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La lettre du S N° 19 - Février 2013 H I AT S U F É D É R AT I O N F RANÇAISE Sommaire P. 1 & 2 À la Une : Séances de Shiatsu à l’hôpital de Dreux C olloque : Oncologie & Shiatsu. Résumé du colloque organisé par la FFST P. 8 Dernière minute : Reconnaissance du Shiatsu en Italie S H I AT S U T R A D I T I O N N E L Shiatsu Séances de à l’Hôpital de Dreux… par Frédéric MASSON, élève en 3e année, infirmier anesthésiste à l’hôpital de Dreux, titulaire d’un DU sur le traitement de la douleur. P. 3 & 4 Interview : Okamoto Senseï détaille ses techniques P. 5 à 8 DE Depuis un an, le Shiatsu a vu le jour à l’unité douleur du centre hospitalier de Dreux. Grâce aux efforts de nombreux acteurs, une heure de Shiatsu est offerte au personnel du bloc opératoire. Cette expérience a permis, à plus de trente personnes, de bénéficier des bienfaits de cet art ancestral. Publié sous l’égide de la FFST 12, rue des Épinettes - 75 017 Paris Tél. : 01 42 29 64 22 http://www.ffst.fr • Secrétaire de rédaction : Michèle Cataldi • Comité de rédaction : Michèle Cataldi, Monica Germain, Françoise Nabrin • Graphisme et maquette : inPhobulle [email protected] • Impression : Zimmermann 06 270 Villeneuve-Loubet. Ce magazine a été imprimé avec des encres végétales sur papier PEFC issu des forêts gérées durablement. N° ISSN : 2118-8696 Dépôt légal : février 2013 © Lagartija de colores - fotolia.com L e Shiatsu est une des huit approches alternatives désignées dans la résolution A4-0075/97 du Parlement européen, votée le 29 mai 1997, en tant que « médecine non conventionnelle digne d’intérêt ». Extrait du plan gouvernemental de lutte contre la douleur 2006-2010 : Axe 3.- Améliorer les méthodes non pharmacologiques dans des conditions de sécurité et de qualité. Il est nécessaire de prévenir les douleurs induites par les soins et de développer les traitements physiques ou les méthodes psychocorporelles. Les séances sont programmées un mois en amont, et une pièce réservée (Suite page 2) La lettre du Shiatsu - n° 19 - Février 2013 1 À la une (Suite de la page 1) est mise à disposition au sein de l’unité douleur. La recherche de bien-être est au cœur de l’attention portée à chacun, aussi l’isolement, le calme et l’ambiance créés dans cette pièce sont d’emblée propices à la détente. Un Shiatsu d’une heure est effectué à titre gratuit et sur la base du volontariat, à partir d’un protocole Namikoshi étudié pendant deux ans. C’est aussi l’occasion de réaliser une étude (sur 36 séances à ce jour) afin d’objectiver les bienfaits du Shiatsu, de proposer de développer les séances au profit d’un plus grand nombre de personnes, ainsi que d’intégrer le Shiatsu dans l’arsenal des différents moyens mis à disposition pour la prise en charge du patient douloureux chronique. qualité et l’intensité des pressions, la satisfaction, la réponse aux attentes, le soulagement ressenti. Enfin le receveur indique s’il souhaite revenir une prochaine fois. Chaque item est coté afin de mettre en évidence les écarts existant entre l’avant et l’après Shiatsu. Cette façon cartésienne - pour ne pas dire scientifique - d’aborder cette étude permet d’en objectiver les résultats et de faire se rapprocher deux univers, d’un côté une Sensei Nakazono approche empirique plutôt pragmatique, qui est le fruit d’une observation minutieuse par l’homme de son environnement depuis des millénaires, et de l’autre, une approche scientifique plutôt sceptique, où il est nécessaire d’apporter des preuves concrètes par le biais d’études. Même si l’approche est différente, l’objectif est le même, il s’agit bien de prendre soin… Il est facile de comprendre qu’il était plus simple de faire se rapprocher le Shiatsu de « l’univers scientifique » en analysant ses mécanismes ainsi que les effets procurés par son application. Le défi qu’a su relever l’hôpital est de s’accommoder de cette subjectivité, aidé en cela par l’intérêt grandissant porté à la douleur, aux soins palliatifs et à la dimension spirituelle désormais accordée à chaque être. Les premiers résultats dépassent les espérances, et l’étude permet de mettre en évidence une amélioration des scores de bien-être, de douleur, une diminution des tensions, un soulagement, un « post-effet » durable… L’étude va être poursuivie encore pendant six mois, dans les mêmes conditions, et les résultats feront l’objet d’un compte-rendu. A l’heure où l’homme occidental commence à prendre en compte sérieusement son environnement bio-psychosocial, le Shiatsu est une chance pour l’hôpital et vice-versa. La rencontre de ces deux univers s’est faite en intelligence et profitera à tous. g Merci… « C’est l’essence de l’humain qui fait le travail de guérison » L’étude comprend deux étapes : © D. R. - La première (avant le Shiatsu) consiste à établir un « état des lieux » du receveur en ce qui concerne sa posture, ses tensions musculaires conscientes, sa douleur, son bien-être. Les attentes du receveur concernant la séance ainsi que les « post-effet » sont notifiés. - La deuxième étape consiste simplement à réaliser une évaluation comparative à l’issue de la séance concernant la posture, les tensions musculaires conscientes, la douleur, le bien-être, mais aussi sur les tensions musculaires révélées au cours de la séance ainsi que le confort et l’installation, la 2 Interview Pressions et mobilisations pour atteindre la profondeur Masanori OKAMOTO (voir les Infos internet n°4 de la FFST), 43 ans, praticien diplômé d’État en amma, massage et Shiatsu, acupuncture et moxibution. Il est responsable de l’enseignement pratique du Shiatsu à l’Institut thérapeutique de Tokyo, et dirige parallèlement son cabinet de soins «Hospitale» à Tachikawa. Interview de Masanori OKAMOTO : article paru dans le magazine japonais de médecine orientale Idô no Nippon (n° 830, novembre 2012) Q uel traitement préconisez-vous pour les patients souffrant de lombalgie? Un traitement standard n’est pas envisageable car les lombalgies sont de différents types, avec différentes causes. Il est essentiel de distinguer les différents types de lombalgie et de traiter en adaptant les techniques à l’état du patient. La lombalgie d’origine myofasciale et la lombalgie d’origine articulaire sont les deux types de lombalgie que les praticiens Shiatsu sont le plus souvent amenés à traiter. C’est pourquoi leur traitement efficace aura également, par ailleurs, une heureuse incidence sur la gestion économique du cabinet de soins. d’un mouvement du tronc. Par exemple, en penchant le tronc vers l’avant, la douleur est avivée au niveau des muscles érecteurs du rachis, multifides et carrés des lombes, ou en cas de flexion latérale du tronc, le muscle carré des lombes opposé au côté de la flexion devient plus douloureux. Comment distinguer la lombalgie d’origine myofasciale et la lombalgie d’origine articulaire ? Dans le cas de la lombalgie d’origine myofasciale, la contraction musculaire est due à l’endommagement des fibres musculaires ou des fascias (aponévroses musculaires). On observe alors un accroissement de la douleur quand les muscles lésés sont sollicités lors © Photos p.3 & p.4 : Michèle Cataldi Quels sont les points clés pour le traitement de ces deux types de lombalgie en Shiatsu Kurétaké ? Les pressions exercées à partir de la surface du corps sont parfois insuffisantes pour atteindre les plans profonds. Les mouvements (mobilisation articulaire) ont alors un rôle important pour y suppléer. Les mouvements préconisés en Shiatsu Kurétaké permettent d’agir directement sur les muscles contractés : carrés des lombes et multifides dans le cas de la lombalgie d’origine myofasciale, et ilio-psoas dans le cas de la lombalgie d’origine articulaire. La lettre du Shiatsu - n° 19 - Février 2013 3 Interview Dans le cas de la lombalgie d’origine articulaire, en raison d’un alignement défectueux des vertèbres lombaires, la douleur est avivée lorsque se produit une charge mécanique sur les articulations intervertébrales notamment lors d’un mouvement d’extension vers l’arrière (cambrement). On peut ainsi assez facilement différencier ces deux types majeurs de lombalgie, après avoir bien sûr éliminé d’autres causes pathologiques possibles. Comment traitez-vous la lombalgie d’origine myofasciale ? Dans le cas de la lombalgie myofasciale, il convient essentiellement de détendre les muscles des régions dorsale, lombaire, fessière et abdominale, régions à traiter de façon orthodoxe en appliquant des pressions soigneuses. Cependant la forme (quadrilatère, allongée, aplatie) et la surface importante du muscle carré des lombes empêchent parfois un traitement satisfaisant uniquement avec les pouces. On peut alors atteindre cette zone rapidement et efficacement en appliquant des pressions à partir du bord latéral des muscles érecteurs du rachis (ligne comprenant le point Shishitsu = V52) en direction des vertèbres, ou en bougeant indirectement les muscles eux-mêmes par une mobilisation telle le «mouvement du poisson rouge». Cette mobilisation est également efficace pour la stimulation des muscles (profonds) multifides. Comment traitez-vous la lombalgie d’origine articulaire ? Il est tout d’abord nécessaire de comprendre pourquoi la lombalgie d’origine articulaire est survenue. L’occurrence de cette lombalgie a pour origine l’évolution de l’humain d’une marche à quatre pattes à une marche debout sur deux jambes. Intéressons-nous en particulier à la fonction du muscle ilio-psoas. Chez les animaux quadrupèdes, les ilio-psoas sont des muscles souples du fait qu’une puissante force musculaire n’est pas nécessaire pour la locomotion : leur fonction se limite à ramener vers l’avant tel un balancier les pattes arrière qui ont foulé le sol. Les ilio-psoas du bœuf, du porc et du cheval correspondent, en boucherie, au filet. Par contre, chez l’homme, qui a acquis la locomotion bipède en position debout, une puissante force musculaire est nécessaire pour soulever suffisamment haut les lourds membres inférieurs dans un mouvement antigravitaire. À noter Le prochain stage de Shiatsu Kurétaké aura lieu à Paris les 15, 16 et 17 mars prochains. Y seront notamment abordés : - techniques fondamentales et utilisation sans danger des coudes et genoux, - self-Shiatsu et étirements à l’usage du praticien, - traitements spécifiques des lombalgies et de la névralgie sciatique. Le prochain stage estival aura lieu du 19 au 22 juillet en Bretagne. Renseignements et modalités d’inscription sur www.shiatsu777.com C’est pourquoi les ilio-psoas ont une texture musculaire robuste et dure. Ils sont également recouverts par un résistant fascia (prévenant des adhérences avec les viscères abdominaux). Si l’on contracte les ilio-psoas en gardant les jambes immobiles, les vertèbres lombaires sont tirées vers l’avant, entraînant une hyperlordose (cambrure lombaire). Une douleur provoquée dans cette position, par rétrécissement des espaces interarticulaires, est caractéristique de la lombalgie d’origine articulaire. La recherche de compensation de la cambrure lombaire entraîne une mauvaise posture : voussure dorsale, contraction de l’arrière des cuisses (ischio-jambiers) et légère flexion des genoux. En tenant compte des causes fondamentales de la lombalgie d’origine articulaire, les points clés du traitement seront donc : le relâchement du muscle ilio-psoas contracté, la résorption de l’hyperlordose, ainsi que l’assouplissement des muscles érecteurs du rachis et ischio-jambiers, qui permettront le rétablissement d’une posture correcte. Il ne faut absolument pas appliquer des pressions fortes sur le bas du dos du patient positionné en décubitus ventral, ceci ne faisant qu’accentuer la douleur en rétrécissant davantage les espaces séparant les corps vertébraux. Il convient tout d’abord d’assouplir l’ilio-psoas enraidi, le patient positionné en décubitus dorsal, et de terminer le traitement par une série de mouvements propres à étirer l’ilio-psoas. g La lettre du Shiatsu - n° 19 - Février 2013 Colloque Shiatsu et oncologie (Extraits du colloque d’octobre 2012. Version intégrale sur le site de la FFST) organisé par Jacques LAURENT, Sylvaine BERTRAND et Pascale van de WALLE Devant le succès du 1er colloque (fibromyalgie, Alzheimer, Parkinson - nombreux retours et plus de 700 visionnages sur YouTube), un 2e colloque fut proposé : Shiatsu et oncologie. Ceci toujours dans le cadre du « Shiatsu dans l’accompagnement thérapeutique » car le moment est venu de se positionner - et très vite ! N ous avons le plaisir d’accueillir : Francine Desmarchelier, présidente de l’Association Vaincre le cancer solidairement (AVACS), Marie-Claire Michaud (praticienne Shiatsu FFST), Jérôme Capian (praticien Shiatsu FFST) et le Docteur Chantal Marchand (médecin radiologue). Jérôme CAPIAN Praticien de Shiatsu FFST I - Le couple Shiatsu/oncologie Il est grand temps de lever le malentendu Shiatsu/cancer, a priori depuis trop longtemps installé, affirmant que faire du Shiatsu risque de favoriser l’évolution des métastases. Et pour cela, il faut examiner ces trois niveaux interdépendants : physiologique, énergétique et psychologique. (…) II - Actions bénéfiques du Shiatsu pour un malade du cancer Les soins de support viennent essentiellement en complément sur les effets secondaires indésirables des traitements médicaux classiques. La fatigue, le symptôme majeur pour tous les cancéreux (dans 80 % des cas). Pendant la chimio, avec le Shiatsu, nous pouvons intervenir à tout moment : cela peut être la veille de la séance, le jour même ou quelques jours après. Tout est possible. Après toute la série des traitements, les malades sont en grand désarroi. Ils arrivent à une période de vide où il n’y a plus de prise en charge et ils sont épuisés. Cette fatigue n’est plus due à la chimio ou à la radiothérapie, c’est un épuisement plus psychologique. (…) Autres principaux effets secondaires : Nausées et vomissements. L’acupression sur le grand point 6 MC a des effets vraiment très intéressants. Troubles digestifs. Le Shiatsu a des actions très bénéfiques sur les diarrhées, douleurs à l’estomac, constipation pour les personnes sous morphine (un Shiatsu global et au niveau du ventre va libérer le transit). Douleurs des articulations et fourmillements (chimios et hormonothérapies). Le Shiatsu va réduire les douleurs aux poignets et aux extrémités. Mucites et aphtes. Palpitations. (…) III - Relation praticien de Shiatsu/patient : la mise en confiance J. C. : On rejoint là le titre du colloque : Shiatsu et accompagnement thérapeutique. Le Shiatsu et la thérapeutique… on le fait, mais on ne le dit pas ! Je pense qu’il ne faut pas avoir peur des mots : quand on soulage des nausées ou des problèmes digestifs, on ne guérit pas, mais on soulage beaucoup. Ce n’est plus un rapport donneur/receveur, mais un rapport de soin soignant/soigné. (…) Le relationnel thérapeutique : savoir mettre en confiance, écouter et aider, c’est très important, mais pas si évident, parce que cela ne se fait pas de façon innée. C’est l’expérience qui nous permet d’appréhender les personnes en les mettant en confiance. (…) Empathie, compassion, ouverture du cœur, art du cœur. (…) Shiatsu), des groupements se sont mis en place. L’Agence régionale de santé finance les réseaux, libres de les gérer comme ils l’entendent. En Indre-et-Loire, le Shiatsu est utilisé en partenariat. Les deux plans cancer de 2003 et 2007 J. C. : « Cela fait 3 ans et demi que je travaille pour le réseau ONCO 37, avec deux autres partenaires, et nous avons des résultats vraiment très intéressants. (…) Ce réseau propose différentes disciplines aux personnes suivies en traitement : réflexologie, psycho-oncologie, Shiatsu (…) Une partie du monde médical commence à s’ouvrir aux soins de support. À nous, praticiens, d’entrer en contact avec lui. Il faut de l’audace. Mais si on est clair dans son Shiatsu et qu’on a une bonne formation, on peut vraiment aider les malades. » Les réseaux territoriaux de cancérologie en province ne sont pas nombreux. J. C. : « Il faut oser aller voir les réseaux. Pour valider les effets du Shiatsu - comme certains ont commencé en Europe (cf. étude de Dominique Chevalier) - il est indispensable de parler le même langage que les médecins. (…) Christian Bobin Faire des études avec un groupe témoin, un groupe placebo et des cross over. J’ai déjà commencé à poser des jalons, mais il faut se grouper : c’est à partir du moment où il y aura une ou plusieurs études réalisées, qu’il pourra y avoir une reconnaissance du Shiatsu ! ». « Ce n’est pas par le toucher qu’on sent le mieux, mais par le cœur » IV - Relation praticien de Shiatsu/corps médical Pour créer des réseaux de soins de support classiques et innovants (comme le La lettre du Shiatsu - n° 19 - Février 2013 www.shiatsu-capian.com [email protected] 06 22 22 58 30 5 Colloque Chantal Marchand Médecin radiologue sénologue Diagnostic et surveillance du cancer du sein Depuis 25 ans dans le Loir-et-Cher, (…) le docteur Chantal Marchand est appelée à surveiller et à diagnostiquer un grand nombre de femmes atteintes de cancer du sein. C’est ainsi qu’elle pratique au quotidien : échographies, cytoponctions, IRM et mammographies (3 000 à 4 000/ an, pour ces dernières)… Dans ce cadre, elle participe à des réunions de concertations pluridisciplinaires de diagnostics et fait partie d’un groupe de travail sur les référentiels de prise en charge du cancer du sein dans la région Centre. Le cancer du sein en quelques chiffres Il atteint 1 femme sur 10, voire 1 femme sur 9. Les femmes concernées se situent entre 50 et 70 ans, (même si de nombreux cancers du sein sont constatés sur les moins de 40 ans ou plus de 80 ans). Une majorité de ces cancers survient en l’absence de tout contact héréditaire. Et 20 à 30 % des cas concernent une concentration familiale, souvent associée à un cancer de l’ovaire (de la mère, la grand-mère…). (…) Les facteurs de risque Parmi les causes, on peut retenir les premières règles précoces, le nombre limité d’enfants, la grossesse et ménopause 6 tardive, l’obésité et la consommation excessive d’alcool. En ce qui concerne les contraceptifs oraux et le traitement hormonal substitutif de la ménopause, les études sont nombreuses et contradictoires. (…) Les traitements classiques La chirurgie, méthode la plus souvent pratiquée en première intention. La radiothérapie, utilisation des rayonnements ionisants pour détruire les cellules cancéreuses. La chimiothérapie, préconisée en cas d’envahissement ganglionnaire et/ ou lorsque la tumeur est agressive (de grande taille) et chez les femmes très jeunes. L’hormonothérapie, employée pour les cancers hormono-dépendants… Le Shiatsu, un soin de support par excellence Le « plan cancer » est l’ensemble des mesures élaborées par un groupe de travail, suite au rapport officiel du professeur Jean-Pierre Grünfeld, afin d’assurer la prise en charge des cancers par des équipes opérationnelles donnant la même chance à toute personne atteinte, quelle que soit sa situation géographique ou financière. (…) Le docteur Chantal Marchand s’intéresse au Shiatsu depuis de nombreuses années. (…) En effet, après le grand choc psychologique de l’annonce d’un cancer, La lettre du Shiatsu - n° 19 - Février 2013 lorsque la phase aiguë des traitements qui s’enchaînent est achevée, ainsi que la course aux thérapeutes, les malades tombent dans la routine de la surveillance. Chantal Marchand : « Quand je les vois pour le premier contrôle après traitement (6 à 12 mois après l’annonce de la maladie), elles sont vidées, décontenancées et déprimées. Elles se disent : « Je n’ai plus de traitements. Je fais quoi ? Où vaisje aller, qui va s’occuper de moi ? » Le Shiatsu, visant à traiter globalement les femmes, prend en compte leurs facteurs physiques, émotionnels, spirituels et environnementaux. Il m’est alors apparu que, pour ces femmes blessées dans leur féminité, le Shiatsu, par son côté non intrusif et son apport énergétique et relaxant, pouvait être considéré comme un soin de support à part entière. Pour mon expérience personnelle, le Shiatsu, loin d’être contre-indiqué en cas de cancer du sein, va au contraire booster les femmes et les aider à se guérir. Et le Shiatsu n’a ni provoqué, ni fait flamber le cancer, à ma connaissance. » Marie-Claire MICHAUD Praticienne en Shiatsu FFST Marie-Claire Michaud : « À l’occasion de ce colloque et de ma première année écoulée à la clinique St-Faron de Mareuilles-Meaux (77), j’ai essayé de faire un point sur les séances de Shiatsu et leurs Colloque bienfaits auprès de malades atteints de cancer du sein. Je sais que des expériences de ce type sont encore très peu nombreuses en France, malgré un grand besoin des patients. Et en tant que praticiens de Shiatsu nous devons prendre une place plus importante dans ce domaine ! » Les ateliers Détente et Vitalité Fin septembre 2008, elle met en place les ateliers Détente et Vitalité, grâce à sa rencontre avec Francine Desmarchelier. Et aujourd’hui, ces ateliers mensuels d’une durée de 3 heures, sont ouverts à tous : malades, proches et bénévoles de l’association. (…) Diverses pratiques sont proposées : auto massage, auto Shiatsu, exercices respiratoires, temps de relaxation, ainsi que de courtes séquences familiales permettant à chacune de donner et de recevoir. Beaucoup pratiquent pour elles-mêmes le Do-In au quotidien et certaines redonnent à leurs proches ce qu’elles apprennent à l’atelier. M-C M. : « Qu’elles puissent avoir un moyen d’apporter du bien-être à leur famille au moment où elles-mêmes sont en soins, c’est pour moi quelque chose de très touchant. Ces ateliers sont ainsi des moments d’échanges, de paroles et de renforcements des liens ». (…) Mise en place de séances de Shiatsu individuelles Confortée par ces ateliers et pour aller encore plus loin, Marie-Claire participe, en 2010, à la première formation de Shiatsu à l’accompagnement en oncologie, proposée par Jérôme Capian. Elle exerce ensuite, au sein de la clinique St-Faron et, depuis septembre 2011, l’AVACS prend en charge des séances individuelles de Shiatsu, gratuites, ouvertes à toute personne en traitement, quel que soit celui-ci et les lieux où il est dispensé. M-C M. : « Il a fallu environ une année pour la mise en place de ces séances. L’objectif était de tenter d’atténuer les effets secondaires des séances de chimiothérapie. Mais les malades venaient parfois de loin et les séances de Shiatsu étaient proposées uniquement le lundi matin. Alors, pour des questions d’organisation et de coordination avec le service de chimiothérapie, cela ne s’est pas passé tout à fait comme je le pensais. » (…) Pendant 2 mois, les patients étaient un peu réticents. Des séances de Shiatsu ont alors été proposées à plusieurs membres de l’équipe soignante (infirmières, secrétaire du service oncologie, psychologue…). Un séminaire sur les thérapies complémentaires a également permis de mieux faire connaître ces différentes pratiques. Depuis, le bouche à oreille circule et les demandes affluent ! (…) Évaluation des effets du Shiatsu Grilles d’évaluation, questionnaires… il est difficile, pour la plupart des malades, d’apprécier et de chiffrer les effets du Shiatsu. « Et outre une sensation de bien-être, beaucoup ont du mal à définir ce qu’ils ressentent corporellement de façon précise et encore plus au niveau énergétique. » (…) « Cette année à la clinique St-Faron est pour moi une expérience enrichissante, complexe et humainement très forte, pleine d’informations que je n’ai pas encore pu analyser. Il est très important d’avoir des personnes avec qui partager, échanger. » Et, important, Jérôme Capian répond rapidement quand j’ai des questionnements par rapport à la pratique. (…) Francine Desmarcheliers Présidente de l’AVACS « Pour mieux comprendre comment nous avons pu mettre en place des séances de Shiatsu, dans une clinique, je vais vous présenter le contexte. Notre association AVACS a été créée par des malades et des soignants ayant suivi un programme d’éducation et de soutien : “Apprendre à vivre avec le cancer“. Ce programme, dédié aux patients atteints d’un cancer, aux membres de leur famille et à leur entourage, a été mis en place en octobre 1999 à la clinique Saint-Faron près de Meaux (77). Francine Desmarcheliers, ancienne infirmière, en est l’animatrice (en tant que soignante). L’intérêt du Shiatsu en milieu hospitalier Francine Desmarcheliers : « Tout a commencé en mars 1999, quand j’ai découvert ce programme aux RIO (Rencontres des infirmières d’oncologie). En juin, directeur et chirurgiens de la clinique adhèrent à ce projet et chacun se met en quête de trouver des partenaires qualifiés pour les différentes réunions, tous les intervenants étant bénévoles. Douze personnes de moins de 80 ans et dont le diagnostic de cancer avait été © Photos p.6, p.7 & p.8 : Frédéric Dupin La lettre du Shiatsu - n° 19 - Février 2013 7 Der Dernière minute… Dernière minute… Dernière minute… Dernière minute… Dernière minute… Et pendant ce temps, Tétière le Shiatsu avance… Après la Suisse et l’Australie qui avaient légiféré en 2011 pour la régulation des professions pouvant pratiquer le Shiatsu, le 19 décembre 2012 le Sénat italien a approuvé la loi n° 3270, sur les « Dispositions en matière de professions non organisées en ordre ou collège ». Cette loi est la conclusion du combat que le CoLAP - association à but non lucratif créée en 1999 par 256 associations professionnelles dont la FISIeO, représentant essentiellement des métiers non réglementés par des lois nationales - a mené contre le puissant lobby des professions organisées par un ordre ou un collège professionnel. La FISIeO, qui rassemble les enseignants et praticiens en Shiatsu italiens et les représente à l’ISN, en tant que composante du CoLAP, sera bientôt habilitée à définir le profil et à accorder la certification à ses professionnels, dans le respect des utilisateurs et sans empiéter dans les domaines réservés aux professions organisées en ordre ou collège, conformément à l’article n° 1, paragraphe 2, ci-après, qui fixe le champ d’application : Aux fins de la présente loi, pour « profession non organisée en ordres ou collèges », ci-après dénommé « profession », on entend l’activité économique, même organisée, visant la prestation de services ou d’œuvres en faveur de tiers, exercée habituellement et principalement au moyen de travail intellectuel, ou en tout cas à l’aide de celui-ci, à l’exclusion des activités réservées par la loi aux sujets inscrits sur des registres ou listes conformément à l’article 2229 du Code civil, des professions sanitaires et des activités et des métiers artisanaux, commerciaux et d’exercice public régis par des réglementations spécifiques. Une nouvelle fois, il est démontré que les profils professionnels adoptés par les membres de l’ISN s’imposent au niveau international comme des critères qualitatifs décisifs pour obtenir la confiance des utilisateurs et du corps législatif. Le conseil d’administration de la FFST, fort de la percée législative italienne et confiant en l’ouverture sociale des esprits, poursuit et multipliera auprès de l’administration française les démarches initiées pour la reconnaissance professionnelle. posé après l’intervention ont participé en octobre 1999 au premier programme, animé par une infirmière formatrice. Il est proposé deux fois par an depuis sa mise en place : une fois sur le site de la clinique et une fois sur le site du réseau. Objectifs généraux : aider les patients à comprendre leur situation, diminuer leur anxiété, leur permettre de réagir et de s’adapter à la nouvelle situation. Le patient est acteur de sa santé : l’enseignement est basé sur le dialogue et tient compte des expériences antérieures et des besoins des participants. Objectifs des groupes : gérer les conséquences physiques et psychiques de la maladie et des traitements, contrôler le stress, identifier et faire partager leur préoccupation, offrir aux participants et à leur entourage l’occasion d’utiliser et de développer leurs ressources personnelles, avec l’aide du groupe, pour faire face aux différents problèmes de leur vie. Les trois premières séances permettent d’aborder une meilleure connaissance de la maladie. La quatrième aborde le côté psychologique et donne aux patients la possibilité de s’exprimer dans un climat de respect et d’écoute, sans jugement. À partir de la 5e séance, nous proposons des outils de retour au mieux-être avec la prise de conscience du corps : séances de relaxation, de visualisation, d’art-thérapie. Enfin nous parlons des médecines complémentaires. Il faut savoir qu’en 2000 lorsque l’association a débuté, il n’existait aucune structure pour venir en aide aux personnes atteintes d’un cancer. Objectifs généraux et objectifs de groupe La rencontre avec Marie-Claire Michaud nous a permis de créer l’atelier « Détente et vitalité ». Avec l’autorisation de Dominique Chevalier nous avons remis son mémoire aux médecins oncologues et aux chirurgiens afin de leur montrer ce que pouvait apporter le Shiatsu. » (…) Les débuts furent difficiles… Mais dorénavant, chaque lundi, cinq malades peuvent bénéficier de séances. (…) Francine Desmarchelier [email protected] 06 81 01 01 24 La lettre du Shiatsu - n° 19 - Février 2013