LES MYTHES DE L`IMPRESSION Recherche sur le papier recyclé
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LES MYTHES DE L`IMPRESSION Recherche sur le papier recyclé
LES MYTHES DE L’IMPRESSION Recherche sur le papier recyclé Rapport de l’Écopatrouille MRC de Sept-Rivières Août 2007 LES MYTHES DE L’IMPRESSION La coupe forestière a dérobé 3017 km2 de superficie à la forêt québécoise en 2001 selon Statistiques Canada, soit près de six fois la superficie de l’île de Montréal. On hésite pourtant à condamner les papetières qui embauchent plusieurs milliers de Québécois et qui, ces tempsci, en arrachent beaucoup à cause des concurrents produisant à moindre coût. La solution miracle qui pourrait ravir à la fois les papetières et les mouvements écologistes est pourtant bien simple : le papier recyclé. Reste à savoir si les consommateurs, tant résidentiels, industriels que d’affaires, sont prêts à prendre ce virage. Le modèle québécois L’entreprise Cascades, dont les bénéfices nets sont en augmentation par rapport à la même période l’an passé, 45 millions de dollars contre 33 millions, montre bien qu’un virage vert est la solution stratégique au marasme économique dans lequel est plongée l’industrie des pâtes et papiers. En ciblant une clientèle sensibilisée, prête à payer plus pour obtenir un produit recyclé, plus écologique et québécois, Cascades fait un pied de nez aux leaders internationaux tels que Xerox qui, pour sa part, a enregistré une baisse de 24 % de son profit net au quatrième trimestre de 2006. Déjà, plusieurs grandes entreprises se sont converties à l’un ou l’autre des papiers de la gamme 100 % recyclé post-consommation de Cascades, comme la Sépaq qui publie tous ses documents promotionnels sur du papier glacé 100 % recyclé et Québécor Média qui imprimera dorénavant tous ses livres en noir et blanc sur du papier recyclé. Si les grandes entreprises québécoises ont compris l’avantage écologique, mais surtout économiques du marketing vert, pourquoi le papier recyclé a-t-il de la difficulté à entrer dans les chaumières et les PME? Attendre que la poussière tombe C’est une question de préjugés affirme Julie Loyer, conseillère aux communications chez Cascades. «Au début des années 80, les papiers recyclés étaient de mauvaise qualité, ils étaient pelucheux et poussiéreux. Ces papiers causaient des bourrages dans les imprimantes. Ce n’est plus le cas, mais les gens ont gardé ces préjugés», explique-t-elle. Pourtant des tests et des études ont prouvé que les nouveaux papiers recyclés ne sont pas plus poussiéreux que ceux de même qualité fabriqués avec des fibres provenant directement des coupes forestières. C’est entre autres ce qu’ont prouvé les études du Rochester Institute of Technology (RIT), spécialiste des recherches sur les nouvelles technologies. En testant le papier 100 % recyclé Rollandhitech Enviro 100 de Cascades et un papier de grade équivalent sur des presses Kodak et Hp, ils n’ont pas relevé un niveau de poussière plus élevé dans les tambours de ces imprimantes, ni des bris techniques anormaux. À plus petite échelle, des étudiantes et une enseignante de la polyvalente Mgr Sévigny de Chandler ont fait un test pour convaincre la commission scolaire René Lévesque d’utiliser du papier 100 % recyclé post-consommation. Pour ce faire, ils ont acheté 5 000 feuilles de ce papier pour tester l’impact éventuel sur le photocopieur. Durant cette période, le photocopieur n’a eu aucun problème. Les étudiantes ont présenté leur rapport à la commission scolaire et attendent son approbation. Enfin, localement, le papier Enviro 100 est utilisé depuis ce printemps dans les bureaux de la Ville de Sept-Îles. Glenn Todd, responsable de l’informatique à l’Hôtel de Ville, n’a relevé aucune différence quant à la fréquence des réparations des imprimantes et photocopieurs depuis ce temps. Des écologistes, des chercheurs, des papetières et des citoyens ont prouvé que l’utilisation d’un papier recyclé de qualité n’était pas nuisible pour les copieurs, mais il faudra que la poussière ne tombe avant qu’on oublie les papiers des années 80. Les détaillants D’un autre côté, il y a les vendeurs et réparateurs d’imprimantes qui affirment que le papier recyclé est plus dommageable pour les imprimantes et photocopieurs que le papier ordinaire. Les raisons sont cependant différentes d’une entreprise à l’autre et peu d’entre elles donnent le même son de cloche. Chez Bureau Plus où l’on vend des produits Canon, on affirme que le papier recyclé génère plus de poussière, mais que les nouveaux photocopieurs les prennent mieux que les anciens modèles. Chez Micro Expert, fournisseur Konika Minolta, on affirme que le papier recyclé dépose effectivement plus de poussière et doit de ce fait être entretenu plus fréquemment. Cependant, on précise que cela ne peut pas endommager à proprement parler les copieurs. On avoue de ce fait que tous les types de papier déposent de la poussière. Chez Yaka, la question fait rire le technicien informatique, qui pense quant à lui que le papier recyclé n’a rien à voir avec les problèmes de bourrage et que le papier trop mince, comme celui de Domtar, causerait plus de problèmes. Toujours selon lui, un entretien régulier et fréquent du copieur devrait éviter les éventuels bris. Chaque fournisseur semble avoir sa propre opinion sur le sujet. La Laser Corporation, une entreprise canadienne œuvrant dans le domaine de l’impression depuis 1955, ne cible en aucun cas le papier recyclé lors des problèmes d’accumulations de poussière et recommande aux utilisateurs de prendre n’importe quel chiffon ou petit aspirateur pour nettoyer les accumulations à l’intérieur de l’imprimante. Autre fait intéressant : Aucun des fournisseurs contacté n’a pu fournir une étude scientifique ou statistique pour prouver leurs affirmations. Un test de qualité Ce qui décourage aussi les entreprises et les particuliers à acheter du papier recyclé, outre son coût plus élevé, c’est son apparence. On lui reproche sa brillance, sa couleur plutôt jaunâtre et ses grains parfois apparents. Pourtant, la Sépaq utilise du papier recyclé pour imprimer les paysages à couper le souffle de ses publications! Pour prouver les préjugés des gens à ce propos, nous avons procédé à une petite expérience… Lors d’une formation auprès du personnel de l’Hôtel de Ville, nous nous sommes présentées avec des aide-mémoire imprimés sur du papier ordinaire au lieu de l’habituel papier recyclé et nous avons laissé le logo «imprimé sur du papier 100 % recyclé postconsommation». Rendues à la section de notre formation consacrée au papier recyclé, nous avons, comme d’habitude, cité en exemple notre aide-mémoire pour prouver sa qualité. Les employés, bernés, ont critiqué le blanc jaunâtre, les grains apparents, la transparence et même la douceur de leur feuille. Il est vrai que les papiers recyclés sont moins blancs que les papiers ordinaires, puisqu’ils n’utilisent pas les mêmes agents blanchissants. Cependant, ce test prouve que les préjugés des gens sont bien plus grands que la différence visuelle elle-même. L’impact écologique En fait, si au niveau marketing il est intéressant de favoriser les initiatives vertes et que les recherches montrent qu’il n’y a pas d’inconvénients techniques à utiliser du papier 100 % recyclé post-consommation, le meilleur argument pour s’en procurer, c’est bien évidemment la protection de l’environnement. La production du papier recyclé utilise moins de produits chimiques que celle du papier ordinaire, elle nécessite moins d’eau et elle sauve plusieurs arbres de la coupe. Une tonne de papier recyclé permet de sauver environ 17 arbres adultes et 26 500 litres d’eau. Si l’on se fie à la calculatrice du site Internet de Cascades, en utilisant dix caisses de papiers Enviro 100, c’est 11 arbres par année que la MRC de Sept-Rivières épargne. Au bout de dix ans, ce sont 110 arbres qui resteront dans nos forêts et 289 700 litres d’eau potable qui ne seront pas utilisés par l’industrie. Quand on sait qu’un seul hectare de forêt boréale absorbe 170 tonnes de carbone, soit l’équivalent en émissions d’une voiture qui fait 17 fois le tour de la terre, le papier recyclé devient une alternative logique et essentielle au papier traditionnel. Laurie Morin Marie-Chantale Gauvreau Sept-Îles 21 août 2007