Pleine page20 - Communauté de Communes du Saint

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Pleine page20 - Communauté de Communes du Saint
Entretien
Michel Perez
«Il faut toujours
faire évoluer
les choses»
Ancien président de la M.J.C et de Pronomade(s),
initiateur de la saint gaudingue, conseiller municipal d’opposition à Saint-Gaudens, conseiller régional élu sur la liste socialiste de Martin Malvy.
Michel Perez, passionné de rugby et de culture,
est un de ceux qui connaissent le mieux notre
territoire. Rencontre.
Pleine page : Michel Perez,
d’où êtes-vous originaire ?
Michel Perez : Je suis né tout à côté de Saint-Girons,
à Eycheil, près des papeteries Job. J’ai passé toute ma
jeunesse là-bas. Mes origines sont partagées, mon père
est réfugié espagnol et ma mère est française. Après la
fac, je suis parti faire ma coopération militaire au Maroc,
dans un lycée à Fès. Là, j’ai milité dans l’éducation
populaire, comme je le faisais déjà en France et dans le
sport, où j’ai recréé l’équipe de rugby à Fès.
L’engagement était de deux années ; j’y ai passé deux
années supplémentaires.
P.P : L’envie de militer est venue très jeune
chez vous. Cela vient de quoi ?
M.P : Cela est forcément dû à plusieurs paramètres.
D’abord, le modèle familial. Mon père était militant
politique dans son pays, cela met en condition. Certains
prennent le contre-pied et se dégagent de tout, d’autres,
au contraire, ont envie de faire évoluer les choses. Il y a
les souvenirs d’enfance, aussi. Un enfant de réfugié a
forcément une histoire qui n’a pas toujours été facile. Il
y a enfin ce que l’on vit. Je me suis engagé dans les
mouvements d’éducation populaire. Avant 68, j’étais un
des premiers à confier des responsabilités aux jeunes
eux-mêmes, ils étaient autonomes dans l’encadrement
de leur club d’animation. L’autogestion avant l’heure.
P.P : Venons-en à Saint-Gaudens.
Vous avez été président d’une M.J.C qui,
aujourd’hui, connaît de graves problèmes?
M.P : Après quatre années de coopération au Maroc,
je suis revenu en France. Après un passage à Narbonne,
où j’ai joué à Cuxac d’Aude, j’ai suivi mon épouse à SaintGaudens, mutée à l’hôpital. Pour ma part, j’étais
éducateur de jeunes en difficultés dans un institut socio
professionnel. J’ai tout de suite intégré le stade SaintGaudinois, où j’ai fini ma carrière. Pour l’anecdote, je
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suis arrivé en même temps que d’autres couserannais,
comme Toto Galey ou Jeannot Cante… L’envie de militer
étant toujours présente, je me suis vite rapproché de la
M.J.C. Celle-ci ne prenait pas la place qu’elle devait
prendre en raison de la richesse du milieu associatif. Il y
a des villes où la M.J.C est devenue le centre culturel de
la ville. Ici, c’était plutôt un laboratoire pour de nouvelles
idées, de nouveaux projets. Quand une idée naissait, on
venait à la M.J.C qui facilitait le démarrage de l’activité.
Et quand ça fonctionnait bien, une association se montait.
La M.J.C était aussi, bien entendu, un foyer pour les
jeunes. Aujourd’hui, tout cela doit continuer. On a toujours
besoin d’une instance où les projets peuvent naître. Je
crois que la municipalité de Saint-Gaudens n’a pas
compris le rôle d’une M.J.C. Mais le vrai problème de
fond, c’est celui de l’indépendance des associations.
Vouloir supprimer la M.J.C pour créer en parallèle une
structure municipale qui y ressemblerait, qu’est ce que
ça veut dire ? Vouloir mettre la main sur la structure ?
P.P : A Saint-Gaudens, on vous connaît pour être,
en compagnie de Philippe Saunier,
à l’origine de la saint gaudingue.
M.P : Ce festival n’était qu’une partie de la politique
que nous menions. Il en était le point d’orgue avec un
événement marquant sur la ville. On pouvait être d’accord
ou pas, mais la saint gaudingue était repérée
nationalement, la presse venait et on valorisait SaintGaudens. Ce qui m’intéressait surtout, c’était de montrer
les formes contemporaines de la création, sans toucher
à tout ce qui se faisait déjà. Avec cette constatation que
font tous les élus : ce sont toujours les mêmes publics
qui vont au théâtre, les mêmes couches sociales. D’où
cette question : comment aller vers de nouveaux publics
? La grande idée, c’était d’aller au plus près de la
population en lui montrant ce qui se faisait dans les
différents domaines des arts de la rue, en théâtre, en
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Entretien
danse, en musique… Ce fut une réussite ! Cette
expérience-là a servi de modèle en France. Elle est
toujours citée en exemple. Il faut une volonté politique
de faire avancer les choses. Quand j’entends les élus
se plaindre « oui mais nous, on n’a pas de lieu », c’est
un faut débat, car les lieux se trouvent, se créent,
s’inventent, se découvrent. Sinon, nous n’aurions jamais
créé les haras ou la chapelle Saint-Jacques. Mais je
n’oublie pas que, parallèlement, nous n’avons jamais
arrêté de travailler avec les associations. Il suffit
d’interroger les différents présidents pour constater qu’ils
gardent un excellent souvenir de ce que l’on a pu faire et
vivre ensemble.
P.P : La suite logique, c’est Pronomade(s)
M.P : C’est effectivement la continuité. Pronomade(s),
c’est la décentralisation de spectacles sur l’ensemble d’un
territoire. On a tellement reproché aux parisiens d’être
centralisateurs, on a également reproché aux toulousains
de l’être vis-à-vis de notre région, je n’avais pas envie
que tout reste centralisé sur Saint-Gaudens. Il nous fallait
aller au plus près des territoires et dans les plus petits
villages. C’est ce que nous avons mis en place avec
Pronomade(s). L’objectif est atteint. Pronomade(s)
deviennent centre national, soutenues par le ministère
de la culture, par les DRAC et l’ensemble des
collectivités.
P.P : Pourquoi en avoir laissé la présidence ?
Saint-Gaudens, pour accueillir les gens, m’imprégner de
leurs difficultés, les écouter et tenter de les aider. Les
élus et les présidents d’associations peuvent m’y
présenter leurs projets et leurs dossiers.
P.P : Vous êtes président de la Conférence
sanitaire et santé. C’est quoi exactement ?
M.P : Il y a des secteurs de santé répartis sur l’ensemble
du territoire, dont un dans le sud de la Haute-Garonne.
Ces secteurs de santé étaient jusque là plutôt l’affaire
des professionnels de santé, les élus étaient moins
impliqués. L’ensemble des problèmes liés à la santé
appartient aux médecins ; mais aussi aux élus et à
l’ensemble des citoyens. C’est pourquoi j’ai été élu à la
présidence, pour 5 ans. Il s’agit de travailler sur l’ensemble
du territoire. Ici, à Saint-Gaudens, le groupement sanitaire
clinique-hôpital a réussi, c’est un modèle. Mais ce n’est
pas tout. Quelle médecine et quel aménagement du
territoire en matière de santé voulons-nous pour notre
secteur ? La plupart des médecins en milieu rural ont
plus de 50 ans et se pose donc le problème du
renouvellement. Dans le Comminges, on nous prédisait
une diminution de population ; or, celle-ci progresse de
manière significative. Ce qui remet en cause les dotations
des établissements de santé, et doit inciter à revoir le
Schéma Régional. Ce que je compte faire, c’est organiser
des rencontres entre médecins, élus, représentants des
usagers pour pouvoir quantifier nos besoins. A mon sens,
il faut aussi développer les coopérations sur le piémont
pour endiguer la fuite des patients vers Toulouse. C’est
un sujet à aborder.
M.P : J’ai pour principe de ne pas mélanger les choses.
Quand j’ai été élu conseiller régional, je savais que j’aurais
à défendre des dossiers. Quand on est partie prenante,
on ne peut pas et on ne doit pas participer à un vote ou P.P : N’est-il pas trop dur d’être conseiller
à un débat. C’est une question d’éthique. De même, municipal minoritaire de Saint-Gaudens après en
quand j’ai été élu conseiller municipal à Saint-Gaudens, avoir été conseiller municipal majoritaire ?
j’ai abandonné la présidence de la M.J.C.
M.P : C’est évidemment un peu frustrant, surtout
lorsqu’on a porté beaucoup de projets pour la ville, de ne
P.P : Vous êtes donc conseiller régional.
pas participer ou de ne pas être entendu. Ce que je
Pouvez-vous nous décrypter le rôle ?
regrette, c’est qu’il n’y ait pas de vrai débat de fond au
M.P : Souvent, les gens disent conseiller régional du
conseil municipal ou dans les commissions, dès qu’un
Comminges ou du canton de Saint-Gaudens. Non, on
sujet difficile se présente, on n’en parle pas, on l’élude.
est conseiller régional de Midi-Pyrénées, on est élu sur
La démocratie ne s’applique pas. Il n’y a, par exemple,
une liste représentant l’ensemble de la Région. Comme
pas de local pour la minorité. Certains vont rappeler le
on assure une partie de représentation, il est vrai qu’on
passé, mais depuis les textes ont changé faisant
est mandaté pour représenter l’institution au plus près
obligation de donner des moyens à la minorité pour
de chez nous. Mais le rôle du conseiller régional, c’est
fonctionner.
d’abord de mettre en place la politique régionale. Martin
Malvy conduisait une liste avec un programme : « une P.P : Un dernier mot sur la Communauté ?
région forte et solidaire ». Quand on parle de MidiM.P :Je n’y siège pas et j’y porte donc un regard
Pyrénées, on pense d’abord Toulouse et son agglo. On extérieur. Au niveau de la Région, les maîtres mots sont
pense Airbus. Mais à côté d’Airbus, il y a tout un réseau projets en commun et mutualisation ; je crois qu’au niveau
de PME/PMI. Il y a aussi des agriculteurs en Aveyron, du canton, c’est la même chose. On sait très bien que
des éleveurs dans le Comminges, des arboriculteurs les communes seules ne peuvent plus continuer à vivre
dans le Tarn et Garonne. C’est une région très vaste, comme elles ont vécu. Si on veut animer des projets
mais pas forcément une région très riche comme on importants, il faut se fédérer. Le but de la Communauté,
pourrait le croire. On ne peut pas comparer Midi- c’est de mettre ensemble tous les moyens, financiers
Pyrénées à la région Rhône-Alpes, par exemple. Au mais aussi humains. Ici, la Communauté remplit tout à
niveau du PIB on est 17ème sur 22. Pour résumer, le fait son rôle. Avec un bémol, le débat toujours latent avec
conseiller régional travaille dans différentes commissions Saint-Gaudens sur le transfert des compétences. On
régionales mais aussi au sein de différentes instances devrait transférer beaucoup plus. Mais on entre ici dans
(hôpitaux, lycées)… et apporte le soutien de la Région à un débat beaucoup plus politique et j’y participerai en
diverses manifestations. Le plus important, je crois, c’est temps voulu.
de ne pas perdre le contact avec le terrain. On ne peut
pas se retrancher dans un bureau à Toulouse. C’est pour
cela que j’ai ouvert une permanence, avenue de l’Isle à
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