Conseil Général d`Ille-et-Vilaine Groupe d`Union de la Droite et du
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Conseil Général d`Ille-et-Vilaine Groupe d`Union de la Droite et du
Conseil Général d’Ille-et-Vilaine Groupe d’Union de la Droite et du Centre Budget Primitif 2013 Session des 13, 14 et 15 février 2012 Monsieur le Président, Mes Chers Collègues, Comme chaque année, nous nous réunissons pour étudier votre projet de budget pour l’année 2013. Une fois de plus, cet exercice se situe dans un contexte de crise économique qui aura inévitablement des conséquences lourdes sur les finances de nos collectivités. A ce contexte morose s’ajoute aujourd’hui un drôle de sentiment distillé par le sommet de l’Etat qui plonge les élus que nous sommes, tout comme l’ensemble de nos concitoyens, dans le doute, le pessimisme et le désarroi. Comment ne pas douter, en effet, quand Madame la Ministre en charge des collectivités locales annonce une baisse des dotations de 750 millions d’euros en 2014, auxquels viendront s’ajouter 750 millions d’euros supplémentaires en 2015 ? Comment ne pas douter quand le ministre du budget déclare le 7 février dernier « ne pas exclure » de majorer l’effort qui pourrait être demandé par le gouvernement aux collectivités locales ? Le quotidien « Les Echos » a d’ailleurs chiffré cet effort supplémentaire à 1,5 milliard d’euros d’ici à 2015 pour financer le crédit d’impôt compétitivité. Ce sont donc 3 milliards d’euros qui seront confisqués. Comment ne pas s’interroger, de ce fait, sur la capacité de ces mêmes collectivités à faire face à l’augmentation des charges qui leurs sont déjà imposées par des arbitrages gouvernementaux discutables. Je pense notamment à la réforme des rythmes scolaires qui coûtera au contribuable français 600 millions d’euros pour sa mise en place, et qui, c'est le moins que l'on puisse dire, concentre toutes les oppositions. S’agit-il là d’une traduction du « pacte de confiance » proposé par le Gouvernement aux collectivités ? S’agit-il là de la nouvelle déclinaison du socialisme français qui consiste à faire payer par les autres les factures que l’on contracte soi-même ? Cela fait d’ailleurs étrangement écho à vos propos tenus lors de la session budgétaire de l’année dernière, vous qui estimiez que « la politique du Président [Sarkozy], ce n’est pas la maîtrise budgétaire, mais la rigueur à tout prix et pour les autres » fin de citation. 1/7 Vous avez combattu avec virulence le projet de réforme territoriale proposé par le précédent gouvernement. Vous dénonciez alors la création d’un nouvel élu territorial, qui aurait eu vocation à siéger au sein des deux collectivités que sont la Région et le Département et qui aurait surtout permis de rapprocher les 2 collectivités, de mutualiser, de simplifier, de faires des économies. Arrivée au pouvoir, la gauche a tout naturellement supprimé l’architecture de cette réforme pour proposer la sienne. En effet, le projet de loi de décentralisation sera présenté en conseil des ministres au mois de mars. Les objectifs sont flous et le Conseiller Départemental sera créé, à la seule condition que votre famille politique soit rassemblée. Pourtant, le Sénat a rejeté, vendredi 18 janvier dernier, le projet de loi rebaptisant les conseillers généraux en conseillers départementaux et modifiant leur mode d’élection. Loin des attentes exprimées par les élus durant les Etats généraux de la démocratie locale à l’automne dernier, qui n’a été au final qu’une vaste opération de communication, le Gouvernement n’a formulé aucune proposition pour accompagner la décentralisation, pour offrir des perspectives de ressources pérennes aux collectivités territoriales ou pour améliorer les conditions d’exercice des mandats locaux. La réforme des Conseils généraux rejetée par le Sénat est emblématique de cette obsession du Gouvernement à changer les règles électorales en sa faveur. L’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux est un objectif légitime que nous partageons tous. Cet objectif doit toutefois être poursuivi au regard d’autres objectifs à valeur constitutionnelle tous aussi légitimes, comme le respect du pluralisme et la représentation des territoires de la République. Or, sous couvert de garantir une stricte égalité du nombre d’élus femmes et hommes dans les départements, le Gouvernement a proposé un mode de scrutin, dont l’objectif inavoué est d’affaiblir la représentation des territoires ruraux. En Ille-etVilaine, la taille moyenne des cantons serait de plus ou moins 36 000 habitants contre 18 000 actuellement ! Drôle de conception de la représentativité des territoires au sein de l’Assemblée départementale puisque 1/3 des cantons sera situé dans l’agglomération rennaise alors qu’aujourd’hui leur représentation est d’1/5ème. Ce mode de scrutin a été conçu sur mesure pour votre famille politique. Vos partenaires de la majorité sénatoriale ne s’y sont pas trompés. En effet, lors du vote au Sénat, les trois groupes Radical, Ecologiste et Communiste ont donc joint leurs voix à celles des sénateurs de la droite et du centre pour permettre le rejet de ce mode de scrutin inique. Alors qu’en 2009 vous aviez convoqué le Conseil général en session extraordinaire avec pour seul objet la réforme territoriale en considérant qu’il s’agissait là d’un sujet de premier plan pour notre collectivité, vous ne nous avez présenté en décembre dernier qu’un maigre rapport sur la contribution du Département d’Ille-etVilaine au débat sur le futur acte III de la décentralisation. 2/7 Vous comprendrez donc, Monsieur le Président, que votre posture nous interroge sur l’implication des élus de cette assemblée relative à la prochaine dynamique de décentralisation qui, souhaitons-le, modifiera profondément le fonctionnement de notre collectivité. Comme nous avons déjà pu l’exprimer, il nous semblerait tout à fait opportun d’organiser un temps d’échange à ce sujet avec nos collègues de la Région, qui eux, en revanche, se sont déjà organisés en groupes de travail. La session d’avril 2013 que vous venez de supprimer de notre agenda aurait pu être l’occasion de ce temps d’échange que nous appelons de nos vœux à chaque session. Sur le fond de la réforme annoncée, vous défendez bec et ongle le maintien de la clause de compétence générale. En décembre 2007, Mme Lebranchu, aujourd’hui Ministre en charge de cette réforme, déclarait, lors de son audition à la Commission Lambert : « La clause de compétence générale alliée aux quatre niveaux de collectivités territoriales […] engendre confusion, conflits, concurrence territoriale, doublons administratifs et perte d’argent public ». Même chose pour les nouveaux transferts de compétences prévus dans le Projet de Loi. Mme Lebranchu, toujours lors de son audition à la Commission Lambert déclarait : « Le transfert de compétences aux collectivités a multiplié les doublons Etat/collectivité favorisant là aussi le croisement des compétences et des responsabilités ». De revirements en reniements, la gauche au pouvoir semble décidément souffrir d’amnésie et désormais, la majorité du Président de la République applique tout ce qu’elle a combattu et critiqué. Avant d’en venir à l’ordre du jour et à l’examen du budget, un autre sujet d’ordre national inquiète bon nombre d’élus et d’habitants de ce département, sujet qui concerne directement notre collectivité. Je veux parler de la Loi concernant le mariage pour tous. Les Départements ayant en charge les procédures d’adoption, les élus du groupe UDC 35 se sentent tout particulièrement concernés dans l’exercice de leur mandat puisque le projet de loi, en l’état, autorise l’adoption par des couples de même sexe. A ce jour, il y a en France 30.000 agréments valides pour environ 2.000 enfants adoptés et chacun sait que la procédure est longue entre l’obtention de l’agrément et l’accueil effectif d’un enfant. Parmi ceux-ci plus de 70% sont des enfants d’origine étrangère. Or, certains pays n’ouvrent plus l’adoption aux Etats qui autorisent le mariage homosexuel. L’étude d’impact du projet de loi avance clairement qu'il y aura des conséquences pour les départements qui devront revisiter leurs pratiques dans le cadre de la délivrance des agréments. C’est la raison pour laquelle nous vous déposons une proposition ce jour pour que soit organisé un temps d’échange au sein de cette assemblée sur cette question de l’adoption. 3/7 Venons-en à présent à l’objet qui nous réunit aujourd’hui. En décembre dernier, à l’occasion des orientations budgétaires, vous nous aviez présenté les premières esquisses de votre projet de budget pour 2013, esquisses qui avaient suscité bon nombre d’inquiétudes dans nos rangs : baisse annoncée des investissements (-10 millions), hausse des impôts, toilettage de façade de dispositifs anciens, bref autant de symptômes d’un Département en panne. A la suite de notre conférence de presse de janvier dernier, votre majorité, par voie de presse, s’est alors émue de notre analyse et nous a ainsi appris, par exemple, que le niveau d’investissement en 2013 sera identique à celui de 2012 et que les aides aux entreprises n’avaient pas diminué depuis 2010, remettant en cause, donc, nos propos. Ainsi, c’est avec le plus grand des plaisirs que nous avons accueilli l’annonce d’une rallonge de 10 millions d’euros sur l’investissement par rapport aux prévisions des orientations budgétaires, nous laissant toute latitude de croire que notre inquiétude sur ce sujet a été prise en compte pour la construction du Budget Primitif 2013. Satisfaction du groupe UDC 35 donc. Quant aux aides aux entreprises, nous nous réjouissons d’apprendre qu’elles n’avaient pas diminué et de fait n’avoir pas saisi vos propos dans le numéro d’ « Actualité » de décembre 2011 qui sont les suivants : « En 2010, le Conseil général disposait de 4 millions d’euros pour aides les entreprises. Ce montant est de 750.000 € cette année. ». Mais cet océan d’arguments, de contre-arguments, de vérités et même de contrevérités, ne vient pas pour autant changer la réalité de votre gestion des affaires départementales. Et c’est justement pour éviter l’ « inertie » du Département que notre groupe préfère « la proposition à l’incantation » pour reprendre les termes d’un Edito d’un blog que vous devez bien connaître. En effet, nous avons déposé plus d’une trentaine de propositions depuis 2011. Régulièrement, nous déposons des questions orales afin d’être éclairés sur de grands sujets départementaux. Récemment, nous vous avons demandé une évaluation des Agences départementales, refusée puisque non-conforme au Règlement Intérieur. Nous respectons bien sûr ce Règlement, même si nous considérons qu’une telle évaluation serait profitable à l’amélioration des services rendus par notre collectivité. Vous vous êtes tout de même engagé à confier au Comité d’évaluation du Conseil général cette mission que nous attendons impatiemment. Récemment, nous vous avons demandé la constitution d’un groupe de travail sur le remodelage des cantons dans le cadre de la future réforme territoriale. Refusé aussi. Bref, autant de démarches qui témoignent bien que notre groupe n’est pas que dans une posture d’opposition mais sait aussi être force de proposition en étant 4/7 constructif et soucieux de la bonne gestion des affaires départementales et du développement de nos territoires. Concernant le Budget Primitif 2013 Cette année encore, mais c’est l’année ou jamais avant les prochaines élections départementales, vous nous promettez plus d’impôts en relevant la taxe sur le foncier bâti de 2,5 %. Cette augmentation d’impôt apportera 10 millions d’euros de recettes supplémentaires, 10 millions d’euros confisqués aux ménages d’Ille-et-Vilaine. Comme toujours, l’impôt est votre variable d’ajustement, alors que d’autres choix pourraient être opérés. Nous pensons au groupe UDC 35 que nous aurions pu cette année trouver des marges de manœuvre pour ne pas augmenter les impôts. Nos dépenses de fonctionnement ont bondi de 9,81 % en deux ans évoluant ainsi plus vite que celles de bon nombre de départements de notre strate de population. On peut d’ailleurs noter la progression du budget des ressources humaines (+ 4,03%) qui représente désormais plus de 14% de notre budget global. Avec 161 €/ habitant, l’évolution des dépenses de personnel depuis 2009 est préoccupante et il est indispensable de s’en inquiéter. Par exemple, notre voisin, le Président du Conseil général des Côtes d’Armor Claudy Lebreton, Président de l’ADF, a lui-même déclaré « A chaque départ à la retraite, je me pose la question de son remplacement. J’ai réduit le personnel affecté aux travaux routiers. Dès que possible, je mutualise. ». Gageons que les contours de la future loi sur la décentralisation permettent d’accompagner de profondes mutualisations entre collectivités et puissent nous faire réaliser des économies structurelles sur le budgets des ressources humaines tout en confortant l’efficacité de nos services et la cohérence de notre action. Toujours en termes de fonctionnement, nous pouvons noter, encore une fois cette année, une augmentation du budget de la Communication s’établissant à présent à plus d’1,7 millions d’euros alors que dans le même temps certains départements comme le Haut-Rhin diminuent leur dépenses de communication de 10% pour atteindre une baisse de 50% d’ici 5 ans. « On se connaît », la création prochaine d’un gentilé, « Nous, Vous, Ille » dans le métro, autant d’actions de communication qui coûtent cher, pour un service rendu à l’usager discutable mais peut-être porteur là encore, à l’orée des échéances de 2015. En marge des divergences qui nous opposent sur votre construction budgétaire, certains dossiers nous semblent porteurs pour le développement de l’Ille-et-Vilaine et de la Région Bretagne. Je pense en particulier au projet d’aéroport Grand Ouest de Notre-Dame-des-Landes regrettant cependant l’inertie du gouvernement sur ce sujet ; à la LGV Brest-Quimper-Paris, à la phase opérationnelle, enfin, du très haut débit. En revanche, d’autres rapports nous interrogent. 5/7 Le Plan de lutte contre la précarité et pour l’emploi des jeunes Le chômage des jeunes est un sujet qui nous préoccupe tous, sur tous les bancs de cette assemblée, à gauche, au centre ou à droite. A la lecture du rapport, il semblerait que ce plan vous permette d’afficher les dépenses liées à l’embauche des Emplois d’Avenir, emplois que vous aviez par ailleurs déjà annoncés dès la création du dispositif. Ces Emplois d’Avenir sont décrits comme si rien n’avait existé précédemment. Mais selon nous, le chômage des jeunes est un sujet qui doit être abordé avec moins de certitude et plus d’humilité. Nous espérons que ces emplois ne seront pas un leurre pour les jeunes car le gouvernement prend le risque de leur laisser croire que les emplois dans les collectivités sont des emplois d’avenir. C’est effectivement le secteur non marchand qui est habilité à contractualiser ce dispositif. Alors que les petites entreprises du secteur marchand, en particulier les plus petites, ont prouvé leur capacité à accueillir des jeunes en apprentissage ou en alternance, à les former ou à les insérer. Ce qui veut dire que par idéologie, lorsque la majorité parle de l’emploi des jeunes, elle ne pense qu’aux emplois publics. Nous pensons au contraire que le gouvernement aurait pu mettre en œuvre un vaste programme sur la formation en alternance et sur l’apprentissage car aujourd’hui, beaucoup de contrats d’apprentissage sont remis en cause faute de moyens financiers suffisants et qu'il existe des offres d'emplois non satisfaites dans le secteur marchand. Concernant l’abondement de l’enveloppe allocations mensuelles et secours d’urgence, nous y sommes favorables, les équipes des CDAS agissant vraiment au plus près des habitants. Point sur la démarche de la relation à l’usager « On se connaît ?» Vous connaissez notre position sur cette action de communication qui monopolise désormais beaucoup de temps dans cette assemblée, de moyens logistiques et financiers, a priori beaucoup d’énergie dans nos services, pour un résultat qui pour l’heure semble plus qu’incertain. Ce bilan d’étape nous amène en outre à formuler une requête notamment dans le cadre de l’organisation des forums auxquels les élus ne sont pas conviés. Il nous semble au contraire important que les représentants élus des territoires soient pleinement associés à cette démarche, aussi discutable soit-elle. Nous étudierons également un rapport relatif au premier schéma départemental d’accueil du jeune enfant pour lequel nous aurons de nombreuses réserves à vous formuler. 6/7 Enfin, votre marotte, la création d’un gentilé pour les habitants d’Ille-etVilaine, coûtera 30.000 euros au contribuable. Décidemment, votre majorité se plaît à baptiser, rebaptiser et débaptiser notre territoire puisqu’en 2005 pour aviez souhaité changer le nom de notre département « Ille-et-Vilaine » par « Haute Bretagne » provoquant le tôlé que nous connaissons tous. Bien entendu, trouver un gentilé pour les habitants de ce département ne nous pose pas un problème en soi. Nous considérons simplement que des sujets autrement plus importants pourraient faire l’objet d’attentions plus affirmées et que ces 30.000 euros pourraient être utilisés à d’autres fins. Mais vous allez me dire que 30.000 euros représentent 0,03 € par habitant et moi je vous répondrai qu’un million d’euros pour le Plan de lutte contre la précarité ne représente, lui, qu’1 euro par habitant. Enfin, Monsieur le Président, mes chers collègues, le principe de réalité qui s’impose : - avec le gel des dotations de l’Etat aux collectivités locales en 2013 - avec leur forte diminution dans les années à venir - avec l’augmentation des dépenses sociales - avec les menaces qui pèsent sur l’économie et l’emploi - avec la précarité qui ne cesse de s’accroître - avec une pression fiscale toujours plus forte …. doit nous conduire à nous poser les bonnes questions. Pour nous la réponse tombe sous le sens, le contexte de crise économique et d’endettement de notre pays impose une véritable rupture : recentrage du département sur ses compétences régaliennes, singulièrement l’action sociale en faveur de l’enfance, des personnes âgées, handicapées ou en difficulté d’insertion, soutien à l’économie via les infrastructures de communication (routes, très haut débit et transports), partenariats renforcés avec la Région et les intercommunalités, économies de gestion. Pour notre groupe, il est impérieux de profiter du nouvel acte de décentralisation et de la réforme des collectivités, initiés depuis 2009, pour savoir ce qu’on accepte de ne plus faire, ce qu’on accepte de faire mieux et ce qu’on accepte de faire autrement. Je vous remercie. Marie DAUGAN Présidente du groupe UDC35 Conseiller général du canton de Montauban-de-Bretagne 7/7