Mao et moi - J`enseigne avec la littérature jeunesse

Transcription

Mao et moi - J`enseigne avec la littérature jeunesse
Carnet littéraire
Auteur
Illustrateur
Chen Jiang Hong
Chen Jiang Hong
Mao et moi
Titre
Maison d’édition
Collection
Date de publication
Clientèle visée
Résumé (éditeur)
L’école des loisirs
École des max
Septembre 2008
9 à 12 ans
Dans ce récit autobiographique, Chen se penche sur son
passé. Il coule une enfance paisible en compagnie de ses
grands-parents. Sa grand-mère cuisine, coud, élève des
poules. Sa grande sœur sourde-muette lui apprend à
dessiner. Et puis, un matin, la radio annonce que le
président Mao a proclamé la Révolution culturelle. La
propagande et les violences commencent. Il faut brûler les
souvenirs et les livres. Les gardes rouges humilient en
pleine rue intellectuels et propriétaires... Et voilà que, à huit
ans, Chen doit à son tour devenir garde rouge.
www.ecoledesloisirs.fr
Thèmes
Appréciation de
l’œuvre
la famille, les traditions, la mort
La Chine : histoire, régime politique (dictature), révolution
culturelle
Cette œuvre de Chen Jiang Hong est majestueuse. Elle
résulte d’une grande recherche de l’auteur sur son passé,
ses origines et son pays en révolution. Chen nous présente
son Histoire, telle que vécue par un enfant faisant face à
des changements plus grands que lui. Le lecteur voyage à
travers une Chine peu connue, celle d’avant la révolution
imposée par Mao Zedong. On voit à travers les yeux d’un
enfant témoin l’attachement de celui-ci à son pays, à sa
famille. Malgré le fait que Mao fut un dictateur, durant la
lecture, je ne sentais pas cet aspect. Nous nous retrouvons
à l’intérieur de la révolution et l’auteur fait évoluer notre
pensée à son rythme d’enfant de l’époque.
Mao et moi est une œuvre magistrale à plusieurs niveaux.
En premier lieu, le paratexte est intéressant.
La
typographie du titre met en relation MAO, le dictateur et
MOI, Chen Jiang Hong, l’auteur.
Écrit en lettres
majuscules, le nom de ces deux personnages propose une
relation d’égalité entre un enfant et un homme de pouvoir.
Les doubles-pages de garde au début et à la fin de l’album
© Geneviève St-Maur _ Carnet littéraire UdeM (2013)
sont en rouge : rouge drapeau de la Chine, rouge couleur
de la révolution. L’auteur dédie ce livre à ses grandsparents et parents, sans qui sa vie n’aurait pas été la même.
Quoiqu’elle puisse paraître simple, cette dédicace est
porteuse de sens lorsque l’on connaît la vie de l’auteur.
L’auteur est le narrateur de l’histoire, il nous raconte sa vie
quotidienne avec ses yeux d’enfants de l’époque.
Évidemment, la thématique de la révolution culturelle
chinoise est très intéressante à faire découvrir aux élèves.
Elle amène un ordre chronologique dans l’histoire, ce qui
n’empêche pas Chen de faire des sauts dans le présent, le
tout avec un rythme plutôt lent et descriptif. C’est à cet
aspect que j’associe la voix de l’auteur, sans savoir
exactement comment la décrire, ce rythme impose une
réflexion sur l’époque que les mots ne pourraient faire.
Les illustrations, qui mériteraient une analyse approfondie,
et le rapport texte-image en collaboration sont des forces de
cet album. Tout d’abord, de style bande dessinée, le
compartimentage est très utilisé dans la mise en page de
Mao et Moi et certaines pages sont en dissociation. Tout au
long de l’album, les images sont cadrées au-dessus du
texte. Par contre, les deux premières pages ne respectent
pas cette mise en page. L’histoire débute par une mise en
situation écrite sur une page blanche à gauche de
l’illustration de l’immeuble, lieu central de la vie de
l’auteur, qui est en plan général. Par la suite, plusieurs
plans et angles de vue sont utilisés, rendant la lecture
dynamique. Le plan général nous fait découvrir la famille
en action dans l’appartement et à l’extérieur. Les membres
de cette famille sont illustrés dans des plans moyens. Des
plans américains et rapprochés nous font voir les
personnages en action, comme un garde en colère, la sœur
sourde-muette faisant des signes ou encore le petit Chen
portant son foulard rouge. Des gros plans de Chen
apprenant le vélo nous montrent les efforts fournis pour
apprendre et dans de plus petites cases, le plan de détail
insiste sur les gestes de la vie quotidienne, comme la
fabrication des jiaozi et des danseuses en papier de
bonbons. C’est ce type de plan que j’ai préféré. Se
chevauchent aussi les angles de vue normal, en plongée,
contre-plongée et en visée subjective, où l’on peut sentir le
désarroi du Chen lorsqu’il monte se réfugier sur le toit à la
suite du décès de son grand-père. Majoritairement, ces
© Geneviève St-Maur _ Carnet littéraire UdeM (2013)
illustrations sont cadrées noir sur blanc, sauf les pages 22 et
23, lors de l’annonce de la révolution culturelle. Celles-ci
sont doubles, il y a un cadre seulement sur les côtés en
page 23 et le fond est rouge, on y voit aussi un décadrage.
Enfin, le médium principalement utilisé étant l’encre de
Chine, le noir est une couleur dominante dans les traits des
personnages et les détails des images. Le gris-vert et le
rouge sont aussi fréquemment employés.
J’exploiterai l’album Mao et Moi dans une classe de 6e
année, dans un contexte multidisciplinaire comprenant le
français, l’univers social et les arts plastiques. En effet, le
programme de formation en univers social demande de
comparer
des
sociétés
démocratiques
et
nondémocratiques. Le projet sur lequel je travaille avec ma
classe met en relation le Québec de 1980 et la société
vietnamienne, je profiterai donc de cet album pour faire
découvrir aux élèves une autre société asiatique. Voici
quelques pistes d’activités que je réaliserai dans ce but cette
année.
Intérêts
pédagogiques
1) Au préalable, les élèves ont été mis en contexte
historique lors des cours en univers social portant
sur la SAÉ Des jumeaux vietnamiens découvrent un
Québec en plein changement, disponible sur le portail
de la CSDM.
2) Français lecture : Lecture par l’enseignante de Mao
et Moi, les élèves sont en sous-groupes et suivent
aussi la lecture dans un album format lutin poche
afin de bien observer les images. L’enseignante fait
des arrêts durant la lecture afin de vérifier la
compréhension des élèves ainsi que pour écouter
leurs réactions.
3) Univers social : À la suite de la lecture, des
discussions seront animées par l’enseignante en
grand groupe ou en sous-groupe :
Les effets d’une dictature, les différences entre une
société démocratique et non-démocratique
Comparaison entre la révolution tranquille dans le
Québec de 1960 et la révolution culturelle de Mao
Zedong
Comparaison entre le Viet Nam et la Chine
-
-
Réaliser une frise du temps mettant en relation
des événements de la Chine, du Québec et de la
vie de Chen Jiang Hong
Analyser des images de l’album avant et après le
© Geneviève St-Maur _ Carnet littéraire UdeM (2013)
début de la révolution (exemples pages : 9, 25, 27,
28, 41)
4) Français apprécier et écrire : Établir des liens avec
ses expériences personnelles
- Les élèves choisissent un événement dans la vie
de Chen qui se rapproche de leur vie.
- Ils décrivent l’événement en identifiant les
différences et les ressemblances et en expliquant
pourquoi ils comparent cette situation avec leur
vie.
- Établir des liens entre cette époque et leur vie en
2012
5) Arts plastiques : Illustrer le moment de la vie des
élèves à la manière de l’auteur, travail à l’encre de
Chine, suite à une présentation de quelques images
réalisées par ce dernier.
*Les activités son inspirées de la fiche d’accompagnement pédagogique
Mao et Moi de l’école des loisirs ainsi que du document de présentation
de l’album sur le site www.ecoledesmax.com
Le départ de mon père fut un arrachement. Je me débattais
dans les bras de mes sœurs et de ma mère en criant : «Papa,
où vas-tu ? Quand reviens-tu ?» p. 39
Un extrait
Réseau autour des œuvres de Chen Jiang Hong
Le prince Tigre, Chen Jiang Hong, L’école des loisirs, 2005
Cet album présente une autre facette de la culture
chinoise, les mythes et légendes. Contrairement à Mao et
moi, qui se déroule en ville, cette histoire se situe dans la
forêt chinoise.
Au niveau des illustrations, pour observer la technique à
l’encre de Chine et à l’aquarelle.
Liens avec d’autres
livres
Réseau autour de la dictature
Pollen 1 mars-avril 2012
Réseau autour d’œuvres reliées à l’Asie
Le maitre des estampes, Thierry Dedieu, Seuil jeunesse, 2010
Nous transportant au Japon, ce livre fait découvrir aux
enfants une autre partie de l’Asie ainsi que l’art des
estampes.
Le carnet de croquis à la fin de l’album est aussi réalisé à
l’encre de Chine.
Le visage de grand-père, Allen Say, L’école des loisirs, 1996
© Geneviève St-Maur _ Carnet littéraire UdeM (2013)
Encore sous le thème de l’Asie, nous retrouvons dans cet
album une famille américaine qui héberge, comme le
veut la tradition, le grand-père. Nous pouvons donc faire
le parallèle entre les traditions et valeurs asiatiques
(japonaises et chinoises) et celles nord-américaines.
Aujourd’hui en Chine, Geneviève Clastres et Nicolas Thers,
Gallimard, coll. «Le journal d’un enfant», 2005
Sous la forme d'un journal, écrit dans un style simple,
précis et sensible, un enfant d'un autre continent raconte
sa vie au fil des jours. Le lecteur s'identifie au narrateur,
partage ses aventures, ses émotions, sa vie quotidienne et
découvre son histoire de manière vivante et intime.
Le récit, rythmé par les jours, est découpé en courts
chapitres. Au fil des pages, les thèmes abordés dans le
récit (habitat, cuisine, vêtements, jeux…) sont
développés, expliqués et illustrés par des dessins
documentaires très précis. www.gallimard.fr
Note
Date de lecture
5/5
Vendredi 10 novembre 2012
© Geneviève St-Maur _ Carnet littéraire UdeM (2013)