De nouveaux affrontements entraînent des milliers de déplacés à
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De nouveaux affrontements entraînent des milliers de déplacés à
Bulletin humanitaire République centrafricaine Numéro 02 | août 2015 Au sommaire Résurgence de violence à Bambari et Bria P.1 FAITS MARQUANTS Les femmes se remettent de leurs traumatismes P.3 Le RRM atteint 139 000 personnes en 7 mois P.5 Au moins 10 personnes tuées dans les nouveaux Source: OCHA/Cortes Journée mondiale de l'aide humanitaire P.7 affrontements sectaires à Bambari La violence basée sur le genre, un problème endémique en RCA Le RRM cesse ses activités à défaut de financement suffisant Augmentation des besoins humanitaires à Bria suite à la résurgence des violences Augmentation de la malnutrition chronique, qui atteint un des plus hauts niveaux au monde CHIFFRES Nb. de déplacés internes 368 859 Nb. de réfugiés 461 000 Population affectée 2,7 M Population touchée par l’insécurité alimentaire 1,5 M FINANCEMENT 613 millions fonds requis (en US$) 37% financés For more information, please visit www.unocha.org/car or www.humanitarianrespon se.info/fr/operations/centr al-african-republic/ or www.twitter.com/OCHA_ CAR De nouveaux affrontements entraînent des milliers de déplacés à Bambari Le 20 août, un regain d’attaques violentes à Bambari (province de Ouaka) a été rapporté, alors que la violence intercommunautaire persiste dans la région centrale de la République centrafricaine (RCA). La crise a éclaté suite à l’assassinat d’un chauffeur de moto-taxi dans le quartier de Bornou, causant plusieurs victimes et la mort d’au moins dix civils. Cette situation a engendré une explosion de nouvelles violences intercommunautaires, déteriorant davantage une situation humanitaire déjà terrible et forçant des milliers de personnes à fuir par peur d’autres attaques. Un membre du personnel du Mouvement de la Croix-Rouge a également été blessé lors d’une attaque pendant l’exercice de son mandat. La situation sur le terrain reste explosive et imprévisible; les acteurs humanitaires à Bambari reprennent doucement leurs activités, y compris les évaluations et les réponses aux crises, suite à plusieurs jours de suspension temporaire imposés en raison de l’insécurité qui règnait dans le milieu opérationnel. Le 25 août, 59 membres non-essentiels du personnel humanitaire ont été déplacés de Bambari à Bangui. Contrairement à la capitale Bangui, où un calme relatif règne depuis plusieurs mois, la situation dans de nombreuses zones des provinces reste anarchique. Pendant ce temps, un certain nombre d’incidents de sécurité à et aux alentours de Bria (province de la Haute Kotto) ont conduit à de sérieuses tensions intercommunautaires. Celles-ci ont dégénéré en une manifestation de grande ampleur et conduit à des violences au matin du 24 août. A la suite de ces événements, le marché local a été fermé et des barricades ont été installées. Le nombre de victimes fait état de quatre morts et de nombreux blessés. Suite aux violences, certaines personnes déplacées internes (PDI) qui s’étaient initialement rassemblées autour du camp marocain à l’aéroport ont été redirigées et se trouvent actuellement autour du camp sri-lankais. Depuis 2013, la RCA subit une crise humanitaire dévastatrice. Plus de la moitié de la population – 2,7 millions de personnes – a besoin d’aide. 20% de la population est déplacée à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Environ 368 000 personnes sont toujours déplacées en interne (PDI), dont environ 33 000 à Bangui dans 31 camps de fortune et autres sites. La crise a forcé environ 220 000 personnes à fuir vers le Cameroun, le Tchad, la République démocratique du Congo et la République du Congo depuis décembre 2013, portant le nombre de réfugiés centrafricains dans les pays voisins à environ 461 000. La sécurité reste instable et imprévisible et continue d’entraver le travail des organismes de secours. L’insécurité persistante a réduit de plus de la moitié la production de nourriture. Le niveau de malnutrition chronique a augmenté et se trouve actuellement parmi le plus hauts au monde (40% de la population âgée de moins de 5 ans selon l’UNICEF). Environ la moitié de la population du pays de 4,6 millions d’habitants a immédiatement besoin d’aide humanitaire. La situation des PDI est particulièrement préoccupante. Les République centrafricaine – Bulletin humanitaire | 2 besoins prioritaires concernent la sécurité alimentaire, les soins de santé, l’eau, les installations sanitaires et l’hygiène, les abris et les articles ménagers de base. Il n’existe pas de capacité nationale pour venir en aide aux personnes concernées et les efforts des organismes de secours sont fournis dans des conditions très éprouvantes. Moins de 25% de la population a accès à l’eau potable et à des installations sanitaires acceptables. Le système de santé national s’est écroulé en raison de la généralisation de la violence, de la destruction des infrastructures publiques et des services de base. La situation générale reste alarmante étant donné que seule la moitié de la population a effectivement accès aux soins de santé. Environ 1,5 million de personnes se trouvent dans une situation d’insécurité alimentaire. Les stocks des communautés sont vides et les moyens de subsistance ont été sévèrement touchés par les combats et les pillages qui ont engendré des hausses considérables des prix des denrées alimentaires et des baisses des revenus des ménages. Le 22 août, après plusieurs semaines de grèves, le trafic a repris sur la principale route de ravitaillement reliant Bangui au port de Douala au Cameroun. Depuis juillet, les conducteurs de camions camerounais refusent de transporter des biens vers la RCA, en signe de protestation contre les mauvaises conditions de sécurité. Le nombre d’attaques armées contre les camions roulant sur la route principale – qui s’étend sur 1 400 km entre Douala et Bangui et traverse la frontière à Garoua-Boulaï - s’est multiplié ces derniers mois. Le 18 juillet, un chauffeur camerounais a été tué lors de l’attaque d’un convoi commercial sur l’axe Lokoti-Bangui, provoquant la grève. Depuis cet événement, Bangui fait face à de graves manques en denrées alimentaires de base, telles que de la farine, du riz et du gaz à usage domestique. Le pays enclavé compte sur le Cameroun pour 90% de ses importations et l’interruption du commerce engendre de sérieuses conséquences sur la fragile économie. Au moins 10 morts et des milliers de nouveaux déplacés suite à l’explosion de violences sectaires à Bambari Le 24 août, la plus haute cour de la RCA a cassé une décision prise par le gouvernement de transition qui interdisait à des dizaines de milliers de réfugiés qui avaient fui vers les pays voisins de voter lors des élections présidentielles d’octobre. La cour a déclaré que la | www.unocha.org/car Bureau des Nations-Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) • La Coordination Sauve des Vies République centrafricaine – Bulletin humanitaire | 3 décision prise par le parlement le 30 juin sur l’exclusion des réfugiés violait la constitution de 2013 qui accorde le droit de vote à tout citoyen adulte. On compte environ 461 000 réfugiés centrafricains dans les pays voisins. Les organismes humanitaires de l’ONU avaient exprimé leurs préoccupations au sujet de la décision de l’assemblée de transition. Ebranlées mais pas brisées: les femmes se remettent des événements traumatisants La violence basée sur le genre est généralisée en République centrafricaine (RCA) et depuis l’explosion du conflit en 2012, le sous-groupe traitant la violence basée sur le genre (VBG) a régulièrement reçu des rapports sur de nouvelles VBG, y compris les viols, l’esclavage sexuel et l’enlèvement aux fins de mariages forcés, prétendument commis par les parties prenantes au conflit. Jusqu’ici, en 2015, les groupes de secours en RCA ont traité un total de 3 000 cas de VBG (on en comptait 6 700 en 2014). Néanmoins, ces chiffres ne reflètent pas l’ampleur véritable du problème, étant donné que la stigmatisation sociale, la peur de représailles futures et le rejet de la communauté entraînent une importante sous-déclaration des incidents. La VBG est un problème généralisé en RCA depuis longtemps. En tant que coordinatrice des VBG au sein du Fonds des Nations Unis pour la population (FNUAP), Noemi Dalmonte s’est exprimée: “La violence sexuelle est une maladie transmise par la société et les conflits en RCA.” Avant le conflit, selon une étude menée par le Ministère des affaires sociales, de la solidarité nationale et du genre, 47% des femmes âgées de plus de 15 ans avaient vécu une agression sexuelle et 65% des femmes avaient subi des violences intimes avec leur paternaire. « Mes violeurs ont pris ma dignité de femme mais ils n’ont pas détruit mon âme. J’espère toujours que la paix reviendra bientôt dans mon cher pays et que ce cauchemar prendra fin» Marie, 32 ans. “Mes violeurs ont pris ma dignité de femme mais ils n’ont pas détruit mon âme” Dans la région septentrionale de la RCA, Marie, 32 ans, et Nadine, 24 ans, avaient le même mari. A elles deux, elles ont 5 enfants. En mai 2014, quatre hommes armés sont entrés chez elles pendant que Marie allaitait son petit et discutait avec Nadine qui était enceinte de 6 mois à l’époque. Les hommes armés ont violé les deux femmes et tué sauvagement leur mari en leur présence. Ils ont ensuite incendié la maison familiale avant de partir. Les femmes ont emmené leurs enfants et fui dans la savane, restant là plusieurs mois avant d’oser revenir dans leur village. Quand elles étaient dans la savane, elles n’avaient pas accès aux services sociaux de base, dont les soins de santé. Elles dormaient à l’air libre, exposées aux moustiques, et mangeaient des fruits et des légumes sauvages. “Mes violeurs ont pris ma dignité de femme mais ils n’ont pas détruit mon âme. J’espère toujours que la paix reviendra bientôt dans mon cher pays et que ce cauchemar prendra fin.”, a déclaré Marie. Après leur calvaire, Marie et Nadine ont cherché de l’aide pour elles-mêmes et leurs enfants. Elles ont reçu des conseils, des soins médicaux et de la nourriture, ce qui les a aidées à se remettre de leur traumatisme. Nadine a accouché en toute sécurité en août 2014 et les deux femmes espèrent un meilleur avenir pour leurs six enfants. “J’ai regagné ma diginité” Ginette, 24 ans, vit dans la région centrale de la RCA. Elle aussi a été violée par quatre hommes armés, devant la famille de son mari. Après l’incident, sa famille la rejettée, a-telle déclaré, les yeux pleins de larmes. “J’étais très en colère; j’avais perdu toute ma dignité et mon intégrité humaine. J’étais humiliée et je pensais que tout était perdu pour moi, qu’il était inutile que je vive. Après cet incident épouvantable, je suis tombée malade et j’ai déménagé avec une tante dans un site pour personnes déplacées en interne. Ma tante m’a emmenée à l’hôpital en vue de recevoir des soins médicaux mais après deux semaines, il n’y avait pas d’amélioration alors que je prenais convenablement mes médicaments”. | www.unocha.org/car Bureau des Nations-Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) • La Coordination Sauve des Vies République centrafricaine – Bulletin humanitaire | 4 Ginette ne répondait pas bien au traitement médical; son médecin lui a donc recommandé un soutien psychosocial. “Ils m’ont envoyée dans un centre d’écoute où je parlais à un conseiller, j’ai ensuite suivi une formation professionnelle. Après quelques mois, je me suis émancipée et je suis respectée par ma famille et au sein de ma communauté. Je me sens guérie et j’ai regagné ma dignité et mon intégrité.” Prévention et réponse aux VBG Plusieurs organismes de secours, dont COOPI, Mercy Corps, Médecins Sans Frontières, International Rescue Committee, FNUAP, HCR et UNICEF, aident les survivants aux violences basées sur le genre en RCA en leur fournissant des services médicaux, juridiques et psychosociaux. Le type d’aide que les survivants peuvent chercher, les rôles et les responsabilités des différents groupes de secours et départements gouvernementaux 8 mars 215. Kaga Bandoro. RCA. Des femmes célèbrent la journée en matière d’efforts de prévention internationale de la femme. Source: IRC/Christian Bovi et de recueil de données ainsi que la structure de la coordination en vue de répondre aux cas de VBG sont tous décrits dans les procédures opérationnelles standards pour la prévention et la réponse aux VBG en RCA, adoptées fin juillet 2015. Plus de 20 structures d’état, y compris les Ministères en charge du genre, de la sécurité, de la justice et de la santé publique, des ONG nationales, des organisations humanitaires et la mission de maintien de la paix de l‘ONU en RCA - la MINUSCA - alimentent les lignes directrices. Les groupes de secours fournissent un traitement post-viol, qui consiste en une contraception d’urgence et un soutien psychosocial – moins d’un tiers des infrastructures sanitaires en RCA sont capables d’offrir ces services aux survivants de viols. Le conseil juridique consiste en l’écoute du survivant et le recueil de données relatives à la plainte. La RCA possède un faible système juridique et peu de cas de VBG sont portés devant la justice – les cas portés devant les tribunaux en 2015 ont été jugés comme agressions sexuelles et non comme viols. Les groupes d’aide contribuent à réduire la stigmatisation liée aux VBG en sensibilisant les groupes de jeunes, les familles, les communautés, les chefs religieux ainsi que les autorités en charge de l’application de la loi. C’est uniquement en travaillant à tous ces niveaux que les survivants, disent-ils, peuvent se sentir suffisamment en sécurité pour rapporter librement les cas vécus. Ils pourraient faire davantage s’ils recevaient plus de soutien financier, a déclaré Dalmonte du FNUAP. Le secteur des VBG n’a reçu que 10% du financement nécessaire par le secteur de la protection et peut être estimé à 33% des besoins; le programme VBG a, par conséquent, été réduit de 37 à 24 sous-provinces. “Nous exhortons la communauté des bailleurs à renforcer son soutien aux survivants aux VBG car l’aide immédiate dans les 72 heures qui suivent un viol peut sauver la vie d’une personne”, a déclaré Dalmonte. * Les noms des personnes et des localités ont été changés pour des raisons de sécurité. Les histoires sont attribuées à Mercy Corps et à IRC. 139 000 personnes ont bénéficié du RRM Le mécanisme de réponse rapide (RRM), coordonné par l’UNICEF avec le soutien de OCHA, est un outil à la disposition de la communauté humanitaire, intégré à la structure de coordination humanitaire en RCA. Son objectif est de conserver une capacité | www.unocha.org/car Bureau des Nations-Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) • La Coordination Sauve des Vies République centrafricaine – Bulletin humanitaire | 5 humanitaire de réserve pour des évaluations multisectorielles et une réponse rapide en tant que dernier recours pour les produits non-alimentaires, l’eau et les installations sanitaires, à la suite d’une crise nécessitant une réponse humanitaire. Le RRM se concentre sur les zones où les vulnérabilités les plus vives ont été identifiées et caractérisées par la complexité des contraintes d’accès (logistiques et/ou sécuritaires) et par un défaut d’acteurs humanitaires. Le RRM vise les populations qui sont devenues extrêmement vulnérables à la suite d’une crise liée à un conflit armé, une catastrophe naturelle ou une épidémie, y compris les personnes déplacées pour une période de moins de trois mois ou qui sont joignables pendant moins de trois mois, les familles hôtes dans les zones ciblées par le programme MRR, les rapatriés pendant moins de trois mois ou joignables pendant mois de trois mois, les populations touchées par une épidémie ou des catastrophes naturelles. Un des objectifs du MRR est d’avertir et d’informer la communauté humanitaire à propos des vulnérabilités extrêmes afin de permettre des réponses sectorielles ou multisectorielles, dans les zones non couvertes par les secteurs du RRM. Avril 2015, Axe Rafai, RCA. Sensibilisation à l’utilisation des produits non alimentaires pendant la distribution. Source: ACTED L’évaluation multisectorielle est un outil d’évaluation utilisé pour mesurer la vulnérabilité des populations dans les secteurs suivants : WASH (Water, Sanitation and Hygiene), les produits non-alimentaires/abris, la sécurité alimentaire, l’éducation, la santé, la nutrition et la protection. Les résultats de l’évaluation sont utilisés comme un outil de plaidoyer pour les groupes et sont largement diffusés au sein de la communauté humanitaire et discutés dans divers forums. Le comité de pilotage est l’organe décisionnel et stratégique du MRR composé de: partenaires opérationnels du MRR, l’équipe RRM de l’UNICEF, le chef du bureau de OCHA, le coordinateur inter-cluster, les membres observateurs du cluster produits non alimentaires/abris, WASH et protection, y compris ECHO et les clusters santé et nutrition. Si, au début de l’année, le MRR couvrait 75 pour cent du pays, la couverture devrait être réduite de 40 pour cent à partir de septembre en raison d’une baisse du financement. La stratégie du RRM est basée sur la mise en place préalable de ressources humaines, matérielles et financières. Cela permet au MRR de fournir une réponse opportune aux crises humanitaires. Pendant la première moitié de 2015, le RRM a pu couvrir 75% du pays en partenariat avec l’UNICEF et cinq ONG ; à savoir, ACF, Solidarités International, ACTED, DRC et PU-AMI. Ces partenariats ont permis la mise en place de 11 bases opérationnelles et une de réserve. Les bases opérationnelles sont situées à Berberati, Bouar, Bocaranga, Paoua Batangafo, Kabo, Bossangoa, Kaga Bandoro, Sibut, Bambari et Bangassou ; la base de réserve se trouve, quant à elle, à N'délé. Chacune de ces bases possède une équipe RRM spécifique et une capacité d’entreposage. La capacité d’entreposage totale des 11 bases, au 31 juillet 2015, était de 4 536m³. De plus, l’UNICEF a installé une capacité d’entreposage supplémentaire à Bangui. Les cinq partenaires ont également mis en place un système humanitaire d’alerte précoce afin de permettre la diffusion d’alertes et les évaluations rapides. Du 1er janvier au 31 juillet 2015, les équipes RRM ont reçu 107 alertes, lancé 72 missions exploratoires (rapide première évaluation lorsque l’information n’est pas suffisante pour déployer les ressources nécessaires à une évaluation multisectorielle) et 58 évaluations multisectorielles. Ces 58 évaluations multisectorielles ont conduit à 29 réponses d’urgence pour la distribution de produits non alimentaires/abris et 21 pour des interventions WASH. | www.unocha.org/car Bureau des Nations-Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) • La Coordination Sauve des Vies République centrafricaine – Bulletin humanitaire | 6 Pendant les sept premiers mois de l’année, plus de 139 000 personnes extrêmement vulnérables ont bénéficié de la réponse d’urgence du MRR dans les zones les plus reculées et isolées (98 123 personnes ont reçu des produits non alimentaires/abris et 41 125 personnes ont reçu une aide WASH). Activités et zones d’intervention du MRR du 1er janvier au 31 juillet. Source: UNICEF Malgré le contexte de transition actuel, le RRM reste nécessaire étant donné l’enregistrement de nouvelles alertes chaque mois ; ce qui reflète l’instabilité spécifique des différentes régions. Il est donc essentiel de maintenir une capacité de réponse rapide afin d’atteindre les personnes les plus vulnérables. A l’heure actuelle, seul le MRR possède cette capacité de réponse rapide. La baisse du financement humanitaire touchera la capacité de réponse du RRM. Le 10 août, le RRM n’avait reçu que 56% du budget annuel requis. Cette situation financière a obligé le RRM à revoir ses zones d’intervention. Si, au début de l’année, le MRR couvrait 75% du pays, à partir de septembre, la couverture devrait diminuer de 40%. Cette réduction demande également au RRM de réduire le nombre de partenariats de cinq à quatre. Cette révision a pour conséquence directe la réduction du nombre de bénéficiaires visés. 44 000 personnes extrêmement vulnérables ne bénéficieront pas d’une réponse d’urgence qui leur aurait permis d’améliorer leurs conditions de vie avec dignité. En conclusion, cette réduction drastique aura également des conséquences négatives sur l’information et l’analyse, étant donné que le RRM est reconnu pour être un des outils les plus puissants en matière d’analyse de la situation humanitaire en RCA. Célébration de la Journée mondiale de l’aide humanitaire Plus de 40 pays dans le monde ont célébré la Journée mondiale de l’aide humanitaire le 19 août, en organisant différentes festivités afin de célébrer les travailleurs humanitaires et recommander l’action humanitaire sous le thème général de cette année – “Inspirer l’humanité”. | www.unocha.org/car Bureau des Nations-Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) • La Coordination Sauve des Vies République centrafricaine – Bulletin humanitaire | 7 Suite à une conférence de presse tenue par le Coordinateur humanitaire le 19 août, une cérémonie officielle et une exposition portes ouvertes ont eu lieu le 22 août à l’Alliance française de Bangui. La ministre des affaires sociales et de l’action humanitaire, Eugenie Yarafa, des agences onusiennes, des ONG nationales et internationales, des organisations humanitaires, le personnel diplomatique et le grand public ont assisté à ces événements. Pendant son discours, le Coordinateur humanitaire en RCA, Aurélien A. Agbénonci, a rendu hommage aux travailleurs humanitaires dévoués qui ont 22 août 2015. Bangui. RCA. La ministre de l’Action perdu la vie pendant les conflits en RCA et humanitaire et le Coordinateur humanitaire visitent un également à ceux qui continuent de prendre stand lors de l’exposition porte ouverte. Source: des risques pour fournir une aide vitale aux OCHA/Salima Mokranis personnes touchées par la crise en RCA. Il a également loué la présence des acteurs humanitaires pendant cette célébration conjointe. Un hommage particulier a été rendu au Mouvement de la Croix-Rouge et à ses volontaires pour leurs efforts continus en vue d’aider les personnes dans le besoin. Ils sont très souvent les premiers à aider les blessés ou à les évacuer, mettant leur propre vie en danger, comme ce fût le cas le 22 août à Bambari lorsqu’un de ses membres fut attaqué. Le Coordinateur humanitaire a rappelé la nécessité de respecter les principes humanitaires pour toutes les parties prenantes. Des activités telles qu’une exposition humanitaire comportant plus de 40 stands, des témoignages de personnes touchées par la crise, des prestations musicales et des danses traditionnelles ont également été organisées. Les activités célébrant cette journée ont eu lieu du 19 au 22 août dans différentes régions des provinces de Ouaka, Nana Gribizi, NanaMambéré et Ouham. Célébration de la Journée mondiale de la population Le thème de la Journée mondiale de la population 2015, à savoir "Les populations vulnérables dans des situations d’urgence", correspond parfaitement au contexte centrafricain étant donné que le pays fait face à une grave crise sécuritaire depuis deux ans. Le nombre de personnes déplacées interne (PDI) qui vivent toujours en RCA est élevé. Monique vit sur le site de Castor à Bangui et son histoire est semblable à celle de la plupart des PDI. “J’ai 35 ans et je suis enceinte de 5 mois. Je n’ai pas encore reçu de Patients qui attendent une consultation Source: UNFPA/RCA/LSO soins prénataux. Je vis ici depuis deux ans. Ma maison, située près du quartier Sarah, a été incendiée par des hommes armés vivant dans le quartier KM5. Je suis sans emploi et je vis ici avec mon fils. Mon mari s’est rendu à l’intérieur du pays pour trouver de la nourriture et n’est pas encore revenu. Je ne peux pas m’offrir de consultation médicale ou de médicaments. Grâce à cette initiative, j’ai pu obtenir ma première consultation complète et j’ai reçu tous les médicaments prescrits. Je suis très reconnaissante envers toutes les organisations et les encourage à multiplier ou à maintenir ces activités car nous souffrons beaucoup dans les sites”. | www.unocha.org/car Bureau des Nations-Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) • La Coordination Sauve des Vies République centrafricaine – Bulletin humanitaire | 8 Comme Monique, 467 personnes ont bénéficié de services de santé sexuelle et reproductive pendant la mobilisation de trois jours de cliniques mobiles, organisée pendant la semaine du 11 juillet sur les sites de PDI de l’Eglise des frères de Castor et de St Jacques de Kpetene. Ces services consistaient en des consultations gynécologiques, médicales, pédiatriques, prénatales et de planning familial ainsi que des traitement d’IST. Quelques 300 personnes ont subi des tests VIH/SIDA, dont 11 ont été diagnostiquées positives et dirigées vers des centres de soins pour être aidées, et 102 femmes enceintes ont reçu des trousses d’accouchement individuelles. Cette activité fait partie de l’aide du FNUAP aux personnes vulnérables dans tout le pays, grâce aux ONG nationales et internationales et ses partenaires de mise en oeuvre. Des activités de plaidoyer en vue d’éviter la violence basée sur le genre ont été menées avec 100 chefs de site de PDI, des autorités locales, des maires et des chefs de district dans les zones comportant des rapatriés PDI. Enfin, la cérémonie officielle, programmée le 11 juillet et reportée au 15 juillet, a permis de présenter pour la première fois le film intitulé “Each of us matter”, retraçant la réponse du FNUAP à la crise humanitaire centrafricaine. Aperçu de la situation de financement 37% du financement requis reçu en 2015 En date du 28 août, l’appel humanitaire pour le financement, lancé en janvier 2015, avait reçu 227,3 millions de dollars américains. Cela ne représente que 37% des besoins de financement décrits dans le plan de réponse stratégique (SRP). Malgré une augmentation constante des contributions au cours des derniers mois, ce faible taux de financement compromet la mise en œuvre d’activités humanitaires essentielles. Les trois principaux bailleurs du SRP sont les Etats-Unis d’Amérique (19%), l’Union européene (13%) et le Royaume-Uni (8,7%). OPS Funding Outside OPS Unmet Source: FTS As of 28 August 2015 Portrait d’une organisation locale L’ONG Enfants Sans Frontières (ESF) est une organisation nationale fondée en 2008. Elle travaille dans le domaine humanitaire depuis 2011, principalement en matière de protection des enfants, d’éducation, de redressement rapide, de consolidation de la paix et de cohésion sociale, à Bangui et dans les provinces de Ombella-Mpoko, Lobaye et Mbomou. Son siègle social se trouve à Mbaïki (Province de Lobaye) et son bureau de coordination est situé dans le quartier Fatima dans le 6ème arrondissement de Bangui. Les objectifs d’ESF sont la protection des enfants, la promotion de l’éducation dans les situations d’urgence et le soutien à la stabilisation des communautés et au redressement rapide. Parmi les principaux projets mis en œuvre par ESF, l’organisation a soutenu 25 000 enfants dans les “Espaces Amis des Enfants” des sites de PDI de Carmel et Fatima, St Marc, St Joseph Mukassa, Comboni et Padre Pio à Bangui et dans les environs, entre décembre 2013 et août 2014. ESF a également fourni un soutien psychologique et offert des conditions de réinsertion à 294 enfants soldats associés aux forces et groupes armés (CAAFAG) dans la province de Lobaye. L’organisation a | www.unocha.org/car Bureau des Nations-Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) • La Coordination Sauve des Vies République centrafricaine – Bulletin humanitaire | 9 également rendu compte de graves violations des droits des enfants dans les 8 arrondissements de Bangui, à Bimbo et à Bégoua (province d’Ombella M'Poko). De plus, depuis 2014, ESF a soutenu le secteur éducatif en mettant en place des Espaces Temporaires d’Apprentissage et de Protection des Enfants (ETAPE) sur le site de Carmel et dans le quartier Bimbo 3. Environ 1 200 enfants déplacés suivent des formations éducatives dans ces écoles temporaires. De plus, ESF a remis sur pied 20 écoles à Bangui et 20 autres dans la province de Mbomou. Dans le cadre du redressement rapide des communautés et de la création de moyens de subsistance durables, ESF soutient 300 mères issues de familles vulnérables afin de développer des activités génératrices de revenus et aide 500 écoliers, dont 300 filles et 200 garçons du 6ème arrondissement de Bangui et à Bimbo (province d’Ombella M'Poko). Toutes ces activités mises en place par ESF pendant cette crise sont financées par Save the Children (via l’allocation 2014 du Fonds humanitaire commun), War Child UK (Islamic et Comic Relief), l’UNICEF et la Banque mondiale. ESF souhaiterait recevoir davantage de financement pour étendre ses activités aux autres régions de la RCA où une aide aux enfants vulnérables n’a pas encore été fournie. L’ONG ESF peut être contactée par email : [email protected] ou par téléphone : (+236) 75 72 17 87 et (+236) 72 51 19 35. En résumé Un travailleur de la santé tué près de Bossangoa Un professionnel de la santé de 35 ans, travaillant pour Médecins Sans Frontières (MSF), Pkecko Harly (également appelé Alfred), a été tué par un individu non-identifié lors d’un vol armé alors qu’il était sur le chemin du retour de Bossangoa (province d’Ouham) à Pama. Depuis mai 2015, MSF appuie un poste de santé pour la communauté atteinte de malaria à Pama, un village situé à 90 km de Bossangoa, en fournissant du matériel médical, en encourageant et en formant le personnel local. Alfred était “l’agent malaria” à Pama et soutenait sa communauté. Les personnes qui vivent loin des centres de santé ou des hôpitaux comptent entièrement sur les travailleurs de la santé comme lui pour subir des tests et recevoir un traitement contre la malaria. L’insécurité qui sévit en République centrafricaine continue d’impacter la vie des gens, particulièrement dans les zones plus reculées du pays. Un casque bleu tué à Bangui Les affrontements qui ont eu lieu le 2 août entre la Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA) et des éléments armés issus des 3ème et 5ème arrondissements de Bangui (également connus comme “PK5”, la plus grande enclave musulmane en RCA) ont causé la mort d’un casque bleu et blessé 8 autres soldats de la paix. Ces affrontements ont également tué quatre civils (dont un appartiendrait à un groupe d’auto-défense) et blessé 14 personnes. L’accroissement des tensions, causé par les opérations policières conjointes menées par la MINUSCA et dont le but est de capturer Haroun Gaye (un marchand de diamands musulman et défenseur auto-proclamé des musulmans et du 3ème arrondissement de Bangui), conduit également au déplacement de personnes ; on rapporte 126 ménages déplacés vers le site de PDI de l’aéroport de M’Poko et 250 à la mosquée centrale. Pour plus d’informations, veuillez contacter: Salima Mokranis, Chef de bureau ad interim, [email protected], Tel. (+236) 70738733 Gemma Cortes, Chef de l’Unité Information publique, [email protected], Tel. (+236) 70087565 Laura Fultang, Agent de l’information/rapports publics, [email protected], Tel. (+236) 70188064 Les bulletins humanitaires d’OCHA sont disponibles sur car.humanitarianresponse.org | www.unocha.org/car | www.reliefweb.int | www.unocha.org/car Bureau des Nations-Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) • La Coordination Sauve des Vies