michel-ange-1-résum..

Transcription

michel-ange-1-résum..
Michel-Ange, un génie de la Renaissance par Anne Embs
Né en 1475, mort le 18 février 1564, à près de 90 ans, Michel-Ange crée, dessine, sculpte, œuvre comme architecte, durant toute sa vie. La sculpture
est son métier premier. C’est un artiste qui frappe par la modernité de son œuvre car il rompt avec les différentes règles que ce soit en architecture ou
en sculpture (non finito). C’est aussi un artiste au sens moderne, tourmenté, inquiet, insatisfait… obsédé par le salut, le destin divin. A part Léonard
ou le Bernin, il y a peu d’équivalents. (Michel-Ange, Piéta, Florence, 1550 &, bibliothèque Laurentienne, Florence, 1523
Durant sa longue carrière, il connait une mutation de l’Italie. Son histoire commence sous le mécénat des Médicis et particulièrement de Laurent le
magnifique. Florence est à son apogée. La stabilité des différentes cités-états est remise en cause par les guerres d’Italie que mènent Charles VIII,
Louis XII ou François 1er. Charles VIII entraine la chute des Médicis, le pouvoir est pris pour un temps par Savonarole. En 1564, l’Italie est occupée par
les Espagnol, ce n’est plus le même contexte géopolitique. Le XVIe siècle connait un séisme terrible avec la remise en cause de l’église universelle
(Jean Huss, Luther). Il se développe un certain pessimisme. Le concile de Trente remet en cause la place de l’image et le nu est proscrit. Le statut de
l’artiste change : d’artisan il devient artiste, c’est-à-dire créateur habité d’une force. Michel-Ange est surnommé de son vivant « le divin ». Vasari finit
ses « vite » par celle de Michel-Ange, comme une apogée. Michel-Ange est une personnalité à part, autonome, non influencé par ses contemporains.
De Florence à Florence : les années de formation
Andrea Del Verrocchio, portrait de Laurent le Magnifique, Washington, 1480 Au moment où il commence sa carrière, Laurent de
Médicis régit la ville. Nous sommes vers 1488. La riche famille dominante a mis en place un système de mécénat et beaucoup d’artistes et
d’intellectuels gravitent autour : Ange Politien, Pic de la Mirandole… Verrocchio est le sculpteur officiel de la maison, c’est aussi le maître de Léonard.
Ghirlandaio, le vieillard et son petit-fils, Musée du Louvre En 1488, le jeune Michel-Ange est placé en apprentissage chez Dominico
Ghirlandajo. On ignore combien de temps il reste. 1 an, 2 ans ? Dans cet atelier, il apprend les rudiments de la peinture et la technique de la fresque.
Parmi les peintres dominant la scène artistique florentine on trouve Sandro Botticelli, Verrocchio, di Duccio… Botticelli qui est le représentant de cet
art dit dolce. Un art gracieux, de courbe et de contre courbe, un peu androgyne avec des effets de transparence. Etrangement, cela n’intéresse pas
Michel-Ange ; on ne lui connait aucune copie de contemporain. Ses références vont vers les maîtres plus anciens : Giotto, Donatello, Masaccio, Jacopo
della Quercia… c’est-à-dire des artistes de l’ancien siècle. Tout jeune il rejette son environnement direct, cet artiste gracieux pour adopter un
traitement par masse, par volume.
Sandro Botticelli, Vierge à l’enfant, Paris, 1470.
Michel-Ange, dessin d’après Masaccio, 1490, Vienne, Albertina & Masaccio, détail du paiement du tribut, Florence,
chapelle Brancacci, 1430
Sandro Botticelli, Le Printemps, Florence, 1482 - Sandro Botticelli, Madone du Magnificat, Florence, 1481.
Agostino di Duccio, Madone, 1460, Paris, Musée du Louvre est le représentant du style dolce en sculpture. Un style où la ligne de
l’élégance prévaut, où la structure osseuse n’existe pas. Petite bouche, nez pointu, yeux en amande…
Andrea Del Verrocchio, la dame au bouquet, Florence, 1475-80 la découpe basse a dû marquer Léonard (Mona Lisa)
Léonard de Vinci, portrait de Ginevra de Benci, Washington, 1474-78
Andrea Del Verrocchio, David, Florence, 1475-80 un David victorieux traité comme un éphèbe
Andrea del Verrocchio et Leonardo da Vinci, le Baptême du Christ, Florence, 1472-74
Leonardo da Vinci, Adoration des Mages, 1481 Léonard avant de partir de Florence laisse cette œuvre inachevée.
Habitant au palais Médicis de la via larga, Michel-Ange appartient à un cénacle, les jardins de san Marco (cercle philosophique, école…) Dans ce
jardin, il côtoie Giovanni Bertoldo, un vieux maître qui a pu lui enseigner les rudiments de la sculpture, car sa première formation est bien la peinture. Il
réalise ses premières sculptures vers 15-17 ans.
Michel-Ange, la Bataille des centaures, Florence, 1490-92 c’est un combat d’hommes nus. Tiré du Livre XII des métamorphoses d’Ovide
(et sans doute demandé par Ange Politien), il s’agit du banquet de Pirithoos et Hippodamie durant lequel les centaures vont essayer d’enlever les
femmes. Il n’y a pas de perspective ici. La maitrise des anatomies, la diversité des poses, le tumulte général seront des constantes de son art.
Michel-Ange, la Madone à l’escalier, Florence, 1490-92 sous influence de Donatello avec le traitement en relief écrasé. On sent déjà la
mélancolie dans le visage de la madone (une de ses caractéristiques). Le visage est très construit, il reprend les compositions antiques, romaines.
L’enfant traité de dos est inédit alors, la musculature et le motif du bras abandonné seront repris.
Donatello, festin d’Hérode, 1426, Sienne
Bertoldo, bataille, 1478, Florence, Bargello
Fra Bartolomeo, Savonarole, 1498, Florence Museo di san Marco Cette période de stabilité prend fin à la mort de Laurent de Médicis en
1492. Son fils Pierre ne reste en place que 2 ans, chassé par les troupes du roi de France. Savonarole pendant 4 ans impose un « gouvernement » où
chacun doit renoncer à l’opulence, à la flamboyance et revenir à des valeurs chrétiennes de base. Il met en place des buchers de vanités. En 1498, il
est condamné et exécuté. Michel-Ange quitte le palais Médicis en 1492 et retourne chez ses parents pour 2 ans. Un Christ en croix pour l’église san
Spirito daterait de cette époque. C’est là qu’il se forme à l’anatomie en disséquant les corps fournis par des membres de la congrégation, la nuit.
En 1494, il fuit Florence pour le nord de l’Italie, passant par Ferrare puis Bologne. Il y réside une petite année, hébergé par Francesco Aldovrandi. Il
réalise alors des figures pour l’Arca san Dominico, laissé inachevé.
Michel-Ange, Ange porteur de candélabre, 1494-95, Bologne, Arca San Dominico
Entre Florence et Rome : l’ascension d’un génie
En 1495, passant rapidement par Florence, il rejoint Rome où il reste une année (1495/96).
Cristofano dell’Altissimo, Alexandre VI Borgia, 1495, Florence, Offices Le pape Alexandre VI Borgia (1492/1503), originaire
d’Espagne, père de 3 enfants dont César, permet l’ascension de sa famille. Il menace de s’emparer de Florence. Michel-Ange est terrifié par la figure
de César Borgia. C’est l’une des raisons de sa haine et de son mépris à l’égard de Léonard de Vinci qui est au service de César Borgia, en tant
qu’ingénieur militaire.
Michel-Ange, Pieta, 1499, Rome, Saint- Pierre de Rome C’est à ce moment qu’il décroche, à 20 ans, une première commande : la Piéta.
Commandé par le cardinal français Jean Bilhères de Lagraulas, dit aussi Jean Villiers de la Groslaye, abbé de la basilique Saint-Denis, cardinal et
ambassadeur de France auprès du pape. Elle était destinée à orner le monument funéraire en mémoire du roi défunt Charles VIII, mort en 1498, dans
la chapelle Santa Petronilla, dite « des rois de France » de l’ancienne basilique Saint-Pierre. Le sujet non italien, plus français ou germanique, est
imposé par le commanditaire.
Il accepte trop de commandes et travaillant quasiment seul, ne peut les honorer. D’un caractère ombrageux, le « turn-over » dans son atelier est très
important. Il revient à Florence durant la période républicaine (entre Savonarole et les Médicis) placée sous l'autorité du gonfalonier Piero Soderini.
Michel-Ange est un républicain et défendra toujours cette république.
Michel-Ange, David, Florence, 1501-1504 Il obtient diverses commandes dont le David, taillé dans un bloc déjà ébauché (par Agostino di
Duccio pour un apôtre ou un prophète). Cette figure récurrente de David (Donatello en réalise deux, Verrocchio une) est traitée d’une manière
originale. Il n’est pas encore victorieux mais en préparation du combat, en pleine concentration. Ce n’est plus un éphèbe mais un corps musclé, dont la
chair palpite sous l’enveloppe de la peau. Cette figure devient le symbole de la république florentine et de la révolte contre les Médicis, c’est l’idéal de
la citoyenneté. Techniquement c’est aussi un tour de force, comme le sera son déplacement entre l’atelier et la place de Seigneurie.
A florence, on rencontre les plus grands artistes de l’époque : Léonard, Raphaël et Michel-Ange
Leonardo da Vinci, La Grande Sainte Anne, Paris, 1510. Après restauration il met au point le sfumato, et travaille la composition
pyramidale et l’imbrication des formes. On peut noter que son travail peint est comme un groupe sculpté ! bien que léonard considère la sculpture
comme de second ordre, et méprise en cela Michel-Ange !!! Michel-Ange ignore le travail de Léonard. Au sfumato, aux contours gommés, au passage
ombre-lumière, il répond par la ligne et le dessin, la clarté de la couleur.
Leonardo da Vinci, La Grande Sainte Anne, dessin, Londres, 1504-1507
Raphael, La Vierge au chardonneret, Florence, 1507 Raphaël sera gagné par l’art de Michel-Ange, et par celui de Léonard.
Raphael, La Vierge au grand-duc, Florence, 1504.
Michel-Ange, le tondo Doni, Florence, 1504 cette version de la Sainte famille n’a rien de commun avec ses contemporaines. Michel-Ange
semble imperméable. Le Tondo Doni est la seule peinture de chevalet qui lui soit connue. La composition évoque un groupe sculpté, il conçoit tout en
volume. La pose intrigante (et impossible) toute en torsion annonce les figures serpentines, en S. Les couleurs sont aussi inédites. Il reprend d’une
certaine manière la façon de Giotto.
A Florence, il est mis en concurrence avec Léonard pour la salle du conseil au palazzo de la Seigneurie. Mais aucune œuvre n’a survécu. Léonard
débute une fresque mais sa technique inventive n’a pas supporté le temps, Michel-Ange en est resté au dessin.
Leonardo da Vinci, bataille d’Anghiari, 1503- le dessin repris par Rubens montre la passion du cheval fougueux
Michel-Ange, bataille de Cascina, 1505 reprend un épisode de l’histoire de Florence et de la guerre contre Pise en 1364 (John Hawkwood –
Malatesta au bord de l’Arno). Sa prédilection pour le corps masculin nu, en bataille, est dans la lignée du Combat des centaures. Il surnommait cette
création « les baigneurs ». on connaît cette œuvre par des copies de ses étudiant (G da Sangallo) Le carton, exposé au palais de la Seigneurie, puis au
palais Médicis, sera " l'école du monde ", (Benvenuto Cellini), avant d'être dispersé.
Raphael, Jules II, 1511_12, Londres, National Gallery Il est appelé par Jules II à Rome (pape de 1503 à 1513). Jules II est un pape
guerrier, il mène une politique conquérante et développe les états pontificaux, n’hésitant pas à revêtir l’armure. C’est aussi l’un des papes les moins
sacerdotaux connus mais l’un des plus grands mécènes ayant existés.
Bramante, premier projet pour St-Pierre Il va s’attacher à la reconstruction de st Pierre de Rome, pour y implanter son tombeau (ce qui ne
sera pas le cas, puisqu’il repose à St Pierre aux Liens). Il appelle pour cela Bramante (mort en 1514), à qui succèdent G. Sangallo et Raphaël, Peruzzi,
A. Sangallo le Jeune et enfin Michel-Ange.
Raphael, Vatican, Stanze, l’école d’Athènes 1508-1511 & Stanze, la libération de St Pierre, 1511 Au Vatican, Jules II fait appel
à Raphaël (pour les Stanze). En 1508, Michel-Ange obtient la commande du plafond de la Sixtine. Au départ, jules II l’avait fait venir de Florence pour
créer son tombeau « isolé à l’intérieur de St pierre ». Le premier projet, grandiose est accepté et Michel-Ange part à Carrare chercher son marbre. Il y
reste environ un an. Revenu à Rome, avec les blocs déposés dans la cour de St Pierre, il n’est pas reçu par le pape. Vexé, il s’en retourne à Florence.
Afin de se réconcilier les bonnes grâces de l’artiste, Jules II lui confie le projet de la Sixtine. C’est là aussi une prouesse technique. Sur 540 m2, il
déploie une centaine des personnages en 4 ans, a fresque. Il crée un répertoire formel incroyable.
Michel-Ange, esclaves, Paris, 1512-16 Quant à la « tragédie du tombeau », il y travaillera 40 ans.
Raphael, Léon X, 1519, Florence, Offices & Bronzino, Clément VII, 1564-70, Florence, Offices A Jules II succède un Médicis, le
fils de Laurent, Léon X (pape 1413-1521). Il sera suivi de Clément VII (pape 1523-1534), fils illégitime de Julien, le frère de Laurent de Médicis.
Michel-Ange, Tombeau de Laurent et Julien de Médicis, Florence, 1526-33 Ils lui commandent différents chantiers dont la sacristie
neuve à Saint Lorenzo pour abriter les tombeaux Medicis, la bibliothèque laurentienne.
Michel-Ange, bibliothèque Laurentienne, Florence, 1523
Michel Ange ne reviendra plus à Florence après 1534. Il est en conflit avec Cosme 1er.
Bronzino, Portrait de Cosme 1er, Florence, 1545 & Bronzino, portrait d’Eléonore de Tolède, Florence, 1545
Bronzino, chapelle du palazzo Vecchio, 1540-46 Bronzino est le portraitiste officiel de Cosme 1er. Il réalise également le décor du palazzo
Vecchio, siège du pouvoir de la branche Médicis.
Cellini, Persée, Florence, 1545-54 Michel-Ange va alors avoir une influence sur les artistes florentins.
Bandinelli, Hercule et Cacus, Florence, 1534 Certains n’arrivant toutefois pas à son niveau…
Bandinelli, Adam et Eve, Florence, 1551 & Bandinelli, Piéta, Florence, santa Annunziata, 1554-59
Rome : les trente dernières années
Titien, Paul III, 1545-46, Naples, Capodimonte
Michel-Ange, chapelle Sixtine, Jugement Dernier, 1535-45? Installé en 1534, il travaille pour Paul III qui lui commande le Jugement
dernier à la Sixtine. Il n’y a pas d’équivalent à la même époque. Les nus vont être sujet à polémique. Le maître des cérémonies Biagio da Cesena, qui
avait critiqué la fresque en présence du pape - offense que Michel-Ange, rancunier, n'avait pas pardonnée sera représenté en Minos, dans les
enfers !!! L’arétin critique vivement l’œuvre parlant de scènes impudiques et lascives. Paul IV, pape de 1555 à 1559, pensa faire effacer la
scandaleuse peinture. Des voiles de pudeur furent ajoutés à la suite.
Salviati, Apothéose de Paul III, Palais Farnèse, 1552-58 Michel-Ange va alors s’adonner à l’architecture et à la sculpture. Il sera celui qui
œuvre au palazzo Farnèse (actuelle ambassade de France à Rome)
La place du Capitole à Rome il réaménage (gratuitement) la place du Capitole, emblème du pouvoir républicain romain.
Bartolomeo Passarotti, Pie IV
Michel-Ange, Porte Pia, 1562 Il réalise dans un vocabulaire inédit la porta Pia, où son travail de sculpteur l’emporte.
Michel-Ange, Piéta, Florence, musée de l’œuvre 1550 Obsédé par la mort, par le jugement dernier, il commence différentes Piéta. Celle
qu’il sculpte pour son tombeau est mutilé (il casse une jambe du Christ), il est insatisfait. Le caractère inachevé de ses œuvres en augment le pathos.
Du vivant même de Michel-Ange, il influencera beaucoup d’artistes tel Giambologna (l’enlèvement des Sabines à Florence)
- par la variété des poses
- par la musculature des corps
- par la palette chromatique
- par le gout du dessin

Documents pareils