sevrage tabagique : un marché prometteur
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sevrage tabagique : un marché prometteur
40 a c t u a l i t é s SEVRAGE TABAGIQUE Marc Cluzel, Senior vice-président des opérations scientifiques et médicales chez Sanofi-Aventis. UN MARCHÉ PROMETTEUR A l’entrée en vigueur de l’interdiction de fumer dans les lieux publics, le marché du sevrage tabagique a bondi ; un envol qui a profité à tous les produits, du patch au Zyban®, tandis que Champix® décolle dès sa mise sur le marché. Quelques mois sont nécessaires pour confirmer ces premières tendances. Face à un marché d’avenir, 1,3 milliard de fumeurs dans le monde, les laboratoires fourbissent leurs armes, avec dans leurs portefeuilles un certain nombre de médicaments et de vaccins, déjà en phase II ou III. —————— DOMINIQUE MONNIER près l’annonce faite par pond environ au premier mois de Dominique de Villepin le traitement. Remboursement condi8 octobre 2006 de la décitionné à une prescription médicale sion gouvernementale « sur une ordonnance consacrée exd’interdire de fumer dans les lieux à clusivement aux substituts nicotiusage collectif, le décret d’applicaniques ». La liste des substituts remtion, publié au Journal Officiel le 16 boursables dans le cadre de ce forfait, arrêtée au 19 mars 2007, inclut les novembre, est entré en vigueur le 1er produits Niquitin® et Niquitinclear® février 2007. Interdisant notamment de GSK Santé grand pude fumer dans les « blic, Nicotinell® de Nolieux fermés et couUn dépendance vartis Santé Familiale, verts qui accueillent physique, Nicorette® de McNeil du public ou qui Consumer Healthcare, constituent des lieux gestuelle et filiale du groupe Johnde travail » ainsi que psychologique son & Johnson qui a ra« dans les moyens de cheté la filière OTC de transport collectif » ; avec un report de son application Pfizer, ainsi que Nicogum®, Nicojusqu'au 1er janvier 2008 pour les « pass® et Nicopatch®, de Pierre Fabre débits permanents de boissons à Santé. consommer sur place, casinos, cercles de jeu, débits de tabac, disLes produits de substitution ont cothèques, hôtels et restaurants ». fait leurs preuves. L’objectif du traiL’assurance-maladie a annoncé le tement de substitution nicotinique 16 janvier dernier qu’elle accompa(TSN) est de remplacer la nicotine des gnerait l’arrêt du tabac avec un cigarettes. « Il réduit les symptômes remboursement des substituts nicode sevrage et peut ainsi augmenter la tiniques de 50€ par an maximum par probabilité d’abstinence durable », bénéficiaire, un montant qui corresexplique la Haute autorité de santé A PHARMACEUTIQUES _ MAI 2007 (HAS). Quatre formes sont disponibles en France. Les gommes à mâcher existent depuis 1986. « Leur principe est aussi de diminuer la dépendance comportementale en remplaçant le geste de la cigarette par celui de prendre la gomme », indique-t-on chez Pierre Fabre. Avec les comprimés sublinguaux et les pastilles à sucer, la nicotine est libérée avec une pharmacocinétique proche de celle des gommes. Nicopass® a été la première pastille à sucer du marché. Ces pastilles peuvent aussi être utilisées dans une stratégie de réduction du tabagisme comme une étape vers l'arrêt définitif. L’inhalateur, qui reste le domaine réservé de McNeil Consumer Healthcare, apporte une aide comportementale pour les fu- DR 41 meurs chez lesquels la gestuelle est une composante importante. Le patch est un traitement continu, pouvant être porté pendant 16 ou 24 heures, et permet une meilleure observance que les gommes. Il existe en trois dosages, conçus pour un sevrage en trois mois à doses progressivement réduites. Dans son rapport d’octobre 2006, la HAS établit que les TSN ont prouvé leur efficacité dans le sevrage tabagique, comparés à des traitements placebo. Efficacité que l’Afssaps évalue à 18 % à un an, contre 10 % pour les placebo. Au total pour l’Afssaps, « toutes les formes galéniques de substituts nicotiniques ont une efficacité similaire à posologie égales » et le rapport bénéfice-risque du TSN est très favorable. Deux produits de prescription. Le bupropion (Zyban®, GSK) est un antidépresseur inhibiteur de la recapture de la dopamine et de la noradrénaline au niveau du système nerveux central. Il a obtenu une autorisation de mise sur le marché en France en août 2001 dans l'indication du sevrage tabagique accompagné d'un soutien de la motivation à l'arrêt du tabac. De nombreux effets indésirables ont été décrits, de fréquence variable. Le risque de convulsion a été estimé à un an à 0,1 %. Moyennant une bonne connaissance des effets indésirables possibles, des contre-indications qui en découlent et des interactions médicamenteuses à éviter, « le bupropion apporte certainement une contribution majeure à l’arsenal des médicaments utilisables pour aider les fumeurs », indique le Pr P. Bartsch, pneumologue au CHU Sart Tilman (Liège). L’Afssaps reconnaît au bupropion « une supériorité légère mais régulière » par rapport au TSN. Champix® (varénicline, Pfizer) est disponible en pharmacie en France depuis le 12 février 2007. La varénicline est un agoniste partiel sélectif des récepteurs nicotiniques à l’acétylcholine 4ß2. Lors de sa liaison à ces récepteurs, la varénicline agit de deux façons : elle agit comme la nicotine (effet agoniste partiel), ce qui aide à soulager les symptômes de besoin impérieux de fumer et de manque, mais elle agit également comme antagoniste de la nicotine en empêchant sa liaison aux récepteurs, ce qui permet de réduire les effets de récompense liés au tabagisme. En clair, « si on craque, on ne ressent pas de plaisir », explique Jean-Baptiste Gras, chef de produit de Champix®, « ce qui limite le risque de rechute ». Selon les deux études les plus importantes sur l’efficacité de Champix® impliquant des fumeurs chroniques, à la fin des douze semaines de traitement, 44 % des sujets étaient abstinents sous varénicline contre 30 % pour le bupropion (Zyban®) et 17 à 18 % pour le placebo. Champix® devrait être ajouté « dans les prochains jours voire les prochaines heures » à la liste des produits de sevrage tabagique remboursables dans le cadre du forfait de 50 euros, nous confie Jean-Baptiste Gras. Selon les révélations du Parisien du 23 mars, les experts de la commission de transparence lui ont en effet reconnu le 14 mars « un service médical rendu important ». Jean-Baptiste Gras ajoute qu’ « un dossier de demande de remboursement classique va également être déposé », après la publication des résultats d’une étude comparant l’efficacité de Champix® à celle des substituts nicotiniques. Une explosion des ventes en février. Le tableau de bord mensuel des indicateurs relatifs au tabac et au tabagisme en France, réalisé par l’OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies) à la demande de la MILDT (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) montre que les mesures gouvernementales ont donné un véritable coup de fouet au MAI 2007 _ PHARMACEUTIQUES 42 a c t u a l i t é s SEVRAGE TABAGIQUE Ventes totales de produits anti-tabac nécessité d’efforts continus, par plusieurs « petites mesures successives » comme éléments déclencheurs d’une volonté de sevrage, plus que l’intérêt de « grandes mesures ». (exprimées en mois de traitement) 350000 300000 250000 200000 150000 100000 50000 0 SOURCE : OFDT Champix Zyban Oraux Patchs De nouveaux produits de prescription à l’essai. Plusieurs nouveaux médicaments pour arrêter de fumer sont en essai clinique. Si le rimonabant (Acomplia®, Sanofi-Aventis) s’est vu refuser une autorisation de mise sur le marché dans l’indication de sevrage tabagique, du fait d’une activité insuffisante et de résultats non reproductibles, le laboratoire continue de développer dans cette inJanvier Février Mars Janvier Février Mars dication son « petit frère », le surinabant, un autre antagoniste des récep2006 2007 teurs cannabinoides CB1 dont l’activité est plus centrale. Le docteur Marc Cluzel, Senior vice-président, marché du sevrage tabagique. Il permédicaments d’aide à l’arrêt ont été opérations scientifiques et médicales, met d’observer, dès le mois de février, réalisées en mars, selon l’OFDT (exexplique en effet que le rimonabant une forte hausse des ventes totales primées en mois de traitement) cible surtout les récepteurs endocande traitements de sevrage exprimées contre 298 977 en février, soit une nabinoïdes périphériques et le en mois de traitement : + 41 % par rapchute de 33,4 %. Une diminution qui surinabant ceux du système nerveux port à janvier de cette année, + 127 % concerne d’une part les substituts nicentral. « On en espère donc une actipar rapport à février 2006. Un résultat cotiniques (- 47,3 % pour les timbres vité plus importante sur le sevrage taobtenu en un seul mois d’application transdermiques, - 28,9 % pour les bagique », plus précisément « une du nouveau décret. Les ventes formes orales), et d’autre part le Zyabstinence multipliée par deux par s’étaient déjà légèrement accrues en ban® (- 44,0 %). Alors que dans le rapport au placebo et une absence de janvier (+ 9,4 % par rapport à janvier même temps les ventes de Champrise de poids, premier argument des 2006), à l’approche de l’entrée en pix® continuent à augmenter femmes européennes pour continuer vigueur de l’interdiction, et leur aug(+ 45,2 % par rapport au demi-mois à fumer ». Le surinabant a maintementation globale pour le cumul janprécédent). Les ventes de Champix® nant atteint la phaseIIb. Le laboravier plus février par rapport à la même atteignent ainsi 19 % du marché de toire mise aussi sur la dianicline, qui période de 2006 atteint ainsi + 70 %. mars 2007. Champix® étant présenté est comme la varénicline (ChamCette embellie du marché profite à en packs de diffépix®) un agoniste partous les produits, Zyban® inclus, rents dosages, le tiel sélectif des récepmême si l’essor des ventes concerne nombre de « starter teurs nicotiniques à De nouveaux en premier lieu les patchs (+ 140,7 % packs » ou traitements l’acétylcholine 4ß2. Le composés en par rapport à février 2006), avant de d’initiation vendus a composé est actuelleconcerner les formes orales (+ 76 %) et permis à Pfizer de ment en phaseIII. Les développement le Zyban® (+ 19,3 %). Champix® est comptabiliser (mirésultats de ces essais arrivé en France au moment propice. avril) que « 67 000 pasur le surinabant et sur Son entrée en lice 11 jours après l’entients ont débuté un la dianicline sont attentrée en vigueur du décret interdisant traitement par Champix® en 2 mois dus « pour la fin de l’année ou le déla cigarette dans les lieux publics lui a », ajoute Jean-Baptiste Gras. Quant à but de l’année prochaine », précise déjà permis pour le seul mois de fél’avenir, « on est très positif chez PfiMarc Cluzel. Les prévisions incluent vrier de conquérir pas loin de 10 % zer », souligne-t-il, s’en référant au le dépôt des dossiers de demande du marché (exprimé en nombre de « très bon retour des patients » quant d’AMM en 2010 et les mises sur le mois de traitement), exactement à l’efficacité et à la tolérance du promarché en 2011. « Un autre espoir 8,7 % en 16 jours. duit. Par rapport à 2006, la hausse des chez Sanofi-Aventis réside en l’assoventes des traitements anti-tabac se ciation surinabant et dianicline », Mars en demi-teinte, sauf pour poursuit cependant. Le cumul du nous confie encore ce dernier. « Pour Champix®. Cette expansion du marpremier trimestre 2007 reste supétester ce concept, le laboratoire a déjà ché des produits de sevrage tabarieur de 60,5 % par rapport à la même débuté un programme évaluant l’asgique se maintiendra-t-elle à ce période de 2006. Et en comparaison sociation rimonabant + dianicline ». rythme ? 4 ou 5 mois sont nécessaires à mars 2006 les ventes totales de proParmi les autres composés en dévepour le savoir, mais les chiffres du duits d’aide au sevrage tabagique de loppement, GSK a dans son pipe-line mois de mars peuvent en faire doumars 2007 sont en augmentation de le GW 468816, un antagoniste de la ter. Globalement 198 998 ventes de 38,3%. Jean-Baptiste Gras souligne la glycine, qui est en phase II. Il est PHARMACEUTIQUES _ MAI 2007 43 conçu pour contribuer à l’abstinence chez les personnes venant d’arrêter de fumer, retardant le risque de rechute. De son côté la société de biotechnologie genevoise Addex Pharmaceuticals vient de démarrer la phaseIIa du développement d’un antagoniste sélectif du récepteur D1 de la dopamine l’ADX 10061, dont les résultats sont attendus pour le deuxième semestre 2007. Par ailleurs, Somaxon Pharmaceuticals, compagnie américaine spécialisée dans les domaines de la psychiatrie et de la neurologie, a annoncé en juillet 2006 les résultats positifs d’un essai pilote de phaseII sur le nalmefene, un antagoniste des opioïdes, qui a entraîné des taux d’abstinence de la cigarette supérieurs au placebo. Le nalmefene est déjà utilisé depuis plus de 10 ans aux USA comme antagoniste morphinique. Demain un vaccin contre la dépendance à la nicotine ? Les vaccins contre la dépendance à la nicotine suscitent un grand espoir. Ils sont tous basés sur le même principe de piéger la nicotine dans la circulation sanguine pour l’empêcher d’atteindre les récepteurs cérébraux, en induisant des anticorps spécifiques ajoute encore Cytos Biotechnology. liant la nicotine circulante. On attend La suite du développement sera efde ces vaccins d’une part d’empêcher fectuée par Novartis avec qui un acle processus d’addiction, en minicord de licence exclusif et mondial misant la dépendance et le sentiment vient tout juste d’être conclu ; accord de satisfaction déclenché par le stiqui inclut aussi la production et la mulus de la nicotine, d’autre part commercialisation. Novartis est ainsi d’éviter les rechutes, si fréquentes devenu le 25 avril le premier « grand » dans le sevrage tabagique. Un essai à s’engager sur ce marché des vacde phase II a montré que le vaccin cins. Qui sera le second ? TA-NIC®, thérapeutique CYT002-NicQb® de devenu le candidat-vaccin de Celtic Cytos Biotechnology permettait Pharma acquéreur de Xenova en d’entraîner une abstinence à long 2005, est en phase II. La holding terme lorsque le patient atteignait pharmaceutique, intermédiaire entre une concentration les biotechs et les laboélevée en anticorps. ratoires pharmaceu« D’autres essais d’optiques établis, va en anDes essais timisation ont établi noncer les résultats en avec succès une noudans les semaines qui cours velle formulation du viennent. Les résultats vaccin, et défini un d’un essai de phase IIB protocole thérapeudu candidat-vaccin tique amélioré », explique la biotech NicVAX® de Nabi Biopharmaceutisuisse. « Dans ces conditions, les cals, prévus pour le deuxième trititres en anticorps obtenus sont mestre 2007, devraient établir la forbeaucoup plus élevés que lors de l’esmulation optimale du vaccin pour la sai de phase II. Leur moyenne géomise en œuvre d’essais pivots de métrique est multipliée par 10 ». « Ce phase III. Essais que la compagnie qui laisse espérer un effet bénéfique espère initier avec un partenaire de sur la demi-vie des anticorps et la dudéveloppement dans la deuxième rée de l’effet vaccinal et un intérêt moitié de l’année. I dans la prévention des rechutes », DR Le point de vue des pharmaciens Pour Gilles Bonnefond, secrétaire général de l’USPO (Union des syndicats de pharmaciens d’officine), on assiste en effet en ce moment à un « petit rebond » du marché des substituts nicotiniques, mais « pas au-delà de ce qui pouvait être prévu », ainsi qu’à un « petit engouement » pour Champix®, et il faudra attendre quelques mois pour voir si cette tendance se confirme au-delà de la période de communication gouvernementale. De son côté, Danièle Paoli, responsable de la Commission exercice professionnel à la FSPF (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France), note une « perte de vitesse » après « une poussée importante » des demandes de produits de sevrage tabagique en février concernant surtout les patchs, puis les gommes, et une « petite demande » pour Champix®. Tous deux regrettent le circuit de prescription compliqué mis en place par l’assurance-maladie qu’ils considèrent comme préjudiciable. « Une très mauvaise approche » pour Danièle Paoli. Un message « un peu embrouillé pour le public », remarque Gilles Bonnefond ; qui a conduit les candidats au sevrage « à demander plus de renseignements sur les possibilités de se faire rembourser que d’informations sur les traitements eux-mêmes ». Le conditionnement du remboursement à une prescription médicale, exprime Gilles Bonnefond, « ne s’inscrit pas dans une logique de soins cohérente ». Ainsi que Danièle Paoli, il montre cependant une certaine confiance dans l’évolution vers une logique où le patient pourrait s’adresser directement au pharmacien et être remboursé de la même façon. Tous les deux expliquent que la prescription obligatoire complique la démarche, alourdit son prix de celui d’une consultation médicale qui n’est pas indispensable dans tous les cas, et la retarde. L’élan impulsif des volontaires au sevrage, un instant court qu’il ne faut pas rater, se trouve cassé par l’obligation de consultation médicale. L’assurancemaladie s’interroge d’ailleurs elle-même sur le succès de cette procédure, n’ayant que très peu de demandes de remboursement. Danièle Paoli insiste par ailleurs sur la nécessité de campagnes de communication soutenues de la part des pouvoirs publics, sans oublier, ajoute Gilles Bonnefond, un élément de motivation à ne pas négliger, facteur déclenchant de l’envie d’arrêter de fumer, l’augmentation du prix du tabac, « mise en berne », et qui serait « à réactiver ». MAI 2007 _ PHARMACEUTIQUES 40 a c t u a l i t é s SEVRAGE TABAGIQUE Marc Cluzel, Senior vice-président des opérations scientifiques et médicales chez Sanofi-Aventis. UN MARCHÉ PROMETTEUR A l’entrée en vigueur de l’interdiction de fumer dans les lieux publics, le marché du sevrage tabagique a bondi ; un envol qui a profité à tous les produits, du patch au Zyban®, tandis que Champix® décolle dès sa mise sur le marché. Quelques mois sont nécessaires pour confirmer ces premières tendances. Face à un marché d’avenir, 1,3 milliard de fumeurs dans le monde, les laboratoires fourbissent leurs armes, avec dans leurs portefeuilles un certain nombre de médicaments et de vaccins, déjà en phase II ou III. —————— DOMINIQUE MONNIER près l’annonce faite par pond environ au premier mois de Dominique de Villepin le traitement. Remboursement condi8 octobre 2006 de la décitionné à une prescription médicale sion gouvernementale « sur une ordonnance consacrée exd’interdire de fumer dans les lieux à clusivement aux substituts nicotiusage collectif, le décret d’applicaniques ». La liste des substituts remtion, publié au Journal Officiel le 16 boursables dans le cadre de ce forfait, arrêtée au 19 mars 2007, inclut les novembre, est entré en vigueur le 1er produits Niquitin® et Niquitinclear® février 2007. Interdisant notamment de GSK Santé grand pude fumer dans les « blic, Nicotinell® de Nolieux fermés et couUn dépendance vartis Santé Familiale, verts qui accueillent physique, Nicorette® de McNeil du public ou qui Consumer Healthcare, constituent des lieux gestuelle et filiale du groupe Johnde travail » ainsi que psychologique son & Johnson qui a ra« dans les moyens de cheté la filière OTC de transport collectif » ; avec un report de son application Pfizer, ainsi que Nicogum®, Nicojusqu'au 1er janvier 2008 pour les « pass® et Nicopatch®, de Pierre Fabre débits permanents de boissons à Santé. consommer sur place, casinos, cercles de jeu, débits de tabac, disLes produits de substitution ont cothèques, hôtels et restaurants ». fait leurs preuves. L’objectif du traiL’assurance-maladie a annoncé le tement de substitution nicotinique 16 janvier dernier qu’elle accompa(TSN) est de remplacer la nicotine des gnerait l’arrêt du tabac avec un cigarettes. « Il réduit les symptômes remboursement des substituts nicode sevrage et peut ainsi augmenter la tiniques de 50€ par an maximum par probabilité d’abstinence durable », bénéficiaire, un montant qui corresexplique la Haute autorité de santé A PHARMACEUTIQUES _ MAI 2007 (HAS). Quatre formes sont disponibles en France. Les gommes à mâcher existent depuis 1986. « Leur principe est aussi de diminuer la dépendance comportementale en remplaçant le geste de la cigarette par celui de prendre la gomme », indique-t-on chez Pierre Fabre. Avec les comprimés sublinguaux et les pastilles à sucer, la nicotine est libérée avec une pharmacocinétique proche de celle des gommes. Nicopass® a été la première pastille à sucer du marché. Ces pastilles peuvent aussi être utilisées dans une stratégie de réduction du tabagisme comme une étape vers l'arrêt définitif. L’inhalateur, qui reste le domaine réservé de McNeil Consumer Healthcare, apporte une aide comportementale pour les fu- DR 41 meurs chez lesquels la gestuelle est une composante importante. Le patch est un traitement continu, pouvant être porté pendant 16 ou 24 heures, et permet une meilleure observance que les gommes. Il existe en trois dosages, conçus pour un sevrage en trois mois à doses progressivement réduites. Dans son rapport d’octobre 2006, la HAS établit que les TSN ont prouvé leur efficacité dans le sevrage tabagique, comparés à des traitements placebo. Efficacité que l’Afssaps évalue à 18 % à un an, contre 10 % pour les placebo. Au total pour l’Afssaps, « toutes les formes galéniques de substituts nicotiniques ont une efficacité similaire à posologie égales » et le rapport bénéfice-risque du TSN est très favorable. Deux produits de prescription. Le bupropion (Zyban®, GSK) est un antidépresseur inhibiteur de la recapture de la dopamine et de la noradrénaline au niveau du système nerveux central. Il a obtenu une autorisation de mise sur le marché en France en août 2001 dans l'indication du sevrage tabagique accompagné d'un soutien de la motivation à l'arrêt du tabac. De nombreux effets indésirables ont été décrits, de fréquence variable. Le risque de convulsion a été estimé à un an à 0,1 %. Moyennant une bonne connaissance des effets indésirables possibles, des contre-indications qui en découlent et des interactions médicamenteuses à éviter, « le bupropion apporte certainement une contribution majeure à l’arsenal des médicaments utilisables pour aider les fumeurs », indique le Pr P. Bartsch, pneumologue au CHU Sart Tilman (Liège). L’Afssaps reconnaît au bupropion « une supériorité légère mais régulière » par rapport au TSN. Champix® (varénicline, Pfizer) est disponible en pharmacie en France depuis le 12 février 2007. La varénicline est un agoniste partiel sélectif des récepteurs nicotiniques à l’acétylcholine 4ß2. Lors de sa liaison à ces récepteurs, la varénicline agit de deux façons : elle agit comme la nicotine (effet agoniste partiel), ce qui aide à soulager les symptômes de besoin impérieux de fumer et de manque, mais elle agit également comme antagoniste de la nicotine en empêchant sa liaison aux récepteurs, ce qui permet de réduire les effets de récompense liés au tabagisme. En clair, « si on craque, on ne ressent pas de plaisir », explique Jean-Baptiste Gras, chef de produit de Champix®, « ce qui limite le risque de rechute ». Selon les deux études les plus importantes sur l’efficacité de Champix® impliquant des fumeurs chroniques, à la fin des douze semaines de traitement, 44 % des sujets étaient abstinents sous varénicline contre 30 % pour le bupropion (Zyban®) et 17 à 18 % pour le placebo. Champix® devrait être ajouté « dans les prochains jours voire les prochaines heures » à la liste des produits de sevrage tabagique remboursables dans le cadre du forfait de 50 euros, nous confie Jean-Baptiste Gras. Selon les révélations du Parisien du 23 mars, les experts de la commission de transparence lui ont en effet reconnu le 14 mars « un service médical rendu important ». Jean-Baptiste Gras ajoute qu’ « un dossier de demande de remboursement classique va également être déposé », après la publication des résultats d’une étude comparant l’efficacité de Champix® à celle des substituts nicotiniques. Une explosion des ventes en février. Le tableau de bord mensuel des indicateurs relatifs au tabac et au tabagisme en France, réalisé par l’OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies) à la demande de la MILDT (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) montre que les mesures gouvernementales ont donné un véritable coup de fouet au MAI 2007 _ PHARMACEUTIQUES 42 a c t u a l i t é s SEVRAGE TABAGIQUE Ventes totales de produits anti-tabac nécessité d’efforts continus, par plusieurs « petites mesures successives » comme éléments déclencheurs d’une volonté de sevrage, plus que l’intérêt de « grandes mesures ». (exprimées en mois de traitement) 350000 300000 250000 200000 150000 100000 50000 0 SOURCE : OFDT Champix Zyban Oraux Patchs De nouveaux produits de prescription à l’essai. Plusieurs nouveaux médicaments pour arrêter de fumer sont en essai clinique. Si le rimonabant (Acomplia®, Sanofi-Aventis) s’est vu refuser une autorisation de mise sur le marché dans l’indication de sevrage tabagique, du fait d’une activité insuffisante et de résultats non reproductibles, le laboratoire continue de développer dans cette inJanvier Février Mars Janvier Février Mars dication son « petit frère », le surinabant, un autre antagoniste des récep2006 2007 teurs cannabinoides CB1 dont l’activité est plus centrale. Le docteur Marc Cluzel, Senior vice-président, marché du sevrage tabagique. Il permédicaments d’aide à l’arrêt ont été opérations scientifiques et médicales, met d’observer, dès le mois de février, réalisées en mars, selon l’OFDT (exexplique en effet que le rimonabant une forte hausse des ventes totales primées en mois de traitement) cible surtout les récepteurs endocande traitements de sevrage exprimées contre 298 977 en février, soit une nabinoïdes périphériques et le en mois de traitement : + 41 % par rapchute de 33,4 %. Une diminution qui surinabant ceux du système nerveux port à janvier de cette année, + 127 % concerne d’une part les substituts nicentral. « On en espère donc une actipar rapport à février 2006. Un résultat cotiniques (- 47,3 % pour les timbres vité plus importante sur le sevrage taobtenu en un seul mois d’application transdermiques, - 28,9 % pour les bagique », plus précisément « une du nouveau décret. Les ventes formes orales), et d’autre part le Zyabstinence multipliée par deux par s’étaient déjà légèrement accrues en ban® (- 44,0 %). Alors que dans le rapport au placebo et une absence de janvier (+ 9,4 % par rapport à janvier même temps les ventes de Champrise de poids, premier argument des 2006), à l’approche de l’entrée en pix® continuent à augmenter femmes européennes pour continuer vigueur de l’interdiction, et leur aug(+ 45,2 % par rapport au demi-mois à fumer ». Le surinabant a maintementation globale pour le cumul janprécédent). Les ventes de Champix® nant atteint la phaseIIb. Le laboravier plus février par rapport à la même atteignent ainsi 19 % du marché de toire mise aussi sur la dianicline, qui période de 2006 atteint ainsi + 70 %. mars 2007. Champix® étant présenté est comme la varénicline (ChamCette embellie du marché profite à en packs de diffépix®) un agoniste partous les produits, Zyban® inclus, rents dosages, le tiel sélectif des récepmême si l’essor des ventes concerne nombre de « starter teurs nicotiniques à De nouveaux en premier lieu les patchs (+ 140,7 % packs » ou traitements l’acétylcholine 4ß2. Le composés en par rapport à février 2006), avant de d’initiation vendus a composé est actuelleconcerner les formes orales (+ 76 %) et permis à Pfizer de ment en phaseIII. Les développement le Zyban® (+ 19,3 %). Champix® est comptabiliser (mirésultats de ces essais arrivé en France au moment propice. avril) que « 67 000 pasur le surinabant et sur Son entrée en lice 11 jours après l’entients ont débuté un la dianicline sont attentrée en vigueur du décret interdisant traitement par Champix® en 2 mois dus « pour la fin de l’année ou le déla cigarette dans les lieux publics lui a », ajoute Jean-Baptiste Gras. Quant à but de l’année prochaine », précise déjà permis pour le seul mois de fél’avenir, « on est très positif chez PfiMarc Cluzel. Les prévisions incluent vrier de conquérir pas loin de 10 % zer », souligne-t-il, s’en référant au le dépôt des dossiers de demande du marché (exprimé en nombre de « très bon retour des patients » quant d’AMM en 2010 et les mises sur le mois de traitement), exactement à l’efficacité et à la tolérance du promarché en 2011. « Un autre espoir 8,7 % en 16 jours. duit. Par rapport à 2006, la hausse des chez Sanofi-Aventis réside en l’assoventes des traitements anti-tabac se ciation surinabant et dianicline », Mars en demi-teinte, sauf pour poursuit cependant. Le cumul du nous confie encore ce dernier. « Pour Champix®. Cette expansion du marpremier trimestre 2007 reste supétester ce concept, le laboratoire a déjà ché des produits de sevrage tabarieur de 60,5 % par rapport à la même débuté un programme évaluant l’asgique se maintiendra-t-elle à ce période de 2006. Et en comparaison sociation rimonabant + dianicline ». rythme ? 4 ou 5 mois sont nécessaires à mars 2006 les ventes totales de proParmi les autres composés en dévepour le savoir, mais les chiffres du duits d’aide au sevrage tabagique de loppement, GSK a dans son pipe-line mois de mars peuvent en faire doumars 2007 sont en augmentation de le GW 468816, un antagoniste de la ter. Globalement 198 998 ventes de 38,3%. Jean-Baptiste Gras souligne la glycine, qui est en phase II. Il est PHARMACEUTIQUES _ MAI 2007 43 conçu pour contribuer à l’abstinence chez les personnes venant d’arrêter de fumer, retardant le risque de rechute. De son côté la société de biotechnologie genevoise Addex Pharmaceuticals vient de démarrer la phaseIIa du développement d’un antagoniste sélectif du récepteur D1 de la dopamine l’ADX 10061, dont les résultats sont attendus pour le deuxième semestre 2007. Par ailleurs, Somaxon Pharmaceuticals, compagnie américaine spécialisée dans les domaines de la psychiatrie et de la neurologie, a annoncé en juillet 2006 les résultats positifs d’un essai pilote de phaseII sur le nalmefene, un antagoniste des opioïdes, qui a entraîné des taux d’abstinence de la cigarette supérieurs au placebo. Le nalmefene est déjà utilisé depuis plus de 10 ans aux USA comme antagoniste morphinique. Demain un vaccin contre la dépendance à la nicotine ? Les vaccins contre la dépendance à la nicotine suscitent un grand espoir. Ils sont tous basés sur le même principe de piéger la nicotine dans la circulation sanguine pour l’empêcher d’atteindre les récepteurs cérébraux, en induisant des anticorps spécifiques ajoute encore Cytos Biotechnology. liant la nicotine circulante. On attend La suite du développement sera efde ces vaccins d’une part d’empêcher fectuée par Novartis avec qui un acle processus d’addiction, en minicord de licence exclusif et mondial misant la dépendance et le sentiment vient tout juste d’être conclu ; accord de satisfaction déclenché par le stiqui inclut aussi la production et la mulus de la nicotine, d’autre part commercialisation. Novartis est ainsi d’éviter les rechutes, si fréquentes devenu le 25 avril le premier « grand » dans le sevrage tabagique. Un essai à s’engager sur ce marché des vacde phase II a montré que le vaccin cins. Qui sera le second ? TA-NIC®, thérapeutique CYT002-NicQb® de devenu le candidat-vaccin de Celtic Cytos Biotechnology permettait Pharma acquéreur de Xenova en d’entraîner une abstinence à long 2005, est en phase II. La holding terme lorsque le patient atteignait pharmaceutique, intermédiaire entre une concentration les biotechs et les laboélevée en anticorps. ratoires pharmaceu« D’autres essais d’optiques établis, va en anDes essais timisation ont établi noncer les résultats en avec succès une noudans les semaines qui cours velle formulation du viennent. Les résultats vaccin, et défini un d’un essai de phase IIB protocole thérapeudu candidat-vaccin tique amélioré », explique la biotech NicVAX® de Nabi Biopharmaceutisuisse. « Dans ces conditions, les cals, prévus pour le deuxième trititres en anticorps obtenus sont mestre 2007, devraient établir la forbeaucoup plus élevés que lors de l’esmulation optimale du vaccin pour la sai de phase II. Leur moyenne géomise en œuvre d’essais pivots de métrique est multipliée par 10 ». « Ce phase III. Essais que la compagnie qui laisse espérer un effet bénéfique espère initier avec un partenaire de sur la demi-vie des anticorps et la dudéveloppement dans la deuxième rée de l’effet vaccinal et un intérêt moitié de l’année. I dans la prévention des rechutes », DR Le point de vue des pharmaciens Pour Gilles Bonnefond, secrétaire général de l’USPO (Union des syndicats de pharmaciens d’officine), on assiste en effet en ce moment à un « petit rebond » du marché des substituts nicotiniques, mais « pas au-delà de ce qui pouvait être prévu », ainsi qu’à un « petit engouement » pour Champix®, et il faudra attendre quelques mois pour voir si cette tendance se confirme au-delà de la période de communication gouvernementale. De son côté, Danièle Paoli, responsable de la Commission exercice professionnel à la FSPF (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France), note une « perte de vitesse » après « une poussée importante » des demandes de produits de sevrage tabagique en février concernant surtout les patchs, puis les gommes, et une « petite demande » pour Champix®. Tous deux regrettent le circuit de prescription compliqué mis en place par l’assurance-maladie qu’ils considèrent comme préjudiciable. « Une très mauvaise approche » pour Danièle Paoli. Un message « un peu embrouillé pour le public », remarque Gilles Bonnefond ; qui a conduit les candidats au sevrage « à demander plus de renseignements sur les possibilités de se faire rembourser que d’informations sur les traitements eux-mêmes ». Le conditionnement du remboursement à une prescription médicale, exprime Gilles Bonnefond, « ne s’inscrit pas dans une logique de soins cohérente ». Ainsi que Danièle Paoli, il montre cependant une certaine confiance dans l’évolution vers une logique où le patient pourrait s’adresser directement au pharmacien et être remboursé de la même façon. Tous les deux expliquent que la prescription obligatoire complique la démarche, alourdit son prix de celui d’une consultation médicale qui n’est pas indispensable dans tous les cas, et la retarde. L’élan impulsif des volontaires au sevrage, un instant court qu’il ne faut pas rater, se trouve cassé par l’obligation de consultation médicale. L’assurancemaladie s’interroge d’ailleurs elle-même sur le succès de cette procédure, n’ayant que très peu de demandes de remboursement. Danièle Paoli insiste par ailleurs sur la nécessité de campagnes de communication soutenues de la part des pouvoirs publics, sans oublier, ajoute Gilles Bonnefond, un élément de motivation à ne pas négliger, facteur déclenchant de l’envie d’arrêter de fumer, l’augmentation du prix du tabac, « mise en berne », et qui serait « à réactiver ». MAI 2007 _ PHARMACEUTIQUES