Choisir des chaussons d`escalade

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Choisir des chaussons d`escalade
Choisir des chaussons d'escalade
Acheter une paire de chaussons est très parfois très difficile. D'un côté il y a vos pieds qui réclament le
confort habituel auquel ils ont eut le droit jusqu'ici, de
l'autre les amis ou vendeur qui vous pressent d’essayer un
modèle plusieurs pointures en dessous de votre taille de
baskets préférées !
A la TL²B, on a décidé de vous accompagner
(progressivement) dans vos achats de matos d'escalade,
randonnée, loisirs... Il faut dire que Greg, son fondateur,
fut longtemps conseiller technique pour des marques
emblématiques du milieu de l'escalade (5.10, Béal, Camp,
Cassin, Prana, EB...) vendeur et responsable des achats de
matos dans des enseignes parisiennes (Passe Montagne et
Citadium). Outre des tests de matériels, nous publierons
sur ce site nos articles sur le matériel. Pourquoi ici ? Parce
que nous souhaitons que nos autres portails restent
résolument tournés vers les sites naturels. Commençons par les chaussons, outil vraiment indispensable !
Bien choisir ses chaussons d'escalade,
ou comment éviter de faire un mauvais achat ?
Commençons par révéler ce qui n'est pas un secret : si les mauvais chaussons ont presque disparus marché, un
très bon chausson ne vous fera pas forcément mieux grimper (Sinon, pensez bien qu'on aurait tous le même
modèle !) Vous le savez, il est inutile de prendre une formule 1 pour conduire dans Paris. Avec les chaussons, c'est
pareil ! Un chausson efficace c'est avant tout un chausson qui correspond à votre besoin, c'est à dire à une
savante alchimie entre votre niveau, votre morphologie du pied, vos objectifs...Un chausson peut tout faire ou
presque (dalle, dévers, bloc, voie, grande voie, intérieur, extérieur...). Il sera juste plus ou moins efficace, s'usera
plus ou moins vite, nécessitera plus ou moins d'efforts du grimpeurs... Après, pour reprendre l'image de la voiture,
il y a des grimpeurs (et même des très forts) qui prennent des 4X4 pour faire des courses de vitesse... Bref, avec
un peu d'expérience, on peut tout faire avec un chausson. Faut juste en connaître les limites.
Ensuite, avec les années et l'inévitable augmentation de votre niveau, vous aurez certainement acquis une petite
collection de chaussons aussi hétéroclite qu'adaptée à toutes les situations de grimpe.
Il y a deux écoles pour le choix des chaussons : l'une est partisane des chaussons rigides, l'autre des souples.
En effet, un chausson rigide permet une meilleure transmission de l’énergie d’impulsion et allège un peu
l’effort à fournir par les bras pour s’élever mais nécessite une pose de pied précise qui est d'autant plus difficile
que le chausson transmet peu de sensations de ce que l'on a sous le pied. A l'inverse, un chausson souple offre de
grandes sensations, peut se poser à plat et n'importe où mais nécessitera que le grimpeur compense
physiquement la déformation à la pression.
Pour la découverte du sport j'ai tendance à préconiser un chausson souple (une ou deux séances) mais pour
l'apprentissage le chausson rigide est, il me semble, plus adapté. En effet, mieux vaut galérer un peu au début
dans l’apprentissage de la pose de pieds sans trop tirer sur les bras que se muscler rapidement sans avoir appris
à utiliser les pieds... Enfin, c'est mon avis.
Qu'est-ce qui caractérise un chausson ?
1. La matière
En gros il en existe 2 types : matières synthétiques ou cuir. La réglementation impose l'étiquetage (à base de
pictogramme) pour que vous puissiez les comparer mais ce n'est pas toujours facile à trouver en magasin...
Pourquoi ces 2 matières ?
Les cuirs se détendent plus ou moins facilement (suivant la nature et l'épaisseur du cuir, la présence d'une
doublure mais aussi des contraintes que vous leur imposerez). Cela signifie que plus vous prenez le chausson serré,
plus il va se détendre pour s'ajuster au pied. En attendant, la période d'inconfort sera plus ou moins longue (5 à 10
séances) et variable suivant les modèles.
Les synthétiques ne se détendent pas (ou si peu) mais s'assouplissent. Les chaussons sont donc à choisir à la
bonne taille tout de suite car ils ne bougeront que très peu... Il convient de les essayer longuement en magasin car
même s'ils vont un peu "se faire" au pied, certaines zones de frottements (coutures...) risquent de
devenir insupportables même si votre pied aura tendance à se renforcer avec un peu de corne à ces endroits.
2. Le type de fermeture et serrage du pied
Il existe 3 types de fermeture :
a. à élastiques : les ballerines :
Une ballerine est un chausson en général très souple, proche du pied et qui ne tient que par compression et un
élastique sur le coup de pied. Les grimpeurs les prennent donc souvent très serrées pour compenser la détente dans
le temps. Du coup, certaines deviennent très difficiles à enfiler et les grimpeurs ont parfois recourt à un drôle de
stratagème : le sac plastique ! Celui-ci, par sa finesse, sert de chausse pied. Parmi les inconvénients des ballerines,
il faut noter leur furieuse tendance à déchausser du talon lors des crochetages. Dans les années 80, les célèbres
Ninja de la marque espagnole Boréal étaient utilisées par les plus forts grimpeurs qui, pour réaliser les crochetages
de talon, strappaient carrément la chaussure à leur pied !
b. à velcros :
Pour compenser l’inconvénient des ballerines traditionnelles, certains fabricants ont eut la bonne idée d'agrandir
l'ouverture sur le coup de pied et de remplacer l'élastique par un, deux ou trois velcros ! Du coup, on obtient un
chausson facile et rapide à enfiler ou enlever et précis si le pied remplit bien le volume général du chausson. La
qualité du serrage et fragilité des scratchs peuvent varier suivant les modèles de chaussons... Certaines boucles
peuvent aussi devenir traumatisantes dans certains crochetages.
c. à lacets :
C'est sans doute le must au niveau de l'ajustement à votre pied... C'est d'ailleurs souvent la seule alternative pour
les personnes aux pieds fins ! Revers de la médaille, ces chaussons sont plus long à enfiler/enlever mais c'est une
valeur sûre !
3. La forme du pied et des chaussons
Le pied Égyptien représente environ 50%
de la population, le pied Grec 23%, et le
pied Carré 27%.
Source :
http://orthopedie.forums-actifs.net/t10qu-est-ce-qu-un-pied-egyptien-un-piedgrec-et-un-pied-carre
a- Symétrique
On conseille en général ce type de chausson de forme assez neutre avec une semelle plutôt plate et une pointe
plutôt centrale (très faible asymétrie), aux débutants et à celles et ceux qui cherchent le confort. En général, le
talon est juste maintenu et certains modèles sont renforcés en rigidité pour permettre un usage en grande voie et
en montagne sans trop fatiguer orteil et voûte plantaire.
b- Asymétrique
Apparu à la fin des années 80, les chaussons asymétriques se caractérisent par une pointe axée sur le pouce (donc
décentrée). Cet orteil étant le plus fort, cela concentre sa technicité sur une pointe plus fine. Lorsque cette
pointe est combinée avec un enrobage du talon pas trop agressif (c'est à dire qui ne pousse pas trop les orteils vers
l'avant) et une faible cambrure du modèle, on obtient un chausson dit "intermédiaire". En général dans les 60€ à
100€ (le prix standard étant inférieur ou égal à 75€), ces chaussons polyvalents et précis conviennent aussi bien à la
réalisation de performances qu'à l'entraînement.
c- Asymétrique et cambrée
C'est dans cette forme de chausson que se trouvent les formules 1 de l'escalade, des petits bijoux de technologie
qui se payent au prix fort (100 à 150 €) sans être polyvalents ou robustes pour autant ! Outre un inconfort certain,
on trouve dans cette catégorie de chaussons pour grimpeurs de haut niveau des modèles très radicaux.
Comment choisir ?
Prenez le temps d'essayer. Les chaussons comptent parmi les pièces maîtresses de l'équipement du grimpeur. C'est
un outil personnel qui doit être le plus adapté à votre besoin sans trop vous traumatiser ! Il faut donc prévoir du
temps pour tester de nombreuses paires, plutôt en fin de journée quand le pied est déjà bien gonflé et sensible...
Plus vous en testez plus vous avez de chance de tomber sur le bon. Il faut donc parfois multiplier les magasins
pour varier l'offre... Enfin, un bon magasin doit vous permettre d'essayer les chaussons sur un bout de mur ! Si vous
avez la chance de pouvoir tester les chaussons d'autres personnes, pensez juste qu'ils se sont aussi déformés à leurs
pieds.
Vous devez choisir votre chausson en fonction de votre niveau, des sites de pratique et de votre objectif
(entrainement, progression, loisir, mur, grandes voies...).
Inutile de s'exploser les pieds pour débuter mais ne prenez pas trop grand non plus sous prétexte de rester
confortable. Bref, il faut concilier technicité (le minimum c'est que vos orteils touchent le fond du chausson),
confort, budget et plaisir !
S'il n'y a pas ou peu de "mauvais" chaussons, un chausson d'entrée de gamme reste moins performant qu'un haut de
gamme. Mais pour débuter, la formule « qui peut le plus peut le moins » n'a aucun intérêt. A l'inverse, certains pros
grimpent avec des chaussons dits "intermédiaires" notamment lors de leurs entraînements en salle.
En effet, un chausson s'use assez vite sur certains supports abrasifs. Si un fort grimpeur n'arrive qu'à user une
petite partie de la semelle, un débutant a tendance à racler le mur de ses pointes de pied et à grimper en carre à
l'excès. Conséquence : la première paire peut s'user en quelques mois (suivant le nombre de séances
hebdomadaires) et ne sera généralement pas ressemelable. Inutile donc de mettre des milles et des cents dans la
première paires, 40 à 70 € suffisent !
Les erreurs classiques à éviter...
Premier achat : des chaussons trop grands évidemment !
Un chausson doit être ajusté au pied ! Il ne doit pas y avoir de vide dans la pointe. Les orteils peuvent certes être à
plat mais ils ne doivent pas pouvoir se mettre en éventail... Il y a le choix de la pointure mais aussi de la forme qui
joue en fonction de la morphologie du pied... En se fixant sur un modèle avec une forme mal adaptée on monte
naturellement en taille pour ne pas avoir mal... Le pied n'est alors plus correctement tenu en pointe/talon avec
grosse perte de précision à la clé.
Deuxième achat : trop petit évidemment !
Si on a fait la première erreur, en général, pour le deuxième achat, on fait un excès de zèle ! Et vice versa !!! Dans
le cas d'un chausson en cuir, cela peut encore s'arranger mais c'est rédhibitoire avec les synthétiques. Il y a aussi
ces petites coutures à l'intérieur, cette boucle agressive, ... qui peuvent devenir extrêmement traumatisantes !
Enfin, il y a les erreurs qui auraient du être évitées avec un simple contrôle final. Comme vous avez essayé plein de
paires en saoulant bien le vendeur, vous avez remballé un peu vite et pris 2 pieds gauches ou des chaussons de
pointures différentes !
On voit là l'importance de l'essayage et des 2 pieds SVP !
Un chausson est correctement ajusté quand :
 il est correctement serré,
 il ne présente aucun vide significatif entre le pied et le chausson (à part éventuellement dans le talon mais
qu'il tient bien),
 votre pied est légèrement comprimé mais ne subit aucun point de pression douloureux,
 les orteils sont légèrement recroquevillés.
Choisir sa pointure :
En partant de votre pointure habituelle, vous allez descendre plus ou moins. Première difficulté trouver la taille du
chausson qui est parfois exprimée en pointure européenne mais aussi anglaise ou américaine.
Ensuite, vous allez voir, un 40 chez l'un, ne fait pas un 40 chez l'autre !
A gauche, le chausson n'épouse pas parfaitement le
pied (vide au talon notamment) ; Source site A
Boldrini
Demandez conseil au vendeur sur les correspondances de tailles approximatives par marque. Ainsi, chez les
Italiens (La Sportiva ou Scarpa par exemple) un 38 chausson est plus grand qu'un 38 ville ! Vous allez commencer
par tester du plus grand au plus petit pour éviter de vous faire trop mal aux pieds inutilement. En effet, Il est
important de préserver son pied car les douleurs pourraient altérer votre jugement sur l’essai d'autres modèles.
Une fois le chausson enfilé et correctement lacé, marchez. Le talon décolle, le pied glisse à l'intérieur... ? C'est
encore un peu grand ou large.
Faites un maximum de tests : adhérence, poussée sur un seul pied en le chargeant au maximum, passage en carre
interne et externe, utilisation de trou (y compris ceux des vis !), crochetage si possible... A défaut d'un mur
d'escalade, pan... ou d'une planche avec prises (si possible petites), une plinthe ou une jointure entre 2 briques
peut servir à tester les sensations en pointe.
Un chausson d'escalade reste toutefois un chausson. Il peut y avoir de légers frottements qui pourraient
éventuellement donner lieu à des ampoules voir à la formation de cals... mais certainement pas de douleur aiguë.
Le choix de la pointure est assez difficile sur les modèles en cuir car on ne connait pas à l'avance la détente du
produit. Si on prend juste, le risque est de se retrouver avec un chausson qui devient trop grand, si on prend trop
petit, il restera douloureux et parfois impossible "à faire".
Par expérience, je dirai que plus on descend (dans la limite du raisonnable) plus le chausson en cuir aura tendance
à se détendre avec le risque de le voir considérablement déborder et perdre sa forme. Les chaussons sont aussi plus
faciles "à faire" quand on a le pied large, qu'on est lourd, qu'on transpire des pieds et qu'on fait du bloc à Bleau ! En
été, en chutant de 3 m avec un chausson un peu serré, je vous garanti qu'il va très vite s'agrandir !
Voilà. N'hésitez pas à compléter de vos commentaires !
Question marques :
Il existe de nombreux fabricants spécialisés de chaussons d'escalade, dont la qualité des produits est généralement
reconnue. Leur gamme de prix varie généralement de 45€ à 120€ la paire de chaussons... En France, on peut
trouver sans trop de difficultés les marques suivantes (par ordre alphabétique):
•Andrea Boldrini (France)
•Boreal (Espagne)
•EB, (France, créateur du premier chausson d'escalade)
•Evolv
•Five Ten (ou 5.10, USA)
•La Sportiva (Italie)
•Mad Rock (USA)
•Millet (France)
•Scarpa (Italie)
•Etc.
A cela s'ajoutent des sociétés réalisant des produits peu chers, mais de qualité nettement inférieure. Les gammes
de prix de ces marques sont très compétitives (à partir de 20€), mais la qualité, la durabilité, et surtout le confort
(dont vous savez désormais qu'il doit être déterminant tant les chaussons doivent être serrés) sont parfois
approximatifs:
•Garra
•6a
•Etc.
•Décathlon, avec sa gamme Simond
•Intersport, avec sa gamme Mc Kinley
Question magasin :
Nous y reviendrons dans un autre article mais vous ne devriez pas avoir de mal à trouver, si vous n’habitez pas à
Châteauroux !
Publié par La Tribune libre de Bleau, http://ltl2b.blogspot.fr