Teruel et son Parador [brochure]

Transcription

Teruel et son Parador [brochure]
TERUEL : PAYSAGES ETPOPULATIONS
D’INEXORABLES COEXISTENCES
« 2303 ans avant la création du monde,
Hercule fonda cette ville… »
« En jetant les fondations de ses murailles
on trouva un taureau en pierre : les uns le
voulurent romain, les autres, ceux de l’adoré
bœuf "Apis", l’idole vénérée, le voulurent égyptien… »
ERUEL
T
Et Son Parador
(Texte aux origines lointaines)
ue l’étranger ne s’inquiète pas : il se fera une idée meilleure et
plus précise de ces paysages millénaires aux géographies et aux
aventures ancestrales s’il voit défiler le cours des siècles. Peut-être n’est-il
pas inutile de rappeler que depuis ces lieux surprenants et peu connus, on
a une vue panoramique agréable sur une bonne partie de notre histoire
péninsulaire méditerranéenne. Une histoire qui démarre dès les tout
premiers temps.
Q
Lorsque les primates furent élevés au rang d’homo sapiens, ces premiers «
hominidés » constituaient déjà
une remarquable diversité
géographique et sociologique sur
ces terres montagneuses où les
populations voulurent depuis
toujours s'installer au-delà des
mille mètres d’altitude.
Les tribus paléolithiques étaient
régies par des us et coutumes
presque nomades : ces peuples
fondèrent des demeures près des
rivières et étaient à la fois
chasseurs et cultivateurs. La
province garde des témoignages
de ses origines primitives, comme
par exemple les restes de ces
éléphants découverts à Puebla de
Valverde ou les outils en pierre
trouvés dans la cueva (grotte) de
Eudoviges de Alarcon, qui
démontrent aussi la présence de
rhinocéros. Nous découvrons les
modes de vie de gens qui
passèrent sur ces terres entre
cent mille et quarante mille ans avant notre ère.
Ces gens-là choisirent pour habitats des refuges rocheux près des
rivières… Ils vivaient de la pêche, de la chasse (chevreuils, lapins, cerfs,
chevaux et sangliers) et de plantes sylvestres.
TERUEL ET SON PARADOR
1
Musées dans des grottes
protégées
e sont en général des endroits aussi abrupts que fertiles où l’on
peut voir un échantillonnage de croyances, de rites, de coutumes
et d'artisanats singuliers, tout à fait représentatif de ses environs :
Albarracin, Alcañiz et Alarcon sont des exemplaires caractéristiques des
préoccupations vitales et des croyances primitives. Il reste encore des
traces de ces arts et de ces philosophies, représentées de façon
rudimentaire dans les nombreuses cavités (abris) découvertes autour de
1903.
C
Longtemps après (environ 2500 ans avant notre ère) des temps – pour
l’époque, modernes et innovateurs – arrivèrent. Il y eut une forte
croissance démographique et l’agriculture fut domestiquée. Quant à la
céramique, elle prit un tel essor qu’elle devint un artisanat semi industriel
et un produit d’exportation ou d’échange.
Les modes de vie et les usages funéraires se transformèrent aussi :
inhumation des morts, résurrection de la vie après la mort. Et les arts
métallurgiques se consolidèrent.
nouvelles et surprenantes et apportèrent une religiosité révolutionnaire et
une organisation sociale réglementée dont les normes et les peines étaient
rigoureusement établies. Ce seront les premiers balbutiements de ce que
l’on connaît encore aujourd’hui sous le nom de droit romain.
Dès que les navigateurs grecs se rendirent compte des richesses que la
Méditerranée abritait, ils débarquèrent et nous léguèrent de savants
enseignements : le four pour transformer l’argile, de la vaisselle utile pour
la vie quotidienne, de nombreuses pièces ornementales, et bien d’autres
choses encore relatives à la fabrication, la pensée et les décisions
personnelles.
Des techniques de base pour l’industrie textile, la métallurgie et la
charpenterie… Des règles et des procédés commerciaux. Et presque en
même temps, les impériaux et impérieux Romains.
Et ainsi, assez vite pour l’époque, mais tard pour notre calendrier,
naissent dans ces paysages les fertiles époques celtes, appelées âge de
bronze. C’est l'invasion bénéfique des cultures provenant de l’Europe du
nord. Et dès le début du VIe siècle avant J.-C., ces terres ibériques connut
une autre croissance artistique, religieuse et culturelle quand des bateaux
méditerranéens remplis de Grecs et de Phéniciens débarquèrent sur ces
côtes : ils venaient, chargés d’idées et de coutumes, sur ces terres ibériques
TERUEL ROMANE
INVINCIBLE ET PERDANTE
l est évident que Teruel naît à l’époque des Romains. Cela se
passa 200 ans avant notre ère chrétienne,
après la conquête de Cartago Nova, appelée
aujourd’hui Carthagène, après des guerres et
guérillas féroces entre deux armées puissantes et
ambitieuses qui allaient inévitablement impliquer le
Bas Aragon. Ces peuplades seront détruites et
abandonnées vers la fin du IIIe siècle avant J.-C.
Finalement, au 1er siècle avant J.-C., une grande
partie de cette région connaîtra et fera siens des
systèmes innovateurs, des procédés politiques et des
comportements économiques : on frappe des
monnaies exclusives pour la péninsule ibérique.
Rome concède et impose le latin comme langue de
culte et autochtone. On établit des échanges
commerciaux stables et permanents.
Ces peuples de Teruel s’impliquèrent de façon
active dans le tribunal juridique d’Auguste César…
I
Le lieu qu’occupe aujourd’hui le Parador a sans
aucun doute connu et subi les guerres prolongées et
sanglantes entre Carthaginois et Romains.
En fin de compte, le processus de romanisation se
2
TERUEL ET SON PARADOR
consolide avec l’établissement de nouvelles colonies : Celsa, à Velilla de
Ebro et bientôt Cesaraugusta. C’est
précisément là que les normes du code romain
sont implantées dans toute leur amplitude et
leur profondeur.
Dans la plupart des régions, les habitants de
Teruel continuèrent à peupler les terres les
plus plates. Ils surent se réfugier dans des
régions rurales qu’ils cultivaient eux-mêmes et
exploitaient économiquement.
Il existait déjà un remarquable réseau routier :
il y avait une chaussée romaine capable de
relier Cesaraugusta à Calamocha d’où
partaient deux routes : l’occidentale qui
communiquait avec le Tage et la Meseta
(plateau) inférieure et l’autre qui partait vers
le sud et les côtes, et grimpait sur les eaux du
Jiloca à la recherche du fleuve Turia.
TEMPS FERTILES DE MAURES ET CHRÉTIENS
ET D’AMANTS MUDÉJARS
’est le roi aragonais Alfonso II qui, au début du XIIe siècle,
conçut la prodigieuse Teruel.
C’était une époque où régnait un esprit frontalier au caractère
permissif, partagé par les Maures et les Chrétiens ; les uns dans un désir
de conquête, les autres dans un but impérieux de repeuplement. Avec
l’habileté et la ruse propres aux siècles médiévaux, le roi Alfonso II arriva
à se libérer de la domination de la Castille. Durant une période fort
longue, la ville et ses régions connurent des conspirations, des vengeances
et des trahisons de tous contre tous… Parmi eux, les « ladinos », gens
qu’on disait hypocrites.
Le roi Jaime I d’Aragon sera finalement le
stratège et l’artisan de la consolidation définitive
des peuplades de Teruel à la même époque où la
Valence maure et puissante fut conquise et
asservie à la cause chrétienne.
C
C’est de là que naquit la légende des « Amants
de Teruel », beau et ombrageux mélodrame,
topique réitéré par les bons et les mauvais
écrivains. Entre-temps, et avec toutes les
nuances dont le visiteur pourra se douter, il y
eut de grands intermèdes. Ces régions
frontalières exigèrent des deux côtés
d’indispensables cessions et accords. Des accords
faits pour définir des normes de cohabitation
tolérables autant pour les Arabes envahisseurs
que pour les sacro-saints conquérants.
Des formules éclectiques furent établies : les lois et les infractions furent
arbitrées librement, formule efficace qui convenait aux deux géographies
et aux différentes religions : de cette lutte, naîtra la nécessité des «
foralidades »… (normes relatives aux privilèges). Entre-temps, le roi
Jaime I dessine d’autres territoires basés sur de généreux privilèges et
potentiellement autonomes.
Les juridictions modèles de Teruel répartirent privilèges, droits et devoirs
à tous les citoyens, conditionnés par les risques évidents – car frontaliers –
des fréquentes invasions musulmanes.
Ce ne sera pas encore suffisant : il fut indispensable de repeupler ces
terres avec des paysans voisins qui étaient en même temps de véritables
défenseurs de leur terre : des gens au passé douteux, capables de
gouverner des « terres vastes et longues » bien cultivées et encore mieux
défendues. Et en échange, indépendantes. De plus, le passé des nouveaux
colons n’avait pas d’importance, seule comptait leur contribution à l’essor
de l’ensemble de la localité ou de la région.
Finalement le lecteur pourra bien s’imaginer que cette avalanche sera un
mélange d’aventuriers, de proscrits et de personnes au passé douteux et au
présent ombrageux.
La juridiction d’Alfonso dit ce qui suit : « Avec bon cœur et bonne volonté
envers l’exaltation de la sainte chrétienté et la confusion des ennemis de la
Croix… je fais et peuple un village à l’endroit choisi… et je concède, à
ceux qui le peupleront, tous ces privilèges et bonnes coutumes qu’ils me
demanderont et tous ceux qu’ils voudront me demander à partir de
maintenant… » afin que tous « les infançons et
roturiers de Teruel jouissent d’une juridiction qui
les protège… ». (“ ...con franco corazón y con
buena voluntad a exaltación de la Santa
cristiandad y a confusión de los enemigos de la
Cruz, ...”Fago et pueblo una villa en el lugar
qual dicen... et otorgo a los dichos pobladores
todos aquellos fueros y todas las buenas
costumbres las cuales a mi pedirán y a provecho
de ellos de aquí en adelante podrán demandar...”
De tal manera que “...infanzones e villanos en
Teruel todos ayan un fuero”...)
La réalité sera bien moins démocratique et
beaucoup plus sévère et macabre qu’on ne
l’imagine. L’ordonnance pénale établit de
terribles châtiments : on brûle les adultères, les
homosexuels, les bigames, les entremetteuses et
ceux qui violent une femme mariée. On enterre vivant, sous le mort, le
traître assassin ; on fait mourir de faim l’ennemi qui ne peut pas payer la
peine ou l’amende ; on dépèce celui qui tue le maître du village… on
mutile les seins… on castre, on pend celui qui viole une bonne sœur… on
pratique les rituels mythiques du fer incandescent : la preuve de
culpabilité ou d’innocence imposait que le suspect attrape avec sa main
lavée le fer rougi puis, après l’avoir fermée, on la recouvre de cire et on la
bande avec un morceau de tissu. Trois jours après on la découvre : si elle
est brûlée, c’est la preuve irréfutable de sa culpabilité mais si elle est saine
c’était un miracle qu’on appelait « la preuve de Dieu ».
Au fil du temps, qui furent des siècles, l’histoire et les habitants - cultivés
– décidèrent, en toute conscience et responsabilité belligérante, de dessiner
leur géographie de l’autre côté des frontières de l’invasion des Francs. Ils
résistèrent et se retranchèrent avec des faits et gestes remarquables mais
finalement ils furent vaincus.
INQUISITEURS ET AMBITIONS PÉCHERESSES
u milieu du XVe siècle, le roi Fernando convoqua les « cortes »
pour définir les lieux les plus adéquats pour les actions du Saint
Office, avec l’accord préalable et l’appui de la bulle papale du pape Sixto
IV. On destina à cette ville l’inquisiteur frère Juan Colivera, et ses
ministres correspondants : le notaire, Juan Ruiz de Calcenar et l’alguazil
Miguel Chanz. Ils s’installèrent à l’extérieur du village dans le monastère
de Jesus Cristo, connu sous le nom de monastère de la Merced.
A
Face à ces mauvais augures, le conseil, conforté par les sentiments des
habitants, refusa l’entrée aux redoutables inquisiteurs, invoquant le danger
d’atteinte à un privilège : ils trouvèrent cependant en la localité voisine de
Cella, un bon accueil et ils y établirent le centre d’opérations du Tribunal
du Saint Office.
Voyant l’intolérable attitude des habitants, l’ inquisiteur persistant et
inflexible fixa, dans l’église de Villarquemado, une cédule disant que
TERUEL ET SON PARADOR
3
Teruel serait dès lors excommuniée.
Tous les membres du conseil furent accusés de « protecteurs d’hérétiques »
pour s’être opposés aux offices du Saint Office.
En outre, les autorités municipales firent « creuser un trou profond avec
un bâton cloué au centre, entouré d’un tas de
pierres pour lapider les inquisiteurs s’ils
osaient entrer dans la ville ou toute autre
personne qui porterait des lettres du roi ».
Martin de Burgos en personne déposa une
plainte « pour avoir été fait prisonnier plus de
huit jours avec des chaînes au cou pour le
seul motif d’avoir apporté à la ville la lettre
de monseigneur l’archevêque au prieur du
clergé… »
Il y eut des procès arbitraires, comme celui
qui suit, contre le chanoine Juan Ram qui
était déjà mort : le Tribunal ordonna qu’on «
retire le corps et les os de sa sépulture ».
(“cuerpo y huesos sean sacados de su sepultura”). En revanche, on
accorde trois ans d’indulgence aux « personnes qui montreront les
sépultures où sont enterrés les hérétiques ; trois ans de plus à ceux qui les
aideraient à les déterrer et encore trois supplémentaires à ceux qui
apporteraient des bûches pour brûler leur os… » (“personas que muestren
las sepulturas donde los dichos heréticos estén enterrados; y otros tres años
a los que ayuden a desenterrarlos. Y aún otros tres a los que acarrearan
leña para quemar sus huesos...”)
Mais peut-être existe-t-il des explications plus plausibles : le monarque
aurait appuyé l’Inquisition car les nombreux procès lui auraient procuré
des quantités d’argent considérables. Et en même temps les habitants de
Teruel étaient conscients que la répression féroce envers les Juifs
représenterait une irréversible faillite économique pour la région.
La thèse n’est en rien tirée par les cheveux vu les revenus perçus par la
couronne, supérieurs à 230 000 soldes, alors que les bénéfices du tribunal
auraient été d’environ 23 000 soldes par an.
Beaucoup plus tard, jusqu’au milieu du siècle dernier, dans ces régions
proches et lointaines, apparurent des guérilleros fugaces et spontanés
connus comme « los Maquis » aux idées nobles et aux vilaines manières,
mais qui étaient protégés dans la mesure du possible par des habitants
généreux, quoique timides et timorés.
Mais, surtout, les « Maquis » étaient des personnes courageuses et
volontaires luttant pour une cause commune appelée l’Europe libre et
démocratique.
Finalement après d’innombrables avatars, le vingtième siècle verra le jour :
il est important de rappeler que ce siècle dut faire face à de graves
problèmes : gouvernements et constitutions
ratées comme celle de Cadix, nommée « la Pepa
», mère des constitutions passées et futures.
Sans oublier les deux républiques, dont les
intentions furent meilleures que les résultats,
davantage à cause des conspirations de caciques
et de grands propriétaires terriens que par la
volonté de la grande majorité des populations.
Une importante proportion d’intellectuels dut
émigrer. Et ils furent accueillis dans des pays de
culture similaire comme le Mexique ou
l’Argentine. D’autres choisirent l’aventure
économique dans des pays dits du futur comme
le Canada ou la Nouvelle Zélande. « Nous
partîmes nombreux en Belgique, Londres ou Suède à la recherche de
nouveaux horizons et nous y trouvâmes la démocratie… »
Le visiteur peut se réjouir d’être installé aujourd’hui dans un Parador au
coeur d'une région aussi privilégiée qu’insolite, où cohabitent avec les plus
lointaines époques préhistoriques les arts, l’artisanat, les techniques et les
technologies perses, arabes, romanes, gothiques et même modernes…
Le voyageur se trouve au milieu d'idées et de croyances médiévales. Et de
révoltes et de révolutions contraires et contradictoires… mais ces régions
sont fertiles et fécondes, aimables, agréables et excessivement gratifiantes.
Le visiteur ne pourra pas l’éviter : ces contrées ne peuvent ni ne veulent
oublier la tragique bataille de Teruel, de réputation lamentablement
universelle : après d’éternelles révoltes, ces habitants de Teruel asservis par
leur histoire connaîtront et souffriront d’innombrables vicissitudes et de
surprenants changements de gouvernements et même de leur propre
identité.
Aujourd’hui encore, demeurent quelques images tragiques de cette guerre
injustement appelée Civile. En fait, on la raconta aux citoyens comme une
espèce de croisade, et elle fut une épopée inscrite en lettres indélébiles : «
La Bataille de Teruel »
LA BATAILLE DU « JAMAIS PLUS »
(« De décembre 1937 à février 1939, le destin de l’Espagne et
d’une certaine façon d’une partie de l’Europe se joua à
Teruel... C’est une histoire qui ne doit ni ne peut jamais plus se
répéter »)
Manuel Tuñon de Lara, Historien contemporain
e n’est pas une nouveauté, tout le monde le sait et tout le monde
l’a subie : cette guerre Civile espagnole fut essentiellement une
répétition ou une lutte armée servant à esquisser tactiques, stratégies et
C
4
TERUEL ET SON PARADOR
armements pour affronter la Seconde Guerre mondiale : la domination des
puissances européennes étaient en jeu, la péninsule ibérique ne fut qu’un
champ d’essai. Avec des gouvernements en conflit et des idéologies
opposées qui engendrèrent la confrontation : d’un côté la République
garantie par les urnes, de l’autre l’armée rebelle – chef de la cause
salvatrice – convertie en croisade des classes militaires commandées par le
général Franco, très tôt nommé Généralissime, général espagnol méritant,
ayant gagné d’honorifiques médailles durant la guerre d’Afrique.
Les forces en présence étaient inégales : les « nacionales » (miliciens)
avaient une armée professionnelle et disciplinée dotée d’une hiérarchie très
réglementée.
Quant aux Républicains, les défenseurs démocratiques – divisés en factions
et idéologies contradictoires et parfois opposées –, ils étaient davantage un
peuple en armes qu’une armée. Ils n’avaient ni formation ni expérience et
pas d’autres armes que leurs convictions républicaines.
Ce fut donc une guerre déséquilibrée plus
propice aux intérêts d'autres pays qu’à
ceux de la péninsule.
L’histoire de cette Europe enflammée
pour ou contre les révolutions
communistes allait être la nouvelle croisée
salvatrice. De courageux jeunes gens
furent convoqués pour servir la cause
d’un parti ou d’un autre et donc d’une
idéologie ou d’une autre… et s'y
ajoutaient de puissantes ambitions
politiques et économiques. De la féroce
dictature du pouvoir, naquit le libertinage
du marché noir, pratique étendue et
spéculative servant à augmenter jusqu’à
des limites insoupçonnées l’exploitation
de la misère et pauvreté de tous les citoyens.
fusil et utilisaient seulement des grenades auxquelles ils arrachaient la
sécurité avec leurs dents» Durant cet hiver particulièrement cruel pour les
combattants, le climat fut un facteur déterminant, et les deux armées
manquaient des protections minimales pour supporter des températures
qui fréquemment pouvaient atteindre moins 18 degrés.
« Un immense drap blanc, la neige, qui
immédiatement crée des couches épaisses
de glace recouvre les horizons, fait
exploser les moteurs et les dépôts d’eau.
On connaît le cas de soldats qui sont
morts collés au volant de leur véhicule. »
(Miguel Aznar)
Ce n’est pas fréquent qu’un poète soit
aussi un combattant pour une cause
belliqueuse. Et pourtant ce fut le cas de
Miguel Hernandez, soldat républicain qui
voulut, sut et put appuyer la cause de la
République constitutionnelle. Voici ce que
dit une harangue engagée qu’il prononça :
Voici quelques citations de l’historien Tuñon de Lara qui orienteront peutêtre le lecteur sur les attitudes et les héroïsmes chaotiques et
contradictoires de cette inutile bataille du « jamais plus ». Le voyageur
doit garder présent à l’esprit que ces terres étaient bien plus qu’une
convoitise militaire et économique : c’était des objectifs géostratégiques
pour diviser ou retrancher les avancées militaires.
« Le général Franco, installé dans son quartier général situé dans un train
habilité pour cela, se souvient que la place de Teruel dispose de restes de
canalisations, d’anciens puits, de vins et d’autres articles qui doivent être
soigneusement rationnés. La chute du centre de résistance ne doit ni
décourager ni justifier sa défaillance. S’il arrive qu’un commandant
défaille, il doit être immédiatement remplacé par le plus efficace de ses
inférieurs... »
Durant ces hivers-là, les deux armées luttaient contre des ennemis
communs : l’armement inégal – qui jouait en faveur des franquistes
soulevés – et les rudesses météorologiques :
« Certains lançaient des rafales de mitraillettes pour pouvoir ensuite se
réchauffer les mains dans le tube chaud de l’arme...
D’autres avaient les mains si crispées qu’ils ne pouvaient pas se servir du
“...En las sierras de Teruel, alturas donde se registran las menores
temperaturas de España, los soldados de la 11 División han observado y
observan una conducta de metal inquebrantable...La nieve, el viento, el
frío, el enemigo, se han clavado con intensidad en estos inviernos,
dispuestos a devorar las orejas, a cuajar el aliento...la nieve, el frío, el
viento, el enemigo han combatido el espíritu de piedra que los arma; pero
no han conseguido ablandar, ni han hecho desfallecer esa piedra roja,
furiosa y cálida...”.
« Dans les montagnes de Teruel, hauteurs où sont enregistrées les plus
basses températures d’Espagne, les soldats de la XIe division ont observé
et observent une conduite de fer inébranlable... La neige, le vent, le froid,
l’ennemi, se sont agrippés avec intensité à ces hivers, prêts à dévorer les
oreilles, à congeler l’haleine... la neige, le froid, le vent, l’ennemi ont
combattu l’esprit de pierre qui les arme ; mais ils n’ont pas réussi à
ramollir ni à faire défaillir cette pierre rouge, furieuse et chaude. »
Tels sont ces généreux efforts, faits presque toujours par devoir moral et
militaire, avec de fréquents sacrifices d' amis, de familles et de leurs
propres vies…
Mais le résultat sera décidé par l’histoire, maîtresse déloyale qui penche
toujours pour les plus forts.
FOURNEAUX SAVANTS,
ÉLÉMENTAIRES ET SACRO-SAINTS
« Sans cuisine, pas de salut ;
ni dans ce monde, ni dans l’autre...
Et sans vin, pas de cuisine... »
Pedro Mourlane Michelena
I
l faut le reconnaître ; la plupart de ces sages préambules
gastronomiques et de ces remarquables réflexions proviennent
de la plume de Dario Vidal Llisteri, érudit et spécialiste des arts
« les fruits favorisent la tempérance;
les viandes et le gibier, la violence;
le poisson, la vivacité de l’esprit
et les fruits de mer poussent aux activités les plus gratifiantes
et ludiques qui sont celles de l’amour »
Et avec tout ça, le souffle vital de la boisson : « Le vin est ingénieux,
généreux et sociable. Mais le liquide blond de l’orge est une liqueur éteinte
et silencieuse, faite de brumes et de coutumes plutôt solitaires. »
culinaires.
TERUEL ET SON PARADOR
5
« Je ne suis pas du tout choqué
que la bière te plaise ;
c’est tout à fait normal
puisqu’elle est faite avec de l’orge »
Mais le visiteur ne doit pas s'y tromper : la plupart de ces fourneaux se
vouent à leur aliment sacré, le porc. Les produits de la chasse ne sont pas
choses rares sur ces terres, bien au contraire, et ils sont toujours
accompagnés de légumes insolites et de fruits, comme les melons de
Calanda ou de l’une de ces vallées aux alentours.
Cervantès en louait les mérites.
Lorsque, à cette époque-là, le sage écrivain se débattait entre aventures et
mésaventures, il dédia ces quelques lignes au fromage : “...uno de los
mejores quesos de aquestas Españas: es el llamado queso de “Tronchón”.
« l’un des meilleurs fromages d’Espagne est le Tronchon : prodige
miraculeux élaboré avec du lait des brebis qui mordillent et ronronnent sur
les rives orientales des Maestrazgos (territoires) ».
Il en parla aussi quand il relata l’épisode de la Dueña Dolorida (Maîtresse
Endolorie) à propos du morceau que lui donna Teresa Sancho “Y tras la
injusta derrota frente al caballero de la Blanca Luna algún generoso o
misericordioso catalán; quiso ofrecerlo a éstos dudosamente venturosos,
por arriesgados, por aventureros...” « Et après l’injuste défaite du
chevalier de la Blanca Luna (Blanche Lune), un Catalan généreux ou
miséricordieux voulut offrir à ces aventuriers téméraires… », et en partant
de Barcelone, chevalier et écuyer rencontrent un noble chevalier qui leur
offrit “una calabaza llena de lo caro, con no se sabe cuantas rajitas de
queso de tronchón...”. « une calebasse pleine de nombreuses tranches de
fromage de Tronchon ».
Quelques années plus tard, quand le comte de Arana devint diplomate, il
voulut apporter aux Tuileries quelques morceaux de ces fromages de «
Tronchon » : les palais des courtisans furent agréablement surpris. Les
éloges de Louis XVI et de Marie-Antoinette, surpris par un mets si
extraordinaire procédant du sud ibérique, furent dithyrambiques.
Il reste encore à parler d’un autre phénomène, la transformation des
céréales. Ce miracle presque chimique qui consiste à convertir un fruit,
propice à la fabrication de desserts, en vins et liqueurs aux goûts
d’étranges rêveries…
ESSENCES ET SAGESSES
CULINAIRES
A
rrivé à ce point du récit, le voyageur aura sans doute envie de
déambuler par lui-même dans cette ville coquette mais petite,
exemple d’arts et d’artisanats mudéjars ; de parler avec ces gens pour
savoir où et avec qui ils cohabitent ; peut-être même de boire un café ou
un verre, confortablement installé dans les
belles pièces de ce Parador.
Mais si ce n’est pas le cas, nous
continuerons à vous offrir d’autres
informations gastronomiques. Vous êtes à
présent dans la région du vin et du pain,
c’est-à-dire des essences primaires de
l’alimentation du genre humain.
Et il faudra parler, sans inutiles
préambules, des arts et artisanats culinaires.
Dans tous ces paysages – qui comprennent
bien plus que les deux plateaux – les cultures
de céréales sont ancestrales et, encore
aujourd’hui, la base essentielle pour
l'alimentation de très nombreuses
populations, qui, par ailleurs, représentent
une partie très importante de la population
totale de notre péninsule.
Le voyageur est à présent installé dans ces géographies belles et
surprenantes et, qu’il le veuille ou non, il est entouré de gastronomies
étonnantes.
Dans presque toute la région, le voyageur occasionnel ou le visiteur
fidèle et connaisseur auront d’agréables surprises : un plat insolite, peutêtre un poisson ou un fromage inconnu… Ou des tavernes, cafétérias ou
6
TERUEL ET SON PARADOR
bars où l’on savoure avec davantage de plaisir la « tapa » que le vin ou la
bière. Mais disons-le clairement, partout ici, on dort et on mange à la
perfection. Il serait bon que le voyageur se renseigne auprès d’un habitant
de Teruel ou mieux encore à la réception du Parador.
Dans toutes ces régions s'implantèrent des
coutumes qui se transformèrent en cultures
culinaires classiques ou ancestrales, et qui très
probablement commencèrent spontanément par
la culture des céréales, dont l’orge, l’avoine ou
le seigle, de moindre rendement.
A cette époque-là comme aujourd'hui, le blé,
transformé en pain, sera converti en « gachas »
ou « farinetes » (bouillies durcies), ingénieuse
mixture que les Romains appelèrent « Palte »
Pour se faire comprendre, ce sont des sortes de
pizzas. Ces plats sont les cousins ou les neveux
du « gofio » des Canaries.
LA RECETTE SECRÈTE
Ces habitants se vantent de leur simplicité
mais il n’en est rien : ils ne dévoilent pas
certaines recettes artisanales –aussi artisanales que magiques. Non pas
qu'ils veuillent les garder secrètes mais ils ne veulent pas confondre rites et
recettes qui sont devenues des formules aussi magistrales que simples.
Dans ce Parador, mais aussi dans d’autres Paradors des environs, le
voyageur pourra goûter de très nombreuses symphonies culinaires. En
voici quelques-unes dictées par les cuisiniers de cet établissement.
Sopa de Teruel al Perolico : soupe à base de pain, d’ail, de paprika,
d’un peu d’œuf dur et de morceaux de jambon cru.
Huevos al salmorejo : savoureux mélange d’asperges, de saucisse et de
filet de porc.
Et les « migas » (mies de pain imbibées de lait et frites avec des
lardons) typiques de la région. Sans oublier les « ternascos asados »
(agneau de lait rôti) ; et le « cordero a la pastora » (agneau aux pommes
de terre) ou les tranches de « merluza a la baturra » (colin à la sauce
tomate et au vin blanc). Aucune recette, même pourvue des mêmes
ingrédients, n’est comparable…
Et ne parlons pas des légumes que ces terres savent si bien cultiver mais
si mal exporter.
ALBARRACIN : UNE
VISITE OBLIGÉE
ù tout est superlatif et extrême, ses flots de soleil verticaux et ses
blocs de roches accidentés. Terres assoiffées et vallées trempées
de flots de verdure dans ces monts où le Guadalquivir forme
presque une mer.
O
Des armées sylvestres d’envahissantes pinèdes, de chênaies et de
genévriers d’une beauté tortueuse, de buis, de
sabines mystérieuses, imperturbables, dans
d’impies régions désertiques. Albarracin dressée
fièrement entre ces rochers capables d’intimider
les vertigineuses hauteurs de New York, comme le
prédit l’avant-gardiste Antonio Cano, originaire
de Teruel. Sangliers, cerfs orgueilleux, loutres
craintives, faucons, aigles, rapaces et éperviers
scrutent et accompagnent le voyageur…
Terres, montagnes et personnes qui rendirent
jaloux Richard Ford, marcheur et chroniqueur
impénitent, quand il vint ici pour y habiter et y
écrire : « Le cheval amène le voyageur jusqu'aux
montagnes noueuses d’Albarracin… De Checa, on
va à Tremedal qui se trouve à droite près d’Orihuela. Pendant longtemps,
cet endroit fut célèbre pour sa hauteur et son image descendue du ciel
pour laquelle on faisait des pèlerinages. »
Le lecteur pénitent qui s’approchera de ces monts, sans doute après s’être
arrêté dans la capitale modeste et fièrement mudéjare, arrivera en
traversant un bref, concis et savoureux apéritif de l’histoire lointaine de
ces peuples dont l’origine est aussi lointaine que le pèlerin peut l'imaginer.
Partout sont présents les souvenirs et même les traces de pas de ses
ancêtres, peintres rupestres qui trouvèrent là d'abrupts abris. Des moulins
en pierre, des céramiques, des restes de maison de l’âge de bronze et des
preuves de modes de vie et de mort abondantes dans ces environs. Il y a
vingt-six siècles, les Grecs marchèrent dans les mêmes sentiers. C’étaient
les premiers maîtres potiers, des charpentiers, des forgerons « et ils
pratiquèrent avec une telle maîtrise l’art de la guerre que de nombreux
cavaliers nés sur ces terres furent emmenés pour lutter contre les Romains
en Italie… »
Le voyageur verra un surprenant échantillon de l’ingénierie du Romain,
capable de construire l’invraisemblable aqueduc creusé dans la roche pour
conduire les eaux du Guadalquivir, entre Albarracin et Gea, jusqu’à Cella.
Comme le savent et le racontent très bien ces habitants, un si singulier
engin n’est pas dû à la main faible de l’homme mais à la passion charnelle
purifiée. Son grand fondateur fut un Maure amoureux : le jeune Aben
Meruan, de Albarracin, tomba sous le charme de la très belle Zaida, fille
du puissant seigneur de Cella. Le père, maure, gardant jalousement la
vertu de sa fille, imposa à l’amant une impossible condition, pour
empêcher, sans interdire, l’union entre deux enfants d’Allah. Aben devait
conduire les eaux depuis Albarracin jusqu’aux citernes de son château, à
Cella, courant de haut en bas de la montagne : « Le jeune Maure pria son
Dieu mais comme les commandements de la nature ne changeaient pas, il
implora Notre Seigneur, le véritable Dieu, converti ainsi à la foi
chrétienne… Ce miracle ouvrit la voie à la foi de
nombreux infidèles… »
Autrefois, passèrent de nombreux Arabes, Maures et
Berbères dans ces décors fascinants. La plupart des
habitants wisigoths devinrent opportunément
renégats, avant tout pour ne pas avoir à quitter cette
région montagneuse. Mais ils surent cohabiter avec
d’autres groupes réduits de Mozarabes chrétiens et
juifs. Ce jumelage rebelle et tourmenté partagea
terres, offices, dieux et amours, et ils réussirent
ensemble une indépendance orgueilleuse gouvernée
par la saga berbère des Banu Razin. Albarracin
devint la belle et vaniteuse capitale – presque telle
qu’elle est aujourd’hui – d’un royaume Taifa puissant
et redoutable qui donna beaucoup de fil à retordre à l’obstiné conquérant
chrétien.
Sur ces terres, campa le légendaire roi « Lobo » (Loup) « heureux de
s’habiller et de parler comme les chrétiens » et guérillero si valeureux qu’il
mit dans l’embarras d’insignes croisés comme le Cid Campeador ou le «
Guerrero del Antifaz » (Guerrier au Masque). L’un ou l’autre de ces
chevaliers, on ne sait pas exactement lequel, fut acculé par les armées du «
Lobo » contre un profond précipice : coursier et chevalier franchirent
l’abîme d’un seul bond si puissamment et si violemment que le cheval
laissa pour toujours l’empreinte de ses pas dans la roche, après avoir
élégamment sauté le ravin. Le voyageur le plus incrédule peut voir encore
aujourd’hui les traces du cheval dans le Barrancohondo du cristallin
Guadalaviar.
Le roi Lobo, rassasié de tant de gloire, livra gracieusement son royaume de
Taifa de Albarracin au seigneur Ruiz de Azagra, convaincu de garder ainsi
une indépendance certaine quoique tributaire.
Finalement, la foi véritable s’imposa. Plus tard, ces territoires
d'Estrémadure aragonaise furent le théâtre de populations qui
remplissaient la double condition de paysans pacifiques et de soldats
aguerris. On arbitra les us et coutumes. On régula la cohabitation entre
Maures, Juifs et Chrétiens, on établit des juridictions : « Chrétiens, Maures
et Juifs auront les mêmes lois et les mêmes coutumes… », concéda le roi
Alfonso II.
TERUEL ET SON PARADOR
7
Au milieu de ce purgatoire rédempteur, la région connut aussi une certaine
prospérité. Albarracin et les villages aux alentours étaient dotés de
beaucoup de moyens : églises, marchés, moulins, fours et services
sanitaires pour des habitants industrieux; y cohabitaient artisans tisseurs,
cordonniers, charrons, forgerons, barbiers, chirurgiens, commerçants et
bergers de chèvres ou de brebis.
Le bétail fut à l'origine d'une appréciable industrie textile « grâce au soin
que prirent les habitants de la région à améliorer la race des brebis ». Les
mines de fer procurèrent peu d’argent mais formèrent d’abondants et de
remarquables forgeurs comme le voyageur pourra le remarquer. Sur ces
terres fleurit un humanisme particulier avec des œuvres universelles
comme L’épopée tragique des amants de Teruel ou le Catéchisme de la
Doctrine Chrétienne, (“Epopeya trágica de los Amantes de Teruel” o el
“Catecismo de la Doctrina Cristiana”) écrit par Jeronimo Ripalda il y a
quatre cents ans, et que certains d’entre nous ont eu l’occasion de réciter.
Un évêque, Bernardino Gomez de Albarracin, écrivit même le Manual
contra el morbo que llaman la gota (Manuel contre la maladie de la
goutte) dont l’efficacité fut telle que le livre fit plus d’un tour en Espagne.
Ce glorieux et brûlant Albarracin, fier royaume Taifa au VIe siècle, sut
proroger son indépendance pendant plus d’un siècle. Et ce n’est qu’au
XVIIIe que les décrets de Nueva Planta de Felipe V réussirent avec
beaucoup de difficultés à abolir, mais non à rejeter complètement, la
vocation autonomiste de cette fascinante région de Teruel, divisée et
endolorie, qui vit passer des armées d’hommes peints en rouge et bleu et
des noms comme Lister ou Miguel Hernandez, dont le verbe est
infailliblement rédempteur.
Mais il reste encore beaucoup à voir, et si le voyageur en a le temps et
l’envie, nous lui suggérons de ne pas y renoncer et d’explorer ces paysages
peu connus. Qu’il veuille aller à tel endroit ou à tel autre, nous lui
conseillons de s’informer à la réception du Parador.
Parador de Teruel
Ctra. Sagunto-Burgos, N-234. 44080 Teruel
Tel.: 978 60 18 00 - Fax: 978 60 86 12
e-mail: [email protected]
Centrale de Reservations
Requena, 3. 28013 Madrid (España)
Tel.: 902 54 79 79 - Fax: 902 52 54 32
www.parador.es / e-mail: [email protected]
wap.parador.es/wap/
Textos: Miguel García Sánchez Dibujos: Fernando Aznar
8
TERUEL ET SON PARADOR

Documents pareils