Au Michigan, la belle ascension des Arabes dévoilée par Hani

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Au Michigan, la belle ascension des Arabes dévoilée par Hani
Les Libanais dans le monde
lundi 29 avril 2013
Au Michigan, la belle ascension des
Arabes dévoilée par Hani Bawardi
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« From Syria to Michigan : Flint and Highland Park Pioneers in the Arab American
Journey. » Tel est le titre d’une exposition qui nous apprend plus sur le rôle primordial
qu’a joué la communauté arabe entre 1890 et la Seconde Guerre mondiale.
ILLINOIS,
Pauline M. KARROUM
L’exposition « From Syria
to Michigan : Flint and Highland Park Pioneers in the
Arab American Journey » s’est
tenue récemment à l’Arab
American National Museum.
Son commissaire, le Pr Hani
Bawardi, est un historien
d’origine palestinienne qui a
travaillé longuement sur l’histoire des Arabo-Américains.
Il a également été commissaire
des droits de l’homme et a représenté sa communauté d’origine à la mairie d’Ann Arbor
L’affiche de l’exposition.
et à Flint, au nord de Detroit.
Ses recherches ont porté sur le
rôle essentiel joué par les Arabes dans le secteur commercial
à Michigan et l’ascension de
certains d’entre eux.
Tout au long de ses études,
le Pr Bawardi a assemblé un
matériel considérable : des
enregistrements vidéo, des
entrevues qu’il a menées avec
plusieurs familles qui ont fait
leurs preuves surtout dans le
secteur économique, des manuscrits rares comme les Mémoires de l’épicier originaire
de Nazareth, Ameen Farah,
qui a vécu à Flint, des photocopies de papiers de famille
et des registres de l’Église
orthodoxe d’Antioche SaintGeorges à Flint, des bulletins
paroissiaux, des programmes,
des annuaires, ainsi que des
dossiers d’auxiliaire...
Tout ce matériel a été utilisé pour mieux cerner et comprendre comment les Arabes
ont marqué de leur empreinte
l’État du Michigan. Mais ce
qui est intéressant dans les
études du Pr Bawardi, c’est
qu’elles dévoilent la diversité
des origines nationales, des
niveaux socio-économiques et
des degrés d’acculturation des
Arabes dans cet État. Selon
lui, les premiers immigrants se
sont identifiés en tant que Syriens, et lorsque leur pays était
menacé par le colonialisme,
cette identité s’est consolidée.
La plupart d’entre eux étaient
d’ailleurs originaires du Liban.
Mais les Libanais et les Syriens ne s’excluaient pas mutuellement malgré les fausses
perceptions selon lesquelles ils
souffraient de sectarisme.
Se basant sur la documentation de quatre organisations politiques datant de la
période allant de 1890 à la
Seconde Guerre mondiale, le
chercheur prouve aussi que
les immigrants étaient loin de
l’analphabétisme endémique
comme tiennent à le répéter
certains chercheurs. Les immigrants ont en effet publié
des autobiographies et des articles de haute qualité. Ils commémoraient les événements
majeurs. Ils ont participé au
programme nationaliste qui
était déjà bien ancré chez eux.
Ces pionniers arabes ont donc
travaillé pour combattre le
sectarisme, pour concevoir des
plans visant à sauver leur bienaimée Syrie (Bilad al-Cham)
des Ottomans, avant l’ère du
Le groupe d’organisateurs au complet.
colonialisme occidental.
Dans un nouveau livre à
paraître prochainement, le
Pr Bawardi propose aussi un
changement de paradigme
majeur en ce qui concerne la
question de l’acculturation des
Arabes. La plupart des spécialistes croient en effet à tort
qu’ils sont devenus récemment
américains arabes en réponse
à l’hostilité politique après la
guerre de 1967 à l’égard d’Israël
et grâce au travail de certains
universitaires d’origine arabe.
Mais le Pr Bawardi conteste
ce point de vue, évoquant « un
long processus d’acculturation
qui résulte d’une activité politique dès leur arrivée dans les
années 1890, et qui s’est poursuivie en réponse aux crises
politiques en Syrie jusqu’à la
Seconde Guerre mondiale ».
Tout cela a poussé les immigrés à déclarer leur loyauté
aux États-Unis. À la fin de
la guerre, ils ont retrouvé leur
identité d’Américains arabes
et fondé des organisations sophistiquées. Actuellement, ils
sont devenus le groupe le plus
influent du Michigan.
Le Pr Hani Bawardi, commisssaire de cette exposition.
L’une des populations les
plus importantes du Michigan
En tant que troisième plus
grande communauté ethnique
aux États-Unis, les Américains
d’origine arabe sont actuellement l’un des groupes les
plus actifs politiquement et
économiquement dans l’État
du Michigan. Malgré cette
présence considérable, ils ont
toujours été une population
ethnique incomprise dans cet
État, même avant les attaques
terroristes du 11 septembre
2001. Et depuis cette date, ils
doivent faire face quotidiennement à la suspicion, la peur
et l’incertitude quant à leur
intégration et leur adaptation.
Une mission universelle pour les Libanais
et leurs descendants en Amérique latine
Culture Des initiatives en cours pour renforcer les liens entre le Liban et le Brésil, pays
de l’immigration libanaise par excellence.
Naji FARAH
Au moment où le plus grand
pays d’Amérique latine s’apprête à recevoir le patriarche
maronite Béchara Raï, en
tournée depuis deux semaines
dans cette région du monde,
les initiatives visant à raviver
les liens touristiques et culturels entre le Liban et le Brésil vont bon train. C’est ainsi
qu’une petite délégation du
secteur touristique privé a effectué le déplacement afin de
participer au premier salon
WTM (World Trade Market)
se déroulant à São Paulo du 23
au 25 avril, qui a été suivi le 26
avril par le premier forum libano-brésilien sur le tourisme
à Rio de Janeiro.
La conjoncture actuelle est
d’autant plus favorable que
le nouveau pape François, de
nationalité argentine, semble
s’appuyer sur les communautés chrétiennes libanaises pour
renforcer le message universel
de paix. Il convient de signaler
que les deux plus grands pays
catholiques du monde sont
le Brésil et le Mexique, où
les émigrants libanais et leurs
descendants jouissent d’un
pouvoir économique et politique considérables.
Le Mexique, où SaintCharbel est très vénéré, avait
déjà accueilli, en mai dernier,
le patriarche Raï (voir notre
Alexandre, ingénieur industriel
à Manaus en Amazonie, est
père de trois Brésiliens de
mère libanaise.
édition du 21 mai 2012), dont
le séjour au Brésil précède de
trois mois celui du pape François. En effet, les prochaines
JMJ (Journées mondiales de
la jeunesse) se dérouleront du
23 au 28 juillet 2013 à Rio de
Janeiro, l’occasion d’organiser
un premier grand voyage à
partir du Liban vers le Brésil,
qui sera suivi par des voyages
annuels, notamment pour la
Coupe du monde de football
en 2014 et les Jeux olympiques
en 2016.
Les Brésiliens
d’ascendance libanaise
La force de l’identité nationale brésilienne, rencontrée
chez tous les Brésiliens d’ascendance diverse, portugaise,
italienne, japonaise et autres,
distingue nos compatriotes vivant dans ce pays de ceux des
pays voisins. Cette question a
été évoquée avec les responsables de l’église maronite de
Rio de Janeiro, dont le père
Roger Barakat et le père Fadi
Metni, venu d’Afrique du Sud
il y a trois mois, ainsi que le
père Émile Eddé, auteur de
nombreux livres sur le Liban
et la Phénicie traduits en espagnol et en portugais (voir
notre édition du 5 septembre
2011). De prime abord, cela
pourrait affaiblir l’intérêt qu’is
portent à leur origine, cette
complication rendant encore
plus nécessaire l’ouverture des
instances officielles et privées
libanaises aux émigrés et à
leurs descendants.
Malgré la prolifération des
clubs libanais ou libano-syriens dans ce pays, l’approche
devrait être différente de celle
réservée au Mexique et à l’Argentine par exemple, où de
puissantes associations regroupent des jeunes Libanais de
sang. Cela a été confirmé par
l’ex-ambassadeur du Liban au
Brésil, Fouad el-Khoury, en
poste de 2003 à 2009, et rend
inexplicable le fait que le gouvernement libanais ait laissé le
poste d’ambassadeur du Liban
au Brésil vacant durant trois
ans.
Trois Libanais de moins
L’absence du Liban à des
postes-clés, notamment au
sein des Nations unies, a été
aussi au centre des discussions
avec Roger Achkar, durant un
déjeuner dominical en sa maison à Copacabana. M. Achkar
est fonctionnaire international
des Nations unies, et fait face
à de multiples pressions l’empêchant d’accomplir sa mission
en toute neutralité. Sa collègue
française de Martinique, Jacqueline Chenard, et l’ambassadeur Fouad el-Khoury, qui
vit depuis sa retraite entre Rio
de Janeiro et Beyrouth, se sont
penchés sur ce problème, aggravé par le mode de fonctionnement du gouvernement libanais en proie, plus que jamais,
aux ingérences étrangères.
Rencontré dans le vol ParisRio, en provenance de Malaga
où se déroulait un forum industriel, Alexandre, ingénieur
brésilien résidant à Manaus,
en Amazonie, est père de trois
enfants dont la mère est d’origine libanaise, de la famille
Abboudi de Damour. Pour ces
trois enfants, Tatiana, Patricia
et Daniel, il est impossible
d’obtenir le passeport libanais,
la loi actuelle ne permettant
pas aux Libanaises de donner
leur nationalité à leurs enfants.
Trois Libanais de moins, mais
aussi des centaines de milliers
d’autres : il est urgent de faire
pression au Liban pour remédier à cette terrible lacune.
Le stand du Liban
à São Paulo
Toutefois, de multiples
initiatives nous redonnent
espoir. L’une d’elles vient du
ministère libanais du Tourisme, conjointement avec
les consulats du Liban à São
Paulo et à Rio de Janeiro, et
la Chambre de commerce libano-brésilienne. Les efforts
n’ont pas été ménagés depuis
deux mois pour que le Liban
soit présent au premier grand
Salon latino-américain sur
le tourisme, WTM, qui s’est
tenu la semaine dernière à São
Paulo, capitale des Libanais
d’outre-mer. L’occasion de renouer les contacts, entrepris il
y a quatre mois lors du grand
voyage organisé par le ministre Fadi Abboud et son équipe, qui n’ont pu se rendre cette
fois-ci au Brésil pour cause de
transition gouvernementale
(voir notre édition du 3 décembre 2012).
C’est ainsi qu’une délégation
de 15 personnes, représentant
diverses sociétés et associations, a reçu un très bel accueil
de la part du consul du Liban à
São Paulo, Kabalan Frangieh,
soucieux de la réussite de l’événement et omniprésent durant
les trois jours de l’exposition.
Le stand du Liban a connu
une affluence notable, vu l’intérêt que portent à notre pays
Le père Émile Eddé est
toujours très actif et sert
aujourd’hui l’église maronite
de Rio de Janeiro.
Le père Roger Barakat en compagnie des jeunes Anthony et
Cyrille.
Roger Achkar (à gauche) nous recevant à Copacabana avec
Jacqueline Chenard et l’ancien ambassadeur du Liban au Brésil,
Fouad el-Khoury.
de nombreuses personnes de
toutes nationalités. Plusieurs
Brésiliens d’ascendance libanaise se sont entretenus avec
les exposants, comme la journaliste Wilma Ary, originaire
de Zahlé, travaillant à l’UNIP,
et dont le souhait est de former au sein de cette université
un noyau de jeunes, qui établirait une relation permanente
avec le Liban.
Cette présence libanaise a
donné lieu à des rencontres
professionnelles multiples au
niveau des grandes agences de
voyage, brésiliennes notamment, mais également avec
les représentants duQatar,
des Émirats arabes unis, de la
Turquie et de pays européens,
ayant des liaisons directes aussi bien avec le Brésil qu’avec
le Liban, dans l’attente de la
programmation – pas avant un
an – d’un vol direct entre São
Paulo et Beyrouth. Quelques
rencontres familiales ont ponctué ce séjour, au cours duquel
un grand dîner a été offert par
le cardiologue Hussein Yaktine, en compagnie du consul
Frangieh et de Guilherme
Mattar, attaché à la mairie de
São Paulo et représentant la
Chambre de commerce libano-brésilienne.
Le forum libano-brésilien
à Rio de Janeiro
Des efforts intenses ont
été également fournis par
le consul du Liban à Rio de
Janeiro, Ziad Itani, et son
conseiller Marc Moussallem,
en vue de la réussite du premier forum libano-brésilien
sur le tourisme. La délégation
libanaise s’est ainsi rendue
le 26 avril dans cette grande
ville, dont notre collaboratrice
carioca Renata Vieira, professeur de portugais au Centre Brasil-Liban à Beyrouth,
connaît tous les recoins. Le
forum, auquel ont participé de
grandes agences de tourisme
locales, a succédé aux festivités
en l’honneur de saint Georges,
le 23 avril étant un jour férié
dans l’État de Rio.
Les autorités brésiliennes comptent beaucoup sur
la communauté libanaise du
Brésil et sur le Liban luimême pour développer aussi
bien les relations touristiques
qu’économiques entre les deux
pays. La plupart des familles
libanaises possédant des parents au Brésil, les grands événements religieux et sportifs
prévus à partir de cet été seront l’occasion de leur rendre
visite et de les inviter en retour
à connaître le pays de leurs
grands-parents, auquel ils restent très attachés.
Un grand stand du Liban au Salon du tourisme « World Trade Market » à São Paulo.
Wilma Ary, journaliste à l’université UNIP
d’origine libanaise, consultant les pages des
« Libanais dans le monde » au stand du Liban.
Le jeune et sympathique consul du Liban à
São Paulo Kabalan Frangieh (à gauche) en
compagnie de la collaboratrice de RJLiban,
Renata Vieira, professeur au Centre BrasilLiban à Beyrouth, et du coordinateur auprès du
ministère libanais du Tourisme, Tamer Chamaa.
Nouveau guide du Liban en
portugais par Roberto Khatlab
Liban, une oasis au MoyenOrient est le nouvel ouvrage de Roberto Khatlab, un
guide touristique, historique, archéologique, religieux et culturel en portugais qui vient d’être publié
aux éditions Dar Saër elMachrek à Beyrouth, avec
l’appui du ministère du
Tourisme.
Ce livre de 322 pages
est un guide complet du
Liban en langue portugaise, présentant ce qu’il
est indispensable de savoir
avant de voyager au pays
du Cèdre. Il contient des
informations historiques
et géographiques sur plus
de 200 villes, villages et
sites archéologiques, ainsi
que sur la culture, la gastronomie, les coutumes,
les personnalités, l’écotourisme, les légendes, les musées
(plus de 40), les édifices religieux, les lieux de pèlerinage,
les stations de ski, les plages,
les forêts... Sans oublier la
présence brésilienne au Liban,
ainsi qu’une chronologie des
relations Liban-Brésil.
L’auteur dédie ce guide à la
plus grande colonie d’émigrés
libanais et leurs descendants lusophones au Brésil,
mais aussi au Portugal, en
Angola, au Mozambique,
au Cap-Vert, et à la colonie lusophone résidant au
Liban. Plus de 300 millions
de personnes dans le monde
pratiquent le portugais, et
pourront ainsi connaître le
Liban, où tout est concentré dans une oasis de 10 452
km².
Voici comment l’auteur
décrit le pays auquel il a
dédié cet ouvrage : « Le
Liban est un micropays
géographiquement, mais
un macropays historiquement, avec ses vestiges
archéologiques en chaque
mètre de son territoire. On
peut entrer dans le tunnel
du temps et retourner de
5 à 7 mille ans en arrière,
en plein centre de Beyrouth
et dans d’autres villes et villages, où le passé et le présent
s’entremêlent : un vrai musée
vivant à ciel ouvert. »
Cette page est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban.
E-mail : [email protected] – www.rjliban.com