12004 brochure fr - Platform Telecom
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12004 brochure fr - Platform Telecom
Vers une SOCIÉTÉ DE L’INFORMATION DYNAMIQUE en Belgique MÉMORANDUM Elections fédérales 2007 Qu'est-ce que la Platform Telecom Operators & Service Providers ? La Platform Telecom Operators & Service Providers (Platform) a été fondée le 15 avril 1997. La Platform regroupe la majorité des opérateurs alternatifs présents en Belgique, et souhaite créer et maintenir un environnement juridique, fiscal et socio-économique dans lequel le marché des infrastructures et des services multimédias et de télécommunications peut se développer de manière optimale et dans lequel la concurrence est transparente et harmonieuse au plus grand bénéfice des entreprises et des ménages. Liste des membres : A.S.T.R.I.D. Base Brutélé BT Colt Telecom Euphony Eurofiber Mobistar Tele2 Telenet UPC Scarlet Syntigo Verizon Business Versatel Platform Telecom Operators & Service Providers asbl Boulevard Auguste Reyers 80, 1030 Bruxelles tél. 02/706 79 97 - fax 02/706 80 09 [email protected] • www.platform.be INTROD U C T I O N Lors du sommet européen de Lisbonne en 2000, les chefs d’état européens ont reconnu l’importance de la contribution des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) à la croissance économique et au bien être. Ainsi, ils se sont fixés un objectif majeur: Faire de l’Union européenne la société de l’information la plus compétitive au monde d’ici 2010 (1). Plus récemment, dans le cadre de eEurope 2010, le Commissaire européen Viviane Reding déclarait « Les connexions large-bande sont un pré-requis pour l’e-business, la croissance et la création d’emploi à travers toute l’économie. Des Marchés ouverts à la concurrence sont certainement les meilleurs leviers du développement de la large bande dans l’Union européenne. » Bien que le monde politique belge déclare vouloir adhérer aux objectifs de Lisbonne et à eEurope 2010, la position compétitive de la Belgique en terme de pénétration large-bande (nombre de connections à large bande par 100 habitants) se dégrade. A politique inchangée, la Belgique n’atteindra pas les objectifs fixés à Lisbonne, alors qu’elle occupait la troisième place mondiale en terme de pénétration large-bande en 2002. Le nouveau gouvernement devra développer une vision ambitieuse afin de redonner à la Belgique sa position de leader au niveau de la large-bande pour la transformer en une société de l’information compétitive. 1. UNE SOCIETE DE L’INFORMATION COMPETITIVE EN BELGIQUE ? 1.1. La pénétration large-bande en perte de vitesse La Belgique recule dans les classements internationaux montrant le nombre d’abonnés à la large bande par habitant. La Belgique occupait la troisième place en 2002(1) derrière la Corée et le Canada, grâce a une concurrence précoce entre le réseau câblé TelenetOECD et l’opérateur historique. Depuis,netlaincrease Belgique est 2006, tombée à la 11ème place en 2006. Entre Broadband penetration (per 100 inhabitants) Q2 2005-Q2 by country 8 le deuxième trimestre 2005 et le deuxième trimestre 2006, la Belgique a augmenté sa pénétration large-bande de seulement 1.99%, 7ce qui la place à la 25ème place du classement établi par l’OCDE. Il est donc temps de réagir ! 8 7 6 5 4 3 OECD Broadband penetration (per 100 inhabitants) net increase Q2 2005-Q2 2006, by country 5 4 OECD net increase 3 2 1 OECD net increase 0 D en m Au a r st k ra N li a N orw et he a y rl a nd s Lu Fin xe lan m d bo u S U n i w e rg te d de n K Sw ing itz dom er la n Ic d el an C z e Au d ch st R ria ep ub Fr lic a G nce er m an y N ew Ire l Z an U ea d ni l a te d nd St at es Sp ai n Ita C ly an ad Po a rtu H ga un l ga r Po y la nd Ja p Be a n lg iu G m re ec Sl ov T e u ak rk R ey ep ub M li c ex ic o Ko re a 2 6 1 D en m Au a r st k ra N li a N orw et he a y rl a nd s Lu Fin xe lan m d bo S u U n i w e rg te d de n K Sw ing itz dom er la n Ic d el an C ze Au d ch st R ria ep ub Fr lic a G nce er m an y N ew Ire l Ze and U a ni te lan d d St at es Sp ai n Ita C ly an a Po d a rtu H ga un l ga r Po y la n Ja d p Be a n lg iu G m re ec Sl ov T e ak urk R ey ep ub M li c ex ic o Ko re a Source : OECD 0 Source : OECD OECD Broadband subscribers per 100 inhabitants, by technology, June 2006 30 DSL Cable Other 25 20 OECD Broadband subscribers per 100 inhabitants, by technology, June 2006 30 OECD average 15 DSL Cable Other 25 10 20 5 OECD average 15 0 5 N D en et ma he rk rla nd Ic s el an d Sw K o r itz ea er la nd Fi nl a N nd or w Sw a y ed en U n i C an te a d Ki da ng do Be m U lg ni te ium d St at es Lu Jap xe a m n bo ur Au g st ri Fr a an Au ce st ra li G er a m an y Sp ai n Ita Po l y N ew rtu Z ga C ze ea l ch lan d R ep ub li Ire c la n H un d ga ry Po la nd Sl ov Tu r ak k R ey ep ub M l ic ex ic G o re ec e 10 Source: OECD D en et ma he rk rla nd Ic s el an d K Sw o r itz ea er la nd Fi nl a N nd or w Sw a y ed en U C ni te ana d Ki da ng do Be m U lg ni te ium d St at es Lu Jap xe a m n bo ur Au g st ri Fr a an Au ce st ra li G er a m an y Sp ai n Ita Po l y N ew rtu Z ga C ze ea l ch lan d R ep ub li Ire c la n H un d ga ry Po la nd Sl ov Tu a k rk R ey ep ub M l ic ex ic G o re ec e 0 N (1) www.OCDE.org (OECD broadband statistics to June 2006) Source: OECD 1.2. Il ne reste que trois ans pour accomplir les objectifs de eEurope 2010 Dans les conclusions du sommet de Lisbonne, outre l’importance reconnue à l’éducation et la formation continue, les leaders européens déclarent : « Les sociétés et les citoyens doivent avoir un accès bon marché à une infrastructure de communication de top niveau et à un large éventail de services »(2). La Commission Européenne va même plus loin et indique que « dans la société d’aujourd’hui, l’accès à Internet est devenu un droit fondamental pour tous les citoyens et les gouvernements responsables ont la responsabilité de l’assurer »(3). Malheureusement, la croissance de l’accès à l’Internet ralentit fortement en Belgique. Les raisons de ce ralentissement de la progression sont multiples et en voici les principales: ◗ Une croissance limitée de la large bande en Wallonie et à Bruxelles suite à un manque de pression compétitive de la part du câble ◗ Une pression compétitive limitée de la part des opérateurs DSL alternatifs dans toute la Belgique, en raison de l'offre de gros peu attrayante de Belgacom ◗ Une pénétration PC moyenne de 57 % Il conviendra d'agir sur ces trois fronts si la Belgique veut éviter que ce ralentissement ne se poursuive. Ce n'est qu'en opérant de la sorte que la Belgique pourrait reconquérir sa position de tête. La disponibilité géographique de la large bande en Belgique est cependant très bonne ! Déjà plus de 98% de la population se trouve dans les conditions requises pour permettre une connexion Internet large bande. C’est beaucoup plus que dans la majorité des autres pays européens, pour lesquels la couverture géographique constitue un défi important à relever pour atteindre les objectifs de Lisbonne. Cette disponibilité aidera la Belgique à résoudre son retard rapidement lorsque le marché sera rendu propice à la concurrence par le régulateur. Besoin d’un marché concurrentiel L’expérience des pays leaders en pénétration de large bande montre qu’un marché concurrentiel est une condition nécessaire à la croissance du nombre d’utilisateurs. Par ailleurs, une étude récente du SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie a démontré qu’il existe des différences régionales marquantes en Belgique. La Flandre connaît une pénétration plus forte de la large bande, grâce à la concurrence exercée par l’opérateur câblé Telenet. A Bruxelles et en Wallonie, la concurrence n’a pas pu se développer de manière similaire. Une concurrence forte au niveau de la large bande résultera aussi dans des prix moins élevés. La Platform est convaincue que la Belgique pourrait retrouver sa position de leader dans la pénétration large-bande à condition que le marché présente un environnement propice à la concurrence. A ce sujet, il semble utile de rappeler les bienfaits de la concurrence dans les marchés des télécommunications qui y sont soumis. 1.3. Les bienfaits de la concurrence dans le marché des télécommunications ◗ Premièrement, la libéralisation a apporté la liberté de choix aux consommateurs. ◗ Deuxièmement, elle a permis de spectaculaires diminutions de prix : par exemple, une minute de communication de Belgique vers les États-Unis coûtait 60 francs belges (1,50 euro) en 1993 sous le monopole. Aujourd’hui, la même minute coûte 8 fois moins chez Belgacom et jusqu’à 60 fois moins cher (soit 0.025 euro) auprès de certains opérateurs alternatifs. ◗ Troisièmement, la concurrence assure la diffusion du progrès technologique. Prenons l’exemple de la téléphonie mobile : avant l’arrivée de Mobistar en 1996 et trois ans après le lancement de Belgacom Mobile (Proximus), la pénétration du mobile n’était que de 5% et celui-ci était réservé à une élite vu son prix très élevé. Avec deux, et ensuite trois opérateurs, le développement s’est accéléré pour atteindre une pénétration de 30% en 1999 et de 80% dès 2002, avec des prix revus nettement à la baisse. ◗ Quatrièmement, la Platform observe également de nombreuses améliorations qualitatives depuis la libéralisation du marché. En 1994, le temps d'attente moyen pour un raccordement téléphonique était encore de 45 jours. Depuis l'apparition d'opérateurs d'infrastructures alternatifs, près de 95% des nouveaux clients ont un raccordement dans les 5 jours ouvrables(4). (2) Towards a knowledge-based Europe, The European Union and the information society, Office for Official Publications of the European Communities, 2003 (3) Idem (4) IBPT, rapport de l’IBPT sur l’évolution de la prestation de services universelle dans le domaine des télécommunications lors de l’année 2003. Les deux graphiques ci-dessous permettent de se convaincre de l’impact sur le prix : le premier montre l’évolution du prix d'une communication téléphonique (de 10 minutes) en Belgique qui sont soumises à concurrence depuis quelques années, le second montre l’évolution du prix de l’abonnement à la ligne fixe en Europe qui est en monopole. Tarif Standard Belgacom (prix d'une coversation de 10 minutes, source CCT) Internation. Nation. 6�/10 min Local 4�/10 min 2�/10 min 0�/10 min 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Residential Rental par mois 16�/month (Eu moyenne ponderée,source 10e rapport d'implementation EU) EU15 ponderée EU25 ponderée 15�/month 14�/month 13�/month 12�/month 11�/month 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 En dépit de cette évolution favorable du prix des communications, Belgacom demeure, avec une part de marché de 73% sur le marché national, un acteur très dominant sur le marché national de la téléphonie. Les conditions de dégroupage de la boucle locale ne permettent pas le développement de la concurrence sur le marché de la large-bande. Les opérateurs alternatifs doivent offrir leurs services de large bande soit via leur propre réseau câblé (Telenet / VOO), soit en faisant usage du réseau d’accès de Belgacom (la paire de cuivre). Malheureusement, les conditions financières auxquelles Belgacom donne accès à la paire de cuivre sont parmi les plus chères d’Europe. Bien que d'un point de vue théorique les conditions techniques puissent paraître acceptables, le manque de coopération de la part de Belgacom rend les conditions opérationnelles défavorables. Or, la Platform constate que le fait de se priver de la concurrence des opérateurs alternatifs par le dégroupage pèse considérablement sur la pénétration de la large bande, sur les prix à payer par l’utilisateur final ainsi que sur la diffusion des progrès technologiques. En effet, dans les pays européens qui connaissent un développement dynamique de la large bande, la concurrence offre ses services grâce à l’offre régulée de dégroupage de la boucle locale. En Belgique, alors que cette offre existe depuis l’an 2000, l’IBPT (le régulateur du secteur des télécommunications) a constaté que moins de 0,1% des lignes téléphoniques en Belgique étaient dégroupées contre plus de 30% dans les pays les plus concurrentiels(5) ! 2. LES PILIERS D’UNE LIBÉRALISATION AU RALENTI 2.1. L'État est l'actionnaire majoritaire de Belgacom. Le Trésor a pu bénéficier d'un afflux important de dividendes provenant de Belgacom et celui-ci reste l'un des principaux employeurs de la Belgique. De ce fait, la Belgique a toujours été, tout au long des législatures, peu encline à la libéralisation. Bien que la libéralisation du marché des télécommunications soit inévitable, l'on a souhaité gagner du temps lors des premières années de la libéralisation pour permettre à Belgacom de s'armer contre la concurrence. Le départ progressif d'une partie des travailleurs est l'un des principaux éléments. Ensuite, le flux de dividendes de Belgacom fut une source intéressante pour combler le déficit budgétaire. L'importance macroéconomique d'un secteur des télécommunications concurrentiel (et ce non seulement pour les ménages mais aussi pour les entreprises), a été injustement sacrifiée au profit de l'importance à court terme des flux de dividendes et de l'augmentation de la valeur de Belgacom sur le marché. Cette situation ne correspond ni aux objectifs du sommet de Lisbonne, ni à l’intérêt général. 2.2. Politique d’obstruction systématique de Belgacom Il est naturel, mais inacceptable pour l’intérêt général, que Belgacom cherche à faire obstacle à sa mise en concurrence sur le marché belge, et tente par tous les moyens de retrouver le confort de son monopole public. La politique d’obstruction de Belgacom est flagrante: ◗ ◗ ◗ Propositions généralement déraisonnables afin de mettre tant le régulateur que les opérateurs alternatifs en position défensive Appel systématique de toutes les décisions du régulateur Aucune visibilité par rapport à sa structure de coûts Ces manœuvres créent une importante insécurité juridique et économique qui est dommageable aux investissements et à la dynamique du secteur. Les offres régulées de Belgacom qui permettent aux opérateurs alternatifs d’offrir la large bande, à savoir l’accès à la boucle locale et l’accès bitstream sont proposées à des prix élevés et d'une qualité insuffisante. C’est le cas pour les délais et les conditions de livraison de lignes. 2.3. Moyens du régulateur Force est de constater que, dans l’Union européenne, le succès de la déréglementation est proportionnel à l’efficacité des régulateurs nationaux (cfr. ECTA scorecard). En effet, face à un « régulateur » faible, sans pouvoir en matière de concurrence ni de contenu, l’ancien monopole public reste maître des infrastructures, des prix et des services, et évite la mise en question de sa dominance. A cet égard, une comparaison des pouvoirs et des résultats obtenus par l’OFCOM (UK) et l’IBPT est édifiante. Insuffisance de personnel qualifié pour les activités liées à la concurrence Le nombre de collaborateurs qualifiés dont dispose l'IBPT est insuffisant pour se charger des tâches réglementaires. Cette situation est surtout bénéfique à Belgacom, en ce sens que Belgacom surpasse, de par son importante maind'œuvre, l'IBPT et les opérateurs alternatifs aux niveaux technique, réglementaire et économique. Cet état de fait est d'autant plus étonnant que les exercices financiers de 2004 et 2005 de l'IBPT ont été largement excédentaires (un surplus de trois millions d’euros reversés au Trésor), l’IBPT attend toujours de pouvoir recruter trente personnes supplémentaires pour les activités régulées. (5) Analyse de marché préparé par l’IBPT, août 2006. Blocage de dossiers importants pour le niveau de concurrence en Belgique L'IBPT n'est pas parvenu à prendre une décision dans des dossiers importants dans lesquels Belgacom est généralement impliqué (Discovery line, Happy Time), ou a transmis le dossier à d'autres instances. Il conviendra d'éviter de telles situations de blocage à l'avenir. L'IBPT utilise trop peu ses compétences lorsque l'opérateur historique est impliqué. Ainsi, il ne peut être accepté que l'IBPT n'ait pas élaboré ces six dernières années de modèle de coûts détaillé pour l'offre de dégroupage (BRUO) et l'offre bitstream de Belgacom (BROBA) alors qu'un modèle de coûts a pu être élaboré en moins d'un an pour les trois opérateurs mobiles et qu'un modèle de coût pour les offres BRUO/BROBA a déjà été suggéré et présenté en 2005 à l'Institut par les différents opérateurs alternatifs et leur consultant . Il en va de même pour les compétences de l'IBPT lui permettant d'imposer certaines décisions, par exemple le respect des SLA par Belgacom. 2.4. Augmentation des charges Les différentes taxes et autres prélèvements freinent le développement de la société de l'information. Citons par exemple: ◗ Les coûts liés à l'utilisation du domaine public et les taxes communales sur les équipements de télécommunications ◗ La fourniture par tous les opérateurs fixes et mobiles de tarifs sociaux dans le cadre de l'obligation du service universel ◗ L’obligation de fournir gratuitement des logiciels de protection contre les virus ◗ L’obligation d’informer annuellement tous ses clients de l’existence d’un plan tarifaire qui leur serait plus avantageux ◗ Les obligations en matière d’écoutes téléphoniques et de la rétention des données ◗ Participation de tous les opérateurs au financement et à la mise à jour de la base de données créée dans le cadre de la composante sociale La Platform est évidemment partisane d'un minimum de règles visant à promouvoir la protection des consommateurs, mais les initiatives se multiplient toutefois ces dernières années. Tous les opérateurs alternatifs sont ainsi tenus d'offrir au consommateur le même niveau de protection que Belgacom. Cette approche n'est pas proportionnelle, surtout pour plusieurs petits opérateurs, étant donné qu'ils n'ont pas les moyens dont dispose l'opérateur historique. De plus, cette obligation empêche une baisse des prix et de ce fait, ne permet pas aux clients de choisir un service offrant une autre qualité à un prix inférieur. Il est ainsi fait fi de la dynamique et de la liberté de choix des consommateurs. Ces différentes mesures ont pour effet cumulatif que de nouveaux opérateurs n'entreront plus sur le marché belge des télécommunications et que les petits opérateurs éprouveront des difficultés à survivre. Le paysage des télécommunications sera ainsi altéré, ce qui aura à terme des conséquences néfastes pour les utilisateurs finaux. 2.5. Problème de compétences Les progrès technologiques permettent à plusieurs infrastructures d'offrir presque tous les services possibles sur le plan technologique, des télécommunications à l'audiovisuel. Suite à l'arrêt de la Cour d'arbitrage du 14 juillet 2004 relatif à l'exercice des compétences de l'IBPT, il a été décidé que les compétences des autorités fédérales et communautaires en matière d'infrastructures relative au réseau public des communications électroniques sont à ce point entremêlées qu’une coopération est nécessaire. Un accord de coopération a été récemment conclu entre les différentes autorités. Il y a un risque évident que la coopération entre les autorités régionales et fédérales conduira à un blocage politique et retarde encore la mise en œuvre de la réglementation. Citons par exemple le retard en matière d'études de marché ainsi que le retard que connaît pour l'instant la réglementation relative à la revente de l'abonnement Belgacom. 3. LES RECOMMANDATIONS DE LA PLATFORM 3.1. L'État vend sa participation dans Belgacom L'État ne peut plus être l'actionnaire majoritaire de Belgacom. Belgacom doit être totalement privatisée dans l'intérêt du développement macro-économique de la Belgique. La Belgique est avec la Grèce, le Luxembourg et la Slovaquie, un des rares pays européens où les autorités détiennent toujours une majorité de l'opérateur historique. Il est symptomatique de constater que dans les pays où l’état reste l’actionnaire majoritaire de l’opérateur historique, la libéralisation est freinée. Ces pays connaissent un fort protectionnisme des opérateurs nationaux, ainsi la concurrence ne peut pas évoluer dans un cadre légal et réglementaire propice aux investissements et à une large pénétration de la large bande. De plus la reprise récente par Belgacom des 25% détenus par Vodafone dans Belgacom Mobile (Proximus) renforce les craintes du secteur sur un renforcement de la position dominante du groupe Belgacom sur le marché belge des télécommunications. Ainsi Belgacom est-il devenu incontournable en termes d’accès et concentre au travers de ses filiales intégrées ou divisions toutes les facettes du métier des télécommunications. Une autre preuve en est le rachat de l’intégrateur Telindus qui s’inscrit bien dans cette stratégie de reconstitution d’un monopole de fait sur toute la chaîne de valeur, asphyxiant progressivement le marché fournisseur tel que celui de la large bande. 3.2. Séparation fonctionnelle entre la vente de gros et la vente de détail de Belgacom Seule une entreprise de réseau neutre et servant les intérêts de tous les opérateurs souhaitant offrir leurs services de large bande est à même d’apporter la dynamique nécessaire à revenir dans le peloton de tête de la large bande. Le Royaume-Uni a tracé la voie en exigeant la séparation fonctionnelle du réseau de British Telecom (Openreach) et tous les acteurs britanniques s’accordent à dire qu’il s’agissait du bon choix. D’autres pays comme les Pays-Bas et l'Italie se sont engagés sur cette voie assurant ainsi un développement durable de la libéralisation des télécommunications sur leur territoire et ce au profit de leur économie en terme de déploiement de la société de la connaissance tel que défini par le sommet de Lisbonne et eEurope 2010. La Platform demande la scission de Belgacom en deux entités distinctes, l’une neutre chargée du réseau à laquelle les différents fournisseurs de services s’adresseront et l’autre en charge de la fourniture de services de télécommunications aux clients finaux de Belgacom. Une utilisation consistante d'un modèle de coûts transparent et un contrôle de l'application du principe de séparation comptable constituent des conditions de base à une concurrence loyale entre les nouveaux opérateurs et l'opérateur historique Belgacom. Jusqu'à présent, le secteur est dans l’obscurité. 3.3. Un régulateur fort qui dispose de tous ses moyens Outre le fait que la thématique du succès de la large bande ne reçoit que peu d’attention politique, les moyens pour en assurer un fonctionnement correct restent limités. Ainsi le régulateur ne dispose pas de l’autonomie suffisante pour remplir la mission qu’ exige une économie de marché saine. La Platform demande donc que l'IBPT puisse jouir de l’intégralité des ressources financières mises à sa disposition par les opérateurs et que les surplus dégagés par chaque exercice annuel puissent être investis entre autres dans des moyens humains supplémentaires, disposant de la compétence nécessaire. Ce personnel devra se consacrer en priorité, à la réglementation du marché, aux analyses de marché et prendre les décisions relatives aux offres de gros tels le dégroupage et le bitstream. Ces offres doivent être attractives en termes de prix mais également en termes de qualité à défaut de n’être alors qu’un vague cadre réglementaire de référence sans utilité pour le développement de la concurrence. Si l’autonomie financière du régulateur ne peut être remise en doute, il en est tout autant de son organisation et de la détermination de ses priorités dont le politique doit se tenir distant, celui-ci ayant seulement la main via les pouvoirs législatifs et exécutifs. Le secteur ne peut donc souffrir de l’intervention de l’exécutif dans la gestion quotidienne du régulateur, signe d’une insécurité juridique inacceptable dans un état de droit et défavorable aux investissements d’opérateurs alternatifs. Cette sécurité juridique tant souhaitée se marquera par un fonctionnement sans équivoque du régulateur au regard de prises de position rapides qui le cas échéant doivent pouvoir être sanctionnées par des pénalités administratives effectives. A ce jour, la Belgique ne s’inscrit pas dans ce tableau. 3.4. Un seul ministre fédéral en charge des télécommunications & clarification des conflits de pouvoir Outre la nécessité d'une délimitation claire des compétences des différents régulateurs régionaux et fédéraux, il est important de ne pas multiplier les processus décisionnels qui retarderaient la prise de décision. A l’heure actuelle, environ 18 ministres et secrétaires d’État sont compétents pour cette matière. La Belgique prend ici un risque important : dans un environnement qui évolue aussi rapidement et dans lequel il est important d’être le premier, il est pourtant critique que les décisions soient prises rapidement. C'est pour cette raison qu'il est important, et au vu des débats concernant le statut du régulateur, qu’un seul ministre soit compétent pour les télécommunications et ce, sans compétences conjointes à celles du budget, des entreprises publiques et de la protection du consommateur. Ce portefeuille devra être le promoteur et le défenseur du développement de la société de la connaissance en Belgique au travers de la poursuite d’une libéralisation du secteur. Aujourd'hui, les télécommunications relèvent de la responsabilité de l’État fédéral, alors que les fréquences radios et les médias relèvent des compétences des communautés. Cette situation entraîne une lenteur préjudiciable dans toute prise de décision. L’accord de coopération entre le fédéral et les communautés vient récemment d'être signé suite à près d’un an de vide juridique relatif aux offres régulées de Belgacom permettant d’offrir la large bande, laissant ainsi à Belgacom le soin d’ajuster le marché à sa mesure. La Platform se pose à présent la question de savoir, suite à la récente signature de cet accord, combien de temps faudra-t-il pour que la première décision commune soit prise ? Un processus de prise de décisions plus complexe doit être évité. Ceci requiert la définition de délais fixes dans lesquels les différents pouvoirs publics et acteurs doivent formuler leurs éventuelles remarques et/ou donner leur approbation. Le mécanisme selon lequel l'absence d'avis ou de décision doit être considérée comme une approbation, semble indispensable. Seule une prise de décision rapide de la part des autorités donnera la sécurité juridique nécessaire aux entreprises pour prendre des décisions fondées sur un marché en perpétuelle évolution. Il s'agit d'éviter à tout prix l'absence de prise de décisions dans le cadre de l'exercice conjoint des compétences. La procédure de prise de décisions doit bien entendu satisfaire aux critères de transparence, de motivation claire et d'appel dans un délai raisonnable. La récente remise de décision par l’IBPT au sujet de la revente de l’abonnement démontre qu’une procédure de coopération rapide et efficace est indispensable au développement efficace de la concurrence. 3.5. Diminuer les charges réglementaires & financières sur le secteur Un secteur, grand consommateur de capitaux importants et qui prend son envol ne peut subir trop d’entraves à son essor. Or du fait de sa proximité du consommateur, le politique tend à imposer aux entreprises de technologies naissantes ou en plein développement des charges réglementaires de tout type. Ainsi l’extension du service universel au mobile, voire le risque que celui-ci couvrirait également à l’avenir la large bande fait peser de lourdes hypothèques sur ces activités et ce tant au niveau administratif que financier. A ce propos, la Platform demande de revoir la situation en tenant compte de la position de la commission européenne. Toutefois les membres de la Platform reconnaissent leurs responsabilités d’acteurs économiques appelés à se développer davantage mais considèrent qu’une juste proportionnalité de la réglementation à leur encontre doit être respectée. Dans ce même esprit, une analyse permanente du coût-bénéfice tant pour le secteur que pour le consommateur doit être menée. Le pouvoir législatif doit rester le forum de décision à ce sujet alors que des aspects d’ordre éthique viennent de plus en plus à l’ordre du jour des réglementations. Platform Telecom Operators & Service Providers asbl Boulevard Auguste Reyers 80, 1030 Bruxelles tél. 02/706 79 97 - fax 02/706 80 09 [email protected] • www.platform.be