m Mots clés – PNB par habitant – taux d`ouverture Rappel de cours

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m Mots clés – PNB par habitant – taux d`ouverture Rappel de cours
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Construction de l'Union européenne et croissance économique
Document 1
m Mots clés
– PNB par habitant
– taux d’ouverture
Rappel de cours 1
Le PNB, principal agrégat de la comptabilité nationale, mesure l’ensemble des valeurs ajoutées créés par les unités économiques nationales, qu’elles produisent sur le territoire national ou à l’étranger. Cet
indicateur, contrairement au PIB, ne comptabilise donc pas les activités
productives des entreprises étrangères sur le territoire national. Si on
observe peu de différences entre le PNB et le PIB pour les pays développés, il existe parfois pour certains PED, où l’implantation de firmes multinationales est forte, un écart significatif entre ces deux agrégats.
Le PNB par habitant est le rapport entre le PNB d’un pays pour une
année t et la population moyenne en milieu d’année (c’est-à-dire la moitié de la somme de la population au 1er janvier de l’année t et de la population au 1er janvier de l’année t + 1). C’est un indicateur imparfait, mais
fréquemment utilisé, du niveau de vie par habitant. Il s’agit d’une
moyenne qui ne prend pas en compte les inégalités de répartition de
richesses au sein d’un pays.
Une variation du PNB par habitant permet d’établir si le pays est dans
une conjoncture favorable au développement ou non :
– si le taux de variation du PNB/hab. est négatif, alors le niveau de vie
moyen se contracte (période non favorable au développement) ;
– si le taux de variation du PNB/hab. est positif, le niveau de vie moyen
augmente (période favorable au développement).
Le taux d’ouverture d’une économie est défini en note dans le document, il se calcule par la somme des importations et des exportations
divisée par deux et rapportée au PIB. Ce ratio permet d’évaluer le degré
d’ouverture d’un pays, c’est-à-dire la place que tient le reste du monde
(l’environnement extérieur) dans une économie nationale. Plus il est
élevé et plus l’insertion dans le commerce international est forte.
m Que dit le document ?
Ce document permet d’illustrer les relations éventuelles entre le taux
de croissance annuel moyen (TCAM) de la production par habitant des
PED, et leur niveau d’ouverture vers l’extérieur pendant plusieurs
périodes.
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Une relation positive entre ces deux indicateurs se dégage, quelle que
soit la période considérée : plus l’économie est ouverte, plus le TCAM du
PNB/hab. est élevé. Ainsi, si de 1986 à 1992 le PNB/hab. des PED les plus
ouverts augmente en moyenne chaque année de 5,9 %, il diminue de
0,2 % pour les économies modérément ou très fermées. Les inégalités
de croissance entre PED ayant des degrés d’ouverture différents semblent évoluer favorablement pour les pays les plus insérés dans le commerce international. Entre la première période (1963-1973) et la dernière
(1986-1992), le TCAM des pays très ouverts a baissé de 1,1 point et de 4,2
points pour les pays modérément fermés. De la même façon, le rapport
du TCAM des pays les plus ouverts avec celui des pays modérément
ouverts augmente : il est 2,4 fois plus élevé de 1986 à 1992, contre seulement 1,4 fois de 1963 à 1973.
L’ouverture internationale, en apportant des ressources nouvelles
grâce aux exportations et en renforçant la concurrence entre les productions locales et les importations, permet une hausse du revenu national
et rend possible le financement du développement sans endettement
excessif. L’insertion dans le commerce international est donc un des facteurs importants de la croissance économique et du développement.
Cette conclusion confirme l’analyse des économistes libéraux qui,
comme David Ricardo, plaident en faveur du libre-échange. On peut
également penser que la hausse de la production industrielle favorise en
retour l’insertion dans les échanges internationaux.
Rappel de cours 2
Le libre-échange est l’un des thèmes récurrents du libéralisme économique. Adam Smith montre au XVIIIe siècle qu’un pays a intérêt à se spécialiser dans la production où il dispose d’un avantage absolu
(c’est-à-dire dont les coûts de production sont inférieurs à ceux de tous
les autres pays), et à acheter tous les autres biens. Chaque pays se procure ainsi tous les biens dans les meilleures conditions possibles. Mais
cette analyse exclut du commerce international les pays n’ayant aucun
avantage absolu. David Ricardo (1772-1823) parvient à dépasser cette
objection en montrant que chaque pays doit se spécialiser dans la production où il détient un avantage relatif (production pour laquelle son
avantage est le plus grand ou son désavantage le plus faible). Cette spécialisation permet d’utiliser le plus efficacement l’ensemble des ressources disponibles, ainsi tous les pays réalisent un gain à l’échange. Au
XXe siècle, les économistes Hecksher, Ohlin et Samuelson ont cherché à
expliquer l’origine des différences des avantages comparatifs par la
dotation (ou répartition) en facteurs de production de chaque pays.
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Selon le théorème HOS, chaque pays doit se spécialiser dans la production qui incorpore le maximum de facteurs de production qu’il détient
en abondance. L’échange international est donc un échange de facteurs
abondants contre facteurs rares.
Document 2
m Mots clés
– indice des prix
– marché mondial
m Que dit le document ?
Ce document retrace l’évolution de 1978 à 1996 de l’indice des prix du
cacao pour une quantité donnée sur le marché mondial; la base 100 correspond à l’année 1996. Le cours du cacao comme celui des autres produits primaires (café, bauxite, sucre, céréales…) se détermine sur le
marché mondial selon les mécanismes de la loi de l’offre et de la
demande. L’offre correspond pour l’essentiel aux quantités exportées
par les PED, notamment les pays les moins avancés (PMA), et la
demande provient en grande partie des pays développés à économie de
marché (PDEM).
On note une baisse assez nette du prix du cacao : si pour une quantité
donnée le prix du cacao est de 100 € en 1996, il était de 260 € en 1978,
soit une différence de 160 points. Plus précisément, quatre périodes se
dégagent :
1. une baisse des prix de 1978 (indice 260) à 1981 (indice 160) ;
2. un redressement de 65 points (225 – 160) de 1981 a 1983 ;
3. une chute continue de 1983 à 1992 : le prix du cacao en 1992 est trois
fois (225/75) moins élevé qu’en 1983 ;
4. enfin, depuis 1992, le prix augmente pour atteindre l’indice 120 en
1998.
Cette évolution globalement négative de la rémunération des producteurs de cacao s’explique par une offre structurellement plus élevée que
la demande. Cet exemple démontre que toutes les spécialisations n’entraînent pas des effets équivalents sur la croissance, et donc sur le développement. En définitive, une spécialisation dans des produits primaires
semble cumuler plusieurs handicaps :
– la part des produits primaires décline dans le commerce mondial au
profit des produits manufacturés ;
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– la demande reste peu dynamique, il existe effectivement de nombreux
substituts, notamment ceux issus de l’industrie chimique ;
– les prix sont orientés à la baisse alors que ceux des pays manufacturés
importés par les PED augmentent, on assiste donc à une dégradation
des termes de l’échange ;
– ces productions ont un faible contenu en technologie et ne donnent
pas lieu à des effets d’entraînement sur le reste de l’appareil productif.
L’insertion des PED dans le commerce mondial se traduit donc ici par
un renforcement de la dépendance de ces pays à l’égard des PDEM.
Cette thèse confirme l’approche des économistes d’inspiration marxiste,
qui voient le sous-développement comme la conséquence de rapports
de domination et de dépendance entre le centre (PDEM) et la périphérie
(PED). Le commerce mondial est un moyen pour les PDEM de lutter
contre la baisse tendancielle des taux de profit par l’importation de
matières premières à bas prix et par la surexploitation de la maind’œuvre des PED. Selon Arghiri Emmanuel, les PED sont victimes d’un
échange inégal, les pays les moins productifs échangent leurs produits
contre des biens et des services incorporant une moins grande quantité
de travail. Il faut alors rompre avec la logique de l’insertion dans le commerce international en mettant en œuvre des stratégies de développement autocentrées répondant à des objectifs internes.
Rappel de cours 3
Les termes de l’échange représentent le rapport entre l’indice des prix
des exportations et l’indice des prix des importations. Lorsque le rapport
diminue, on parle de dégradation des termes de l’échange. Ce qui signifie que les pays doivent exporter plus en quantité pour maintenir l’équilibre des échanges extérieurs.
Document 3
m Mots clés
– pays émergents
– crise asiatique
Rappel de cours 4
Le concept de « pays émergents » est né dans les années 1980 avec le
développement des marchés boursiers des pays du Sud. Il désigne les
pays connaissant un accroissement rapide de leur revenu par habitant,
et par conséquence une part dans le revenu mondial en forte progres-
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sion et un degré élevé d’insertion dans le commerce et dans les flux de
capitaux mondiaux. Ce concept reste cependant assez flou puisqu’il
regroupe des pays dont le niveau de développement est proche des
PDEM comme la Corée du Sud, et des pays où le revenu par habitant
demeure faible (Maroc, Mexique…).
m Que dit le document ?
La multiplicité des crises monétaires et financières auxquelles sont
confrontés les PED démontre l’instabilité de leur régime de croissance.
Un accroissement rapide du revenu par habitant n’assure pas automatiquement un développement sûr et harmonieux, et reposant sur une
industrie dynamique.
Les mécanismes de ces crises de surinvestissement, notamment ceux
de la crise asiatique de 1997, sont désormais bien connus. Un accroissement rapide des revenus entraîne un afflux important de capitaux. Cette
entrée massive de capitaux, stimulée également par le mouvement de
globalisation financière, provoque une appréciation des monnaies
locales qui diminue le coût de l’endettement extérieur pour les emprunteurs et ouvre la perspective de profits intéressants pour les investisseurs internationaux. Les investissements à la rentabilité plus ou moins
assurée se multiplient et contribuent à la création d’une bulle spéculative, qui éclate lorsque les investisseurs constatent que la rentabilité
attendue n’est pas au rendez-vous. Des mouvements spéculatifs à la
baisse s’enchaînent et provoquent une perte de confiance envers la
monnaie et une restriction des crédits. Les conséquences économiques
et sociales de ces crises sont importantes : déséquilibre du solde extérieur, multiplication des faillites, augmentation du chômage, contraction
rapide des revenus, développement de la misère, etc.
Ainsi, la réussite des stratégies de développement par promotion des
exportations n’est pas sans condition. Il est indispensable que les
recettes issues d’une participation au commerce international soient
effectivement réinvesties dans l’appareil productif et « permettent d’enclencher un cercle vertueux de croissance » comme le suggèrent les
économistes libéraux.
Ouverture
internationale
Exportations accrues et
intensification de la concurrence
Hausse de la production et
recherche de gains de productivité
Croissance
économique
Hausse de la demande intérieure
et de l’investissement
Hausse du revenu national
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Ce cercle vertueux suppose un partage harmonieux des gains de productivité entre les différents acteurs de l’économie. L’exemple coréen
montre la nécessité d’une intervention de l’État pour mettre en œuvre ce
partage et favoriser un développement sur le long terme. À travers une
politique volontariste en matière d’éducation, de restructuration de l’appareil productif, l’État coréen, loin des préceptes libéraux, est intervenu
massivement dans le processus de développement. Or, comme le souligne Amartya Sen, prix Nobel d’économie en 1998, si les institutions
publiques doivent jouer un rôle primordial dans la marche vers le développement, elles restent trop souvent marquées par des régimes totalitaires, peu enclins à lutter contre les inégalités, et où la corruption et le
clientélisme demeurent la règle (l’Indonésie avec le régime Suharto
illustrait parfaitement cet état de fait).
Document 4
m Mots clés
– capital humain
– capital physique
– transfert de technologie
– rentabilité de l’investissement (rentabilité économique)
Rappel de cours 5
Le capital humain désigne les capacités intellectuelles et professionnelles d’un individu, capacités propres à augmenter sa productivité et à
lui procurer des revenus monétaires futurs. Popularisée notamment par
Gary Becker, prix Nobel d’économie en 1992, cette notion montre que
les salariés sont autant un coût pour l’entreprise qu’une occasion d’investissement pour assurer l’avenir de l’entreprise. Elle démontre également l’importance d’une politique d’éducation et de formation menée
par l’État, capable d’engendrer des externalités positives.
Le capital physique, ou encore matériel, correspond à un stock de
richesses accumulées (plus communément appelé « capital », c’est-àdire tout actif susceptible de procurer un revenu).
La rentabilité économique est le rapport entre les résultats et les capitaux mis en œuvre pour les obtenir.
Les transferts de technologie d’un pays à un autre correspondent à une
forme de mobilité internationale du progrès technique, par l’intermédiaire d’achat de brevets, de licences ou encore par l’implantation
d’usines « clés en main ».
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m Que dit le document ?
Un investissement important en capital humain, associé au dynamisme de l’investissement physique, constitue l’un des moteurs essentiels de la forte croissance de l’économie coréenne. Source d’une
meilleure productivité du travail, les dépenses en matière d’éducation et
de formation de la main-d’œuvre augmentent le niveau d’alphabétisation, d’où une maîtrise plus grande de l’accroissement démographique,
et servent la compétitivité de l’économie, garantissant ainsi des débouchés aux produits exportés. Une main-d’œuvre plus qualifiée permet
effectivement une valorisation plus grande des investissements en leur
assurant une rentabilité économique élevée. En retour, l’augmentation
du taux d’investissement (montant des dépenses en formation brute de
capital fixe, FBCF, rapporté au PIB) agit favorablement sur la demande
(multiplicateur keynésien) et sur les conditions de l’offre (compétitivité
accrue, hausse des profits, accroissement des capacités d’autofinancement…). En outre, l’augmentation du niveau de qualification permet de
profiter pleinement des transferts de technologie rendus possibles par
l’implantation de nombreuses firmes multinationales. Le progrès technique se diffuse plus rapidement dans l’économie et autorise une
réorientation de la spécialisation vers des produits de plus en plus
sophistiqués à forte valeur ajoutée. Cette nouvelle spécialisation réduit
les effets de dépendance envers les PDEM liés à un degré d’ouverture
élevé. C’est ainsi que la Corée du Sud est parvenue à faire évoluer sa
spécialisation et ses avantages comparatifs. Centrée dans les années
1960, sur la production de textile (incorporant beaucoup de facteur travail non qualifié), une politique de remontée de filière (de la production
de vêtements à la production de machines textiles) au cours des années
1980, et des efforts de diversification vers des branches nouvelles (électronique, biens d’équipement), ont permis à la Corée du Sud d’adapter
ses exportations à l’évolution de la demande mondiale et de restructurer
son appareil productif.
Nous avons ici les éléments clés du succès d’une stratégie de développement par insertion dans le commerce mondial : spécialisation sur
la base des avantages comparatifs, utilisation des recettes des exportations pour diversifier l’appareil productif et investir dans le capital
humain, grâce à une politique structurelle active de l’État qui fait naître
de nouveaux avantages comparatifs (main-d’œuvre qualifiée, forte compétitivité dans certains secteurs industriels porteurs).
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R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S D U T R AVA I L P R É PA R AT O I R E
m Question 1
La question cherche à évaluer la compréhension des données statistiques.
Le PNB par habitant des PED à économie très ouverte a augmenté en
moyenne chaque année de 6 % de 1974 à 1985.
m Question 2
La question vise à tester la capacité du candidat à mettre en relation
des données statistiques, et à réinvestir ses connaissances.
Une relation positive entre ces deux indicateurs se dégage quelle que
soit la période considérée : plus l’économie est ouverte, plus le TCAM du
PNB/hab. est élevé. Ainsi, si 1986 à 1992 le PNB/hab. des PED les plus
ouverts augmente en moyenne chaque année de 5,9 %, il diminue de
0,2 % pour les économies modérément ou très fermées. Les inégalités
de croissance entre PED ayant des degrés d’ouverture différents semblent évoluer favorablement pour les pays les plus insérés dans le commerce international. Entre la première période (1963-1973) et la dernière
(1986-1992), le TCAM des pays très ouverts a baissé de 1,1 point et de 4,2
points pour les pays modérément fermés.
L’ouverture internationale, en apportant des ressources nouvelles
grâce aux exportations et en renforçant la concurrence entre les productions locales et les importations, permet une hausse du revenu national.
L’insertion dans le commerce international est donc un des facteurs
importants de la croissance économique. Cette conclusion confirme
l’analyse des économistes libéraux qui, comme David Ricardo, plaident
en faveur du libre-échange. On peut également penser que la hausse de
la production industrielle favorise en retour l’insertion dans les
échanges internationaux.
m Question 3
La question permet de vérifier l’aptitude du candidat à analyser l’évolution d’un indicateur statistique.
On note globalement une baisse assez nette du prix du cacao : si pour
une quantité donnée le prix du cacao est de 100 € en 1996, il était de
260 € en 1978, soit une différence de 160 points. Malgré une remontée
lente des prix depuis 1993, cette évolution négative se traduit par une
perte de rémunération importante pour les pays producteurs de cacao.
Leurs recettes d’exportation se contractent et compromettent leurs pos-
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sibilités de financer leur développement futur. Les pays producteurs de
matières premières restent soumis à l’évolution de la demande adressée
par les PDEM. Dans le même temps, les prix de leurs importations en
provenance des pays riches augmentent, ce qui se traduit par une
dégradation progressive des termes de l’échange. Il leur faut exporter
davantage de produits pour obtenir une même quantité de biens importés, il s’agit bien d’un appauvrissement, un processus d’endettement se
met alors en place. En outre, la demande en produits primaires est peu
dynamique car il existe une multitude de substituts issus de l’industrie
chimique. Face à cette atonie de la demande, les producteurs sont
contraints de répercuter la totalité de leurs gains de productivité sur les
prix, limitant d’autant les possibilités d’investissement et de développement.
m Question 4
La question vise à tester la capacité du candidat à comprendre les informations contenues dans texte en utilisant ses connaissances.
La réussite des stratégies de développement par promotion des
exportations n’est pas sans condition. Il est indispensable que les
recettes issues d’une participation au commerce international soient
effectivement réinvesties dans l’appareil productif et « permettent d’enclencher un cercle vertueux de croissance » comme le suggèrent les
économistes libéraux.
Selon cette logique, l’ouverture internationale a pour objectif de développer de nouveaux débouchés et d’accroître la concurrence. Cette
intensification de la concurrence est un élément incitatif à la recherche
d’une meilleure productivité. Un partage harmonieux de ces ressources
nouvelles entre les différents acteurs de l’économie (ménages, entreprises, État…) doit permettre de soutenir la demande intérieure, d’améliorer les conditions de l’offre et d’engager, sous l’égide de l’État, des
politiques structurelles (politique d’éducation, lutte contre les inégalités,
politique industrielle…) visant à faire évoluer la spécialisation vers des
produits industriels à fort contenu technologique.
m Question 5
La question vise à tester la capacité du candidat à comprendre les informations contenues dans un texte en réinvestissant ses connaissances.
Un investissement important en capital humain, associé au dynamisme de l’investissement physique, constitue l’un des moteurs essentiels de la forte croissance de l’économie coréenne.
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Source d’une meilleure productivité du travail, les dépenses en
matière d’éducation et de formation de la main-d’œuvre augmentent le
niveau d’alphabétisation, d’où une maîtrise plus grande de l’accroissement démographique, et servent la compétitivité de l’économie, garantissant ainsi des débouchés aux produits exportés. Une main-d’œuvre
plus qualifiée permet effectivement une valorisation plus grande des
investissements en leur assurant une rentabilité économique élevée. En
retour, l’augmentation du taux d’investissement (montant des dépenses
en formation brute de capital fixe, FBCF, rapporté au PIB) agit favorablement sur la demande (multiplicateur keynésien) et sur les conditions de
l’offre (compétitivité accrue, hausse des profits, accroissement des capacités d’autofinancement..). En outre, l’augmentation du niveau de qualification permet de profiter pleinement des transferts de technologie
rendus possibles par l’implantation de nombreuses firmes multinationales. Le progrès technique se diffuse plus rapidement à l’économie et autorise une réorientation de la spécialisation vers des produits
de plus en plus sophistiqués à forte valeur ajoutée. Cette nouvelle spécialisation réduit les effets de dépendance envers les PDEM liés à un
degré d’ouverture élevé.
m Question 6
La question vise à tester la capacité du candidat à comprendre les informations contenues dans un texte en utilisant ses connaissances.
Une « production pour l’exportation », c’est-à-dire exclusivement tournée vers l’extérieur, n’est pas sans risque pour les PED.
Elle se traduit par une dépendance renforcée à l’égard des PDEM,
comme le montre l’exemple des PMA spécialisés dans des produits primaires à faible valeur ajoutée (document 2).
C’est pourquoi les économistes d’inspiration marxiste contestent l’efficacité d’une stratégie de développement par une insertion dans le commerce mondial. Les PDEM exploitent les ressources naturelles et
humaines des PED pour leur croissance. Il faut alors rompre avec la
logique de l’insertion dans le commerce international en mettant en
œuvre des stratégies de développement autocentrées répondant à des
objectifs internes.
m Bilan du travail préparatoire
Les questions du travail préparatoire ne permettent pas à elles seules
de fournir une argumentation suffisante. Il faut donc étayer sa réflexion
par l’analyse des documents et par la mobilisation des connaissances
personnelles.
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La première partie de la synthèse portant sur les avantages pour les
PED d’une insertion dans le commerce international s’appuiera sur les
questions 2, 4 et 5 et sur l’analyse des documents 1, 3 et 4.
La seconde partie se donnant pour objectif de montrer que la réussite
de ces stratégies n’est pas sans conditions s’articulera autour des
réponses aux questions 3 et 6 et des études des documents 2 et 3.
P L A N D É TA I L L É D E L A QU E ST I O N D E SY NT H È S E
p
Introduction
– Accroche : crises récurrentes dans la PEO.
– Définition des termes : « pays en développement », « insertion dans le
commerce international ».
– Annonce du plan.
p
Première partie
Les pays en développement peuvent retirer des avantages de leur insertion dans le commerce international.
m 1. Les effets favorables d’une insertion dans le commerce
international.
a. Les PED les plus ouverts sur l’extérieur connaissent des taux de croissance économiques élevés… (question 2).
b. … conformément aux thèses libre-échangistes défendues par les économistes libéraux (connaissances personnelles).
m 2. L’ouverture internationale exerce un puissant levier sur la croissance
et sur le développement.
a. Des exportations en augmentation, une concurrence étrangère renforcée génèrent de nouveaux moyens de financement… (question 4).
b. … qui exercent un effet favorable sur l’investissement et permettent
de faire évoluer positivement la spécialisation (question 5).
p
Deuxième partie
Il existe cependant des conditions à la réussite d’une stratégie de développement par insertion dans les échanges internationaux.
m 1. Toutes les spécialisations n’ont pas des effets équivalents sur le
développement.
a. Une spécialisation des produits primaires… (document 2)
b. … tend à renforcer les phénomènes de dépendance à l’égard des
PDEM (questions 3 et 6).
m 2. Les enchaînement vertueux liés à une insertion dans le commerce
international…
a. … ne semblent pas irréversibles… (document 3).
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b. … et supposent que l’État mène une politique structurelle volontariste
(documents 3 et 4).
p
Conclusion
– Bilan de l’argumentation.
– Ouverture.
RÉDACTION DE LA QUESTION DE SYNTHÈSE
Le caractère récurrent des crises auxquelles sont confrontés les PED
(crise du Mexique en 1994, crise asiatique en 1997, crise argentine en 2002)
pose avec une grande acuité la question de leur mode de développement.
Les PED peuvent se définir, selon François Perroux, comme les situations où les « coûts de l’homme (alimentation ; instruction ; santé) ne sont
pas couverts ». Ce concept reste cependant flou puisqu’il regroupe des
pays économiquement et socialement hétérogènes comme les nouveaux
pays industrialisés (NPI), les pays émergents ou encore les pays les
moins avancés (PMA). Depuis les années 1980, la plupart des PED, après
les échecs des stratégies autocentrées et soucieux de reproduire « le
miracle asiatique », s’orientent vers des stratégies visant à s’insérer dans
le commerce international. L’expression « insertion dans le commerce
international » désigne à la fois la place qu’occupent les PED dans les
échanges mondiaux et le type de spécialisation adoptée. Les situations
très différenciées dans les pays ayant mené une telle stratégie invitent à
s’interroger sur leurs avantages et sur leurs conditions de réussite.
C’est pourquoi, après avoir montré que les PED peuvent retirer des
avantages de leur insertion dans le commerce international, nous mettrons en évidence les conditions nécessaires à cette réussite.
Les PED peuvent retirer des avantages de leur insertion dans le commerce mondial car elle entraîne des effets favorables sur la croissance
économique, susceptibles de faciliter la marche vers le développement.
Une relation positive entre le degré d’ouverture des PED et leur niveau
de croissance économique se dégage quelle que soit la période considérée : plus l’économie est ouverte, plus le TCAM du PNB/hab. est élevé.
Ainsi, si de 1986 à 1992 le PNB/hab. des PED les plus ouverts augmente
en moyenne chaque année de 5,9 %, il diminue de 0,2 % pour les économies modérément ou très fermées. Les inégalités de croissance entre
PED ayant des degrés d’ouverture différents semblent évoluer favorablement pour les pays les plus insérés dans le commerce international.
Entre la première période (1963-1973) et la dernière (1986-1992), le TCAM
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des pays très ouverts a baissé de 1,1 point et de 4,2 points pour les pays
modérément fermés (document 1).
Cette corrélation ouverture sur l’extérieur – croissance économique
confirme l’analyse des économistes classiques et néo-classiques. Au XIXe
siècle en poursuivant l’analyse de Smith, Ricardo a démontré les avantages d’une spécialisation dans la production où un pays dispose d’un
avantage comparatif (production pour laquelle son avantage est le plus
grand ou son désavantage le plus faible). Cette spécialisation permet
d’utiliser le plus efficacement l’ensemble des ressources disponibles ;
ainsi tous les pays réalisent un gain à l’échange. Plus récemment, les
économistes Hecksher, Ohlin et Samuelson ont expliqué l’origine des
différences des avantages comparatifs par la dotation (ou répartition) en
facteurs de production de chaque pays. Selon le théorème HOS, chaque
pays doit se spécialiser dans la production qui incorpore le maximum de
facteurs de production qu’il détient en abondance. L’échange international est donc un échange de facteurs abondants contre facteurs rares.
Ainsi les PED, souvent peu dotés en facteur capital, ont intérêt à se spécialiser dans des productions de base incorporant une grande quantité
de facteur travail qu’ils échangeront avec des productions à niveau technologique élevé. C’est la voie suivie par les NPI asiatiques qui ont, par
une politique de remontée des filières, réussi à se spécialiser dans des
productions industrielles de plus en plus capitalistiques.
L’ouverture internationale semble donc exercer un puissant effet de
levier sur la croissance et sur le développement.
En effet, une hausse des exportations se traduit par une entrée de
capitaux susceptible de financer le développement du pays. Mais l’ouverture sur l’extérieur ne se limite pas aux exportations, la contrepartie
d’une telle stratégie est une concurrence étrangère renforcée, qui oblige
les entreprises à rechercher en permanence les nouveaux gains de productivité indispensables à leur compétitivité. L’amélioration de l’efficacité productive génère également de nouvelles ressources. Ainsi, un
cercle vertueux de croissance se met en place (document 3). Les capitaux ainsi dégagés doivent permettre d’assurer le financement du développement sans endettement excessif.
Ces capacités de financement autorisent de nouveaux investissements
porteurs de croissance et de développement. L’exemple coréen illustre
parfaitement cette logique. Des efforts importants d’investissements en
capital humain et physique expliquent le rattrapage de ce pays, désormais
proche des niveaux de développement des PDEM. Source d’une meilleure
productivité du travail, les dépenses en matière d’éducation et de formation de la main-d’œuvre augmentent le niveau d’alphabétisation, d’où
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une maîtrise plus grande de l’accroissement démographique, et servent
la compétitivité de l’économie, garantissant des débouchés aux produits
exportés. De la même façon, l’augmentation du taux d’investissement
agit favorablement sur la demande (multiplicateur keynésien) et sur les
conditions de l’offre (compétitivité accrue, hausse des profits, accroissement des capacités d’autofinancement…). En outre, l’augmentation du
niveau de qualification permet de profiter pleinement des transferts de
technologie rendus possibles par l’implantation de nombreuses firmes
multinationales. Le progrès technique se diffuse plus rapidement à l’économie et autorise une réorientation de la spécialisation vers des produits de plus en plus sophistiqués à forte valeur ajoutée (document 4).
Cette nouvelle spécialisation réduit les effets de dépendance envers les
PDEM liés à un degré d’ouverture élevé.
Nous avons ici tous les éléments clés du succès d’une stratégie de
développement par insertion dans le commerce mondial : spécialisation
sur la base des avantages comparatifs, utilisation des recettes des
exportations et des gains de productivité pour diversifier l’appareil productif et investir dans le capital humain, qui font naître de nouveaux
avantages comparatifs (main-d’œuvre qualifiée, forte compétitivité dans
certains secteurs industriels porteurs).
Cependant la situation actuelle de certains PED montre que la réussite
d’une stratégie de développement par insertion dans les échanges n’est
pas sans conditions.
Il apparaît effectivement que toutes les spécialisations n’ont pas des
effets équivalents sur le développement, et les enchaînements vertueux
que nous avons décrits ne semblent pas irréversibles et supposent une
intervention importante de l’État.
Une spécialisation dans des produits primaires, comme pour la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne, ne semble pas garantir la réussite du processus de développement. Ainsi par exemple, l’évolution du
prix du cacao témoigne de la difficulté des producteurs à assurer leur
rémunération. On note globalement une baisse assez nette du prix du
cacao : si pour une quantité donnée le prix du cacao est de 100 € en
1996, il était de 260 € en 1978, soit une différence de 160 points. Malgré
une remontée lente des prix depuis 1993, cette évolution négative se traduit par une perte de rémunération importante pour les pays producteurs de cacao (document 2). Leurs recettes d’exportation se contractent
et compromettent leurs possibilités de financer leur développement
futur. Les pays producteurs de matières premières restent soumis à
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l’évolution de la demande adressée par les PDEM. Dans le même temps,
les prix de leurs importations en provenance des pays riches augmentent, ce qui se traduit par une dégradation progressive des termes de
l’échange. Il leur faut exporter davantage de produits pour obtenir une
même quantité de biens importés ; il s’agit bien d’un appauvrissement,
un processus d’endettement se met alor s en place. En outre, la
demande en produits primaires est peu dynamique car il existe une multitude de substituts issus de l’industrie chimique. Face à cette atonie de
la demande, les producteurs sont contraints de répercuter la totalité de
leurs gains de productivité sur les prix, limitant d’autant les possibilités
d’investissement et de développement.
L’insertion des PED dans le commerce mondial se traduit donc ici par
un renforcement de la dépendance de ces pays à l’égard des PDEM.
Cette thèse confirme l’approche des économistes d’inspiration marxiste,
qui voient le sous-développement comme la conséquence de rapports
de domination et de dépendance entre le centre (PDEM) et la périphérie
(PED). Le commerce mondial est un moyen pour les PDEM de lutter
contre la baisse tendancielle des taux de profit, par l’importation de
matières premières à bas prix et par la surexploitation de la maind’œuvre des PED. Selon Arghiri Emmanuel, les PED sont victimes d’un
échange inégal, les pays les moins productifs échangent leurs produits
contre des biens et des services incorporant une moins grande quantité
de travail. L’une des conditions de réussite d’une stratégie de développement extravertie est donc une spécialisation dans des productions faisant l’objet d’une demande internationale soutenue.
Par ailleurs, la crise asiatique de 1997 démontre la fragilité des économies fortement ouvertes sur l’extérieur (document 3). Cette crise de
surinvestissement trouve son origine dans la dépendance de ces pays
envers les capitaux des PDEM, et dans l’opacité des circuits de financement en raison d’un niveau élevé de corruption et d’un certain clientélisme entre hommes politiques et hommes d’affaires (le « système
Suharto » en Indonésie symbolisait bien cette dérive). Attirés par un
accroissement rapide de la production, les investisseurs internationaux
ont massivement placé leurs capitaux dans les pays asiatiques. Cette
entrée massive de capitaux, stimulée par le mouvement de globalisation
financière, provoque une appréciation des monnaies locales qui diminue le coût de l’endettement extérieur pour les emprunteurs et ouvre la
perspective de profits intéressants pour les investisseurs internationaux.
Les investissements à la rentabilité plus ou moins assurée se multiplient
et contribuent à la création d’une bulle spéculative, qui éclate lorsque
les investisseurs constatent que la rentabilité attendue n’est pas au
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rendez-vous. Des mouvements spéculatifs à la baisse s’enchaînent et
provoquent une perte de confiance envers la monnaie et une restriction
des crédits. D’origine monétaire et financière, la crise a des répercussions importantes sur la sphère réelle : déséquilibre du solde extérieur,
multiplication des faillites, augmentation du chômage, contraction
rapide des revenus, développement de la misère, etc.
Elle démontre clairement les effets pervers d’un modèle de développement ouvert. Dans ce cadre, le rôle de l’État est fondamental et constit u e u n e c o n d i t i o n d e r é u s s i t e d e l ’ i n s e rt i o n d a n s l e s é ch a n g e s
internationaux. L’État doit tout d’abord lutter contre la corruption et
rendre les circuits de financement moins opaques, permettant de favoriser un vrai développement. De plus, l’exemple coréen illustre bien la
place de l’État comme un acteur à part entière du processus de développement. De fait et malgré les préceptes libéraux, le succès d’une insertion dans le commerce international passe par la mise en place d’une
politique structurelle (document 3). Il revient aux institutions publiques
de redistribuer équitablement les ressources issues de la croissance
économique entre les différents acteurs de l’économie, et de promouvoir une politique de développement à long terme à traver s ses
dépenses en matières d’éducation (document 4), et en accompagnant
les restructurations de l’appareil productif.
La qualité de la spécialisation, ainsi qu’une action importante de l’État,
sont autant d’éléments participant à la réussite d’une stratégie de développement par l’insertion dans le commerce international.
En définitive, les stratégies de développement par une insertion dans
les échanges internationaux comportent de nombreux avantages, notamment sur la croissance économique comme le démontre l’exemple des
NPIA. Elles demeurent néanmoins soumises à certaines conditions
comme le type de spécialisation et la capacité d’intervention de l’État
dans le processus de développement. La place encore limitée des PED
dans le commerce international (80 % des échanges s’effectuent entre les
PDEM), et la situation catastrophique de certains pays africains (mauvaise spécialisation, État inexistant…) doivent nous inviter à repenser les
conditions de l’insertion dans le commerce international, en développant
notamment les politiques de soutien des cours des matières premières et
en approfondissant la logique d’un commerce équitable.
© HATIER

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