JULIETTE RÉCAMIER, MUSE ET MECENE

Transcription

JULIETTE RÉCAMIER, MUSE ET MECENE
SAISON 2008 | 09
EXPOSITION
Musée des Beaux-Arts de Lyon
20, place des Terreaux
69001 | Lyon I France
33(O)4 72 10 17 40
www.mba-lyon.fr
JULIETTE RÉCAMIER, MUSE ET MECENE
27 mars / 29 juin 2009
Juliette Récamier (1777-1849)
Née à Lyon à quelques pas du Palais Saint-Pierre, issue d’une famille de la bourgeoisie locale, Juliette Récamier a
durant toute sa vie conservé des liens étroits avec sa ville natale. Elle s’y installe même entre 1812 et 1813 lorsqu’elle
est exilée par Napoléon. Sa mémoire, célébrée par l’historien et ancien maire de la ville Edouard Herriot, auteur d’une
biographie qui tient toujours lieu de référence, demeure encore très présente dans l’esprit des Lyonnais.
Le musée des Beaux-Arts de Lyon entretient également son souvenir au travers de ses collections. Elle compte en
effet au nombre de ses donateurs, plusieurs œuvres majeures – l’esquisse en terre cuite des Trois Grâces d’Antonio
Canova, le grand tableau de François Gérard Corinne au Cap Misène – lui ayant été léguées par elle. Elle apparaît
également sur un nombre important de portraits – par Canova, Chinard, Massot, Sermézy – constituant un ensemble
unique.
Il semblait donc légitime que le musée et sa ville natale puissent lui rendre un hommage. Jusqu’à ce jour, seule une
exposition organisée en 1977 par le musée historique de Lyon lui avait été consacrée, pour commémorer le
bicentenaire de sa naissance. Si celle-ci avait réussi à rassembler de nombreux documents, l’approche en était plutôt
biographique et non artistique.
Cette même approche biographique se retrouve dans la plupart des multiples écrits qui ont pu lui être dévolus.
Nombreuses sont en effet les sources à l’évoquer, au premier rang desquelles les biographies rédigées sous son
contrôle plus ou moins direct par Benjamin Constant, le philosophe lyonnais Pierre-Simon Ballanche, sa nièce Amélie
Lenormant, ainsi que le livre que lui consacre Chateaubriand dans ses Mémoires d’outre-tombe. Ces textes se
révèlent cependant parfois partiels ou partiaux et répètent à l’envi les mêmes anecdotes. Aucune véritable analyse de
ses liens avec le monde artistique n’apparaît à travers eux et peu de réelles études lui ont été consacrées par des
historiens de l’art, si ce n’est dans un contexte plus général ou portant sur des œuvres particulières.
L’exposition du Musée des Beaux-Arts de Lyon
Au-delà des données biographiques aujourd’hui largement connues et publiées sur Juliette Récamier, ce projet se
veut un essai d’analyse de son rôle dans le champ artistique, autour de quatre aspects : modèle, commanditaire,
collectionneuse, initiatrice d’un nouveau goût.
Se donnant pour objectif de réunir l’ensemble le plus large possible d’œuvres attestées lui avoir appartenu, cette
exposition leur associera une importante sélection de portraits réalisés de son vivant. Elle évoquera également le
cercle proche gravitant autour de Juliette Récamier et la part des arts dans celui-ci. Dans une optique de
contextualisation, ces œuvres seront confrontées à d’autres réalisations contemporaines présentant les mêmes
caractères, afin de questionner l’influence éventuelle de Juliette sur les arts de son temps.
Une célébrité européenne
La vision donnée par l’analyse de ces œuvres, mise en regard avec les nombreuses sources disponibles, renvoie
l’aspect d’un personnage complexe, très attentif à son image publique. Ainsi, Juliette Récamier apparaît comme étant
la femme la plus portraiturée de son temps, plus encore que l’impératrice Joséphine, et ce par les plus grands
artistes. Bien que n’ayant jamais joué de réel rôle politique, n’ayant jamais occupé aucune fonction, jamais écrit ou
créé, elle parvient à un statut d’icône de la femme idéale – et idéalisée -, par sa seule beauté légendaire et son esprit.
Sa célébrité gagne l’Europe entière, diffusée par les voyageurs qui se pressent pour lui rendre visite à Paris et la
presse qui témoigne de tous ses faits et gestes. Chacun de ses voyages est un évènement, durant lequel la foule afflue
sur ses pas pour l’apercevoir.
Cette célébrité tient aussi à son entourage qu’elle sait composer avec brio, comptant parmi ses intimes les plus beaux
esprits de son temps qui, de Chateaubriand à Germaine de Staël, ont transmis son nom à la postérité. Durant plus de
cinquante ans, son salon est un passage obligé pour toute personnalité. Marqué d’abord par les grandes fêtes
mondaines données dans son hôtel de la rue du Mont-Blanc, il évolue ensuite sous la Restauration et la Monarchie de
Juillet vers un cénacle littéraire prestigieux dans son appartement de l’Abbaye-aux-Bois.
Une politique de l’image
Sa correspondance et les sources dont nous disposons révèlent un personnage presque continuellement insatisfait des
nombreux portraits réalisés d’elle, quand bien même soient-ils de David ou Canova. Leur contenu iconographique n’est
pas sans révéler les volontés de leur commanditaire et son désir de contrôle du détail de ces images portées au regard
du monde.
C’est elle-même qui dirige également la reproduction en gravure de ces portraits, pour laquelle elle montre une même
exigence de qualité. De nombreux témoignages attestent ensuite de la diffusion de ces images à travers le monde.
Un ameublement et une collection
Grâce à différentes sources, nous possédons une idée assez précise de l’ameublement des intérieurs qu’elle occupe
successivement, du luxueux hôtel de la rue du Mont-Blanc meublé en 1798 dans un goût nouveau par Jacob Frères, au
petit salon de l’Abbaye-aux-Bois dans lequel Chateaubriand lira les Mémoires d’outre-tombe. De même, les œuvres
ayant appartenu à ses collections sont relativement bien connues.
Cet ensemble d’éléments nous permet de mettre en avant une esquisse des goûts artistiques de Juliette, qui semblent
tendre vers un néo-classicisme anacréontique : les Trois Grâces de Canova, ses sculptures de Chinard, le fait de
retenir François Gérard plutôt que David pour la commande de Corinne au Cap Misène, constituent autant d’éléments
semblant proposer cette même direction. Mais ce goût léger, loin de l’austérité davidienne, ne se révèle pas
incompatible avec une certaine sensibilité pré-romantique, bien visible dans le tableau de Gérard ou le portrait de
Chateaubriand par Girodet, deux œuvres qui seront accrochées dans ses salons de l’Abbaye-aux-Bois. Ses liens avec
Canova lui permettent également une connaissance de la scène artistique italienne et de faire appel à de jeunes
artistes comme Pietro Tenerani et Tommaso Minardi, alors peu connus en France.
Une influence artistique
La question d’une influence de Juliette Récamier sur les arts de son temps n’est pas tant à poser d’un point de vue
direct qu’au travers des œuvres commandées par elle et de leur impact. L’exemple particulier du mobilier de sa
chambre à coucher, réalisé vers 1798 par Jacob Frères sur des dessins de Berthault pour son hôtel de la rue du MontBlanc, en fournit un exemple incontournable. Il est en effet coutume de voir à travers cet élégant ensemble la première
réalisation de style Directoire, à l’origine de nombreuses imitations directes. La célébrité des portraits de David et de
Gérard leur vaudront une postérité immédiate à travers une reprise de leur formule de composition. De même, les
voies très différentes explorées par Chinard et Canova, laquelle s’intègre dans sa série des têtes idéales, connaîtront
de nombreuses variations, tant dans l’œuvre de leurs auteurs qu’auprès de leurs imitateurs. Preuve encore de la
diffusion de ces images, certaines gravures d’après des portraits de Juliette iront même jusqu’à être directement
reprises pour des illustrations de mode.
C’est ainsi que se crée un mythe, celui de la « dame au sofa » pour citer Mario Praz, transmis à la postérité par l’écrit
et l’image, qui ne cessera de fasciner les artistes, et dont Magritte donnera au XXe siècle une des dernières
représentations, cette fois-ci caustique à souhait.
Commissariat de l’exposition
Stéphane Paccoud, conservateur du patrimoine, chargé des collections de peintures et de sculptures du XIXe siècle,
musée des Beaux-Arts de Lyon
assisté de
Gérard Bruyère, bibliothécaire, musée des Beaux-Arts de Lyon
Jehanne Lazaj, conservateur du patrimoine, ministère de la culture, direction de l’architecture et du patrimoine,
mission inventaire général du patrimoine culturel
Sophie Picot-Bocquillon, doctorante en histoire de l’art, assistante qualifiée de conservation, musée du Valois et de
l’archerie de Crépy-en-Valois
Comité scientifique :
Laura Auricchio, Assistant Professor of Art History, Parsons The New School of Design, New York
Eric Bertin, historien de l’art
Anne Dion-Tenenbaum, conservateur en chef du patrimoine, département des objets d’art, musée du Louvre
Rébecca Duffeix, docteur en histoire de l’art, chargée du service images, musée des Beaux-Arts de Lyon
Philippe Durey, conservateur général du patrimoine, directeur de l’Ecole du Louvre
Stéphane Guégan, responsable du service culturel, musée d’Orsay
Salima Hellal, conservateur du patrimoine, chargée des collections d’objets d’art, musée des Beaux-Arts de Lyon
Isolde Pludermacher, conservateur du patrimoine, conservation des œuvres d’art religieuses et civiles de la ville de
Paris
Firmin Massot, Portrait de Juliette
Récamier (détail), 1807, Lyon, Musée
des Beaux-Arts © Lyon MBA / Photo
Alain Basset.
Joseph Chinard, Juliette
Récamier (détail), 1805/1806
?, Musée des Beaux-Arts de
Lyon, © Lyon, MBA / Photo
Alain Basset 2008.
Autour de l’exposition
Autour de l’exposition
Audioguide de l’exposition disponible à la billetterie.
Visites commentées
À partir du 4 avril, les lundis à 12 h 15 (Durée 1 h), les jeudis à 16 h (Durée 1 h 30) et les samedis à 10 h 30 (Durée
1 h 30). Sur réservation.
Visite en LSF pour les personnes sourdes et malentendantes.
Samedi 25 avril à 14 h (Durée 2 h). Sur réservation.
Du bout des doigts : pour les personnes aveugles et malvoyantes.
Jeudi 28 mai à 15 h (Durée 2 h). Sur réservation.
Regards approfondis
Cycle de 3 visites entre exposition et collections.
(Durée 1 h 30). Sur réservation.
Juliette Récamier, muse et mécène :parcours dans l’exposition : lundi 11 mai à 16 h.
Femmes de goût : mécènes et donatrices (1) dans les collections : lundi 18 mai à 16 h.
Femmes de goût : mécènes et donatrices (2) dans les collections : lundi 25 mai à 16 h.
Si Juliette m’était contée…
Partages littéraires dans l’exposition avec des lectures d’extraits de Chateaubriand, Mme de Staël, Benjamin
Constant, Sainte-Beuve, Ballanche, Edouard Herriot…
Jeudis 23 et 30 avril, 7 mai à 12 h 15 (Durée 1 h). Sur réservation.
Rencontres avec les commissaires de l’exposition
Stéphane Paccoud, conservateur du patrimoine, chargé des collections de peintures et de sculptures du 19e siècle
du musée et Gérard Bruyère, documentaliste au musée.
Vendredi 24 avril à 18 h 30.
Stéphane Paccoud, conservateur du patrimoine, chargé des collections de peintures et de sculptures du 19e siècle
du musée et Sophie Picot, historienne de l’art.
Jeudi 4 juin à 18 h 30.
Juliette Récamier au cinéma
Projection du film muet de Gaston Ravel Madame Récamier, réalisé en 1927 d’après la biographie d’Edouard
Herriot, présentée par Gérard Bruyère, bibliothécaire du musée et Delphine Gleizes, maître de conférences en
littérature française du 19e siècle à l’université Lyon II et directrice de l’équipe LIRE 19e.
Mercredi 10 juin à 18 h 30. Auditorium Henri Focillon du musée.
Journée d’étude Juliette Récamier dans les arts et la littérature. La fabrique des représentations. Organisée avec
l’UMR Littérature, idéologies, représentations, 18e-19e siècles (LIRE), Université Lyon II. Coordonnée par Sarga
Moussa, directeur de recherche au CNRS, professeur à l’université Lyon II et directeur du LIRE, et Delphine
Gleizes, maître de conférences en littérature française du 19e siècle à l’université Lyon II et directrice de l’équipe
LIRE 19e.
Vendredi 15 mai. Entrée libre sur présentation du billet d’exposition. Gratuit pour les étudiants.
Journée d’étude Les femmes et le discours sur l’art autour de 1800 . Organisée par l’Institut National d’Histoire
de l’Art.
Vendredi 26 juin. Entrée libre sur présentation du billet d’exposition. Gratuit pour les étudiants.