La lettre du

Transcription

La lettre du
La lettre du
S
N° 19 - Février 2013
H I AT S U
F É D É R AT I O N
F RANÇAISE
Sommaire
P. 1 & 2
À la Une :
Séances de Shiatsu
à l’hôpital de Dreux
C
olloque :
Oncologie & Shiatsu.
Résumé du colloque
organisé par la FFST
P. 8
Dernière minute :
Reconnaissance
du Shiatsu en Italie
S H I AT S U T R A D I T I O N N E L
Shiatsu
Séances de
à l’Hôpital de Dreux…
par Frédéric MASSON, élève en 3e année,
infirmier anesthésiste à l’hôpital de Dreux,
titulaire d’un DU sur le traitement de la douleur.
P. 3 & 4
Interview :
Okamoto Senseï détaille
ses techniques
P. 5 à 8
DE
Depuis un an, le Shiatsu a vu le jour à l’unité douleur du
centre hospitalier de Dreux. Grâce aux efforts de nombreux
acteurs, une heure de Shiatsu est offerte au personnel du
bloc opératoire. Cette expérience a permis, à plus de trente
personnes, de bénéficier des bienfaits de cet art ancestral.
Publié sous l’égide de la FFST
12, rue des Épinettes - 75 017 Paris
Tél. : 01 42 29 64 22
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• Secrétaire de rédaction :
Michèle Cataldi
• Comité de rédaction :
Michèle Cataldi, Monica Germain,
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• Graphisme et maquette :
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• Impression : Zimmermann
06 270 Villeneuve-Loubet.
Ce magazine a été imprimé
avec des encres végétales sur papier PEFC
issu des forêts gérées durablement.
N° ISSN : 2118-8696
Dépôt légal : février 2013
© Lagartija de colores - fotolia.com
L
e Shiatsu est une des huit approches alternatives désignées dans la
résolution A4-0075/97 du Parlement européen, votée le 29 mai 1997, en
tant que « médecine non conventionnelle digne d’intérêt ».
Extrait du plan gouvernemental de lutte contre la douleur 2006-2010 :
Axe 3.- Améliorer les méthodes non pharmacologiques dans des conditions de
sécurité et de qualité. Il est nécessaire de prévenir les douleurs induites par les soins
et de développer les traitements physiques ou les méthodes psychocorporelles.
Les séances sont programmées un mois en amont, et une pièce réservée (Suite page 2)
La lettre du Shiatsu - n° 19 - Février 2013
1
À la une
(Suite de la page 1) est mise à disposition au
sein de l’unité douleur. La recherche de bien-être
est au cœur de l’attention portée à chacun, aussi
l’isolement, le calme et l’ambiance créés dans cette
pièce sont d’emblée propices à la détente. Un Shiatsu
d’une heure est effectué à titre gratuit et sur la base
du volontariat, à partir d’un protocole Namikoshi
étudié pendant deux ans.
C’est aussi l’occasion de
réaliser une étude (sur
36 séances à ce jour) afin
d’objectiver les bienfaits
du Shiatsu, de proposer
de développer les séances au profit d’un plus
grand nombre de personnes, ainsi que d’intégrer
le Shiatsu dans l’arsenal des différents moyens mis
à disposition pour la prise en charge du patient
douloureux chronique.
qualité et l’intensité des pressions, la satisfaction,
la réponse aux attentes, le soulagement ressenti.
Enfin le receveur indique s’il souhaite revenir
une prochaine fois. Chaque item est coté afin
de mettre en évidence les écarts existant entre
l’avant et l’après Shiatsu. Cette façon cartésienne
- pour ne pas dire scientifique - d’aborder cette
étude permet d’en
objectiver les résultats et
de faire se rapprocher deux
univers, d’un côté une
Sensei Nakazono approche empirique plutôt
pragmatique, qui est le
fruit d’une observation minutieuse par l’homme de
son environnement depuis des millénaires, et de
l’autre, une approche scientifique plutôt sceptique,
où il est nécessaire d’apporter des preuves
concrètes par le biais d’études.
Même si l’approche est différente, l’objectif est le
même, il s’agit bien de prendre soin…
Il est facile de comprendre qu’il était plus simple
de faire se rapprocher le Shiatsu de « l’univers
scientifique » en analysant ses mécanismes ainsi
que les effets procurés par son application.
Le défi qu’a su relever l’hôpital est de
s’accommoder de cette subjectivité, aidé en
cela par l’intérêt grandissant porté à la douleur,
aux soins palliatifs et à la dimension spirituelle
désormais accordée à chaque être.
Les premiers résultats dépassent les espérances,
et l’étude permet de mettre en évidence une
amélioration des scores de bien-être, de douleur,
une diminution des tensions, un soulagement, un
« post-effet » durable… L’étude va être poursuivie
encore pendant six mois, dans les mêmes
conditions, et les résultats feront l’objet d’un
compte-rendu.
A l’heure où l’homme occidental commence
à prendre en compte sérieusement son
environnement bio-psychosocial, le Shiatsu est une
chance pour l’hôpital et vice-versa. La rencontre
de ces deux univers s’est faite en intelligence et
profitera à tous.
g
Merci…
« C’est l’essence de l’humain
qui fait le travail de guérison »
L’étude comprend deux étapes :
© D. R.
- La première (avant le Shiatsu) consiste à établir
un « état des lieux » du receveur en ce qui
concerne sa posture, ses tensions musculaires
conscientes, sa douleur, son bien-être. Les attentes
du receveur concernant la séance ainsi que les
« post-effet » sont notifiés.
- La deuxième étape consiste simplement à réaliser
une évaluation comparative à l’issue de la séance
concernant la posture, les tensions musculaires
conscientes, la douleur, le bien-être, mais aussi
sur les tensions musculaires révélées au cours de
la séance ainsi que le confort et l’installation, la
2
Interview
Pressions et mobilisations
pour atteindre la profondeur
Masanori OKAMOTO (voir les Infos internet n°4 de la FFST), 43 ans, praticien
diplômé d’État en amma, massage et Shiatsu, acupuncture et moxibution. Il est
responsable de l’enseignement pratique du Shiatsu à l’Institut thérapeutique de
Tokyo, et dirige parallèlement son cabinet de soins «Hospitale» à Tachikawa.
Interview de Masanori OKAMOTO : article paru dans le magazine japonais
de médecine orientale Idô no Nippon (n° 830, novembre 2012)
Q
uel traitement préconisez-vous pour les
patients souffrant de lombalgie?
Un traitement standard n’est pas envisageable
car les lombalgies sont de différents types, avec
différentes causes. Il est essentiel de distinguer
les différents types de lombalgie et de traiter en
adaptant les techniques à l’état du patient.
La lombalgie d’origine myofasciale et la
lombalgie d’origine articulaire sont les deux
types de lombalgie que les praticiens Shiatsu
sont le plus souvent amenés à traiter. C’est
pourquoi leur traitement efficace aura
également, par ailleurs, une heureuse incidence
sur la gestion économique du cabinet de soins.
d’un mouvement du tronc. Par exemple, en
penchant le tronc vers l’avant, la douleur est
avivée au niveau des muscles érecteurs du
rachis, multifides et carrés des lombes, ou en
cas de flexion latérale du tronc, le muscle carré
des lombes opposé au côté de la flexion devient
plus douloureux.
Comment distinguer la lombalgie d’origine
myofasciale et la lombalgie d’origine
articulaire ?
Dans le cas de la lombalgie d’origine
myofasciale, la contraction musculaire est due
à l’endommagement des fibres musculaires
ou des fascias (aponévroses musculaires). On
observe alors un accroissement de la douleur
quand les muscles lésés sont sollicités lors
© Photos p.3 & p.4 : Michèle Cataldi
Quels sont les points clés pour le traitement
de ces deux types de lombalgie en Shiatsu
Kurétaké ?
Les pressions exercées à partir de la surface
du corps sont parfois insuffisantes pour
atteindre les plans profonds. Les mouvements
(mobilisation articulaire) ont alors un rôle
important pour y suppléer. Les mouvements
préconisés en Shiatsu Kurétaké permettent
d’agir directement sur les muscles contractés :
carrés des lombes et multifides dans le cas de
la lombalgie d’origine myofasciale, et ilio-psoas
dans le cas de la lombalgie d’origine articulaire.
La lettre du Shiatsu - n° 19 - Février 2013
3
Interview
Dans le cas de la lombalgie d’origine articulaire,
en raison d’un alignement défectueux des
vertèbres lombaires, la douleur est avivée
lorsque se produit une charge mécanique sur
les articulations intervertébrales notamment
lors d’un mouvement d’extension vers l’arrière
(cambrement). On peut ainsi assez facilement
différencier ces deux types majeurs de
lombalgie, après avoir bien sûr éliminé d’autres
causes pathologiques possibles.
Comment traitez-vous la lombalgie d’origine
myofasciale ?
Dans le cas de la lombalgie myofasciale,
il convient essentiellement de détendre
les muscles des régions dorsale, lombaire,
fessière et abdominale, régions à traiter de
façon orthodoxe en appliquant des pressions
soigneuses. Cependant la forme (quadrilatère,
allongée, aplatie) et la surface importante du
muscle carré des lombes empêchent parfois
un traitement satisfaisant uniquement avec
les pouces. On peut alors atteindre cette zone
rapidement et efficacement en appliquant
des pressions à partir du bord latéral des
muscles érecteurs du rachis (ligne comprenant
le point Shishitsu = V52) en direction des
vertèbres, ou en bougeant indirectement les
muscles eux-mêmes par une mobilisation telle
le «mouvement du poisson rouge». Cette
mobilisation est également efficace pour la
stimulation des muscles (profonds) multifides.
Comment traitez-vous la lombalgie d’origine
articulaire ?
Il est tout d’abord nécessaire de comprendre
pourquoi la lombalgie d’origine articulaire est
survenue. L’occurrence de cette lombalgie a
pour origine l’évolution de l’humain d’une
marche à quatre pattes à une marche debout
sur deux jambes.
Intéressons-nous en particulier à la fonction du
muscle ilio-psoas.
Chez les animaux quadrupèdes, les ilio-psoas
sont des muscles souples du fait qu’une
puissante force musculaire n’est pas nécessaire
pour la locomotion : leur fonction se limite à
ramener vers l’avant tel un balancier les pattes
arrière qui ont foulé le sol. Les ilio-psoas du
bœuf, du porc et du cheval correspondent, en
boucherie, au filet.
Par contre, chez l’homme, qui a acquis la
locomotion bipède en position debout, une
puissante force musculaire est nécessaire pour
soulever suffisamment haut les lourds membres
inférieurs dans un mouvement antigravitaire.
À noter
Le prochain stage de Shiatsu Kurétaké aura
lieu à Paris les 15, 16 et 17 mars prochains.
Y seront notamment abordés :
- techniques fondamentales et utilisation
sans danger des coudes et genoux,
- self-Shiatsu et étirements à l’usage du
praticien,
- traitements spécifiques des lombalgies
et de la névralgie sciatique.
Le prochain stage estival aura lieu du 19 au
22 juillet en Bretagne.
Renseignements et modalités
d’inscription sur www.shiatsu777.com
C’est pourquoi les ilio-psoas ont une texture
musculaire robuste et dure. Ils sont également
recouverts par un résistant fascia (prévenant des
adhérences avec les viscères abdominaux).
Si l’on contracte les ilio-psoas en gardant les
jambes immobiles, les vertèbres lombaires sont
tirées vers l’avant, entraînant une hyperlordose
(cambrure lombaire).
Une douleur provoquée dans cette position,
par rétrécissement des espaces interarticulaires,
est caractéristique de la lombalgie d’origine
articulaire.
La recherche de compensation de la cambrure
lombaire entraîne une mauvaise posture :
voussure dorsale, contraction de l’arrière des
cuisses (ischio-jambiers) et légère flexion des
genoux.
En tenant compte des causes fondamentales
de la lombalgie d’origine articulaire, les points
clés du traitement seront donc : le relâchement
du muscle ilio-psoas contracté, la résorption de
l’hyperlordose, ainsi que l’assouplissement des
muscles érecteurs du rachis et ischio-jambiers,
qui permettront le rétablissement d’une posture
correcte.
Il ne faut absolument pas appliquer des
pressions fortes sur le bas du dos du patient
positionné en décubitus ventral, ceci ne
faisant qu’accentuer la douleur en rétrécissant
davantage les espaces séparant les corps
vertébraux.
Il convient tout d’abord d’assouplir l’ilio-psoas
enraidi, le patient positionné en décubitus
dorsal, et de terminer le traitement par une série
de mouvements propres à étirer l’ilio-psoas. g
La lettre du Shiatsu - n° 19 - Février 2013
Colloque
Shiatsu et oncologie
(Extraits du colloque d’octobre 2012. Version intégrale sur le site de la FFST)
organisé par Jacques LAURENT, Sylvaine BERTRAND et Pascale van de WALLE
Devant le succès du 1er colloque (fibromyalgie, Alzheimer, Parkinson - nombreux
retours et plus de 700 visionnages sur YouTube), un 2e colloque fut proposé : Shiatsu
et oncologie. Ceci toujours dans le cadre du « Shiatsu dans l’accompagnement
thérapeutique » car le moment est venu de se positionner - et très vite !
N
ous avons le plaisir d’accueillir : Francine Desmarchelier,
présidente de l’Association
Vaincre le cancer solidairement (AVACS), Marie-Claire Michaud
(praticienne Shiatsu FFST), Jérôme Capian
(praticien Shiatsu FFST) et le Docteur
Chantal Marchand (médecin radiologue).
Jérôme CAPIAN
Praticien de Shiatsu FFST
I - Le couple Shiatsu/oncologie
Il est grand temps de lever le malentendu
Shiatsu/cancer, a priori depuis trop longtemps installé, affirmant que faire du Shiatsu risque de favoriser l’évolution des métastases. Et pour cela, il faut examiner ces trois
niveaux interdépendants : physiologique,
énergétique et psychologique. (…)
II - Actions bénéfiques
du Shiatsu pour un malade du cancer
Les soins de support viennent essentiellement en complément sur les effets
secondaires indésirables des traitements
médicaux classiques.
La fatigue, le symptôme majeur pour
tous les cancéreux (dans 80 % des
cas). Pendant la chimio, avec le Shiatsu,
nous pouvons intervenir à tout moment :
cela peut être la veille de la séance, le
jour même ou quelques jours après. Tout
est possible. Après toute la série des traitements, les malades sont en grand désarroi. Ils arrivent à une période de vide
où il n’y a plus de prise en charge et ils
sont épuisés. Cette fatigue n’est plus due
à la chimio ou à la radiothérapie, c’est un
épuisement plus psychologique. (…)
Autres principaux effets secondaires :
Nausées et vomissements. L’acupression
sur le grand point 6 MC a des effets vraiment très intéressants.
Troubles digestifs. Le Shiatsu a des actions
très bénéfiques sur les diarrhées, douleurs
à l’estomac, constipation pour les personnes sous morphine (un Shiatsu global
et au niveau du ventre va libérer le transit).
Douleurs des articulations et fourmillements (chimios et hormonothérapies). Le
Shiatsu va réduire les douleurs aux poignets et aux extrémités.
Mucites et aphtes. Palpitations. (…)
III - Relation praticien de
Shiatsu/patient : la mise en confiance
J. C. : On rejoint là le titre du colloque :
Shiatsu et accompagnement thérapeutique.
Le Shiatsu et la thérapeutique… on le
fait, mais on ne le dit pas ! Je pense qu’il
ne faut pas avoir peur des mots : quand
on soulage des nausées ou des problèmes digestifs, on ne guérit pas, mais
on soulage beaucoup. Ce n’est plus un
rapport donneur/receveur, mais un rapport de soin soignant/soigné. (…)
Le relationnel thérapeutique : savoir
mettre en confiance, écouter et aider,
c’est très important, mais
pas si évident,
parce que cela
ne se fait pas de
façon innée. C’est l’expérience qui nous
permet d’appréhender les personnes en
les mettant en confiance. (…)
Empathie, compassion, ouverture du
cœur, art du cœur. (…)
Shiatsu), des groupements se sont mis
en place. L’Agence régionale de santé
finance les réseaux, libres de les gérer
comme ils l’entendent. En Indre-et-Loire,
le Shiatsu est utilisé en partenariat.
Les deux plans cancer
de 2003 et 2007
J. C. : « Cela fait 3 ans et demi que je travaille pour le réseau ONCO 37, avec deux
autres partenaires, et nous avons des
résultats vraiment très intéressants. (…)
Ce réseau propose différentes disciplines
aux personnes suivies en traitement : réflexologie, psycho-oncologie, Shiatsu (…)
Une partie du monde médical commence
à s’ouvrir aux soins de support. À nous,
praticiens, d’entrer en contact avec lui. Il
faut de l’audace. Mais si on est clair dans
son Shiatsu et qu’on a une bonne formation, on peut vraiment aider les malades. »
Les réseaux territoriaux de cancérologie
en province ne sont pas nombreux.
J. C. : « Il faut oser aller voir les réseaux.
Pour valider les effets du Shiatsu - comme
certains ont commencé en Europe (cf.
étude de Dominique Chevalier) - il est indispensable de
parler le même
langage que les
médecins. (…)
Christian Bobin Faire des études
avec un groupe témoin, un groupe placebo et des cross over. J’ai déjà commencé à
poser des jalons, mais il faut se grouper :
c’est à partir du moment où il y aura une
ou plusieurs études réalisées, qu’il pourra
y avoir une reconnaissance du Shiatsu ! ».
« Ce n’est pas par le toucher qu’on
sent le mieux, mais par le cœur »
IV - Relation praticien
de Shiatsu/corps médical
Pour créer des réseaux de soins de support classiques et innovants (comme le
La lettre du Shiatsu - n° 19 - Février 2013
www.shiatsu-capian.com
[email protected]
06 22 22 58 30
5
Colloque
Chantal Marchand
Médecin radiologue sénologue
Diagnostic et surveillance du cancer du sein
Depuis 25 ans dans le Loir-et-Cher, (…) le
docteur Chantal Marchand est appelée
à surveiller et à diagnostiquer un grand
nombre de femmes atteintes de cancer
du sein. C’est ainsi qu’elle pratique au
quotidien : échographies, cytoponctions,
IRM et mammographies (3 000 à 4 000/
an, pour ces dernières)… Dans ce cadre,
elle participe à des réunions de concertations pluridisciplinaires de diagnostics et
fait partie d’un groupe de travail sur les
référentiels de prise en charge du cancer
du sein dans la région Centre.
Le cancer du sein
en quelques chiffres
Il atteint 1 femme sur 10, voire 1 femme
sur 9. Les femmes concernées se situent
entre 50 et 70 ans, (même si de nombreux cancers du sein sont constatés sur
les moins de 40 ans ou plus de 80 ans).
Une majorité de ces cancers survient en
l’absence de tout contact héréditaire.
Et 20 à 30 % des cas concernent une
concentration familiale, souvent associée
à un cancer de l’ovaire (de la mère, la
grand-mère…). (…)
Les facteurs de risque
Parmi les causes, on peut retenir les
premières règles précoces, le nombre
limité d’enfants, la grossesse et ménopause
6
tardive, l’obésité et la consommation
excessive d’alcool. En ce qui concerne
les contraceptifs oraux et le traitement
hormonal substitutif de la ménopause, les
études sont nombreuses et contradictoires.
(…)
Les traitements classiques
La chirurgie, méthode la plus souvent
pratiquée en première intention.
La radiothérapie, utilisation des rayonnements ionisants pour détruire les cellules
cancéreuses.
La chimiothérapie, préconisée en cas
d’envahissement ganglionnaire et/
ou lorsque la tumeur est agressive (de
grande taille) et chez les femmes très
jeunes.
L’hormonothérapie, employée pour les
cancers hormono-dépendants…
Le Shiatsu, un soin de support
par excellence
Le « plan cancer » est l’ensemble des
mesures élaborées par un groupe de
travail, suite au rapport officiel du professeur Jean-Pierre Grünfeld, afin d’assurer la prise en charge des cancers par
des équipes opérationnelles donnant la
même chance à toute personne atteinte,
quelle que soit sa situation géographique
ou financière. (…)
Le docteur Chantal Marchand s’intéresse au Shiatsu depuis de nombreuses
années. (…) En effet, après le grand choc
psychologique de l’annonce d’un cancer,
La lettre du Shiatsu - n° 19 - Février 2013
lorsque la phase aiguë des traitements
qui s’enchaînent est achevée, ainsi que
la course aux thérapeutes, les malades
tombent dans la routine de la surveillance.
Chantal Marchand : « Quand je les vois
pour le premier contrôle après traitement
(6 à 12 mois après l’annonce de la maladie), elles sont vidées, décontenancées et
déprimées. Elles se disent : « Je n’ai plus
de traitements. Je fais quoi ? Où vaisje aller, qui va s’occuper de moi ? » Le
Shiatsu, visant à traiter globalement les
femmes, prend en compte leurs facteurs
physiques, émotionnels, spirituels et
environnementaux. Il m’est alors apparu
que, pour ces femmes blessées dans leur
féminité, le Shiatsu, par son côté non
intrusif et son apport énergétique et relaxant, pouvait être considéré comme un
soin de support à part entière.
Pour mon expérience personnelle, le
Shiatsu, loin d’être contre-indiqué en cas
de cancer du sein, va au contraire booster les femmes et les aider à se guérir. Et
le Shiatsu n’a ni provoqué, ni fait flamber
le cancer, à ma connaissance. »
Marie-Claire MICHAUD
Praticienne en Shiatsu FFST
Marie-Claire Michaud : « À l’occasion de
ce colloque et de ma première année
écoulée à la clinique St-Faron de Mareuilles-Meaux (77), j’ai essayé de faire un
point sur les séances de Shiatsu et leurs
Colloque
bienfaits auprès de malades atteints de
cancer du sein. Je sais que des expériences de ce type sont encore très peu
nombreuses en France, malgré un grand
besoin des patients. Et en tant que praticiens de Shiatsu nous devons prendre une
place plus importante dans ce domaine ! »
Les ateliers Détente et Vitalité
Fin septembre 2008, elle met en place
les ateliers Détente et Vitalité, grâce à
sa rencontre avec Francine Desmarchelier. Et aujourd’hui, ces ateliers mensuels
d’une durée de 3 heures, sont ouverts à
tous : malades, proches et bénévoles de
l’association. (…)
Diverses pratiques sont proposées : auto
massage, auto Shiatsu, exercices respiratoires, temps de relaxation, ainsi que
de courtes séquences familiales permettant à chacune de donner et de recevoir.
Beaucoup pratiquent pour elles-mêmes
le Do-In au quotidien et certaines redonnent à leurs proches ce qu’elles apprennent à l’atelier.
M-C M. : « Qu’elles puissent avoir un
moyen d’apporter du bien-être à leur
famille au moment où elles-mêmes sont
en soins, c’est pour moi quelque chose
de très touchant. Ces ateliers sont ainsi
des moments d’échanges, de paroles et
de renforcements des liens ». (…)
Mise en place de séances
de Shiatsu individuelles
Confortée par ces ateliers et pour aller
encore plus loin, Marie-Claire participe,
en 2010, à la première formation de
Shiatsu à l’accompagnement en oncologie, proposée par Jérôme Capian. Elle
exerce ensuite, au sein de la clinique
St-Faron et, depuis septembre 2011,
l’AVACS prend en charge des séances individuelles de Shiatsu, gratuites, ouvertes
à toute personne en traitement, quel que
soit celui-ci et les lieux où il est dispensé.
M-C M. : « Il a fallu environ une année
pour la mise en place de ces séances.
L’objectif était de tenter d’atténuer
les effets secondaires des séances de
chimiothérapie. Mais les malades venaient parfois de loin et les séances de
Shiatsu étaient proposées uniquement
le lundi matin. Alors, pour des questions
d’organisation et de coordination avec
le service de chimiothérapie, cela ne
s’est pas passé tout à fait comme je le
pensais. » (…)
Pendant 2 mois, les patients étaient un
peu réticents. Des séances de Shiatsu ont
alors été proposées à plusieurs membres
de l’équipe soignante (infirmières, secrétaire du service oncologie, psychologue…). Un séminaire sur les thérapies
complémentaires a également permis de
mieux faire connaître ces différentes pratiques. Depuis, le bouche à oreille circule
et les demandes affluent ! (…)
Évaluation des effets du Shiatsu
Grilles d’évaluation, questionnaires… il
est difficile, pour la plupart des malades,
d’apprécier et de chiffrer les effets du
Shiatsu. « Et outre une sensation de
bien-être, beaucoup ont du mal à définir ce qu’ils ressentent corporellement de
façon précise et encore plus au niveau
énergétique. » (…)
« Cette année à la clinique St-Faron est
pour moi une expérience enrichissante,
complexe et humainement très forte,
pleine d’informations que je n’ai pas
encore pu analyser. Il est très important
d’avoir des personnes avec qui partager,
échanger. » Et, important, Jérôme Capian
répond rapidement quand j’ai des questionnements par rapport à la pratique. (…)
Francine Desmarcheliers
Présidente de l’AVACS
« Pour mieux comprendre comment nous
avons pu mettre en place des séances de
Shiatsu, dans une clinique, je vais vous
présenter le contexte. Notre association
AVACS a été créée par des malades et
des soignants ayant suivi un programme
d’éducation et de soutien : “Apprendre à
vivre avec le cancer“. Ce programme, dédié aux patients atteints d’un cancer, aux
membres de leur famille et à leur entourage, a été mis en place en octobre 1999
à la clinique Saint-Faron près de Meaux
(77). Francine Desmarcheliers, ancienne
infirmière, en est l’animatrice (en tant
que soignante).
L’intérêt du Shiatsu
en milieu hospitalier
Francine Desmarcheliers : « Tout a commencé en mars 1999, quand j’ai découvert ce programme aux RIO (Rencontres
des infirmières d’oncologie). En juin,
directeur et chirurgiens de la clinique
adhèrent à ce projet et chacun se met en
quête de trouver des partenaires qualifiés pour les différentes réunions, tous
les intervenants étant bénévoles.
Douze personnes de moins de 80 ans
et dont le diagnostic de cancer avait été
© Photos p.6, p.7 & p.8 : Frédéric Dupin
La lettre du Shiatsu - n° 19 - Février 2013
7
Der
Dernière minute…
Dernière minute…
Dernière minute…
Dernière minute…
Dernière minute…
Et pendant ce temps,
Tétière
le Shiatsu avance…
Après la Suisse et l’Australie qui avaient
légiféré en 2011 pour la régulation
des professions pouvant pratiquer le
Shiatsu, le 19 décembre 2012 le Sénat
italien a approuvé la loi n° 3270, sur les
« Dispositions en matière de professions
non organisées en ordre ou collège ».
Cette loi est la conclusion du combat que
le CoLAP - association à but non lucratif
créée en 1999 par 256 associations
professionnelles dont la FISIeO,
représentant essentiellement des métiers
non réglementés par des lois nationales
- a mené contre le puissant lobby des
professions organisées par un ordre ou
un collège professionnel.
La FISIeO, qui rassemble les enseignants
et praticiens en Shiatsu italiens et
les représente à l’ISN, en tant que
composante du CoLAP, sera bientôt
habilitée à définir le profil et à accorder
la certification à ses professionnels,
dans le respect des utilisateurs et sans
empiéter dans les domaines réservés
aux professions organisées en ordre ou
collège, conformément à l’article n° 1,
paragraphe 2, ci-après, qui fixe le champ
d’application :
Aux fins de la présente loi, pour
« profession non organisée en ordres
ou collèges », ci-après dénommé
« profession », on entend l’activité
économique, même organisée, visant la
prestation de services ou d’œuvres en
faveur de tiers, exercée habituellement
et principalement au moyen de
travail intellectuel, ou en tout cas
à l’aide de celui-ci, à l’exclusion des
activités réservées par la loi aux sujets
inscrits sur des registres ou listes
conformément à l’article 2229 du Code
civil, des professions sanitaires et des
activités et des métiers artisanaux,
commerciaux et d’exercice public régis
par des réglementations spécifiques.
Une nouvelle fois, il est démontré que
les profils professionnels adoptés par
les membres de l’ISN s’imposent au
niveau international comme des critères
qualitatifs décisifs pour obtenir la
confiance des utilisateurs et du corps
législatif.
Le conseil d’administration de la FFST,
fort de la percée législative italienne
et confiant en l’ouverture sociale des
esprits, poursuit et multipliera auprès de
l’administration française les démarches
initiées pour la reconnaissance
professionnelle.
posé après l’intervention ont participé en
octobre 1999 au premier programme,
animé par une infirmière formatrice. Il est
proposé deux fois par an depuis sa mise
en place : une fois sur le site de la clinique
et une fois sur le site du réseau.
Objectifs généraux : aider les patients à
comprendre leur situation, diminuer leur
anxiété, leur permettre de réagir et de
s’adapter à la nouvelle situation.
Le patient est acteur de sa santé : l’enseignement est basé sur le dialogue et tient
compte des expériences antérieures et
des besoins des participants.
Objectifs des groupes : gérer les conséquences physiques et psychiques de la
maladie et des traitements, contrôler le
stress, identifier et faire partager leur
préoccupation, offrir aux participants et
à leur entourage l’occasion d’utiliser et
de développer leurs ressources personnelles, avec l’aide du groupe, pour faire
face aux différents problèmes de leur vie.
Les trois premières séances permettent
d’aborder une meilleure connaissance de
la maladie. La quatrième aborde le côté
psychologique et donne aux patients la
possibilité de s’exprimer dans un climat
de respect et d’écoute, sans jugement.
À partir de la 5e séance, nous proposons
des outils de retour au mieux-être avec
la prise de conscience du corps : séances
de relaxation, de visualisation, d’art-thérapie. Enfin nous parlons des médecines
complémentaires.
Il faut savoir qu’en 2000 lorsque l’association a débuté, il n’existait aucune
structure pour venir en aide aux personnes atteintes d’un cancer.
Objectifs généraux
et objectifs de groupe
La rencontre avec Marie-Claire Michaud
nous a permis de créer l’atelier « Détente
et vitalité ». Avec l’autorisation de Dominique Chevalier nous avons remis son
mémoire aux médecins oncologues et
aux chirurgiens afin de leur montrer ce
que pouvait apporter le Shiatsu. » (…)
Les débuts furent difficiles… Mais dorénavant, chaque lundi, cinq malades
peuvent bénéficier de séances. (…)
Francine Desmarchelier
[email protected]
06 81 01 01 24
La lettre du Shiatsu - n° 19 - Février 2013