Housing first – Où sont les preuves?
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Housing first – Où sont les preuves?
HOUSING FIRST: OÙ SONT LES PREUVES? Jeannette WAEGEMAKERS SCHIFF PhD John ROOK PhD Faculté des sciences sociales, Université de Calgary SÉRIE DE TRAVAUX TRAVAIL no 1 1 Housing first – Où sont les preuves? Jeannette Waegemakers Schiff, PhD et John Rook, PhD ISBN 9781550146196 © 2012 Homeless Hub Press Les droits d’auteur de ce rapport sont protégés par une licence Creative Commons, qui permet aux utilisateurs d’utiliser des citations, de le lier, de le copier, de le transmettre et de le distribuer pour des raisons non commerciales, pourvu qu’ils attribuent les droits aux auteurs et au rapport. Cette licence n’autorise pas les utilisateurs de modifier, de transformer ou de rajouter du matériel au rapport. Vous pouvez trouver de plus amples détails sur cette licence Creative Commons à http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.5/ca/ Canadian Homelessness Comment faire référence Research Networkà ce document : Waegemakers Schiff, Jeannette; Rook, John (2012). Housing first – Où sont les preuves? (Toronto: Homeless Hub). The Homeless Hub (www.homelesshub.ca) est une bibliothèque de recherche et centre de ressources Canadian Homelessness électroniques soutenu par le Réseau canadien de recherches sur l’itinérance. Research Network La Série de travaux du Homeless Hub est une initiative du Canadian Homelessness Research Network (CHRN) visant à souligner les travaux des meilleurs chercheurs canadiens sur l’itinérance. Le but de la Série de travaux est de faire en sorte que les recherches sur l’itinérance et les découvertes sur les politiques pertinentes atteignent de nouveaux auditoires. Les rapports contenus dans la Série de travaux constituent des recherches secondaires, comprenant des sommaires, des collations et/ou des synthèses sur les recherches existantes. Pour de plus amples renseignements, veuillez visiter www.homelesshub.ca. Ce projet a été financé par la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance du gouvernement du Canada. Canadian Homelessness Research Network Canadian Homelessness Research Network This project was funded by the Government of Canada’s Homelessness Partnering Strategy. Table des matières Housing first – Où sont les preuves? 4 Trois programmes fondateurs5 Pratiques factuelles8 Housing first : ce que la littérature révèle 9 Centre d’intérêt des études Housing first : sites uniques, célibataires 11 Études multi-sites12 Fiabilité scientifique des études quantitatives 13 Les études qualitatives14 Le contexte canadien15 Quelles sont les preuves?15 Conclusions16 Annexe 1 : Modèle logique national Housing first19 Annexe 2 : Modèle logique Housing first20 Annexe 323 Annexe 4 : Articles de recherche académique couverts dans la présente revue 24 Références26 Housing first – Où sont les preuves? Malgré les nouvelles initiatives fédérales et provinciales d’aide au logement qui ont été entreprises au cours des dix dernières années, le nombre de personnes sans abri a continué d’augmenter. Parallèlement à cette croissance, un nombre considérable de sous-populations a émergé : familles avec enfants, personnes atteintes de maladies mentales, personnes aux prises avec des problèmes de toxicomanie, immigrants et réfugiés, jeunes et personnes âgées. La théorie selon laquelle la plupart des sans-abri sont sans domicile en raison de déficits de compétences fonctionnelles est née d’impressions historiques voulant que les vagabonds de la grande dépression étaient tous alcooliques, et que ceux qui sont apparus plus tard étaient issus du mouvement de désinstitutionalisation des maladies mentales des années 60 et 70. Le transfert soutenu aux traitements communautaires a vu beaucoup de personnes dont les soins dépendaient des autres libérées dans la communauté sans l’appui du soutien financier et des soutiens connexes nécessaires à la stabilité du logement (Metraux, et al., 2010). En raison de la grande prévalence de maladies mentales et de consommation d’alcool et d’autres drogues parmi la population des sans-abri (parfois une raison de l’itinérance, mais souvent un résultat de la vie dans la rue), depuis les vingt cinq dernières années, dans la plupart des cas, les programmes pour les sansabri se sont inspirés des programmes de relogement utilisés pour ceux troublés par des maladies mentales et des problèmes de toxicomanie. Les résultats ont été une approche de «traitement avant le logement» sur toute la gamme des prestataires de services pour les sans-abri. En d’autres termes, les gens doivent résoudre leurs problèmes de santé mentale ou de toxicomanie avant qu’ils soient prêts pour un logement. Au cours des dix dernières années, une transformation radicale s’est faite au niveau des comportements et des pratiques qui guidaient les programmes de logement fournissant des logements d’urgence et à long terme aux sans-abri. Ce tournant provient de modèles linéaires ou par étapes regroupant soit le logement avec le traitement, soit exigeant un traitement avant l’obtention d’un logement permanent (Treatment Continuum – TC) (Padgett, et al., 2006), soit en accordant la priorité au logement sans attentes de traitement (Brown, 2005). Cette dernière approche a été intitulée housing first (HF) et a été rapidement adoptée par les communautés dans le cadre de plans de 10 ans visant à mettre fin à l’itinérance au Canada et aux É.-U. (par exemple à Calgary, Toronto, Minneapolis, San Diego et New York), et par des prestataires de soins de santé mentale à la recherche de logements stables pour leurs clients (Newman & Goldman, 2008). Appuyé par des preuves scientifiques (Atherton & McNaughton Nicholls, 2008), et rendu de plus en plus populaire par la presse et les autorités du logement mettant sur pied des «plans de 10 ans» visant à éliminer l’itinérance, housing first s’est avérée être une approche de plus en plus prisée pour affronter l’itinérance. (L’approche HF a été adoptée par tous les niveaux gouvernementaux au Canada, comme l’ont démontré l’initiative 4 Housing first : Où sont les preuves? Streets to Homes à Toronto et des initiatives de logement à Calgary.) Cependant, malgré la rapide mise en pratique de cette approche, il manque les preuves de «meilleures pratiques» qui appuieraient cette initiative. Une «meilleure pratique» est habituellement reconnue comme une technique ou une intervention qui a fait ses preuves auprès de la plupart des gens et présente le moins de potentiel de résultats inverses. Puisqu’il existait certaines preuves, bien que non concluantes, que HF fonctionnait auprès de ceux qui étaient atteints de maladies mentales et de maladies mentales co-occurrentes, la Commission de la santé mentale du Canada (Commission de la santé mentale du Canada, 2010), a lancé une étude multi-site importante sur HF dans cinq villes canadiennes, intitulée le projet At Home/ Chez Soi. Ce projet examine l’approche HP dans divers contextes politiques et avec différentes populations cibles, incluant ainsi les dimensions pluriculturelles essentielles à l’adoption de cette approche par le Canada. Bien que les premiers résultats soient encourageants, des réponses concluantes ne seront pas disponibles avant plusieurs années. Entre-temps, l’adoption de l’approche HF prend rapidement de l’ampleur. La mise en œuvre rapide d’une nouvelle initiative est souvent empreinte de problèmes de fidélité quand à la reproduction du programme pilote dans d’autres emplacements (McGrew, et al., 1994). Notre recherche a permis de découvrir trois programmes fondateurs pouvant être considérés comme des modèles de housing first. En raison de leurs différences, nous commencerons cette étude par une brève description de chacun d’entre eux puis nous porterons notre attention sur la base de preuves à l’appui de housing first telle qu’elle a été rapportée par la littérature académique. Étant donné qu’il existe peu de documentation sur cette approche, nous approfondirons l’étude de housing first en passant en revue les documents et rapports gouvernementaux qui procurent un aperçu de son évolution et de son acceptation actuelle par le public. Enfin, nous examinerons de façon critique les suppositions et les écarts présents dans la littérature qui nécessitent davantage de données fondées sur des preuves. Trois programmes fondateurs II est généralement admis que housing first a tout d’abord été conçu en tant qu’approche destinée à loger rapidement les individus touchés de problèmes mentaux et les toxicomanes desservis par le programme Pathways to Housing de la ville de New York (Tsemberis & Elfenbein, 1999; McNaughton Nicholls & Atherton, 2011). Lancé en 1992, le modèle de Pathways to Housing a brillamment réussi à loger et à préserver le logement d’individus à diagnostique mixte dotés d’antécédents d’itinérance (Tsemberis, et al., 2004b). Bien avant cela, en 1977, l’organisme communautaire Houselink (Adair et al., 2007; Houselink, 2011b) avait fondé un programme de logement pour les personnes libérées des instituts psychiatriques de Toronto. Ce programme est toujours en vigueur et considère que le logement est un droit, et que les individus ont le droit de participer au fonctionnement de l’organisme à titre de partenaires. Cela est le premier cas, à notre connaissance, où les individus ayant expérimenté une désinstitutionalisation peuvent revendiquer le logement tel un droit. Houselink préconise le logement sans exigences de traitement depuis plus de 30 ans. Le terme housing first tire ses origines d’un autre programme très réussi nommé Beyond Shelter, et qui a été lancé en 1988 à Los Angeles. Ce denier a inventé le terme housing first dans le cadre d’un programme conçu pour reloger des familles sans abri en minimisant l’emploi de refuges et de logements transitoires afin de placer les familles rapidement dans des logements permanents. Bien qu’elles utilisaient la même terminologie, ces trois agences ne voyaient pas housing first de la même façon. Les programmes Houselink et Pathways to Housing sont issus exclusivement des domaines des services de santé mentale et des troubles concomitants. Nous allons commencer par le plus ancien, à Toronto. Houselink (Houselink, 2011a) a procuré une variété d’options de logement à ceux dotés d’antécédents de maladie mentale, avec ou sans problèmes de toxicomanie, au sein d’une variété de contextes : appartements dispersés, immeubles d’habitation appartenant à des agences et soins collectifs à niveaux d’intensité variés. Tous les occupants sont protégés par le Landlord and Tenant Act de l’Ontario. Il n’y a pas d’exigence d’observation de traitement (santé mentale) ou d’abstinence (alcool ou autres drogues). Houselink adhère à une philosophie de programme orientée vers la guérison, et de ce fait, les services de soutien sont fournis par consentement mutuel. Cependant, il n’y a pas d’équipe communautaire de traitement actif qui fournirait un service 24 heures sur 24 (Carpinello, et al., 2002). Contrairement aux programmes offerts en Californie et à New York, Houselink fournit toute une gamme de soutiens et de services sociaux et de réhabilitation à tous les locataires. Le logement est disponible tant pour les individus seuls que les couples et les familles avec des enfants à charge. Le programme accueille également des membres qui ne sont pas locataires. Enfin, il offre des possibilités d’emploi aux membres de l’organisme. Dans ce contexte, sa philosophie organisationnelle s’aligne plutôt avec les principes opérationnels du International Center for Clubhouse Development (ICCD, 2012), qui se concentre sur la guérison et encourage ses membres a participer aux activités organisationnelles en tant que collègues. Les modèles de programme housing first de New York et de Toronto fournissent une variété de services de soutien aux personnes présentant des antécédents de troubles mentaux, et ne refusent pas les individus qui ont été impliqués dans le système judiciaire criminel. À Toronto, le système d’admission unifié mis sur pied récemment (2009) est destiné à fournir un logement aux personnes présentant des antécédents de maladie mentale et offre dorénavant un processus d’admission centralisé, et les individus qui recherchent un logement par l’intermédiaire du programme Houselink doivent préciser leurs préférences, puisqu’ils ne peuvent pas faire une demande directement auprès de l’organisme. Contrairement à Pathways to Housing, qui fournit un hébergement individuel, Houselink possède la plupart de ses unités et offre des unités uniques ou partagées. Ce sont les unités partagées qui deviennent le plus souvent disponibles, celles-ci étant moins aimées par les occupants (Nelson, et al., 2003). D’un côté, le modèle Pathways to Housing est limité par le nombre de bons d’aide au logement alloués, et de l’autre, le modèle Houselink est limité par la disponibilité des unités dans l’organisme. Parmi ces trois organismes, Houselink est le seul à soulever l’importance dorénavant largement acceptée, de la communauté, de la culture, de la participation et du regain des clients dans ses principes organisationnels. À Pathways to Housing (New York), les locataires potentiels (tels qu’ils y sont nommés) sont identifiés par deux cheminements d’admission : premièrement, par des travailleurs du programme de relations communautaires qui approchent ceux qui vivent à la rue, et deuxièmement, par le personnel hospitalier s’acquittant des clients sortants, qui recherchent un hébergement rapide pour les individus à troubles concomitants qui vont sortir de l’hôpital (D. Padgett et al., 2006). On discute d’un logement individualisé avec le client potentiel et une fois un accord conclu, on lui montre l’hébergement disponible; en général un appartement type studio ou d’une chambre dans un lieu qui lui est acceptable, dans des endroits dispersés. Pendant cette phase de négociation, le locataire potentiel demeure soit sans domicile ou sans refuge, soit dans un hôpital ou un refuge municipal. 5 Lorsque les subventions (en général un coupon de la section 8 qui fait office d’allocation logement pour le propriétaire) sont sécurisées, on entame la procédure d’obtention de meubles de base et d’équipement ménager, ainsi que la création d’un plan d’emménagement. Bien que les individus ne soient pas tenus d’être propres et sobres, ou de suivre un traitement de santé mentale, les locataires doivent respecter deux conditions. L’agence assume le rôle de représentante du preneur afin que le loyer et les charges soient payés avant qu’une personne ne reçoive sa subvention de subsistance mensuelle. L’agence exige également que les locataires acceptent d’être contactés par un membre de l’équipe du traitement communautaire actif (ACT) de l’organisme selon un calendrier fixe. L’intervention de l’équipe ACT, disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, est nécessaire afin de veiller à ce que les locataires ne deviennent pas totalement isolés, décompensés (incapacité de maintenir les mécanismes de défense en réaction aux facteurs de stress) au point de devoir être hospitalisés, destructifs au point de risquer de perdre le logement locatif, et ne se retrouvent sans personnesressources afin d’obtenir des soutiens supplémentaires. L’équipe ACT a également pour but d’encourager discrètement ceux qui voudraient entreprendre ou poursuivre un traitement de santé mentale et/ou de toxicomanie. En cas d’échec en ce qui concerne le logement (perte), le travailleur de soutien continuera de s’occuper du client afin de lui obtenir un autre logement au plus tôt. Il n’y a pas de limite de temps pour les services de soutien fournis par l’équipe ACT, et toute décharge ne se fera donc qu’à l’initiative du client ou du membre. Seuls les hommes ou les femmes célibataires sont hébergés et Pathways to Housing n’offre pas de programmes ou de logements destinés aux couples ou aux familles. L’organisme Beyond Shelter (Beyond Shelter, 2011) de Los Angeles, qui a lancé le terme «housing first», aborde le problème du logement quelque peu différemment et ce, sans doute parce que sa population-cible, les familles sans-abri avec des enfants à charge, a immédiatement besoin d’un logement et ne peut pas être abandonnée à des conditions difficiles à la rue ou séquestrée dans des hôpitaux. De ce fait, le programme fournit (Annexe 3) un hébergement immédiat dans un refuge d’urgence familial, tout en recherchant activement un placement approprié pour que les familles puissent être logées définitivement le plus rapidement possible (relogement rapide). Le logement peut être disponible sous plusieurs formes : appartements dispersés et immeubles à plusieurs appartements, avec différents types d’arrangements entre propriétaire et locataire et de subventions au loyer. Un plan de services est élaboré et des services de soutien sont fournis pendant une durée de six à douze mois. Les besoins en logement et les préférences sont pris en considération et il n’est pas indiqué 6 Housing first : Où sont les preuves? si la sobriété est une condition préalable. Les services peuvent être fournis à l’interne ou à l’externe, selon les circonstances. Par conséquent l’intervention active post-logement de ce modèle a un délai fixe. Cependant, vu la nature de la clientèle desservie, on s’attend à ce qu’il y ait moins de familles touchées par les déficiences fonctionnelles qui accablent les personnes atteintes de maladies mentales graves ou de problèmes de toxicomanie. Ce modèle a connu un succès considérable dans le cadre du logement des familles et a été reconnu par l’Organisation des Nations Unies comme l’une des «100 meilleures pratiques internationales» de relogement et du rétablissement. Une copie de ce modèle a été mise en œuvre par le programme Peel Family Shelter, une initiative spéciale de l’Armée du Salut à Mississauga, Ontario, en 2002. Fig.1 Peel Family Shelter Les services offerts par le Peel Family Shelter comprennent : la gestion de cas pour parents et enfants, de l’aide dans l’obtention d’un logement et d’un emploi, une halte-garderie pour enfants, des programmes pour enfants et jeunes, des classes d’aptitudes à la vie quotidienne, un soutien spirituel et un accès constant aux ressources communautaires. Un bureau du programme Ontario au travail (aide sociale) est disponible sur place afin d’appuyer les familles en ce qui concerne leurs besoins financiers. L’équipe du personnel consiste en agents de traitement des cas, agents de ressources, intervenants de première ligne, coordonnateur de cuisine, travailleurs auprès des enfants et des jeunes, travailleurs en éducation de la petite enfance et cadres. Les bénévoles, les étudiants et les groupes communautaires continuent à donner un coup de main dans une multitude de tâches. Tout comme son homologue californien, ce refuge a pour but de fournir une évaluation complète des besoins, l’accès aux services d’aide et un logement permanent. À Los Angeles, ce procédé peut prendre entre un et six mois. À Mississauga, le but est de procurer un logement permanent dans les trente jours. Par la suite, un soutien constant est offert pendant au moins un an et les bénéficiaires de ces services sont invités à se présenter au refuge pour y recevoir des soutiens supplémentaires. Il existe des rapports sur d’autres organismes canadiens qui possèdent des éléments semblables à ceux de l’approche housing first, tel que le Phoenix Program à Regina et Streets to Homes à Toronto. Cependant, aucun de ces organismes n’a fait l’objet d’une étude de recherche. La carte ci-dessous montre les emplacements dispersés et les dates de fondation des trois agences fondées à l’origine selon les principes de HF. À en juger les distances entre les emplacements, il est possible que les programmes individuels n’aient pas été pas au courant de leur existence réciproque, mais que chacun d’entre eux a dû faire face à une recrudescence des problèmes importants pour les clients : l’habilitation, le droit à l’autodétermination, la guérison (santé mentale et toxicomanies) et le droit de choisir son propre style de vie et son lieu de domicile, dans la mesure du possible. La prolifération des trois modèles de programmes avait aussi été affectée par les styles de gestion adoptés au sein de chaque organisme et par la conjoncture politique qui privilégiait la recherche sur le logement (en rapport avec les individus atteints de maladies mentales ou de troubles concomitants). Le financement de la recherche aux É.-U. avait aussi tendance à privilégier les questions de santé mentale, alors qu’au Canada, la santé mentale et les programmes de logement ne bénéficiaient que de peu de subventions. Par conséquent, il est plus probable que les données soutenant les programmes proviennent de la communauté des prestataires de services de santé mentale et de toxicomanie à New York. Houselink, Toronto 1976 Beyond Shelter, Los Angeles 1988 Pathways, ville de New York 1992 Fig.2 Emplacement et date de fondation des programmes originaux Housing first Normes de fidélité au programme Les trois programmes sont unis par certaines directives de base. On n’exige aucune préparation particulière au logement (bien que les locataires ne puissent pas présenter des troubles psychiatriques qui les empêcheraient de vivre indépendamment). L’emplacement et le type d’habitation sont le choix du client mais dépend de la disponibilité locale (et de l’abordabilité). Les services de soutien, allant de la gestion de cas au traitement communautaire intensif, sont disponibles pour tous, sans être obligatoires. On n’exige pas la sobriété absolue, mais l’on prône une approche de réduction des dommages. Ce qui signifie que les locataires ne perdront pas leur logement à cause d’une toxicomanie. De plus, Houselink insiste sur l’existence d’une communauté de soutien composée de locataires, qui comprend des familles avec des enfants à charge ainsi que des couples. Houselink et Beyond Shelter hébergent tous deux des personnes dans un éventail d’habitations, y compris des immeubles d’habitation attitrés et des unités de logement dispersées, appartenant et étant dirigées par les agences, ainsi que sous contrat auprès de propriétaires privés. Pathways to Housing procède uniquement selon une approche d’appartements dispersés pour locataires uniques et ne possède aucun de ses logements. Les deux autres programmes fondateurs utilisent une variété d’options de logement, y compris être propriétaire de certains de leurs logements. Pathways to Housing est le seul des trois programmes fondateurs à avoir travaillé avec des enquêteurs pour définir des normes de programmes spécifiques à l’unicité de son programme (Tsemberis, 2011). Au courant de travaux préliminaires, ces normes ont été identifiées comme suit : «pas d’exigences de préparation au logement, des services individualisés, une approche basée sur la réduction des dommages, les participants choisissent le type, la fréquence et la séquence des services, et des logements dispersés et autrement disponibles à des personnes sans handicaps» (ibid). Puisque les deux autres agences pionnières ont utilisé une variété d’options de logement, nous nous demandons si le modèle d’habitations dispersées est essentiel à une approche housing first ou si cela ne devrait être qu’une des options. Nous notons aussi que la philosophie appuyant les communautés intentionnelles adoptée par Houselink peut être un élément important pour un environnement de soutien à l’intention des personnes aux prises avec des handicaps. Dans le cadre de la recherche de pratiques factuelles contemplé ci-dessous, nous remarquons que la loyauté aux principes de housing first n’a pas été articulée de façon explicite et que cela a une incidence sur la généralisabilité de tous les résultats. 7 Pratiques factuelles Étant donné la surabondance d’informations disponibles, dont une variété d’études de recherche (quantitatives et qualitatives, évaluatives et de rentabilité), il existe un besoin urgent d’établir un classement de la validité, fiabilité et généralisabilité des résultats concernant les différents groupes d’individus et de contextes. En matière de validation, les résultats doivent être reproduits avec une cohorte de personnes au moins similaire, mais par une équipe de recherche différente (indépendante). Des études régies par des normes scientifiques des plus rigoureuses sont les caractéristiques qui déterminent la validité des «meilleures pratiques». Cette procédure permet aux prestataires de services de déterminer l’effectivité et l’efficacité des nouvelles interventions. Cela permet également d’identifier les groupes pour lesquels ces interventions ne sont pas efficaces ou peuvent occasionner des dommages supplémentaires. Les drogues psychotropiques sont un excellent exemple de cas où la spécificité de l’effet est déterminée par l’âge et, dans de nombreux cas, limitée à certains groupes d’âge (par exemple, non indiqués pour les enfants ou les adolescents). Shumway et Sentell (2004) ont fourni une description succincte des pratiques factuelles utilisées dans le domaine de la science du comportement. Il existe... des normes objectives pour mesurer la rigueur scientifique de recherche et la qualité des preuves résultantes pour l’effectivité et l’efficacité des interventions. Une variété de systèmes hiérarchiques existent pour évaluer la qualité des preuves. Dans les recherches sur l’effectivité et l’efficacité, des essais importants, randomisés et strictement contrôlés, fournissent des preuves de qualité supérieure, suivis d’essais plus réduits randomisés, des comparaisons de groupes non-randomisées, des études d’observation systématiques et des études d’observation non systématiques. En général, des plans de recherche Fig.2 Pyramide de la puissance et de la fiabilité des informations publiées qui minimalisent les biais et maximalisent la généralisabilité fournissent des preuves de la plus haute qualité. Des études sur l’effectivité insistent aussi sur l’importance des cadres de pratiques de routine. Les preuves issues d’études qui reflètent les caractéristiques des pratiques, telles dans les cadres de soins supervisés de secteur public et gérés, seront plus convaincants que des études émanant de cadres de recherches purement académiques. Les preuves d’effectivité de traitement dans diverses populations de clientèles, reflétant l’hétérogénéité de l’âge, du genre, de la culture, de la classe sociale, du diagnostique psychiatrique et de l’état de santé, augmentent la pertinence et la généralisabilité des preuves publiées. (p650) Une pyramide, qui est souvent utilisée pour classer les études et les rapports dans les domaines des sciences médicales et de la science du comportement, comprend toutes les informations issues des études expérimentales, allant des études sur les animaux aux études systématiques de la littérature. En sciences sociales et du comportement, les études sur les animaux ne sont pas habituellement inclues dans cette pyramide et se concentrent plutôt sur les étapes séquentielles entre les idées et les opinions, et les études randomisées et contrôlées qui utilisent des sujets humains. Des études à double insu ne sont pas possibles dans le cadre des interventions psychosociales, car il n’y a pas de façon pratique de dissimuler ceux qui sont dans des groupes de traitements placébos et cliniques aux yeux des individus qui fournissent les interventions. Aux fins de cette étude de pratique factuelle nous avons examiné tous les articles de la littérature grise (gouvernementale et des instituts de la recherche) et universitaire. En raison de la rareté de la documentation, nous n’avons rien classé selon le prestige du journal dans lequel cette étude a été publiée. La pyramide suivante découpe le nombre de chaque type d’étude publiée dans cette revue. Revue Cochrane 0 Études randomisées, contrôlées et à double insu N/A Études randomisées et contrôlées 2 Études par observation : nouvelles données 16 Études par observation : données rétrospectives 16 Études qualitatives 8 / Descriptions de programme 4 Études de cas individuels 0 Politiques, opinions, idées, éditoriaux 9 8 Housing first : Où sont les preuves? Les chiffres indiquent le nombre d’articles trouvés dans cette analyse documentaire sur HF. Remarque : certaines études ont utilisé des données nouvelles et rétrospectives. Housing first : ce que la littérature révèle Bien qu’il existe trois modèles de programmes différents, chacun doté de caractéristiques uniques, ils partagent néanmoins tous la philosophie commune de fournir un logement sans exigences de traitement ou d’abstinence. Tous adhèrent à un modèle de préférences du client, dans la mesure du possible en matière de logistique et de financement. La stabilisation et le retour et l’intégration à la communauté sont importants, et les programmes qui desservent les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale ont habituellement accordé à leurs locataires des postes au sein de leur personnel lorsque cela est possible. Aucun de ces programmes est basé sur un programme de logement administré par des pairs. Les trois programmes ont entrepris des évaluations des résultats et du rendement afin de documenter leur bon fonctionnement. Malgré de longs antécédents de logement axés sur la clientèle de ces trois agences, la plus jeune des trois, Pathways to Housing, est la seule qui a entrepris des recherches pour documenter son efficacité au moyen d’un modèle de recherche pluriannuel assigné arbitrairement – une norme d’excellence des meilleures pratiques dans un domaine où une enquête ultime, soit une étude à double insu, n’est pas faisable. La littérature sur les sans-abri et le logement est devenue ample et universelle, et les contributions ont connu une croissance considérable au cours des dix dernières années. Afin de limiter cette recherche aux éléments portant sur une stratégie de logement ou de relogement qui répondrait à des besoins immédiats plutôt qu’au traitement préalable au logement, la stratégie de recherche a débuté par la désignation du terme housing first et a été élargie pour inclure le terme «relogement rapide». Des descripteurs supplémentaires sont ressortis des sous-groupes de sans-abri les plus généralement acceptés; par âge : jeunes, adultes, personnes âgées; par descripteurs démographiques : familles, personnes autochtones, immigrants et réfugiés; et par troubles psycho-sociaux et de comportement : santé mentale, toxicomanies et violence domestique. Nous avons connu une prolifération d’information et de débats sur le logement des itinérants au cours de la dernière décennie. Un coup d’oeil rapide sur toutes les citations concernant housing first et les sans-abri (et l’itinérance), y compris les revues et les journaux, a produit 1 701 978 résultats entre 2000 et 2011. Lorsque la recherche avait été réduite aux familles sans abri, le nombre a chuté à 1 648. Une recherche sur les articles employant le terme «relogement rapide» a rapporté 684 citations, dont un grand nombre décrivait des initiatives locales élaborées au cours des trois dernières années. Ces chiffres reflètent l’énorme intérêt public manifesté envers l’enjeu de l’itinérance et du relogement, mais ne reflètent pas de preuves appuyant des programmes efficaces de meilleures pratiques et d’interventions. Lorsque nous avons limité la recherche sur des articles de littérature universitaire, un tout autre tableau s’est offert à nous. Une recherche exhaustive sur la littérature universitaire et grise, y compris les documents gouvernementaux et ceux d’organismes dont la mission est de travailler avec les personnes sans abri, a découvert 121 références non reproduites. Les termes «sansabri», «housing first» et «relogement rapide», en association avec un ou plusieurs des termes suivants : personnes atteintes de maladies mentales, toxicomanes, toxicomanie, familles, jeunes et justice/justice criminelle ont été recherchés dans les bases de données suivantes : PsycINFO, Social Work Abstracts, Abstracts in Social Gerontology, AARP Ageline Social Services Abstracts, Sociological Abstracts, SocINDEX, Medline, abrégés d’études familiales, Family & Society Studies Worldwide et Google Scholar. Parmi toutes ces citations, 84 provenaient de la littérature grise et universitaire (rapports gouvernementaux) et, de plus, il y avait de nombreux articles de revues et de journaux (Eggerston, 2007; Burke, 2011; Fitzpatrick, 2004) ainsi que plusieurs sites web sur les habitations à logements multiples qui proposaient des approches housing first (National Alliance to End Homelessness, 2011; United States Interagency Council on Homelessness, 2006; United States Department of Housing and Urban Development, 2011). En étudiant seulement des revues spécialisées qui traitaient du relogement et d’approches housing first, on a pu réduire l’étendue de la recherche à 66 articles. Parmi ces derniers, 6 traitaient de politique de logement, et les 60 autres provenaient des domaines de la santé, de la santé mentale et comportementale, de la psychologie et de la santé publique. Les thèmes centraux qui sont ressortis de ce groupe incluaient la stabilité du logement, la satisfaction, le choix opposé à la contrainte, les changements de santé mentale et physique, les questions de sobriété, la diminution de la consommation d’alcool et d’autres drogues et la réduction des dommages, le rapport coût-efficacité, et la qualité de vie. Malgré le fait qu’une approche HF considère le logement avant le traitement, tous les articles étudiés comprennent une concentration sur ce qui est considéré être les conséquences du traitement : réduction des 9 symptômes de santé mentale, hospitalisations, réduction de l’abus d’alcool et autres drogues, et réduction des dommages. On se pose donc les questions suivantes : les programmes HF séparent-ils effectivement le logement et le traitement, ou le public de ces études s’attend-il à des résultats de santé mentale améliorés dans tous les programmes de logement? Parmi ces revues, neuf ont examiné les politiques de logement selon l’approche housing first, en incluant typiquement le modèle Pathways to Housing en tant que tremplin pour établir un contraste et davantage de débats. Dans ces neuf revues liées à la politique, quatre se concentraient spécifiquement sur des changements de politique afin de passer d’un modèle d’intégration communautaire donnant la priorité au traitement à un format de logement immédiat et de services de soutien additionnels (Robbins & Monahan, 2009; van Wormer & van Wormer, 2009; Tsemberis & Elfenbein, 1999; Crane, Warnes & Fu, 2006). Deux articles ont examiné les approches britanniques et canadiennes (Toronto) (Falvo, 2009; McNaughton Nicholls & Atherton, 2011), et un autre a préconisé une transition des initiatives motivées par des pouvoirs politiques vers une initiative atténuée par des preuves scientifiques (Stanhope & Dunn, 2011). Le rapport coût-efficacité d’une approche HF est mentionné dans bon nombre de ces recherches et rapports sur les politiques. Une analyse spécifique des coûts relatifs comparés à une approche d’ensemble de soins est explorée par le programme Pathways to Housing (Gulcur, et al., 2003; Tsemberis et al., 2004b) ainsi que par le programme REACH à San Diego, qui examine le rapport coûtefficacité d’une approche housing first utilisant des «partenariats de services complets de logement et de soutien» (Gilmer, et al., 2010; Gilmer, et al., 2009). Ces rapports montrent clairement que l’approche HF entraîne une économie des coûts (mais pas nécessairement élevée). L’analyse des coûts de Gulcur et al., (2003) de Pathways to Housing comparativement au traitement ordinaire montre une différence positive substantielle en faveur du modèle HF. Toutefois, cette analyse des coûts était élémentaire en ce qu’elle avait omis d’examiner les coûts des traitements multiples et les coûts sociétaux qu’entraînent le logement ou l’itinérance (groupes de contrôle et expérimentaux). Par conséquent, la documentation sur le rapport coût-efficacité ne montre actuellement pas de coûts supplémentaires importants associés à l’utilisation accrue d’équipes d’enveloppement ou de services ACT dans le cadre d’une approche HF. Les économies à long-terme perçues dans les secteurs des services multiples, dont la santé, le logement et les systèmes judiciaires, n’ont pas été analysées systématiquement. 10 Housing first : Où sont les preuves? Sur le plan international, le gouvernement australien s’avance vers l’adoption d’une philosophie housing first (Johnson, 2011), mais jusqu’à présent, il n’y a pas de résultats de recherches qui examinent ceci dans le contexte de ce climat politique. L’Observatoire européen sur le sans-abrisme (Feantsa) a examiné housing first en tant que stratégie au sein d’une variété de contextes nationaux (Atherton & McNaughton Nicholls, 2008), mais n’a également pas su produire de résultats de recherche quantitatifs (McNaughton Nicholls & Atherton, 2011). Un rapport provenant de la Finlande (Tainio & Fredriksson, 2009) documente l’introduction d’une approche housing first, mais signale que les preuves d’applicabilité dans tous les soussecteurs de la population itinérante ne sont pas établies. Ainsi, la source de données principale sur l’efficacité et l’effectivité d’une approche HF a été présentée par des chercheurs américains, principalement dans des grandes villes américaines (zones urbaines). La majorité des ces études quantitatives américaines se sont fondées sur les données du programme de recherche Pathways to Housing de la ville de New York (11 sur 17), ou sur des études multi-sites qui comprenaient le programme Pathways to Housing (3 supplémentaires). La littérature qualitative a été reconnue comme étant une des composantes majeures dans le développement de la compréhension des complexités d’une intervention psychosociale telle le logement. Par conséquent, les huit études qui examinent le logement dans le contexte de l’expérience vécue, en font ainsi en considérant les préférences des récipiendaires de services et celles des prestataires (Burlingham, et al., 2010; Schiff & Waegemakers Schiff, 2010). Ces rapports offrent également un aperçu sur la question de la fidélité au Assertive Community Treatment program, une base du modèle HF (Matejkowski & Draine, 2009; Neumiller et al., 2009), HF en tant qu’approche pour les personnes souffrant de problèmes primaires d’abus de substances psychoactives (Padgett, et al., 2011; Padgett et al., 2006), les réactions des prestataires (Henwood, et al., 2011) et les meilleures pratiques (McGraw et al., 2010). Le tableau suivant catégorise la littérature sur HF par intérêt principal. Certains articles se penchent sur plus d’une question ou population, et les totaux ne correspondent donc pas aux 35 articles qui ont été étudiés. Les articles choisis ont été classés comme suit : TABLE 1 Caractéristiques principales des études de housing first Nombre d’études Études basées sur les données de Pathways to Housing Études quantitatives de HF 17 11 (3 multi-sites) Études qualitatives 8 4 (1 multi-sites) Descriptions du programme 4 3 Résultats du programme 15 11 Revue des politiques 4 N/A Résultats en matière de santé 6 Études de coût-efficacité 7 Type d’étude Population étudiée • Malades mentaux / handicapés psychiatriques • Diagnostiques mixtes • Toxicomanes • Population mixte • Malades physiques / handicapés • Femmes • Fournisseurs • Adultes célibataires 2 22 5 3 4 3 2 2 29 Centre d’intérêt des études Housing first : sites uniques, célibataires Toutes les études HF présentes dans la littérature se concentrent sur les célibataires, la majorité d’entre eux étant identifiée comme atteints d’une maladie mentale, d’une maladie mentale sérieuse, avec (deux affections) ou sans problème d’abus d’alcool ou d’autres drogues. Toutes ces études proviennent de prestataires de services de grandes villes aux É.-U. Aucune étude ne se penchait sur les problèmes de la diversité ou de l’ethnicité, et une seule examinait les problèmes des personnes autochtones (Schiff & Waegemakers Schiff, 2010). Au Canada, et ailleurs, on considère que le secteur de l’itinérance consiste en un certain nombre de sous-groupes : les jeunes, les familles, les personnes âgées, les autochtones, les immigrants et les réfugiés, ceux aux prises avec des maladies mentales avec ou sans problème d’abus d’alcool ou d’autres drogues, et les toxicomanes. À l’heure actuelle, aucun compte-rendu de recherche ne s’est penché sur ces groupes, ou sur la pertinence de HF pour ces groupes. Au sein d’un contexte canadien, l’acceptabilité et l’accessibilité d’un logement culturellement et ethniquement convenable, de même qu’approprié pour les familles, les jeunes et les personnes âgées, est de la plus haute importance (Waegemakers Schiff, et al., 2010). La Commission de la santé mentale du Canada a réalisé une étude des programmes HF dans plusieurs villes desservant des malades mentaux et des personnes à diagnostic mixte (Commission de la santé mentale du Canada, 2010) qui tiennent compte de l’ethnicité, de l’âge et d’autres caractéristiques marquantes. Cependant, les résultats de ce projet seront publiés dans plusieurs années. Dans l’intérim, la seule étude qui examine HF sous un contexte canadien a été préparée pour le programme Streets to Homes (S2H) à Toronto (Falvo, 2009). Le rapport de S2H se base sur des entrevues avec des informateurs clés et sur des données d’enregistrement post programme pour appuyer les déclarations de succès du programme. Sans statistiques à l’appui, cette information tombe dans le domaine de «l’avis professionnel» au lieu d’être une solide étude quantitative. 11 Études multi-sites Les études multi-sites ont l’avantage de permettre la comparaison entre différents paysages géographiques et politiques et de discerner si des caractéristiques essentielles d’un programme peuvent être facilement transportées. Toutefois, elles posent un défi, répondant aux normes de la rigueur scientifique dans plusieurs unités de services, assujetties parfois aux règles opérationnelles variées mises au point par l’état, la province et les autorités locales. Les quatre études multi-sites incluant HF à titre d’intervention proviennent toutes d’un collectif et examinent différents aspects des résultats. Par conséquent, il leur manque l’autonomie réelle des données qui permettrait une solide comparaison de ces études. Dans le cadre de l’étude Collaborative Initiative to End Chronic Homelessness (CICH), onze communautés ont été choisies par le U.S. Departments of Housing and Urban Development, Health and Human Services et Veterans Affairs pour fournir un logement, des soins de santé mentale et des soins de santé primaires de façon collaborative aux personnes considérées comme étant des sans-abri chroniques. La CICH comprend Chattanooga, Tennessee; Chicago, Illinois; Columbus, Ohio; Denver, Colorado, Fort Lauderdale, Florida; Los Angeles, Martinez et San Francisco, Californie; ville de New York, New York; Philadelphie, Pennsylvanie; et Portland, Oregon (Tsai, et al., 2010). Certaines de ces communautés emploient HF, mais la nomment Independent housing first (IHF) dans cet écrit, tandis que d’autres fournissent des «residential/transitional treatment first» (traitement résidentiel/transitoire d’abord). Les détails de ces plans varient selon les communautés (Mares & Rosenheck, 2009), mais chaque plan comprend des stratégies pour fournir des logements permanents, alliant des soutiens exhaustifs à un logement, augmentant ainsi l’utilisation des services tout public, intégrant le système et les services, et assurant la viabilité de ces efforts (Tsai et al., 2010). Dans les rapports multi-sites produits par la CICH, trois études quantitatives et une étude qualitative examinent HF et le logement supervisé et citent Pathways to Housing parmi les sites participants. La CICH fournit les fonds nécessaires pour soutenir la mise en place et l’étude des meilleures pratiques qui appuieront les clients en ce qui a trait à leur logement. Les sites figurant dans le rapport de cette vaste initiative multi-sites (McGraw et al., 2010) ont examiné l’emploi d’ACT et de MI (technique d’entrevue motivationnelle) dans les sites à l’aide d’une analyse qualitative rétrospective de tous les documents de la CICH. Les principales découvertes indiquent que le manque de compréhension du modèle, l’omission de l’utilisation de tous les éléments du modèle, y compris des équipes mal formées et incomplètes, ainsi que des équipes inter institutions et des mandats 12 Housing first : Où sont les preuves? concurrents nommés par des financiers gouvernementaux, ont interféré avec cette mise en œuvre. La première comparaison de HF au sein des trois programmes, San Diego (REACH), Seattle (DESC) et la ville de New York (PTH), faisant tous trois partie de l’étude des 11 sites de la CICH, a utilisé un échantillon de commodité de 80 participants dans les trois sites (Pearson, et al., 2009) et a obtenu certaines des données sur les clients rétrospectivement et grâce aux rapports d’analyses administratives et des gestionnaires de cas. L’étude rapporte un taux de conservation du logement de 84 %, ce qui correspond aux données de taux de conservation précédentes du programme Pathways to Housing et suggère que le modèle aide les gens à conserver leur abri. Les petits échantillons respectifs (25, 26 et 29) dans ces sites et le manque de suivi longitudinal (24 mois) empêche une analyse solide des résultats et ne permet pas la prévisibilité de la stabilité du logement dans le cadre du modèle HF. Un second rapport de l’initiative de la CICH utilise les mêmes sites HF que ci-dessus (REACH, DESC et PTH) et compare la satisfaction du client et la non-coercition, deux éléments clés de l’approche HF, dans deux programmes de logements supervisés, Project Renewal et The Bridge, tous deux situés dans la ville de New York (Robbins & Monahan, 2009). Cette étude utilise aussi des échantillons de commodité de résidents, et bien que la taille totale de l’échantillonnage de l’étude soit suffisamment importante (N-139), le nombre de participants à chaque site s’élevait entre 17 et 47 participants et un seul site avait plus de 30 participants. De ce fait, une analyse statistique solide n’était pas possible. Étant donné ces limites, les résultats indiquent que le modèle HF est relié de façon favorable à la non-coercition, à la liberté de choix en matière de traitement de la santé mentale ou de la mauvaise utilisation d’alcool ou d’autres drogues, et de la tolérance à la réduction de dommages de l’utilisation de l’alcool et d’autres drogues. Cependant, les deux modèles ne différaient pas beaucoup en matière de satisfaction du logement des participants. L’étude menée par Tsai et des collègues (Tsai et al., 2010) avait pour but de savoir si HF ou les modèles de type Residential Treatment First (traitement résidentiel d’abord, RTF) réussissaient mieux à loger et à conserver les logements de cette cohorte et elle a permis de découvrir que les clients de HF ont rapporté avoir passé plus de jours dans leurs propres logements, avoir davantage de choix de logements et passé moins de jours incarcérés. Il n’y avait pas de différence dans les résultats cliniques (symptômes) ou d’intégration communautaire. L’étude était limitée par le manque de contrôle durant le séjour en logement résidentiel / transitionnel (qui variait de moins de deux semaines à plus de trois mois), le problème de l’attrition dans le sujet d’étude après 24 mois, et le taux de récipiendaires de logement acceptant de participer à l’étude relativement bas (59,1 %). S’il n’y a pas de groupe de contrôle présent à chaque site, il est possible qu’il y ait une variabilité importante dans les résultats rapportés. Fiabilité scientifique des études quantitatives Les 18 études qui ont utilisé des données quantitatives comprenaient 11 articles basés sur des participants aux programmes PTH de la région de la ville de New York, deux en Californie, un en Illinois, et quatre utilisant des données provenant de sites multiples. La confiance excessive accordée aux données provenant du programme Pathways to Housing peut déjà être remarquée dans les chiffres suivants. Tous les articles newyorkais ont utilisé Pathways to Housing comme unité de recherche, quand ce n’était pas la seule. Onze articles sont issus directement des données de Pathways to Housing. Deux introduisent le programme et fournissent des données en soutien à une approche HF. Sept utilisent le même ensemble de données, l’originale NY Housing Study, pour étudier les différents paramètres des résultats. Trois des quatre études multi-sites incluent Pathways to Housing comme programme participant. Alors que les données de Pathways to Housing possèdent des numéros de participants afin de fournir de nombreux résultats fiables, les études multi-sites permettent la comparaison de programmes à l’échelle nationale. La plus rigoureuse des études examinée est l’étude contrôlée originale du programme Pathways to Housing, avec des tâches aléatoires effectuées auprès de groupes de contrôle et expérimentaux (Tsemberis, et al., 2004a). Ce travail examine la satisfaction des logements, le choix des consommateurs, la conservation des logements, l’utilisation d’alcool et autres drogues, l’utilisation des traitements et les symptômes psychiatriques sur une période de 24 mois auprès de 225 individus auxquels on aura attribué au hasard un groupe HF ou «traitement habituel». Les résultats montrent des changements positifs importants dans tous les domaines, sauf celui de l’utilisation d’alcool et d’autres drogues, et surtout que les clients à deux troubles et difficiles à placer conservaient leur logement la plupart du temps pendant plus de deux ans. (80 %) (Tsemberis et al., 2004a; Tsemberis, et al., 2003). Les protocoles de recherche ont été solidement établis et la signification concrète des résultats rapidement disséminée. Ce qui a aussi entraîné six articles supplémentaires utilisant le même ensemble de données pour rapporter une variété de résultats différents, y compris les conséquences des coûts (Gulcur et al., 2003), l’utilisation de l’alcool et autres drogues, et les démêlés avec le système judiciaire (D. Padgett et al., 2006), l’intégration communautaire (Gulcur, et al., 2007) et les problèmes de transmission tels que l’adoption des meilleures pratiques (Greenwood, et al., 2005), l’utilisation d’un partenariat à système intégré (Fischer, et al., 2008), la maximalisation du suivi (Stefancic, et al., 2004) et l’observation garantie des traitements (Tsemberis, et al., 2007). Au-delà des données du programme original PTH, il y a aussi eu plusieurs articles qui examinaient le modèle Pathways to Housing dans un contexte urbain (la région de la ville de New York), se penchant sur les usagers de refuges à long terme (Stefancic & Tsemberis, 2007) et une comparaison de HF et les personnes suivant un traitement habituel (Fischer et al., 2008). La première étude a confirmé que les usagers de refuges à long terme peuvent être logés avec succès, mais que l’observation du modèle de programme de séparation du logement et les problèmes cliniques était importante. Le programme utilisait un bureau auxiliaire Pathways to Housing comme l’un de ses prestataires de services, une unité HF basée dans le comté et un groupe de contrôle. Bien que cette étude ait essayé d’effectuer une tâche randomisée, elle était incapable de contrôler à cet effet deux cohortes de clients qui s’étaient joints au programme. De plus, le manque de données démographiques au sujet de la seconde cohorte a compliqué la description de beaucoup de participants. Enfin, il serait excessif de considérer les sections du comté en question dans l’étude comme étant «en banlieue», la plupart possédant des caractéristiques plus urbaines que banlieusardes, et les régions les plus aisées du pays n’étant pas inclues dans l’étude. L’étude examine le système judiciaire dans le Bronx (Fischer et al., 2008) et utilise une cohorte Pathways to Housing pour voir si des sans-abri logés étaient plus ou moins à même de commettre un crime, violent ou non violent. Cette étude a utilisé les données de recherches originales de Pathways to Housing pour examiner le comportement criminel chez les individus sans abri logés ou non, et a découvert une relation entre la sévérité des symptômes psychotiques et un comportement criminel non violent, mais n’a pas trouvé que HF réduisait immédiatement les activités criminelles. Puisque l’étude utilisait des déclarations volontaires sur les activités criminelles, il est difficile d’établir si un sous-groupe de cette cohorte avait plus de chances de dissimuler des informations concernant de telles activités. Nonobstant les limitations des recherches, il n’y a aucune preuve que HF a un impact direct sur le comportement criminel, à part peutêtre sur un petit sous-groupe psychiatriquement instable. Hormis les études de la région de New York, deux autres projets de sites indépendants ont examiné les aspects d’une approche HF. Le projet du Comté de San Diego REACH, l’un des 11 sites 13 urbains CICH, présente les résultats d’un programme de partenariat à services complets (FSP) où les individus se voient offrir des logements et une gamme complète de services intégrés. Les résultats du programme (T. P. Gilmer et al., 2009) montrent une chute nette de la moyenne de jours passés sans abri, de la fréquentation des salles d’urgence, des hospitalisations et de l’utilisation des services juridiques. Bien que l’utilisation des services de santé mentale ait augmentée, ainsi que les coûts, cet engagement est un avantage plutôt qu’une dépense nette, et on en a tenu compte dans la conclusion qui assumait que les services complets de l’approche HF est rentable. L’étude du programme FSP par un second groupe de contrôle (Gilmer et al., 2010) montre à nouveau la rentabilité et indique aussi que les clients FSP ont déclaré éprouver une plus grande satisfaction de vie que le groupe de contrôle. Une étude récente a utilisé un site unique pour mener un essai randomisé à l’aveugle à Chicago, sous les auspices du Housing for Health Partnership. Le programme procure le logement et de la gestion de cas aux sans-abri vivant avec le VIH (Buchanan, et al., 2009). À l’opposé des programmes HF, il exige la sobriété ou le traitement contre l’abus d’alcool ou d’autres drogues avant d’être logé. Nous en parlons ici parce que les conséquences du logement immédiat pour ce groupe très vulnérable a entraîné des améliorations considérables à leur santé et à leur statut VIH et, par conséquent, il se pourrait que cela soit une option (presque la première) de logement pratique pour ce groupe à risque élevé. Les études qualitatives Les études qualitatives peuvent accroître l’habileté de comprendre les différentes facettes des aspects du logement des sans-abri. En raison du manque de preuves de résultats, elles ont été incapables de déterminer les «meilleures pratiques». Dans la mesure où elles fournissent des indicateurs de problèmes auxiliaires importants, tels que des opinions de fournisseurs sur le logement et les caractéristiques de quartiers acceptables, elles peuvent informer la mise en place de programmes avec plus de spécificité. C’est pourquoi nous les avons inclues dans le présent document. Huit études qualitatives ont étudié certaines des facettes présentes dans une approche housing first. Les équipes ACT sont considérées comme une composante essentielle d’une approche HF et trois études ont examiné la mise en place (Neumiller et al., 2009), la fidélité (Matejkowski & Draine, 2009) et l’inclusion en tant que meilleures pratiques (McGraw et al., 2010) au sein des programmes HF et les a comparé à la gestion de cas intensifs (Buchanan et al., 2009) et aux entrevues motivationnelles (McGraw 14 Housing first : Où sont les preuves? et al., 2010). Des conclusions concrètes présentes dans toutes les études prouvaient que l’équipe ACT, mise en œuvre selon les normes de fidélité ACT, est essentielle à l’équilibre du logement pour les malades mentaux chroniques qui ont subi une longue période de sans-abrisme. Le manque de cohérence en matière de mise en place de toutes les composantes d’un modèle Pathways to Housing a entraîné la création de normes HF par P2H. Cependant, elles n’ont pas encore été testées ni promulguées (conversation privée) (Canadian Mental Health Association, 2004). La signification de «domicile» (D. K. Padgett, 2007), et les besoins et préférences, surtout chez les femmes atteintes de problèmes d’abus d’alcool et d’autres drogues, ont aussi été étudiés au sein du contexte de la philosophie de HF (Schiff & Waegemakers Schiff, 2010; Burlingham et al., 2010). Dans ces trois études, l’intimité, la sûreté et la sécurité ont été citées comme étant des éléments critiques d’un logement pour les personnes affectées par une maladie mentale, ou l’abus d’alcool et d’autres drogues. Bien que les deux études qui se penchaient sur le cas des femmes dotées de problèmes d’alcool et d’autres drogues (Schiff & Waegemakers Schiff, 2010; Burlingham et al., 2010) n’aient rien d’équivoque au sujet de leurs besoins de logement hors du contexte du traitement pendant les premiers stades de la sobriété, l’étude qui traitait de la sécurité ontologique, qui se basait sur un sous-groupe de participants à l’étude originale P2H, soutenait le besoin d’intimité et de sécurité dans le contexte du logement d’une personne, et par conséquent renforçait le modèle HF. Les expériences et le comportement des prestataires de services des programmes de traitement d’abord et de housing first ont été étudiés lors d’une série d’entrevues (Henwood, et al., 2011) avec des prestataires de la ville de New York. Les auteurs notent que paradoxalement, trouver un logement préoccupait davantage les prestataires de traitement d’abord, alors que les prestataires HF étaient plus préoccupés par l’obtention d’un traitement. Non seulement le modèle HF s’en trouve confirmé, mais aussi l’importance d’un traitement par les programmes HF. Un rapport a utilisé une méthodologie mixte qualitative et quantitative pour examiner le voisinage et les caractéristiques de logement de personnes dans un continuum de programme HF et traitement d’abord (Yanos, et al., 2007). La moitié de la cohorte de cette étude provenait de l’étude originale Pathways to Housing et était formée principalement de personnes qui avaient été logées continuellement pendant trois ans ou plus. L’étude manquait de valeur prédictive en raison de la taille réduite de son échantillonnage (N = 44) et parce que les participants pouvaient avoir un type de logement auto sélectionné. On n’a pas pu tirer de conclusions au sujet de l’intégration communautaire ni du type de logement. Le contexte canadien Tel que mentionné auparavant, il n’y a pas eu d’études systématiques d’une approche housing first au Canada. At Home/ Chez Soi, un projet majeur commandité par la Commission de la santé mentale du Canada (2010), promet de fournir une analyse d’interventions housing first dans cinq villes qui comprendra une attention sur les inquiétudes culturelles et ethniques dans le cadre d’un contexte canadien. Les informations préliminaires de cette grande étude complexe indiquent qu’une approche HF fonctionne dans une variété assez vaste de situations géographiques et au sein de différents groupes de sansabri représentatifs de l’hétérogénéité culturelle et ethnique canadienne. Bien que les résultats préliminaires montrent que les approches HF soient efficaces, il faudra des données finales avant de déterminer si HF fonctionne auprès des diverses populations étudiées. Un aspect prometteur de ce programme de recherche multi-site est l’assurance qu’il permettra d’expliquer comment les approches HF peuvent fonctionner auprès des différentes populations participant à l’initiative. Une des limites de toutes ces études HF provient de leur focus sur les individus atteints d’une maladie mentale ou d’un diagnostique mixte, principalement célibataires ou sans personnes à charge. Ces études ignorent les complexités présentes chez les familles, les parents adultes célibataires et les foyers intergénérationnels, et il se pourrait qu’elles ne tiennent pas compte de l’efficacité des approches HF envers les autres sans-abri et les groupes à risque élevé tels que les jeunes et les personnes âgées. Les initiatives de logement «Streets to Homes» à Toronto procèdent d’une approche générale housing first et ont été brillamment reconnues comme un projet réussi. Cependant, le projet n’a pas été étudié indépendamment, il n’y a donc pas de littérature de référence sur son succès et la plupart des données proviennent d’un rapport unique (Falvo, 2009) sur le processus du programme et un compte-rendu des résultats, plutôt qu’une recherche rigoureuse. Quelles sont les preuves? Le sommet des résultats d’une recherche consiste habituellement en une étude et une analyse rigoureuses des recherches quantitatives que l’on retrouve typiquement dans une étude Cochrane. Ces études commencent par prendre en considération les chiffres et la qualité d’études à double insu et randomisées, et examinent le bien-fondé méthodologique de l’étude avant d’en accepter les conclusions. Toutes les conclusions issues de cet «étalon or» d’essais cliniques sont ensuite rassemblées, et des conclusions en sont déduites. Une seconde phase examinerait les études dont les participants auraient été assignés au hasard (voir le modèle pyramidal, page 7). Les études observationnelles et les études utilisant des données rétrospectives produisent séquentiellement un bien-fondé moins scientifique et ont proportionnellement moins de valeur dans les conclusions générales des études. Dans le cas des meilleures pratiques de housing first, il existe une pénurie de recherches qui pourrait se qualifier pour une analyse Cochrane. Une revue Cochrane sur les logements supervisés en 2007 (Chilvers, et al., 2007) a manqué de mentionner le programme Pathways to Housing dans son processus de revue, peut-être parce qu’elle a omis d’inclure toutes les bases de données pertinentes qui auraient mentionné ce travail. Nous l’incluons ici, car cette étude se penche sur un programme spécifique de logements supervisés à l’aide d’un ensemble spécial de valeurs administratives. Dès lors, la seule étude utilisant des participants attitrés aléatoires est l’étude de New York du programme Pathways to Housing (Tsemberis, Rogers, et al., 2003; Tsemberis, et al., 2003). Bien qu’un certain nombre d’articles soient nés de cette initiative, ils se fient tous au même ensemble de données et par conséquent ne peuvent pas être traités comme des études indépendantes avec l’intention de valider les résultats. Les trois études multi-sites sous l’égide de la CICH incluent le programme Pathways to Housing à des fins comparatives et offrent des sites d’études provenant de part et d’autre des É.-U. Cependant, tel que mentionné ci-dessus, un bien-fondé scientifique leur font défaut en raison de problèmes au niveau de la taille de l’échantillonnage, de l’emploi de données rétrospectives et du manque d’assignations aléatoires. Une analyse complète de la rentabilité comprend une variété de coûts associés à une intervention particulière. Ce type de coût comprend les malades hospitalisés, les traitements de santé mentale et de toxicomanie, les refuges et les revenus, l’utilisation du système judiciaire ainsi que celui de services d’urgence de toutes sortes. Les avantages incluent la réduction 15 de l’utilisation des services de soutien, l’emploi, et une réduction des droits de transfert de revenus, entre autres. Une étude bien menée présentera aussi des efforts actuariels pour quantifier l’amélioration de la santé, le contact social et la qualité de la vie. Les études qui n’examinent que les coûts associés aux différentes interventions sont loin d’atteindre une vraie comparaison (Jones et al., 2003). Les articles sur l’analyse des coûts de San Diego (Buchanan et al., 2009; Gilmer et al., 2009), offrent une analyse des coûts de base des services de santé mentale et du système légal, mais non pas des avantages provenant de cette intervention et, de ce fait, ne bénéficient pas du sceau d’un examen rigoureux des résultats financiers des interventions. Le Housing first Collaborative Cost Benefit Analysis & Program Outcomes Report (Perlman & Parvensky, 2006) de Denver ne fournit que l’analyse des dossiers de services de santé et d’urgence des participants. Bien que ce rapport signale des économies considérables au niveau de l’utilisation des services de santé et d’urgence, le tableau de toutes les ressources nécessaires et utilisées au cours de cette initiative HF est toujours incomplet. La même absence de rigueur méthodologique complète peut-être attribuée à l’analyse des coûts Pathways to Housing (Gulcur et al., 2003). Bien qu’elles montrent que l’approche HF n’est pas beaucoup plus dispendieuse que le logement à l’aide d’un continuum de soins, ces études sous-estiment les avantages des interventions de traitements supplémentaires (qui constituent la plus grande part de l’augmentation des coûts) pour les participants HF. À ce jour, les preuves proviennent principalement d’agences gouvernementales et d’organismes à but non lucratif ayant adopté une approche HF pour le relogement rapide des individus difficiles à recaser. Ces communautés incluent Toronto (Street to Homes), la Calgary Homeless Foundation, le programme Pathways to Housing du Alex Community Health Centre program (Calgary), les cinq villes participant à l’étude nationale du logement de la Commission de la santé mentale du Canada qui utilisent les modèles Pathways to Housing, modifiée pour le contexte canadien. Aux É.-U., elles incluent les onze villes des études CICH, Minneapolis, Washington, Portland et la ville de New York. En Europe, HF a entre autres été mis en place à Dublin (Irlande) et Stockholm (Suède). Cette reconnaissance vient de pair avec l’admission que même lorsque les coûts additionnels des soutiens et des services supplémentaires sont inclus, HF est un modèle efficace pour affronter l’itinérance, même auprès d’une population chroniquement sans abri. Conclusions À la lecture de ce rapport, il est immédiatement évident que les comptes rendus littéraires des programmes housing first traitent des programmes newyorkais Pathways to Housing. Muni de très peu de preuves scientifiques externes ou de recherches sur ce modèle, il est malgré tout appuyé par le US Department of Housing and Urban Affairs (HUD) et a été déclaré une «meilleure pratique» par le United States Interagency Council on Homelessness (USICH). Un bref aperçu des comptes rendus montre les choses suivantes : il n’y a que dix-huit études quantitatives, dont onze utilisent les données de deux études Pathways to Housing. La première d’entre elles est l’étude rigoureuse, contrôlée aléatoirement et longitudinale (de 4 ans) de 225 individus atteints d’une maladie mentale sérieuse et souffrant d’une toxicomanie concomitante. Des résultats probants soutiennent une approche «logement avant le traitement et indépendamment du traitement» (housing first). La seconde étude, qui s’est déroulée dans la banlieue de la ville de New York, a étudié une population d’usagers de refuges chroniques logés par l’intermédiaire d’un des deux programmes d’inspiration HF, ou «traitement habituel», qui exige des services 16 Housing first : Où sont les preuves? de désintoxication avant le logement permanent. Cette étude montre aussi que le modèle HF était très efficace (taux de conservation du logement de 68 % à 80 %, suivant le prestataire de programme HF), mais que la mise en place du modèle original entraînait une conformité plus élevée. La seconde étude était moins rigoureuse que la première du fait que les données démographiques n’étaient disponibles que pour une seule des deux cohortes et que les problèmes de recrutement ont mené à un groupe supplémentaire de participants non réglementé. Les deux études mènent à croire que la conscience des prestataires de services de leur participation à une étude de recherche importante ait pu résulter en une plus grande attention de leur part sur l’encadrement des participants à l’étude et à leur faire conserver leur logement. Pathways to Housing a aussi participé en tant que l’un des 11 sites dans quatre rapports sur un projet de recherche multi-site HF. Chacun des trois rapports quantitatifs examine un aspect de la stratégie HF. Les résultats sont limités puisqu’ils sont communiqués après 24 mois, et des résultats supplémentaires après 48 mois sur la conservation du logement seraient plus probants. En raison du petit nombre de participants à chaque site, une analyse plus probante n’est pas possible. Les études souffrent aussi d’un manque de consistance en matière de sélection des participants et de prestation des programmes (Pearson et al., 2009; Robbins & Monahan, 2009; Tsai et al., 2010). Bien qu’ils montrent qu’une approche HF peut avoir des résultats favorables, ces rapports n’ont pas produit des résultats solides en raison de la faiblesse de leur méthodologie. Un quatrième rapport offre une méthodologie qualitative qui observe l’impact des services d’ACT et de MI sur la mise en place de ces programmes. Bien que le titre fasse référence aux «meilleures pratiques», il est difficile de savoir si cela fait allusion à une approche HF ou les approches de traitement ACT et MI (qui sont autrement considérées elles-mêmes comme des meilleures pratiques). Bien que cela fasse allusion à un obstacle à l’effectivité du programme, dans le cadre de la définition des recherches sur les meilleures pratiques, cela ne contribue pas à la robustesse de la recherche HF. Sept articles de journaux se penchent sur l’aspect financier et pour la plupart, il s’agit des coûts des systèmes de santé et judiciaire. Sept études qualitatives examinent les besoins et les préférences des clients ainsi que les opinions des prestataires au sujet de housing first. Il existe aussi quatre descriptions de programmes, dont trois modelées selon le programme Pathways to Housing. On remarque cependant l’absence de données. Les études à double insu sont inexistantes. Jusqu’en 2008, la plupart des recherches HF, y compris les études sur les résultats et les évaluations du programme, étaient menées par Sam Tsemberis, le fondateur du programme Pathways to Housing de New York. Depuis 2007, il y a eu relativement peu d’évaluations de programmes externes et aucune étude à double insu. Une des premières évaluations examinait le programme Pathways to Housing et deux autres choisies, car elles avaient assez d’entrées pour que les données soient importantes.1 Avant 2007, plusieurs analyses coût-bénéfice ont été achevées2, et il y en a eu d’autres depuis. Dans un rapport provenant de Seattle Washington,3 les économies étaient importantes lorsque les gens étaient logés même s’ils étaient autorisés à consommer de l’alcool. De nombreuses villes montrent un déclin de l’utilisation de lits de refuges, et cela est attribué aux politiques housing first.4 Étant donné la rareté des études hautement contrôlées sur les résultats, nous avons examiné le procédé selon lequel HF est devenu si vite reconnu comme une «meilleure pratique». Faire du modèle housing first une meilleure pratique semble être une décision politique plutôt qu’une décision de recherche scientifique. En 2003, Philip Mangano, directeur administratif du United States Interagency Council on Homelessness, encourageait l’inclusion d’approches de logement alternatives (Economist, 2003). En 2008, grâce aux McKinney-Vento Homeless Assistance Grants, 25 millions de $ ont été disponibles pour montrer l’effectivité des programmes de recasement rapide conçus pour réduire le nombre de familles sans abri. L’année suivante, le président des É.-U. a signé le American Recovery and Reinvestment Act de 2009, qui a alloué 1,5 milliard de $ au HPRP (Homeless Prevention and Rapid Re-Housing Program). La même année, le président Obama a signé le Homeless Emergency Assistance and Rapid Transition to Housing (HEARTH) Act, qui a autorisé à nouveau les programmes HUD Homeless Assistance programs. Le HEARTH Act appuie la prévention de l’itinérance, le recasement rapide, la consolidation des programmes de logement, et de nouvelles catégories de sans-abri. Enfin, conformément à l’intervention politique en rapport avec le logement et housing first, le 22 juin 2010, le document Opening Doors: Federal Strategic Plan to Prevent and End Homelessness du United States Interagency Council on Homelessness a été présenté à l’administration Obama et au congrès. Cette stratégie exhaustive de logement nomme housing first comme une meilleure pratique pour permettre d’atteindre l’objectif de mettre fin à l’itinérance chronique d’ici 2015.5 On peut en déduire que HF s’est avéré efficace au niveau du logement et de la conservation du logement chez les adultes célibataires atteints de maladies mentales et de problèmes d’abus d’alcool et d’autres drogues en milieux urbains, là où existe une ample provision de logements à louer. Il n’existe pas de preuves de «meilleures pratiques» sous forme d’études longitudinales assignées aléatoirement sur les familles, les jeunes, ceux qui sont affectés de dépendances primaires, ceux qui sortent d’une longue période d’emprisonnement, et les 1. Carol L. Pearson, et. Al., The Applicability of Housing first Models to Homeless Persons with Serious Mental Illness, US Department of Housing and Urban Development, July 2007, available on the web at: www.huduser.org/portal/publications/hsgfirst.pdf 2. See Denver Housing first Collaborative: Cost Benefit Analysis and Program Outcomes Report. 3. This April 2009 a study in the Journal of the American Medical Association determined that Seattle Washington saved over $4,000,000 for 95 chronically homeless individuals with serious substance abuse issues by providing them with housing and support services. 4. In Boston, there has been a significant drop in homeless individuals but an increase in family homelessness. See the report by Brady-Myerov, Monica, “Homelessness On The Decline In Boston”, WBUR Radio, Boston, September 5. The report, Opening Doors: Federal Strategic Plan to Prevent and End Homelessness, is available on the USICH website at www.usich.gov/opening_doors/ 17 personnes d’origine ethnique et les autochtones. On a rapporté cependant des diminutions conséquentes dans l’itinérance et les coûts qui y sont associés chez ceux qui utilisent l’approche HF (Perlman & Parvensky, 2006; Colorado Coalition for the Homeless, 2006). Nous avons aussi observé que malgré un manque d’études rigoureuses, beaucoup de communautés ayant adopté une approche HF rapportent et confirment la conservation des logements et une baisse des coûts des services de prestation dans un nombre de sous-groupes de la population des sans-abri, au Canada (Baptist, 2010; Calgary Homeless Foundation, 2011), aux États-Unis (Willse, 2008; United States Interagency Council on Homelessness, 2006), ainsi qu’en Irlande (CornerStone, 2009), au Royaume-Uni et d’autres pays de l’Union européenne (Atherton & McNaughton Nicholls, 2008; Tainio & Fredriksson, 2009; Jensen, 2005; Mental Health Weekly, 2004; “MH agencies among the collaborators in initiative for homeless veterans,” 2011). Nous noterons qu’au Canada, le Rond-point de l’itinérance (Homeless Hub, 2011) est devenu un grand service d’archivage pour les articles universitaires, les rapports gouvernementaux, provenant surtout de sources canadiennes, et la presse libre, sur le logement et les questions HF au Canada. Bien que ces rapports proviennent de la presse populaire, ils confirment l’exécution rapide et ample de cette approche malgré l’existence de confirmations concrètes de résultats et le manque d’incidences 18 Housing first : Où sont les preuves? adverses selon les normes de recherches généralement acceptées. Les preuves semblent donc résider dans les résultats des programmes et des économies réalisées dans un nombre de régions géographiques. Puisque davantage de personnes sont logées, peu importe l’âge ou leur handicap (s’il y en a) et, qu’avec les soutiens appropriés ces personnes préservent leur logement, l’approche housing first a atteint son objectif de base et a permis d’atténuer les conséquences inévitables de l’itinérance sur la pauvreté sociale et la santé. Il est important de noter que pour un service humain fondamental tel que le logement, on peut trouver la preuve d’une «meilleure pratique» dans des sources autres que celles qui sont basées sur les essais cliniques d’un modèle de recherche médicale (Shumway & Sentell, 2004). Dans cette optique, la preuve de meilleure pratique dans le logement est la conservation du domicile, tel que rapporté par les données des résultats du programme et, malgré un manque d’essais cliniques rigoureux multiples, housing first répond largement à ce besoin en ce qui concerne une majorité de la population des sans-abri. Annexe 1 : Modèle logique national Housing first Objectif : Assurer que les personnes les plus difficiles à loger au Canada sont logées de façon adéquate. Méthode : Un modèle de prévention (pour les personnes logées de façon précaire) et un modèle d’intervention (pour les personnes qui ont besoin d’un logement) sont donnés. 1er niveau : Activités Le Modèle logique du programme Housing first est composé de deux activités : • Élaboration d’un organigramme de modèle de prévention; • Élaboration d’un organigramme de modèle d’intervention. 2e niveau : Résultats Les résultats des activités sont : • Revue de la littérature; • Conception des deux modèles de programme. 3e niveau : Résultats immédiats Les résultats immédiats sont : • La revue de la littérature est complétée; • Les deux modèles de programmes ont été conçus. 4e niveau : Résultats intermédiaires Les résultats intermédiaires sont : • Habileté accrue des intervenants en itinérance et en logement de développer et d’améliorer des programmes préventifs et d’intervention; • Utilisation accrue par les intervenants des meilleures pratiques, de l’information et des recherches; • Mise en oeuvre accrue des options de logement dans les collectivités; • Sensibilisation accrue du gouvernement du modèle de logement housing first; et, • Compréhension nationale partagée du modèle housing first. 5e niveau : Résultats à long terme Les résultats à long terme sont : • Logement pour les plus difficiles à loger et ceux dotés d’un logement précaire, ce qui est plus approprié et pertinent; 6e niveau : Résultat ultime Le résultat ultime : • Toutes les personnes dotées d’un logement précaire et qui ont besoin d’un logement sont logés adéquatement. 19 Annexe 2 : Modèle logique Housing first L’annexe 1 propose une séquence d’éléments utilisés dans une approche de modèles logiques que l’on trouve souvent dans les méthodologies de gestion et d’évaluation de programme. De façon générale, elle fournit une liste de ressources et d’activités employées pour atteindre les objectifs ciblés du programme. Étant donné que les stratégies de prévention et d’intervention ciblent différents groupes de personnes, soit à haut risque de perdre leur logement ou des sans-abri absolus, nous avons développé deux modèles séparés indiquant des stratégies pour chaque groupe. En outre, nous pensons qu’un modèle logique fondé sur un format d’arbre décisionnel est également important. Ce format permet aux programmes de reconnaître quelles sont les priorités et d’élaborer des stratégies qui peuvent traiter des enjeux complexes qui sont habituellement présents en ce qui concerne les familles et les personnes aux prises avec une itinérance continue (que l’on nomme les sans-abri chroniques). Utilisées de concert, ces deux approches aideront les programmes à gérer les procédés complexes de logement et de rétention du logement sur une plus grande gamme de groupes de personnes. Modèle logique Housing first Modèle de prévention Activités Données de sortie Résultats immédiats Résultats intermédiaires Résultats à long terme Résultats finaux Développer un organigramme • Terminer la revue de la littérature • La revue de la littérature est terminée • Conception d’un modèle de programme • Le modèle de deux programmes est conçu • Capacité accrue des intervenants de l’itinérance et du logement d’élaborer et d’améliorer des programmes de prévention et d’intervention; • Logement plus adéquat et pertinent pour les personnes les plus difficiles à loger et pour ceux qui ont un logement précaire • 100 % des personnes qui sont logées de façon précaire et qui ont besoin d’un logement sont logées adéquatement • Accroître le nombre de Canadiens qui préservent leur logement • utilisation accrue des meilleures pratiques, de l’information et des recherches par les intervenants; • implantation accrue d’options de logement dans les communautés; • sensibilisation accrue du gouvernement à housing first en tant que modèle de logement viable; et • compréhension nationale partagée du modèle housing first. 20 Déterminer la vulnérabilité du logement • Évaluation du risque • Agences formées pour utiliser les outils d’évaluation • Les agences commencent à utiliser les outils • Toutes les agences utilisent les outils • Tous les individus et toutes les familles à risque sont évalués Déterminer le niveau d’intervention • On offre une évaluation à tous ceux à risque • Les agences commencent à évaluer les clients • Les clients sont acheminés vers les services appropriés • Les clients accèdent aux services • Les clients achèvent le service Assurer que chacun demeure ou est logé • Un logement est disponible pour tous les clients • Les agences trouvent un logement • On offre un logement aux clients selon leurs besoins • Les clients obtiennent un logement • Les clients restent logés Housing first : Où sont les preuves? Modèle logique Housing first (suite) Modèle d’intervention Activités Données de sortie Résultats immédiats Résultats intermédiaires Résultats à long terme Développer un organigramme • Terminer la revue de la littérature • La revue de la littérature est terminée • Conception d’un modèle de programme • Le modèle de deux programmes est conçu • Capacité accrue des intervenants de l’itinérance et du logement d’élaborer et d’améliorer des programmes de prévention et d’intervention; • Logement plus adéquat et pertinent pour les personnes les plus difficiles à loger et pour ceux qui ont un logement précaire • 100 % des personnes qui sont logées de façon précaire et qui ont besoin d’un logement sont logées adéquatement • Accroître le nombre de Canadiens qui atteignent la stabilité du logement • utilisation accrue des meilleures pratiques, de l’information et des recherches par les intervenants; Résultats finaux • implantation accrue d’options de logement dans les communautés; • sensibilisation accrue du gouvernement à housing first en tant que modèle de logement viable; et • compréhension nationale partagée du modèle housing first. Déterminer la vulnéra-bilité du logement • La vulnérabilité est évaluée • On offre une évaluation de vulnérabilité et un refuge aux clients • Les clients acceptent un lit au refuge • Les clients restent au refuge tandis qu’on évalue les options de logement • Tous les clients sont abrités à l’intérieur Déterminer quels soutiens sont nécessaires • Les besoins en services sont évalués • Le plan de services du client est rédigé • Les clients commencent à recevoir des services • Les clients terminent le plan de services • Le bien-être des clients est amélioré Fournir un logement approprié • Les clients sont agencés aux logements disponibles • On offre un logement approprié au client • Le client accepte le logement • Le client garde le logement • Tous les clients demeurent logés avec succès 21 Modèle de prévention : logement précaire Peut avoir un logement précaire À risque NON OUI BAS Évalution du risque primaire ÉLEVÉ Intervention Gestion de cas intense (ICM) • Offrir des services de soutien • Limite de temps de 1 à 4 semaines Intervention Traitement communautaire assertif (ACT) • Soutien de suivi intensif • Limite de temps de 1 à 5 jours 22 Housing first : Où sont les preuves? Annexe 3 Point d’entrée Centre de jour Refuge d’urgence Refuges pour femmes battues Programme de toxicomanie Bureau du Bien-être social On leur procure ou on les renvoit à l’intervention de crise, à un logement à court terme/refuge et une gestion de cas à court terme de 1 à 6 mois pendant le séjour dans le logement temporaire. Ensuite, la famille est renvoyée à... l’admission et enregistrement au programme housing first • Tri aux fins du logement et des besoins en services sociaux • Élaboration d’un plan d’action familial • Commencement de la recherche d’un logement la famille est transférée dans un logement permanent après l’emménagement de la famille, elle bénéficie d’un soutien de gestion de cas pendant 6 à 12 mois • • • • • • • • Éducation du locataire Administration domestique Gestion du budget Counseling sur les «habiletés de survie» Promotion de l’aide sociale Promotion légale Counseling familial et individuel Liaison avec les écoles • Éducation des parents • Counseling sur la santé/nutrition • Aborder les besoins spéciaux des enfants • Violence faite aux enfants et négligence : intervention et prévention • Ressources de garde à l’enfance • Subventions de garde à l’enfance • Soins médicaux de base • Programme préparatoire à l’emploi • Counseling professionnel • Formation à l’emploi et placement • Éducation corrective de base • Classes de français/anglais • Prévention de l’abus de substances psychoactives La famille est intégrée dans la communauté et atteint un bien-être social et économique amélioré. 23 Annexe 4 : Articles de recherche académique couverts dans la présente revue Broner, N., Lang, M., & Behler, S. 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