Le 13 mai 1958 en Algérie Chronologie des évènements du 13 mai au

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Le 13 mai 1958 en Algérie Chronologie des évènements du 13 mai au
Le 13 mai 1958 en Algérie
Chronologie des évènements du 13 mai au 6 juin 1958
05 – Samedi 17 mai 1958
Ces textes sont une synthèse de plusieurs ouvrages que nous allons essayer de
rendre disponible en format PDF - suivre cet article : cela sera annoncé ici.
- Le CSP nomme à sa présidence le
Docteur Sid Cara, ancien secrétaire
d’état à l’Algérie au cabinet de Félix
Gaillard.
de son départ d’Alger. Alger se rue au
Forum une fois de plus.
Le Forum se remplit
Sid Cara
- 13h 29 : La nouvelle "tombe" !
Jacques Soustelle ancien Gouverneur
général de l'Algérie arrive à l'aéroport
de Maison Blanche à Alger dans un
avion taxi "Viking" payé par de
Benouville.
Des jeunes, des pieds-noirs, des
anciens combattants musulmans, des
femmes vêtues du traditionnel haïk
blanc convergent vers le palais du
gouvernement général munis de
banderolles marquées « Vive De
Gaulle » ou « Vive la France ». Une
voiture affiche en lettres peintes « Vive
Soustelle » ou « Algérie française ».
Tous au forum pour l'acclamer. Des
camions hauts parleurs circulent en
ville en reprenant la phrase de la radio.
Soustelle
a
quitté
la
France
clandestinement.
Le piège gaulliste venait de se
refermer sur Salan. En effet,
Bénouville avait téléphoné, dès son
arrivée, à Neuwirth, un collaborateur
de Delbecque, qui avait pris le contrôle
des moyens de propagande militaires,
parmi lesquels les camions sonorisés.
Venant de Suisse il amène avec lui
l'espoir d'une reprise en main de la
situation par la métropole, ayant réussi
à déjouer l’interdiction qui lui était faite
de ne pas quitter le territoire
métropolitain. Soustelle avait été
nommé Gouverneur de l’Algérie par
Mendès-France... « Ce n’est qu’un au
revoir » avait-il dit le 2 février 1956 lors
Une partie des slogans
Des
drapeaux
également brandis
journée historique
population en liesse
FORUM.
tricolores
sont
lors de cette
alors que la
se dirige vers le
- 13 h 45 : Le général Salan vient à la
rencontre de Soustelle à l'aéroport.
Soustelle dit se mettre au service de
l’Algérie et ne veut surtout pas gêner
les démarches en cours.
frères Musulmans qui furent des tout
premiers.
Nous nous efforcerons de la servir
pour refaire l'unité nationale des deux
côtés de la Méditerranée.
Vive la République,
Vive l'Algérie Française,
Vive la France,
Vive De Gaulle. »
- 15h 45 : Salan accompagné du
général Jouhaud téléphone à Pflimlin
pour lui suggérer, à mots couverts de
démissionner.
Jacques Soustelle
Salan qui est chargé de tout tant par le
gouvernement que par les émeutiers et
par l'armée ne voit pas venir d'un bon
œil un homme dont la popularité en
Algérie et l'engagement en faveur de
De Gaulle risque de lui porter
ombrage. Il a raison de se méfier,
Soustelle vient pour créer une rupture
nette entre le gouvernement et l'Algérie
et pour créer ainsi une crise de régime
qui ne peut profiter qu'à De Gaulle.
M. Jacques Soustelle :
« Algériennes, Algériens, mes Amis.
- 16 h 15 : De Sérigny annonce par
téléphone
que
Pflimlin
redit
catégoriquement à Salan qu’il ne
démissionnera pas et semble jouer la
carte de l’usure.
- 16 h 30 : Soustelle, dans une
bousculade indescriptible, entre au
GG.
Massu accueille Soustelle sur le Forum
Il prononce un discours au balcon.
Me voici parmi vous, je veux d'abord
rendre hommage à notre magnifique
Armée d'Algérie, hommage à ses
chefs, au général Salan qui a su
maintenir l'unité, au général Massu et à
tous les autres chefs de cette armée
les mêmes à qui j'avais promis, quand
je vous ai quittés le 2 février 1956 de
consacrer toutes mes forces au salut
de l'Algérie.
C'est ce que je me suis efforcé de faire
durant deux ans et quatre mois.
Mais depuis quelque temps, j'étais
soumis à une incessante surveillance
et ne pouvais plus accomplir mon
devoir.
C'est pourquoi j'ai décidé de choisir
tout à la fois la liberté et la Patrie et
que, maintenant, je viens me mettre à
la disposition de l'Algérie Française qui
vient de donner un exemple si
émouvant d'attachement à la Mère
Patrie et cela surtout par la voix de nos
Jaques Soustelle s'adresse à la foule
« II y a trois jours encore j'étais à
mon siège de parlementaire afin de
poursuivre mes efforts. Mais soumis à
une incessante surveillance (huées),
menacé à tout instant dans ma liberté,
je ne pouvais plus continuer à
accomplir mon devoir. J'ai donc décidé
de revenir à Alger (ovations), au milieu
du peuple, aux côtés de l'Armée, j'ai
choisi à la fois la liberté et la patrie
(ovations).
Je viens me mettre à la disposition de
l'Algérie française (ovations) qui vient
de donner un magnifique exemple. Je
n'ai d'autre ambition que de refaire
l'unité nationale sur les deux bords de
la Méditerranée (ovations).
Vive la République !
Vive l'Algérie française !
Vive la France !
Vive De Gaulle !» (hurlements et
applaudissements).
Le général Lorillot
Massu s'adressant
musulmans déclare :
aux
Français
« Sachez que la France ne vous
abandonnera jamais ! Tous ensemble
nous jetterons hors de notre territoire
l'ennemi au service de l'étranger. Nous
construirons une Algérie libérée de la
peur. Une Algérie fraternelle et
humaine où les mots d'égalité, de
fraternité, de justice recouvreront tout
leur sens. Nous tous, qui avons pris le
combat pour affirmer la permanence
de la France en Algérie nous en
faisons, ici, le solennel serment ! »
Le Forum pour l’arrivée de Soustelle
Il refuse la Présidence du CSP et ne
réclame aucune fonction. Après un
dernier
entretien,
Salan
admet
Soustelle à Alger et en fait son
conseiller.
Dès lors, le général Salan, devient un
factieux en prenant la tête du
mouvement. La seule présence de
Soustelle à Alger, confirme les CSP,
coupe les ponts avec Paris, crée la
sécession, démissionne Pflimlin et
incite De Gaulle à intervenir.
- Le général Ely, chef d’Etat Major des
Armées, démissionne. Son ordre du
jour aux Armées sera interdit de
publication par le Gouvernement qui
par ailleurs autorise l’envoi de
médicaments et de vivres à destination
de l’Algérie.
Il est remplacé par Lorillot. Pflimlin
lance un appel à l'union des français.
- La réponse du gouvernement aux
aspirations algériennes est lente. Le
peuple réclame le général De Gaulle.
L'ambiance se calme mais reste
lourde. Les forces de l'ordre sont
renforcées par les militaires. Les
associations d'anciens combattants, de
jeunes, de femmes, de quartiers…
défilent dans les rues, rappelant à la
France ses devoirs envers les
Algériens.
- A Paris : L'Assemblée Nationale vote
l'état d'urgence sur le territoire
métropolitain pour 3 mois.
- Dans toute l'Algérie les scènes de
fraternisation entre européens et
musulmans se multiplient.
Discours d'une Musulmane :
« Depuis de nombreux mois, nous
avons pris conscience des efforts des
officiers et de l'Armée en général pour
nous faire bénéficier de l'Administration
et nous faire également participer à cet
effort administratif.
Nous avons, nous les femmes
Musulmanes, plus particulièrement pris
conscience de la nécessité de notre
évolution, condition essentielle du
progrès.
animé par les pieds-noirs, comportant
en 1960 300 cercles, regroupant
60000 femmes.
Nous nous rendons compte combien
nos vêtements traditionnels, notre
existence de recluses, sont des
éléments qui nous éloignent de nos
sœurs
françaises,
de
religion
différente.
Nous
voulons
fermement
nous
engager dans la voie du modernisme
et profiter de l'époque exaltante
traversée actuellement par l'Algérie,
pour accentuer notre évolution.
Aussi, nous réaffirmons aux Autorités
militaires et au Comité de Salut Public
d'Alger, notre confiance et notre appui
total pour mener à bien l'œuvre
entreprise, qui a fait renaître en nous
l'espoir immense du renouveau, sous
le signe de la confiance réciproque des
communautés, de la fraternité, de la
joie et de la paix. »
Discours
ABDELALI
du
Cheik
Madame Massu
Il s'agit de mettre ensemble des
musulmanes et des européennes, pour
promouvoir des notions d'hygiène, de
couture (une opération « machine à
coudre » sera montée par Pierre
Bellemare et radio Luxembourg), de
pédiatrie.
Lakdari
A Constantine, les Musulmans sont
aussi venus en masse. Sur une
estrade, à côté de Jacques Soustelle,
le cheik Lakdari Abdelali, Imam à la
Mosquée Sidi El Kittani, l'un des chefs
religieux les plus influents de l'Est
Algérien, lance un appel aux femmes
musulmanes.
« Sache bien, ô femme, que le
moment est venu pour toi de jouer ton
rôle dans l'histoire de l'Algérie nouvelle
française.
En dépit de ceux qui contestent la
place qui te revient, brise tes chaînes
avec un marteau de fer. »
On vit alors une jeune musulmane,
Mlle Ameziane, 17 ans, arracher son
voile et son haïk, les déchirer, les jeter
au vent en s'écriant :
« Ne perdons pas, mes sœurs,
l'unique
occasion
de
notre
émancipation. »
La foule, d'abord surprise, applaudit
longuement.
- A la radio, madame Massu lance un
appel à la solidarité féminine. Ce sera
le
« mouvement
de
solidarité
féminine, »
totalement
bénévole,
Pierre Bellemare à Radio Luxembourg
- Salan profite de ses pleins pouvoirs
pour diffuser l'instruction sur la
formation psychologique des appelés,
il s'agit de leur donner des raisons de
combattre (faire de l'Algérie une
province française, il s'agit de la
reprise de l'intégration définie par
Soustelle).
- A Ajaccio : Dans la soirée Henri
Maillot et Antoine Serafini vont se
recueillir devant le monument aux
morts d’Ajaccio. Maillot y fait acclamer
le nom du général.
(A suivre)