avant de mourir, en 1856, à cinquante-six ans, — il était né avec le siècle — Frédérick Lemaître, malgré ces gratifications forcées jointes à ses gros cachets, était tombé dans une profonde misère. A A A DAVOUST ARMl es - ■|3 l grands lieufenants de Napoléon I qui, pour la plupart, n'étaient que des héros, Davoust apparaît comme ayant valu mieux qu'un entraîneur d'hommes. II possédait les qualités nécessaires aux stratèges, avait l'esprit cultivé et un sens critique l'empêchant d'être ébloui par la fortune ; mais l'exposant aussi aux disgrâces du maître. Il appartenait à la noblesse de l'ancien régime, et sortit à dix-huit ans ;—■ il était né en 1770 — de l'école militaire de Paris comme souslieutenant au régiment de Champagne-cavalerie. Son tempérament qui le portait à l'étude, le fit défavorablement juger par un sien oncle, officier-major dans la même unité, qui avait coutume de dire : " Mon neveu Davoust ne fera jamais rien dans la vie militaire. Aû lieu de travailler sa théorie, il s'occupe de Montaigne, de Rousseau et d'autres farceurs. " Il adopta les idées révolutionnaires, ce qui lui valut la défaveur de ses camarades et d'être accusé par eux d'avoir provoqué une mutinerie dans le régiment. Il fut destitué, mais entra comme volontaire à l'armée du Nord ; exclu pour sa qualité de noble, en 1793, il reprit du service l'année suivante. Au siège de Luxembourg, le voilà général de brigade, s'étant toujours courageusement montré face à l'ennemi. Il suit Marceau sur le Rhin, Bonaparte en Egypte, y reste après le départ du chef et est le seul général qui refuse de signer la capitulation du Caire. Il revient en France pour assister, comme divisionnaire, à la campagne d'Italie de 1800. Ses admirables états de service lui font obtenir le bâton de maréchal à la première fournée. Commandant de l'aile gauche de l'armée du Rhin, il se montre encore une fois si brillant qu'il reçoit le titre de général des grenadiers à pied dé la garde. L'année suivante, il montre tant de valeur héroïque et d'habileté stratégique à Auerstaedt, où il bat l'armée prussienne, que 1 Empereur le fait duc et DAVOUST ne lui épargne pas son admiration pour sa foudroyante poursuite de l'ennemi. Nommé gouverneur du grand-duché de Varsovie, il est soupçonné de chercher une couronne. "Ne désirez-vous pas être reine, demande ironiquement l'Empereur à la femme de Davous't. — Je ne désire que ce que désire le maréchal et il tient trop à rester Français pour être roi de quelque autre pays ", répond-elle fièrement. Davoust, écœuré de la malveillance de ses camafades, quitte son commandement et revient à l'armée. A Eckmuhl, il se couvre encore de tant de gloire que Napoléon fait de lui un prince. En 1812, il est chargé d'organiser la Grande Armée qui va pénétrer en Russie et se tire magnifiquement de cette tâche, bien qu'il soit opposé aux desseins de l'Empereur. En 1814, il défend Hambourg avec une telle énergie que lorsque Paris est déjà pris, il se bat encore. Au retour de Louis XVIII, il négocie le ralliement des armées de la Loire aux Bourbons ; mais défend noblement son camarade Ney. Aussi, lui supprime-t-on son titre de maréchal qui ne lui est rendu qu'en 1817. Deux ans après, il acceptait la pairie. Il vécut jusqu'en 1823, cessant de faire parler de lui, mais toujours suspect aux maîtres de l'Etat. ayant crié : "A boire, à boire ! " son père, émerveillé, s'écria, désignant le gosier de l'enfant : " que grand tu as ". Parole dont les assistants firent aussitôt Gargantua. Le nouveau-né but tant, en effet, que de suite il fallut réquisitionner pour son usage " dix et sept mille neuf cent treize vaches de Pantille et de Brehemond ". Sa garde-robe fut difficile également à monter, car rien que pour sa chemise il fallut lever 900 aulnes de toile et pour son pourpoint 813 aulnes de satin blanc ; le reste à l'avenant. On comprend fort bien, dans ces conditions, que lorsque Gargantua s'en vint à Paris pour terminer ses études, il put, sans mal, décrocher les cloches de Notre-Dame pour en faire sonnettes au cou GARGANTUA de sa jument, ellemême, bête gigantesque qui avait dû être amenée d'Afrique " par mer, en troys carracques et un brigantin " en tout quatre navires. Tel il avalait aisément d'une lampée le contenu d'un foudre de vin, tel Gargantua s'ingurgitait à haute dose toute la science des pédagogues, tel aussi il s'assimilait tous les jeux de force et d'adresse des gentilshommes, ce qui lui permit de vaincre tous ses ennemis. A A A LA BATAILLE D'IÉNA C ETTE grande bataille aj-vfjrec celle d'Auerstaedt, livrée par Davoust le même jour (14 oçtobre 1806), mit fin à la puissance militaire de la Prusse, est un admirable exemple de la maîtrisa avec laquelle Napoléon savait surprendre £'ennemi et profiter de l'effet produit par cette surprise. L'armée prussienne marchait, séparée en " deux corps, l'un commandé par le prince de Hohenlohe, l'autre par le duc de Brunswick et le roi. Le plan de l'Empereur était d'enserrer les troupes adverses et, pour son exécution, il avait détaché les maréchaux Bernadotte et Davoust vers Auerstaedt, les chargeant de rabattre l'ennemi vers lui. Davoust, qui ne commandait Que trois divisions, se heurta aux forces dé Brunswick, très supérieures aux siennes, mais engagea la bataille sans même l'appui de Bernadotte, qui refusa de lui porter secours. Cependant, à la même heure, Napoléon, près d'Iéna, était lui-même aux prises avec les Prussiens. La veille, il avait appris que le corps de Hohenlohe filait sur la rive gauche de la Saale, se croyant protégé sur son flanc par le plateau abrupt d'Iéna. L'Empereur, au cours de la nuit, fait escalader ce plateau par sa garde, qui campe sans lumière et sans bruit dans un espace si étroit que les hommes ne peuvent tous se coucher. L'artillerie est amenée sur les hauteurs, au prix de mille difficultés, Napoléon, lui-même, dirigeant l'opération, une lanterne sourde à la main. Dès l'aube, malgré un brouillard épais, l'armée française descend du plateau par les ravins, attaque les Prussiens sur leurs flancs. Une bataille acharnée commença, à l'issue de laquelle le corps de Hohenlohe fut presque entièrement détruit. Ses débris refluèrent vers Auerstaedt, espérant rallier l'armée commandée par le duc de Brunswick et le roi. Mais celle-ci, taillée en pièces par la résistance héroïque de Davoust, ayant perdu la plupart de ses chefs, dont Brunswick, battait en retraite, comptant, de son côté, réparer ses pertes avec les troupes de Hohenlohe. La rencontre de ces deux armées en déroute eut pour résultat une effroyable panique. Les Prussiens, si fiers de leurs régiments, n'en possédaient plus un, à peine une poussière de fuyards que talonnait en tous sens notre cavalerie. Onze jours après Iéna, les Français entraient triomphalement à Berlin. Ils avaient mis juste le temps qu'il faut à un bon marcheur. A A A GARGANTUA E créant Gargantua, Rabelais a enrichi l'humanité de la fiction, vite devenue fameuse, d'un géant glouton, certes, et franc buveur, mais de belle humeur, de rude bon sens et dont la personnalité démesurée a aidé son auteur à mieux critiquer les pédagogues, les seigneurs et les institutions de son temps, voire toutes les faiblesses humaines. Son nom lui vint de ce que, dès sa naissance, N LA BATAILLE D'IÉNA «ennui DIMANCHE-ILLUSTRÉ LA ■• •■< ■•■■■•■■•■•■■■•■•■■••■■■■■■•••'■■■■""•"■•••■••••••■"■■""■■••■■■> •■•■■•<■■•> 12 ■■■■■<■■■■ SEMAINE IMHIIMUIHH IIHIWWI intumminmiiiiiiiiM muninm m L£ 30 MARS 1924 WWM», C 0 MI Q U E LE FOSSILE DE JOHN T. HALLAM avant d'entreprendre son nativement sa carcasse, ce qui lui permettait premier voyage en France, le milliar- de ramper et de voler tour à tour ; il possédait daire John T. Hallam, désireux de deux pattes qui, en cas de besoin, se transfors'assurer une réception éclatante, résolut de maient en nageoires ; on pouvait présumer que des ailes les recouvraient, le reste du corps se faire précéder par un don magnifique. Il manda un mâtin son secrétaire Percy étant protégé par des écailles. Des faibles éléments dont il disposait, le professeur tirait Stradford. — Je veux, lui dit-il, envoyer un cadeau ensuite les hypothèses les plus ingénieuses au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Je sur le caractère et les habitudes de 1' " ornithone regarde pas à la dépense. Allez m'acheter saure " ; c'était, à son avis, un monstre redoutable, en dépit de son volume relativement un fossile, mort ou vivant. Ancien tueur de bœufs devenu roi des peu important ; tapi dans les anfracluosités de salaisons, Hallam ne possédait, on le voit, que rochers, il devait fondre sur ses victimes et des données assez vagues sur la paléontologie ; les étouffer dans les replis de ses vertèbres ; mais, comme il était riche, il se croyait infail- mais, en raison de l'exiguïté de son appareil lible et il n'admettait point que l'on discutât buccal, il ne pouvait les dévorer, et il se bornait ses ordres. Stradford se garda de lui adresser à leur sucer le sang. Il avait dû succomber dans sa lutte contre les autres fauves, dont était la moindre objection. Il visita d'abord les marchands d'antiquités : peuplée la terre à cette époque lointaine, et on lui offrit des bureaux Empire, des horloges disparaître depuis plus longtemps qu'eux. Louis XVI, des bahuts Renaissance, voire des Voilà pourquoi on avait tardé à découvrir crocodiles empaillés qu on lui affirma contem- son existence. L'article du professeur Quickwell fut reproporains des Pharaons ; il ne trouva point de fossiles, les monstres antédiluviens n'étant pas duit dans les journaux du monde entier ; ils annoncèrent en même temps qu acheté par classés parmi les objets d'ameublement. A tout hasard, il parcourut les magasins le milliardaire John T. Hallam, 1' " ornithosaure " était offert par lui au Muséum d'hisde nouveauté : on n'y tenait pas l'article. Ce fut alors qu'il rencontra Archibald toire naturelle çje Paris. L'installation du fossile eut lieu en grande Gark ; en d'autres circonstances, il l'eût évité : cet ancien camarade d'école, s'ctant sans pompe ; à l'issue de la cérémonie, le ministre succès essayé dans tous les métiers, ne l'abor- de l'Instruction publique décora John T. Hallam. De retour à son dait jamais que la main hôtel, le milliardaire tendue ; mais il avait dut se montrer sur le besoin d'un confident. balcon aux étudiants — Eh bien ! vieux qui étaient venus l'acgarçon, s écria Clark, clamer. quand Stradford lui Fatigué par les ovaeut avoué son ennui, tions, il allait goûter vous pouvez dire que quelque repos, quand vous en avez une chanon lui dit qu'Archibald ce de me rencontrer ! Clark insistait pour être — Vous connaissez reçu. un fossile ? fitStradford — Que venez-vous précipitamment. faire à Paris ? lui de— Je n'en ai pas mande-t-il, surpris par dans mes relations imcette visite inattendue. médiates ; mais je me — Vous avouer que charge de vous en proje vous ai mystifié, curer un, si vous y répondit humblement mettez le prix. Clark. L' " ornitho— Vos conditions saure " n'existe pas. Je seront les nôtres. — Il me faut dix mille dollars, dont cent l'ai fabriqué pièce à pièce avec des os de côtelettes et de gigot, auxquels j'ai su, grâce payables de suite. à une préparation chimique, donner un air — Et quand aurons-nous l'objet? — Dans un mois au plus tard, répondit décent de vétusté. Excusez-moi de ne. pas vous fournir de plus amples détails, je les Clark. Stradford lui versa la somme. A peine réserve pour l'article où je me propose de venait-il de se séparer de lui, que Clark regretta confesser publiquement ma supercherie. Je regrette de vous mettre en posture un peu de s'être engagé imprudemment. Sans doute, il avait empoché une avance ridicule, M. Quickwell et vous. Mais je ne qui, d'ores et déjà, constituait un bénéfice net ; puis garder sur la conscience un secret qui mais, en cas d'échec, il s aliénait à jamais un m étouffe. J'ai des remords. homme qui l'avait plusieurs fois tiré de situaJohn T. Hallam prit son carnet de chèques : tions critiques ; or, où pourrait-il dénicher un — C'est combien pour les apaiser? — Dix mille dollars, répondit Clark placifossile? Il médita profondément, puis sourit : il dement. tenait le moyen de sortir d'embarras. — Vous êtes line canaille, lui dit Hallam — Ma chère Winnie, dit-il à sa femme en signant. en rentrant, je vous apporte la fortune. — Je m'en doutais, répliqua l'autre. Mais Et il jeta sur la table de la salle à manger il eût été plus charitable de ne pas me le faire remarquer. deux côtelettes. Il sortit, mais il revint la semaine d'après Winnie le considéra, interloquée ; elle le Crut irrémédiablement fou quand il lui déclara : et les suivantes, harcelé de nouveaux remords " Dorénavant, on vous en livrera vingt par quand il avait dépensé tout son argent. Paris l'entraînait à des frais insoupçonnés, et il se jour et aussi cinq gigots ! " Quatre semaines plus tard, il annonçait à tirait trop aisément, grâce à Hallam, des difficultés de l'existence pour ne point se Stradford : presser d'y retomber. — J'ai réussi. Stradford l'introduisit chez son patron : Dès lors, au milieu des honneurs dont on ■— Montrez-moi votre fossile, lui ordonna l'accablait, John T. Hallam vécut dans l'anHallam. goisse perpétuelle du scandale qui éclaterait — Je ne l'ai pas sur moi, répondit Clark, au cas où il refuserait de se laisser rançonner il se trouve dans un terrain que je possède au par Clark. — Mon cher, dit-il un jour à Clark, qui Connecticut. — Il est grand? se présentait une fois de plus en quémandeur — Vingt pieds. C'est une belle bête. menaçant, voulez-vous me permettre de vous Le lendemain, à la prière d'Hallam, le adresser une proposition? Puisque vous avez savant professeur Quickwell, titulaire de la fabriqué un " ornithosaure ", en fabriqueriezchaire de paléontologie à l'Université de vous d'autres? Columbia, partait au Connecticut, accompagné — Sans doute, répliqua Clark, un peu de Clark ; au nord-ouest de cet État, dans une étonné. — Alors, continua Hallam, regagnez avec forêt, un squelette venait d'être exhumé, celui d'un spécimen de la faune préhistorique. moi l'Amérique, vous êtes désormais mon assoClark toucha ses dix mille dollars. cié et, tous deux, nous créons une industrie... Le fossile était d'une espèce inconnue L'usine de produits antédiluviens que Clark jusqu'à ce jour ; le savant l'identifia en s'inspi- dirige à Indianapolis, pour le compte de John rant de la méthode inventée par Cuvier, et T. Hallam, est maintenant en pleine activité ; il exposa dans une grande revue scientifique on y reconstitue, en série, les échantillons les le résultat de ses recherches : l'animal antédilu- plus variés de la faune et de la flore préhistovien qui venait d'être découvert avait été à riques. la fois, selon lui, oiseau et reptile ; il fallait, Archibald Clark est devenu millionnaire, par conséquent, le baptiser du nom d'" orni- et John T. Hallam espère tripler son capital thosaure " ; autant qu'on en pouvait conjec- primitif en réalisant sous peu lè trust des turer, il était de forme allongée ; des os très fossiles. GABRIEL TIMMORY. robustes et des os très frêles composaient alter- Q UN VENDEUR OBSTINE — Mes échantillons ont l'air de l'intéresser davantage; la semaine dernière, tancé beaucoup plus loin l (Dessin inédit de R, il m'avait CHANCÎL.) LES PROVERBES — savez — chien Vous vous effrayez, mon ami. Vous bien que chien qui aboie ne mord pas. Je le sais bien, parbleu ! mais votre le sait-il aussi ? (Dessin inédit de KELEN.) — Hé ! mon brave homme, la rivière est-elle profonde à cet endroit ? — Mais non, monsieur, vous voyez ben au les canards n'ont de l'eau que jusqu'au Ventre. (Detsin inédit de R. CAZANAVE.) MAMAN. — Je crains que Jeannette ne soit malade I Pourquoi? MAMAN. — Parce qu'il y a si longtemps qu elle n a rien m que cela commence à m inquiéter i tCenin inédit de S.-M. BEKTINJ PAPA. — UELQUES mois LA BONNE RAISON — Pourquoi viens-lu en retard ? — Mon père avait besoin de moi. — // ne pouvait pas employer quelqu'un d'autre ? — Oh ! non alors l — Pourquoi ça ? — // m'a donné la fessée. (Dessin inédit de JlSFER.) UN HOMME QUI MANQUE D AVENIR..; — Ce n'est pas étonnant que tu n'arrives jamais à rien, tu es trop bohème : lu ne couches jamais deux fois sous le même pont l (Dessin inédit de J.-P. GoDREUIL) A QUELQUE CHOSE MALHEUR EST BON... — Goujons ? Friture... Ça marche ?... — Non, non, mon vieux, je travaille pour une maison de chaussures /... (Dessin inédit de E.-M. Plu) QUELQUES NOTIONS DE VITICULTURE — ... A quel moment doit-on cueillir le raisin ? — Quand le propriétaire de la vigne est absent, m'sieu l (Dessin inédit de L. BiLLOT.J ' LE 30 MARS 1924 ■» ■»» iiiiiiiiiiiiiiii[iiiiiiiiUMi!iitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiifiiiii:iti(iiiiiiiiiiiiiiiiiiiu SUITE 9 \I DU 13 CORBEAU iiiaiiiif iiiriiiiiif f iiiiiiiiiif iiiiitf itiiiiijiiiiiviiiiiiiicinitiiciiif iiim;iiiif if iimiiif fiitiiii ET DU RENARD. 1 (Dessin inédit de iniîitiu A-UN SAINF-OGAN.) Mku. Àrr< LE BONNES DIMANCHE - ILLUSTRÉ COW-BOY DÉSHONORÉ... LANGUES DU - On m'a dit, est-ce vrai ?... que la petite madame Dupont n'a plus la tête à elle ! — Comment TAC AU TAC encore t Qu'aoez-Vous fait — Oh ! chère amie, on a exagéré... Il n'y a guère que ses cheveux qui ne lui appartiennent des deux sous que je vous jour ? pas — Pardonnez-moi, ma bonne dame, on est faible, j les ai perdus aux courses. /... (Dessin inédit de GASTON MAS.) ai donnés l'autre (Dessin inédit de UN MALIN DANS — Si tu es bien sage, Toto, tu auras un beau jeton de deux francs tout neuf. — Dis papa ! t'aurais pas plutôt un billet de cinq francs tout sale. (Dessin inéd. de MAX Damnation I... et dire, que Les Jreinquets de la ville vous montent des 100 chevaux /... GIDY.) (Dessin inédit de SOUPAULT.) LES MATCHES MAT.) MODERNES... — Le monsieur du premier qui a souvent des marques de coups, c'est donc un boxeur ?... — Non, y parait que c'est un arbitre de rugby... (Dessin inédit de A. JA3D1.N.) RAPPROCHEMENT ENGAGEMENT — Savoir encaisser, monsieur le professeur, mais ça me connaît!... — Vous (tes boxeur ?... J'ai un passé, monsieur... Oui... mais peu d aventr. (Dessin inédi. de DH'.HMJ — Non, li: suis caissier /... tDessin inédit ds A'.i£N3 B.livorj «■■■■■i DIMANCHE-ILLUSTRÉ liHilhnimiiiii iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiniiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiiii IIHI 14 iiwiiiiiiiiiiii 1111111111 LE 30 MARS 1924 iiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiMiuiiiuiniiiiiiiuiiiiniiiiMiiiiiiiiWiiiiiiiiiiii. luiimiHj BRIC-A-BRAC T UNE COLLECTION ORIGINALE qui récemment nous charma tant au Casino Municipal, vient de révéler que. depuis vingt ans, elle accorde tous ses soins à une collection vraiment originale. Jusqu'ici, elle avait bien pris garde de n'en rien dire. Des imitateurs se seraient empressés d'entrer avec elle en concurrence. A présent qu'elle a réuni des documents uniques, elle peut sortir de sa discrétion. 11 s'agit d'une collection de mains. Rien n'est plus caractéristique que la main d'un homme ou d'une femme. Miss Lo'ie Fuller possède notamment, en moulages, les mains de Voltaire, de Victor Hugo, de Balzac, d'Alexandre Dumas père, d'Alexandre Dumas bis, de Flammarion, de Sarah Bernhardt, des maréchaux Joffre, Foch et Pérsbing, des reines de Belgique et de Roumanie... A chacun des modèles est adjointe une petite notice expliquant ce que les lignes de cette main révèlent du caractère du personnage. Miss Fuller a promis de faire prochainement une exposition de sa collection dans le musée de Vancouver. L'Officiel des Spectacles (Nice). M ISS LoiE FuLLER, LE CHEVAL L AVAIT DEVINÉ popularité extrême dont jouit en Angleterre le prince de Galles n'est nullement ■ ntamée par les mésaventures de ce cavalier casse-cou. On rit avec indulgence de ces chutes, • ,ont la victime, grâce à sa bonne étoile, se tire toujours à peu près indemne. On fait à ce sujet d'innocentes plaisanteries, témoin l'anecdote suivante, qui se raconte à Londres : Lors du dernier voyage du prince au Canada — ce n'était pas une visite officielle — un vieux fermier considérait dans un journal illustré une photographie du royal écuyer. — Ma parole ! s'exclama-t-il, voilà encore le prince qui quitte son cheval plus vite qu'il ne le voudrait ! Et quand il prétend voyager incognito, encore ! — Oui, répliqua promptement un voisin, mais on ne peut pas tromper un cheval ! Sketch. L A RÉMINISCENCES il n'était que poète symboliste et A qu'ilquplaçait les vers sous l'égide du LORS Diadumène, M. Pierre Benoît habita quelque temps chez Léo Larguier, dans une petite chambre de la provinciale et si charmante rue de l'Estrapade, tout en haut de la montagne Sainte-Geneviève. Le chantre des Isolements se souvient-il que son ami Pierre avait écrit sur la porte de leur commun domicile : Ici demeurent Léo trisle Et Pierre que l'on dit Benoît Un autre poète. Pierre Olivier de la Fayette, venant un |our en visite rue de /Estrapade, aperçut l'inscription el y ajouta — non pas sans rime ni raison, mais pour la rime et la raison, — ce troisième vers : Ces grands hommes sont à l'étroit. Le Fleuve. UN ACTE POUR QUARANTE SOUS tous côtés, de petits théâtres, des théâD triculets se mentent.. Certains s'en E étonnent, mais la chose n'est pas nouvelle : Ouvrez YAlmanach des Spectacles de 1791, et vous lirez ceci : " Le Théâtre des Muses ou de l'Estrapade, rue de l'Estrapade, à côté du "Panthéon ". Bâti et dirigé par un tourneur de chaises, qui achète des pièces moyennant quarante sous l'acte... Vous entendez : quarante sous l'acte. L'histoire ne dit pas, malheureusement, si ce tourneur de chaises a fait fortune. La Renaissance. LE BEURRE N'AIME PAS LA LUMIÈRE Revue internationale de L agricoles rend compte d'un renseignements récent travail de M. F. Lauterwald, paru dans le MolhereiZeilung, sur cette question encore mal connue. L auteur estime que la lumière a une action nuisible sur le beurre, beaucoup plus puissante que les praticiens ne le croient communément. 11 suffit d'exposer à la vive lumière solaire, pendant dix minutes, un échantillon de beurre fin pour qu'il prenne un aspect et un goût sébacés. M. Lauterwald conseille donc le proA D U V E L L PARTOUT Finalement, le Congrès vota une résolution cédé suivant : pétrir le beurre dès qu'il a été retiré de la baratte, le saler, le mettre dans les invitant les pays intéressés à poursuivre de moules, le porter immédiatement dans la nouvelles recherches concernant l'influence du chambre à beurre, qui doit être obscure, fraîche, riz poli sur la diffusion du béribéri ". bien aérée, l'y laisser égoutter jusqu'au jour Le Courrier Colonial. suivant, le pétrir de nouveau, le mettre eh baril et en fermer le couvercle. Il faut supprimer l'usage d'exposer, dans les magasins, le L'ALCOOL ET LES COCHONS beurre en vitrine ; il doit y être tenu aussi à E bon poète Raoul Ponchon vient d'assister l'obscurité. Il en est de même dans les maisons. à une conférence antialcoolique. 11 était Les pots qui renferment le beurre doivent être allé là, disait-il, pour s'instruire. jaunes, rouges ou gris, jamais verts, bleus ou Le conférencier, après avoir exposé les incolores. méfaits de l'alcool, procéda à une expérience. L'Alsace. Il injecta à un cobaye une forte dose d alcool. Après avoir bien crié, le cobaye se tut et rendit LA MONTAGNE SCULPTÉE I ame. — Parbleu ! assura Ponchon, je le disais LEXANDRE LE GRAND rêvait de donner sa bien : l'alcool n'est pas lait pour les cochons. forme au mont Athos. Les Américains La Parole Libre. vont réaliser un rêve analogue. Stone Mountain, en Géorgie, va être taillée de manière à immortaliser les figures du général Lee et PAROLES des grands chefs de son armée. Stone MouniSs MARY CASSATT connaît les misères d'un tain (Montagne de pierre) porte bien son grand âge. Elle est presque aveugle. Mais nom ; c'est une colline arrondie formée d'un cet âge, quel est-il? Ne le lui demandez pas. bloc monolithe de granit poli par les âges, — Je n'ai jamais avoué mon âge à personne, long de 1.500 mètres, haut de 213. La dit-elle, pas même à ma mère ! silhouette du général Lee aura la hauteur d'un Le Bulletin de la Vie artistique. bâtiment de seize étages. Le grand Sphinx d'Egypte disparaîtrait derrière la tête seule de cette gigantesque image, et il s'en faut ERGOFHOBIE de trente mètres pour que la grande pyramide OUS ne savez pas peut-être ce que c'est de Chéops atteigne à la hauteur du cheval que l'ergophobie ? Mais vous allez du général. l'apprendre. L'Amérique, à laquelle nous Le sculpteur Gutzon Borglum, qui a entre- devons tant de choses, va remédier à cette pris ce travail colossal, compte qu'il faudra lacune de vos connaissances. A vrai dire, ce dix ans pour l'achever. Il a fallu de longues beau mot a été inventé par un médecin amérecherches pour résoudre tous les problèmes ricain pour désigner une maladie qui, bien que que posait une entreprise aussi étrange. Par vieille, n'avait jamais été découverte. exemple, comment dessiner sur la montagne Par contre, vous avez tous entendu parler de ces silhouettes géantes? On eut l'idée de la paresse, que vous considérez comme un photographier la maquette de plâtre du monu- vice ou tout au moins comme un défaut. Quelle ment qui, outre les généraux, compte une erreur est la vôtre ! Le docteur dont nous foule de personnages, deux mille au total ; parlons, ayant examiné dans les hôpitaux les clichés furent reportés sur verre et, de new-yorkais vingt-deux mille patients, est nuit, des projections lumineuses, faites de arrivé à cette conclusion, que la paresse n existe très loin, esquissèrent, sur le flanc de Stone pas, mais bien une maladie : l'horreur du Mountain, les figures héroïques,, magnifiées travail, à laquelle il a donné ce beau nom dans la proportion nécessaire. Des aides, d'ergophobie. montés sur des écha audages suspendus par Que de gens vont être dans la joie ! On ne des câbles d'acier, en tracèrent les contours pourra plus les traiter de paresseux, de fainéants, par un trait de couleur et. de jour, des ouvriers de tire-au-flanc... • vêtus de cuir, ballottés dans des sièges suspen— Comment ! diront-ils avec scandale. dus, se mirent à percer d'innombrables trous Mais, monsieur, je suis ergophobe ! pour fixer le tracé. Et voilà un péché capital qui dégringole de ■Sundatj Times. son socle ! Apprenons donc tous que, dorénavant, nous devrons soigner la paresse... pardon !... PÉNÉTRATION ALLEMANDE EN RUSS E l'ergophobie... de notre prochain. UR le total d'un millier de demandes de Berliner Tageblatt. concessions formulées par des étrangers et que doit examiner le Conseil des Commissaires UN HOMME PRESSÉ du Peuple, il en est plus de 350 qui émanent ce dîner littéraire il avait été empoisonnant. de sujets et de sociétés allemands. Il n'avait parlé que de lui, de ses œuvres, Pour 60 concessions agricoles, forestières, minières, industrielles ou commerciales ac- de ses prix. Quand il avait fatigué ses voisins cordées déjà par les Soviets à des firmes étran- avec les histoires de son passé, puis de son gères, on en compte plus de la moitié à des présent, il les entreprenait sur son avenir. Entre la poire et le fromage il disparut entreprises allemandes. L'Angleterre vient soudain. ensuite. — Où est-il ? demanda un des convives La Correspondance Rhénane. inquiet. Alors, son plus intime ami, un peu gêné : LE CINQUIÈME MASQUE DE NAFOLÉON — Il est parti pour le Panthéon : il ne pouvait plus attendre... L est, présentement, en Amérique. On sait Candide. qu'après la mort de l'Empereur à SainteHélène, le docteur Antomarchi avait moulé LA ROBE BLANCHE les traits de l'homme du destin. Cinq épreuves de ce moulage avaient été ES jeunes mariées savent-elles que c'est à tirées. Deux sont au Louvre, une au British l'une des plus jolies reines de France Muséum de Londres, la quatrième appartient qu'-!les doivent la virginale blancheur de leui à un riche Anglais, M. Lawrence Hutton. robe nuptiale ? On avait perdu toute trace du cinquième La première robe de mariage blanche lut. masque. Or, il avait passé les mers, puisque en effet, portée par Marie Stuart en 1558, M. ,Jay Morton vient d'en faire don à la lorsqu'elle épousa François II, et ce n'est qu'à Société historique de Chicago. la fin du XVII ' siècle que l'usage s'en généralisa. La jolie reine écossaise n'avait même pas L'Evénement. osé rompre trop complètement avec la tradition, car à sa robe de brocart blanc elle avait LE RIZ POLI ajouté un superbe manteau de cour de velours E " béribéri " est une maladie tropicale de Perse bleu pâle, dont de nombreux pages qui affecte les mangeurs de riz. Ils en portaient la traîne, longue de six mètres. souffrent plusieurs années, ils en meurent. Le Péle-Mêle. On affirme, sans en être très sûr, que c'est surtout le riz trop bien décortiqué qui pro- LES BELLES RÉCEPTIONS voque la maladie. E prince de Galles, nonobstant ses dernières Au cours du dernier Congrès de médecine malchances en sport hippique, va bientôt tropiehle, qui s'est tenu à Singapore, un Américain qui parlait au nom des Philippines*pro- recommencer son métier de globe-trolter. Déjà posa simplement d'interdire l'exportation et la l'Afrique du Sud s'apprête à le recevoir brilvente du riz poli. Bien entendu, les repré- lamment. Le Conseil municipal de la ville de sentants de tous les pays exportateurs de riz Cap avait d'abord décidé de consacrer aux s'élevèrent contre celte proposition, justifiée fêtes de cette réception une somme de trois simplement par une hypothèse, que rien, jus- mille livres. Mais il fut bientôt évident que ces qu'à présent, n'avait permis de confirmer. subsides ne suffiraient pas pour exécuter les L A M V S A projets grandioses des édiles, la seule illumination de la ville devant coûter déjà mille livres. Cinq autres mille livres ont donc été votées, qui s'ajouteront aux premières, et toute la populalion se réjouit des festivités par lesquelles sera accueilli le prince. On parle entre autres d un divertissement enfantin monstre, auquel prendaient part des milliers d'écoliers. Le Natal est heureux parce que le prince passera à Durban trois jours, au lieu de deux, et que justement sa visite coïncidera avec les fêtes célébrant le centenaire du port. A Maritzbourg, enfin. Son Altesse Royale, au lieu d'assister simplement au jeu de polo donné en son honneur, sera priée d'y prendre part. 77ie African World. UN PROGRAMME j'étais Dictateur, certains jours de triomS i phe social, je descendrais de mon trône éphémère et, agenouillé, publiquement je remercierais la mère vénérable entre toutes les femmes, le vieil ouvrier, le grand citoyen, l'inventeur utile, le savant, dignes de l'admiration des foules. Et je serais sincère. Si j'étais Dictateur, la poitrine découverte, face à la Haine, à la Calomnie, à l'Erreur, j'accomplirais mon œuvre sans défaillance, sourd à l'ambition, dédaigneux des honneurs, parfois impitoyable mais juste. Et, ma tâche achevée, je me retirerais, humble de cœur, soumis aux lois de la Loi naturelle, ne cherchant aucune autre satisfaction que celle de terminer ma vie dans l'oubli el la paix que l'aurais bien méritée. Le Francisme. NOUVEAU DÉLUGE IL y a une vingtaine d'années, un Ecossais 1 se présenta au comte Balfour, premier lord du Trésor britannique, et lui offrit de prédire le temps pour deux shillings et six pence. Le comte ayant accepté et payé, le prophète lui dit qu'il allait pleuvoir pendant soixante-douze jours d'affilée. — C'est impossible, dit le comte Balfour, puisqu'il ne fallut que quarante jours de pluie pour provoquer le déluge. — Très juste, répliqua le prophète. Mais, dans ce temps-là, il n y avait pas d égoûts ! Evening Cbronicle. fiAàNTiEN DU tu iA«i'AL0N AO pat l'emploi des BANDES PERFECTPLV BREVlltf S G D G <Dé.W / '4i*e im rie à la ptyrtvè de ions. fïobitie\ <f( m i tu m n m iwa ntinle f/Vïn/»/m\p> r" r I rï. 50 t m , uèlra E'n vente : Magasins Nouveautés, rayon Mercerie — Notice gratis BANDES PERFECTPLY 85. rae d'Aboukir, PARIS MAISONS ■BOIS Depuis 1.9GO fr. •ive< (ariiil^s <te puiriiietil I L 1 NOUVEAUX TYPES 1924 D & N ROLLAND Frères K t /»/#»'/ U) n pgnmi tt t*n l e : 193, avenue du Général-Michel-Bizot, PARIS <<"f(iif<'/<4 Si—rait r n ntitvo ÏUI itman u MANUFACTURE DE CUIVRERIE. yA&USSEMEnîS CH. rKWSSËAU &CIOô.RUE Sr MÀUR.IÔa L PARIS,! XI VER NON C PAMi L TOUTEuCUÏVRERIE MAGASINS. MOINS roui POU » INSTALLATION/" BANQUES. COURANTES ET MUSÉE/ CYMAISE» TRAVAUX DE CUtVREQIE SUft PIAH3 minium LE 30 MARS 1924 mmii i LE RAID DU CAPORAL SWEENEY, DÉSERTEUR (Suite du texte de la page 7). en vinrent aux mains et il en cuisit pour le visage de You Han : le courage n'est pas toujours récompensé. Mais le caporal vint à la rescousse et infligea au brimeur la plus colossale raclée de sa carrière. Le village assemblé lui fit un succès, car beaucoup avaient souffert de cette engeance, et l'on festoya le héros chez le chef du village, avec des mets compliqués et beaucoup d'effusion. On pressa les voyageurs de rester et de faire, de la ville, leur patrie pour toujours. Etait-il vraiment parmi ce peuple qu'on lui avait toujours appris à mépriser à cause de son inhumanité. Et il sembla au déserteur, plein d'espoir, qu'il pénétrait dans un chemin nouveau. — Je commence à croire, dit-il à You Han que j'pourrais bien me fixer dans un de ces villages perdus, au moins jusqu'à ce que les troupes aient quitté la Chine, au printemps. Et il ne serait pas impossible qu'à moi tout seul je prisse une ou deux villes d assaut. Encore un jour de marche et j'risque le coup. Je m'fais Chinois ; je deviendrai un citoyen plein de dignité, un notable, et je prendrai un brevet de grand-père en l'honneur de tous ]es mioches de mon nouveau patelin ! Au moment de se mettre en route, on s'aperçut que l'essieu de la charrette s'était fendu et qu'il fallait le réparer pour éviter un désastre au premier passage accidenté. Le caporal était dans une impatience frénétique d'aller plus loin, encore plus loin. S'il avait le malheur de s'arrêter, pensait-il, c'en était fait de lui. Le plus prochain village était à dix milles. Pour y parvenir, il fallait traverser un vaste désert de terre désolée sur laquelle rien ne vivait, rien ne poussait. Du toit de tuiles de la taverne, le soldat apercevait une énorme étendue ressemblant à un lac, depuis les murs du village jusqu'à la ligne d'horizon. Cela lui sourit, et il eut un long soupir de soulagement. Cette barrière entre lui et l'armée et il était sauvé : il se sentait, dans sa fièvre, à la frontière du pays de la sécurité. You Han était entouré par un groupe de citoyens qui, avec volubilité, lui persuadaient d'attendre deux jours qu'un nouvel essieu pût être taillé à même un tronc d'arbre. Mais le déserteur mit fin à la conférence en criant à brûle-pourpoint : — Fiche-moi la charrette là, charge la mule, et nous enverrons chercher l'arche de Noé quand nous serons arrivés là-bas. Sur la mule, le bagage du petit campement ! Quand la mule baie, à la remorque du gamin, eut passé, en boitant, la porte du mur à demi écroulé, ses sabots menus s'enfoncèrent jusqu'au boulet dans le sable blanc. La piste des roues de charrette, serpentant à travers la plaine, étincelait au soleil aveuglant. Au bout d'une heure, le village ne faisait plus qu'une tache brune à moins de deux milles de là. Le déserteur faisait des réflexions pleines d'amertume, mais il y avait quand même de la gaieté au milieu de ses jurons, tandis qu'il marchait péniblement en avant du gamin et de la mule. Chaque fois qu'ils s'arrêtaient pour se reposer, il causait à You Han sans s'inquiéter si l'enfant comprenait un mot sur cinq. Ils semblaient tous deux seuls au monde ; leurs destins lamentable; n'avaient jamais, à aucun moment de leur fuite, été aussi étroitement liés ; et l'espoir gisait au-delà de cette dernière barrière que leur opposait un destin devenu singulièrement clément. — Tu auras toute la semaine prochaine pour retirer le sable de tes imbéciles de chaussures, fit observer le caporal, et mes ampoules seront soignées par le chirurgien en chef du canton. Aimes-tu les poulets et les pardessus en soie ? Par le diable, mon fiston, nous sommes sur le chemin d'avoir à la pelle toutes les commodités de la vie. iiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiii iiiuiiuiiHiiiuiiniii i 15 min MIIHIIIIHIIIU IIIIIIIIIIIHI ■ IIIIIIIIIHIIHIIIIIIIIIIIUIIII Au bout de trois heures, ils n'étaient pas encore à mi-chemin, et la courte après-midi d'hiver commençait à rougir. La plaine désolée commençait à se moutonner de petites collines de sable mouvant, entre lesquelles le sentier de loin en loin se perdait. L'air était de cristal, sans un souffle de vent, et du haut d'une des collines blanches, le caporal apercevait la silhouette tremblante d'un temple surmonté d'une tour qui lui servait de point de direction. Ils n'arrêtèrent cette marche forcée que pour un bout de souper et une rapide accolade à la bouteille à eau du paquetage, à laquelle furent admis tour à tour les hommes et la mule. La lune se leva, mais avant qu'elle fût audessus des dunes imprécises de sable, le ciel se macula de bouts de nuages courant en tous sens. Le vent furieux qui les avait poussés les devança et se mit à arracher au sol des bouffées de sable et à jouer avec, d'une crête à l'autre. Les voyageurs se frottaient les yeux en poursuivant péniblement leur marche vers l'ouest, prenant leur direction d'après les traces des charrettes encore visibles et d'après la lune derrière eux. — Nous sommes plus d'à moitié chemin, criait le caporal, et ce serait idiot de se perdre dans ce mouchoir de poche de désert ! Puis le ciel gris se referma, et les tourbillons de sable bondirent à leur rencontre... Le souffle terrifiant effaçait la piste des roues comme si elle n'avait été qu'une trace de doigt. ' Toute espèce de conversation était impossible ; à la fin, le déserteur murmura à la tempête, d'une voix de cauchemar : — Ah ! une maison ! une maison !... Ç'en est fait de moi !.,. Excusez-moi si je n'ai pas pris ma dernière purge comme un homme ! P't'être que tu vas bientôt t'arrêter de souffler. Mon Dieu I Pardonnez à ma pauvre âme de poltron ! J'ai jamais voulu mal faire. Mais pourquoi diable ai-je amené ce pauvre idiot de You Han dans cette affaire-là ? Le déserteur tomba en avant sur les mains et sur les genoux et son fusil s'enterra quelque part près de lui. Il saisit la queue de You Han, de peur de se trouver séparé. Alors, la mule se poussa impétueusement contre eux, les oreilles en avant, ses grosses lèves tendues, et se mit à trompetter à grand fracas. — Li croire saura trouver, li savoir beaucoup, murmura faiblement You Han. La mule entraîna brusquement l'enfant suspendu à sa corde ; le caporal, derrière, tombait, glissait, puis, au bout de quelques pas, tous s'arrêtèrent : les trois créatures, accrochées l'une à l'autre, ne pouvaient pas aller plus loin. You Han s'abattit en un petit tas, et le caporal s'écroula la face contre terre. L'enfant avait attaché la longe autour de son poignet, et la mule, dans son impatience, lui imprimait de telles saccades que la pauvre forme, abandonnée dans le sable, semblait faire des gestes de détresse. Le caporal ne remuait plus : d'un suprême effort, You Han se rapprocha un peu de lui ; la mule suivit en protestant. Et le rideau ondulant de sable se referma sur les trois formes. L n'y avait plus ni collines, ni chemin, mais Après un moment de prostration suivi seulement un brouillard de sable tourbillond'efforts suprêmes, You Han parvint à se nant. Le déserteur et l'enfant se couvrirent la mettre à genoux et, avec ses dents, dénoua figure de leurs mains, de leurs vêtements ; la sangle de la mule ; le paquetage tomba. ils se sentirent perdus, lancés à la dérive, inca- En se traînant sur les poignets, l'enfant toucha pables du moindre acte qui pût les sauver. à nouveau le caporal et essaya de soulever L'étouffante tempête de sable était si dense, cette lourde masse, puis de lui parler dans que c'est à peine s'ils pouvaient voir, à Un pas un gémissement inarticulé. Le déserteur tenta d'eux, la mule qui tirait au bout de sa corde de se relever et n'y parvint que quand il eut d'entrave. Les dunes se soulevaient avec un compris confusément que le petit voulait lui gémissement plaintif, et dans le hurlement faire enfourcher la mule, ou tout au moins du vent au-dessus d'eux, on distinguait comme l'accrocher à sa remorque avec la longe ; il un bruit aigu de râpes, munies de dents innom- tenta, en vain, de se relever. L'effort le réveilla et, repoussant la mort qui pesait déjà sur ses brables et meurtrières. Le caporal et You Han, à tâtons, s'arrê- épaules, il se dressa en oscillant sur un genou tèrent contre le flanc d'une colline, pensant et poussa You Han vers la mule, au-dessus y trouver un abri, mais l'inondation de sable d'eux. D'une voix râpeuse comme si sa langue les y enfouit promptement jusqu'aux genoux. eût été en papier de verre, le déserteur réussit Le vent les poursuivait, les aspirait, s'achar- à dire : — Monte sur la mule ! Plus de village nait à leur chasse. De petits morceaux de silex s'enlevaient par couches et leur piquaient le chinois pour moi. Tu vaux plus que moi ; visage, comme des volées incessantes de petits toi et la mule vous valez mieux que moi. plombs. Ils ne pouvaient pas plus penser à ce Tu ne veux pas? Tiens, attrape ça ! Le déserteur frappa du poing la mâchoire qu'il fallait faire que ne le peut un nageur de l'enfant qui se débattait, et le coup fut précipité dans un déversoir. Pouvait-on vraiment penser mourir sur une appliqué avec la dernière étincelle de la force si médiocre scène ? Le déserteur, cependant, passée du caporal Sweeney. You Han s'affaissa, tout mou, comme s'il au bout de peu de temps, se rendit clairement compte de ce qui se passerait s'ils restaient, avait reçu un coup de feu : alors le fugitif de ne fût-ce qu'une heure, exposes à une telle la justice militaire se raidit et essaya de soulever dans ses bras le petit corps léger, mais n'y tempête. Ils avaient perdu leur direction et luttaient put réussir. Par trois fois il recommença. Alors, comme la mule reculait, il s'affaissa simplement pour respirer. You Han en était à sa première tempête contre elle et laissa tomber le gamin en travers au désert ; il ne se produit jamais rien de tel de son dos, comme un ballot d'étoffes. Puis dans son pays, au bord du Pei-Ho. Aussi bre- l'homme saisit le sangle qui traînait sous douillait-il tout ce qui lui revenait de prières, ses pieds dans le sable, la passa par-dessus et comptait-il de toutes ses forces sur la science You Han, et la serra de toutes ses forces de son maître, qui le tirerait certainement de avant de se laisser retomber dans le sable tourbillonnant. La mule fit un pas ou deux cette terreur affreuse de mourir gelé. L'homme et 1 enfant eurent bientôt le corps avec son fardeau en trébuchant, elle se sentit raidi par le froid et le cerveau complètement libre et en un instant, sa silhouette boiteuse engourdi. Ni l'un ni l'autre n'avait jamais rien disparut aux yeux du déserteur. A moins de cent mètres de là, une caravane enduré de comparable à cette tourmente. Ils trébuchaient d'une colline sur une autre, tom- de chameaux avait campé pour se défendre bant, se relevant, tombant à nouveau, se rele- contre l'orage, et les conducteurs Mongoliens, vant de plus en plus lentement, tandis que la engoncés dans leurs fourrures, tout près de petite mule courageuse essayait en "vain de leurs animaux, virent arriver une petite mule baie, moitié portant, moitié traînant le corps tourner la croupe à la bourrasque. d'un jeune Chinois. Lorsqu'ils eurent coupé les liens qui l'attachaient, ils s'aperçurent qu'il respirait encore. Il resta longtemps évanoui : le jour et la fin de la tourmente de sable étaient venus avant qu'il fût en état de parler, et les chameaux avec leur démarche de roulis, étaient déjà en colonne de route. Les conducteurs à la peau brune se moquaient de l'histoire racontée par l'étranger en délire, quand tout à coup, le chameau qui porte une sonnette et qui marche en tête de la caravane fit un écart devant quelque chose d'à moitié enterré dans le sable. You Han, ses forces retrouvées, repoussa les hommes du Nord avides de voir, et de ses propres mains il dégagea une forme vêtue du bleu militaire, et un visage d'Irlandais aux traits nets qui portait l'expression d'une paix immense. I RALPH D. PAINE. (Adapté par Jacques des Gâchons.) SITUATIONS POUR iiiiiiiiiiiiiiniii DIMANCHE-ILLUSTRÉ «iinaii VARIÉTÉS UME GRÈV BRAS CROISÉS EM Î4(B1 L 22 juillet 1461 mourait, en son château de Mehun-sur-Yèvres, le roi Charles VII. Son corps fut ramené à Paris ; avant de l'entrer en ville, on l'arrêta d'abord dans l'église Saint-Nicolas-des-Champs, puis il fut conduit à Notre-Dame où se déroula une pompeuse cérémonie funèbre. De là, il ne s'agissait plus que de le mener à Saint-Denis selon la tradition. Les membres d'une corporation, celle des porteurs de sel, connus sous le nom d'/iainouards, avaient le curieux privilège de porter sur leurs épaules le corps des rois. Ces hainouards, dit un chroniqueur du temps, sont officiers au fait de la saunerie de Paris, au nombre de vingt-quatre, qui sont en possession d'ainsi porter les corps des défunts rois, afin de faire voir que leur mémoire, ainsi que le sel se conserve toujours. " Dans le transport du corps de Charles VII, ces hainouards se conduisirent assez mal. Tout alla bien jusqu'au lieu dit la Croixaux-Fiens. Cet endroit, situé sur la chaussée d'Aubervilliers, bornait la banlieue de SaintDenis du côté de Paris. Là, les hainouards laissèrent le corps sur le chemin et ne voulurent aller plus loin, prétendant qu'il leur était dû la somme de dix livres parisis pour continuer jusqu'à Saint-Denis. Et Charles VII resta en panne. " Demeura le corps à ce sujet assez long espace de temps, sans avancer " dit la chronique. Il fallut que Tanneguy Duchâtel. grand écuyer du roi défunt, promit aux porteurs de leur payer le salaire réclamé. Cessant alors leur grève inopiné, les hainouards reprirent leur funèbre et royal fardeau. Ils arrivèrent à Saint-Denis sans encombre, mais à la nuit, avec un retard considérable. E PAUL SUD. Le Gérant : Paris. — HÉMERY, imprimeur, H LE PAGE. rue d'Enghien. 18. Compt et jiour cela, ne négligez rien nui puisse vous ailler a réussir, Etes-yous certain de mettre en enivre toutes les qualités dont vous êtes effectivement doue? Etes-vous sûr de ne pas laisser échapper une occasion d'améliorer votre existence? i On p'eitt savoir ce qu'on vaut cl on peut ausmenter sa puissance. La Psychologie a fait des iirojrrès suffisants pour permettre l'établissement d'une méthode mentifique a pratique «le perfectionnement de soi-même. 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Mais nous attirons spécialement l'attention sur l'extraordinaire expression d'énergie, de force, qui éclaire le visage des hommes, tandis que, crispés sur leur aviron, ils tendent toute leur volonté vers la victoire future. Cette discipline dans l'effort n'est-elle pas admirable? LA COTE 60 RECONSTITUÉE A L'EXPOSITION DE WEMBLEY L'AIEULE DE LA BICYCLETTE ACTUELLE Chez nos voisins d'outre-Manche, on travaille fiévreusement à la grande exposition qui doit s'ouvrir, à Wembley, en avril prochain. On y verra, en réduction, la reconstitution très fidèle de la côte 60 de l'ancien front français où tant de nos alliés tombèrent. Cette carcasse de bois sera recouverte de façon à simuler le sol, ses accidents, ses tranchées. Le principe de la bicyclette moderne n'est pas très ancien. Ce n'est qu'en 1839, qu'un forgeron écossais, Mac Millan, inventa ce dispositif qui comprenait un pédalier rudim3ntaire entraînant la marche des roues. Mac Millan mourut obscur, mais ses compatriotes réclament aujourd'hui pour lui la paternité de cette invention, tant améliorée depuis. UN TOUT JEUNE BOXEUR... DÉJÀ CÉLÈBRE LA REPOPULATION CHEZ LES BOAS-CONSTRICTORS En Amérique, il existe des clubs athlétiques où les enfants de la société viennent faire leurs premières armes, comme ceux que nous voyons ici dans une salle de Washington. Et le jeune boxeur, à gauche (x), est déjà célèbre, sinon par ses exploits sur le ring, du moins par son nom, car c'est Teddy Roosevelt, petit-fils de l'ancien président des Etats-Unis. On n'a pas souvent l'occasion de voir une pareille nichée de serpents. Se douterait-on que la repopulation fût si fructueuse chez eux? Cette " maman boa ", qui appartient à un jardin zoologique d'Australie, peut en être satisfaite, mais elle forme avec sa progéniture un assemblage assez effrayant, qui rappelle certains monstres fabuleux de l'antiquité.