GYMNASE AUGUSTE PICCARD La cortisone et ses dérivés

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GYMNASE AUGUSTE PICCARD La cortisone et ses dérivés
GYMNASE AUGUSTE PICCARD
Lausanne, le 13 novembre 2006
Travail de maturité
réalisé par
Arnaud Colliard
3MS3
La chimie sauve des vies :
La cortisone et ses dérivés
« La Cortisone » de Raoul Dufy
fig. tirée de http://www.arthrites.be
Professeur responsable : Jean-Robert Yersin
RÉSUMÉ
Mon travail traite de la cortisone et de ses dérivés. La cortisone est identifiée au début du
XXème, isolée en 1936 et synthétisée en 1944. Sa première administration chez un malade en
1948 est couronnée de succès.
Je me suis premièrement penché sur sa production endogène et sa fonction dans l’organisme.
Puis je me suis intéressé à sa fabrication synthétique et celle de ses molécules dérivées. J’ai
étudié l’utilisation thérapeutique de ces dernières ainsi que les problèmes liés à leur
utilisation. Finalement, j’ai approfondi le rôle que ces substances jouent dans le sport.
La cortisone est une hormone produite dans la zone corticale d’une glande endocrine située au
dessus du rein, la surrénale. Cette glande produit également du cortisol, forme plus active que
la cortisone et plus abondante dans l’organisme humain. Ces hormones ont un rôle primordial
sur le métabolisme en général (des protides, lipides, glucides, eau + électrolytes). Elles
entraînent également de nombreux effets physiologiques : action anti-inflammatoire, antiallergique, anti-stress, effet immunosuppresseur, effet sur le métabolisme osseux, entre autres.
La production des glucocorticoïdes (cortisone, cortisol) est régulée par une autre hormone
sécrétée par l’hypophyse (ACTH). Cette régulation fonctionne par un système de
rétrocontrôle.
La corticothérapie agit par voie locale ou générale. Tous les modes d’administration sont
exploités, ce qui permet des traitements bien ciblés.
De nombreux dérivés sont créés en apportant des modifications à la molécule de cortisol afin
d’augmenter sa puissance et sa durée d’action et diminuer ses effets secondaires (prednisone,
méthylprednisolone, etc…).
Les corticoïdes sont utilisés dans le traitement de la maladie d’Addison (déficit de production
endogène) et tiennent une place de choix dans le traitement de pathologies très diverses, où
leurs nombreux effets sont recherchés.
La corticothérapie est instaurée parallèlement à un traitement spécifique de la maladie et
constitue donc une thérapie complémentaire.
Lors d’une corticothérapie systémique, il faut se soumettre à plusieurs régimes particuliers et
ne pas négliger les apports alimentaires nécessaires pour contrecarrer les effets négatifs de ces
substances sur le métabolisme.
Les effets secondaires induits par les corticostéroïdes sont nombreux : troubles digestifs,
métaboliques, psychiques, oculaires, endocriniens, pour ne citer qu’eux. C’est pourquoi dans
certains cas un traitement alternatif est recherché. Toutefois, celui-ci sera moins efficace.
Les corticoïdes sont également beaucoup utilisés dans le monde sportif pour diminuer les
inflammations, afin de continuer les entraînements ou participer à des compétitions.
Malheureusement, certains sportifs abusent de ces produits. C’est pourquoi ils font l’objet de
beaucoup de controverses.
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TABLE DES MATIÈRES
1. INTRODUCTION
5
1.1.
1.2.
1.3.
1.4.
5
5
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6
Motivations
Histoire de la pharmacologie
Question de recherche
Méthodologie
2. DÉCOUVERTE DE LA CORTISONE
6
3. PRODUCTION ENDOGÈNE
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3.1.
3.2.
3.3.
3.4.
3.5.
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9
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4. UTILISATION THÉRAPEUTIQUE
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4.1. Synthèse de la cortisone
4.2. Dérivés de synthèse
4.2.1. Voies d’administration et formes galéniques
4.2.2. Spécificités et activités de différents dérivés
4.3. Mécanisme d’action
4.3.1. Transformation dans l’organisme (métabolisme)
4.3.2. Activité au niveau cellulaire
4.4. Champs d’application de la cortisone de synthèse
4.4.1. Corticothérapie de substitution
4.4.2. Autres possibilités d’emploi
4.5. Précaution à prendre lors d’une corticothérapie
4.6. Arrêt d’une corticothérapie
4.7. Contre-indications d’une corticothérapie
4.8. Alternatives à une corticothérapie
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5. EFFETS SECONDAIRES
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5.1. Les effets secondaires systémiques
5.2. Les effets secondaires locaux
5.2.1. Effets sur la peau
5.2.2. Effets sur les poumons
5.2.3. Effets sur la muqueuse nasale
5.2.4. Effets au niveau de l’œil
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21
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21
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Structure chimique
Site de production
Sécrétion des glucocorticoïdes
Concentration sanguine
Action dans le corps
3.5.1. Action des glucocorticoïdes sur le métabolisme
3.5.2. Effets physiologiques des glucocorticoïdes
3
6. EMPLOI ABUSIF DANS LE DOPAGE
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6.1.
6.2.
6.3.
6.4.
6.5.
6.6.
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7. CONCLUSION
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8. ANNEXES
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8.1. Bibliographie
8.2. Questionnaires
8.2.1. Questionnaire adressé aux médecins sportifs
8.2.2. Questionnaire adressé au Dr Lidia Avois
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33
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Historique
Réglementation et contrôle
Effets recherchés
Conséquences sur la santé du sportif
Témoignages de sportifs et de médecins
Interviews
6.6.1. Docteur Daniel Blanc
6.6.2. Docteur Abdallah Mourad
6.6.3. Docteur Lidia Avois
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1. INTRODUCTION
1.1. MOTIVATIONS
En ce début de XXIème siècle, il paraît à chacun absolument normal de soigner son mal de
tête avec de l’aspirine, une infection avec de la pénicilline ou un diabète avec de l’insuline.
Traiter une affection à l’aide de préparations chimiques est donc totalement entré dans les
mœurs au cours du siècle précédent. En effet, qui d’entre nous, tout au long de sa vie, n’a pas
recours ponctuellement ou de manière sporadique, à un médicament d’origine chimique ? Qui
peut prétendre pouvoir se passer de la chimie, puisque même les préparations homéopathiques
en sont issues ? Si la chimie sauve des vies, elle a aussi changé notre vie et le sort de
l’humanité. Elle nous permet d’avoir à notre disposition un grand choix de médicaments
doués d’effets puissants, fruits de la recherche et des avancées de la science, qui sont élaborés
en fonction des découvertes les plus récentes. Fabriqués grâce à des technologies de pointe, ils
sont destinés à combattre la maladie, à la prévenir, à la soulager ou encore à la diagnostiquer.
Il m’a paru intéressant, dans un monde secoué régulièrement par de nouvelles découvertes, de
me pencher sur une substance isolée en 1936, la cortisone, et de parler également de ses
dérivés. A l’heure où plus personne ne s’étonne de son utilisation dans les pathologies les plus
diverses, il me semble intéressant de voir pourquoi son emploi la rend indispensable et
irremplaçable dans de nombreux traitements actuels.
1.2. HISTOIRE DE LA PHARMACOLOGIE
Depuis les temps les plus reculés, l’homme a essayé de trouver des remèdes à la maladie. La
découverte de substances exerçant un effet bénéfique sur sa santé n’est pas le fruit du hasard
mais celui de recherches. Celles-ci répondent au besoin de l’espèce humaine de trouver des
moyens pour se soigner et donc pour survivre.
Les médecins égyptiens, d’un niveau remarquable, pratiquaient déjà des interventions
chirurgicales et prescrivaient à leurs patients des potions à base de plantes, dont ils
connaissaient les vertus. Plus tard, le Grec Hippocrate, considéré comme le plus éminent
médecin de l’Antiquité, fut le premier a affirmer que la maladie est un phénomène naturel
chez l’homme et que la Nature nous donne les moyens de la vaincre. Certains principes actifs
contenus dans des végétaux employés à cette époque, sont d’ailleurs encore utilisés
aujourd’hui par l’industrie pharmaceutique.
Au XVIème siècle Paracelse, célèbre alchimiste bâlois et précurseur de l’homéopathie, eut
l’idée d’une thérapie nouvelle, faisant appel à des substances obtenues en laboratoire, donc
des produits chimiques, ce qui était jusqu’alors impensable. Cette révolution donna naissance
à la pharmacologie. Il faut cependant attendre le XIXème siècle, pour que le développement
de la chimie permette l’isolation de nombreux principes actifs, comme la quinine, la cocaïne
ou l’acide salicylique. Dès lors, les industries pharmaceutiques voient le jour (Bayer) et avec
elles les médicaments de synthèse produits à grande échelle.
Par ailleurs, le XXème siècle a été celui de très nombreuses et très grandes découvertes
scientifiques qui ont changé le monde, bouleversé les traitements médicaux et le
comportement de l’homme face à la maladie. Si le siècle qui s’annonce, contrairement au
précédent, ne sera pas celui de toutes les découvertes, il nous reste encore au cours de celui-ci
à trouver des médicaments décisifs contre les affections virales, les cancers, les rhumatismes,
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les affections cardio-vasculaires et les dépressions, affections que l’on peut actuellement
soulager mais pas guérir.
1.3. QUESTIONS DE RECHERCHE
Mon sujet est de retracer le développement d’une substance endogène depuis sa découverte
jusqu’à ce jour, sur le plan purement chimique d’une part et d’autre part sur le plan de
l’évolution de son application dans les différents domaines médicaux.
Je me suis aussi demandé quels ont été les obstacles liés à son développement et les
problèmes engendrés par son utilisation. J’ai cherché à comprendre comment ce principe actif
et ses puissants dérivés sont parvenus à se hisser à la place qu’ils occupent aujourd’hui et
pourquoi ils jouent un rôle prépondérant dans certains traitements. La médecine moderne ne
peut plus s’en passer, car dans un grand nombre de cas, il n’y a aucun substitut à cette
thérapie qui peut être parfois lourde et surtout accompagnée d’effets secondaires importants,
au niveau local ou systémique. Je me suis naturellement intéressé aux pathologies pour
lesquelles cette thérapeutique est indiquée et aux différentes formes galéniques employées
pour l’application. Je me suis également penché sur la nature des contres-indications.
Finalement, je soulève le problème de l’emploi abusif de la cortisone dans le domaine sportif
à des fins de dopage et les conséquences désastreuses de l’utilisation de cette substance sur la
santé du sportif.
Je vais donc tenter de comprendre le mécanisme d’action de cette substance et de voir ce qui
la rend si appréciable. Quelles sont les strictes indications médicales ? Dans quels cas cette
substance est-elle indispensable ? Où sont les limites à son utilisation ? Et pour finir, peut-on
parler de découverte miracle ?
1.4. MÉTHODOLOGIE
Pour parvenir à traiter mon sujet, j’ai effectué des recherches dans plusieurs bibliothèques
ainsi que sur de nombreux sites internet. J’ai également pu consulter des ouvrages mis à ma
disposition par un pharmacien.
J’ai eu la chance de rencontrer le Dr Daniel Blanc et le Dr Abdallah Mourad, tous deux
spécialistes en médecine sportive, ainsi que Madame Lidia Avois, docteur en chimie, qui ont
accepter de répondre à quelques questions. Ceci m’a permis de mieux comprendre certains
points de mon travail et d’enrichir mes recherches.
Mon seul regret a été de ne pas pouvoir visiter un site de production, malgré les nombreux
contacts pris avec des firmes pharmaceutiques spécialisées dans la fabrication des
médicaments à base de corticoïdes, ceci pour des raisons d’hygiène et de sécurité.
2. DÉCOUVERTE DE LA CORTISONE
Au début du XXème siècle, Bernardo Houssay, physiologiste argentin, après avoir identifié la
cortisone, décrit déjà son action au niveau de l’organisme. Il faut attendre 1936 pour qu’un
chimiste, l’américain, Edward Calvin Kendall, réussisse à l’isoler. Il la nomme alors
« composé E ». Une substance proche est découverte une année plus tard par un chimiste
suisse, Tadeus Reichstein. Il s’agit du cortisol, plus connu sous son appellation chimique,
hydrocortisone, que le chercheur appelle « substance M ». On parvient pour la première fois
dans les années trente à fabriquer de la cortisone à partir du cortex surrénalien de bovins. Le
produit est alors très onéreux.
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Au cours de la deuxième guerre mondiale, l’Allemagne et les Etats-Unis intensifient leurs
recherches dans le but de fabriquer ce qu’ils pensent être un remède miracle destiné à
supprimer le seuil de fatigue chez leurs soldats et principalement chez les pilotes, mais cela ne
se concrétisera pas.
3. PRODUCTION ENDOGÈNE
3.1. STRUCTURE CHIMIQUE
Formule chimique du cortisol : C21H30O5
masse moléculaire = 362.5
Formule chimique de la cortisone : C21H28O5
masse moléculaire = 360.46
figures tirées de http://chemistry.about.com
Propriétés : La cortisone est produite à partir d’une autre hormone, le cortisol, appelé
également hydrocortisone, élaboré quant à lui à partir du cholestérol. Ainsi le cortisol est un
précurseur de la cortisone. Tous les glucocorticoïdes (hormones produites par la zone
fasciculée du cortex surrénal) possèdent une chaîne à deux carbones –CO-CH2OH ainsi qu’un
–OH en 17 et une double liaison en 4-5. Le carbone en position 3 est le support d’une fonction
cétonique. La seule différence est en 11 : la cortisone a un oxygène et le cortisol un
hydroxyle.
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3.2. SITE DE PRODUCTION
Naturellement produite par tous, la cortisone est une hormone de la famille des
glucocorticoïdes sécrétée par la corticosurrénale, une glande du cortex surrénal. Ce dernier est
situé en périphérie de la surrénale et constitue la partie externe de cette petite glande
d’environ quatre grammes qui coiffe le rein. La zone corticale est divisée en trois couches
sécrétant des hormones distinctes, indispensables à la vie, nommées stéroïdes.
La corticosurrénale est une glande dite endocrine, c’est-à-dire une glande qui libère ses
sécrétions directement dans le sang. Les hormones qu’elle produit sont donc déversées dans la
circulation sanguine, ce qui leur permet d’atteindre des organes cibles dont elles modifient le
fonctionnement en agissant de manière spécifique.
La cortisone et le cortisol sont des glucocorticoïdes naturels. Ils sont sécrétés dans la zone
fasciculée du cortex surrénal. Le 95% de leur activité est attribuée au cortisol qui est aussi le
plus abondant.
Schéma des corticosurrénales
figure tirée de http://www.fr.wikipedia.org
3.3. SÉCRÉTION DES GLUCOCORTICOIDES
Comme pour de nombreuses hormones, leur production varie au cours de la journée. L’
élaboration du cortisol se fait sur un cycle d’une durée de vingt-quatre heures appelé cycle
nycthéméral, comprenant un pic maximal de sécrétion le matin et une production nocturne
minimale. Ce phénomène explique pourquoi on observe la nuit une aggravation des processus
inflammatoires, par exemple asthme ou douleurs articulaires. Une hormone produite par
l’hypophyse, la corticotrophine (ACTH), stimule sa production et sa libération. Elle assure la
régularisation de sa production.
La production des glucocorticoïdes est régulée par un système de rétrocontrôle.
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Lorsque la concentration de cortisol dans le sang est faible, ou par exemple en réponse au
stress, des cellules de l’hypothalamus réagissent et élaborent de la corticolibérine (CRH).
Ceci a pour effet d’augmenter la production d’ACTH par l’adénohypophyse. L’ACTH est
ensuite transporté par la circulation sanguine jusqu’au cortex surrénal où elle active la
production des glucocorticoïdes.
Lorsque les glucocorticoïdes sont en excès, par exemple pendant une corticothérapie, le taux
d’ACTH diminue, car ceux-ci inhibent la sécrétion d’ACTH par l’hypophyse. Le cortex
surrénal est ainsi privé de stimulation et diminue son activité.
En 24 heures, les corticosurrénales produisent 20 à 30 mg de cortisol et seulement 1 à 4 mg de
cortisone.
Schéma résumé
figure tirée de http://www.lecerveau.mcgill.ca
3.4. CONCENTRATION SANGUINE
Le cortisol est présent à raison de 80 à 150 ng/ml dans le sang. Sa concentration s’accroît
chez la femme enceinte, chez le nourrisson, où après administration d’ACTH. La teneur
augmente lors de fonctionnement accru des glandes surrénales et diminue lors d’insuffisance
hypophysaire ou surrénalienne.
3.5. ACTION DANS LE CORPS
Les glucocorticoïdes jouent un rôle dans la régulation du métabolisme (ensemble des
réactions chimiques qui s’effectuent dans l’organisme) ainsi que dans la résistance au stress.
Leur déficit absolu entraîne la déshydratation et un déséquilibre électrolytique conduisant à la
mort en moins d’une semaine. Au milieu du XIXème siècle, Brown Sequart (chercheur
américain) avait déjà remarqué que l’ablation des glandes surrénales était fatale.
9
3.5.1. Action des glucocorticoïdes sur le métabolisme
•
Métabolisme des protides. Ils accélèrent la destruction des protéines surtout dans les
fibres musculaires mais aussi dans la peau et les os. Ceci a pour conséquence
d’augmenter la libération des acides aminés dans la circulation sanguine. Ceux-ci
peuvent être utilisés par les cellules du foie pour la synthèse de protéines plasmatiques
ou ils peuvent encore être utilisés par d’autres cellules pour la production d’ATP.
•
Métabolisme des glucides. Les cellules du foie peuvent aussi transformer les acides
aminés en glucose et ceci donc à partir d’une substance qui n’est pas un glycogène.
Cette action, possible à partir de protides, est appelée néoglucogenèse et entraîne un
accroissement des réserves de sucre dans le foie. Les glucocorticoïdes sont
hyperglycémiants, c’est-à-dire qu’ils augmentent la concentration du glucose sanguin
et corrigent les hypoglycémies (manque de glucose dans le sang). Ils peuvent
provoquer un diabète (déficience dans la gestion du sucre présent dans le sang), car ils
diminuent l’utilisation périphérique du glucose et empêchent le taux de glucose
sanguin de diminuer.
•
Métabolisme des lipides. Les glucocorticoïdes favorisent l’utilisation des graisses. Ils
stimulent la lipolyse, c’est à dire la dégradation des lipides et la libération d’acide gras
par le tissu adipeux.
•
Métabolisme de l’eau et des électrolytes. A fortes doses, ils altèrent l’équilibre
électrolytique, c’est-à-dire l’équilibre des sels minéraux dissous (ions). Ceci entraîne
une rétention de sodium et d’eau puisque le sodium retient l’eau dans le corps. Comme
des cations (sodium) seront gardés, d’autres devront être éliminés pour rétablir
l’équilibre ionique. C’est pourquoi la rétention de sodium (Na +) entraîne l’excrétion
de potassium (K +), de phosphore (P 5+), ainsi que de l’azote ( N 5+).
3.5.2. Effets physiologiques des glucocorticoïdes
•
Métabolisme osseux et croissance. Le cortisol fait diminuer l’absorption intestinale du
calcium.
•
Action sur le muscle. Le travail musculaire est d’une part amélioré grâce à l’action
exercée sur la glycogenèse, mais il est d’autre part diminué à cause de l’excrétion du
potassium.
•
Résistance au stress. Ils participent aussi à la résistance au stress de plusieurs façons.
L’augmentation de glucose procure aux différents tissus une source d’ATP ce qui leur
permet de combattre des vecteurs stressants tels que la peur, les traumatismes, les
maladies, les hémorragies, les températures extrêmes, etc…
Ils facilitent également la vasoconstriction ce qui fait donc monter la pression
artérielle. Ceci est profitable si le stress est causé par une perte de sang importante qui
fait tomber la pression artérielle.
•
Effets anti-inflammatoires. Les glucocorticoïdes inhibent l’action des cellules
entraînant des réponses inflammatoires.
•
Affaiblissement de la réponse immunitaire. A fortes doses, les glucocorticoïdes
affaiblissent également les défenses immunitaires. Ils diminuent le nombre de cellules
10
douées d’action immunologique. La concentration d’anticorps est réduite. Ceci est
donc utile pour les personnes qui ont reçu une greffe d’organe afin d’éviter le rejet des
tissus par le système immunitaire.
•
Action sur les réactions allergiques. Ils ralentissent la réaction anaphylactique (forte
chute de tension artérielle). Il s’agit plus de la diminution de la réponse cellulaire que
de la diminution de la réaction antigène-anticorps. Cette propriété est exploitée dans le
traitement des réactions allergiques.
De plus, les glucocorticoïdes réduisent la constriction des bronches provoquée par
l’histamine en diminuant sa concentration tissulaire et en augmentant l’activité de
l’histaminase. Ils affaiblissent la sensibilité des vaisseaux capillaires.
•
Action sur le système nerveux central. Chez l’être humain, les glucocorticoïdes ont un
effet stimulant sur le système nerveux central. Ils corrigent les états d’apathie.
•
Action sur le système cardiovasculaire. Les glucocorticoïdes peuvent causer des
dérangements au niveau de la vascularisation pouvant augmenter la tension artérielle.
•
Action sur l’estomac. Ils augmentent les sécrétions d’acide chlorhydrique et de
pepsine (enzyme dégradant les protéines).
•
Changement de la formule sanguine. Les glucocorticoïdes abaissent le nombre de
cellules sanguines, surtout les leucocytes (globules blancs). Les capacités de défense
naturelles de l’organisme sont donc affaiblies.
4. UTILISATION THÉRAPEUTHIQUE
4.1. SYNTHÈSE DE LA CORTISONE
La synthèse du « composé E », c’est-à-dire de la cortisone, est réalisée en 1944 par
l’Américain, Lewis Hastings Sarett. Dès la fin de la guerre, une forme médicamenteuse
efficace de cortisone est produite aux Etats-Unis. La fabrication synthétique de cette
substance rend alors les traitements moins coûteux.
En 1948, le médecin américain Philip Showalter Hench administre pour la première fois de la
cortisone et parvient à soigner une patiente de 29 ans souffrant d’une forme grave de
polyarthrite rhumatoïde. Dès lors, de nombreux malades bénéficient de ce traitement pour
soigner des formes d’arthrites rhumatismales très invalidantes et voient leur existence changer
après quelques administrations seulement du médicament. C’est le cas de l’artiste français
Raoul Dufy qui ne parvenait plus du tout à peindre, même en attachant les pinceaux à ses
mains, ses articulations étant complètement détériorées par la maladie. Après avoir bénéficié
du traitement Outre-Atlantique, il peut se remettre à son art. Il retrouve sa mobilité déjà après
deux ou trois doses du médicament miracle qui suffisent également à vaincre ses douleurs. A
titre de reconnaissance, il peint un tableau qu’il intitule : « La cortisone », en l’honneur de la
substance (voir en page de titre).
En 1950, les trois chercheurs Philip Hench, Edward Kendall et Tadeus Reichstein reçoivent le
Prix Nobel de physiologie et médecine qui leur est décerné "Pour l’isolation de la cortisone et
pour l’introduction de son utilisation clinique" en récompense à leurs recherches sur les
hormones du cortex surrénal, qui ont conduit à l’isolement de la cortisone et pour leurs études
11
sur la structure et les effets biologiques du cortisol. A cette époque, le milieu scientifique est
particulièrement surpris par l’importance de l’activité anti-inflammatoire de l’hormone.
4.2. DÉRIVÉS DE SYNTHÈSE
Depuis la découverte de la cortisone naturelle, des dérivés de synthèse, désignés sous le nom
de « corticoïdes » ou « corticostéroïdes » sont alors fabriqués en modifiant la structure
moléculaire du cortisol pour des applications thérapeutiques. Ces formes plus puissantes
possèdent les mêmes propriétés de base mais ont des effets secondaires moins prononcés.
4.2.1. Voies d’administration et formes galéniques
La corticothérapie agit par voie générale ou locale.
La voie générale comprend les formes orales et injectables. Elle est préconisée dans les cas de
réactions allergiques ou inflammatoires sévères ainsi que dans le cas de certaines affections
pulmonaires comme l’asthme. Les formes galéniques employées sont les comprimés pour la
voie orale et les injectables pour la voie parentérale.
Une corticothérapie par voie locale est utilisée pour ses propriétés anti-inflammatoires et antiallergiques également. Les différentes voies d’administrations sont la voie nasale (rhume des
foins), la voie rectale (inflammations du côlon ou du rectum), la voie inhalée (traitement de
fond de l’asthme), la voie cutanée (eczéma), les infiltrations (tendinites, sciatiques).
4.2.2. Spécificités et activités de différents dérivés
L’activité anti-inflammatoire est augmentée avec l’introduction en 1-2 d’une double liaison
supplémentaire et la rétention de sel est légèrement diminuée. Ces deux substances
développent une activité 4 à 5 fois plus puissante que le cortisol sur les phénomènes
inflammatoires. Leur durée d’action est de 16-36h (demi-vie).
•
Prednisone
C21H26O5
figure tirée de http://www.pharmacology.med.umn.edu
Voie d’administration : orale (comprimés).
Indications : affections allergiques, rhumatismales, maladies sévères de la peau, des yeux
et dans diverses pathologies importantes (leucémies).
Exemple de spécialité : Prednisone Streuli®
12
•
Prednisolone C21H28O5
figure tirée de http://www.axxora.com
Voies d’administration : orale, topique (pommades, collyres), parentérale (intramusculaire, intra-articulaire, intra-veineuse), nasale.
Indications : idem prednisone.
Exemples de spécialités : Spiricort ® comprimés, Pred Forte ® collyres, Hexacortone ®
crème et mousse, Ultracortène H ® intra-veineuse.
Une nouvelle augmentation de l’activité anti-inflammatoire (5-7 fois plus puissante que le
cortisol) et de la durée de l’effet (18-40 h de demi-vie) est obtenue par la substitution en 6
d’un groupe méthyle (CH3) :
•
Méthylprednisolone C22H30O5
figure tirée de http://www.axxora.com
Voies d’administration : orale, cutanée, injectable
Indications : idem + insuffisance surrénale, maladie des voies respiratoire, et affections
diverses (oedème cérébral, méningite tuberculeuse, anémie hémolytique etc…)
Exemples de spécialités : Advantan ® crème et pommade, Medrol ® comprimés, DepoMedrol ® injectable
La dexaméthasone et le béthaméthasone sont deux isomères. Leur formule chimique est la
même, mais l’orientation de l’atome de fluor est différente. L’activité anti-inflammatoire est
fortement augmentée (30x par rapport à l’hydrocortisone) par l’introduction d’un atome
d’halogène (fluor, chlore, brome, iode) en 9, car celle-ci est inversement proportionnelle au
poids atomique de l’élément. La durée d’action est également beaucoup augmentée (36-54 h
de demi vie).
•
Dexaméthasone C22H29FO5
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figure tirée de http://www.answers.com
Voie d’administration : orale, parentérale (i.a), collyres (gouttes ophtalmiques).
Indications : affections allergiques, rhumatismales, cutanées.
Exemples de spécialités : Dexacortin ® comprimés et solutions injectables, Dexalocal ®
crèmes et pommades, Spersadex ® collyres.
•
Béthaméthasone C22H29FO5
figure tirée de http://www.people.vcu.edu
Voie d’administration : voie parentérale (i.a), voie rectale, voie percutanée, voie orale.
Indications : mêmes applications que les précédents mais dans des cas plus sévères.
Exemples de spécialités : Betnesol ® comprimés, Betnovate ® crème, pommade, lotion,
Diprophos ® injectable.
Les glucocorticoïdes à inhaler dérivent tous de la béthaméthasone. Ils présentent une haute
activité anti-inflammatoire topique (qui agit à l’endroit d’application) et un faible effet
systémique (général). Ils ont tous un groupe halogène (F, Cl) en position 6 ou 9 à l’exception
du budésonide. A l’heure actuelle, on n’a pas encore exactement compris le mécanisme
d’action de ces substances dans le traitement de l’asthme.
•
Budésonide C25H34O6
figure tirée de http://www.pulsus.com
Voie d’administration : voie inhalée, voie nasale, voie rectale, voie orale.
Indications : traitements de fond de l’asthme (inhalation), rhume des foins (voie nasale),
inflammation du rectum, maladie de Crohn, inflammation de l’intestin d’origine inconnue
(voie orale).
Exemples de spécialités : Pulmicort® turbuhaler , Symbicort® turbuhaler, Rhinocort®
spray nasal et turbuhaler, Entocort® clystère, Budénofalk® capsule.
14
Schéma résumé
figure tirée de http://perso.orange.fr/corine.bensimon/corticost%8eroides.html
4.3. MECANISME D’ACTION
4.3.1. Transformation dans l’organisme (métabolisme)
L’hydrocortisone ou cortisol, forme biologiquement active, est une molécule obtenue après
transformation de la cortisone de synthèse par le foie, lorsque cette dernière est administrée
par voie orale comme médicament. Le cortisol est obtenu par réduction de la fonction cétone
(=O) en 11.
Au niveau hépatique, les glucocorticoïdes subissent deux transformations principales :
•
Des réductions sur les doubles liaisons du cycle A, les groupes cétoniques en 3 et en
20 donnant des composés biologiquement inertes.
•
La scission de la chaîne fixée en 17, donnant certains composés doués d’activités
androgènes en partie responsables des effets virilisants pouvant être observés lors de
traitements prolongés.
4.3.2. Activité au niveau cellulaire
Sous l’effet de la cortisone et des glucocorticoïdes en général, la production intracellulaire de
protéines particulières ayant un rôle biologique et engendrant des réactions généralisées
(systémiques) sera stimulée. En effet, l’hormone diffuse à travers la membrane plasmique et
se fixe sur un récepteur, comme c’est le cas de toutes les hormones stéroïdiennes. Les
glucocorticoïdes se lient donc à une protéine réceptrice au niveau du cytoplasme de la cellule.
Suite à cet ancrage, la structure du récepteur est transformée. Ceci permet au nouveau
composé glucocorticoïde-récepteur, en se déplaçant dans le noyau, de se fixer à une séquence
particulière de l’ADN, où il engendre la formation d’ARN messager. Ce dernier induit au
niveau des ribosomes la formation des protéines responsables des réactions métaboliques
anabolisantes et catabolisantes citées au point 3.5.
15
Il s’agit de la phase intracellulaire du mécanisme d’action. Ceci explique que la réponse n’est
pas immédiate après administration même parentérale, mais qu’un temps de latence est
obligatoire. Cependant, la cortisone est un glucocorticoïde à courte durée d’action.
Schéma résumé
figure tirée de http://www.sfar.org
4.4. CHAMP D’APPLICATION DE LA CORTISONE DE SYNTHÈSE
4.4.1. Corticothérapie de substitution
On instaure une corticothérapie lorsqu’il y a un déficit au niveau de la sécrétion naturelle
d’hormones corticosurrénales, pour remédier à une insuffisance des glandes surrénales. Celleci peut être d’origine hypophysaire ou survenir suite à l’ablation d’une des deux glandes
surrénales. C’est aussi le traitement de la maladie d’Addison, ou insuffisance surrénalienne
lente. Cette maladie rare, autrefois mortelle, est caractérisée par une atteinte des surrénales
entraînant une carence totale en cortisol.
4.4.2. Autres possibilités d’emploi
Le rôle thérapeutique de cette substance repose principalement sur l’activité antiinflammatoire et immunosuppressive qu’elle entraîne par blocage de la synthèse des
prostaglandines. Les prostaglandines sont des substances produites par presque tous les tissus
de l’organisme et extrêmement peu libérées dans le sang. Elles sont impliquées dans de
nombreux processus cellulaires, dans le développement inflammatoire et la réponse
immunitaire.
On utilise la corticothérapie pour :
•
ses effets immunosuppresseurs dans les cas de maladies systémiques, de greffes
d’organes et de maladies auto-immunes (maladies dans lesquelles le patient est
victime de ses propres défenses immunitaires), comme l’anémie hémolytique autoimmune ou la sclérose en plaque.
•
ses puissantes propriétés anti-inflammatoires dans le traitement de nombreuses
réactions inflammatoires sévères en ophtalmologie, pneumologie, rhumatologie
(arthrites et arthroses), oto-rhino-laryngologie et dermatologie.
16
•
son action antiallergique dans le cas d’un œdème de Quincke (réaction allergique
caractérisée par un œdème des muqueuses de la bouche et des voie respiratoires
supérieures induisant un risque d’asphyxie), urticaire géant, choc anaphylactique (
sévère allergie entraînant défaillances circulatoires et respiratoires dues à une forte
chute de tension artérielle) et différentes formes de réactions allergiques. Dans les
situations allergiques d’urgence, les médicaments à base de cortisone, administrés
souvent en même temps que de l’adrénaline, permettent de sauver des vies
•
les maladies générales dans le traitement de certains cancers.
Une thérapie à la cortisone sera de quelques jours pour les cas aigus à plusieurs mois ou
années dans les cas chroniques. Elle ne doit pas remplacer le traitement de la maladie sousjacente, mais constitue en principe un traitement complémentaire.
4.5. PRÉCAUTIONS À PRENDRE LORS D’UNE CORTICOTHÉRAPIE
Il existe plusieurs régimes ou apports alimentaires destinés à contrer certains effets
secondaires. Ces régimes spéciaux sont étudiés par le médecin pour chaque patient. Ils sont
soit destinés à combler certains manques dus à l’excrétion excessive d’une substance, soit
destinés à diminuer la concentration d’une substance retenue en excès.
• Apport de calcium et de vitamine D (nécessaire à la fixation du calcium sur les os)
pour éviter les fractures, les risques d’ostéoporose et le retard de croissance chez les
enfants.
• Apport de potassium pour combler son élimination excessive et ainsi éviter des
troubles neuromusculaires et du rythme cardiaque.
• Apport de protéines pour combler leurs destructions excessives pour empêcher la fonte
musculaire.
• Régime pauvre en sel pour rétablir l’équilibre altéré par la rétention de sodium ; pour
éviter une trop forte rétention d’eau et ainsi diminuer la tension artérielle ; pour
diminuer la prise de poids.
• Régime pauvre en glucides pour contrer l’effet hyperglycémiant des corticoïdes et
éviter un diabète.
• Eviter les médicaments pouvant irriter l’estomac (par ex. : Ponstan®, Aspirine®).
Ces régimes et apports alimentaires ne sont utiles que pour les traitements systémiques de
longue durée. Les traitements locaux ne contiennent que très peu de corticoïdes et
n’entraînent donc pas d’importantes excrétions ou rétentions de substances.
De plus, lorsque la cortisone est administrée lors d’insuffisance de la glande surrénale comme
la maladie d’Addison, elle n’est administrée qu’à des doses que le corps produit en état
normal. Cela n’entraîne donc pas d’effet secondaire et il n’est pas utile de suivre des régimes
ou apports alimentaire spéciaux.
4.6. ARRÊT D’UNE CORTICOTHÉRAPIE
17
Lors d’une corticothérapie, la sécrétion de cortisone par les glandes surrénales diminue de
plus en plus. En effet, la dose supplémentaire que reçoit l’organisme met au repos sa
production endogène. Ceci peut occasionnellement provoquer un arrêt total du travail des
glandes surrénales.
En fin de traitement, il est donc important de diminuer progressivement les doses de
cortisone, pour que l’organisme se réhabitue à en produire lui-même et ainsi éviter une
insuffisance surrénale. De plus, la maladie qui avait exigé un traitement aux corticoïdes peut
réapparaître en cas d’arrêt trop rapide de celui-ci.
Il est recommandé de diviser par deux la dose de corticoïde administrée toutes les deux
semaines environ. Les glandes surrénales devraient à nouveau sécréter du cortisol à partir de
20 mg/jour.
Si ce processus n’est pas correctement effectué, plusieurs symptômes d’insuffisance surrénale
apparaîtront (fatigue, faiblesse, faible tension, douleurs musculaires etc…). Dans ces cas-là, le
médecin peut faire une injection d’ACTH.
4.7. CONTRE-INDICATIONS D’UNE CORTICOTHÉRAPIE
Dans les cas de corticothérapie de courte durée ou pour une intervention vitale, il n’existe
aucune contre-indication. Cependant, dans certains cas, on évite d’administrer des
glucocorticoïdes si on peut les substituer par d’autres médicaments :
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
allergie au principe actif
infections évolutives
hypertension artérielle sévère
psychoses (dépression, boulimie ,etc…)
ulcère gastro-duédonal évolutif
glaucome, cataracte
grossesse, allaitement : des effets indésirables (troubles de la croissance, mauvais
fonctionnement de la glande surrénale) peuvent se transmettre au fœtus/enfant car les
glucocorticoïdes passent la barrière placentaire et dans le lait maternel.
ostéoporose
3 à 4 semaines avant et après l’administration d’un vaccin à germes vivants (rougeole,
oreillons, tuberculose etc…)
prédisposition aux thromboses
Il n’y a pas vraiment de contre-indication pour le diabète, mais les corticoïdes risquent de le
déséquilibrer par moment. Il faut donc constamment contrôler le taux de sucre sanguin.
Il faut également faire attention en cas d’emploi d’un autre médicament car des interactions
entre-eux seraient possibles.
4.8. ALTERNATIVES À UNE CORTICOTHÉRAPIE
18
Pour les malades dont l’utilisation des corticoïdes est contre-indiquée et en raison des
nombreux effets secondaires qu’ils causent, on cherche souvent à soigner une pathologie sans
y avoir recours. On utilise alors des anti-inflammatoires démunis de cortisone (AINS), dans le
cas de douleurs rhumatismales. Cependant ceux-ci agissent d’une autre façon et procurent des
effets beaucoup moins puissants. De plus, ils peuvent également déclencher des effets
indésirables. Des médicaments exempts de cortisone sont également employés dans le
traitement du rhume des foins, de l’eczéma, de l’asthme etc…
5. EFFETS SECONDAIRES
Très peu connu sous forme médicamenteuse, la cortisone est, à ses débuts, administrée à des
doses beaucoup trop élevées et abondamment employée, si l’on considère le recul scientifique
de l’époque. Très vite, de sérieux effets secondaires se manifestent. Actuellement, si une
réticence face à ce produit est encore souvent observée, elle est due à la peur des effets
indésirables qui restent ancrés dans les mémoires.
De nos jours, on emploie de la cortisone que dans de minimes quantités. La quantité est
toutefois accrue dans les situations graves ou urgentes, mais seulement pendant la durée
vitale.
De plus, toutes les modifications apportées à la molécule de cortisone ont permis d’amoindrir
fortement les effets secondaires. Cela a aussi permis d’accroître considérablement le nombre
de produits à base de cortisone et de les spécifier pour qu’ils puissent être utilisés de manière
précise selon les besoins du malade. La cortisone peut donc être appliquée localement et les
effets indésirables sont ainsi beaucoup moins nombreux que lors d’un traitement systémique
(voie générale).
Malgré tous ces progrès et toutes ces recherches, il est évident qu’on ne puisse éviter certains
effets secondaires.
Des effets indésirables surviennent justement parce que les corticoïdes sont des antiinflammatoires très puissants. La violence et le type de ceux-ci varient selon la forme
d’application, la sorte de corticoïde, l’efficacité du corticoïde, le dosage en cortisone, le temps
d’application, la durée de la corticothérapie, l’âge et le sexe du patient et la pathologie dont
souffre le malade.
C’est pourquoi aucun effet secondaire important ne surviendra lors d’une administration
unique et importante de cortisone dans un cas d’urgence, que ce soit sous n’importe quelle
forme, de même que pour un traitement de quelques jours. Cependant, une infection pourrait
être avantagée à cause de la baisse des défenses immunitaires.
Il y a deux sortes d’effets secondaires. D’une part les effets secondaires systémiques qui
atteignent plusieurs organes dont ceux qui se trouvent loin du lieu d’application du
médicament et d’autre part les effets secondaires locaux qui touchent uniquement les endroits
du corps traités.
5.1. LES EFFETS SECONDAIRES SYSTÉMIQUES
19
Les effets secondaires systémiques interviennent lors d’une longue thérapie fortement dosée
en corticoïdes, sous forme d’injectables ou de comprimés. Le plus grand nombre de ceux-ci
ne sont observés qu’après des mois de traitements. Le but d’une corticothérapie est qu’aucun
dégât irrémédiable ne persiste à la fin du traitement. Les médecins évaluent donc pour chaque
cas si cela vaut la peine de suivre une corticothérapie par rapport aux risques que cela
comporte. La connaissance de ces effets indésirables nous permet donc de les prévenir et d’en
éviter une partie.
Liste des effets secondaires systémiques
•
troubles digestifs : formation d’ulcères au niveau de l’estomac et du duodénum
(première partie de l’intestin grêle) due à l’augmentation de la production d’acide
chlorhydrique et de pepsine pouvant provoquer des hémorragies digestives,
inflammations du pancréas, nausées et vomissements.
•
troubles métaboliques : diminution de l’absorption intestinale du calcium entraînant
retard de la croissance chez les enfants et les fœtus (rattrapé plus tard), ostéoporose
(diminution de la masse osseuse) chez l’adulte provoquant fractures et tassements des
vertèbres ; ralentissement de la réparation des tissus conjonctifs retardant donc la
cicatrisation ; prise de poids due à la rétention d’eau, à l’augmentation de l’appétit et à
la formation de cellulite ; dépôts de graisses à des endroits spécifiques (visage, cou,
clavicules) dû à une mauvaise redistribution des lipides ; diabète (déficience dans la
gestion du sucre présent dans le sang) dû à une diminution de l’utilisation périphérique
du glucose ; oedèmes (gonflement des tissus dû à une infiltration d’eau) donnant un
aspect boursouflé avec gonflement des mains et des pieds ; faiblesse musculaire due à
l’excrétion excessive de potassium ; diminution de la masse musculaire (destruction
des protéines).
•
troubles endocriniens : apparition d’une acné, dérèglement de la synthèse naturelle de
glucocorticoïdes à la fin du traitement (le corps n’a plus l’habitude d’en fabriquer luimême), dérèglement du cycle menstruel, hirsutisme sur une partie ou sur tout le corps
chez l’homme et la femme.
•
troubles cardio-vasculaires : augmentation du volume sanguin engendrant une
augmentation de la tension artérielle (rétention de sodium) et pouvant provoquer de
l’hypertension, des troubles du rythme cardiaque (manque de potassium), un
accroissement de la fragilité capillaire et plus rarement des thromboses (caillots de
sang dans les vaisseaux sanguins ou dans les cavités cardiaques) ou artérites
(inflammation de la paroi artérielle).
•
troubles psychiques : nervosité, euphorie, confusion, insomnie, provocation d’
irritabilité et occasionnellement de psychoses et de convulsions, sensibilité émotive
accrue, anxiété, état dépressif.
•
affaiblissement de la résistance aux infections : dissimulation des signes d’une
maladie infectieuse favorisant sa propagation qui se fait de manière insidieuse (réveil
de la varicelle, de la tuberculose, mauvais combats face aux virus en général), baisse
du taux de leucocytes.
•
fragilisation de certains tissus : amincissement de la peau, fragilisations des capillaires
ce qui peut provoquer des ecchymoses même en cas de choc minimes, rougeur
cutanée.
20
•
troubles oculaires : cataractes (opacification du cristallin), glaucome (augmentation de
la pression intraoculaire) provoquant une vision trouble.
• Autres troubles : transpiration accrue, fièvre, soif et miction excessives
5.2. LES EFFETS SECONDAIRES LOCAUX
5.2.1. Effets sur la peau
Dans les traitement de courte durée, soit une à deux semaines, aucun effet indésirable local
n’apparaît. Ce n’est qu’après des semaines voir des mois de thérapie qu’ils se manifestent. Ils
sont proportionnels au niveau d’activité et de la concentration du principe actif ainsi qu’à la
durée et à l’étendue du traitement. De plus, il existe un risque de résorption cutanée entraînant
des effets secondaires systémiques semblables à ceux observés lors d’un traitement par voie
générale. Ils se manifestent surtout chez les nourrissons et enfants en bas âge, dans le cas
d’emploi prolongé sur une surface corporelle importante et lors d’usage de pansement
occlusif.
•
•
•
•
•
•
•
•
•
début de traitement : irritations, sensations de brûlures, démangeaisons.
amincissement de la peau
dilatation et fragilisation des capillaires
augmentation de la pilosité
diminution de la résistance aux infections de la peau
retard de cicatrisation des plaies
diminution de la fermeté de la peau (vergetures)
dépigmentation
acné stéroïdienne
5.2.2. Effets sur les poumons
Le dosage en corticoïde dans les sprays et inhalateurs dans le traitement de l’asthme est
vraiment infime. La quantité absorbée par l’organisme est alors insignifiante. Il n’y a donc pas
d’effet secondaire local. La seule précaution à prendre et de se rincer la bouche ou de manger
quelque chose afin d’éviter une mycose de la muqueuse buccale.
5.2.3. Effets sur la muqueuse nasale
Il n’y a presque pas d’effet secondaire lors d’une corticothérapie nasale. On observe parfois
un dessèchement de la paroi et des saignements.
5.2.4. Effets au niveau de l’œil
21
Les effets secondaires locaux au niveau de l’œil sont les mêmes que les effets systémiques qui
touchent la zone oculaire. La cornée s’amincit et des lésions de celle-ci sont déjà possibles
après une semaine de traitement. Les perforations de la cornée et du bulbe restent cependant
rares.
6. EMPLOI ABUSIF DANS LE DOPAGE
6.1. HISTORIQUE
La cortisone apparaît dans les sports équestres vers 1950, afin d’augmenter les performances
des chevaux. Elle devient ensuite une substance de choix dans le monde sportif en général
durant les années 60 et 70. Cependant, elle tombe en désuétude quand on remarque les dégâts
engendrés par son emploi à long terme à des fins de dopage. Malheureusement ce produit
réapparaît dans les années 90. Non pas du fait qu’on ait trouvé des moyens d’éliminer ses
effets secondaires, mais parce que les autres substances dopantes sont facilement décelées lors
des analyses subies par les athlètes. Ceux-ci reprennent des corticoïdes puisqu’ils sont à ce
moment toujours indétectables, car ces molécules se trouvent à l’état naturel dans
l’organisme. De plus leur élimination est relativement rapide. Le repérage des corticoïdes
synthétiques dans le sang est possible seulement depuis 1999 et celui des corticoïdes naturels
depuis 2000.
Les sportifs les plus touchés par le dopage aux corticostéroïdes sont les cyclistes, les
gymnastes, les alpinistes, les athlètes, les haltérophiles et les chevaux dans les sports
hippiques.
Les corticoïdes font partie des produits dopants les plus couramment utilisés. Ils constituent le
9 % des substances utilisées dans le dopage. De plus, leur utilisation est en constante
augmentation. En 2000, 20 % des contrôles positifs étaient dus à la cortisone contre 42 % en
2004.
6.2. RÉGLEMENTATIONS ET CONTRÔLES
Après avoir été interdit en 1967 par l’UCI (Union Cycliste Internationale), l’usage des
corticoïdes est à nouveau autorisé dès 1970, car la commission médicale décide de n’interdire
que les substances pouvant être détectées lors des analyses. Leur utilisation est soumise à
certaines restrictions par le CIO en 1987, ce qui ne change pas énormément la situation. Il faut
attendre 1999 pour que les choses évoluent. Les athlètes prennent le règlement plus au sérieux
depuis que l’emploi des corticoïdes peut être mis en évidence. L’AMA (Agence Mondiale
Antidopage) interdit leur utilisation par voie générale (voie orale, intramusculaire, rectale).
Toutefois, elle autorise l’application locale (pommade, gouttes oculaires et auriculaires, spray
nasal, inhalateurs et injections dans les articulations) pour autant que le sportif soit au
bénéfice d’une Autorisation à Usage Thérapeutique (AUT). Ceci permet à certains malins
d’utiliser la prescription d’un médicament par une voie d’administration autorisée (par ex.
voie inhalée) pour pouvoir utiliser la même molécule en injections intramusculaire par
exemple.
L’origine des corticoïdes ne pouvant être dépistée par les contrôles anti-dopage, l’AMA
autorise un certain taux urinaire de ceux-ci. Jusqu’en 2004, la concentration admise était de 5
ng/ml de sang, mais en 2005 elle passe à 30 ng/ml, soit 6 fois plus. Dans ces conditions, les
excès sont possibles et les mesures de répression difficilement applicables.
22
6.3. EFFETS RECHERCHÉS
Au niveau biologique, les corticoïdes participent à l’élaboration des substances nécessaires à
l’activité musculaire (sucres) en utilisant les réserves de protéines. On peut rechercher cette
activité dans deux cas. Premièrement ils fournissent le glucose nécessaire au moment de
l’effort, augmentant ainsi l’endurance musculaire. Deuxièmement après l’exercice, ils
contribuent au renouvellement des réserves de glucose qui ont été épuisées par le travail
musculaire. Cependant, l’emploi à long terme de ces produits entraîne immanquablement une
atrophie musculaire non souhaitable par le sportif.
Celui-ci recherche donc des effets à d’autres niveaux.
•
Effets psychiques : stimulent la volonté et le désir de se surpasser, augmentent la
confiance en soi, impression de force et d’énergie , régularisent l’humeur, provoquent
un état euphorique, luttent contre le stress, repoussent le seuil de la fatigue.
•
Effets anti-inflammatoires et analgésiques : diminuent la perception de douleur (par
ex. musculaire, articulaire).
6.4. CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ DU SPORTIF
Les sportifs sont exposés à tous les effets secondaires cités au chapitre 5. Ils mettent leur santé
en danger dans le but d’améliorer leur performance. Les dégâts subis par leur organisme sont
pour la plupart irréversibles. Les athlètes pratiquant un sport dans lequel les chutes et
blessures sont courantes, comme le cyclisme, le risque de fractures ou d’infections est élevé.
Parfois même les os se fracturent sans choc. De plus la cicatrisation de ces plaies est longue.
On remarque également parmi ces individus une recrudescence des maladies virales ou
microbiennes telles que pharyngites ou angines, par exemple. Les sportifs prenant des
corticoïdes sont souvent reconnaissables car ils présentent ce qu’on appelle un « faciès lunes »
ou « face de lune », ce qui est dû à une mauvaise répartition des graisses au niveau de la face.
Les corticoïdes peuvent entraîner une dépendance physique. Les glandes surrénales ne
travaillent plus et l’organisme redemande des corticoïdes. Pour faire fonctionner à nouveau
les surrénales après un si long repos, il faut parfois administrer de l’ACTH au sportif. On
entre ainsi dans un cercle vicieux puisque cela revient à un dopage hormonal. Dans certains
cas une dépendance psychologique s’installe également. L’athlète ne parvient pas à arrêter la
prise de ce produit, craignant une baisse de ses performances.
6.5. TÉMOIGNAGES DE SPORTIFS ET DE MÉDECINS
23
« Tous sont au courant des catastrophes physiologiques que peut entraîner le dopage et
notamment l’abus des corticoïdes. Cela ne les émeut pas. Un avenir grabataire ou peuplé de
cannes anglaises et de chaises roulantes ne les effraye pas. »
MISEREZ Philippe (médecin du Tour de France de 1970 à 1981), Le Figaro, 23 juillet 1979.
« Ce qui me frappe le plus, c’est l’hypocrisie qui règne au sujet du doping. Neuf coureurs sur
dix se piquent régulièrement à la cortisone. Un produit qui rend agressif et permet de dépasser
le seuil de la fatigue. La seringue fait partie de la trousse de toilette. »
VIAL Laurent (coureur professionnel suisse), L’Illustré, _ 25, 19 juin 1985.
« La cortisone c’est un peu comme si vous utilisiez votre maison de bois pour alimenter votre
feux. »
RIEU Michel (physiologiste du sport), L’Equipe, 11 août 1980.
« Depuis la mise en place des contrôles médicaux, il faut bien dire que la situation ne s’est pas
améliorée. C’était dix fois mieux, mille fois mieux de prendre des amphétamines, c’était
infiniment moins dangereux. Les abus de cortisone sont graves, très graves. »
OCANA Luis (coureur professionnel espagnol de 1967 à 1977), L’Equipe, 17 juillet 1980.
6.6. INTERVIEWS
6.6.1. Docteur Daniel Blanc
Le Dr Daniel Blanc a aimablement accepté de me recevoir dans son cabinet établi au centre
de médecine du sport à Crissier et de répondre à quelques questions.
Celui-ci me dit que les traitements aux corticoïdes sous formes de sprays sont "hyperfréquents" chez les sportifs dans le but de soigner l’asthme ou les rhinites. Les sprays ne
contenant qu’un corticoïde n’ont même pas besoin d’être annoncés aux contrôles anti-dopage.
Cependant les nouveaux produits sont des associations de corticoïdes et de bronchodilatateurs, dans ce cas l’utilisateur est tenu d’annoncer son traitement. Les traitements
locaux sous forme de pommades sont également fréquents et il n’est même pas nécessaire de
les annoncer. Par contre les traitements par voie orale sont toujours interdits, donc si un
athlète a besoin de se soumettre a un tel traitement pour une raison x ou y, il doit arrêter la
compétition. De toute manière, si un sportif a besoin de ce genre de traitement, il souffre
d’une maladie grave ne lui permettant pas de faire de la compétition. Il dit que les injections
locales sont des cas ambigus, elles sont permises mais doivent être annoncées, ce qui permet
de les recenser pour éviter que des athlètes y recourent trop souvent.
Le Dr Blanc dit que les sportifs suivant une corticothérapie sont satisfaits. Dans la plupart des
cas c’est le seul traitement efficace, comme par exemple pour les tennismen souffrant
d’épicondylite (tendinite au niveau du coude).
Selon lui, un sportif ne devrait pas avoir plus de 3 ou 4 injections par année au pire des cas.
Par contre, il ne pense pas qu’il y a de limitations au niveau du dopage, mais il avoue n’en
savoir strictement rien.
Il pense que certains sportifs pourraient demander plus d’injections que nécessaire, car une
partie des corticostéroïdes passe dans le sang ce qui pourrait augmenter leurs performances.
Le but honorable serait selon lui de participer à une compétition malgré un traumatisme
(douleur articulaire, …). Car comme il dit, le cycliste est un sportif et un professionnel, donc
il faut enlever ce qui lui empêche de faire correctement son travail. Par contre, il est contre24
indiqué de se soumettre à ce traitement uniquement pour poursuivre ses entraînements. Dans
ce cas, il vaut mieux mettre son articulation au repos quelques jours pour que l’inflammation
disparaisse d’elle-même.
Ce médecin estime qu’il n’existe pas de traitement équivalent du point de vue de l’efficacité.
A la question de savoir qui pousse le dopage aux corticoïdes, il répond que c’est généralement
le sportif, même s’il joue souvent le naïf. L’entraîneur l’appuie souvent dans ce genre de
comportement. Quant aux sponsors, ils jouent un rôle indirect, car ils attendent des résultats
de la part de leurs protégés. Les affaires de dopages, lorsqu’elles éclatent, leur font même de
la publicité, comme cela a été le cas de Festina ou maintenant de Phonak.
Il avoue ne pas savoir que le taux urinaire de corticoïdes autorisé a récemment été augmenté
de 6 fois par l’AMA. Il suppose que c’est pour éviter des problèmes légaux, car comme on le
sait, le taux de cortisone dans le sang est très variable. De ce fait, on est certain qu’un sportif
dépassant ce taux a reçu de la cortisone exogène. Cette marge tout de même élevée est
tempérée par le fait qu’on est maintenant capable de déterminer si la cortisone est endogène
ou non.
Selon lui, les filières d’approvisionnement sont premièrement le réseau de proximité (
entraîneurs, coéquipier, parents, amis) et deuxièmement le marché noir. Il trouve par contre
peu vraisemblable que des sportifs se procurent illégalement des corticoïdes par prescription
médicale, car de moins en moins de médecins veulent laisser leurs noms sur des produits
interdits puisque cela laisse des traces écrites qui peuvent être retrouvées. Il ne croit pas non
plus à la procuration par internet, bien que certains sportifs essayent. Il me rappelle pour finir
qu’un sportif qui veut se procurer une substance y arrive par n’importe quel moyen.
Il pense que le dopage aux corticoïdes est également beaucoup présent chez les amateurs, car
c’est relativement facile de s’en procurer. Les sportifs qui ont des maladies rhumatismales, de
l’asthme chronique ou une insuffisance respiratoire reçoivent de la cortisone à petite doses
sous prescription médicale. Ceci leur permet de prendre de la cortisone par voie orale sans se
faire contrôler positivement puisqu’il est impossible de déterminer d’où viennent les
corticoïdes. Cette méthode est très connue et très utilisée.
Il ne lui est jamais arrivé que certains sportifs lui demandent de la cortisone. Certains
sûrement indirectement en demandant des corticoïdes pour le rhume des foins et en utilisant la
méthode citée ci-dessus. Mais ceci est plus un dopage d’amateurs.
Selon lui les professionnels sont parfaitement aux courants des effets, des doses, etc… Mais
ils ont quelquefois tendance à les minimiser. Par contre le dopage amateur est beaucoup plus
dangereux que le dopage professionnel, car plus on descend dans l’échelle plus les sportifs ne
connaissent pas les effets secondaires et les doses exactes à prendre. L’amateur n’a aucune
idée. Il pense que les gens prennent tant de corticoïdes et que s’il en prend trois fois plus, il
sera trois fois meilleur. Par contre, le Dr Blanc pense que beaucoup de sportifs, mêmes
professionnels, n’ont pas conscience du danger du marché noir. Par exemple, si un sportif se
procure des hormones de croissance par le marché noir, il ne peut pas savoir si celles-ci ont
réellement été fabriquées par génie génétique ou si elles ont été extraites de cadavres de
bœufs. Dans ce dernier cas, le sportif a des risques de contracter la maladie de KreuzfeldJakob (maladie de la vache folle). Ceci est donc un des grands dangers de l’automédication.
Il imagine bien qu’un sportif puisse même mourir d’un dopage aux corticostéroïdes. Par
exemple un athlète prédiabétique pourrait complètement décompenser son diabète, il pourrait
aussi faire une surinfection généralisée après une grosse blessure puisque les corticoïdes
baissent fortement les défenses immunitaires.
25
D’après le Dr Blanc, si un sportif se dope mais n’exagère pas les doses, et que son organisme
n’a pas de dégât et n’a donc pas fait d’ostéoporose par exemple, il n’aura pas de
disfonctionnement ou de problème quelconque et récupérera donc très vite en fin de carrière.
La cortisone n’étant pas un produit à longue durée d’action, si un sportif ne s’est pas détruit
avant la fin de sa carrière, il ne devrait pas avoir de problèmes plus tard. Mais bien sûr cela
dépend de la longueur du temps sur laquelle il a pris de la cortisone. S’il a eu des dégâts
irréversibles au niveau des os par exemple, cela sera assez difficile à récupérer puisqu’il aura
une ostéoporose.
Il m’informe qu’on ne sait pas réellement comment un organisme récupère d’un tel dopage
puisqu’il y a très peu d’études la dessus car peu de sportifs vont vers un médecin en lui disant
qu’ils ont "bouffés" pendant vingt ans de la cortisone et qu’ils ont des problèmes
d’ostéoporose, etc… Les médecins sont donc obligés de faire des analogies par rapport à des
gens malades mais ceux-ci ont comme une double pathologie puisqu’ils subissent les
symptômes de leur pathologie et des corticoïdes en même temps. Alors on ne sait pas
vraiment ce qui les fait évoluer mal, si c’est leur maladie de base ou si c’est la prise de
corticoïdes.
6.6.2. Docteur Abdallah Mourad
Le Dr Abdallah Mourad du CIRES (Centre Interdisciplinaire de Réhabilitation et d’Education
Sportive) à Vevey a également accepté de prendre du temps pour répondre à quelques
questions.
Celui-ci dit que les traitements médicaux aux corticoïdes sont courants chez les sportifs.
Ils sont indiqués pour traiter les pathologies ostéoarticulaires (en cas de douleurs articulaires
et périarticulaires comme par exemple les tendinites) et les allergies (rhume des foins,
eczémas, …).
Il me dit que les sportifs sont toujours très satisfaits d’une corticothérapie car ils guérissent
plus rapidement qu’avec un traitement conventionnel, homéopathique ou à base de plantes.
Avant de faire une injection articulaire à un sportif, le médecin me dit qu’il faut d’abord
trouver la cause de cette douleur. La douleur peut être dans l’articulation mais ceci est très
rare pour un sportif. La douleur est toujours autour d’une articulation. On fait donc des
injections extra- ou périarticulaires au niveau de l’attache du tendon ou du ligament. Ceci
permet de faire disparaître la douleur plus rapidement. Celle-ci disparaît en quelques jours au
lieu d’attendre 3 à 4 mois. On fait souvent une injection par an et très rarement deux. Le grand
maximum serait de 3 injections/an.
Les sportifs ne lui ont jamais demandé plus de doses qu’ils ne devaient avoir, car ils
guérissent très rapidement et une injection leur suffit dans la plupart des cas.
Le docteur me dit que certains sportifs demandent parfois aux médecins de la cortisone dans
le but de participer à une compétition malgré une blessure. Dans ce cas là, très souvent le
médecin refuse car le sportif risque de se faire encore plus de mal. Mais si le médecin constate
qu’il n’y a pas de risque pour son articulation, il peut effectivement faire une injection ce qui
permet au sportif de prendre part à un concours. Le plus souvent, le sportif demande de la
cortisone dans le but de poursuivre ses entraînements. Mais à nouveau le médecin doit étudier
le cas pour voir si tout en ayant moins mal grâce aux corticoïdes, il pourrait se faire plus de
mal qu’auparavant en continuant de s’entraîner.
26
Il me dit que des traitements alternatifs équivalents du point de vue de l’efficacité existent
mais qu’ils ne sont pas aussi rapides. On fait par exemple de la physiothérapie, ou on prend
d’autres anti-inflammatoires (AINS) par voie orale, etc…
Le Dr Mourad est sceptique quant à l’utilisation des corticoïdes comme produits dopants chez
les professionnels. Il ne se souvient pas avoir connu durant sa carrière des cas de grands
sportifs s’étant dopés aux corticostéroïdes. Bien que certains patients lui ont avoué avoir pris
de la testostérone, EPO ou autres, aucun ne lui a dit avoir pris des corticoïdes.
Il pense que l’AMA a augmenté le taux urinaire de corticoïdes parce que la cortisone
endogène peut augmenter lors de certains entraînements et parce que d’après lui, la cortisone
n’est pas un produit très dopant, car sinon l’AMA ne pourrait pas augmenter son taux
autorisé.
Selon lui, un dopage aux corticoïdes ne peut pas entraîner la mort du sportif. Car même à des
doses très importantes, pour les personnes qui ont des maladies très graves, on donne 80 fois
la dose que produit normalement le corps et ces personnes, même celles déjà très âgées,
vivent encore 10-20 ans. Par contre, un athlète faisant un sport hyper "intensif" et qui prend
en même temps de très fortes doses de cortisone pourrait avoir des lésions hépatiques (au
foie), et cardiaques qui pourraient être graves dans certains cas. Un sportif ne pourrait pas
mourir à cause du disfonctionnement de la glande surrénale car il aurait un tel manque qu’on
devrait lui donner un complément en cortisone.
Des bodybuilders de haut niveau ont dit au Dr Mourad avoir pris des corticoïdes à de très
fortes doses dès l’âge de 20 ans jusqu’à l’âge de 60 ans (sur ordonnance, pas comme dopage).
Le seul effet secondaire qu’ils ont actuellement c’est une fragilité osseuse, mais ceci peut être
soigné en donnant des substances qui renforcent l’os. Ces séquelles ne sont alors pas vraiment
graves.
D’après lui, les lésions ou disfonctionnements dus à un dopage aux corticostéroïdes restent à
la fin de la carrière du sportif. Les surrénales sont devenues très paresseuses car l’hypophyse
les stimule moins, et en même temps, elle risque de désinhiber des autres glandes ce qui
créera un déséquilibre et un manque hormonal.
6.6.3. Docteur Lidia Avois
Lidia Avois, chimiste et superviseur du Laboratoire suisse d’Analyse du Dopage (LAD), m’a
reçu à Epalinges au centre du LAD, afin de répondre plus précisément aux questions sur la
cortisone comme produit dopant.
Avant de répondre aux questions, celle-ci me dit qu’il faut tout d’abord faire attention avec les
corticoïdes car ils ont un statut spécial. On ne peut pas les comparer directement avec des
produits dopants, car on considère un produit comme dopant s’il est strictement interdit.
Les corticoïdes ne peuvent pas être mis dans ce groupe, puisque ce sont avant tout des
médicaments destinés à soigner les sportifs. L’athlète est donc autorisé à en consommer s’il a
une AUT (autorisation à usage thérapeutique) et qu’il ne dépasse pas le taux de corticoïdes
autorisé.
Mme Avois me rappelle que les laboratoires antidopage ne détectent pas la prise de cortisol et
de cortisone puisque ce sont des substances endogènes. Ils recherchent donc principalement la
prise de corticoïdes synthétiques.
27
Elle ne peut pas vraiment affirmer que l’abus des corticoïdes soit en augmentation, mais elle
confirme qu’ils sont beaucoup utilisés et même souvent trop. Etant possible de faire une
demande d’AUT, les sportifs utilisent ces produits facilement. Selon elle, l’AMA et les
fédérations sportives devraient limiter l’utilisation des AUT.
Mme Avois me dit que l’AMA a augmenté le taux urinaire de cortisone autorisé pour enlever
du groupe considéré comme dopé tous les sportifs asthmatiques, ainsi que tous ceux suivant
des traitements médicaux aux corticoïdes. D’après elle, l’AMA a fixé cette limite de façon
autoritaire et non scientifiquement prouvée. Les laboratoires se sont vraiment insurgés contre
cette limite car ils la trouvent vraiment beaucoup trop haute, ce qui fait que beaucoup de
sportifs passent au travers. Depuis l’établissement de cette limite, ils ont rarement eu des cas
positifs au corticoïdes (au dessus de 30ng/mL), par contre les cas allant de 5 à 30 ng/mL sont
nombreux. Pour remédier à cela, le Laboratoire suisse d’Analyse du Dopage s’est allié avec
les laboratoires de Paris et de Sydney, afin de faire une demande de fonds à l’AMA pour un
projet de recherche. Ces fonds leur ont été accordés et cela fait maintenant une année qu’ils
testent sur des volontaires plusieurs corticoïdes synthétiques ainsi que plusieurs modes
d’administrations (prises orales, injections intra-musculaire, sprays, pommades). D’après les
premiers résultats urinaires, les trois laboratoires ont déjà pu prouver que cette limite à 30
ng/mL est trop élevée. L’AMA attend donc les résultats scientifiques, cette fois-ci, pour
réajuster cette limite.
D’après Lidia Avois, tous les sportifs, amateurs et professionnels, prennent une fois ou l’autre
des corticoïdes. Les abus se font chez les athlètes s’entraînant à haute dose, fréquemment et
faisant des compétitions. C’est pourquoi il est possible qu’un amateur soit contrôlé positif à
ces produits.
Elle m’annonce que les contrôles positifs aux corticoïdes sont fréquents, mais rarement audessus de 30 ng/mL. De plus, le sportif a la possibilité de marquer sur la feuille de
prélèvement les médicaments qu’il a pris. Souvent, il marque donc les corticoïdes qu’il a
utilisés et les analyses ne font que prouver leur présence dans l’urine. Le sportif leur transmet
alors une AUT et n’est ainsi pas considéré comme dopé.
D’après Mme Avois, les sportifs utilisent des corticostéroïdes pour masquer la douleur des
blessures dans le but de continuer à s’entraîner et de participer aux compétitions. Elle est
sceptique quant à l’utilité des corticoïdes pour augmenter le punch et la motivation car il y a
très peu d’études dans ce domaine là, ce ne sont donc que des suppositions ou des
observations qui ne sont pas scientifiquement reconnues.
Lidia Avois pense que les athlètes ne sont souvent pas conscients des effets à long terme que
les produits dopants en général peuvent provoquer sur leur santé. Les fédérations essayent de
plus en plus de sensibiliser amateurs et professionnels sur les risques qu’ils prennent, mais
malheureusement, ils ne sont toujours pas assez au courant. De plus, l’appât du gain dans
certains sports et de la célébrité l’emportent parfois sur la raison.
Elle m’informe que les sportifs s’étant dopés aux corticoïdes récupèrent très mal en fin de
carrière. Les nombreux effets secondaires, comme les rétentions d’eau, l’immunodéficience
etc… perdurent même après l’arrêt de prises de corticostéroïdes.
S’il y a vraiment eu un abus pendant de nombreuses années, les lésions et disfonctionnements
de l’organisme peuvent altérer la santé du sportif pendant encore de nombreuses années après
l’arrêt de son sport. L’organisme ne se remettra donc jamais, et la mort du sportif se fera plus
hâtive.
Mme Avois m’a également donné quelques chiffres résultant des analyses du LAD. Sur un
total de 4298 substances identifiées dans les analyses, 325 appartiennent à la classe des
28
corticostéroïdes, ce qui représente le 7.6%. Les anabolisants représentent quant à eux le
43.4% des substances identifiées. Le budésonide est le corticostéroïde le plus trouvé dans
l’urine (35.7%), suivi de la bétaméthasone (14.5%) et de la prédnisolone (10.8%).
7. CONCLUSION
Ce travail m’a beaucoup apporté, car au début, je n’avais que peu de notions sur la cortisone
et ses dérivés. Les nombreuses recherches que j’ai effectuées sur le sujet et les renseignements
que j’ai récoltés lors des interviews m’ont fait comprendre le développement de la cortisone,
de sa découverte à ses multiples applications thérapeutiques. J’ai donc pris conscience de
l’importance de la science, qui a non seulement été capable de reproduire une substance que
nous fabriquons nous-même pour en faire un médicament, mais également de modifier sa
structure chimique afin d’augmenter son activité et multiplier ses propriétés. Grâce aux
recherches scientifiques dans ce domaine, il existe maintenant une multitude de molécules
dérivées ayant des applications spécifiques. Ceci donne aux corticoïdes un très large champ
d’application, les rendant essentiels pour la médecine actuelle. Malgré les polémiques autour
de la corticothérapie, un tel traitement reste irremplaçable dans de nombreuses pathologies,
permettant ainsi de sauver des vies. Les nombreux effets secondaires en sont le prix à payer.
Cependant, les précautions d’emploi de ces substances en médecine, permettent de limiter et
de restreindre leurs effets indésirables au maximum.
Il n’en est pas de même dans l’utilisation sportive des corticostéroïdes. Les sportifs ne
connaissent souvent pas les propriétés des substances qu’ils absorbent ni les effets secondaires
liés à leur emploi. Ils les utilisent alors trop fréquemment, pendant une trop longue période et
à trop fortes doses. Le sport professionnel a un tel impact sur la société actuelle, que la
perspective du gain associé à une victoire ou à une bonne performance aveugle parfois
l’athlète et il néglige ainsi les risques qu’il encoure. La meilleure attitude à adopter de la part
d’un sportif blessé, serait d’arrêter les entraînements et la compétition le temps nécessaire à la
guérison des lésions. Ceci est malheureusement difficile à faire accepter aux professionnels
pour les raisons évoquées précédemment.
Dans les années qui suivent, les méthodes de fabrication des corticoïdes pourraient
s’améliorer. Des chercheurs français mettent au point leur fabrication par génie génétique.
Ceci permettrait de réduire le coût de production et de diminuer les sous-produits de
fabrications. Cette technique, ne produisant alors que très peu de déchets est appelée "chimie
verte". Les chercheurs ont déjà obtenu du cortisol de qualité, mais il faudra encore attendre
quelques années avant que ce nouveau procédé se généralise.
8. ANNEXES
8.1. BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
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le 29.07.06).
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Utilisé pour : 6.5
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Utilisé pour : 7
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Le Prix Nobel de physiologie ou médecine 1950, (page consultée le 21.05.06).
Utilisé pour : 4.1.
8.2. QUESTIONNAIRES
8.2.1. Questionnaire adressé aux médecins sportifs
32
1) Est-ce que les traitements aux corticostéroïdes sont courants chez les sportifs ?
2) Dans quels cas sont-ils indiqués ?
3) Les athlètes sont-ils satisfaits d’un tel traitement ?
4) A quelle fréquence un sportif peut-il bénéficier d’une injection intra-articulaire en cas de
douleurs au niveau des articulations ?
5) A-t-il tendance a en demander plus souvent ?
6) Si oui dans quels buts ?
•
•
•
De participer à une compétition malgré un traumatisme ?
De poursuivre ses entraînements malgré une blessure ou une douleur ?
De se surpasser malgré un problème articulaire ?
7) Ces traitements sont-ils toujours justifiés ?
8) Existe-t-il un traitement alternatif équivalent du point de vue de l’efficacité ?
9) Avez-vous, durant votre carrière, connu des cas de dopage aux corticoïdes ?
10) Qui pousse ce genre de comportement ?
•
•
•
Les sponsors ?
Les entraîneurs ?
Le sportif lui-même ?
11) Pensez-vous que le dopage aux dérivés de la cortisone soit en augmentation ?
12) L’AMA (agence mondiale anti-dopage) a récemment augmenté le taux urinaire de
corticoïdes autorisé de 15 fois (soit 30ng/ml contre 5 ng/ml auparavant) ! Que pensez-vous de
cela ?
13) Quelles sont les filières d’approvisionnement de ces substances ?
•
•
•
•
Réseaux de proximité (entraîneurs, parents, coéquipiers, sponsors) ?
Prescription médicale ?
Divers (internet) ?
Marché noir ?
14) Pensez-vous que le dopage aux corticoïdes soit également présent chez les amateurs ?
15) Est-il déjà arrivé que des patients vous demandent de la cortisone ?
16) Si oui, pour quel usage ?
17) Pensez-vous que l’athlète soit toujours conscient du danger et qu’il connaisse les
répercussions que ces substances engendrent sur son organisme et sur sa santé ?
18) Pourrait-on imaginer que ce genre de dopage puisse entraîner la mort du sportif ?
33
19) Comment un organisme dopé aux corticoïdes récupère-t-il en fin de carrière ? Dans quel
état est-il ?
20) Se remet-il complètement ou subsiste-t-il des lésions ou disfonctionnements ?
8.2.2. Questionnaire adressé au Dr Lidia Avois
1) Avez-vous, durant votre carrière, connu des cas de grands sportifs dopés aux corticoïdes ?
2) Pensez-vous que le dopage aux dérivés de la cortisone soit en augmentation chez les
professionnels?
3) L’AMA (agence mondiale anti-dopage) a récemment augmenté le taux urinaire de
corticoïdes autorisé de 15 fois (soit 30ng/ml contre 5 ng/ml auparavant) ! Que pensez-vous de
cela ?
4) Le dopage aux corticoïdes est-il également présent chez les amateurs ?
5) Avez-vous déjà contrôlé beaucoup de sportifs positifs aux corticoïdes ? Sont-ils parfois
jeunes ?
6) Dans quels buts prennent-ils de la cortisone ?
7) Ce dopage est-il plus un dopage d’amateurs ou de professionnels ?
8) Quel pourcentage d’analyses positives à la cortisone avez-vous en moyenne dans votre
laboratoire ?
9) Pensez-vous que l’athlète soit toujours conscient du danger et qu’il connaisse les
répercussions que ces substances engendrent sur son organisme et sur sa santé ?
10) Pourrait-on imaginer que ce genre de dopage puisse entraîner la mort du sportif ?
11) Comment un organisme dopé aux corticoïdes récupère-t-il en fin de carrière ? Dans quel
état est-il ?
12) Se remet-il complètement ou subsiste-t-il des lésions ou disfonctionnements ?
13) Comment les tests sont-ils effectués ?
14) Quel pourcentage d’analyses positives à la cortisone avez-vous en moyenne dans votre
laboratoire ?
34