Pour éviter de faire de grosses fautes en anglais, lisez le livre de

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Pour éviter de faire de grosses fautes en anglais, lisez le livre de
Pour éviter de faire de grosses fautes en
anglais, lisez le livre de Pierre-Marie Busi
La Voix du Nord 04/03/2013 - Par VÉRONIQUE BERTIN
Pierre-Marie Busi est depuis trois ans professeur d’anglais à l’Institut des sciences et
techniques (ISTV) de Valenciennes. Depuis huit ans qu’il enseigne, et quel que soit le public,
il retrouve toujours les mêmes fautes et notamment à l’écrit. Des fautes qui peuvent être
rédhibitoires dans un CV ou une lettre de motivation en anglais. Pour contrer ses erreurs de
syntaxe, il vient de publier «Pour un anglais sans (grosses) fautes».
Première erreur : « I am agree with you ». Elle ne saute pas aux yeux de tout le monde et par
exemple de cette bibliothécaire que l’auteur a rencontrée : « Elle m’a demandé où était
l’erreur ». Le verbe « am » est en trop. Cette faute, Pierre-Marie Busi la voit souvent, trop
souvent même. Celle-là et dix-neuf autres qu’il a recensées dans son dernier livre. « Je
retrouve sans arrêt les mêmes fautes et notamment à l’écrit. Elles datent souvent du collège
soit de lacunes ou de bases mal apprises. Ces fautes, on peut les retrouver dans des CV ou
des lettres de motivation et elles sont rédhibitoires », explique-t-il. Pour tordre le cou aux
grosses erreurs, il les a adonc listées : « Je donne une explication assez simple et générale,
très accessible. Puis je développe avec des explications plus approfondies, plus linguistiques
pour une meilleure compréhension. » En tête de chapitre, la faute apparaît en grisé ; elle saute
à l’œil car c’est loin d’être toujours une évidence.
Ce livre de cent trente pages, Pierre-Marie Busi l’a écrit pour un public très large : des lycéens
qui voudraient réviser leurs bases du collège, des étudiants qui voudraient approfondir ou des
adultes qui doivent maîtriser la langue anglaise mais qui ne sont pas très à l’aise avec elle. «
C’est pour tous les apprenants en anglais », estime-t-il. À la fac, ses étudiants ont été ses
premiers lecteurs : « Certains, de niveaux très différents, l’ont lu. D’aucuns parce qu’ils
avaient besoin de consolider leur niveau en anglais et d’autres pour se rassurer et confirmer
qu’ils avaient bien assimilé les choses. J’ai l’exemple de cet étudiant en licence
professionnelle avec un excellent niveau et qui donne des cours du soir à des cousins et qui
avait besoin d’être rassuré. Le livre l’a donc conforté. » Lors des salons, l’auteur croise aussi
des adultes avec qui il échange : « En entreprise, ils ont besoin d’un anglais concret et à visée
professionnelle. » Le livre peut donc les aider. Et ça peut-être un soutien comme l’est un
Bécherelle pour la langue française. « Si les lecteurs gomment ces vingt fautes-là, on aura
déjà une ossature fiable ».
Les fautes les plus fréquentes sont commises parce que les gens veulent absolument traduire «
mot à mot or l’anglais, ça ne marche pas comme ça. Les deux langues sont trop différentes.
Traduire, c’est faire une gymnastique » et c’est aussi ça qu’il réexplique. À la fin du livre,
après l’exégèse des vingt fautes, il consacre un chapitre au sens des phrases. Il en expose deux
qui peuvent paraître très proches mais dont le sens est en fait différent. Puis cite vingt-deux
mots qui se ressemblent étrangement mais là aussi dans le sens n’est pas vraiment identique.
Avec ce dernier livre (le premier était un hommage à la langue anglaise), Pierre-Marie Busi
démontre que la langue anglaise est « subtile et riche ».
« Pour un anglais sans (grosses) fautes » par Pierre-Mari Busi, aux éditions Edilivre, 130
pages, 17,50 €. En vente au Furet du Nord ou directement auprès de l’auteur :
[email protected]. Il sera présent le 16 mars, à 15 heures, au café Le Tandem, 27, place
de l’Esplanade, à Valenciennes, pour une rencontre avec les auteurs des éditions Edilivre.
Retrouver sur notre site Internet le premier chapitre du livre de Pierre-Marie Busi.
ERREUR # 1: I AM AGREE WITH YOU!
Cette erreur vous fait-elle sourire? Vous évoque-t-elle des souvenirs ? Si tel est le cas, c’est
sans doute parce que vous l’avez commise plus d’une fois dans votre (jeune) vie ou bien estce parce que, comme moi, vous l’avez corrigée sans compter à maintes reprises dans diverses
copies ou dans certaines bouches. Cette erreur est incroyable car elle fait partie de ces pièges
facilement déjoués par les français ; et pourtant, l’erreur revient au détour d’une phrase, d’une
conversation et, pis que cela, d’un paragraphe écrit, pensé, lu et relu ! Ce n’est pourtant pas
faute d’alerter les élèves sur cette spécificité de la langue anglaise qui, contrairement au
français, n’utilise pas « agree » comme un nom mais comme un verbe. D’où la nécessité de
ne pas utiliser de verbe devant. D’où l’erreur fréquente et agaçante mentionnée et écrite cidessus.
En anglais, « agree » est un verbe à part entière au même titre que les autres tels « like, want,
share… », donc il se conjugue et s’utilise normalement comme tous les autres verbes. Ainsi
dit-on « I agree with you » pour signifier « je suis d’accord avec toi », et rien d’autre ; surtout
rien d’autre. En observant la structure française, on devine aisément l’origine de l’erreur que
commettent bon nombre d’élèves et de français en général. Le français utilise l’expression «
être d’accord » qui se décompose ainsi : verbe « être » conjugué au temps approprié et
souhaité par le locuteur, suivi d’une structure nominale. Il en ressort que dire faussement « I
am agree with you » est une transposition et une traduction directe et littérale de l’expression
française. Dans les langues latines, la construction est similaire au français « être d’accord » :
« essere d’accordo » en italien, « estar de acuerdo » en espagnol, « estar de acordo » en
portugais… La langue anglaise, n’étant pas une langue latine mais germanique, ne suit pas
cette construction comme nous le comprenons dorénavant. En réalité, le verbe anglais « agree
» vient du vieux français « agréer » qui lui-même est issu de l’expression « à gré » du latin «
ad gratum ». Notons que l’adjectif « agréable » (« agreeable » en anglais) tire son origine du
verbe « agréer ».
Cette occurrence est l’exemple-type d’une différence majeure entre l’anglais et le français, à
savoir que le premier est souvent décrit comme étant une langue plus dynamique et plus
verbale tandis que le second est une langue dite plus statique donc plus nominale.
L’expression française se comprend ainsi : « être d’accord » signifie être dans un état
d’accord, de connivence, d’harmonie, de consentement avec son interlocuteur. Il s’agit bien
d’un état, ce qui ne suppose pas une quelconque action. On comprend « être d’accord » de la
même manière que l’on entendrait « être déçu » ou encore « être d’astreinte ». Il s’agit d’une
manière d’être du sujet et non une manière de faire ; ce n’est d’ailleurs pas un hasard si
certains grammairiens et linguistes assimilent les verbes d’états à des verbes statiques. Un
verbe d’état n’implique aucune notion de durée ; il signifie que l’argument qui le suit (soit «
d’accord ») constitue une caractéristique ou une propriété particulière du sujet de l’énoncé.
En anglais, « to agree » n’est donc pas un verbe d’état mais un verbe d’action comme si le fait
de « agree » supposait un effort, une action faite ou subie par le sujet.
D’un point de vue extralinguistique, je vois dans cette distinction deux points de vue
différents mais complémentaires. Le locuteur français est « d’accord », donc il s’octroie une
propriété sans être réellement ni acteur ni actif ; il s’octroie l’attribut « d’accord » sans pour
autant faire quoi que ce soit pour l’être. On peut « être d’accord » avec quelqu’un sans
forcément amener de l’eau au moulin, sans nécessairement participer à la conversation, sans
avancer le moindre argument, sans être acteur du jeu conversationnel. On se place dans un
état de fait, un peu comme si on se figeait à un moment précis. Il me semble qu’en anglais
cette pose est bien moins perceptible car celui qui dit « I agree » fait quelque chose : il adhère
à un propos, se conforme à certaines idées et se range d’un côté précis. Autrement dit, il agit
non pas physiquement mais mentalement. Il s’agit d’un processus cognitif actif d’autant que
très souvent ce locuteur-là enrichira la discussion, rebondira sur telle ou telle chose ou
reformulera un dire de manière à entériner son « I agree ».
Quoi qu’il en soit, prenons de bonnes habitudes dès notre plus jeune âge et tachons d’utiliser
le verbe Agree comme il doit l’être, c'est-à-dire comme tout bon verbe lexical anglais qui
n’accepte aucun auxiliaire à la forme affirmative et au présent ou prétérit. Bien entendu, à la
forme négative, on pensera bien à utiliser le don’t ou doesn’t devant le verbe selon le pronom
personnel sujet utilisé, mais jamais d’auxiliaire « être ». En anglais, il est tout à fait possible
d’ajouter un adverbe devant le verbe agree (il en va de même pour tous les verbes d’ailleurs)
mais rien d’autre. Retenons les trois exemples ci-dessous :
I always agree with my sister about everything !
She doesn’t agree with what I think about the death penalty.
The minister agreed with the president.