Sofia pour ESPn°18 juin 2005
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Sofia pour ESPn°18 juin 2005
Education et Sociétés Plurilingues n°18-juin 2005 Répertoires plurilingues et apprentissages des langues: images et usages des langues dans des contextes plurilingues Sofia STRATILAKI Le plurilinguisme n’est pas une exception, il n’a rien d’exotique, d’énigmatique, il représente simplement une possibilité de normativité, une des manifestations de la compétence linguistique humaine offertes à l’observation de celui qui considère son entourage avec l’optique du linguiste (Lüdi & Py, Être bilingue, 2002) Poche caratteristiche del plurilinguismo hanno ispirato tanta ricerca accademica quanto la nozione concettuale di competenza plurilingue e i suoi ruolo e funzione nell’apprendimento e nell’uso della lingua. Il Common European Framework of Reference for Languages propone espliciti livelli di riferimento per identificare i gradi di competenza linguistica, come osservato presso parlanti plurilingui ordinari. Basato su un’analisi qualitativa di dati orali, questo articolo esamina il tema del contatto linguistico, e concentra l’attenzione sul rapporto fra le rappresentazioni sociali delle lingue e la competenza nei discenti bilingui Franco-Tedesco in tre ambianti scolastici di Saarbrücken, Friburgo (Germania) e Buc (Francia). L’ipotesi operativa sviluppata per questa inchiesta implica che sussista uno spazio importante, per focalizzarsi sulle rappresentazioni dei discenti e per elaborare le interazioni fra lingue, specificatamente sul ruolo della distanza linguistica e della prossimità nell’uso della lingua. I risultati indicano che lo sviluppo di competenza plurilingue si interseca con la consapevolezza linguistica dei discenti circa l’intersezione delle lingue, con le loro abilità strategiche nel combinare le nozioni fra le lingue e con l’abilità della scuola nel capitalizzare tali abilità. Few characteristics of plurilingualism have inspired as much academic research as the conceptual notion of plurilingual competence and its role and function in language learning and use. The Common European Framework of Reference for Languages proposes explicit referential levels for identifying degrees of language competence as observed among ordinary plurilingual speakers. Based on a qualitative analysis of oral data, this article examines the issue of language contact and focuses on the relationship between social representations of languages and plurilingual competence in French-German bilingual learners in three school environments in Saarbrücken, Freiburg-im-Brisgau (Germany) and Buc (France). The working hypothesis developed for this investigation assumes that there is an important place for focusing on the learners’ representations and processing of interactions between languages, namely on the role of linguistic distance and proximity in language use. The findings support that the development of plurilingual competence is intertwined with the learners’ awareness of intersections of languages, their strategic skills to combine knowledge across languages and the school’s ability to leverage such skills. De l’apprentissage des langues à la dynamique des répertoires plurilingues Diverses recherches en didactique des langues ont déjà mis en évidence l’importance des compétences stratégiques dans le processus d’apprentissage des langues chez les apprenants plurilingues dans différents contextes scolaires et selon différentes configurations du contact des langues et S. Stratilaki, Répertoires plurilingues et apprentissages des langues des langues en contact (voir, par exemple, Coste 2001; Cavalli & Coletta 2003; Moore, éd, 2001). Ces travaux offrent un nouveau regard sur les articulations entre les représentations de la pluralité des langues, l’apprentissage et les pratiques de ces langues dans et hors du contexte scolaire. Partant de ces réflexions, notre contribution se propose d’apporter quelques réflexions sur les relations entre les répertoires et les compétences plurilingues des apprenants et les représentations sociales du bi-/plurilinguisme. II s’agira en particulier de réfléchir à la manière dont les apprenants franco-allemands envisagent le bi-/plurilinguisme individuel et social, les pratiques langagières plurilingues et l’apprentissage des langues. Autrement dit, on voudrait s’interroger ici sur la dynamique de certaines représentations des langues et de leur apprentissage pour mieux cerner leur rapport avec la construction du répertoire plurilingue et la gestion des pratiques langagières chez les apprenants franco-allemands. Nous appuierons notre réflexion sur quelques exemples relatifs aux répertoires et aux pratiques plurilingues des apprenants placés, du fait de leur biographie langagière ou de leur mode de scolarisation, dans des établissements institutionnellement réputés comme les écoles franco-allemandes de Buc/Versailles, de Freiburg-im-Brisgau et de Sarrebruck/Sarre. Avant d’aborder ces exemples, nous préciserons brièvement nos questionnements et ce que nous entendons ici par représentations sociales et compétence plurilingue. Prendre en considération les enjeux des représentations sociales dans la construction du répertoire plurilingue chez les apprenants franco-allemands demande, à notre sens, d’adopter une perspective plurilingue sur l’appropriation des langues (notamment pour ce qui concerne les relations entre les langues) et de considérer les représentations comme émergentes dans et par le discours. Dans cette perspective, nous admettons par hypothèse que les représentations sociales du bi-/plurilinguisme sont étroitement liées aux pratiques langagières et aux processus de mise en mots, qu’elles deviennent objet de discours et qu’elle sont ainsi sujettes à de fortes variations, à de constantes négociations et/ou reconstructions. A partir de cette hypothèse, d’autres questions inter-reliées émergent parmi lesquelles nous retenons ici prioritairement trois: «Quelles sont les représentations du plurilinguisme des apprenants franco-allemands et quelles sont les implications qui en résultent pour la construction de leur propre compétence plurilingue?», «Comment se manifestent ces représentations dynamiques dans les pratiques langagières des apprenants et comment ceux-ci identifient, exploitent et par là configurent les ressources de ce qui sera désigné comme étant la compétence plurilingue (au sens où l’ont définie Coste, Moore & Zarate, 1997)?» et «Quelles 64 S. Stratilaki, Répertoires plurilingues et apprentissages des langues influences peuvent-elles exercer sur leurs besoins langagiers réels en dehors de l’école?». En cherchant à répondre à ces questions nous nous trouvons confrontée à une double problématique. D’une part, étant donné que les apprenants franco-allemands ont déjà développé un premier «portefeuille bilingue», ils devraient aussi développer des attitudes et des capacités favorables à une ouverture au plurilinguisme et au fonctionnement plurilingue. L’élève, par exemple, devrait pouvoir construire un réseau d’interactions entre les différentes langues de son répertoire et recourir de manière stratégique à l’utilisation plurielle des langues dans les situations scolaires d’apprentissage pour construire ses relations et son identité plurilingue. D’autre part, les représentations des langues, en tant qu’éléments constitutifs de la compétence plurilingue (en termes de contacts de langues et de parcours d’apprentissage), devraient être appréhendées de manière dynamique, et non statique, dans leur variation. L’élève, par exemple, est susceptible d’élaborer son répertoire plurilingue à partir de ses représentations individuelles issues de son expérience personnelle du bi-/plurilinguisme (notamment dans le milieu familial) et de ses représentations normatives intériorisées à travers le système de valeurs et de normes implicitement ou explicitement véhiculées par la pratique scolaire. II nous semble que ces représentations sont évolutives et malléables et, dans ce sens, elles permettent aux apprenants de structurer et faire évoluer leur répertoire plurilingue dans les parcours d’apprentissage. Ce cadre ainsi posé, et avant de procéder à l’analyse de nos exemples, il nous paraît essentiel de définir ce qu’on entend par représentations sociales et compétence plurilingue. D’origine sociologique et psychologique (Moscovici, 1961; Jodelet, 1989; Doise, 1990), la notion de représentation occupe aujourd’hui une place particulière et emblématique dans toutes les sciences humaines, y compris en didactique des langues. Le chercheur que l’on tient pour être à l’origine du débat théorique, Serge Moscovici, propose une définition générale: «Réalités préformées, cadres d’interprétation du réel, de repérage pour l’action, systèmes d’accueil des réalités nouvelles… Elles circulent, se croisent et se cristallisent sans cesse à travers une parole, un geste, une rencontre, dans notre univers quotidien» (cité par Jodelet, 1989: 159). Dans cette perspective, les représentations, qui à la fois représentent et construisent notre réalité quotidienne, sont marquées par leur nature sociale. La dimension sociale des représentations peut être envisagée, à notre sens, selon deux manières: d’une part, les représentations sont sociales parce qu’elles sont diffusées dans un groupe comme une valeur qui permet d’expliquer un certain nombre de 65 S. Stratilaki, Répertoires plurilingues et apprentissages des langues comportements langagiers propres à un individu ou une collectivité. D’autre part, les représentations sont sociales parce qu’elles se constituent et se manifestent dans un «lieu» social, la conversation, et sont ainsi liées aux enjeux langagiers contingents (Gajo, 1997, 2001). Nous concevons, dans le cadre didactique qui est le nôtre, les représentations sociales comme des connaissances préalables qui existent et se diffusent dans le tissu social et permettent ainsi aux apprenants de communiquer et d’apprendre en les dotant des codes communs. L’élève, par exemple, avant d’entrer en classe, a déjà fait des expériences, il s’est déjà forgé des images, des idées et des hypothèses sur l’apprentissage des langues et ses interactions sociales. En ce sens, l’apprenant apporte à la tâche d’appropriation des connaissances déjà construites plus ou moins stabilisées, et notamment dans le cas de la construction d’un répertoire plurilingue, l’ensemble des connaissances liées à la maîtrise d’une ou plusieurs langues acquises préalablement (Véronique, 1990). Ces connaissances spécifiques, voire partielles, diversement acquises et sollicitées quant aux capacités communicationnelles qu’elles présentent, constituent pour les apprenants un premier répertoire d’indices, «un acquis au moins provisoire», pour construire des repères et mettre en œuvre des stratégies de construction de répertoires plurilingues. La notion de compétence plurilingue a sans doute induit un déplacement d’une représentation monolingue ou bilingue à une représentation plurilingue de l’apprentissage et de ses objectifs. En d’autres termes, lorsqu’on parle de compétence plurilingue, et non simplement de compétence de communication, on passe d’une réflexion centrée sur le monolinguisme ou le bilinguisme à une discussion axée sur le plurilinguisme. A la différence du bilinguisme, qui mobilise majoritairement des images d’équilibre entre deux entités équivalentes et qui ne constitue pas une condition suffisante pour le développement des compétences linguistiques, le plurilinguisme, entendu comme «au moins deux», implique en effet constitutivement le déséquilibre et favorise le développement des compétences diversifiées. Dans cette perspective, selon le trajectoire de l’apprenant, la configuration de cette compétence évolue, s’enrichit de nouvelles composantes, en complète ou transforme certaines autres, en laisse encore certaines autres dépérir. Et pour reprendre ici l’éclairante formulation de Coste (2002: 117), «on définira provisoirement la compétence plurilingue comme l’ensemble des connaissances et des capacités qui permettent de mobiliser, à l’occasion et en fonction de circonstances données, les ressources d’un répertoire plurilingue et qui contribuent en outre à la construction, à l’évolution et à la reconfiguration éventuelle dudit répertoire». En essayant d’expliquer ainsi la notion de 66 S. Stratilaki, Répertoires plurilingues et apprentissages des langues compétence plurilingue, on ne fait que paraphraser la définition qui est donnée dans le Cadre européen commun de référence (2001) sous une formulation telle que: On désignera par compétence plurilingue et pluriculturelle, la compétence à communiquer langagièrement et à interagir culturellement possédée par un acteur qui maîtrise, à des degrés divers, plusieurs langues, et a, à des degrés divers, l’expérience de plusieurs cultures, tout en étant à même de gérer l’ensemble de ce capital langagier et culturel. L’option majeure est de considérer qu’il n’y a pas là superposition ou juxtaposition de compétences toujours distinctes, mais bien existence d’une compétence plurielle, complexe, voire composite et hétérogène, qui inclut des compétences singulières, voire partielles, mais qui est une en tant que répertoire disponible pour l’acteur social concerné. Aujourd’hui, une telle définition donne à penser que les langues qui constituent le répertoire plurilingue d’un apprenant entretiennent entre elles un jeu de relations extrêmement complexes. En situation d’apprentissage, il nous semble que cette compétence plurilingue se construit selon les représentations que l’apprenant élabore des liens entre les différentes langues de son répertoire en matière de distance ou de proximité interlinguistique ainsi que des possibilités de transferts, d’appuis, et de mises en relations d’une langue à une autre (voir notamment les travaux de l’ex-EA 2534 (Plurilinguisme et Apprentissages), héritière du Crédif, autour de la notion de compétence plurilingue, bilan 1998-2002). Ces considérations théoriques forment ainsi la cadre conceptuel à partir duquel nous essaierons, dans ce qui suit, d’étudier les représentations qu’ont les apprenants de la pluralité des langues et de leur apprentissage afin de mieux comprendre leurs rapports avec la construction de répertoires plurilingues. Quelles données et quelle méthodologie pour l’analyse des représentations? Nous pensons que les représentations sont des objets de discours, qu’elles existent et se (co)construisent dans et par le discours, tout comme le soulignent Castellotti et al. (2001: 103) «grâce au langage et à la médiation d’autrui, observables au moyen de traces discursives». Pour réaliser notre recherche, on a recours à des entretiens semi-directifs avec des élèves bilingues issus de familles françaises, allemandes ou binationales. Les élèves sont tous considérés comme bilingues, dans la mesure où ils pratiquent régulièrement les deux langues à l’école et/ou en famille. Le choix que l’on a fait nous permet d’illustrer quelques-uns des liens qui existent entre les pratiques langagières plurilingues d’une part avec les représentations du bi-/plurilinguisme, et d’autre part avec les compétences plurilingues sous-tendant de telles pratiques et pour partie marquées par ces représentations. Nous rappelons au lecteur que chaque séquence dans les 67 S. Stratilaki, Répertoires plurilingues et apprentissages des langues extraits d’entretiens qui seront analysés est accompagnée d’un code qui en permet d’identifier à la fois un enregistrement et une transcription et qui signale leur position au sein du corpus dans sa totalité: nous avons simplifié la transcription en fonction de nos besoins, par exemple, FR-B correspond au témoignage de l'élève B du lycée franco-allemand de Fribourg-imBrisgau (1). Nous soulignons que nous ne prétendons pas présenter, dans les lignes qui vont suivre, tous les aspects du bi-/plurilinguisme que nous rencontrerons dans les réponses des élèves. Nous nous contenterons d’aborder uniquement les questions que nous nous sommes posées au début de l’article. Au cœur de l’Europe une scolarité trilingue: les écoles franco-allemandes La conceptualisation de l’enseignement bilingue en tant que variante complémentaire de l’enseignement des langues se développe à partir des années 1960, en grande partie en relation avec l’essor de l’immersion canadienne et de son évaluation à grande échelle. L’enseignement bilingue, appelé aussi immersion, enseignement de matières par intégration d’une langue étrangère, «content and language learning», gagne du terrain dans le monde, en s’adaptant aux nécessités sociolinguistiques en Europe. Les accords franco-allemands de 1972 prévoyaient trois axes de coopération: en matières de défense, sur le plan économique et dans le domaine culturel. Ce dernier volet a permis entre autres la naissance de l’OFAJ (1965), dont l’importance n’est plus à démontrer, et des trois lycées franco-allemands. La Convention du 10 février 1972 concernant l’établissement de lycées franco-allemands, portant création du Baccalauréat franco-allemand et fixant les conditions de délivrance de ce diplôme, fut l’aboutissement de travaux – souvent difficiles – d’harmonisation des relations entre les deux pays. Le Lycée franco-allemand de Sarrebruck (Deutsch-Französisches Gymnasium Saarbrücken, DFG/SB) dans sa forme actuelle est le résultat de la lente transformation du «Collège du Maréchal Ney», créé en 1945 et renommé «Lycée Maréchal Ney» en 1947. II existe depuis 1961, date historiquement et linguistiquement précoce en regard de l’histoire turbulente des relations franco-allemandes d’après-guerre. En créant les lycées franco-allemands, la Convention a donné ainsi une existence juridique à celui de ces établissements qui, depuis plusieurs années déjà, fonctionnait sous ce sigle. Le lycée de Sarrebruck fut le premier lycée franco-allemand en Europe fonctionnant selon des programmes et des objectifs pédagogiques élaborés en commun et acceptés par les deux pays. L’objectif était de sanctionner des études effectuées dans le même établissement d’éducation secondaire par des élèves français et allemands suivant des études aussi semblables que possible, dans le cadre de 68 S. Stratilaki, Répertoires plurilingues et apprentissages des langues programmes fixés d’un commun accord par les deux pays. II était aussi d’initier une formule d’enseignement bilingue de nature à favoriser le rapprochement et le développement des échanges entre la France et la République Fédérale d’Allemagne et en sanctionner les acquis par un diplôme valable de plein droit dans les deux pays. Le premier baccalauréat franco-allemand (étant à la fois un Abitur allemand et un Baccalauréat français) s’est déroulé en mai-juin 1972 au lycée de Sarrebruck, qui constituait alors un modèle pour une politique d’intégration européenne réussie dans le domaine de l’éducation. Le baccalauréat franco-allemand bénéficie de la validité qui confère à ses titulaires toutes les prérogatives attachées aux deux diplômes nationaux. Selon ce modèle furent créés les lycées franco-allemands de Freiburg-imBrisgau, en Allemagne (1972) et de Buc, près de Versailles, en France (1980). Notons que la Convention n’est pas limitative et qu’elle n’interdit pas la création d’autres établissements du même type. Le Lycée Franco-Allemand de Buc (Deutsch-Französisches Gymnasium Buc, LFA/Buc) est un établissement d’enseignement public unique en France, tant par son organisation pédagogique, qui n’est pas celle du système national français, que par son statut: lycée d’Etat et seul établissement public bilingue franco-allemand, il n’appartient pas au système national français, bien que géré conjointement par le Ministère de l’Education Nationale français et par son équivalent allemand (Conférence permanente des Ministres de l’Éducation des Länder). II est issu des accords de l’Elysée et son organisation pédagogique est régie par la convention du 10 février 1972, complétée par les accords du 6 juillet 1976. Le Lycée Franco-Allemand de Freiburg-im-Brisgau (Deutsch-Französisches Gymnasium Freibourg, DFG/Fr.i.B) est l'un des trois établissements binationaux du second degré créés par la convention de 1972. Ses auteurs rappellent le contexte et les intentions politiques des deux pays signataires «désireux d’approfondir la compréhension entre les deux pays par l’établissement de relations plus étroites dans le domaine de l’éducation». Cette conception souligne, nous semble-t-il, le poids de l’histoire dans la création d’une institution binationale de scolarisation secondaire publique en Allemagne. 69 S. Stratilaki, Répertoires plurilingues et apprentissages des langues Profils d’apprenants et construction de répertoires plurilingues «Être bilingue, ça nous facilite la vie, pour notre avenir, mais être plurilingue ça a encore plus d’avantages; donc il vaut mieux être plurilingue que de rester seulement bilingue» (Témoignage d’un élève franco-allemand, futur plurilingue!) Comme les biographies langagières plurilingues sont évolutives et individualisées, elles permettent aux apprenants de faire ressortir leurs expériences liées à l’apprentissage des langues, tout en analysant leurs besoins, en valorisant des compétences en construction et en formulant des perspectives pour l’avenir. Voici très brièvement résumées quelques réflexions sur les parcours, les représentations et les pratiques du plurilinguisme de trois élèves franco-allemands. Notre premier témoin, Marieke (3), a dix-sept ans, elle est d’origine allemande et de langue maternelle allemande. Elle est scolarisée depuis cinq ans au lycée franco-allemand de Buc et actuellement en première littéraire de la section allemande de l’école. Parlant de son répertoire plurilingue, Marieke nous permet de comprendre comment se tisse dans son vécu personnel cette relation complexe entre représentations des langues et compétence plurilingue, constituée tout autant par son environnement scolaire que par ses interactions personnelles avec ses camarades dans l’école. Nous pouvons ainsi remarquer que la mobilité géographique pendant la période de son enfance lui a permis une ouverture au plurilinguisme et à l’apprentissage des langues: elle a appris l’espagnol pendant cinq ans au Chili où elle a vécu de l’âge de six ans à l’âge de douze ans. Cette ressource linguistique, elle a décidé de l’entretenir en choisissant de parler l’espagnol avec son petit frère au lycée franco-allemand. Dans l’école, les deux élèves disposent d’une langue que les autres ne comprennent pas et s’en servent comme d’un jeu et d’une «boîte à secrets» pour exprimer des choses sans être compris par leurs camarades ("on alterne souvent les langues pour compléter notre discours ou parce que cela nous fait plaisir. Parfois, je parle en espagnol avec mon frère à l’école, quand personne n’est censé comprendre ce qu’on se dit!"). D’une certaine manière, le vécu personnel apparaît comme une source d’enrichissement qui confère à Marieke un atout en termes de stratégies communicatives plus sociales et plus collaboratives dans ses pratiques langagières. En ce sens, l’apprenant possède des outils communicatifs riches, de moyens stratégiques particulièrement performants et peut ainsi s’exprimer quotidiennement dans plus d’une langue ("l’allemand est ma langue maternelle, mais je ne pense pas qu’elle soit une langue jolie. Par contre, je trouve que l’espagnol est joli et je le parle volontairement; je me souviens ainsi de mon enfance"). Ses mouvements d’une langue à l’autre apparaissent aussi dans ses échanges avec des locuteurs des langues 70 S. Stratilaki, Répertoires plurilingues et apprentissages des langues différentes dans des situations ordinaires d’échange. Autrement dit, elle préfère changer les langues de communication entre le français, l’allemand, l’espagnol et l’anglais selon ses camarades et leurs capacités et toujours selon le sujet ou la situation d’échange ("je préfère plutôt jouer avec les langues, entre français, allemand, espagnol, mais bien sûr quand mes interlocuteurs les parlent aussi. II y a des mots qui expriment exactement ce qu’on veut dire dans une langue, mais pas dans une autre"). Nous constatons ainsi que le répertoire plurilingue de notre témoin embrasse des compétences inégales, partielles (pas seulement en français et en allemand), mais aussi dans les deux autres langues (en anglais et en espagnol) et dont l’usage change en fonction des représentations que Marieke s’en fait de la fonction symbolique et de la valeur psychologique de ces langues. Dans cette optique, il nous semble que les représentations des langues et de leurs caractéristiques influencent largement les stratégies de communication que mettent en œuvre ceux qui les apprennent et/ou les utilisent, comme en témoigne l’extrait suivant: [du corpus Buc-Allemand] 1. B-M. Ich rede meistens Deutsch, es ist am einfachsten für mich; ist ja meine Muttersprache. Aber ich finde sie nicht schön. Spanisch finde ich sehr schön und spreche es sehr gerne, auch weil es Erinnerungen in mir wachruft. Auf Französisch rede ich mit meinen frz. Freuden und wenn ich eben Französisch reden muß oder wenn die Unterhaltung auf Französisch ist, kommt aber auch ein bißchen darauf an, mit wem ich rede (...) Wir springen oft zwischen den Sprachen hin und her, um unsere Aussagen zu vervollständigen, oder weil es Spaß macht. Manchmal rede ich mit meinem Bruder in der Schule Spanisch, wenn niemand sonst etwas verstehen soll (...) Wenn ich Deutsch spreche überlege ich mir nicht wie das jetzt auf Französisch oder auf Deutsch heißt, anders ist das im Schriftlichen. Am liebsten spiele ich mit den Sprachen, springe hin und her, zwischen Französisch, English, Deutsch, Spanisch, wenn mein(e) Gesprächspartner sie auch sprechen natürlich. Normalerweise, wird es dauernd gewechselt. In manchen Sprachen gibt es Wörter, die etwas genau ausdrücken und in anderen Sprachen gibt es kein treffendes Wort. Oder auch französische Wörter mit einer deutschen Endung. Zum Beispiel: sein. Gesicht war danach ganz deformiert’ (déformé). Danach war ich richtig. boulversiert’ (bouleversée). Buc-trans/Dea/sept. 2001. Notre deuxième témoin, Bénédicte, a également dix-sept ans, elle est de nationalité française et actuellement en première littéraire de la section française au lycée franco-allemand de Sarrebruck. Elle a commencé à apprendre le français dans sa famille et l’allemand à l’école en 6ème motivée par sa volonté de communiquer avec ses grands-parents. Sa scolarisation à l’école franco-allemande a été marquée par la volonté de ses parents de maintenir le bilinguisme enfantin de leur fille. Le choix alors d’un établissement binational dans un milieu essentiellement germanophone paraît être la meilleure solution. Cette décision a été acceptée et valorisée ensuite par l’apprenant. En effet, si les parents choissent l’école 71 S. Stratilaki, Répertoires plurilingues et apprentissages des langues binationale, cette dernière profite de sa scolarisation pour découvrir une autre culture et un autre mode de vie «nous pouvons communiquer directement avec les allemands et entrer dans leur culture». Dans cette perspective, nous remarquons le rôle fondamental du milieu familial dans la construction, la valorisation et le développement du répertoire plurilingue de l’apprenant. La fréquence de l’emploi de l’allemand et du français par Bénédicte n’est pas la même: elle varie selon les matières scolaires qui sont associées à l’apprentissage des langues et sont soigneusement répertoriées chez l’apprenant. II est également intéressant de remarquer que sa préférence à l’oral pour l’anglais est ancrée plutôt sur l’aspect langagier et interactionnel «accent de cette langue» et pour le français sur l’aspect affectif «sentiments, belle langue». Les compétences linguistiques de l’apprenant dans ses langues ne sont par conséquent ni nécessairement égales ni totalement identiques. Son répertoire plurilingue se caractérise par un éventail de compétences en déséquilibre, qui sont pleinement sollicitées par l’apprenant dans la communication et dans l’apprentissage selon les enjeux psycho-sociaux qu’elles impliquent. Ces enjeux trouvent un rôle spécifique dans la construction de la compétence plurilingue sur lequel il paraît essentiel de s’appuyer pour faire évoluer les représentations. C’est ainsi que dans sa définition du bilinguisme, l’apprenant n’associe pas la notion de bilingue à une personne particulière mais elle se réfère plutôt à la compétence bilingue. Elle désigne ainsi comme compétence bilingue la capacité d’un individu de maîtriser deux langues tout en étant capable de gérer son répertoire linguistique et d’avoir recours à des formes de «parler bilingue». Dans cette optique, elle envisage la compétence bilingue comme une aventure et donc un enrichissement. Cette image riche qui se dégage à travers la biographie langagière de l’apprenant montre que l’apprentissage des langues et la construction de la compétence plurilingue s’inscrivent dans la durée de la vie, dans une biographie langagière susceptible d’évoluer et de s’enrichir: [corpus SB-Français] 2. SB-B. En 6e, je voulais communiquer avec la famille allemande. J’ai appris l’allemand à l’école et dans la famille allemande d’accueil et puis avec des copines. Je parle aussi l’anglais, à l’école et avec les touristes, et ensuite avec des copains. J’ai appris aussi l’anglais par des chansons et des dialogues. / Je parle aussi l’espagnol en cours (…). À l’oral pour des choses banales en anglais, car j’aime bien les accents de cette langue. Pour exprimer mes sentiments, le français est une langue plus belle. A l’écrit je préfère le français car en allemand, j’ai trop des problèmes dans le genre des mots et donc des déclinaisons. Mon vocabulaire n’est pas assez riche par rapport au français. En français j’ai une mauvaise connaissance des outils techniques pour l’analyse littéraire. J’aime beaucoup le français et je trouve la philosophie intéressante. Pour moi être bilingue, signifie qu’on maîtrise bien deux langues en étant capable de les combiner et de passer de l’une à l’autre avec aisance, ce qui implique une petite 72 S. Stratilaki, Répertoires plurilingues et apprentissages des langues connaissance de la culture. Être bilingue représente pour moi une aventure, donc un enrichissement. SB-trans/Dea/sept. 2001. Laurent, notre troisième témoin, est de nationalité franco-allemande, il a 16 ans et il est actuellement en première intégrée de l’école franco-allemande de Freiburg. Notre témoin est caractérisé par une compétence plurilingue, acquise autant dans le milieu familial que dans le milieu scolaire. Son identité bi-/plurilingue se construit, d’une part, dans sa famille où chacun de ses parents s’adresse à lui en allemand ou en français, parce que les deux langues sont d’entrée de jeu perçues comme égales, totalement légitimées voire même valorisées ("du fait que j’ai appris et je parle l’allemand et le français dès ma naissance et je maîtrise autant l’une que l’autre, je les considère comme mes langues maternelles"). D’autre part, la scolarisation au lycée franco-allemand amène l’apprenant à adopter une stratégie plurilingue d’apprentissage en faisant des liens entre les unités plus ou moins équivalentes dans les différentes langues ("les deux langues sont différentes mais le vocabulaire est pareil"). Ainsi, locuteur très compétent en deux langues, il alterne les langues de communication de façon flexible et ajustée dans la spécificité de ces contextes, qu’ils relèvent de l’école, de la vie familiale, ou des jeux entre pairs. Cette multiplicité des réseaux sociaux renvoie à une hétérogénéité des expériences et des activités langagières de notre locuteur, où il n’est pas catégorisé seulement comme élève mais aussi comme acteur social et où il déploie, développe et met en œuvre de façon contextuellement spécifique des compétences d’apprentissage plurilingues et des identités linguistiques diverses. II apparaît donc que l’exploitation des marques transcodiques (2) par notre locuteur, à des fins discursives, ainsi que ses modes d’articulation entre systèmes, présentent un intérêt à la fois discursif, comme elles contribuent à la structuration de son discours, et pragmatique, car elles manifestent ses préférences de langue. Pour notre témoin, disposer des compétences dans plus d’un code linguistique, c’est pouvoir passer d’une langue à l’autre. Dans cette optique, le passage de l’allemand au français ou du français à l’allemand est conditionné par la représentation qu’il s’en fait des ressources de son interlocuteur, du changement même d’interlocuteur ou lorsqu’il évalue que la situation autorise ou requiert l’utilisation plurielle des langues ("avec les personnes qui parlent plutôt l’allemand, je parle en allemand. Avec les personnes qui parlent plutôt le français, je parle en français. Avec ma sœur, je préfère parler en français la plupart du temps, mais quand nous sommes avec des germanophones, comme par exemple dans l’équipe de sport, et qu’on ne cherche pas à cacher ce qu’on dit, on parle en allemand pour se faire comprendre de tous"). Nous constatons ainsi que le sentiment d’une sécurité linguistique – et donc de sa 73 S. Stratilaki, Répertoires plurilingues et apprentissages des langues compétence communicative – est exprimé dans ses pratiques langagières et confirmé par sa propre représentation du bi-/plurilinguisme. Dans cette perspective, dans sa définition de son propre bilinguisme, nous trouvons une auto-catégorisation positive: il se désigne comme «presque bilingue». Notons qu’il amorce son discours avec une accentuation sur le mot bilingue, ce que nous interprétons comme une distanciation avec l’adjectif du «parfait bilingue». Ensuite, il souligne qu’il maîtrise les deux langues et qu’il est à l’aise autant avec les francophones qu’avec les germanophones ("bilingue? oui, je me considère comme presque bilingue, mais pas vraiment. Peut-être ne suis-je un parfait bilingue, mais je maîtrise les deux langues et je communique très bien avec les allemands ainsi qu’avec les français. Un déménagement dans l’autre pays serait aucun problème. Je me demande en effet dans quel pays je pourrais poursuivre mes études"). En effet, l’exemple nous montre que l’élève se réfère à ses études, autrement dit à une expérience personnelle, pour argumenter le fait qu’un déplacement dans l’autre pays ne lui poserait aucun problème grâce à sa familiarité avec lui (côté affectif et socioculturel) et surtout à une volonté d’ajustement, malgré le fait qu’il n’est pas un «parfait» bilingue. Ceci permet de penser que les motivations et les représentations affectives et subjectives qu’ont les apprenants sur les langues et leur apprentissage contribuent à la construction progressive d’une compétence plurilingue et induisent la gestion des pratiques langagières. 3. FR-L. Da ich seit meiner Geburt Deutsch und Französisch spreche und auch kann, dass ich beides gleich gut beherrsche, sind beide Sprachen meine Muttersprache [...].ich denke aber, es gehört noch mehr dazu, nämlich, dass man sich für die Kultur beider Länder auch wirklich interessiert; aber wenn man die Sprachen mit der Muttermilch gelernt hat, ist das glaube ich, sowieso dabei. Die beide Sprache sind verschiede, aber den Vokabel ist ähnlich. Für mich ist es so wie so eine andere Sprache [...].Ich weiß nicht ! Manchmal schreibe in Deutsch, manchmal in Französisch, und das Gleiche gilt fürs Sprechen. Beim Sprechen ist es oft der Fall, dass ich die Sprachen mische, wenn mir das eine Wort, oder mehrere Wörter, nicht einfällt/-fallen. Mit denen die lieber Deutsch sprechen , spreche ich Deutsch, mit denen die lieber Französisch sprechen, Französisch. Mit meiner Schwester spreche ich meistens Französisch aber wenn wir in einer deutschsprachigen Umgebung sind, zum Beispiel Turnverein, und das, was wir uns sagen nicht unbedingt verheimlich werden muß, sprechen wir dann manchmal auch Deutsch, damit auch die anderen etwas verstehen. Zweisprachig? Ja, ich fühle mich fast zweisprachig, aber nicht richtig. Vielleicht nicht perfekt, aber ich kann beide Sprachen sehr gut beherrschen, und ich komme mit den Umgang mit Deutschen und Franzosen sehr gut klar. Einen Umzug in das andere Land wäre für mich kein schwieriger Schritt. Von daher stellt sich die Frage, wo ich später studieren möchte. FR-trans/Doctorat/oct. 2003. 74 S. Stratilaki, Répertoires plurilingues et apprentissages des langues Quelques remarques de conclusion Les ressources biographiques constituant notre corpus de référence montrent que certaines représentations des langues et de leur apprentissage s’insèrent dans des parcours de vie différents et peuvent être décisives dans la construction du répertoire plurilingue et la gestion des pratiques langagières chez les apprenants franco-allemands. Nous proposons de représenter notre réflexion sur la construction de répertoires plurilingues chez les apprenants franco-allemands dans la schématisation suivante: Contacts de langues représentations sociales pratiques de langues Répertoires plurilingues compétence plurilingue apprentissage des langues Biographies langagières Dans ce cadre d’analyse, il nous semble qu’une prise en compte de la nature pluridimensionnelle des compétences et des pratiques langagières permettra d’examiner de façon plus systématique les images que les apprenants se font de leurs besoins langagiers, de leurs connaissances et de leurs difficultés d’apprentissage des langues. De telles observations donnent à penser également que l’adéquation entre ces besoins et les images que les apprenants se font de leurs ressources plurilinguistiques constitue un enjeu central pour l’enseignement bi-/plurilingue. En conclusion, on se contentera d’évoquer une réflexion de Daniel Coste: «les langues et variétés qui constituent le répertoire plurilingue entretiennent entre elles un jeu de relations extrêmement complexes. Dans la mise en œuvre de la compétence plurilingue, comme dans les changements qu’elle connaît, il y a des contacts et des circulations entre ces langues et variétés; et les échanges ni ne s’opèrent à sens unique, ni ne passent toujours par la langue première, ni ne se ramènent aux seuls phénomènes d’interférence ou d’emprunt»; une réflexion qui reconnaît que l’apprentissage des langues et la construction d’un répertoire plurilingue s’enchevêtrent de façon extrêmement complexe tout au long de la vie…comme une belle aventure ! Notes (1) Ces données ont été recueillies dans le cadre de la préparation de mon DEA et ma thèse de doctorat. Je tiens à remercier le comité de la revue dont les remarques critiques 75 S. Stratilaki, Répertoires plurilingues et apprentissages des langues m’étaient précieuses et Marisa Cavalli pour ses points de vue et ses conseils éclairés et éclairants qui ont permis de donner une autre dimension à mes réflexions. Merci à Daniel Coste, mon directeur de recherches, pour tout ce qu’il m’a appris et pour son soutien indéfectible, sans lequel cette étude n’aurait pas pu être réalisée. (2) Par marque transcodique on entend «tout observable, à la surface d’un discours en une langue ou une variété donnée, qui représente pour les interlocuteurs et/ou le linguiste, la trace de l’influence d’une autre langue ou variété» (Lüdi & Py, 2002: 142). (3) II s’agit de prénoms inventés afin de respecter l’anonymat des élèves. Références bibliographiques BEACCO, J.-C., BYRAM, M. 2003. Guide pour l’élaboration des politiques linguistiques éducatives en Europe. De la diversité linguistique à l’éducation plurilingue. Version intégrale. Division des politiques linguistiques, Conseil de l’Europe. CASTELLOTTI, V., COSTE, D., MOORE, D. 2001. Le proche et le lointain dans les représentations des langues et de leur apprentissage, Les représentations des langues et de leur apprentissage, Collection Essais/Crédif/Didier, Paris, pp. 101-131. CAVALLI, M., COLETTA, D., GAJO, L., MATTHEY, M., SERRA, C2003. Langues, bilinguisme et représentations sociales au Val d’Aoste - Rapport final, Collection Documents, Aoste, IRRE-VDA. CONSEIL DE L’EUROPE. 2001. Cadre européen commun de référence pour les langues. Apprendre, enseigner, évaluer, Strasbourg, Conseil de l’Europe. COSTE, Daniel. 2001. Compétence bi/plurilingue et (in)sécurité linguistique, dans L’École Valdôtaine. Valle d’Aoste regione d’Europa: l’educazione bi/plurilingue, ponte verso la cittadinanza europea, no 54: 10-18. COSTE, D., MOORE, D., ZARATE, G. 1997. 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Une enquête auprès d’élèves des lycées franco-allemands de Buc et de Sarrebruck, Revue en ligne Marges Linguistiques (http://www.marges-linguistiques.com). 76