polar en séries - Quais du Polar

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polar en séries - Quais du Polar
initiative film pour
POlar
en séries
POlar
en séries
Il y a 10 ans, lorsque nous avons imaginé et conçu le
festival Quais du Polar, nous avions déjà la conviction
et le désir que l’adaptation de nos romans préférés,
au cinéma comme à la télévision, devait trouver toute
sa place dans notre programmation.
Une manière, pour nous, d’amener au livre, à la
lecture et à la découverte des écrivains, un nouveau
public venu au polar par la fréquentation des salles
de cinéma, mais aussi des écrans de télévisions,
ordinateurs et autres tablettes connectées.
Une manière aussi, de proposer à notre public de
lecteurs passionnés de faire le chemin inverse, du
livre aux écrans. Films, fictions unitaires, mini-séries,
adaptations au long cours, œuvres audiovisuelles
écrites par des auteurs venus de la littérature, mais
aussi des œuvres transmedia, numériques, interactives… autant de formats, supports de création, outils
de diffusion et de cultures nouvelles qui renouvellent
en profondeur le polar d’aujourd’hui.
Une conviction et un désir d’autant plus forts qu’une
nouvelle ère était en train de s’ouvrir pour les « sériestélé », en particulier, qui s’imposaient progressivement
dans le paysage culturel comme un phénomène majeur
grâce à une production de plus en plus audacieuse,
exigeante et créative, à une diffusion, en France, de
plus en plus large, ainsi qu’à une reconnaissance
critique et médiatique qui ne s’est pas démentie
depuis, bien au contraire.
Le Forum des images est une institution
subventionnée par la Ville de Paris
C’est ainsi que, très vite, nous avons donné la parole
aux auteurs, aux scénaristes et aux réalisateurs
invités au festival en faisant de l’adaptation une thématique de fond, explorée avec de nombreux débats
et projections, illustrée avec des master-class comme
celle de George Pelecanos l’an dernier, et renforcée,
cette année, par la création du prix Polar en Séries
dont vous allez découvrir dans ce livret la première
sélection, et les premiers lauréats, des mentions mini
série et série récurrente.
Cette initiative, dont nous souhaitons qu’elle participe
au succès de la création audiovisuelle française
grâce au talent de nos auteurs et éditeurs de polar,
s’inscrit dans le développement des rencontres
professionnelles du festival, « Polar Connection »,
dont la vocation est d’encourager, de structurer et
d’accompagner les échanges entre tous les acteurs
de cette industrie culturelle et créative qu’est aussi
le polar, dans l’édition comme dans l’audiovisuel, à
l’échelle internationale.
Nous tenons à remercier l’ensemble des partenaires
qui soutiennent ce projet et le construisent avec nous :
la SCELF, Initiative Film, Rhône-Alpes Cinéma, l’Institut
Français, Le Monde des Livres et Séries Mania. Merci
aussi aux membres du jury qui ont accepté de se
lancer dans l’aventure à nos côtés.
La SCELF partenaire
de Quais du Polar
La SCELF (Société Civile des Editeurs de Langue Française) est une société de droit d’auteur, créée en 1959,
gérée par les éditeurs cessionnaires par contrat, des
droits d’exploitation dérivée des œuvres qu’ils publient.
Ainsi lorsque leurs œuvres sont adaptées au cinéma, à
la télévision, à la radio ou au théâtre, la SCELF collecte
et répartit les droits issus de ces adaptations. Par
ailleurs, elle conseille et accompagne les éditeurs
sur le plan juridique, les représente dans le cadre de
négociations collectives avec différents partenaires,
(producteurs, sociétés d’auteurs et diffuseurs).
Depuis six ans, la SCELF organise, dans le cadre du
Salon du Livre, des Rencontres professionnelles de
l’Audiovisuel entre éditeurs et producteurs de cinéma
et de télévision. Ces Rencontres sont organisées autour
d’un catalogue d’œuvres adaptables, spécialement
établi chaque année à partir des parutions récentes
ou à venir. Le succès de cette manifestation ne se
dément pas au fil des années et marque l’intérêt
des éditeurs et des producteurs pour les passerelles
entre écritures.
Forte de cette expérience, la SCELF s’emploie à développer d’autres formats de rencontres professionnelles,
telles que celles qui seront organisées pour la deuxième fois au Festival de Cannes 2015 à destination
des producteurs étrangers.
C’est dans ce contexte de promotion de l’adaptation
audiovisuelle, et de valorisation des différentes écritures, qu’un partenariat s’est construit entre notre
structure et le Festival de littérature Policière, Quais
du Polar.
La SCELF se réjouit des Rencontres professionnelles
organisées par Quais du Polar qui permettent d’établir
des liens entre les métiers de l’image et de l’écriture
et qui auront pour effet – nous en sommes sûrs - de
faciliter les collaborations professionnelles futures
dans ce secteur de l’adaptation audiovisuelle.
Par ailleurs, cette année pour la première fois en
France et dans le cadre du partenariat de la SCELF et
de Quais du Polar, sera décerné le Prix d’adaptation
du roman policier sous forme de séries télévisées,
avec mention mini série et série récurrente, intitulé
Polar en Séries.
La SCELF souhaite un beau succès à ces rencontres professionnelles et souhaite que ce
tout nouveau Prix mette en lumière l’immense
potentiel d’adaptation du polar français à la
télévision.
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LA DÉMARCHE
Il est fascinant de voir cette offre de plus en plus
importante de séries proposées au public, panel riche
de sujets, formats et genres, avec, bien souvent en
tête, des séries policières, fruit ou non d’adaptations.
Le polar, sous toutes ses formes, a toujours inspiré
le cinéma et le petit écran, parvenant à déployer ses
intrigues romanesques. Aujourd’hui, il est le morceau
de choix de la série.
Créer une passerelle durable entre Quais du Polar
et le monde de la série TV était un objectif de 2014.
En 2015 un prix est né : le Prix Polar en Séries, et
de nouveaux partenaires nous ont rejoints. Notre
accompagnement de ce prix emboite naturellement le
pas à la démarche globale qui est la nôtre en matière
de repérage de sujets et de talents.
Ce livret, dont la conception nous a été confiée, a
pour fonction de présenter ce prix, constitué de deux
mentions, mini série et série récurrente, d’expliciter
la sélection et d’introduire le jury et les ouvrages qui
étaient en lice, avec un focus particuliers sur les deux
ouvrages lauréats.
Polar en Séries
Revenons quelques mois en arrière … Une réflexion
a été lancée visant à définir les critères spécifiques
permettant à un ouvrage d’être adapté en série. Avec le
soutien de la SCELF, un appel à candidatures a été lancé
auprès d’un large champ d’éditeurs, sur la base de
critères d’adaptabilité prédéfinis. Près de 70 ouvrages
ont été soumis, constituant une première sélection.
La pré-sélection a été effectuée par les équipes Quais
du Polar, Initiative film et Rhône-Alpes Cinéma qui ont
établi une liste de 6 ouvrages finalistes.
Cette pré-sélection volontairement éclectique ouvre
des pistes différentes en terme de genres et de formats sériels. Ces ouvrages répondent chacun à leur
façon à ces critères d’adaptabilité soit dans le champ
large de leur intrigue, soit dans la richesse de leurs
personnages ou l’accent original avec lequel un sujet
(une enquête) est traité... Ainsi du polar décalé au polar
d’anticipation en passant par le polar en huis clos et
le polar historique, plusieurs typologies de séries sont
dès lors possibles à imaginer. Ces critères relèvent du
terreau d’un récit pouvant se déployer sur plusieurs
épisodes, voire plusieurs saisons.
Le 10 mars dernier un jury de professionnels du livre
et de l’audiovisuel réuni à Paris a rendu son verdict.
La réflexion sur l’adaptabilité en série a posé la question des différents formats possibles. Il a été décidé
de constituer ce prix en deux mentions : mini série
et série récurrente.Deux romans ont été primés…
découvrez-les dans ces pages.
LE JURY DU PRIX
Suite à la pré-sélection des ouvrages soumis par les éditeurs pour le prix
Polar en Séries, un jury a été réuni et a délibéré le 10 mars dernier pour
attribuer le prix de l’adaptabilité en mini série et en série récurrente à
l’ouverture de l’édition 2015 de Quais du Polar, le 27 mars.
Patrick Baudot
Arnaud Jalbert
Chef d’Etat-Major à la Brigade Criminelle de Paris,
conseiller technique pour le cinéma et la télévision
Chargé de programmes Arte France Unité
Fictions
•
Gilles Cahoreau
•
Arnaud Louvet
Scénariste cinéma et télévision
Producteur, Aeternam Films
•
Didier Dutour
•
Véra Peltekian
Responsable du pôle Livre et Traduction
de l’Institut Français
Chef de projet de l’Unité Fiction Canal Plus
•
Laurence Herszberg
•
Macha Séry
Journalise, Le Monde des Livres
Directrice Générale du Forum des images,
Directrice du festival Séries Mania
Bonnes lectures,
Isabelle Fauvel
Emma Degoutte
INITIATIVE FILM
Société créée en 1993 par Isabelle
Fauvel, accélérateur de particules,
Initiative Film a pour vocation d’accompagner le développement de
projets audiovisuels, en amont
de la production d’une œuvre, de
la naissance de l’histoire jusqu’à
la mise en préparation du projet.
Les délibérations du jury ont eu
lieu le 10 mars dernier dans le
restaurant parisien du neuvième
arrondissement, Au Petit Riche.
www.restaurant-aupetitriche.com
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LES OUVRAGES
SÉLECTIONNÉS
LES LAURÉATS DU PRIX
POLAR EN SÉRIES
Les droits audiovisuels des romans présentés sont, au moment où cette
plaquette est imprimée, tous libres.
Parce que la série suppose une diversité de formats, le Prix Polar en Séries
se constitue de deux mentions « mini série » et « série récurrente », en
écho à la singularité du format sériel de pouvoir proposer des histoires
sur une seule saison ou plusieurs saisons.
Après la guerre,
Hervé Le Corre (Payot & Rivages, 2014)
•
Bunker Parano,
Georges-Jean Arnaud
(French Pulp Editions, 2014)
•
Commandant Achab,
Ce n’est pas le même enjeu, mais l’objectif de ces deux mentions est
commun : mettre en avant deux ouvrages, qui, par leurs pistes d’adaptabilité singulières, ouvrent la voie à des séries originales.
MENTION MINI SÉRIE
MENTION SÉRIE RÉCURRENTE
Stéphane Piatzszek et Stéphane Douay
(Casterman, 2013)
Après la guerre, Hervé le Corre
(Payot & Rivages, 2014)
Poulets grillés, Sophie Hénaff
(Albin Michel, 2015)
•
Et qu’advienne le chaos,
Un roman aux accents historiques
inédits, portrait de 2 générations
qui se confrontent.
Un concept original insufflant une
tonalité comique et citoyenne au
genre polar, pour un roman riche
en personnages et backstories.
L’avis du Jury :
Chef d’œuvre littéraire, le roman est remarquablement
construit, livre une psychologie fouillée des personnages et aborde un passé français encore inédit à la
télévision. Projet forcément ambitieux, il est primé pour
lancer un signal à la production télévisuelle actuelle.
L’avis du Jury :
Un bon concept et de bons personnages, deux clés
essentielles pour une série récurrente. L’humour est
souvent au rendez-vous, un parti pris bienvenu tant
il n’y a pas ou peu de séries de comédies policières.
Rebuts d’un service public de la République, ces flics
vont persévérer dans leur humanité...une idée très
belle et un regard très actuel sur notre société sont
véhiculés entre les lignes.
Hadrien Klent (Le Tripode, 2010)
•
Le partage des terres,
Bernard Besson (Odile Jacob, 2013)
•
Poulets grillés,
Sophie Henaff (Albin Michel, 2015)
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APRÈS LA GUERRE • HERVÉ LE CORRE
(PAYOT & RIVAGES, 2014)
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• Prix Polar en sérieS •
Mention Mini Série
À Bordeaux, alors que la guerre d’Algérie bat son
plein, Daniel Delbos, 20 ans, attend d’être appelé.
Le commissaire Darlac – ancien collabo qui est
passé entre les mailles du filet à la Libération – fait
face à une série de meurtres qui semblent tourner
autour de lui : des collègues ripoux, des membres
de la famille éloignée, d’anciens amis collabos...
tous sont assassinés, avec lui pour seul dénominateur commun.
Si c’était un film
Entre l’Armée des ombres de
Jean-Pierre Melville et L’Ennemi
intime de Florent Emilio Siri.
Et si c’était une série
L’homme qui veut sa peau, c’est Jean Delbos – dit
André Vaillant – le père de Daniel que tout le monde
croyait mort en déportation. Il est revenu se venger
de Darlac qui l’a dénoncé en 43, alors qu’il croyait
être son ami. Et alors que Bordeaux se relève à
peine d’une guerre et plonge dans une autre, les
deux hommes vont s’affronter en rivalisant d’intelligence et de violence...
entre Un village français
et Braquo.
Daniel est enfin appelé puis revient meurtri par
cette guerre qui n’a rien d’héroïque... son retour
risquant de faire basculer à jamais les destins de
Darlac et Delbos.
Traductions
disponibles
•
UNE ÉPOQUE TRÈS RICHE
Anglais (MacLehose Press), Grec
(Ekdoseis tou Eikostou Protou)
et Italien (Edizioni E/0).
—
CONTACT
Payot et Rivages
Marie-Martine Serrano
[email protected]
Après la guerre se déroule après la Deuxième Guerre
mondiale, alors que le pays tente tant bien que mal
de se remettre de ses blessures, et que les jeunes
sont envoyés par De Gaulle faire une nouvelle guerre
qu’ils ne comprennent pas : celle d’Algérie… Le
contexte politique et économique du roman est donc,
d’emblée, très riche et introduit ici un terreau idéal
pour l’implantation d’une série : entre les blessures de
la guerre qui ne sont pas encore refermées, l’impact
de l’occupation puis de la Libération sur la population et sur le pouvoir politique, les vieilles rancœurs
entre ex-collabos et anciens résistants, et la guerre
d’Algérie qui tue les jeunes, Hervé Le Corre nous offre
un univers riche en conflits, avec des possibilités
dramaturgiques foisonnantes.
•
DES PERSONNAGES
À LA PSYCHOLOGIE FOUILLÉE
Cette époque particulière offre une richesse psychologique des personnages, qu’Hervé Le Corre a construits
avec justesse et maitrise. Les trois personnages
principaux – Daniel, Darlac, et Jean/André – ont
tous été marqués par la guerre et sont loin d’être
unidimensionnels. Tous nous présentent, au fur et
à mesure du roman, les multiples facettes de leurs
personnalités respectives. Ils nous apparaissent alors
très humains, malgré leurs actes violents, parfois
cruels aussi.
Daniel est un jeune mécano doué, mais un artiste
dans l’âme, il aime le cinéma et les images, il rêve
de grandes aventures, mais il a aussi une profonde
blessure depuis la déportation de ses parents. La
guerre va lui apprendre la peur et la haine à l’égard
d’autrui et de soi-même. Il va finir par ne plus se
reconnaître après avoir tué et avoir aimé ça.
Darlac, lui, est un flic pourri et sans scrupule, collabo par intérêt plus que par idéologie, il méprise
et déteste la plupart des gens qui l’entourent. Il est
dur, cruel, mais c’est également un homme qui a été
profondément blessé dans son amour pour sa femme,
un homme qui lutte contre le désir qu’il éprouve pour
sa fille adoptive, un homme qui se dégoûte et qu’une
rage profonde ronge constamment.
Enfin, Jean a subi les camps, il a perdu sa femme
dans une chambre à gaz, il a survécu aux tortures, à
la malnutrition, aux marches forcées, il est persuadé
d’être mort et de n’être plus qu’en sursis, seule sa
vengeance le fait avancer. Il est implacable et très
humain à la fois, mais on apprend également qu’avant
les camps, il était volage et menteur, joueur et lâche,
et ne s’occupait pas bien de sa femme et de son fils…
Toutes ces subtilités dans la construction des personnages, cette richesse dans les backstories, sont
très avantageuses pour une série et peuvent nourrir
l’évolution des personnages sur plusieurs épisodes.
Il y a également dans le roman des personnages
secondaires très beaux qu’il serait intéressant d’étoffer
dans le cadre d’une adaptation sérielle.
•
UNE TRAME DENSE
Bien écrit, bien construit (chaque chapitre possède
sa propre structure et offre un début et une fin à
une action précise), la narration est claire, et les
temporalités, si elles sont multiples et entrecroisées,
sont dans le même temps bien distinctes. Cela grâce
notamment au journal de Jean, qui écrit ses souvenirs
puisqu’il ne parvient pas à en parler directement. Une
série pourrait exploiter ces incursions de Jean dans
le passé, ainsi que les indices que laissent Darlac et
les autres sur leur propre histoire, pour élaborer
un récit qui mêle le présent de l’action – les années
50 à Bordeaux et en Algérie – et le passé des protagonistes – l’occupation à Bordeaux, les camps en
Pologne, la Libération à Bordeaux et à Paris... – dans
une reconstitution de l’Histoire à échelle humaine,
du point de vue de ces personnages très différents
et très humains.
Le livre, entre contexte de guerre (qui n’en finit pas),
enquête policière et récit de vengeance, nous entraîne
dans une histoire à plusieurs niveaux et traite de
POULETS GRILLÉS • SOPHIE HÉNAFF
(ALBIN MICHEL, 2015)
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• Prix Polar en sérieS •
thèmes forts et singuliers, comme la conséquence
de la guerre sur les hommes, les transformations
subies malgré soi lorsque l’on est poussé dans ses
retranchements, la possibilité – ou non – de se reconstruire, de guérir, ainsi que les compromissions de la
morale, la corruption ou la suspicion. Jusqu’où est-on
prêt à aller par instinct de survie ? Comment vit-on
avec soi-même ensuite ?
Mention Série récurrente
Quand le 36 ne peut plus porter dans ses rangs
une équipe de bras cassés, faite de nerveux de
la conduite ou du pistolet, d’alcooliques, d’accros
à l’informatique, de discriminés et d’arrivistes, il
les rassemble dans une nouvelle unité... sous les
ordres du commissaire Anne Capestan, reléguée
à ce poste après une bavure passée officiellement
en légitime défense.
•
POUR UNE MINI SÉRIE AMBITIEUSE ?
Roman à la conception exceptionnelle, penser l’adaptation de cet ouvrage en mini série reste ambitieux, tant
le sujet est à la fois difficile (une violence inévitablement présente dans le roman) et important, car encore
inédit à la télévision. Le roman réaborde un passé
douloureux français et, dans sa maitrise, démontre
combien s’y confronter de nouveau est nécessaire :
par bien des points le roman donne l’occasion de
reconsidérer l’Histoire à l’échelle d’hommes et de
générations précises. Le travail de documentations
et d’analyse est si riche qu’il pourrait déjà en l’état
faire office d’un travail de bible avancé pour une
mini série. Ceci dit, la voie à la création reste aussi
ouverte, par exemple en fouillant, pourquoi pas, le
virage important que va prendre la police française,
l’émergence de celle de 68. Époque jamais traitée
au format fictionnel et sériel, le roman, exigeant, se
démarque franchement des productions télévisuelles
actuelle et peut marquer un tournant déterminant.
•
QUELQUES MOTS SUR L’AUTEUR
Hervé Le Corre a reçu le prix Mystère de la critique en
2010 pour Les coeurs déchiquetés et Après la guerre
a déjà reçu le prix Le Point du polar européen et le
prix polar Landerneau 2014.
Et si c’était un film
Entre Hot Fuzz d’Edgar Wright et
LadyKillers de Joel et Ethan Coen.
Et si c’était une série
entre Leverage et Brooklyn
Nine-Nine.
Traductions
disponibles
Castillan (Alfaguara).
—
CONTACT
Albin Michel
Marie Dormann
[email protected]
Chargé d’enquêtes non résolues et poussiéreuses,
il s’agit pourtant pour chaque membre de l’équipe
de reconquérir la brigade du 36. Ecopant de deux
affaires de meurtres irrésolues (une vieille dame
proprement étranglée chez elle et un marin tué sur
terre), armés de peu (un vieux local désaffecté)
et de moins bien (des babyphones à la place d’un
système d’écoute), les membres de cette nouvelle
unité n’en perdent pas pour autant leur sens de
l’effort collectif. Sous les ordres de Capestan, les
tares des uns deviennent des armes pour les autres.
Dans l’ombre de collègues reconnus, ils vont devoir
mener ces enquêtes embrassant de grands écarts
temporels et qui ne semblent finalement n’en former
plus qu’une... Mais que faire quand celle-ci risque
de remettre en cause l’efficacité du 36, des hauts
placés de la Justice française, et surtout l’innocence
de leur propre patron ?
•
BIENVENUE À LA BRIGADE BANCALE
Le charme et le piquant du récit tient dans l’idée de
départ, concept atypique : la création d’une brigade
constituée des pires éléments de la police. Une équipe
de bras cassés finalement assez efficace et surtout
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touchante. Pour cela, l’auteur a travaillé avec approfondissement sur les backstories des personnages et en
ponctue habilement le récit, nourrissant la dynamique
du groupe, solide et nuancée par une caractérisation
des personnages aboutie et bien pensée. Cette équipe
de pieds nickelés est entrainante, foisonnante de
petits gags et d’émotions fortes, entre mélancolie et
tendresse mutuelle parfois mal assumée.
•
HUMOUR FÉROCE...
Le rire est l’ingrédient innovant de ce polar, ce qui
est d’ailleurs peu vu en série policière. Cette idée de
brigade en marge et cachée du public, vilain petit
canard, participe grandement à l’humour du roman :
l’équipement qui laisse à désirer, ces vieilles voitures
sans gyrophare, l’absence de cellule, les magistrats ne
connaissant pas leur brigade, les travaux de tapisserie
à mener en même temps que les réunions de debrieffing, l’utilisation des babyphone de Torrez. Autant
de petites trouvailles délicieuses, approfondissant
le concept de départ. Après tout, pourquoi ne pas
imaginer de telles pratiques en ces temps de coupes
budgétaires... et les traiter de façons piquantes mais
drôles ? Un humour burlesque (de quoi se démarquer
du dernier automatisme des séries policières : le
cynisme) qui n’oublie pas de prendre du recul sur
l’actuel système policier en France, dans la lignée
de Platane d’Eric Judor qui décapait par le rire le
milieu du cinéma et de la télévision. D’ailleurs les
détails (comme l’évocation de ce stand de tir en
proche banlieue parisienne) abondent tellement
sur les techniques et moyens des policiers de notre
pays et sur le quotidien des hommes du 36 qu’on se
demande si l’auteure n’a pas un pied dans le milieu...
•
... MAIS PAS QUE
Au-delà d’un ton toujours drôle et original, le récit
arbore des nuances intéressantes, nourrissant son
style de plusieurs tonalités, tour à tour pleines de
tensions, de remords et de regrets, de tendresses...
L’auteure profite de ce groupe de « malgré eux »
(rebuts du 36 ayant véritablement existés sous le
nom des « anti tout ») pour en décortiquer les cohésions, les dissonances. Se dégage particulièrement le
personnage gay Lebreton, touchant car on sent que
son exclusion est parfaitement crédible, possible. De
son côté, le père débordé, Torrez, fait valser la figure
déjà vue de la femme flic forcément mauvaise mère
et renverse le point de vue... Autant de contrepoints
intelligents et bienvenus. Il y a une certaine maturité
dans le portrait qui nous en est donné. D’ailleurs, entre
les lignes, l’idée véhiculée est belle et citoyenne : à
l’heure de l’exclusion et de l’individualisme, ce groupe
persévère dans son humanité et sa cohésion instable
mais prometteuse. Ils agissent davantage en citoyens.
Ainsi, Sophie Hénaff dépasse son dispositif comique et
sa tonalité en marge des polars actuels, pour parler
aussi de sujets plus profonds.
•
UNE SÉRIE RÉCURRENTE
EN DEVENIR ?
Si on peut peut-être souligner la manière dont ces
anciens flics (qui, même si désormais en marge, ont
été formé dans le passé comme les autres) mènent
leurs enquêtes pas vraiment de la manière la plus
vraisemblable possible (ce qui peut être pris comme
un style ou rectifié vers plus de réalisme lors d’une
réécriture), les dynamiques et les pistes enclenchées
ici ouvrent la voie à une série récurrente capable de
se renouveler facilement. Ce bon concept de départ
et la richesse des personnages sont les clés essentielles pour une adaptation de ce roman en série à
plusieurs saisons. En l’état, le roman épousant des
temporalités diverses (les enquêtes concernant des
faits du début des années 90 à maintenant), des géographies éloignées (de la Floride où est né le fils du
supérieur soupçonné à l’appartement parisien miteux
de la brigade) et des personnages variés donne déjà
une importante matière pour une adaptation série.
De belles pistes de découpage et de mises en scène
sont déjà brossées (comme la possibilité d’une mise
en abime de la vie de cette brigade avec des extraits
du feuilleton à succès « Laura Flammes » adapté des
livres du lieutenant Rosière qui pourrait devenir un vrai
gimmick de la série) et d’autres possibles à exploiter
pour déployer le récit sur plusieurs saisons (le lien
ambigu avec le supérieur Buron, la reconnaissance à
venir vis à vis des magistrats, des médias et pourquoi
pas du public, l’étude des moyens et techniques actuels
de la police...). D’ailleurs, Sophie Hénaff a déjà annoncé
vouloir écrire un nouveau roman sur les enquêtes
menées par la brigade de Capestan, affaire à suivre !
•
QUELQUES MOTS SUR L’AUTEUR
Poulets grillés est le premier roman de Sophie Hénaff,
auteure de rubriques sociétales dans Cosmopolitan.
BUNKER PARANO • GEORGES-JEAN ARNAUD
(FRENCH PULP ÉDITIONS, 2014)
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Depuis le suicide du couple Sanchez, la mairie du XIVe
marche sur des œufs pour continuer la procédure
d’expropriation de leur immeuble : il ne faudrait pas
faire éclater un nouveau scandale. C’est ainsi qu’ils
engagent Alice, une assistante sociale au chômage
qui est prête à tout pour continuer à se payer ses
bouteilles de cognac.
Si c’était un film
Entre Escalier C de Jean-Charles
Tacchella et Delicatessen de
Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet.
Et si c’était une série
Entre Inside Number 9 et Fargo.
Format ?
Une série récurrente.
—
CONTACT
French Pulp Editions
Nathalie Carpentier
[email protected]
Lorsque le responsable du service municipal lui propose comme mission de s’infiltrer dans l’immeuble
pour tenter de calmer les habitants, Alice sent bien
que l’affaire n’est pas nette. Dans son enquête, elle
va vite être rejointe par Manuel, le jeune journaliste qui a involontairement participé au drame en
confondant dans son article les mots « expulsion »
et « expropriation ». Sans emploi depuis lors, il veut
lui aussi élucider le mystère : pourquoi se donner
la mort à l’annonce d’une procédure qui peut durer
encore 5 ou 6 ans ?
En reprenant l’appartement des suicidés, le binôme
se retrouve alors à l’intérieur d’un véritable bunker :
les volets sont blindés, tous les voisins armés, et il
y a dans chaque appartement des provisions pour
tenir un état de siège pendant un ou deux ans. La
folie paranoïaque d’un ex-militaire manipulateur
régit la vie des autres habitants. Les découvertes
inquiétantes vont s’accumuler !
•
JUDICIEUX COCKTAIL
Dans cette enquête riche en rebondissements, menée
par une héroïne à la vision pas toujours très nette (car
alcoolique chevronnée), l’auteur balade son lecteur
dans un univers aussi cruel qu’absurde mais toujours
captivant. Le ton drôle et acerbe n’empêche en rien
l’angoisse de monter dans cet immeuble-bunker aux
allures de prison dans lequel tout le monde est épié,
suspecté et si nécessaire supprimé. Ce polar offre de
belles bases pour une série en devenir. Son intrigue
haletante est bien articulée et son décor – presque un
huis-clos – est déjà très visuel. Les personnages aussi
absurdes (comme le voisin Caducci qui construit le
temple de Salomon avec des agglomérats de papier
journal) que monstrueux (n’auraient-il pas tous fauché
le défunt couple?) paraissent tout droit sortis des
comédies noires de Jeunet et Caro. Le dénouement,
surprenant et très visuel (ce tunnel que l’on découvre),
se démarque particulièrement et pourrait même être
envisagé comme une piste possible pour une suite.
•
UNE COMÉDIE NOIRE
AUX ALLURES DE HUIS CLOS
La grande majorité de l’action de Bunker Parano se
déroule dans l’immeuble, ce qui participe fortement
au sentiment d’oppression exercé par les habitants
sur les nouveaux venus. Bien qu’ils sortent parfois
de l’immeuble, cet enfermement rappelle celui d’un
huis-clos. L’immeuble est un personnage du livre à
part entière, l’intrigue tourne autour de son existence
et de son étrange structure barricadée qui devient
le mystère à résoudre : pourquoi avoir fait de cet
immeuble un bunker ?
L’immeuble est donc une unité de lieu très prometteuse pour une adaptation qui pourra développer et
décortiquer ce décor, à la manière du château de la
série Downtown Abbey ou encore de la prison d’Orange
is the new black. À l’intérieur, les habitants s’épient,
se protègent ou s’entretuent, créant un microcosme
absurde, aussi comique qu’angoissant. Au fond, une
certaine image de notre société nous revient : cette
tendance de plus en plus forte à se barricader, à se
conforter dans l’individualité. Il y a là, par la métaphore
de cet immeuble bunker, une certaine analyse de la
situation politique actuelle.
•
UNE MULTITUDE
DE PERSONNAGES INTRIGANTS
Les habitants de l’immeuble ont tous une part d’ombre
et un profil psychologique atypique. Ils peuvent tout à
fait donner matière à une série chorale à condition de
développer davantage la multitude de personnages
secondaires. Tous sont plus ou moins monstrueux
(entre racisme, crimes et folie pure). Chacun a quelque
chose à cacher – ou à découvrir - et espionne ses
voisins pour ne pas se faire devancer. L’héroïne
offre l’occasion d’un portrait inédit à la télévision
française et un beau rôle à incarner. Entre douce
folie et alcoolisme maladif, Alice est une enquêtrice
atypique loin des clichés de la femme sexy et futée.
Par nature, elle est lucide sur ses nouveaux voisins
mais l’alcool vient bien souvent brouiller ses pensées. Sa collaboration avec Manuel, journaliste sans
scrupules, donne un duo d’anti-héros original et
marquant. La découverte macabre finale, les corps
des 15 immigrés tués par les habitants, pourra être
aussi bien une chute fracassante pour la série qu’un
cliffhanger prometteur, point de départ pour une
deuxième saison, avec une toute nouvelle intrigue à
l’intérieur de ce bunker mortuaire.
•
QUELQUES MOTS SUR L’AUTEUR
Auteur prolifique (son œuvre se décline sous de nombreux pseudonymes, il a signé plus de 400 romans), GJ
Arnaud n’écrit plus depuis 2004 mais a mêlé plusieurs
genres de littérature du fantastique au policier. En
1952 il a reçu Le prix Quai des Orfèvres pour Ne tirez
pas sur l’inspecteur.
Roman Publié initialement en 1982, puis 1991 par
COMMANDANT ACHAB • STEPHANE PIATZSZEK
ET STEPHANE DOUAY (CASTERMAN, 2013)
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17
Si c’était un film
Entre Hipotesis d’Hernan Goldfrid
et Mains armées de Pierre Jolivet.
Et si c’était une série
entre Secrets and lies et Blacklist.
Format ?
Une mini série.
—
CONTACT
Castermann
Sophie Levie
[email protected]
Edgar Cohen, surnommé Commandant Achab à
cause de sa jambe de bois, connaît la routine, dans
son bureau des archives du 36, entre son joint et
son chat amorphe. L’arrivée du jeune Karim sous
ses ordres réveille de vieux souvenirs : il est le fils
du vieil ami qu’Achab a tué, Fath, alors qu’il tentait
de s’évader de prison.
nuancés dans la lecture des évènements et dans la
compréhension des personnages. Entre un ton légèrement piquant et cynique du Commandant Achab, une
colère mutuelle refoulée, une suspicion grandissante
chez Karim et, malgré tout, une tendresse naissante
peu à peu entre l’un et l’autre (Achab pour ce fils qu’il
n’a jamais eu, Karim pour ce père de substitution).
À ce duo marginal et incongru, une première enquête
est confiée autour de la mort d’un député. Malgré
les non-dits et les remords, le duo parvient à régler
cette première enquête. Mais la mère de Karim,
mourante, réclame Achab à son chevet... et lui
avoue qu’elle est la conductrice du véhicule qui
a écrasé sa jambe, il y a quelques années, pour
venger son mari trahi.
Le binôme se construit au fil des pages, restant toujours fragile et heureusement. L’idée de créer le doute
sur la responsabilité d’Achab concernant le meurtre
de Fath, le père de Karim - détenu tentant de s’évader
et tué sous les balles de son vieil ami Achab - est très
bonne. Elle apporte une tension maintenue, comme une
petite bombe toujours bien présente entre les deux
coéquipiers. Achab appelle à la méfiance, jusqu’au
bout, même si l’on s’attache à lui. Il faut dire qu’il n’a
rien pour se défendre : il fume de l’herbe, sa vie sociale
est un échec, il est très antipathique au départ (dans
la veine d’un Docteur House) et flanche sur bien des
aspects, moraux en premiers.
L’accusation est blessante mais Achab fera tout
pour prouver son innocence : quelqu’un l’a piégé
le soir de l’évasion. Il emmène Karim au Havre, à
la recherche de l’ex compagnon de cellule de son
père, afin de comprendre qui a pu provoquer la
malheureuse fusillade... Mais alors qu’ils tentent
de négocier quelques informations, des meurtres
secouent le Havre, incitant les deux hommes à
reformer une équipe pour atteindre celui qu’ils
pensent coupable... Croyant pouvoir rapidement se
débarrasser de cette affaire, les deux coéquipiers
vont constater que celui qui tire les ficelles de ces
évènements est directement lié au meurtre du
père de Karim.
•
UN DUO DANS L’OMBRE D’UN MORT
Le sel de cette série BD réside dans le tandem entre
Karim et le vieil Edgar dit « Commandant Achab ».
D’abord parce que ce duo offre deux très beaux rôles,
ensuite parce qu’il donne aux intrigues des niveaux
•
UN VOYAGE DANS L’AUTRE FRANCE
Adieu Paris, bonjour la province, celle que l’on voit
peu dans les séries, trop dans les téléfilms. Pourtant
d’Amiens au Havre, les auteurs donnent à voir des coins
sombres de l’hexagone, mais pas sinistres : la lumière
éblouissante du Havre cache bien des meurtres liés
à de jeunes hermaphrodites. Le territoire français
devient un vrai décor, habilement visuel et apportant
lui aussi des tonalités variables sur les intrigues, dans
la lignée de True Detective. Pour preuve, à Amiens,
l’atmosphère n’est pas du tout la même : comme si
le climat n’agissait pas seulement sur les douleurs
de la jambe amputée d’Achab.
•
UNE STRUCTURE DÉJÀ SÉRIELLE
Une histoire par tome, pour un total de 5 tomes, tel
est le schéma de base de la série. Dès le tome 3,
une double intrigue naît : en parallèle des crimes à
résoudre, l’affaire liant Karim à Achab se révèle, voire
se fond dans les premières... En ce sens, la mini série
possible pourrait proposer un vrai basculement en
mi saison, via un fall final surprenant : le meurtre
violent de l’ami Maréchal et ce message direct à
l’encontre d’Achab. À partir de là, un nouveau ton
est donné, celui de devoir survivre à un tueur qui le
traque. Quant aux dessins et aux vignettes, ils sont
vecteurs d’une ambiance ambigüe entre entente et
méfiance, à l’image des traits ronds des personnages
qui viennent s’entrechoquer avec la violence crue et
sanguinolente des planches illustrant les meurtres
de l’enquête. Un terreau très inspirant.
•
QUELQUES MOTS SUR L’AUTEUR
Ayant aussi travaillé comme scénariste de télévision,
Stéphane Piatzszek a toujours aimé le polar, son duo
avec Stéphane Douay a été récemment renouvelé
sur Neige et Roc.
Série de 5 albums publiés de janvier 2013 à
octobre 2014.
D’abord publiée chez Soleil, la série a été reprise
par Casterman, qui détient les droits audiovisuels.
ET QU’ADVIENNE LE CHAOS
HADRIEN KLENT (LE TRIPODE, 2010)
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19
Michael Kortat n’aime pas ses collègues, ni ses
voisins ni son épouse. D’ailleurs, il déteste l’humanité dans son ensemble et rêve d’être le dernier
homme sur Terre.
Accessoirement, il vit dans un monde construit
comme une superposition de calques contenant
chacun entre 40 à 90 personnes et où il suffit d’isoler
un calque pour éliminer le reste de l’humanité...
ce qu’il découvre lors de ses recherches pour la
branche « Identification » de l’entreprise américaine
Biometrics Inc.
Si c’était un film
Entre Matrix de Lana et Andy
Wachowski et Repo Men
de Miguel Sapochnik.
Et si c’était une série
entre Flashforward et Person
of Interest.
Format ?
Une mini-série.
—
CONTACT
Le Tripode
Frédéric Martin
[email protected]
Brillant ingénieur de l’entreprise, il est à l’origine
d’un programme de reconnaissance des iris qu’il
compte utiliser pour ses fins obscures : par le
biais des photographies des iris qu’il a recensées,
Michael décide de retrouver ceux qui se trouvent
sur son calque et de les éliminer.
Il entre en contact avec une jeune scientifique
londonienne, April, dont les recherches pourraient
l’aider à accomplir son rêve destructeur, tandis que
Joseph, son homme de main, va parcourir les quatre
coins du globe pour tuer les autres personnes de
son calque... jusqu’à Vincent, le dernier restant.
•
UNE ENQUÊTE FUTURISTE VISUELLE
Une situation exceptionnelle et une idée scientifique
extrêmement visuelle. Si un travail d’adaptation sur
la structure narrative est sans doute à faire, le jeu
en vaut la chandelle tant la théorie des calques est
intelligente. Cette science imaginaire captivante
et vraisemblable forme un engrenage maléfique
jubilatoire et ce que ce récit dit de notre société en
mutation est bien vu et inédit sous ce jour. Ce roman
est un « page-turner » - pour évoquer ce genre de
livres que l’on peut lire vite et facilement - qui nous
embarque dans une aventure incroyable avec des
rebondissements qui peuvent servir son adaptation
en format sériel, comme autant de petits cliffhangers
possibles. L’auteur dépeint une multitude de scènes
aux quatre coins du monde en s’amusant à les vider
de ses hommes et à nous perdre. Il ne nous donne
pas immédiatement les clés et nous laisse avancer.
Les déplacements géographiques sont un excellent
moteur, et colleraient parfaitement avec la série.
Certes cette richesse spatiale est ambitieuse, mais
le roman reste ouvert à une production raisonnable :
il y a possibilité de réduire le nombre de pays pour
en faire une série.
•
DES PERSONNAGES STIMULANTS
Un chercheur misanthrope qui voudrait être le dernier
des hommes, un psychanalyste qui lèche les choses
pour vérifier qu’elles existent, un tueur à gages qui
pratique le relativisme culturel, un dentiste qui raffole
des mâchoires de Staline, un comédien déclamant
Shakespeare, un magicien qui s’évapore et un couple
improvisé qui, dans ce chaos naissant, va tenter de
sauver l’humanité. Et qu’advienne le chaos multiplie
les rythmes et les histoires. Les personnages sont
d’abord construits de façon épisodique, mais ils
convergent rapidement lorsque l’intrigue commence
à se nouer. L’auteur retrace la vie de Michael Kortat
et dès les premières scènes nous sommes fascinés
par ce personnage qui a tous les symptômes de la
psychopathie.
•
UN LIVRE COURT,
DE BELLES PISTES POUR UNE SÉRIE
Ainsi le roman pose le postulat (les quarante premières pages, déroutantes, sèches et impersonnelles,
nous plongent immédiatement dans l’univers) que
l’humanité est divisée en groupe de 1 à 99 personnes
par « calque » et que cette superposition de calques fait
l’humanité que nous sommes...offrant une formidable
voie pour l’imagination d’une série. Le roman parvient
à se plonger dans une science-fiction débridée tout en
évitant les écueils du genre. Certes le récit est court,
mais fonctionnerait très bien déjà en l’état pour une
série car les intrigues et sous-intrigues imbriquées
sont séquencées (un chapitre par personnage) et le
rythme construit n’en est que plus haletant. L’ouvrage
apporte une vraie nouveauté dans le paysage de la
série française et n’offre pas nécessairement une
adaptation complexe et couteuse pour peu qu’on
s’intéresse au principe de base du livre, celui d’une
poignée de femmes et d’hommes liés malgré eux,
devant tour à tour sauver leur peau, se traquer et
s’éviter.
•
QUELQUES MOTS SUR L’AUTEUR
Ecrivain sous pseudonyme, Et qu’advienne le chaos
est le premier roman d’Hadrien Klent, sélectionné en
2011 pour le prix Nouvel Obs- Bibli Obs.
LE PARTAGE DES TERRES • BERNARD BESSON
(ODILE JACOB, 2013)
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Orly, un avion s’enflamme entrainant la plus grande
catastrophe en France. Dans cet avion devait être
l’ancien Président de la République. Pourtant
l’homme est bien vivant : du nom de Noblecourt, il
parvient à faire croire aux gardes du corps venus
l’attendre qu’il s’en est sorti, alors qu’il n’a jamais
été dans l’avion. Mais à peine rentré, Noblecourt
est retrouvé pendu chez lui...
Fermatown est une officine privée tenue par John
Spencer Larivière, un ancien des services secrets,
Victoria son épouse et Luc, vraie tête brûlée. Ils sont
chargés d’enquêter pour le compte du Président
de la République lui-même.
Si c’était un film
Entre Jeux de pouvoir de Kevin
Macdonald et Ocean’s Eleven
de Steven Soderbergh.
Et si c’était une série
entre State of play et Murder
in the first.
Format ?
Une série récurrente.
—
CONTACT
Odile Jacob
Pauline Buisson
[email protected]
Le couple n’a pas le temps de finir les festivités du
baptême de leur fils que John doit se rendre en avion
présidentiel à Kuala-Lumpur pour comprendre ce qui
s’est réellement passé. De leurs côtés, Victoria se
fait passer pour une amie de la veuve du président
et Luc fait parler d’autres pistes les conduisant
vers une redoutable organisation internationale
pourvue de moyens considérables qui n’hésitera
pas à faire sauter un étage d’une tour de la Défense
ou la morgue où le corps de l’ancien président doit
subir une autopsie.
•
LES « TERRES RARES »,
UN SUJET COMPLÈTEMENT ORIGINAL
Immersion en terre inconnue : sous couvert de roman,
l’auteur traite de la guerre économique qui se déroule
autour des « terres rares » et des métaux indispensables à la fabrication de téléphones portables, écrans
plats, ampoules LED… et donc devenus stratégiques.
L’Asie a une position dominante puisqu’elle produit la
presque totalité de ces métaux. Les « terres rares »
sont pour les pays asiatiques ce que le pétrole est
aux pays arabes. Les moyens mis en jeu par les
« méchants » de l’histoire pour parvenir à leurs fins
sont considérables, ce qui rend le récit très riche
en rebondissements et en actions, sans occulter les
relations humaines décortiquées de sorte à faire
émerger des figures de héros comme les séries
peuvent en avoir besoin.
•
UN DUO AU COEUR
DE LA MANIPULATION
Il y a ici matière à une série télévisée qui saurait utiliser
la richesse des nombreux personnages : l’officine et
ses trois membres (dont Victoria est sans doute le
personnage le plus attachant). Leurs rapports et leurs
personnalités permettent de tenir au minimum une
saison entière sur cette enquête mais aussi de les
conduire sur d’autres aventures. D’ailleurs, John est
déjà présent dans le travail de Bernard Besson, héros
récurrent, il est très bien construit puisqu’inspiré de
l’auteur-lui même : homme de terrain ayant travaillé
au sein des RG puis à la DST.
La famille Noblecourt est aussi riche en couleurs et
une série pourrait en développer certains aspects.
•
DE LA FRANCE À KUALA LUMPUR
Ancrée à Kuala Lumpur, une série permettrait de
comprendre les racines de l’intrigue et de saisir
l’ampleur des enjeux économiques et politiques que
ce roman très documenté révèle. Ces fameux métaux,
ce nouvel « or », font partie de notre quotidien sans
que nous n’en connaissions les enjeux derrière son
commerce et c’est là toute la puissance sur laquelle
pourrait se déployer une série. Cependant, cette
production peut aussi rester concentrée au sein de
notre territoire, puisque la majeure partie de l’action
se passe à Paris - même si, sans doute, on perdrait
la démesure des manipulations révélées, qui fait
aussi le sel de ce roman de fiction et d’investigation.
•
QUELQUES MOTS SUR L’AUTEUR
Avant d’être écrivain, Bernard Besson était homme de
terrain : contrôleur honoraire au sein de la police nationale, il a aussi travaillé au sein des RG puis à la DST.
MINI LEXIQUE
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•
BACKSTORY
La backstory ou background story
est un ensemble d’évènements inventés pour une intrigue et la précédant. En général, elle concerne
l’historique des personnages ou
d’autres éléments qui sont à la
base des évènements narrés.
Elle permet souvent de mettre en
lumière un choix ou une action
importante d’un personnage et
peut insuffler à la narration une
structure entrecroisée, à plusieurs
niveaux temporels et plusieurs tonalités (dramatiques, comiques,
nostalgiques...)
•
BIBLE
Il s’agit d’un document qui met en
place tous les éléments de la future
série et qui sera utilisé par tous les
auteurs qui seront engagés pour
écrire un épisode (ou plusieurs),
mais aussi tous les autres intervenants : producteur, réalisateurs,
techniciens, acteurs… afin de préserver un maximum de cohérences
au sein de la série.
•
CLIFFHANGER
Qu’on pourrait traduire en français
par « suspens » ou « accroche »,
qui désigne un type de fin ouverte
visant à créer un fort suspens. On
dira qu’il y a cliffhanger quand
un récit s’achève avant son
dénouement, à un point crucial
de l’intrigue, quitte à laisser un
personnage dans une situation
difficile, voire périlleuse. Ce type de
fin, très fréquent dans les séries,
implique souvent que le récit en
question ait une suite.
•
FALL FINAL
Un épisode fall final permet de
conclure une partie de saison avant
un break plus ou moins long. Bien
souvent, cet épisode de conclusion
de mi-saison se termine par un
cliffhanger plus important que les
autres, afin de donner envie aux téléspectateurs de revenir quelques
semaines plus tard pour découvrir
la suite de la série. Il est de plus en
plus fréquent dans les mini-séries.
•
GIMMICK
Procédé visuel ou scénaristique
présent dans chacun des épisodes
d’une série (les cartons rangés en
fin d’épisodes et la réapparition des
victimes dans Cold Case) ou objet
fétiche d’un personnage permettant de l’identifier immédiatement
(la Peugeot 403 et l’imperméable
de Columbo, les post-it de cette
figure mystique – biblique ? – dans
Dead Like Me).
•
MINI SÉRIE
Une mini-série est une série racontant une histoire en un nombre fini
d’épisodes (entre deux et douze),
pour une durée totale de trois à
douze heures. Ce concept s’affirme
depuis 1985 et se situe entre le
film et la série. La minisérie peut
également être qualifiée de téléfilm
à gros budget.
•
SÉRIE
Format surtout vu à la télévision
(mais qui croît de façon importante
sur le web ces dernières années,
sous le terme de « web serie »)
mettant en scène une histoire qui
s’étale sur une saison complète,
voire plus. Un des atouts de la série
est de créer un lien de fidélité avec
le spectateur, qui doit suivre sur
le long terme et par laps de temps
bien découpés via les épisodes la
narration complète de l’intrigue
de la série pour en connaitre son
dénouement. Une série peut suivre
d’épisode en épisode un même
schéma narratif (de temps, de lieux,
d’actions, de tons, de montage...)
ou le faire varier. Jusqu’à faire de
certains épisodes de véritables
parenthèses narratives, souvent
utilisées pour creuser le portrait
d’un ou plusieurs personnages.
QUELQUES POLARS
DÉJÀ ADAPTÉS
Incorruptibles • Elliot Ness — Wire in the blood • Val McDermid — Inspector
Morse • Colin Dexter — Smiley’s People • John Le Carré — Wallander • Henning
Mankell — Arsène Lupin • Maurice Leblanc — Women’s murder club • James
Patterson — Sherlock Holmes • Arthur Conan Doyle — Ikebukuro West Gate
Park • Ishida Ira — Banks • Peter Robinson — Cidade dos homens • Paulo
Lins — Vidocq — Murdoch mysteries • Maureen Jennings — Millenium •
Stieg Larsson — M ry no Hako • Natsuhiko Ky goku — The Case of The
Cheminal Syndicate • Bob Kane Bill Finger — Miss Marple Mysteries • Agatha
Christie — Il giudice meschino • Mimmo Gangemi — Les enquêtes du Commissaire
Maigret • Georges Simenon — Rizzoli and Isles • Tess Gerritsen — The red riding
trilogy • David Peace — Pronto • Elmore Leonard — Il comissario Montalbano •
Andrea Camilleri — Tyskungen • Camilla Lackberg — XIII • Jean Van Hamme William
Vance — Under the dome • Stephen King — Case Histories • Kate Atkinson — Bones
• Kathy Reichs — Romanzo Criminale • Giancarlo de Cataldo — Dexter • Jeff
Lindsay — The Night Manager • John Le Carré — Thorne • Mark Billingham — Das
Parfum, die Geschichte eines Mörders • Patrick Süskind — Sin City
• Franck Miller — Commissaire Winter • Ake Edwardson — The Dresden files • Jim
Butcher — Cadfael • Ellis Peters — Messiah • Boris Starling — The Ruth Rendell
Mysteries • Ruth Rendell — Le sang de la vigne • Jean-Pierre Alaux — Boardwalk
Empire • Nelson Johnson — Gomorra • Roberto Saviano — The runaway • Martina
Cole —The Firm • John Grisham — The Cuckoo’s Calling • Robert Galbraith…
Polars ayant généré :
Polars ayant généré des séries :
Long métrage et série Françaises,
Scandinaves,
Américaines,
Britanniques,
Autres...
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