L`arrestation d`Amy Goodman démontre que dans bien des endroits

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L`arrestation d`Amy Goodman démontre que dans bien des endroits
station d'Amy Goodman démontre que dans bien des endroits aux États-Unis le journalisme est encore u
Extrait du Presse-toi à gauche !
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L'arrestation d'Amy Goodman
démontre que dans bien des
endroits aux États-Unis le
journalisme est encore un
crime
Date de mise en ligne : mardi 20 septembre 2016
- International - Etats-Unis -
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station d'Amy Goodman démontre que dans bien des endroits aux États-Unis le journalisme est encore u
Jeudi dernier, (9 septembre 2016), un mandat d'arrêt a été émis avec l'intitulé, « Dakota du
nord contre Amy Goodman ». L'accusation porte sur la traversée criminelle d'un périmètre
de chantier. En réalité le crime, c'est l'exercice du journalisme. Nous nous sommes rendus à
la Réserve sioux de Standing Rock. Nous allions y faire un reportage sur l'opposition à la
compagnie Dakota Access Pipeline. Amy Goodman [1] et Denis Moynihan [2] rabble.ca, 15
septembre 2016,
Traduction, Alexandra Cyr.
Cette lutte a capté l'attention internationale depuis la fin de semaine de la Fête du travail (4-5-septembre) lorsque les
gardiens de l'oléoduc ont lâché des chiens et utilisé du poivre de Cayenne contre les protestataires. Ce dimanche là,
au moins six bulldozers creusaient le long du tracé de l'oléoduc où se trouvent des sites archéologiques et sacrés qui
ont été mis au jour par la tribu. La compagnie avait obtenu le droit de travailler sur ces sites la veille lors d'un
jugement émis par une cour devant laquelle la tribu avait porté plainte (pour violation de ces sites). Beaucoup sont
convaincus que la compagnie s'était empressée de raser le territoire et de détruire les sites avant qu'une injonction
ne soit émise pour permettre des études plus approfondies.
Plusieurs personnes, surtout des autochtones, se sont précipité vers les machines pour tenter de les arrêter. Les
gardiens les ont accueillis avec du poivre de Cayenne, les ont frappé et plaqué au sol. Des chiens d'attaque ont été
lâchés. Ils ont mordu au moins six personnes et un cheval.
Nous étions là. Nous filmions la violence des gardiens. Lorsque nous avons publié notre vidéo elle est devenue
virale. Sur Facebook seulement, elle a été visionnée par plus de 13 millions de personnes. CNN, CBS, MSNBC et un
nombre incalculable d'organes de diffusion partout dans le monde ont rendu publique nos images d'un chien
d'attaque avec du sang sortant de son nez et de sa gueule.
Cinq jours après ces événements le Dakota du nord émettait son mandat d'arrêt. M. Lindsey Wohl, agent spécial du
Bureau d'investigation criminelle du Dakota du nord, réfère à la vidéo de Democracy Now dans l'affidavit livré sous
serment. Il déclare : « On peut voir Amy Goodman s'identifiant elle-même sur cette vidéo et faisant des entrevues
avec les protestataires au sujet de leur implication dans l'action en cours ». L'argument parle de lui-même : elle
accomplissait un travail protégé par la constitution, celui de reporter.
Mme Delphine Halgand, la directrice de l'organisme international de surveillance de la liberté de presse, Reporters
sans frontières, a déclaré : « Accuser criminellement une journaliste pour avoir traversé une ligne alors qu'elle
rapportait un important sujet de nature environnementale et d'intérêt public notaire, est une attaque directe à la
liberté de presse et absolument inacceptable dans le pays du Premier amendement ». M. Carlos Lauria du Comité
pour la protection des journalistes, ajoute : « Ce mandat est visiblement une tentative d'intimidation des journalistes
qui couvrent des protestations d'intérêt public évident. Les autorités du Dakota du nord devraient se sortir de cet
embarras, retirer les accusations contre Amy Goodman et garantir à tous les reporters la liberté de faire leur travail ».
The Bismarck Tribune a rapporté les propos de M. Steve Andrist directeur exécutif de l'Association des journaux du
Dakota du nord : « Il est regrettable que les autorités du Dakota du nord aient choisi d'accuser une journaliste qui ne
faisait que son travail. Cela donne l'impression qu'elles tentaient d'imposer le silence à la reporter et de l'empêcher
de rendre publique cette importante histoire ».
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station d'Amy Goodman démontre que dans bien des endroits aux États-Unis le journalisme est encore u
Cette histoire est critique pour la confiance du public partout dans le monde. Elle parle du réchauffement climatique,
des droits des autochtones face à ceux des entreprises et du gouvernement.
Le jour même de l'émission du mandat d'arrêt, le Gouverneur du Dakota du nord, M. Jack Dalrynple, faisait appel à
la Garde nationale en prévision d'une décision judiciaire qui allait être émise le lendemain. Le vendredi, le juge
émettait un jugement contre la tribu et permettait la poursuite de la construction. Quinze minutes plus tard, par une
décision sans précédent, le Département fédéral de la justice, celui de l'intérieur et l'armée ont publié une lettre
conjointe qui annonçait l'arrêt de la construction de l'oléoduc sur les terres contrôlées par le Corps des ingénieurs de
l'armée tant que des consultations formelles entre les gouvernements et les tribus touchées par le projet qui veulent
protéger leurs territoires, leurs ressources et leurs droits découlant des traités n'auraient pas aboutit. Mais la
construction et les barricades non violentes se poursuivent sur les terres autres que fédérales malgré les demandes
du gouvernement de Washington auprès du Dakota du nord pour volontairement faire arrêter les travaux.
Plusieurs ont dit que le journalisme est le brouillon de l'histoire. Au cours des 20 dernières années, Democracy Now
dans son heure de nouvelles, s'est donné avec fierté, la mission de couvrir les mouvements parce qu'ils font
l'histoire. L'action à Standing Rock est un rassemblement historique de milliers de personnes membres de plus de
200 tribus amérindiennes des États-Unis, du Canada et de l'Amérique latine que se sont désignées elles-mêmes
comme des « protecteurs-trices » plutôt que des protestataires. C'est le signe d'une unité de ces tribus jamais vue
depuis de décennies.
(Au moment de publier cet article), aucun des gardiens du chantier de l'oléoduc n'a été poursuivi malgré les images
de la vidéo qui les montrent clairement en train d'agresser les manifestants-es avec les chiens et le poivre de
Cayenne. Le North Dakota Private Investigation and Security Board poursuit son enquête sur l'usage de la force et
des chiens par les gardiens.
Pendant ce temps nous allons combattre l'acte d'accusation qui nous concerne. La liberté de presse est essentielle
au bon fonctionnement d'une société démocratique.
Dakota du nord, muselez vos chiens pas la presse !
[1] A. Goodman est la cheffe d'antenne de Democracy Now qui diffuse et rapporte les événements depuis 20 ans.
[2] Journaliste participant à Democracy Now.
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