Montréal, le 2001 - Ordre des pharmaciens du Québec
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Montréal, le 2001 - Ordre des pharmaciens du Québec
Communiqué - 22 novembre 2012 Aux pharmaciennes et pharmaciens du Québec RISQUE DE TRANSMISSION D’INFECTIONS SUITE À L’USAGE INAPPROPRIÉ DE DISPOSITIFS DE PONCTION CAPILLAIRE L’Ordre des pharmaciens du Québec a été informé, par la Direction de la santé publique et le Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, de signalements concernant des situations d’utilisation partagée de glucomètres portatifs et de dispositifs de ponction capillaire destinés à l’usage d’une seule personne. Ces signalements ont nécessité un rappel des personnes potentiellement exposées afin de leur offrir un dépistage. Les dispositifs de ponction capillaire sont utilisés par les patients et les professionnels de la santé afin de prélever des échantillons de sang et de surveiller la glycémie. Il y a trois catégories de dispositifs de ponction capillaire : jetable, réutilisable chez le même patient et réutilisable auprès de patients multiples. Le capuchon du dispositif réutilisable chez plusieurs patients peut être remplacé ou stérilisé, ce qui n’est pas le cas du capuchon du dispositif réutilisable chez le même patient. Étant donné que le capuchon peut entrer en contact avec du sang lors du prélèvement, l’usage inapproprié de cette catégorie de dispositif chez plusieurs patients peut entraîner un risque de transmission d’agents pathogènes, comme le virus de l’hépatite B, le virus de l’hépatite C ou le VIH. Ce risque demeure même si la lancette du dispositif est changée, puisque des résidus de sang peuvent toujours contaminer le dispositif. Bien que ce risque soit faible, la documentation scientifique nous indique que de nombreuses éclosions d’hépatite B et d’hépatite C ont été associées à l’usage inapproprié de dispositifs de ponction capillaire, en Amérique comme en Europe 1 2 3 4. 1 DouvinC, Simon D, Zinelabidine H, et al. An outbreak of hepatitis B in an endocrinology unit traced to a capillary-blood-sampling device. N Engl J Med 1990;322 :57-8 2 Desenclos JC, Bourdiol-Razes M, Rolin B, et al. Hepatitis C in a ward for cystic fibrosis and diabetic patients : possible transmission by spring-loaded finger-stick devices for self-monitoring of capillary blood glucose. Infect Control Hosp Epidemiol 2001;22 :701-7 3 Gütz HM, Schutter M, Borsboom GJ, et al. A cluster of hepatitis B infections associated with incorrect use of capillary blood samling device in a nursing home in the Netherlands. Eurosurveillance 2008; 13 :15 4 Counard CA, Perz JF, Linchangco PC, et al. Acute hepatitis B outbreauks related to fingerstick blood glucose monitoring in two assisted living facilities. J Am Geriatr Soc 2012;58 :306-311 266, rue Notre-Dame Ouest, bureau 301, Montréal (Québec) H2Y 1T6 Téléphone : 514 284-9588 | sans frais : 1 800 363-0324 | Télécopieur : 514 284-3420 | www.opq.org Aux États-Unis seulement, 27 éclosions d’hépatites B ont été déclarées, entre 1996 et 2011, touchant des adultes diabétiques recevant des soins utilisant un dispositif de ponction capillaire, dans des centres de soins de longue durée 5. Des cas de décès ont aussi été rapportés 6. Le CDC recommande de ne jamais utiliser un dispositif de ponction capillaire pour plus d’un patient et si cela n’est pas possible, d’utiliser un dispositif prévu pour un usage multiple auprès de plusieurs patients, en respectant les techniques de désinfection précisées par le fabricant entre chaque patient. Santé Canada a publié plusieurs avis, adressés notamment aux hôpitaux et à la population en 2006 7, un rappel en 2007 8 suivi d’autres avis en 2009 9, pour mettre en garde les dispensateurs de soins et les patients contre ce problème. Afin de réduire au minimum le risque de contamination associé à l’usage de dispositifs de ponction capillaire, Santé Canada formule les recommandations suivantes (avis 2009) : • • • Ne pas utiliser chez plus d’un patient les dispositifs de ponction capillaire conçus pour usage auprès d’un seul patient. Les établissements de santé doivent s’assurer que les dispositifs de ponction capillaire qu’ils utilisent sont conçus pour un usage auprès de plusieurs patients. Nettoyer ou remplacer après usage le capuchon des dispositifs réutilisables chez plusieurs patients conformément aux directives du fabricant. Remplacer la lancette après chaque prélèvement de sang. Le remplacement de la lancette n’élimine pas entièrement le risque de contamination croisée et il faut utiliser le dispositif de ponction approprié conformément aux directives et le nettoyer adéquatement pour réduire au minimum le risque de contamination. 5 CDC. Multiple outbreaks of hepatitis B virus infection related to assisted monitoring of blood glucose among residents of assisted living facilities – Virginia, 2009-2011. MMWR May 18 2012;61(19) :339-343 6 CDC. Deaths from acute hepatitis B virus infection associated with assisted blood glucose monitoring in an assisted living facility – North Carolina, august-october 2010. MMWR February 18 2012;60(6);182 7 Santé Canada. Avis aux hôpitaux. Renseignements importants en matière d'innocuité émis par Santé Canada concernant l'association entre les dispositifs de ponction capillaire et la transmission de maladies par le sang .12 janvier 2006 http://www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/medeff/advisories-avis/prof/_2005/blood-capill_lanc-ponc_dev-dis_nthaah-fra.php 8 er Santé Canada. Rappel de bien suivre les instructions lors d'une ponction capillaire. 1 août 2007 http://www.hc-sc.gc.ca/ahc-asc/media/advisories-avis/_2007/2007_94-fra.php 9 Santé Canada. Avis aux hôpitaux. Renseignements importants en matière d'innocuité émis par Santé Canada concernant l'association entre les dispositifs de ponction capillaire et la transmission de maladies par le sang. 24 mars 2009 http://www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/medeff/advisories-avis/prof/_2009/blood-capill_lanc-ponc_devdis_2_nth-aah-fra.php. 266, rue Notre-Dame Ouest, bureau 301, Montréal (Québec) H2Y 1T6 Téléphone : 514 284-9588 | sans frais : 1 800 363-0324 | Télécopieur : 514 284-3420 | www.opq.org Plusieurs signalements d’usage inapproprié de dispositif à usage unique ont aussi été rapportés dans des établissements d’enseignement en Ontario. La Santé publique de l’Ontario publiait, le 5 septembre dernier, un avis décourageant la pratique de prélèvements sanguins en classe. À la suite des signalements au Québec, le Ministère de la Santé et des Services Sociaux a fait parvenir une correspondance à l’ensemble des agences régionales, leur demandant de rappeler à leurs établissements la nécessité de mettre en application les normes sur les analyses de biologie délocalisées émises par Agrément Canada en novembre 2011. L’Ordre des pharmaciens du Québec a émis un premier communiqué le 1er décembre 2006 pour mettre en garde les pharmaciennes et les pharmaciens du Québec sur l’utilisation des dispositifs de ponction capillaires dans les activités de dépistage du diabète. L’Ordre a publié un nouvel avis en 2009 10. La continuité des signalements et l’émission répétée d’avis, provenant de différentes instances et ciblant différents publics, signifient que les professionnels de la santé ne sont pas tous informés au sujet de ce risque. En tant que professionnel de la santé, le pharmacien a des obligations et un devoir déontologique envers le public de promouvoir la santé et de prévenir la maladie 11. Le champ d’exercice du pharmacien comprend une disposition commune à toutes les professions qui figure dans le Code des professions 12. Il doit intégrer dans sa pratique quotidienne des activités pour promouvoir la santé et prévenir la maladie lorsque ces activités sont en lien avec son champ d’exercice. En pilotant ou en s’associant à ces activités, le pharmacien engage sa responsabilité professionnelle au niveau de la démarche scientifique, au niveau de la prise en charge des patients chez lesquels des problèmes potentiels sont détectés et au niveau de la sécurité du matériel utilisé pour effectuer les activités. 10 Ordre des Pharmaciens du Québec. Ponction capillaire : utilisez le dispositif approprié. L’Interaction Mai 2009;6 11 Code de déontologie des pharmaciens, article 20 (L.R.Q. c. P-10, a. 3-D. 467-2008, a. 20). « Le pharmacien doit favoriser les mesures d'éducation et d'information auprès du public. Sauf pour des motifs valables, il doit notamment: 1° utiliser ses connaissances professionnelles pour protéger et promouvoir la santé du public; 2° appuyer toute mesure favorisant l'amélioration de la santé du public; 3° collaborer à la diffusion de l'information concernant toute politique visant à favoriser la santé du public. » 12 Code des professions, article 39.4 (L.R.Q., chapitre C-26-2002, c. 33, a. 4.) « L'information, la promotion de la santé et la prévention de la maladie, des accidents et des problèmes sociaux auprès des individus, des familles et des collectivités sont comprises dans le champ d'exercice du membre d'un ordre dans la mesure où elles sont reliées à ses activités professionnelles. » 266, rue Notre-Dame Ouest, bureau 301, Montréal (Québec) H2Y 1T6 Téléphone : 514 284-9588 | sans frais : 1 800 363-0324 | Télécopieur : 514 284-3420 | www.opq.org En plus de tenir compte des recommandations de Santé Canada, l’Ordre recommande aux pharmaciens, qu’ils exercent en établissement de santé, en pharmacie de pratique privée ou au sein d’un milieu d’enseignement, de vérifier les directives et précautions indiquées par le fabricant du dispositif de ponction capillaire. Le pharmacien doit veiller à recueillir toutes les informations nécessaires avant de suggérer ou d’utiliser un type d’appareil dans les activités de dépistage ou de suivi. Il doit aussi, dès qu’il en a l’occasion, informer et sensibiliser les patients, les dispensateurs de soins ainsi que les autres professionnels de la santé sur les précautions à prendre afin de promouvoir une utilisation appropriée des dispositifs de ponction capillaire. 266, rue Notre-Dame Ouest, bureau 301, Montréal (Québec) H2Y 1T6 Téléphone : 514 284-9588 | sans frais : 1 800 363-0324 | Télécopieur : 514 284-3420 | www.opq.org