L`école du rêve - Monsieur le ministre, lisez... Sa secrétaire avait un
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L`école du rêve - Monsieur le ministre, lisez... Sa secrétaire avait un
L'école du rêve - Monsieur le ministre, lisez... Sa secrétaire avait un tel sourire qu'il ne pouvait refuser. Honorable ministre de l'Éducation, Je viens d'être puni parce que j'ai rêvé en salle de classe. Je pense que ce n'est pas juste. Mon professeur me reproche souvent de rêver pendant les cours, mais ce n'est pas de ma faute si j'ai du talent pour le rêve. Je ne voudrais pas que vous mettiez en doute la parole de mon professeur. Elle a raison de m'accuser de rêver. Tout ce qu'elle me dit me fait penser à autre chose et alors je rêve. Croyez-vous, monsieur le ministre, qu'il faut punir un jeune homme parce qu'une chose lui fait penser à une autre chose ? Mon professeur croit que je profite du printemps pour rêver. Je ne rêve pas seulement parce que c'est avril. Je rêve durant toute l'année. Avant d'être condamné, j'ai voulu prouver noir sur blanc à mon professeur que rêver n'est pas du temps perdu ; je lui ai présenté une argumentation solide : -Mademoiselle, lui ai-je dit, l'homme ou la femme qui a inventé la roue (circulaire) a dû rêver longtemps devant les roues (carrées) qui étaient sous les charrettes à son époque ; l'homme ou la femme qui a remarqué que la Terre tourne autour du Soleil a dû rêver longtemps en observant les oiseaux. Pensez-vous, mademoiselle, que ceux qui ont rendu possible le voyage dans la Lune n'étaient pas des enfants qui rêvaient devant les étoiles ? Mademoiselle, il se pourrait que vous ayez tort de me déranger dans mes rêves : je vous prépare peut-être une grande invention révolutionnaire. En guide de réponse, elle a annoncé que je serais puni, moi, l'impertinent, a-t-elle dit. Honorable ministre de l'Éducation, je ne vous écris pas pour me plaindre d'une injustice flagrante. Mon professeur fait ce qu'elle peut. Ses élèves ne sont pas faciles et elle mérite votre considération. Je vous écris plutôt pour vous suggérer de rendre obligatoire, tous les jours, dans toutes vos écoles, sur tout votre territoire, une période durant laquelle le rêve serait un sujet obligatoire. Plus tard, quand les élèves sortiraient de l'école, ils pourraient alors réaliser leurs rêves et le monde deviendrait plus beau. Éric La secrétaire vit un sourire s'étendre sur les lèvres crispées du ministre puis éclairer tout son visage. Elle le vit se lever tout doucement et marcher, souriant, vers la grande fenêtre. (...) -Qu'est-ce que vous répondrez à Éric ? demanda la secrétaire. -Écrivez : Cher Éric, Si le rêve était déclaré matière obligatoire à l'école, je crois bien que tu rêverais alors de ne plus rêver. As-tu tort, as-tu raison de rêver ? C'est toi qui seras ton vrai juge. Tu auras eu raison de rêver si tu réalises tes rêves pour les partager avec tes frères et sœurs. Ton ami, le ministre de l'Éducation. Mémo Mag 6, Dossier 1 p.21-22