Le plan d`Eric Knight pour relancer Darty, Actualités

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Le plan d`Eric Knight pour relancer Darty, Actualités
Le plan d'Eric Knight pour relancer Darty
Par Philippe Bertrand | 19/09 | 07:00 | mis à jour à 11:07
Pour le patron du fonds Knight Vinke, premier actionnaire du distributeur, un retour au
« bon sens » en matière de coûts et la remobilisation du personnel autour d'un projet
d'entreprise recentré sur la France devraient contribuer à faire repartir le cours de
Bourse à la hausse.
Eric Knight entend pousser son avantage et « renverser la vapeur » chez Darty. Le patron du
fonds Knight Vinke, premier actionnaire avec près de 25 % du capital, a détaillé aux « Echos »
sa vision stratégique pour assurer le redressement du distributeur spécialisé dans
l'électrodomestique. Un plan en 8 points dont il a réservé la primeur aux actionnaires réunis en
assemblée général le 13 septembre dernier et qui pointe quatre directions.
Réviser la gouvernance
L'investisseur a déjà marqué des points début août en forçant -sous la menace d'une demande
de participation à la direction de l'entreprise -le conseil d'administration à modifier sa
gouvernance en profondeur. Le 9 août, le conseil reconnaissant que la performance de l'action
en Bourse était « inacceptable » (le cours à perdu 50 % en un an) décidait le remplacement de
son président, David Newlands, par Alan Parker. Le 13 septembre, c'est le directeur général
Thierry Falque-Pierrotin qui annonçait son départ. Une sanction qu'Eric Knight estime juste
compte tenu des 300 millions d'euros de pertes cumulées (charges et dépréciations comprises)
lors de la cession de Comet, la branche anglaise du groupe, fin 2011 à OpCapita pour deux
livres symboliques. «On aurait pu la vendre 50 millions si on s'y était pris quelques mois
avant » regrette-t-il. Pour achever la réforme de la gouvernance, il ne lui reste plus qu'à attendre
la mi-décembre, date à partir de laquelle, jusqu'à septembre 2013, il peut obtenir un poste
d'administrateur.
Réduire les coûts
Le leadership ayant changé, le premier actionnaire de Darty entend éliminer les foyers de pertes
et réduire les coûts afin d'optimiser l'exploitation. Pour Eric Knight, les foyers de pertes sont
constitués par les filiales italienne et espagnole et il ne faut conserver que la France et la
Belgique. « Et encore, explique-t-il, on pourrait livrer la Belgique avec l'entrepôts du Nord de la
France ». Le pari est que l'ensemble franco-belge génère à terme 200 millions de résultat
d'exploitation. D'une façon générale, le patron de Knight Vinke veut retrouver « du bon sens » en
matière de coûts. Cela passe donc aussi par la réduction des frais de sièges qui sont encore au
nombre de trois (Londres, Paris et Bondy en région parisienne). Selon lui, le conseil a déjà
accepté le principe de cet allégement des structures qui permettrait une économie annuelle de
20 millions d'euros. A laquelle pourraient s'ajouter 8 millions issus de la fermeture des bureaux
d'achat asiatiques rendus inutiles par la perte du volume d'activité de Comet.
Remobiliser le personnel
« Il faut retrouver l'esprit du RES », affirme Eric Knight, faisant allusion au rachat de Darty à
ses fondateurs par ses salariés en 1988. « L'idée serait de permettre à tous les salariés de
devenir actionnaires, notamment par le biais des 100 millions d'euros du plan d'épargne
entreprise. » Objectif : remobiliser le personnel, ce qui passerait aussi par le retour de la
promotion interne -la direction actuelle a essentiellement recruté en externe faisant fuir les
grands anciens dont il ne reste que Wladimir Rheims, le directeur des achats.
Dans cet ordre d'idées, certains proches de l'entreprise, n'appartenant pas à Knight Vinke
évoquent le retour de l'ancien directeur général France, Hervé Skornik, remplacé en mai par
Bruno Crémel, ex de la FNAC. Une hypothèse qui repose sur la fusion de la direction générale
groupe avec la direction France.
Le mouvement de remotivation d'un personnel désormais essentiellement français a été initié
par l'effacement du nom anglais du groupe -Kesa -au profit de Darty.
Lancer un programme de rachat d'actions
En bon fonds d'investissement qui agit à horizon de cinq ans maximum, Knight Vinke préconise
enfin un rachat d'actions pour au moins 50 millions d'euros générés par la valorisation de
l'immobilier du groupe (leaseback ou cession partielle). Le but : faire remonter la capitalisation
boursière qui est aujourd'hui proche des 350 millions d'euros que représentent les seuls actifs
immobiliers. Le fonds aurait virtuellement perdu environ 70 millions de livres (87 millions d'euros)
dans Darty. Il a besoin d'attirer vers la valeur des investisseurs français dans la perspective à
moyen terme d'une réinscription à la cote de Paris. A l'évidence, le retour de Darty dans son
périmètre français parle peu aux institutionnels anglais .
PHILIPPE BERTRAND
Écrit par Philippe BERTRAND
Sous-chef de service
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