Une autre idée du “boum boum” Publié le lundi 16 avril

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Une autre idée du “boum boum” Publié le lundi 16 avril
Une autre idée du “boum boum”
Publié le lundi 16 avril 2012 à 01H00
Première démonstration de “sound pressure level”
- Hier, l’équipe du Tahiti show SPL a fait vivre les voitures “boum boum” en cœur de ville.
- Une manifestation qui a remporté un grand succès.
- 158 décibels ont été atteints, sans que le voisinage ne soit dérangé.
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Dans les voitures, les décibels montent. À l’extérieur, seules les vibrations sont perçues.
Gros son, hier, mais surtout grosses vibrations, sur le parking de la salle Aorai tini hau, à Pirae, où les amateurs de SPL,
comprenez le “sound pressure level”, se sont donné rendez-vous pour une compétition qui n’avait pas été réalisée depuis
plus de cinq ans.
Les amateurs de “boum boum”, qu’ils préfèrent appeler “car audio”, “car bass” ou “auto sound”, se sont affrontés dans
des compétitions où le but est de produire le plus de décibels dans la voiture. Une fuite de son, et c’est l’élimination. Une
compétition de gros son préservant finalement totalement le voisinage.
Le résultat est étonnant. Les conducteurs sont dans la voiture, casque sur les oreilles, et mettent le son à fond le temps
d’un “boum” magistral, qui fait trembler l’habitacle de partout pendant une minute.
Boum. Le public, à un mètre de là, n’entend rien ou presque, mais les vibrations qui s’échappent sont dantesques. La
carlingue vibre, les rétroviseurs appellent au secours, les pare-brises tentent de se faire la malle et les corps des
spectateurs tremblent.
Boum. Deux personnes se collent aux portières d’une pauvre Peugeot Partner qui demande grâce. Les vitres, sur les
côtés, sont scotchées, comme on scotche ses portes, un soir de cyclone, pour éviter qu’elles n’éclatent. Ils tentent
surtout de colmater les portes pour éviter que le moindre décibel ne s’échappe de la voiture.
Un son équivalent au décollage d’un avion
Boum. Les compteurs s’affolent : 120 décibels. À l’intérieur, Marc est confronté à une puissance sonore équivalente au
décollage d’un avion de ligne. 140 décibels : c’est du délire. À côté de lui, la voiture du Team Harmony explose le record :
158,5 décibels, le tout sans que le moindre spectateur ne soit gêné.
Une prouesse inutile ; tous le reconnaissent. Mais comme le curling, une collection de capsules de boîtes de soda, ou un
disque de Lory, le SPL est surtout inutile, donc passionnant. “C’est une passion, confirme Tuarii. C’est une drogue.
Chacun sa passion. Moi, c’est ça. Le dimanche, on va au fond de la Maroto. On s’appelle entre copains, et on se rejoint.
On fait marcher chacun notre tour notre sono.”
Pour une voiture, c’est un budget qui peut atteindre plusieurs millions de francs. Ici, c’est le son qui est important. Dans le
tuning, les voitures sont rutilantes, neuves si possible, et peintes avec des couleurs improbables, avec jantes extralarges,
nounours à l’intérieur et des phares capables d’éclairer un stade de foot. Ici, ce ne sont pas les yeux qui sont visés, mais
les oreilles. Les voitures sont pour la plupart en fin de vie, beaucoup affichent en dessous des 90 000 P, mais cela reste
suffisant pour accueillir une discothèque roulante. Bien sûr, les visiteurs admirent les enceintes, les caisses, les
subwoofers et autres bidules clignotants, mais seul le son compte.
Hier, les amateurs de “boum boum” se sont enfin rendus respectables. Terminée, l’image du casse-bonbons, la pipette
dans la main droite, la bière dans la main gauche, qui pollue le quartier par ses “boum boum” incessants. Hier, les
amateurs de SPL se sont fait un nom, ont démontré que cela pouvait être une vraie passion. Une passion inutile, donc
formidable.
“C’est un sport de fou, mais c’est une passion”
Albert Vaitu
Un mot sur la journée d’aujourd’hui ?
“On a créé le Tahiti Show SPL pour revenir sur un événement qui ne se faisait plus depuis 2007. Le SPL c’est le Sound
pressure level, la mesure des décibels. Le principe est de donner les plus forts décibels, et d’avoir les meilleurs score.
Mais ce n’est pas le système audio que l’on a couramment. Les systèmes ici sont tous fermés, et on installe un micro
dans la voiture pour sonder le véhicule, et voir combien de décibels il y a.”
On appelle ça voiture “boum boum” à juste titre ou pas ?
“On va dire oui. On nous a appelés comme ça. Mais sinon, ce sport-là, on l’appelle le car audio ou l’auto sound. C’est
plus approprié. Certains l’utilisent de la mauvaise façon, et on leur recommande de venir sur ce genre de journée pour
pouvoir s’exprimer, et ne pas le faire dehors en dérangeant tout le monde. Cette journée est pour tous les fans de car
bass.”
Il y a beaucoup d’adhérents ?
“Il y a 17 compétiteurs aujourd’hui. Mais dans la prochaine édition, j’espère qu’on en aura plus. Merci à la mairie,
d’ailleurs, de nous avoir fait confiance pour cette journée, et de ne pas avoir eu peur des nuisances sonores.”
Certains, dans le public, sont venus en curieux.
“(rires) Mais c’est comme tout sport. C’est comme de la moto GP ou du motocross. On est dans un pays sans parc
d’attractions, alors on essaie de se distraire autrement. On passe les week-ends avec des amis, dans une bonne
ambiance, avec notre passion.”
Une prochaine édition est prévue ?
“On espère pour le mois d’août.”
Jusqu’à quelle puissance on peut monter ?
“Aujourd’hui, on a atteint les 158,3 décibels. À 160, on dépasse le mur du son.”
Et si vous la dépassez, la voiture explose ?
“Non, mais il y a un risque d’explosion du pare-brise. Les compétiteurs sont censés avoir des vitres blindées, renforcées.
S’ils le font bien, ça ne gêne pas le voisinage, d’ailleurs.”
Il y a un record du monde ?
“Oui, ce sont des Brésiliens, avec 180,3 décibels, avec une seule basse. Tout ça sans bruit à l’extérieur. Tout est à
l’intérieur de la voiture. C’est un sport de fou, mais c’est une passion, tout simplement.”
Il y a des catégories ?
“Oui, le street B, qui est une voiture classique, avec des sièges à l’arrière. Il y a le street max, où il y a plus les
fourgonnettes sans sièges à l’arrière. C’est eux qu’on appelle les boum boum. Et il y a les extrem, où les voitures sont
sanglées pour garder toute la puissance dans le véhicule.”
“La seule fille, mais j’ai l’habitude”
Mondy
“Ma passion, elle vient depuis que je suis toute petite. Je faisais déjà de la car bass. J’ai grandi dedans, je l’ai suivie dans
les compétitions, et j’ai continué. Ma voiture, je l’ai faite avec les moyens du bord. Il y a un peu de matériel de musique,
un peu d’esthétique. J’ai 2X18 digital en subwoofer avec deux amplis american 4 000. J’atteins 150,1 décibels avec.
Atteindre les 160 décibels, c’est un but, c’est un sport. Je suis la seule fille, mais j’ai l’habitude.”
“Fidèle à une marque”
Marc
“Aujourd’hui, c’est un concours SPL. Ça ne se passe qu’au niveau de la basse, mais sans faire de bruit. Il y a un petit
auto-radio dans la voiture, mais c’est quand il n’y a pas toutes les installations (rires). Pour le reste, il y a tout le matos.
Je la monte comme ça que pour les SPL. D’habitude, ma voiture est normale. Pour les courses au magasin, je prends
une autre voiture, je n’ai pas la place dans celle-ci. Là, il y en a pour environ 1 million. C’est un passe-temps. On se
connaît tous, ici. Ils sont dans d’autres marques. Chacun est fidèle à des marques différentes. On se définit selon la
marque avec laquelle on customise la voiture.”
“Je préfère être sourd qu’être tout cassé”
Georges
“La voiture est équipée pour la compétition. J’ai quatre ampli de 2 000 montés en SPL dynamic, et j’ai quatre Digital
design en 1 200. C’est vrai, c’est une passion qui coûte beaucoup d’argent. Là, il y en a pour 6 millions. Ça fait longtemps
que je suis dedans. Je voulais faire de la course de motos, mais c’est interdit. Alors mon argent passe dans la voiture. Je
préfère ça… Je préfère être sourd qu’être tout cassé si je tombe de moto.
Le week-end, on se retrouve entre potes, pour le fun. Toute la voiture est changée. Je suis passé en catégorie extrem, et
j’ai pu retirer les sièges.”
“Je fais ça pour le plaisir”
Noël
“Aujourd’hui, on parle de car audio, pas de boum boum. J’ai une voiture, ça ressemble à une boîte de nuit. J’ai un 4X15,
avec un DVD 2000. J’ai sept batteries de 4 000 ampères chacune, avec quatre amplis de 2 000 watts. La voiture est
entièrement capitonnée. Je fais ça pour le plaisir. C’est un gros budget, dans une année. Dans cette voiture-là, il y a
environ 4 millions de francs. Mais là, il n’y aura pas plus. J’ai pas envie d’aller plus loin. Quand ma voiture est
customisée, tu peux faire de la musique avec. J’en profite quand je vais à Mahaena. Avant, j’allais à la Punaruu ou
encore dans la vallée de la Maroto.
C’est pas ma voiture pour tous les jours, c’est juste pour le week-end et la musique.”
Les décibels en quelques chiffres
0 dB : seuil d’audition
15 dB : niveau de bruit d’un bruissement de feuilles
30 dB : niveau de bruit de chuchotements
40 dB : niveau de bruit d’une salle d’attente
60 dB : niveau de bruit d’un ordinateur personnel de bureau à 0,6 mètres
65 dB : niveau de bruit d’une voiture roulant à 60 km/h à 20 mètres
85 dB : niveau de bruit d’un camion roulant à 50 km/h à 20 mètres (seuil à partir duquel il existe un risque pour l’acuité
auditive, selon la durée d’exposition sans protections adaptées)
92 dB : niveau de bruit d’une tondeuse à gazon à moteur thermique à 1 mètre
95 dB : niveau de bruit d’une rotative à journaux
103 dB : niveau de bruit d’un métier à tisser
115 dB : niveau de bruit d’un marteau pneumatique à 1 mètre
120 dB : seuil moyen d’apparition de la douleur due au son
125 dB : niveau de bruit d’un avion à réaction au décollage à 20 mètres
143,3 dB : niveau atteint par Stephen, hier, dans la catégorie street B
150,1 dB : niveau atteint par Mondy, hier, dans la catégorie street max
158. 5 dB : niveau atteint par le Team Harmony, hier, dans la catégorie extrem

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