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ROME
LA PLACE
NAVONE
L’actuelle place Navone occupe la piste du stade de Domitien dont elle conserve parfaitement la forme elliptique. Les bâtiments entourant la place s’élèvent sur les anciens
gradins dont les structures sont encore visibles à l’extrémité nord, celle qui conserve sa
forme semi-circulaire, sous le palais de l’I.N.A.
LE STADE DE DOMITIEN
Ce stade (terminé en 86 ap JC) pouvait recevoir environ 30.000 spectateurs;
il mesurait 275 m de long et 106 m de large. Il ne servait qu’aux épreuves
d’athlétisme, particulièrement appréciées de l’empereur et donc son arène
était complètement libre, sans spina.
Avec l’odéon de 10.600 places, situé au sud et destiné aux concerts de musique, le stade faisait partie du complexe où se déroulaient les fêtes du
“Certamen Capitolinum” instituées par Domitien, en 86, en l’honneur de
Jupiter Capitolin.
Gradins encore
visibles
✎
Avec un crayon de couleur vive, dessine sur le plan
de la place actuelle les contours du cirque antique.
LE MARTYRE DE SAINTE AGNÈS
Agnès avait 13 ans lorsque Dioclétien la
condamne (303 ap JC) à être exposée nue dans
un lieu de prostitution. Ses cheveux croissant
miraculeusement voilent sa nudité, tandis
qu’un ange lui apporte un vêtement. Jetée au
bûcher, ses prières éloignent les flammes. Le
bourreau doit alors lui enfoncer un couteau
dans la gorge…
Fontaine des Quatre-Fleuves
LA FÉERIE DES EAUX
Trois fontaines ornent la place Navone, alimentées par l’eau de l’Aqua Virgo
(aqueduc construit par Aggripa en 19 av JC)
➵ au Sud, la fontaine du Maure (de Giacomo della Porta - 1540-1602)
ornée d'une statue exécutée d'après un dessin du Bernin.
➵ au Nord, celle de Neptune (Giacomo della Porta)
➵ au centre, la fontaine des Quatre Fleuves, un des chefs-d’œuvre du
Bernin (1651), commandée par le pape Innocent X Pamphili. L’obélisque
du cirque de Maxence se dresse sur une rocaille d’où surgissent un lion
et un monstre marin. Quatre statues adossées à cette rocaille symbolisent le Danube, le Rio de la Plata (il pointe le doigt vers l’église SainteAgnès), le Gange et le Nil (voilé car nul ne connaissait alors sa source).
LES MAÎTRES DU BAROQUE
Sur et autour de la place, s’affirme le génie de grands maîtres de l’art baroque, ennemis intimes : Le Bernin et Borromini.
➵ L’église Sainte-Agnès
Sur l’emplacement présumé du martyre se dressait une petite église. Le
pape Innocent X décide de faire de la place Navone, la plus belle de Rome
pour servir d'écrin au palais de sa propre famille, les Phamphili. L'église
Sainte-Agnès va être entièrement reconstruite. Girolamo Rainaldi dessine
le plan en croix grecque (1652). Borromini dresse la façade concave, toute
en courbes, avec ses effets de clair-obscur (de 1653 à 1657). Les ajouts du
Bernin (dernier étage des tours, lanternon…) n’altèrent pas l’élégance
“borrominienne” de l’ensemble.
➵ Le palais Pamphili auquel travaillent Girolamo Rainaldi et Borromini abrite aujourd’hui l’ambassade du Brésil (à gauche de Ste-Agnès).
UN LIEU FESTIF
De par sa configuration et sa situation, cette place se prête bien aux rassemblements de toutes sortes : processions, carnavals, mâts de cocagne…
C'est ainsi que dès le 15e s., un marché y fut institué, déplacé depuis 1869 sur
le campo dei Fiori tout proche. Du 17e s. à 1870, on inondait la place au mois
d'août en fermant les égouts; les fontaines débordaient : en deux heures, la
place était devenue le "lac Navone", où les carrosses des nobles, ornés
comme pour les fêtes, tournaient… cotoyant le petit peuple.
De nos jours cette vocation de lieu de rassemblement n'est pas démentie et
la place accueille toujours la foire de la Befana (l'Epiphanie, jour où les enfants
recevaient les cadeaux), le carnaval du Mardi-Gras, et à la belle saison, caricaturistes, peintres, musiciens … qui distraient les badauds.
Texte, conception et réalisation : René CUBAYNES, Michèle GOZARD - Edition 2001