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DIMANCHE 17 JANVIER 2016 20H
MAISON DE LA RADIO - AUDITORIUM
ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE
DANIELE GATTI DIRECTEUR MUSICAL
JAMES CONLON DIRECTION
ELISABETH GLAB VIOLON SOLO
PROGRAMME
Johannes Brahms
Ouverture pour une fête académique en do mineur, opus 80
(10 minutes environ)
Antonín Dvořák
Trois danses slaves opus72
n° 1 en si majeur
n° 2 en mi mineur
n° 7 en ut majeur
(16 minutes environ)
Symphonie n° 8 en sol majeur, op. 88
1.
2.
3.
4.
Allegro con brio
Adagio
Allegretto grazioso
Allegro ma non troppo
(40 minutes environ)
Fin de concert prévue à 22h environ
› Ce concert sera diffusé le jeudi 11 février à 20h sur France Musique.
Il est également disponible à l’écoute sur francemusique.fr
› Retrouvez la page facebook des concerts de Radio France
et de l’«Orchestre National de France».
› Consultez le site sur maisondelaradio.fr rubrique concerts.
JOHANNES BRAHMS 1833-1897
OUVERTURE POUR UNE FÊTE ACADÉMIQUE (AKADEMISCHE FESTOUVERTÜRE) EN
DO MINEUR OPUS 80 COMPOSÉE À VIENNE EN 1879 / CRÉÉE LE 4 JANVIER
1881 À BRESLAU / DÉDIÉE À L'UNIVERSITÉ DE BRESLAU
Brahms n'est pas pour rien fils d'un grand port, et l'on verra
ce qu'il a voulu saisir de mélodies errantes, venues de tous
les horizons. Marcel Beaufils
En 1879, Breslau était la sixième ville d'Allemagne avec 270 000 habitants
et son université s'enorgueillissait d'enseignants tels que le biologiste Ferdinand
Cohn, l'un des fondateurs de la bactériologie moderne, le physicien Gustav
Kirchhoff, dont les lois du même nom font encore autorité dans le domaine
de l'énergie électrique, ou encore le poète August Heinrich Hoffmann von
Fallersleben, auteur du Lied der Deutschen (Deutschland Deutschland über
alles…). Avec près de 1 500 étudiants, 130 professeurs et une bibliothèque
contenant 400 000 ouvrages dont 2 400 incunables, l'établissement, fondé
en 1702 par Léopold Ier de Habsbourg sous le nom d'Academia Leopoldina,
était l'un des plus prestigieux d'Europe. Bien qu'ayant déjà été honoré par
l'université de Cambridge deux ans plus tôt, Johannes Brahms reçut donc
avec beaucoup de fierté le titre de docteur honoris causa de l'Universität
Breslau en 1879, dans les somptueux décors rococo de l'Aula Leopoldina.
Breslau, dont 70 des 104 bâtiments de l'université étaient en ruines en
1945, fut incorporée à la Pologne dès la fin de la Seconde guerre mondiale
et rebaptisée Wroclaw, nom qu'elle avait porté au Moyen Âge. Aujourd'hui
encore, on peut visiter cette vénérable Aula Leopoldina dans laquelle Brahms fut
récompensé, ainsi qu'une salle similaire, récemment reconstruite, l'Oratorium
Marianum où se produisirent des musiciens tels que Paganini, Liszt, Clara
Wieck, Arthur Rubinstein, Grieg, Paderewski, Wieniawski, Wanda Landowska et
Brahms lui-même, qui y dirigea la création de son Ouverture pour une fête
académique, le 4 janvier 1881.
N'écrivant d'abord que quelques lignes pour remercier l'Universitas wratislaviensis,
Brahms fut convaincu par Bernard Scholz, le kappellmeister de Breslau qui
avait proposé cette distinction, qu'il serait plus aimable de composer une
partition entière. Pour ce faire, Brahms s'amusa à citer plusieurs chants
d'étudiants, Wir hatten gebauet ein staatliches Haus, Alles schweige, Was
kommt doch von der Höh, ainsi que l'universel et ancestral Gaudeamus
igitur. «C'est un turbulent pot-pourri de chansons à boire estudiantines à la
[Franz von] Suppé» écrit-il à son ami Max Kalbeck, enfant de Breslau. Brahms
composa au même moment une Ouverture tragique qui fait pendant :
«Die eine lacht, die andere weint», résume-t-il au sujet de ces deux
ouvertures, «l'une rit, l'autre pleure». Hasard de la géographie, quatre
années plus tard, en 1885, venait au monde à Breslau l'un des plus grands
interprètes de cette musique, Otto Klemperer.
François-Xavier Szymczak
Ces années-là :
1876 : Peer Gynt de Edvard Grieg. Naissance de Manuel de Falla. L’Aprèsmidi d’un faune de Stéphane Mallarmé, Tom Sawyer de Mark Twain, Michel
Strogoff de Jules Verne. Naissance de Jack London, mort de George Sand.
1879 : Edison invente la lampe à incandescence ; La Marseillaise devient
l’hymne national. Naissances d’Albert Einstein, Léon Trotski, Alma Mahler
1880 : Le 14 Juillet est déclarée fête Nationale ; création des lycées pour
les filles puis gratuité de l’école en 1881 ; Auguste Rodin : Le Penseur,
Publication des Soirées de Médan (manifeste du mouvement suréaliste),
Fiodor Dostoievski : Les frères Karamazov , Émile Zola : Nana ; Edouard
Manet : L’asperge ; Saint-Saens : Concerto pour violon n°2 ; Giacomo
Puccini : Messa di Gloria ; Max Bruch : Kol Nidrei ; Alexandre Borodine :
Dans les steppes de l’Asie centrale ; Naissances de Guillaume Apollinaire
et Ernest Bloch ; décès de Jacques Offenbach, Henryk Wieniawski,
Gustave Flaubert.
1881 : Loi sur la liberté de la presse ; gratuité de l’école : Fondation des
concerts Lamoureux, Fondation de l’Orchestre symphonique de Boston;
Naissances de Fernand Léger, Béla Bartók, Georges Enesco, Stefan Zweig ;
Anton Bruckner : Symphonie n°4 ; Décès d’Henri Vieuxtemps, Modeste
Moussorgski.
Choix bibliographiques :
- Claude Rostand, Johannes Brahms, Fayard, 1990.
Le point sur la vie et l’œuvre, en attendant un livre plus ambitieux.
- Stéphane Barsacq, Johannes Brahms, Actes sud/Classica, 2008.
Pour s’initier.
ANTONÍN DVOŘÁK 1841-1904
DANSES SLAVES
COMPOSÉES EN DEUX RECUEILS DE HUIT DANSES CHACUN, EN 1878
(POUR L'OPUS 46) ET 1886 (POUR L'OPUS 72), D'ABORD POUR PIANO À QUATRE
MAINS PUIS IMMÉDIATEMENT ORCHESTRÉES PAR LE COMPOSITEUR LUI-MÊME
PREMIER RECUEIL CRÉÉ À DRESDE LE 4 ET LE 18 DÉCEMBRE 1878 ET SECOND
RECUEIL À PRAGUE LE 6 JANVIER 1887 / LES DANSES N°1, 2 ET 7 JOUÉES CE
SOIR FURENT CRÉÉES LE 6 JANVIER 1887 À PRAGUE SOUS LA DIRECTION DU
COMPOSITEUR.
Je traversais les belles campagnes de Bohême, ce
pays priviliégié des joueurs de harpe et des
chanteurs nomades. Dans un petit bourg, je fis la
rencontre d'une de ces nombreuses troupes de
musiciens ambulants, orchestre mobile composé
d'un violon, d'une basse, d'une clarinette, d'une
flûte, de deux cors, sans compter une harpiste et
deux chanteuses femmes pourvues d'assez jolies
voix. Pour quelques pièces de monnaie, ils
exécutaient des airs de danse ou chantaient
quelques ballades, et puis ils allaient plus loin
recommencer le même manège.
Richard Wagner, in Guy Erismann, Antonín Dvořák (Fayard)
En 1878, profitant du succès rencontré par les Danses hongroises
de Brahms l'année précédente, Fritz Simrock, éditeur avisé de ce dernier,
suggère à Dvořák, alors simple organiste de l'église Saint-Aldebert
de Prague, la composition de danses folkloriques sur le modèle de son
aîné. Ainsi naissent les huit danses du premier recueil des Danses slaves
(opus 46) et avec elles la renommée définitive de leur compositeur.
Un second recueil (opus 72) de huit danses suivra huit ans plus tard, sous
l'insistance de Simrock et malgré les hésitations de Dvořák.
Ces pièces deviennent pour Dvořák l'occasion de montrer la valeur de la
musique des peuples slaves et font presque acte de militantisme dans le
contexte politique européen effervescent de ces années-là. Pourtant,
contrairement à Brahms, ses danses ne sont pas des transcriptions de
musique populaire mais bien des recréations personnelles inspirées du
folklore slave. On y retrouve les rythmes de musiques tchèque (furiant, polka,
sousedská, skočná, šparcika), polonaise (mazurka), ukrainienne (dumka),
slovaque (odzemek) ou encore serbe (kolo)
Mathias Roger
Ces années-là :
1877 : publication de L'Assommoir de Émile Zola. Création du ballet
de Tchaïkovsky Le Lac des cygnes au Théâtre du Bolchoï à Moscou.
L'américain Thomas Edison invente le phonographe.
1878 : troisième Exposition universelle de Paris. Mort de Victor Emmanuel II,
roi d'Italie.
1885 : la Statue de la Liberté arrive à New York. Mort de Victor Hugo.
Louis Pasteur découvre le vaccin contre la rage. Nietzsche publie Ainsi parlait
Zarathoustra.
1886 : Auguste Rodin sculpte Le Baiser. Mort de Franz Liszt. Rimbaud publie
Les Illuminations.
Choix de lectures :
Jean-Claude Berton, La Musique tchèque (Presses Universitaires de France,
1982). Un large panorama historique de la musique en Bohême.
Guy Erismann, Antonín Dvo`r´ák, (Fayard, 2004).
L'ouvrage bibliographique en langue française de référence.
SYMPHONIE N° 8
COMPOSÉE PENDANT L’ÉTÉ 1889 À VYSOKA (BOHÊME) / CRÉÉE LE 2 FÉVRIER
1890 À PRAGUE SOUS LA DIRECTION DU COMPOSITEUR.
NOMENCLATURE : PIANO SOLO ; 2 FLÛTES (DONT 1 PICCOLO), 2 HAUTBOIS
(DONT 1 COR ANGLAIS), 2 CLARINETTES, 2 BASSONS ; 4 CORS, 2 TROMPETTES,
3 TROMBONES, 1 TUBA ; TIMBALES ; LES CORDES
La musique de Bohême et de Moravie jouit d'un pouvoir de
séduction dont on cherche en vain les raisons objectives.
Guy Erismann, Antonín Dvořák
Dvořák ? La Symphonie du Nouveau monde, pardi ! Les symphonies de
Dvořák ont pourtant été la cause de bien des malentendus. À commencer
par leur nombre. Il y a vingt ou trente ans encore, il n’était pas rare de voir
écrit sur une pochette de disque : Symphonie n° 5 « Nouveau monde »
alors que la «Nouveau monde», comme chacun sait, est la neuvième (et
dernière) symphonie de Dvořák. C’est qu’à l’époque les quatre premières
symphonies du compositeur étaient considérées comme des esquisses de
jeunesse, c’est-à-dire comme des quantités négligeables. Tout commençait
avec la Cinquième, faussement baptisée Première (et dédiée à Hans von
Bülow), et s’achevait logiquement par la fausse Cinquième, la fameuse
« Nouveau monde ».
Quant à la Huitième, au risque de décevoir les amateurs de pittoresque,
son histoire n’a rien de fascinant ou de désespérant. Point de message
caché, de manuscrit perdu, de création désastreuse. Une histoire simple,
un succès immédiat. La composition de la partition eut lieu au cours de
l’été 1889, dans le petit village de Vysoka en Bohême. Tout ou presque
tout, dans les quatre mouvements de la symphonie, n’est que réjouissance
populaire, ambiance rustique, valses paysannes, nature féconde, même si
l’on sait, comme l’écrit Roland de Candé, que « comme la plupart des
grands compositeurs d’Europe centrale jusqu’à Bartók, Dvořák crée un
folklore imaginaire ».
La Huitième Symphonie témoigne de ce que Timothy Day décrit comme
une « profusion mélodique », laquelle prend une couleur doucement
nostalgique au début puis très vite s’abandonne à une espèce d’ivresse
tempérée d’optimisme. L’Adagio apporte sa part de mystère puis de grâce
rustique avec son solo de violon, et ce sont les mêmes humeurs, mais sur
le mode enjoué, qu’on trouve sans surprise dans le scherzo. Le finale prend
la forme d’un thème varié ; Dvořák y force peut-être un peu son talent, tant
l’exubérance y domine, mais on ne peut pas reprocher à un compositeur
de glisser aussi hardiment sa propre vitalité dans une forme qui a tout d’un
hommage à Brahms.
L’œuvre fut créée le 2 février 1890 à Prague sous la direction du compositeur.
Trois mois plus tard, la symphonie était jouée à Londres, et en juin de
l’année suivante, Dvořák était fait docteur honoris causa à Cambridge.
Christian Wasselin
Ces années-là :
1889 : création de la Symphonie de Franck et de la Première Symphonie
de Gustav Mahler. Don Juan de Richard Strauss. Le Maître de Ballantrae de
Robert-Louis Stevenson. Mort de Jules de Barbey d’Aurevilly et de Villiers
de l’Isle-Adam. Naissance de Jean Cocteau. Le petit picador jaune de
Picasso. À Paris, exposition universelle et inauguration de la Tour Eiffel.
Ouverture du Moulin-Rouge, fondation de la société Peugeot.
1890 : naissance de Bohuslav Martinů et de Frank Martin. Mort de César
Franck. La Dame de pique de Tchaïkovski. Émile Zola, La Bête humaine ;
Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray. Paul Claudel, Tête d’or. Naissance
de Howard Phillips Lovecraft, d’Agatha Christie et de Charles De Gaulle.
Choix de lectures :
- Guy Erismann, Antonín Dvořák, Fayard, 2004.