Violations des droits des travailleurs-ses chez deux sous
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Violations des droits des travailleurs-ses chez deux sous
SACOM – Students and Scholars Against Corporate Misbehaviour Violations des droits des travailleurs-ses chez deux sous-traitants de Disney, et Walmart en Chine, certifiés par la Fédération internationale des industries du jouet Rapport d’enquête 30 novembre 2010 1 Ce n’est pas la première fois que l’Association des étudiants et universitaires contre la mauvaise conduite des entreprises (SACOM) fait état de violations des droits fondamentaux des travailleurs chez des sous-traitants de Walmart et de Disney, certifiés par la Fédération internationale des industries du jouet. Il est honteux que ces organisations – compte tenu des énormes ressources dont elles disposent – ne contrôlent pas efficacement leurs fournisseurs et les usines certifiées. L’inefficacité dont elles font preuve dans le contrôle et dans l’amélioration apportée aux usines, permet aux abus de perdurer, voire pire, de devenir une pratique commune. Ces six derniers mois, des chercheurs de la SACOM ont enquêté auprès de deux usines, Sunny Toys (Shenzhen) Co. Ltd. et Dongguan Crown-Ace Toys Company Ltd., qui sont toutes deux certifiées par la Fédération internationale des industries du jouet, et produisent pour Disney et Walmart. Cette enquête de la SACOM a permis de révéler les violations suivantes : - heures supplémentaires excessives : jusqu’à 160 heures supplémentaires par mois, incluant des heures de nuit soit plus de quatre fois la limite légale autorisée par la loi chinoise ; - heures supplémentaires payées en dessous des minimums légaux ; - pas de jour de repos dans le mois, ou un ou deux jours de repos par mois ; - déductions de salaires forcées et injustifiées pour l’hébergement et la nourriture, imposées à des travailleurs n’étant pas hébergés dans les dortoirs de l’usine ; - amendes punitives ; - pas d’assurance sociale adaptée pour les travailleurs ; - discrimination sexuelle à l’embauche ; - problèmes de santé et de sécurité au travail ; - mécanisme de représentations des travailleurs inefficace ; - travail d’enfant ; - tricheries pendant les audits. Les conditions de travail citées ci-dessus violent de manière flagrante les lois du travail chinoises. Elles traduisent également des problèmes de gestion systémiques, qui conduisent la SACOM à se demander ce que Walmart, Disney et la Fédération internationale des industries du jouet mettent en place, dans le cadre de leurs programmes de responsabilité sociale d’entreprise, pour contrôler les conditions de travail chez ces fournisseurs. Ces entreprises commandent des audits pour surveiller leur chaine d’approvisionnement, mais la qualité de ces audits est très questionnable, et ces derniers s’avèrent inefficaces à détecter les violations des droits des travailleurs qui ont réellement cours dans les usines. Le 10 juillet 2010, le South China Morning Post rapportait que le Vice-président des opérations en Asie de la Fondation CARE de la Fédération internationale des industries du jouet avait déclaré lors d’un séminaire que « les problèmes de corruption et de salaires ne sont pas les seuls problèmes… nous trouvons des cas de travail des enfants tous les mois ». Cependant, lorsque la SACOM et la Campagne « C’est pas du jeu ! » ont écrit au Bureau de la Gouvernance de la Fondation, demandant plus d’information sur les problèmes de corruption, salaires et travail des enfants, la Fédération internationale des industries du jouet a refusé de fournir des chiffres sur les violations qu’elle avait mises à jour. L’information est également absente de son rapport biannuel, récemment publié. La SACOM regrette le manque de transparence de la Fédération internationale des industries du jouet, et ses tentatives de couvrir l’ampleur réelle des violations dans l’industrie du jouet en Chine. 2 Sunny Toys (Shenzhen) Co. Ltd. Profil de l’usine Adresse : Meng Tuo Li Road, Sha Yi Sha Pu Song Gang Street, Boan District, Shenzhen City, Guangdong Province, Chine Tel : (86) 0755 2705 07 10 Fax : (86) 0755 2705 07 16 Produits : jouets électroniques et en peluche L’usine fournit industries du compliance » : internationales Walmart et Disney. Elle est certifiée par la Fédération internationale des jouet, dans le cadre de son CARE Process (numéro de « seal of C2883). Voici l’information que l’on trouve sur le site de la Fédération de l’industrie du jouet : Source: Base de données de la Fédération internationale des industries du jouets. Le siège de Sunny Toys a été établi il y a 15 ans, à Hong Kong. La société possède trois usines et centres de recherche et de développement en Chine continentale. La société possède également une unité de commercialisation, qui reçoit les commandes directement des entreprises clientes. Lorsqu’elle n’a pas une capacité suffisante de production, elle sous-traite ses commandes à d’autres usines. Les produits qu’elle fabrique sont vendus aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. La société emploie environ 300 personnes, majoritairement des femmes. Les travailleurs viennent de différentes provinces (Henan, Hubei, Guangxi, Sichuan, Anhui and Jiangxi, etc.). Méthode d’enquête L’enquête à Sunny Toys a été menée entre mai et octobre 2010. Un enquêteur de la SACOM a postulé chez Sunny Toys pour un emploi d’ouvrier et s’est fait embaucher comme travailleur infiltré en septembre. Il a quitté son poste début octobre. Des entretiens ont également été menés avec une trentaine de travailleurs à l’extérieur de l’usine. Résultats Salaires Les travailleurs-ses sont payé-es à l’heure ou à la pièce, en fonction du département dans lequel ils-elles travaillent. Au département des échantillons, le salaire de base est le salaire minimum de 1100 Yuans, plus les bonus. Le montant du bonus varie en fonction des mois, et les travailleurs-ses ne savent pas comment celui-ci est calculé. Salaires bas et arbitraires Les travailleurs-ses dans les autres départements sont payés à la pièce et ne touchent pas de supplément lorsqu’ils font des heures supplémentaires. Ils ne connaissent pas le prix payé à la pièce avant que le produit fini soit fabriqué et le salaire payé. Si les nouveaux ne sont pas suffisamment rapides, ils sont rémunérés au salaire minimum seulement. 3 Le département « montage » paie les travailleurs-ses à la pièce également. Mais sur la base du travail de l’ensemble des ouvriers-ères du département. Les travailleurs-ses ne comprennent donc pas non plus comment leur salaire est calculé. Les travaiileurs-ses du département « couture » sont également payés à la pièce. Des travailleurs-ses ont révélé aux enquêteurs de la SACOM qu’ils-elles travaillaient 28 jours par mois. En août et septembre 2010, ils ont touché entre 1600 et 1800 YUANS par mois. Pendant ce temps, des travailleurs-ses du département « emballage » ont travaillé 30 jours en août, avec seulement un jour de repos. Ils-elles ont travaillé de 8 heures à 23 heures tout le mois, avec plusieurs jours où ils ont du travailler de nuit, et ont touché entre 1500 et 1700 YUANS. Les travailleurs-ses interviewé-es se sont plaint-es du travail difficile et des bas salaires. Un travailleur qui a travaillé dans l’usine pendant cinq ans s’est plaint que son salaire était le même que celui des nouveaux employés. Retard de paiement Les salaires sont versés sur les comptes en banque des travailleurs-ses entre le 22 et le 25 du mois, chaque mois. Les salaires sont payés un mois en retard. Les travailleurs-ses qui démissionnent avant la fin du premier mois ne touchent donc pas de salaire du tout. Des travailleurs-ses ont déclaré que pour commencer à être payé-es, ils-elles avaient du travailler trois mois. Des travailleurs-ses ont déclaré ne pas avoir reçu de fiche de paie. Déductions déraisonnables de salaires pour la nourriture et l’hébergement Une prime de 30 YUANS par mois est accordée aux travailleurs-ses pontuel-les et présent-es tous les jours du mois. Cependant, 60 YUANS de frais d’hébergement sont déduits des salaires de l’ensemble des ouvriers-ères les trois premiers mois après leur embauche, qu’ils logent ou pas dans les dortoirs de l’usine. Heures de travail Il n’y a qu’un shift dans l’usine. Les travailleurs-ses commencent à 8 heures tous les matins jusqu’à midi, puis de 13h 30 jusqu’à 17h30. Les heures supplémentaires commencent à partir de 18h. Dans la mesure où aucun supplément n’est prévu pour les travailleurs-ses « à la pièce », ces derniers-ères ne pointent pas pour leurs heures supplémentaires. Longues heures de travail, travail de nuit Les heures supplémentaires varient selon les départements. Pendant la saison haute (pic de production), de mai à novembre, les travailleurs-ses doivent travailler pendant de très nombreuses heures. Les travailleurs du département « couture » travaillent jusqu’à 22h la plupart des jours en septembre, et jusqu’à 22h30 en octobre. Les ouvriers-ères qui travaillent « à la main » ont travaillé jusqu’à minuit en octobre. Les ouvriersères du département « emballage » travaillent généralement jusqu’à 23h, et doivent parfois travailler toute la nuit. Des travailleurs-ses interrogé-es ont rapporté que le 30 septembre ils avaient travaillé jusqu’à 4heures du matin et recommencé à 8 heures le jour suivant. Ces pratiques violent l’article 36 de la loi du 4 travail chinoise, qui dispose que les heures de travail ne devraient pas dépasser 40 heures par semaine. Heures supplémentaires obligatoires Les travailleurs-ses déclarent être épuisé-es par leur travail. Ils-elles n’ont généralement que deux jours de repos par mois. Certain-es travailleurs-ses se plaignent même de travailler tout le mois sans jour de repos. Cela viole les dispositions de l’article 38 de la loi chinoise du travail, selon lequel les entreprises doivent garantir aux travailleurs-ses au moins un jour de repos tous les sept jours. Les travailleurs-ses disent que la direction se montre autoritaire en la matière et qu’il est obligatoire de rester pendant les shifts d’heures supplémentaires. Pendant l’enquête de la SACOM, il y avait le Festival de la mi-automne en septembre et le jour de la fête nationale. En 2010, trois jours fériés sont théoriquement accordés pour le Festival de la mi-automne et sept jours pour la fête nationale, selon des accords approuvés par le conseil d’état. Cependant, à Sunny Toys, aucun jour férié n’est accordé ces jours-là, et les heures supplémentaires effectuées alors ne sont pas payées selon ce que prévoit la loi. Seul un jour a été accordé pour le festival de la mi-automne et deux jours pour la fête nationale. Cela viole les articles 40 et 44 d la loi du travail chinoise. Management Les travailleurs-ses peuvent prendre des vacances. Ils-elles sont autorisé-es à boire de l’eau et aller aux toilettes. Une note explicative, affichée derrière la pointeuse dans le dortoir liste ce qu’il est interdit de faire. L’une de ces règles est que les travailleurs-ses ont interdiction de sortir de l’usine sans autorisation d la direction. Une autre règle est que les travailleurs-ses ont interdiction de parler les un-es avec les autres pendant les heures de travail. Les travailleurs-ses rapportent que les managers se montrent autoritaires et les réprimandent lorsque leur productivité n’est pas suffisante. Lorsque les travailleurs-ses sont en retard plus de trois fois dans le mois, des déductions sont faites sur leurs salaires. Si certains produits sont défectueux, des amendes sont imposées. Par conséquent, les travailleurs-ses doivent continuer à travailler et maintenir une bonne productivité. Assurance sociale L’article 3 de la loi du travail chinoise prévoit que les travailleurs-ses doivent avoir accès à des assurances sociales, notamment une assurance pour accidents du travail et une assurance médicale. L’employeur et l’employé-e sont obligés de contribuer au fonds d’assurance sociale (article 72 et 73). Cependant, les travailleurs-ses interrogé-es disent n’avoir qu’une assurance médicale. Et 4 YUANS sont déduits de leu salaire chaque mois. Seul-es les travailleurs-ses du département « coupe » ont une assurance contre les accidents du travail. Et d’après les travailleurs-ses, seuls les membres de la direction ont accès à une système de retraite. 5 Santé et sécurité Le bruit et la poussière sont les deux principales menaces pour la santé dans les ateliers. Au département « remplissage », où travaillent quatre ouvriers-ères, l’aération est mauvaise, et il n’y a qu’un ventilateur pour tout le département. Le sol est recouvert d’une épaisse couche de poussières coton. La peau des travailleurs est recouverte de poussières de coton également. L’environnement est bruyant, et seul l’un des travailleurs porte des protections auditives. Les travailleurs-ses disent ne pas vouloir porter l’équipement de Département remplissage de Sunny Toys protection en raison de la chaleur. Au département « manuel », les ouvriers-ères doivent souder les yeux des jouets. La température est élevée, et le risque de brûlure est important. Les travailleurs-ses révèlent que les gants qui leurs sont fournis ne sont pas adaptés et pas pratiques à utiliser. Par conséquent, ils-elles ne portent ni gants, ni masques dans les ateliers. Dans le département « coupe », également rempli de poussières de coton, les travailleurs-ses ne portent pas de masques. Dortoirs Les dortoirs sont situés dans un bâtiment de trois étages. Il y a quatre lits superposés dans chaque chambre, et généralement cinq à six travailleurs-ses par chambre. Les chambres sont très petites, sombres et humides. Un quota d’électricité est attribué pour chaque chambre. Les travailleurs-ses doivent payer s’ils souhaitent avoir davantage d’électricité. Procédures de recrutement et de démission La procédure de recrutement est sexuellement discriminatoire. D’après les agents de sécurité de l’usine, avant, la direction embauchait indifféremment hommes ou femmes. Mais depuis juin cette année, l’usine n’embauche plus que des femmes. Sunny Toys ne signe de contrats de travail avec les travailleurs-ses que le deuxième mois après la date d’embauche. L’article 10 de la loi du travail chinoise dispose que le contrat de travail doit être signé durant le premier mois qui suit l’embauche. Les pratiques de recrutement de Sunny Toys contreviennent donc aux dispositions de la loi chinoise en la matière. L’article 37 de la loi chinoise du travail dispose que les travailleurs-ses peuvent – pendant la période d’essai - démissionner avec un simple préavis de trois jours. Mais la direction de l’usine exige des travailleurs-ses qu’ils-elles travaillent au moins trois mois 6 avant de pouvoir démissionner. En outre, qu’il-elle soit ou non en période d’essai, le-la travailleur-se doit respecter, selon la direction de l’usine, un préavis de 30 jours pour démissionner. De nombreux-ses travailleurs-ses rapportent toutefois qu’il est en réalité assez facile de démissionner pendant la saison basse, et que la direction autorise alors les travailleurs-ses à partir le jour-même. Système de représentation des travailleurs La plupart des travailleurs-ses ne savent pas qu’un système de représentation des travailleurs-ses existe. Seules quelques-uns-es rapportent que les représentants des travailleurs-ses sont ceux-celles qui font valoir des opinions quant à l’état des dortoirs ou à la qualité de la nourriture. Les travailleurs-ses ne font pas non plus la différence entre les représentants-es des travailleurs-ses et le syndicat, et ne savent pas s’il y a ou pas un syndicat dans l’usine. Tricherie pendant les audits et méconnaissance du Code de conduite Certain-es travailleurs-ses disent avoir assisté à des inspections d’usine. Certain-es disent également avoir été interrogé-es par les auditeurs. Ils-elles avaient reçu des instructions de leurs superviseurs pour répondre « correctement » aux questions des auditeurs. Les travailleurs-euses interrogé-es disent ne pas croire que le travail des auditeurs puisse les aider. Bien que Disney et Walmart communiquent leurs codes de conduite à leurs fournisseurs, les travailleurs-ses de l’usine disent n’en avoir jamais entendu parler. Ils-elles disent également ne les avoir jamais vus affichés dans l’usine et n’en avoir jamais été informées. Ils-elles ne peuvent donc pas utiliser les codes pour défendre leurs droits. 7 Dongguan Crown-Ace Toys Company Ltd. Profil de l’usine Adresse : Humen Town, Dongguan City, Guangdong Province, Chine Tel : (86) 076 9555 5828 Fax : (86) 076 9555 5870 Produits fabriqués : jouets électroniques et en peluche, appareils photos numériques. L’usine fournit Walmart et Disney. Elle est certifiée par la Fondation internationale de l’industrie du jouet, dans le cadre du CARE Process (numéro de « seal of compliance » : C0022). L’information relative a l’usine sur le site de la Fédération internationale des industries du jouet est la suivante : Source: Base de données sur les usines de la Fédération internationale des industries du jouet. Le siège de la société Dongguan Crown-Ace Toys a été établi en 1995. L’actionnaire le plus important de la société était le magnat hong-kongais Li Ka Shing, jusqu’au rachat de la société par une entreprise italienne en 2009. Actuellement, Crown-Ace possède quatre unités de production et emploie entre 4000 et 5000 personnes. En 1999, la société employait 10 000 personnes. Les employés de Crown-Ace viennent des provinces de Hubei, Henan, Anhui, Hunan, Jiangxi, Sichuan et Gansu. Les produits fabriqués par Crown-Ace sont vendus aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. Méthode d’investigation L’enquête à Dongguan Crown-Ace Toys s’est déroulée entre juillet et octobre 2010. Les enquêteurs se sont entretenus avec une quarantaine de travailleurs-ses, à l’extérieur de l’usine. 8 Résultats Salaires Le salaire de base à Crown-Ace est de 920 YUANS, c’est-à-dire, le salaire minimum légal. Les travailleurs-ses travaillent six jours par semaine. Les heures supplémentaires sont payées 150% du taux de base, qu’elles soient travaillées en semaine ou le samedi. Seules les heures travaillées le dimanche sont payée 200% du taux de base. Bas salaires : insuffisants pour vivre Pendant la saison haute, lorsque les travailleurs-ses travaillent le plus, jusqu’à 23h tous les jours, ils-elles peuvent toucher entre 1800 et 2200 YUANS par mois. Certain-es peuvent aller jusqu’à 2400 YUANS par mois. Pendant la saison basse, les travailleurs-ses se voient proposer moins d’heures supplémentaires, et les salaires deviennent alors insuffisants pour survivre. Plusieurs travailleurs-ses d’âge moyen signalent qu’ils-elles ne restent dans cette usine que parce qu’ils-elles rencontrent des difficultés à trouver du travail ailleurs, en raison de leur âge, parce qu’ils-elles sont considérés trop âgé-es. Les travailleurs-ses plus jeunes disent ne pas vouloir rester longtemps dans cette usine, et ne pas recommander à leurs amie-s de venir travailler dans cette usine pendant la saison basse, car les salaires y sont trop bas. Heures de travail Il existe trois catégories de travailleurs-ses qui commencent leur journée de travail à trois heures différentes : 7h20, 8h15 et 8h30. Ils-elles font une pause pour déjeuner à respectivement 12h15, 12h30 et 12h45. Ils-elles travaillent ensuite sans s’arrêter jusqu’à 19h, heure de la pause d’une heure pour le dîner. Puis commencent les heures supplémentaires à 8h, jusqu’à 23h ou minuit. Les jours de semaine, 6,67 heures sont comptabilisés comme heures « normales » par jour. Le reste étant comptabilisé comme « heures supplémentaires ». Ce système a été mis en place pour éviter de payer double les travailleurs-ses qui font des heures supplémentaires le samedi. Les travailleurs-ses doivent se présenter au travail 10 minutes avant de prendre leur poste, pour le « rassemblement du matin », mais ce temps n’est pas comptabilisé, et n’est pas payé. Ouvriers-ères de Crown-Ace Toys déjeunant à l’extérieur de l’usine Travail de nuit Les travailleurs-ses disent travailler environ 70 heures par semaine. Pendant la saison haute, ils-elles peuvent même travailler jusqu’à 80 heures par semaine. Dans les ateliers de production, il n’est pas rare que les travailleurs-ses travaillent jusqu’à 23h ou minuit. 9 Les travailleurs-ses du département « assemblage » ont travaillé de nuit plusieurs nuits en septembre. Ils-elles rapportent que le nombre d’heures supplémentaires qu’ils travaillent par mois pendant la saison haute peut s’élever à 160 ou plus. Cela correspond à plus de quatre fois la limite légale en Chine. Certain-es travailleurs-ses rapportent avoir travaillé pendant trois semaines consécutives, sans jour de repos, puis avoir eu une semaine entière sans travail. Des travailleurs-ses temporaires rapportent avoir travaillé pendant 20 jours consécutifs, sans jours de repos, et n’avoir pu se reposer qu’après avoir quitté l’usine. Les heures supplémentaires sont obligatoires : les ouvriers-ères doivent rester travailler lorsque la direction l’exige, notamment lorsque les commandes affluent. Management Les travailleurs-ses sont punis de 100 YUANS d’amende s’ils-elles fument. A partir d’octobre, l’usine a introduit une « prime de présence ». Un retard d’une minute est puni d’une amende 5 à 10 YUANS, qui sont directement déduits du salaire de l’employé-e. Pour un retard de plus de 10 minutes, l’employé-e n’est tout simplement pas autorisé-e à travailler de la matinée. Amendes pour avoir été aux toilettes L’accès des travailleurs-ses aux toilettes est restreint. Les travailleurs-ses qui souhaitent aller aux toilettes doivent demander une autorisation expresse. Ces autorisations sont accordées de manière très limitées. Dans certaines lignes de production, il n’y a qu’une autorisation pour 60 travailleurs. Des agents de sécurité sont postés près des toilettes. Si des travailleurs-ses vont aux toilettes sans autorisation expresse, ils-elles se voient infliger une amende de 100 YUANS. Assurance sociale Les assurances sociales, notamment la retraite, l’assurance contre les accidents du travail et l’assurance médicale, sont prévues par l’article 3 de la loi chinoise du travail. Cependant, les travailleurs-ses de Crown-Ace ne sont couvert-es que par une assurance médicale. Seuls les employé-es de la direction et les ouvriers-ères les plus agé-es bénéficient de la retraite. Santé et sécurité Au département « emballage », la quasi-totlaité des travailleurs-ses souffrent d’allergies. Ils-elles ont les bras couverts de rougeurs qui les démangent. Ils-elles ne comprennent pas de quoi il s’agit, mais n’apprécient pas de travailler dans ce département. Pas d’équipement de protection adapté Au département « injection », le niveau sonore est particulièrement élevé, mais les travailleurs-ses ne se voient pas fournir de protection auditive. Dans l’unité de peinture, l’odeur est très forte. La direction fournit des masques jetables aux travailleurs-ses, mais les travailleurs-ses les trouvent inadaptés. Ils-elles souffrent régulièrement de vertiges. Hébergement et nourriture Une chambre type du dortoir de Crown-Ace peut héberger jusqu’à 16 ouvriers-ères. Les travailleurs-ses trouvent les conditions d’hébergement trop mauvaises, et préfèrent dormir en dehors de l’usine. Les travailleurs-ses qui sont hébergé-es dans les dortoirs de l’usine paient 80 YUANS par mois, qui sont déduits de leur salaire. Les chambres des 10 dortoirs n’ont ni eau chaude, ni climatisation. Les travailleurs-ses qui décident de loger en dehors de l’usine, doivent payer entre 150 et 200 YUANS pour leur hébergement. Il y a une cantine dans l’usine. Des frais sont déduits des salaires des travailleurs-ses pour payer la nourriture : le petit-déjeuner est facturé 1 à 2 YUANS, le diner entre 2 et 5 YUANS, les gouters la nuit entre 2 et 4 YUANS etc. Les travailleurs-ses se plaignent de la qualité de la nourriture, et beaucoup préfèrent manger dehors. Certain-es demandent à des membres de leur famille de leur apporter à manger et mangent dans la rue, à l’extérieur de l’usine. Procédures de recrutement et de démission La direction exige pour le recrutement la présentation d’une carte d’identité et d’une carte de santé. La direction a installé une annonce à l’extérieur de l’usine. Certain-es travailleurs-ses sont recruté-es via des agences. L’usine pousse les travailleursses à démissionner pendant la saison basse Ces derniers mois, Crown-Ace ne recrute plus que des femmes L’usine recrute des travailleursses temporaire pendant la saison haute. Elle trouve différents moyens pour pousser les travailleurs-ses à démissionner ensuite pendant la saison basse. Ces derniers mois, l’usine n’embauche plus que des femmes. Les enquêteurs de la SACOM ont rencontré un jeune ouvrier mineur (de moins de 16 ans) qui a avoué avoir utilisé la carte d’identité d son frère pour se faire embaucher. Il a admis ne pas supporter la masse de travail que lui imposait l’usine et souhaiter démissionner la semaine suivante. Le système de représentation des travailleurs La plupart des travailleurs ne savent pas qu’il existe des représentants des travailleursses à Crown-Ace. Ils-elles ne savent pas s’il existe un syndicat dans l’usine. 11 Conclusions et demandes Les deux usines, Sunny Toys et Crown-Ace Toys, produisent pour le premier distributeur au monde d’une part (Walmart) et le plus grand groupe de divertissement d’une autre (Disney). Elles sont toutes deux certifiées par l’organe de certification de la Fédération internationale de l’industrie du jouet : la fondation CARE, laquelle est soutenue par plus de 700 entreprises du jouet. On aurait donc pu s’attendre à ce que ces deux usines soient surveillées de près, et soutenues de manière adéquate, afin de mettre en place les nécessaires améliorations. Cependant, tous les ans, la SACOM continue de mettre en lumière des violations des droits fondamentaux des travailleurs-ses chez des sous-traitants de Disney et Walmart, et dans des usines certifiées par la Fédération internationale de l’industrie du jouet. Ces deux usines, Sunny Toys et Crown-Ace Toys n’en constituent d’ailleurs que deux exemples supplémentaires/ La SACOM demande : - à la Fédération internationale des industries du jouet : de se montrer plus transparente quant aux véritables problèmes dans l’industrie du jouet ; - A Disney, Walmart et à la Fédération internationale des industries du jouet : de s’assurer qu’il soit mis un terme aux violations constatées chez Sunny Toys et Crown-Ace Toys, et de fournir des recours aux travailleurs-ses dont les droits sont violés. Un plan d’action corrective devrait être annoncé publiquement, afin que le grand public et les travailleurs-ses puissent juger de sa mise en œuvre ; - A Disney, Walmart et à la Fédération internationale des industries du jouet : améliorer, avec la participation d’ONG, le système de vérification mis en place par les entreprises ; - A Disney et Walmart: d’augmenter le prix à la commande afin que leurs fournisseurs puissent verser un salaire décent à leurs travailleurs-ses ; - A Disney, Walmart et à la Fédération internationale des industries du jouet : s’assurer qu’un système de représentation des travailleurs soit mis en place chez les fournisseurs, à même de défendre les droits des travailleurs-ses et d’améliorer les conditions de travail. La SACOM pense en effet que les travailleurs-ses sont les mieux placés, les plus efficaces et les plus légitimes pour contrôler les conditions de travail sur leur lieu de travail. Contact : CHAN Sze Wan, Debby Project Officer Email: [email protected] Tel: +852 2392 5464 or +852 6756 8964 12 13