« La bière représente en moyenne 45 % de la boisson distribuée »

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« La bière représente en moyenne 45 % de la boisson distribuée »
≥BOISSONS
La Fédération nationale des boissons
(FNB) fédère la quasi-totalité des
distributeurs-grossistes en boissons
qui servent quotidiennement plus
de 250 000 clients CHR (cafés,
hôtels, restaurants) sur l’ensemble
du territoire français.
Laure Bomy, directrice générale de la FNB
« La bière représente en moyenne
45 % de la boisson distribuée »
Cette organisation professionnelle réunit
sous une seule bannière les 350 décideurs
du métier d’entrepositaires, qui correspond dans l’Hexagone à environ 500 sites
de distribution.
Quels sont les grands types de boissons
que les entrepositaires distribuent auprès
des CHR ?
Laure Bomy : Sur l’ensemble des boissons distribuées auprès des établissements de la consommation hors domicile
en France, on peut dire qu’en moyenne
et en chiffre d’affaires 45 % concernent la
bière, 15 % les soft, 10 % les eaux, 20 %
les vins et spiritueux, et enfin 10 % le café,
boissons chaudes et snacking. En fonction
de la typologie de l’établissement, plus ou
moins orienté bar, café ou restauration, ce
pourcentage peut varier énormément.
Par rapport au marché total de la boisson
en France, que représente-t-elle en CHR ?
L. B. : Les volumes de boissons consommées en CHR représentent environ 20 %
du marché total. En valeur, c’est l’équivalent de 5 à 5,5 milliards d’euros HT par
an, dont près de 3 milliards d’euros enregistrés par les distributeurs-grossistes en
boissons.
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Combien d’entrepositaires se partagent la
distribution de la boisson en CHR ?
L. B. : Dans les années 1090, il y avait
encore 1 500 entrepositaires en France.
Depuis une dizaine d’années, on ne comptabilise plus que près de 500 entreprises
ou sites de distribution. Dans les années
1995-1996, ce marché a muté et s’est
concentré, à la suite notamment d’une
vague de rachats de certains opérateurs
par les principaux brasseurs. Près des
deux tiers de la distribution étaient alors
intégrés. Dix ans plus tard, le phénomène
inverse s’est produit : certains brasseurs
ont revendu leurs actifs. Aujourd’hui, seul
« Sur l’ensemble des boissons
distribuées dans les 250 000
CHR de France, on peut dire
qu’en moyenne et en valeur
45 % concernent la bière, 15 %
les soft, 10 % les eaux, 20 %
les vins et spiritueux et enfin
10 % le café, boissons chaudes
et snacking. »
le groupe Heineken a conservé sa filiale
distribution, France Boissons et les distributeurs indépendants se sont, pour la plupart, organisés en réseaux (Distriboissons
et C 10).
Peut-on établir un lien entre la consommation de tabac, d’alcool et de vin ?
L. B. : L’interdiction de fumer dans les CHR
à partir de 2008, a effectivement eu un
impact fort sur la fréquentation des CHR.
Bio express
Laure Bomy a été nommée au poste de directrice
générale de la FNB le 8 mars 2011. Elle commence
sa carrière en 1995 par des fonctions commerciales
au sein des établissements Irion, entrepositaire
grossiste installé à Strasbourg. Par la suite, et pendant près de dix ans, elle participe à la structuration du réseau de distribution Elidis. Opérationnelle
sur la conduite de changement, elle mène également des actions de formation au sein de celui-ci
et rejoint ensuite la direction du développement
commercial de Kronenbourg. En 2007, elle intègre
Altedia, cabinet de conseil en ressources humaines
en tant que consultante. Puis, elle crée sa propre
structure de conseil et accompagne, notamment, le
réseau C 10 dans la création d’un institut de formation dédié aux adhérents du réseau.
NOVEMBRE 2014
BOISSONS ≥
Les ventes d’alcool, de vin, mais aussi
de toutes les autres boissons ont subi
le contrecoup. Mais cette nouvelle réglementation n’a pas été la seule à impacter
les CHR. Les restrictions liées aux nuisances sonores, les augmentations considérables de certaines taxes, comme celle
sur la bière en 2013, ou encore la baisse
du pouvoir d’achat ont également grandement contribué à affaiblir l’attractivité des
établissements CHR, qui doivent s’adapter
dans un contexte de crise économique qui
les frappait déjà de plein fouet.
Les entrepositaires peuvent-ils apporter
une aide et des conseils aux CHR ?
L. B. : La FNB a à cœur de collaborer avec
les autres structures syndicales, à commercer par celles de ses clients, afin de
contribuer à valoriser les savoir-faire des
professionnels CHR et à développer divers
projets visant à dynamiser leur attractivité et à professionnaliser leurs pratiques.
Par ailleurs, nos adhérents, les distributeurs-grossistes en boissons, proposent
diverses prestations telles que des animations clés en main ou personnalisées, des
formations autour du service des produits
ou du merchandising du point de vente
jusqu’au conseil en matière d’agencement
et du prêt de matériel ou de l’aide au financement lors d’acquisition ou de travaux.
La diminution chronique du nombre de
CHR est-elle le signe d’un déclin irrémédiable de la profession ?
L. B. : Il n’y a aucune fatalité au déclin,
il faut que les patrons de ces établissements adaptent leurs offres aux évolutions du marché et des comportements
d’achat des consommateurs de leur
périmètre. Le consommateur que nous
sommes tous est de plus en plus exigeant sur le rapport qualité-prix-service
et, par ailleurs, de mieux en mieux informé. Il convient dès lors de porter une
attention très forte et fine à ses attentes
en matière de prestations proposées
(nouveau produit, accès Wi-Fi gratuit,
possibilité de recharger son mobile, de
lire le journal, d’écouter de la musique…),
mais également à l’environnement
concurrentiel, qui n’est pas que « le voisin proche » mais aussi d’autres formes
de commerces auprès desquels on peut
également acheter une boisson ou se
NOVEMBRE 2014
« Les volumes de boissons
consommées en CHR
représentent environ 20 % du
marché total. En valeur, c’est
l’équivalent de 5 à 5,5 milliards
d’euros HT par an, dont près de
3 milliards d’euros enregistrés
par les distributeurs-grossistes
en boissons. »
restaurer (exemple, le développement de
la vente à emporter).
Dans les CHR, faut-il développer le nombre
de becs à bière, afin d’offrir plus de choix
aux consommateurs ?
L. B. : Ce n’est pas forcément une offre pléthorique qui fait la différence auprès des
consommateurs, mais plutôt la qualité de
ce qui est servi. Un fût traditionnel de bière
une fois mis en perce doit être consommé
dans les trois à quatre jours. Le point de
vente doit donc avoir un certain débit pour
garantir la qualité de la bière qui est servie
sur deux ou trois becs. C’est l’une des raisons qui a poussé les brasseurs à innover
et à proposer d’autres solutions, faisant
appel à d’autres technologies de tirage
pression, et qui permet au point de vente
d’élargir son offre de bières pression tout
en garantissant aux consommateurs un
produit de qualité.
En CHR, quelle est la part de marché des
ventes en bouteille et en fût pour la bière ?
L. B. : La bière en fût représente 90 % des
volumes livrés. Ce qui est assez logique
dès lors que le consommateur privilégie
la consommation de la bière à la pression
et que c’est encore un réel élément de
différenciation pour l’établissement CHR
que de lui offrir la possibilité de déguster et
de découvrir une grande variété de goûts
en un seul lieu !
En matière d’environnement, quels types
d’actions engagez-vous ?
L. B. : Depuis un an, la FNB a mis en place
une charte de développement durable
qui repose sur plusieurs engagements.
L’un des plus plébiscités est la mise en
place d’une offre de service de collecte des
emballages à usage unique auprès de nos
clients CHR, notamment les bouteilles
en verre perdu qui représentent près de
75 % des déchets d’emballage que les
CHR ont à gérer. Or, cette gestion est
souvent très complexe et coûteuse pour
le point de vente, étant donné que c’est un
matériau pondéreux, volumineux, à risque
et que les colonnes d’apport volontaire
ne sont pas toujours situées à proximité des établissements. Une cinquantaine
d’adhérents de la FNB ont d’ores et déjà
lancé le service, qui consiste à reprendre
les emballages perdus lors des opérations de livraison existante. Ce service a
bien entendu un coût, puisqu’il repose
sur un certain nombre d’investissements
à faire de notre part, afin d’équiper les
établissements CHR. Mais il s’avère tout
à fait acceptable pour nos clients qui en
mesurent très vite les bénéfices et sont de
plus en plus nombreux à y adhérer.
Propos recueillis par Bruno Cornec
Repères
La FNB
• 4 : nombre de syndicats patronaux adhérents : Distri-pro, Fédération France Boissons,
Fédération C 10 et Ufegbi (Union française des
entrepositaires grossistes en boissons indépendants). 50 entreprises adhérentes en direct, non
affiliées à l’un de ces quatre syndicats.
• 500 entreprises ou sites de distribution adhérents
• 10 000 emplois chez les distributeurs-grossistes
adhérents
• 80 % : pourcentage des adhérents employant
moins de 50 salariés
• 5 000 camions ou véhicules livrant quotidiennement les CHR
• 50 000 références produits disponibles
Les principaux adhérents
• France Boissons (filiale du groupe Heineken) :
90 centres de distribution
• C 10 : groupement de 190 entreprises
• Distriboissons : groupement de 73 entreprises
La filière
• Près de 3 milliards d’euros HT de boissons
livrées en CHR par les distributeurs-grossistes
en boissons
• 250 000 établissements CHR
• 1 million de personnes travaillant dans les CHR
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