Untitled - Stadium : Magazine du Sport depuis 1998

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Untitled - Stadium : Magazine du Sport depuis 1998
EN COUVERTURE
E
t les derniers résultats des «Lions de
l’Atlas» ne sont pas de nature à faire
bouger les choses.
Pire encore, plusieurs joueurs qui ont
opté pour la sélection des Lions ont
regretté de l’avoir fait. «Manque
de
professionnalisme», «livrés à eux-mêmes
en cas de blessures», «très mauvaise
gestion des stages et des déplacements»,
manque de communication» et la liste de
griefs est encore longue.
Aucune stratégie n’est mise en place par
la Fédération pour remédier à cela ou pour
parer aux pressions que subissent ces
joueurs. Sauf dans de rares cas.
Cela est arrivé aux Pays-bas. Afin de les
convaincre de porter les couleurs du Onze
national, une délégation marocaine a rallié
la Hollande et est entrée en contacts
«très poussés» avec Affelay et Aissati,
deux jeunes Marocains du PSV. Mais, coup
de théâtre, la Fédération néerlandaise
a menacé de «porter plainte auprès de
la Fifa». La raison : les responsables
marocains auraient exercé des «pressions»
(matérielles surtout) pour inciter Afellay et
Aissati à rejoindre les rangs des Lions de
l’Atlas. Depuis, presque plus personne
n’évoque la délégation dépêchée pour
séduire ces jeunes...
Déclin
Sur Internet, les forums et groupes de
discussions des fans des «Lions de l’Atlas»
tirent la sonnette d’alarme et évoquent
déjà un «déclin du football marocain».
A chaque fois que l’on sait qu’un jeune a
accepté de jouer sous un autre drapeau,
les cœurs des Marocains sont secoués
et leurs gorges noués d’un certain goût
d’amertume. L’on pense notamment au cas
de Y. Moutawakil, I. Aissati, K. Boulahrouz,
M. Fellaini, Y. Sekour, C. Belghazouani ou
encore Maaroufi.
«Manque de patriotisme», « réalisme»... Les
raisons invoquées par les commentateurs
et les observateurs se suivent et ne
ressemblent pas.
A travers le portrait de quatre de ces
joueurs, Stadium tentera d’apporter
quelques éléments de réponses.
Ismail Aissati ( Issy )
C’est un attaquant très
vif et très physique. Il fait
partie des joueurs les plus
prometteurs de sa génération. Actuellement, il joue
dans l’équipe nationale
des Pays-bas espoirs où il
est une pièce importante.
A 18 ans, Aissati constituait l’un des piliers de son
ancien club le PSV, avec
qui il a brillé à maintes
reprises, en compagnie
de son compatriote
Ibrahim Afellay, tant
en championnat qu’en
Coupe d’Europe.
Ismaîl a entamé la saison dans l’équipe réserve avant de rejoindre, fin
août 2006, Philip Cocu
et les autres. Le plus
grand souvenir de sa
jeune carrière : «Jouer
mon premier match de
Ligue des Champions
à San Siro, c’était fantastique», souffle-t-il.
C’était lors du match
revanche contre le Milan AC.
Le PSV était affaibli
par les départs de Van
Bommel, Park, Lee...
Guus Hiddink apparaissait pourtant confiant
et, imperturbable. Il décide de lancer dans le
grand bain le jeune Aissati, âgé à peine de 17
ans à l’époque. «Il avait
pour consigne d’empêcher l’Itlalien Nesta
de monter, mais il a fait
bien plus !» racontait le
capitaine du PSV, Philippe Cocu après la victoire (1-0).
Technicien de haut niveau, Aissati, s’est installé après dans l’équipe, tantôt au poste de
milieu offensif, tantôt
comme ailier.
Formé à Elinkwijk, petit
club d’Utrecht, sa ville
natale, le n°37 du PSV
était convoité par deux
clubs néerlandais (PSV
Eindhoven et AZ Alkamar). Sauf qu’il a choisi
de suivre les traces
de son aîné, Ibrahim
Affelay, à Eindhoven.
Pendant des mois, les
deux marocains ont fait
la paire, pour le plus
grand bonheur des fans
du PSV.
Suite à la nouvelle réglementation de la
FIFA, le jeune joueur
peut encore choisir, jusqu’à l’âge de 23 ans, sa
future équipe nationale
A. Malgré les nombreuses sollicitations de la
Fédération Royale Marocaine de Football, il
n’a toujours pas fait son
choix entre les Paysbas et le Maroc. «Nous
sommes Marocains de
coeur mais nous vivons
en Hollande», explique
Aissati, dont le papa est
imam.
«Mon rêve est de disputer un jour la Coupe
du monde. Je ferai mon
choix en fonction de ce
critère et des meilleures
possibilités qui s’offriront à moi», poursuit-il.
Ismaïl Aissati a rejoint cette année le FC
Twente pour un prêt de
6 mois jusqu’à la fin de
la saison. Il devrait retrouver en début de saison prochaine le PSV et
surtout son ami Affelay.
Dire « Non » à la sélection nationale, certains footballeurs
marocains évoluant dans les championnats européens l’ont
déjà fait. Et ils ne seront sans doute pas les derniers.
Source de convoitises de la part des sélectionneurs de leurs
pays d’accueil, ces Marocains d’ailleurs, subissent des
pressions conséquentes pour qu’ils mouillent un maillot qui
Youssef JAAFARI
n’est pas celui de leur pays d’origine.
Dans la plupart des cas, ils cèdent et déclinent l’invitation,
de rejoindre le Onze national. Qu’ils s’appellent Affelay,
Maaroufi, Boulahrouz, Aissati ou autres, ils ont tous fini
par dire « non ». Perpétuant ainsi l’hémorragie du football
marocain qui ne cesse de perdre ces précieux talents.
EN COUVERTURE
Ibrahim Maaroufi, l’interiste
Ibrahim Maaroufi n’a pas un physique imposant. Il donne même l’impression d’être constamment sous la
menace d’une éjection d’un simple
coup d’épaule ou d’un vilain tacle.
Détrompez vous donc car ce n’est
qu’une fausse impression. Le talentueux belgo-marocain tient bien sur
ses jambes comme il l’a démontré à
maintes reprises avec l’Inter de Milan,
son équipe actuelle.
Né le 18 janvier 1989 à Bruxelles en
Belgique, le jeune Ibrahim a reçu une
convocation de la part des Espoirs du
Maroc et de la Belgique. Le jeune intériste a a finalement opté pour la sélection belge.
« René Vandereycken (sélectionneur
des Diables Rouges) m’a dit qu’il
comptait sur moi pour les Espoirs
belges. Et il a joint à cela que cela
m’offrirait des perspectives pour plus
tard avec les A. Je choisis les Espoirs
Belges car les confrontations européennes doivent me rendre plus fort »
a-t-il confié à un quotidien belge.
Toujours est-il que Maaroufi pourra
encore opter pour le Maroc jusqu’à
ses 21 ans, selon les règles de la
FIFA. «Mon choix sera définitif à 21
ans mais si je constate que je suis important pour la Belgique, je continuerai à prester pour ce pays ».
Marouane Fellaini, séduit par le Diable rouge
C’est depuis peu que Fellaini a déclaré
à l’entraîneur du onze belge, René Vandereycken, sa décision de jouer pour les
Diables Rouges. C’est là le énième Marocain à opter pour son pays d’accueil et
non pas pour son pays d’origine.
Né le 22 novembre 1987 à Bruxelles, Fellaini est un footballeur belgo-marocain.
Grâce à son gabarit (mesure 1,94 m et
pèse 85 kg), il évolue au poste de milieu
défensif. Alliant art et manière, le jeune
bruxellois arrive au Standard de Liège en
2005 en provenance du Royal Charleroi
Sporting Club.
Après une saison en réserve, il rejoint
l’équipe première en 2006. Il fait
ses débuts à la surprise générale au
troisième tour qualificatif de la Ligue
des champions contre le Steaua Bucarest. Convoqué par l’entraîneur
des diables rouges, Fellaini a indiqué qu’il ne pouvait refuser de porter le maillot de son pays d’accueil,
en l’occurrence la Belgique. Il cède
ainsi au chant des sirènes des « Diables rouges » et devient international
Belge chez les espoirs. Il a été sélectionné en équipe nationale (A) pour la
première fois le 7 février dernier face
à la République Tchèque.
EN COUVERTURE
Ibrahim Affelay ( Iby )
À bientôt 20 ans, Affelay, brillant technicien, fin
dribbleur, très fort dans le
jeu court, pour reprendre
les termes de la presse
hollandaise, n’a pas fini
d’affoler les briscards du
championnat des Paysbas. Comme Aissati, il
bénéficie de la double nationalité néerlandaise et
marocaine.
Affellay gardait toujours un
œil bienveillant sur Aissati,
lorsque ce dernier jouait
encore pour le PSV. «Sa
conduite de balle est
fantastique. Il ne perd
quasiment jamais le cuir
et en fait très souvent
un excellent usage»,
estime Ibrahim Afellay
à propos d’un équipier
qu’il considère comme
son «petit frère».
Repérés très jeunes par
les recruteurs du PSV
qui, dit-on aux Paysbas, surveillent même
les cours d’immeubles,
Ismaïl et Ibrahim font
très souvent partie du
milieu de terrain aux
côtés de leur capitaine
et mentor Philip Cocu.
Afellay évolue lui au
poste de milieu droit où
il a remplacé Mark Van
Bommel parti il y a deux
ans enfiler le maillot du
FC Barcelone en Espagne. «Afellay a déjà fait
oublier Van Bommel»,
affirmait récemment le
magazine de référence
Voetbal International.
Comme Aissati, « Iby »
comme le surnomme
ces coéquipiers, a appris le football dans
la rue, à Utrecht où il
est né. Il titillait le cuir
sur les mêmes plaines
de jeu que Marco Van
Basten, l’ancien buteur
de l’Ajax et du Milan
AC et actuel sélectionneur. Il a, lui aussi, été
formé dans le petit club
d’Elinwijk (centre) avant
d’être repéré par les
trois grands du football
batave (Ajax, Feyenoord
et PSV) et de choisir la
direction d’Eindhoven il
y a trois ans.
Afellay a déjà joué avec
les Espoirs néerlandais.
Et il vient de passer
chez les «grands». Pas
ceux de son pays d’origine, le Maroc, mais
plutôt ceux de la sélection Oranje.
Selon un observateur,
Affelay a subi une forte
pression de la part de
la presse hollandaise.
Comme cette fois où
le jeune joueur du PSV
Eindhoven était l’invité
d’une émission télévisée, dans laquelle le
journaliste n’a pas hésité à faire des comparaisons entre les deux
équipes et à poser des
questions à sens unique...
Choisir entre les deux
pays était «difficile»,
avouera plus tard Afellay. «Après avoir pesé
le pour et le contre, j’ai
décidé de poursuivre
ma carrière internationale aux Pays-bas.
L’instinct a joué, mais
aussi le fait que je suis
né en Hollande et que
j’y ai profité de la for-
mation footballistique»,
déclare-t-il.
Affelay ne chantera
donc point notre hymne en compagnie des
autres joueurs qui ont
pris la décision d’opter
pour notre sélection, tel
que Chamakh ou encore le meilleur joueur
du championnat Belge,
Boussoufa.
Il sera désormais aux
cotés des talents Néerlandais Van Persie,
Kuyt, Babel. Il ne reste
plus qu’à souhaiter
bonne chance à Ibrahim
Affelay sous le maillot
«Oranje».