les silences parlent… - Culture

Transcription

les silences parlent… - Culture
Tous les silences parlent…
Raconte petite Elisa, raconte-nous comment tu vis en silence…
"Le silence attend,
Un peu, quotidiennement le retour de son homme qui chaque soir se fera de plus en
plus tard.
Beaucoup, lorsqu’un « petit tour inhabituel » est annoncé en pleine soirée. Les
pourquoi s’accumulent alors que l’attente commence et meurtrit.
Passionnément, quand le silence suppose, imagine, sait et que par amour il attend
que « cela passe »…
A la folie, pour lui, pour qu’il guérisse de cette empreinte laissée sur sa peau, son
âme, son cœur… attendre de pouvoir le faire sourire à nouveau… Alors le silence
attend oui, encore et toujours.
Le silence pleure,
Un peu, le rythme incessant de la vie qui ne laisse pas le temps aux larmes de
sécher.
Beaucoup, lorsque cette présence qui vous est si chère s’absente, une minute, une
heure, une journée et soudain revient le temps d’un baiser pour repartir à nouveau.
Doucement, les larmes apparaissent, se succèdent et se ressemblent mais restent
invisibles.
« Vite, vite, sèche ton chagrin pour que ton homme et les autres n’y voient rien ».
Passionnément, quand le cœur lourd entend chaque soir les confessions d’un
homme amoureux qui raconte, telle une histoire, les mots, les baisers, les caresses
qui le lient et le rendent prisonnier d’un jeune corps étranger.
A la folie, quand la patience fait défaut et que l’amour semble être à sens unique. Le
mouchoir étouffe ces cris de douleur mais cela ne ce fait pas sans heurts. Alors, le
silence pleure oui, mais sans bruit.
Le silence aime,
Un peu, cet homme si fort, si courageux, si travailleur qui rentre chaque soir le
visage souillé.
Beaucoup, cet amant, à la fois doux et brutal, assouvissant ses désirs à la tombée
de la nuit. Se donner totalement, corps et âme rien que pour lui, toujours sans mot
dire.
Passionnément, ce père qui taquine, qui rit et qui joue avec ses trois petits témoins
insouciants. Redevenir enfant, le temps d’un instant, rien que pour être câliné.
A la folie, ce Gilles qui aimait, qui aime et qui aimera ce silence. Lui, à la fois grand
et petit, doux et brutal, noir et blanc, trompeur et franc, fort et sensible… Alors, le
silence aime oui, et chaque jour un peu plus fort ! Les mots ne sont en rien
nécessaires, un amour aussi grand ne se vit et ne se raconte qu’en silence.
Le silence souffre,
Un peu, quand vous vous sentez inutile et remplacée… Lorsque d’autres mains
prennent soin de ces corps qui vous sont chers et s’empressent de vous aider. Bout
par bout, on vous enlève doucement un peu de bonheur, un peu de vie.
Beaucoup, quand cet homme pose ses regards sur les formes d’une jeunette plus
désirable, quand ses bras vous quittent pour en rejoindre d’autres ou quand le baiser
du soir se fait rare, s’estompe et se laisse oublier comme par hasard. Le silence
souffre de ces riens qui s’accumulent en une douleur sans précédent.
Passionnément, lorsque les questions s’amoncèlent et ne trouvent aucune réponse.
Seule vous avancez dans le silence que vous laissent le Ciel, les gens, la vie.
A la folie, quand celui pour qui vous vous êtes battue n'éprouve plus ni joie ni
douleur. Ressentir pour deux, lui prendre cette souffrance ! Alors le silence souffre
oui, à sa place, de ces riens qui deviennent quotidiens et qui s’accumulent encore et
encore…
Le silence meurt,
Un peu, tous les jours, depuis que des mots ont levé les interrogations, depuis que
la connaissance mine l’esprit et que cet amour unique qui vous était donné se
déchire pour être partagé.
Beaucoup, lorsque entre solitude et présence, le paradoxe s’installe. C’est seul que
le silence se décompose et saigne lentement devant ces regards aveugles. Il naît, vit
et se meurt à petit feu mais persiste à ne pas finir.
Passionnément, quand ce cœur qui souffre lutte, continue son combat et tente en
vain de recoller les morceaux d'un autre cœur brisé.
A la folie, quand votre corps n’en peut plus et vous supplie d’arrêter. Alors le silence
meurt oui, sans bruit… Il naît, vit et meurt d’un amour infini. "
Raconte petite Elisa, raconte-nous pourquoi tu vis en silence…
"Je l’aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie …
Me comprenez-vous ? Vous me répondrez tristement : … " Pas du tout ! "
Alors, je vous dirai: vous qui voulez que le silence vous réponde, vous raconte, vous
parle… Taisez-vous … et écoutez plutôt
…"
Mathilde Chalais, Lycée Saint-jacques à Liège, classe de 6e de Mme Herbillon