annexe 3
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annexe 3
LA MISE EN SCENE DE LA FIGURE DES OUVRIERS PAR LES IDEOLOGIES SOCIALISTES Partie A : dans l’Allemagne impériale Document 1 : le mouvement syndical A gauche, une gravure sur aluminium qui ornementait une boite pour allumettes (6 x 3.9 cm) et qui honorait le syndicat des maçons (vers 1910). A droite, la bannière du syndicat des maçons (1894). Document 2 : le programme de Gotha du parti social-démocrate allemand, mai 1875 (extraits) Le congrès de Gotha en 1875 voit l’unification des organisations ouvrières qui se réclament du socialisme, qu’elles soient lassaliennes ou marxistes. Il est structuré en trois parties dont voici des extraits : un préambule qui énonce les principes socialistes qui sont les objectifs à long terme de la lutte pour révolutionner l’ordre social puis ses revendications immédiates, dans le cadre légal, en matière politique et sociale : 1 : Les principes socialistes « Le travail est la source de toute richesse et de toute culture, et comme en général le travail productif n'est possible que par la société, son produit intégral appartient à la société, c'est-à-dire à tous les membres de celle-ci, tous devant participer au travail, et cela en vertu d'un droit égal, chacun recevant selon ses besoins raisonnables.(…) L'affranchissement du travail doit être l'oeuvre de la classe ouvrière, en face de laquelle toutes les autres classes ne forment qu'une masse réactionnaire. » 2 : Les revendications immédiates « Le Parti ouvrier socialiste d'Allemagne réclame, pour préparer les voies à la solution de la question sociale, l'établissement de sociétés ouvrières de production avec l'aide de l'État, sous le contrôle démocratique du peuple travailleur. Les sociétés de production doivent être suscitées dans l'industrie et l'agriculture avec une telle ampleur que l'organisation socialiste de l'ensemble du travail en résulte. » 2.1 : En matière politique « Le Parti ouvrier socialiste d'Allemagne réclame comme base de l'État: - Suffrage universel égal (…) - Suppression des lois d'exception, notamment des lois sur la presse, sur les réunions et les coalitions, et en général de toutes les lois restreignant la libre manifestation des opinions, la liberté de la pensée et de l'étude. - Éducation générale et égale du peuple par l'État. (…) La religion déclarée chose privée. » 2.2 : En matière économique et sociale « Le Parti ouvrier socialiste d'Allemagne réclame, sous le régime social actuel : - (…) Droit illimité de coalition. (c'est-à-dire le droit de grève et liberté de former des syndicats) - Journée de travail normale - Interdiction du travail des enfants, ainsi que du travail des femmes, qui porte préjudice à la santé et à la moralité. - Loi de protection de la vie et de la santé des travailleurs. Contrôle sanitaire des logements ouvriers. Surveillance du travail dans les usines, les fabriques et les ateliers, ainsi que du travail à domicile, par des fonctionnaires élus par les ouvriers. - Administration pleinement autonome de toutes les caisses ouvrières d'assistance et de secours mutuel. » LA MISE EN SCENE DE LA FIGURE DES OUVRIERS PAR LES IDEOLOGIES SOCIALISTES Partie B : dans l’Allemagne de la République de Weimar Document 3 : Que Veut la Ligue Spartakiste ? (Novembre 1918) R. Luxemburg Le 9 novembre, en Allemagne, les ouvriers et soldats ont mis en pièces l'ancien régime. Sur les champs de bataille de France s'était dissipée l'illusion sanglante que le sabre prussien régnait en maître sur le monde. La bande de criminels qui avait allumé l'incendie mondial et précipité l'Allemagne dans une mer de sang était arrivée au bout de son latin. Trompé pendant quatre ans le peuple qui, au service de ce Moloch, avait oublié les devoirs qu'impose la civilisation, le sentiment de l'honneur et l'humanité, qui s'était laissé utiliser pour n'importe quelle infamie, ce peuple se réveillait de son sommeil de quatre années - et devant lui béait un gouffre. Le 9 novembre, le prolétariat allemand s'est dressé pour se débarrasser du joug honteux qui l'accablait. Les Hohenzollern furent chassés, des conseils d'ouvriers et de soldats, élus. (…) Du sommet de l'Etat à la plus petite commune, la masse prolétarienne doit substituer aux organes de la domination bourgeoise dont elle a hérité, Bundesrat, parlements, conseils municipaux, ses propres organes de classe : les conseils d'ouvriers et de soldats. Il lui faut occuper tous les postes, contrôler toutes les fonctions, mesurer tous les besoins de l'Etat à l'aune de ses propres intérêts de classe et à l'aune des tâches socialistes. Et ce n'est que par une osmose permanente, vivante, entre les masses populaires et leurs organismes, les conseils d'ouvriers et de soldats, que pourra être insufflé à l'Etat un esprit socialiste. (…) Dernier rejeton de la caste des exploiteurs, la classe capitaliste impérialiste surpasse en brutalité, en cynisme, la bassesse de toutes celles qui l'ont précédée. Elle défendra ce qu'elle a de plus sacré : le profit et le privilège de l'exploitation avec ses dents et ses ongles. Elle emploiera les méthodes sadiques dont elle a fait montre dans toute sa politique coloniale et au cours de la dernière guerre. Contre le prolétariat elle mettra en mouvement le ciel et l'enfer ; (…) Toutes ces résistances, il faudra les briser pas à pas d'une main de fer en faisant preuve d'une énergie sans défaillance Document 4 : affiche de propagande électorale du Parti Communiste Allemand (KPD), 1928 Le SPD est mis en scène à gauche sous l’allure d’un intellectuel qui tient une pancarte « Le socialisme passe par la coalition » ; l’appel à voter communiste est figuré à droite par un ouvrier. LA MISE EN SCENE DE LA FIGURE DES OUVRIERS PAR LES IDEOLOGIES SOCIALISTES Partie C : dans l’Allemagne de la RDA Document 5 : préambule du code du travail Dans la RDA s’est accompli un changement fondamental du caractère du travail. A un travail non libre pour un exploiteur parasite a succédé le travail libre de l’ouvrier pour lui-même et la société (…). Les conquêtes de la science et de la technique permettent l’épanouissement des talents créateurs des travailleurs libérés de leurs chaînes. Dans la communauté de travail socialiste se forme un homme nouveau. (…) En Allemagne s’affrontent deux systèmes sociaux antagonistes, le capitalisme et le socialisme. La mission historique du premier Etat allemand des ouvriers et des paysans est de prouver la supériorité du socialisme pour tout le peuple allemand. Pour cela sont décisives l’augmentation maximum de la productivité du travail, conséquence de la maîtrise de la science et de la technique par la classe ouvrière et l’intelligence, et l’introduction des derniers progrès scientifiques dans la production. L’action de chaque travailleur pour augmenter la productivité du travail profite à lui-même, mais aussi au peuple entier. Elle est également une action politique : elle sert à élever le niveau de vie de la population, mais elle conduit aussi à assurer la paix et à résoudre la question nationale en Allemagne. (cité par La RDA, G. Castellan) Documents 6 : la propagande en faveur de la productivité A gauche, une affiche d’entreprise (1952) : « notre république sera plus forte et plus puissante à travers l’association créatrice du travail et de l’intelligence ». A droite, timbre-poste (1985) célébrant l’anniversaire de « la libération du fascisme » et mettant en scène le mineur « héros du travail » Hennecke qui avait battu un record de production en 1948. CONSIGNE DE TRAVAIL Réfléchissez au lien entre les deux documents qui vous sont proposés pour chacune des périodes : 1- Comment les ouvriers sont-ils mis en scène dans l’image ? 2- Quel rôle et quelle place leur est assigné par les textes « programmatiques » ? 3- Quel lien peut-on établir entre ces deux documents ? S’en dégagent-ils une vision commune ?