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RENCONTRE
Le prince Laurent
de Belgique présente
avec beaucoup
d’enthousiasme sa
Maison européenne
des énergies
renouvelables, un
ancien hôtel de maître
auquel il a offert une
seconde vie. Christine
Lins, ci-dessus,
la secrétaire générale
de l’EREC.
ma journée avec…
Par Stéphane Bern
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le Prince Laurent de Belgique
C
’est un peu sa nouvelle
maison. Pas celle qu’il
habite à la périphérie
de Bruxelles, mais celle
qu’il a bâtie avec tout
son cœur et son énergie. Elle porte bien son nom, du reste,
Maison européenne des énergies renouvelables, en plein cœur de la
Bruxelles européenne, rue d’Arlon,
« face au Concert noble, vous ne pouvez pas vous tromper », précise-t-il
avec son humour très pince-sans-rire.
Le prince Laurent de Belgique, fils
cadet des souverains belges, n’hésite
pas à bouleverser son emploi du
temps pour faire visiter son projet.
« Il est unique en Europe ! Je fais peu
de choses, mais ce que j’entreprends,
j’essaie de le mener à bien », soupire-t-il en constatant sans amertume
que les plus réticents sont aujourd’hui
ceux qui veulent le plus ardemment
collaborer avec lui.
Tôt ce matin, le prince Laurent a quitté
la Villa Clémentine après avoir em-
brassé son épouse, la princesse Claire,
jeune femme moderne et lumineuse,
ainsi que leurs trois enfants, Louise,
presque trois ans, Nicolas et Aymeric,
les jumeaux qui fêteront bientôt leur
premier anniversaire et qui, par la volonté de leur père, n’ont guère été exposés au regard public. Quand il n’a
pas d’obligation officielle qui requiert
un protocole à sa juste mesure, le
prince Laurent conduit lui-même sa
voiture pour venir en ville. Il reçoit ce
matin le vice-Premier ministre chinois,
qui a demandé à visiter sa Maison européenne des énergies renouvelables:
un ancien hôtel de maître rénové et
dans lequel toutes les nouvelles
formes d’énergies renouvelables et
propres ont été intégrées. Avec un enthousiasme sincère et une légitime
fierté, le prince fait valoir son projet,
capital pour le respect de l’environnement, fidèle en cela à l’engagement
qu’il avait pris dans son discours au
Sénat, dont il est membre de droit depuis ses dix-huit ans, en 1981. Sa dé-
PHOTOS AFP
ENTRE SES OBLIGATIONS
OFFICIELLES, SES
ENGAGEMENTS
HUMANITAIRES ET SON
COMBAT POUR LA CAUSE
ANIMALE, LE FILS CADET DU
ROI DES BELGES MILITE POUR
INSTAURER UNE POLITIQUE
D’ÉNERGIE VERTE. IL EN EST
CONVAINCU : ON PEUT
CONJUGUER PERFORMANCES
ÉCONOMIQUES ET RESPECT
DE L’ENVIRONNEMENT. ET SA
MAISON EUROPÉENNE DES
ÉNERGIES RENOUVELABLES,
AU CŒUR DE BRUXELLES,
EN EST UNE SUPERBE
PREUVE. VISITE PRINCIÈRE.
claration de mai 2000 est restée gravée dans les mémoires, lorsqu’il exposait sa philosophie de vie : résoudre
l’équation des trois « e » (écologie, économie et équité sociale). « À chaque
fois que l’on entreprend un projet, il
faut impérativement concilier les trois
“e“ à valeur égale, pour en assurer la
pérennité dans le temps. Il n’est qu’à
voir, par exemple, le coût écologique
du réchauffement de la planète. » Autant dire qu’il a vivement impressionné
le haut responsable chinois en lui faisant visiter cette maison du troisième
millénaire, où l’énergie est fournie tout
à la fois par la géothermie, l’énergie
solaire, l’électricité photo-voltaïque,
l’énergie de biomasse qui consomme
des pellets et cette « machine révolutionnaire qui recycle toute forme de
calorie émise par le corps humain en
action, purifie l’air, le recycle grâce à
ses capteurs de CO2, et le transforme en
chaleur ou en air froid. » Le résultat est
fascinant : aucun bruit, aucune odeur,
aucune nuisance. « Comme je l’ai ex-
pliqué au vice-Premier ministre chinois, et avant lui aux responsables politiques belges, italiens, luxembourgeois et français qui sont venus, ce
projet sociétal a une réelle rentabilité économique, écologique et
d’équité sociale. »
Au déjeuner qui suit, dans un restaurant italien de ce quartier d’affaires,
devant un plat de pâtes dont il raffole,
le prince fait le point des visiteurs avec
Christine Lins, secrétaire générale de
l’EREC (European Renewable Energy
Council) : « Encore trois cents visiteurs
cette semaine, pour moitié des Belges,
et pour l’autre des étrangers, beaucoup d’anonymes cherchant à optimiser leur consommation d’énergie et au
total trois mille depuis le jour de l’inauguration. Cette maison se veut une vitrine où toutes les formes d’énergies
renouvelables fonctionnent ensemble.» D’autres visites attendent le
prince Laurent l’après-midi. À demimot, on apprend que des villes italiennes ou françaises lui proposent de
développer chez elles son projet qui
consiste à protéger le patrimoine immobilier ancien à haute valeur architecturale et d’y intégrer harmonieusement ces énergies durables de
demain. « Mon bonheur, confie-t-il,
c’est d’avoir créé ce concept, de l’avoir
réalisé en trouvant des financements
et que cela puisse servir la collectivité. » Populaire, le prince Laurent est
un membre très sollicité de la famille
royale. Connu pour son franc-parler et
son contact chaleureux, il est aussi en
Belgique le champion de la cause animale et sa fondation a ouvert de nombreux dispensaires pour y soigner les
animaux des plus démunis. Atypique,
on se souvient qu’il avait choisi le père
Guy Gilbert, dit le « curé des loubards », pour célébrer son mariage
devant la parentèle royale réunie à
Saints-Michel-et-Gudule en 2003. Pour
l’heure, le prince est en passe de gagner son pari : mettre en pratique ses
idées théoriques et les voir couron■
nées de succès.
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