fhe NÔrth Face Ultra-traïF du Mont-Blanc i Un outil de

Transcription

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Surface approx. (cm²) : 8023
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fhe NÔrth Face Ultra-traïF du Mont-Blanc
i
Un outil de développement territorial
=
v
pour l'Espace Mont-Blanc
OLIVIER BESSY
Grâce à The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc, Chamonix
Professeur en géographie
peut prétendre être la capitale mondiale du trail, tandis que
et aménagement à l'université
le territoire de l'Espace Mont-Blanc affirme sa position de
de Pau et des Pays de l'Adour
"sommet mondial" des courses de nature. Cette réussite
Chercheur à l'UMR 5603 Société,
exceptionnelle, qui rejaillit sur le développement local, est
Environnement, Territoire
le fruit d'une conjonction de facteurs, politiques, géogra-
[[email protected]]
phiques, d'organisation... qui sont analysés ici en détail*'.
E
n quelques années seulement, The North Face®
Ultra-trail du Mont-Blanc®
est devenu une épreuve mythique.
Rarement un événement sportif a
connu en un laps de temps aussi
court un tel engouement, auprès
tant des participants que du public,
et impulsé une dynamique aussi
forte sur un territoire. Créé en 2003
par la volonté d'une poignée de
personnes (Catherine et Michel
Poletti, René Bachelard et JeanClaude Marmier, entre autres), The
North Face Ultra-trail du MontBlanc a vite grandi. Il est aujourd'hui considéré par la grande majorite des traders comme "le" trail de
référence en France, voire dans le
(*) Cet article fait
suite a Parade de
l'auteur dans notre
dossier jogging,
marathon,»/
(2-pâme Un enjeu de
développement local)
oimer Bessy,
"Marathons,trais,
raids et
développement local",
Espaces tourisme &
monde.
loisirs, n° 287,
À sa création, l'Ultra-trail du dec 2010
NORTH2
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Mont-Blanc (l'UTMB®) choisit un tracé mythique, le
tour du Mont-Blanc, à cheval sur trois pays : la France,
l'Italie et la Suisse. L'épreuve affiche dès le début un
gabarit hors norme, puisqu'elle compte 150 kilomètres
et 7500 mètres de dénivelée à parcourir en moins de
38 heures, sans étape.
En huit éditions, de 2003 à 2010, cet événement
est passé de une à quatre épreuves, de 711 à 5 500
partants et de 67 à 3 210 arrivants. (Il s'agit du chiffre
2009 car l'édition 2010 présente un caractère très
particulier lié à l'annulation de la TDS, à l'arrêt de la
CGC à 3 heures du matin, et à la neutralisation de
PUTMB en raison de conditions météorologiques
désastreuses). Au cours des trois premières années,
l'Ultra-trail du Mont-Blanc s'articule autour d'une
seule épreuve, complétée, en 2006, par la CourmayeurChampex-Chamonix® (la CGC®), en 2008, par la
Petite Trotte à Léon89 (la PTL®) et, en 2009, par la
TDS® (Sur les Traces du Duc de Savoie) (cf. encadré I).
Dans le même temps, The North Face Ultra-trail du
Mont-Blanc devient un événement international, avec
Eléments de recherche : THE NORTH FACE ULTRA-TRAIL DU TOUR DU MONT-BLANC ou UTMB ou Ultra Trail du Mont-Blanc : course à pied du
25 au 30/08/09, passages significatifs
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57 nations représentées en 2010 (cf tableau I).
Cette montée en puissance rapide s'accompagne
d'une augmentation du budget et du nombre de partenaires, mais aussi du nombre de communes traversées (de huit a quinze) et de bénévoles impliques, sans
oublier la professionnahsation de la sécurité et de la
communication Comment un événement a-t-il pu
atteindre si rapidement de tels sommets et faire l'unammite auprès tant des acteurs, organisateurs ou partenaires, que des participants et des spectateurs ?
Comment peut il être aussi bien intègre dans Pinitiative de coopération transfrontalière Espace MontBlanc (EMB) et être un véritable vecteur de développement pour ce territoire ' À quoi est due la "magie"
relatée dans de nombreux articles de presse ? La situation géographique, associée a la forte attractivite de
Chamomx et au mythe du Mont-Blanc, sont ils la
seule explication ? Le professionnalisme des organisateurs suffit-il ?
Tableau I
The North Face
Ultra-trail du Mont-Blanc
I
LES PARTICIPANTS
3991
62,97 %
Italie
487
7,68 %
Espagne
421
6,64 %
Royaume-Uni
264
4,17%
Suisse
208
3,28 %
Belgique
173
2,73 %
Allemagne
172
2,71 %
Japon
102
1,61 %
Grèce
75
1,18%
Hongrie
SI
0,80%
Portugal
40
0,63 %
Autriche
22
0,35 %
Etats-Unis
46
0,73 %
Suéde
20
0,32 %
Encadre I
Irlande
19
0,30%
Les épreuves 2010 de The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc
Canada
19
0,30 %
Pays-Bas
18
0,28 %
Luxembourg
18
0,28 %
Chine
15
0,24 %
Brésil
0,24 %
Argentine
15
13
Australie
12
0, 1 9 %
positive, 114 heures maxi, 77 équipes de deux ou trois coureurs
Lettonie
II
0, 1 7 %
(165 coureurs au départ), course en autonomie complète ,
Pologne
10
0, 1 6 %
Danemark
10
0,16%
• UTMB (Chamonix-Chamomx) 8" édition 166 km, 9 500 mètres de dénivelée positive, 46 heures maxi, 2 300 coureurs au départ,
• CGC (Courmayeur-Champex-Chamonix) 5e édition 98 km, 5 600 mètres
de dénivelée positive, 26 heures maxi, I 800 coureurs au départ,
• PTL (Chamomx-Chamomx) 3e édition 240 km, 18 000 mètres de dénivelée
e
• TDS (Courmayeur-Chamonix), 2 édition 1 1 1 km, 7 000 mètres de dénivelée
France
021 %
positive, 32 heures maxi, I 100 coureurs au départ
6 500 coureurs inscrits
5 600 partants
55 nations représentées
Encadre 2
Méthodologie d'étude
Les données mobilisées dans cet article proviennent de vingt-cinq entretiens semi-direc-
Course
Femmes
Hommes
tifs réalises entre avril et août 2010 auprès des créateurs et organisateurs de l'UTBM,
UTMB
8%
92 %
ainsi que des principaux acteurs politiques, institutionnels, économiques, environnemen-
CGC
14%
86%
taux, socioculturels et sportifs impliques dans l'Espace Mont-Blanc et/ou dans l'événe-
TDS
12%
88%
ment Ils ont été complètes par une douzaine d'entretiens semi-directifs avec des cou-
PTL
reurs , une observation participante lors de l'édition 2009 de la CGC et par une analyse
Total
7%
93 %
11 %
89 %
des contenus des plaquettes de présentation de l'événement et des articles de presse
Je tiens a souligner a ce propos l'esprit de collaboration et d'ouverture manifeste par les
Âge moyen : 42,5 ans
organisateurs qui m'ont accompagne dans cette recherche en me facilitant l'accès aux
données et acteurs concernes
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Ces questions restent aujourd'hui
peu élucidées en raison du caractère multifactonel et complexe des
réponses à donner. Aussi notre
objectif dans cet article est-il d'éclairer les raisons qui font que The
North Face Ultra-trail du MontBlanc occupe une position dominante dans le champ des trails
aujourd'hui et joue un rôle central
sur le territoire qui l'a vu naître et
grandir (cf. illustration I). Nous
montrerons que c'est grâce à ses
caractéristiques innovantes qu'il est
en capacité de participer à la dynamique de l'EMB, car elles lui permettent de respecter les cinq principes du développement territorial :
le principe géographique, le principe sociologique, le principe économique, le principe environnemental et le principe politique111.
Nous analyserons comment The
North Face Ultra-trail du MontBlanc est devenu aujourd'hui une
véritable ressource territoriale en
permettant le passage de la ressource initiale locale à la ressource
construite sur un territoire particulier, l'Espace Mont-Blanc (cf. encadré!).
UN VÉRITABLE LABORATOIRE
(i)
Hervé GUMUCHIAN et
Le territoire de l'Espace MontBlanc présente des caractéristiques
singulières sur les plans géographique, historique, économique,
environnemental et politique. Ce
territoire est un véritable laboratoire, dont la riche histoire et la forte
attractivité touristique liée à un
patrimoine exceptionnel, mais aussi
la vulnérabilité environnementale
associée à la politique de durabihté
mise en œuvre aujourd'hui par les
acteurs locaux, pèsent sur tous les
événements qui s'y déroulent. The
North Face Ultra-trail du MontBlanc ne pouvait échapper à ces
conditions territoriales initiales.
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Bernard Pecqueur
La Ressource
terntorra/e
Economica 2007
(2)
Bernard DEBARBIEUX,
Chamomx Mont-Blanc
18602000 Les
coulisses de
/'aménagement,
Edimontagne 2001
(3)
L Association pour
le respect du site
du Mont-Blanc
Les sept vallées en constellation autour du MontBlanc présentent des caractéristiques environnementales remarquables : paysages d'une rare beauté, biodiversité élevée, glaciers majestueux, aiguilles et
sommets mythiques dont le Mont-Blanc. Le massif du
Mont-Blanc est, en effet, "un véritable jaillissement
de glace et d'aiguilles de granit, de hauts sommets cristallins, ou l'érosion a découpé, scié, tranché, brisé,
morcelé l'imposant soulèvement des vieilles roches,
découvrant un paysage d'une exceptionnelle beauté"
(Roger Frison-Roche). À cet héritage naturel, il faut
associer une culture de la montagne et de l'alpinisme,
qui a largement contribué à la construction d'une forte
identité touristique patrimoniale.
C'est particulièrement vrai pour la vallée de
Chamomx où la progression constante et significative
du nombre de visiteurs est révélatrice d'une attractivité
touristique qui s'est construite progressivement tout
au long du xxe siècle. Bernard Debarbieux'21 analyse
très bien ce long et complexe processus de "touristification" du territoire chamomard, qui se caractérise
selon lui par des formes de développement où dominent alternativement, selon les époques, forces locales
et exigences extérieures, intérêts publics et intérêts
marchands, aménagement progressiste des lieux et
défense de l'environnement.
En même temps que le tourisme se développe, la
question de la protection de l'environnement à l'échelle
du massif devient de plus en plus pressante car, si une
minorité de lieux sont protégés grâce à des réserves
naturelles, la plus grande partie du territoire, et notamment les espaces urbanisés des fonds de vallée et ceux
associés au développement de la pratique du ski,
connaissent un certain nombre d'altérations. Cette
sensibilité écologique montante est alimentée dans les
années 1980 par les réflexions scientifiques (colloques
organisés à Chamomx) et par la création d'associations de protection de l'environnement comme
l'ARSMB131 créée en 1991. Elle sera amplifiée en 1999
par la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc.
L'identité locale est également menacée, à la fois par
la diversification des résidents et par la massification
touristique qui engendrent un brassage des populations, certes apprécié en termes d'ouverture sur le
monde et de retombées économiques, mais qui n'est
pas sans poser des problèmes d'appartenance identitaire. Les faibles relations avec les deux pays frontaliers
que sont l'Italie et la Suisse ne font que renforcer ce
phénomène : il n'y a pas de culture identitaire fondée
autour d'un bien commun que serait le Mont-Blanc
ou, plus précisément, sur une idée de la montagne qui
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Illustration I
Le territoire de The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc
THe North Face®
Ultra-Trail du Mont-Blanc®
Sommet mondial de ta course nature
3 pays traverses \M 1.1 I E3]
7"** édition - 4 Courses
15 STATIONS UNIES
Orsierts
Champex-Lac
La Fouty
Trient
Chamonix Mont-Blanc
Les Mouches
Saint-Gervals Mont Blanc
Les Contamines Montjoie
Hautttuce
BeaulorI
Bourg-Samt-Maurice
Secz
.»
Vallorcme
combine des valeurs éthiques et économiques'4'.
C'est dans ce contexte que la nécessité d'une concertation globale pour prendre en main l'avenir de ce
site exceptionnel et de ses alentours se manifeste. Dès
1988, le thème de la protection du Mont-Blanc est
inscrit dans l'agenda des rencontres tnpartites des
ministres de l'environnement de France, d'Italie et de
Suisse. Un projet de parc international du Mont-Blanc
est mis à l'étude. Il est vite abandonné par les élus
des collectivités régionales et locales des Savoie, de
la vallée d'Aoste et du Valais, qui jugent le modèle
des parcs nationaux inadapté pour leur territoire et
proposent alors que l'avenir du massif du Mont-Blanc
et de ses vallées soit confié aux populations concernées. Deux ans plus tard, les ministres s'accordent
sur le projet d'Espace Mont-Blanc (EMB), porte par
les collectivités régionales et locales, et confient une
étude de faisabilité à la Conférence transfrontalière
Mont-Blanc (CTMB) nouvellement créée1".
À cheval sur trois pays, la France, l'Italie et la Suisse,
l'Espace Mont-Blanc s'étend sur une superficie d'environ 2 800 km 2 (cf. illustration I). Il est compris
dans la chaîne des Alpes et entoure son plus haut
sommet : le Mont-Blanc (4 810 m). Plusieurs lieux
de passage importants structurent le territoire qui est
traversé par quatre axes de communication routière :
Mont-Blanc, Grand Saint-Bernard, Petit Saint-Bernard
NORTH2
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(4)
Bernard DEBARBIEUX
op cil, 2001
(5)
Les activités de I EMB
sont conduites par la
Conférence
transfrontalière
Mont-Blanc (CTMB)
Celle-ci est
constituée de cinq
membres par pays
dont trois
représentants au
moins des
institutions
régionales et locales
La CTMB siège trois
a quatre fois par an
alternativement dans
chaque pays Des
observateurs peuvent
être invites par
chaque délégation
après coordination a
participer a la CTMB
et Montets-Forclaz.
L'Espace Mont-Blanc comprend
trois entités institutionnelles, une
dans chaque pays concerné. Pour
la France, il s'agit du Sivom du Pays
du Mont-Blanc. Cette structure de
coopération intercommunale a
modifie ses statuts en 2008 pour
assurer le développement et le suivi
de l'EMB, rôles assurés jusque là
par le syndicat intercommunal
Espace nature Mont-Blanc. Le
Sivom du Pays du Mont-Blanc rassemble actuellement quatorze
communes en Haute-Savoie
(Chamonix, Les Houches, Servez,
Vallorcme, Saint Gervais, Passy,
Sallanches, Domancy, Les
Contammes-Montjoie, Cordon,
Combloux, Megeve, Praz-sur-Arly,
et Demi-Quartier).
Pour l'Italie, il s'agit de la région
autonome Vallée d'Aoste. Située au
nord-ouest du pays, c'est la plus
petite des vingt régions d'Italie. Elle
constitue une région autonome à
statut spécial (ce qui lui donne le
pouvoir de légiférer dans différents
domaines) et reconnaît deux
langues officielles, l'italien et le
français. Les cinq communes
concernées par l'EMB sont
Courmayeur, Pré Saint-Didier, La
Thuile, Morgex et La Salle.
Pour la Suisse, il s'agit de la république et canton du Valais. Situé au
sud-ouest de la Suisse, au cœur des
Alpes, il est l'un des 23 cantons de
la Confédération helvétique. Ce
canton, dont le chef-lieu est la ville
de Sion, possède deux langues officielles, le français et l'allemand.
Formé d'une vallée sillonnée par le
Rhône, le Valais est un heu touristique aux importantes richesses culturelles et paysagères. Les quinze
communes concernées sont Val
d'Ilhez, Champéry, Evionnaz,
Vernayaz, Salvan, Fmhaut, Trient,
Martigny, Martigny-Combe,
Bovermer, Vollèges, Sembrancher,
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Orsières, Liddes et Bourg SaintPierre.
Au total, 34 communes font
actuellement partie du périmètre
de l'Espace Mont-Blanc, dont l'objectif est bien symbolisé par son
logo et le texte qui l'accompagne
(cf. illustration 2) : "Une montagne
et trois hommes unis, symbole de
collaboration et d'objectifs communs, une union d'intentions mais
aussi d'origines, de cultures et d'intérêts, en vue de protéger et de diffuser de la meilleure façon un patrimoine territorial délicat, mais
fécond en valeur pour toutes les
communautés qui le composent"^.
En 1998, les hauts fonctionnaires
des ministères de l'Environnement
des trois pays demandent à la
CTMB d'inscrire les activités de
l'Espace Mont-Blanc dans le cadre
d'un schéma de développement
durable (SDD), dont le but est la
protection et la valorisation d'un
territoire transfrontalier emblématique, où l'exceptionnel patrimoine
naturel cohabite avec des activités
touristiques importantes et d'envergure internationale. Jusqu'en
2001, le comité de pilotage chargé
de concevoir ce schéma travaille à
la définition d'objectifs stratégiques,
à l'élaboration d'un cahier des
charges ainsi qu'à la recherche des
financements. Les cinq objectifs
majeurs poursuivis alors sont :
- aider à la conservation d'un
espace cultivé en soutenant l'agriculture de montagne et les activités pastorales ;
- développer une stratégie commune de sauvegarde du patrimoine
naturel et culturel, notamment des
milieux les plus sensibles ou menacés ;
- encourager un tourisme intégré
compatible avec la sauvegarde des
ressources et de l'environnement;
- limiter l'impact des transports et
de leurs infrastructures dans l'in-
NORTH2
9037476200505/GDF/OTO/3
térêt des habitants et de l'environnement ;
- engager des actions à l'échelle
transfrontalière pour démontrer
l'importance du renforcement de
la cohésion sociale des territoires.
En 2003, le financement du schéma
de développement durable est
approuvé par Interreg HIA Alcotra
et la phase opérationnelle d'élaboration du schéma est lancée. Elle
est suivie par une procédure de
consultation et d'approbation du
SDD par les collectivités locales.
Pour la période 2007-2013, le SDD est appliqué à
travers le programme intégré transfrontalier (Fit), voté
en 2009, dont l'objectif est d'accroître l'efficacité des
interventions ainsi que l'intensité et la qualité de la
coopération à travers l'élargissement du dialogue et
la création de réseaux stables entre différents acteurs.
Le Pit est censé avoir un effet multiplicateur dans la
mesure où il prévoit différentes interventions coordonnées et convergeant vers un objectif commun. Il
se compose de six projets d'action qui proposent d'appliquer une approche intégrée et orientée vers l'innovation en matière de développement durable. Il se
décime autour des thèmes suivants :
- outils de développement durable (projet Camp de
base) ;
- énergies (projet Mont-Blanc Villages durables) ;
- randonnée pédestre (projet Autour du Mont-Blanc) ;
- éducation à l'environnement (projet Charte qualité
EMB);
- mobilité (projet Mobilités durables) ;
- terroir (projet Saveur d'hauteur).
Reste que la gestion de cet espace présente une
grande complexité, à la fois juridique et politique.
Juridique, car l'initiative doit tenir compte des particularismes institutionnels de chacun des trois pays
concernés. Politique, car l'objectif de cet espace est de
concilier le développement et la protection du territoire, en apportant des solutions variables à cette équation, en fonction des contextes propres à chaque pays.
Plus gênant, l'EMB n'a pas de statut juridique et la
volonté politique de lui en donner un n'existe pas vraiment, ce qui n'est pas sans créer des difficultés. Il reste
essentiellement une entité consultative qui donne des
informations et une image au territoire.
La connaissance de ce territoire si particulier, de son
histoire, de sa géographie, de sa sociologie, mais aussi
du mode de gestion que les acteurs politiques concer-
Illustration 2
Le logo
d'Espace Mont-Blanc
(6)
Texte de
Franco Balan, artiste
créateur du logo de
l'Espace Mont-Blanc
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nés ont choisi aujourd'hui, à travers la création de
l'EMB, est indispensable pour comprendre dans quel
contexte la création de l'UTMB est intervenue, mais
aussi comment cet événement a évolué de 2003 à 2010,
en relation avec les actions développées par l'EMB.
UN ÉVÉNEMENT VÉRITABLEMENT INNOVANT
The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc est un
événement véritablement innovant : il est innovant au
niveau de son concept, de son mode de gouvernance
et de sa communication, ce qui en fait un événement
singulier.
• L'UTMB est une épreuve hors norme particulièrement originale, car synonyme d'innovation radicale.
Par innovation radicale, nous entendons la création
d'un produit nouveau qui engendre des changements
majeurs à la fois dans la présentation, la structuration
et la consommation des prestations sportives, mais
aussi dans les retombées pour le territoire concerné'71.
Certes l'UTMB n'est pas le premier ultra trail créé en
France. Il existe déjà dans cette catégorie, avant 2003,
le Grand Raid de La Réunion (1993) et la Fortiche de
Maunenne (2000). Le concept proposé en fait toutefois un événement particulièrement original sur le plan
de ses conséquences en matière de développement
durable d'un territoire, en l'occurrence celui de l'EMB.
Il s'apparente alors bien à une innovation radicale
dans le champ des trails existants. En effet, ces derniers, s'appuyant sur l'émergence d'une nouvelle
demande de course en milieu naturel, sont bien souvent
conçus soit comme une opportunité économique de
faire la promotion d'une marque, soit comme un
moyen d'optimiser le développement touristique d'une
région. L'UTMB n'est pas un tratl de plus dans le calendrier national, mais bien une épreuve pensée et conçue
par rapport à un projet de territoire.
The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc se distingue ainsi très nettement du tour du Mont-Blanc à
pied que l'on réalise en sept à dix jours selon les
variantes choisies, et que des milliers de personnes
(environ 30 000) accomplissent chaque année. Reste
que cet itinéraire de grande randonnée fait partie du
patrimoine national et européen ; il alimente un imaginaire montagnard qui rend davantage lisible l'UTMB.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'événement s'appelait Ultra-trail Tour du Mont-Blanc jusqu'à la quatrième édition, en 2006 ; cette épreuve s'est d'abord
appuyée sur cette appellation, sur cet héritage, pour
ensuite voler de ses propres ailes.
L'épreuve se différencie aussi des premières courses
NORTH2
9037476200505/GDF/OTO/3
(7)
Olivier BESSY et
Dieter HILLAIRET
(dir) Les Espaces
sportifs innovants,
tome I L'innovation
dans tes équipements,
et tome 2 Nouvelles
pratiques, nouveaux
territoires PUS. 2002
autour du Mont-Blanc, par étapes
ou en relais de sept coureurs, qui
étaient centrées uniquement sur la
compétition. Le Supermarathon du
Mont-Blanc (150 km), créé par
Sylvain Saudan en 1987, consistait
à réaliser le tour en trois étapes.
Puis a été proposée, de 1990 à
1993, une version suisse équivalente en distance, mais comprenant
quatre étapes ; le nombre de participants à cette épreuve restait
confidentiel (entre 15 et 60 d'après
la presse) et il s'agissait de coureurs
spécialistes des longues distances.
De 1994 à 1998, le tour du MontBlanc par équipe de sept s'inscrivait dans la même logique, à savoir
"aller vite à plusieurs".
Ces différentes épreuves empruntaient de grandes portions bitumées
qui ne sont pas dans l'esprit trail.
L'idée nouvelle de l'UTMB a été de
penser a une épreuve individuelle
autour du Mont-Blanc, en n'empruntant quasiment que des sentiers et en permettant des options
différentes d'engagement (arrêt à
Courmayeur, arrêt à Champex),
afin de rendre cette épreuve davantage accessible. Cette modalité perdurera pendant trois éditions jusqu'à ce que soit créée, en 2006, la
CGC (Courmayeur-ChampexChamomx).
Dès la première édition, en 2003,
l'UTMB se positionne donc comme
une épreuve hors norme : le tour
du Mont-Blanc en parcourant 150
km pour 8 500 mètres de dénivelée positive, en 38 heures maximum
(en 2010, il s'agit de 166 km pour
9 400 mètres de dénivelée positive
en 46 heures maximum). C'est un
concept qui place d'emblée la barre
très haut. Peu de gens imaginaient
que c'était possible, sauf pour
quelques coureurs très expérimentés. L'innovation réside ici dans la
façon de bousculer les imaginaires
("pas possible ce truc" ; "c'est pour
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les extraterrestres"). Il permet d'explorer ses limites au-delà des représentations dominantes. Il répond à
la diffusion de l'"extrême de
masse" dans la société18.
Il est présenté par les organisateurs comme le "sommet européen
de la course nature" puis, à partir
de 2007, comme "la référence
mondiale du trail", ou encore
comme "le sommet mondial de la
course nature". Empruntant de
nombreux cols à plus de 2 000
mètres d'altitude et cumulant de
5 000 à 17 000 mètres de dénivelée positive (UTMB, CGC, TDS et
PTL), "thé North Face Ultra-tratl
du Mont-Blanc est Sur le plan mon-
(8)
Paul YONNET Système
dial un événement unique dans le des sports
domaine de la course à pied Gallimard 1998
nature", peut-on lire dans la plaquette 2010.
(9)
• The North Face Ultra-trail du Le mveau de
Mont-Blanc
est
Une
épreuve
performance n a fait
hybride qui, dès son origine, asso- que progresser ces
cie de manière inédite aventure et dernières années
sport. L'épreuve s'intègre dans Pin- dans ces épreuves
novation, désormais bien repérée, Amsi par exemple le
qui Consiste à proposer dans SOn
nombre de coureurs
offre un usage non sportif du sport.
qui terminent
II s'agit de conjuguer le côté aven- aujourd nui un
ture, c'est-à-dire l'incertitude d'ar- marathon en moins
river au bout, et le CÔté Sport, C'est-
de trois heures est
à-dire la réalisation d'une
performance chronométrée et d'un
classement. Mais The North Face
Ultra-trail du Mont-Blanc va plus
loin en affichant d'emblée un caractère plus sportif que la moyenne
prenant en compte l'évolution de
la course à pied hors stade et des
trailsw, qui obéissent au processus
de "sportivisation" de toute acti-
bien plus important
que dans le passe
Vite physique avec le temps"01.
Le positionnement sportif est, en
effet, présent dès la première édition, avec un parcours balisé et
sécurisé, une performance chronométrée, mais aussi et surtout avec
un temps maximum de 38 heures
pour terminer en étant classé, ce
NORTH2
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(I0)
Olivier BESSY
Marathons traiis
raids et
développement
temtonai Espaces
tourisme & /ois/rs
n°287 décembre
201 o
(il)
-Aiam EHRENBERG
Le Cu/te de fa
performance,
Caimann-Levyi99i
qui durcit considérablement le défi et sélectionne un
public plus spécialiste. La contrainte temporelle forte
diminue la diversité des modes d'engagement, dans la
mesure où elle oblige les coureurs à perdre le minimum de temps. Ce positionnement se renforce au fur
et à mesure des éditions, avec une augmentation de la
distance et de la dénivelée et un temps limite toujours
plus difficile à réaliser, mais aussi avec l'apparition de
critères de sélection qui obligent les prétendants à
accomplir des courses qualificatives. Si les organisateurs justifient cette mesure par un souci de diminuer
le nombre de personnes susceptibles de s'inscrire face
à une demande croissante et non satisfaite, elle contribue de facto à rendre l'épreuve plus sélective et donc
plus sportive. The North Face Ultra-ton/ du MontBlanc est devenu la référence mondiale du trail parce
qu'il s'est "sportivisé" en empruntant de plus en plus
à l'univers de la compétition.
L'aventure est aussi présente, avec une réelle incertitude liée à un espace naturel extrêmement varié (altitude, relief, types de terrain...) et changeant (températures, pluie, neige...) ; l'épreuve ne présente jamais
totalement la même configuration d'une année sur
l'autre. L'édition 2010, qui a du être annulée en raison de conditions météo très difficiles, s'est chargée
de le rappeler à tous (organisateurs, partenaires,
médias, bénévoles et participants). La nature impose
et l'homme compose. De même, aucun participant
n'est a l'abri d'une défaillance. C'est d'ailleurs le leitmotiv des coureurs quels que soient leur mveau et leur
préparation, car cette épreuve contient en elle-même
toujours beaucoup d'inconnues, ce qui demande une
adaptation permanente. Enfin, une assistance alimentaire et médicale moins présente qu'ailleurs (moins
de postes de ravitaillement, de confort, de massages...)
engendre davantage d'autonomie.
The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc se positionne aujourd'hui comme une aventure "sportivisée"
en cohérence avec l'évolution compétitive du trad et le
culte de la performance qui gouverne toujours notre
société"", mais aussi en relation avec l'esprit pionnier
des Chamoniards à la conquête des sommets locaux.
Cet événement attire de ce fait de plus en plus de coureurs du monde entier désireux de se mesurer aux
meilleurs, d'accomplir un défi internationalement
reconnu et de venir dans la "capitale mondiale du
trail". Il ne peut pas en être autrement en référence
avec le fait que Chamonix est aussi la capitale mondiale
de l'alpinisme. L'appellation "sommet mondial de la
course nature" est de ce point de vue très parlante.
• L'épreuve, plurielle, est à la fois accessible et sélec-
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tive. L'innovation réside ici dans la cohabitation de
l'extrême de masse et de l'extrême éhtaire dans le but
de concerner le maximum de personnes, à un niveau
national et international.
L'extrême élitaire est représenté par l'épreuve originelle et reine (PUltra-trail du Mont-Blanc : 166 km/
9 500 m) qui n'est réalisable que par des coureurs bien
entraînés et expérimentés compte tenu des exigences
qualificatives (nombre de points), de la distance, de
la dénivelée et surtout de la contrainte horaire (maximum de 46 heures). Ce positionnement très sportif et
sélectif (extrême sportif) permet d'attirer les meilleurs
coureurs du monde soucieux de participer au moins
une fois à l'épreuve de référence internationale.
L'UTMB est devenu le rendez-vous annuel de l'élite
mondiale. Elle rassemblait 2 300 coureurs en 2010
après tirage au sort ; le nombre de demandes avoisinait
les 4 000.
La PTL (240 km/18 000 m/114 h maxi en autonomie totale), qualifiée de "grande aventure en équipe",
s'inscrit aussi dans cet extrême élitaire, mais davantage sur le versant extrême d'aventure que extrême
sportif, dans la mesure où il n'y a pas de classement,
où elle se court en équipe et où le parcours est en autonomie totale. Elle attire beaucoup moins de participants, seulement 200 en 2010.
Dès la création de l'UTMB, l'extrême de masse est
également présent, car l'épreuve permet des engagements différents répondant à la philosophie d'à "chacun son extrême". En effet, dès sa première édition et
jusqu'en 2005, les trailers peuvent s'arrêter en différents points intermédiaires et être classés, ce qui permet de développer des modes d'engagement différenciés dans l'épreuve. En 2006, est créée la CGC (98 km/
5 600 m/26 heures maximum) puis, en 2009, la TDS
(111 km / 7 000 m/32 heures maximum), qui sont, en
dépit de leurs réelles difficultés, plus accessibles. Les
pourcentages de fimshers, nettement plus important
sur ces deux courses (68 % pour la CGC et 76 % pour
la TDS, contre 60 % pour l'UTMB et 50 % pour la
PTL), le confirment. L'édition 2010 de la CGC compte
I 800 partants, tirés au sort là aussi, car il a fallu faire
face à 2 000 demandes. La TDS cumule I 200 participants. Le recrutement est beaucoup plus national
sur ces deux épreuves.
Ces quatre épreuves se caractérisent par des profils
différents qui, en se positionnant sur un contmuum
allant de l'extrême éhtaire à l'extrême de masse, répondent à la personnalisation de la demande sportive désireuse de pouvoir développer des modes d'engagement
à géométrie variable.
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• The North Face Ultra-trail du
Mont-Blanc est une épreuve en
prise avec un territoire laboratoire,
l'EMB. L'innovation réside ici dans
le rapport tissé avec le territoire par
les concepteurs de l'événement.
D'emblée, The North Face Ultratrail du Mont-Blanc se présente,
d'après les organisateurs, comme
"un voyage au cœur du pays du
Mont-Blanc", territoire façonné
par un environnement exceptionnel qui impose à la fois son âpreté,
sa beauté et sa spécificité. C'est le
territoire qui est premier et non pas
l'épreuve, c'est lui qui dicte sa loi,
qui s'impose aux organisateurs. Il
n'est pas un simple terrain de jeu. Il
est consubstantiel au produit
UTMB. Et cette dépendance au territoire ne va faire que grandir au
fur et à mesure des années.
Le parcours est, dans cet esprit,
très exigeant, à l'image des pratiques d'alpinisme qui s'y sont
développées depuis plus d'un siècle,
et en harmonie avec le rêve éternel
des pionniers. Il est tracé aussi dans
le vif des plus beaux paysages du
massif en offrant une scène spectaculaire qui permet à chacun de
vivre des moments intenses d'émotion.
Cet événement intègre la spécificité transfrontalière de l'EMB en
traversant trois pays (France, Italie,
Suisse), trois régions (Rhône-Alpes,
Vallée d'Aoste, Valais), et en impliquant, grâce à la diversification des
courses, le maximum de communes
concernées par le périmètre (huit
en 2003, quinze en 2010). The
North Face Ultra-trail du MontBlanc est pensé aussi, dès son origine, dans une perspective de développement durable, en synergie
avec les politiques des communes
traversées, et en accord avec les
caractéristiques environnementales
et humaines sensibles de l'espace
investi. Il devient, dans cette
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logique, en 2007, épreuve pilote de
la charte de protection de l'environnement de l'EMB car il partage
les mêmes objectifs.
À un lieu mythique, hautement
touristique et en voie de protection
constante, le massif du Mont-Blanc,
correspond un événement écoresponsable, unique au monde, The
North Face Ultra-trail du MontBlanc, qui fait voyager le trader
dans un espace temps privilégié de
sensibilisation à l'environnement
naturel et humain.
- The North Face Ultra-trail du
Mont-Blanc est une épreuve
éthique qui repose sur les valeurs
de respect de soi, des autres et de
l'environnement. La mise en place
d'une charte éthique du trader n'est
pas une spécificité de cet événement: elle est associée à l'esprit
même de ce type d'épreuve en
milieu naturel et apparaît d'ailleurs,
dès la fin des années 1980, dans la
plaquette de présentation du Trail
des Templiers. L'innovation réside
ici dans son affirmation et sa généralisation. Elle met l'accent sur le
respect de soi, des autres et de l'environnement et ce, en relation
directe avec la philosophie de
l'EMB. Ces valeurs sont présentes
dès la première édition sur le site
de l'épreuve et clairement affichées
dans la plaquette de l'édition 2004.
Elles ne sont pas plaquées sur l'événement mais en sont structurantes.
Elles sont rappelées avec force, et
amplifiées à chaque édition à travers les documents de communication (plaquettes, newsletters).
- Le respect de soi consiste à ne pas
tricher avec soi-même avant et pendant la course, a ne pas se doper
(une charte de bonne conduite,
"Charte de l'Ultra-Trail8" apparaît
dans la plaquette 2009...), à explorer ses limites pour mieux se
connaître et gagner en humilité.
- Le respect des autres sous-entend
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le respect des autres coureurs en acceptant une aide
matérielle uniquement sur les zones prévues à cet effet,
et en étant solidaire en cas de problème, le respect des
bénévoles en partageant avec eux le plaisir d'être là
et en les remerciant pour leur présence, le respect des
organisateurs et des partenaires en diffusant ces valeurs
pendant l'épreuve mais aussi en dehors, le respect des
populations locales en les saluant.
- Le respect de l'environnement est fondé sur un double
défi : intégrer dans un environnement fragile un événement réunissant plusieurs milliers d'acteurs en minimisant l'impact sur le milieu et sensibiliser le plus de
monde possible à la protection de l'environnement à
partir du site naturel exceptionnel qu'est le MontBlanc. Les moyens mis en œuvre sont nombreux et
variés : privilégier les transports en commun et le covoiturage pour se rendre à Chamonix, mais aussi pendant l'épreuve en utilisant les transports mis à disposition par l'organisation ; ne rien jeter au sol ; avoir
son propre gobelet ; utiliser les toilettes adéquates ;
éviter de couper les chemins, facteur d'érosion des
sols ; respecter la faune et la flore, utiliser moins de
papier pour la communication...
En conformité avec l'éthique de cette épreuve, des
actions de solidarite avec des associations cantatives
sont menées. Chaque course soutient une association
particulière. Les coureurs de The North Face Ultratrail du Mont-Blanc soutiennent Courir pour toi, ceux
de la CGC Les Amis de children's home, ceux de la
PTL, Le Rire médecin et, enfin, ceux de la TDS le
Rotary club. Un partenariat avec l'association
Runhandimove de La Réunion a permis à des enfants
handicapés d'accomplir une partie du parcours lors
de la dernière édition.
Enfin, il n'existe pas de dotation financière aux vainqueurs de The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc
afin, selon les organisateurs, que "les meilleurs ne viennent pas pour l'argent, mais pour la beauté du geste et
des paysages, mais aussi pour les idéaux défendus par
notre épreuve".
Ce positionnement éthique, fortement affirmé par
les concepteurs, fait de The North Face Ultra-trail du
Mont-Blanc un cas exemplaire en matière d'événement écoresponsable. Il répond a une sensibilité morale
et écologique montante dans notre société, mais aussi
à la vocation durable fortement affirmée par l'EMB
en réponse à la vulnérabilité des lieux.
• L'innovation réside aussi dans le caractère à la fois
très humain et très professionnel de cet événement qui
associe une riche équipe de bénévoles et des moyens
hautement technologiques grâce à une optimisation
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de l'informatisation et à l'exploitation de recherches
scientifiques. Le recrutement de bénévoles est facilité
par ce formidable laboratoire qu'est l'UTBM qui permet aux médecins bénévoles d'utiliser les données de
ce trail pour des sujets de recherche et publications
diverses. L'innovation se décline à la fois dans l'organisation, le dispositif médical et le suivi des coureurs.
Cette efficacité est observable dans la préparation
en amont, durant la course et après, grâce au travail de
la structure professionnelle qui organise et prépare
l'événement, mais fait aussi en sorte que des milliers de
bénévoles (I 650) puissent assurer un travail chaleureux d'accueil, de ravitaillement, d'encouragement et
d'assistance aux coureurs.
Le dispositif médical consiste sur le terrain en une
équipe de 17 médecins, 58 infirmiers, 52 kinés, 31
podologues et 91 secouristes, qui peuvent agir en tout
point des différents parcours et dans des conditions
difficiles, grâce à des équipements légers et à une mobilité des personnes. Ce dispositif a été pensé pour s'adapter au profil montagneux de l'épreuve et aux conditions climatiques changeantes, mais aussi pour
renforcer l'autonomie des coureurs. Il est alimenté en
amont par des recherches effectuées sur les problèmes
de fatigue et de récupération (Université de SamtÉtienne et Ensa) et sur les risques cardio-vasculaires
(association Mont-Blanc cœur et sport).
Un suivi très pointu des coureurs est effectué, en
dépit d'un terrain peu propice et complexe, avec par
exemple 32 kilomètres qui ne sont pas couverts par
les réseaux de téléphonie mobile. Le suivi se fait par
géolocalisation depuis 48 points de contrôle au total
(23 UTMB, 12 CGC, 13 TDS). L'information lue sur
les dossards est envoyée en temps réel sur internet
pour servir aux secours et à l'équipe d'animation (suivi
online, écran géant). Un PC course très puissant et très
réactif- on l'a vu lors de la dernière édition qui a dû
être annulée en raisons de très mauvaises conditions climatiques - supervise l'ensemble du dispositif.
La combinaison de plusieurs micro-innovations permet d'assurer dans les meilleures conditions l'accueil
et la sécurité des participants. "Une excellente organisation à tous les niveaux" est d'ailleurs l'argument
numéro I cité par les participants dans les enquêtes
de satisfaction. Elle s'inscrit dans le professionnalisme
qui entoure les pratiques de montagne et de secourisme dans la cité mondiale de l'alpinisme. Elle joue
un rôle de valeur ajoutée qui contribue à la bonne
réputation de l'événement en France et à l'étranger.
Toutes ces innovations au niveau du concept font
de The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc plus
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qu'un événement sportif. Elles
créent les conditions d'un événement en prise avec le patrimoine et
les valeurs locales (défi, extrême,
éthique...), mais aussi vecteur de
structuration et de développement
pour le territoire de l'EMB. Elles
font écho à la tradition innovante
de la vallée de Chamonix (qui a
toujours cherché à être à la pointe
à travers l'organisation de congrès
scientifiques) et aux recherches
diverses menées par l'École nationale de ski et d'alpinisme ou avec
les laboratoires des grandes villes
voisines.
GOUVERNANCE PARTENARIALE
Une autre caractéristique innovante de The North Face Ultra-trail
du Mont-Blanc est d'avoir mis en
place une gouvernance partenanale
qui contribue à la transformation
de cet événement sportif en une
véritable ressource territoriale. Une
structure fédératrice et équilibrée
joue le rôle de comité de pilotage
tn-partite :
- lesTrailers du Mont-Blanc, association loi 1901 créée en 2003,
constituée des traders des trois pays
à savoir les trailers français, italiens
et suisses : président, René
Bachelard, (Français) ; vice-présidents, Alberto Motta (Italien) ;
Léon Lovey (Suisse). Cette association, qui assure l'organisation
centrale de l'événement, en est le
moteur. C'est une association autonome et sans frontière dont l'objectif est de faire s'approprier l'événement par les trois communautés
et de favoriser la coordination des
différents acteurs.
- les institutions territoriales, représentées par les quinze communes
concernées. Elles mobilisent leurs
habitants, leurs services municipaux et touristiques afin d'assurer
la réussite de cet événement. En
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retour, The North Face Ultra-trail
du Mont-Blanc s'appuie sur ces
communes, sur leurs ressources
naturelles, matérielles et humaines,
et les implique le plus possible afin
qu'elles se l'approprient. Une présidence d'honneur est d'ailleurs
assurée conjointement par les
maires des quinze communes ;
- la SARL Autour du Mont-Blanc,
structure privée au service de l'association. Elle assure le travail quotidien nécessaire tout au long de
l'année pour gérer l'événement, les
relations avec les partenaires et son
développement.
Les effets sur le bon fonctionnement de l'événement, et plus particulièrement sur le développement
territorial, sont importants dans la
mesure où l'ensemble des acteurs
se sentent concernés et impliqués
et s'investissent de manière concertée et complémentaire afin d'exploiter au maximum les effets d'entraînement de The North Face
Ultra-trail du Mont-Blanc au
niveau de l'EMB. Ce type d'organisation a aussi l'avantage d'éviter
deux écueils souvent observés : le
tout associatif, assimilable à une
"dérive amateur", et le tout marchand, assimilable à une "dérive
business".
Les partenariats sont mis en place
de façon à collaborer avec des
structures qui ont une certaine
notoriété internationale et qui participent, de manière directe ou indirecte, au développement économique local en partageant les
valeurs du développement durable.
Les entreprises partenaires de l'événement (The North Face, Garmin,
Polartec, Vibram, Peltz, Terres
d'Aventure...) sont partie prenante
dans la conception, la gestion et la
communication de ce dernier car
ils partagent les mêmes valeurs.
"The North Face Ultra-tratl du
Mont-Blanc incarne la philosophie
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de The North Face, exprimée par notre slogan "Never
stop explormg". La course est une occasion de participer ensemble à une incroyable expérience. Elle
incarne l'esprit d'aventure et renforce la solidarité et
l'amitié internationale" (extrait d'une interview). Le
rôle de ces partenaires, très important, ne se limite pas
à leur soutien financier ; leur notoriété et les ressources
financières et humaines dont ils disposent leur permettent de démultiplier les moyens de diffusion en
interne et en externe.
De même, des partenariats avec des entreprises fortement implantées localement (Best Mont-Blanc,
Super U - Payot-Pertin, Transports Mermet, Tunnel
du Mont-Blanc...) contribuent à faire reconnaître cet
événement corne un outil privilégié au service du développement économique et du renforcement identitaire
local.
"The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc met
l'EMB en mouvement. Il fait plus que tous les textes
réunis. C'est une réelle valeur ajoutée économique car
il amène des gens en montagne qui ne seraient jamais
venus sans cet événement" (extrait d'interview avec
le patron de la chaîne d'hôtel Best Mont-Blanc).
"80 % des bénévoles sont de la région et sont fiers
que Super U - Payot-Pertm soit partenaire de cet événement qui colle avec l'image de Chamonix" (extrait
interview du directeur du Super U et des Refuges Payot
de Chamonix).
Ce mode de gouvernance partenanal permet la
construction d'une culture commune partagée qui
favorise les synergies entre acteurs et leur mobilisation collective, mais aussi la généralisation d'une stratégie d'appropriation et de mise en valeur des ressources locales et la régulation des conflits entre
personnes aux intérêts divergents. Le consensus qui
se dégage entre les différents acteurs politiques, économiques, environnementaux, sportifs, sociaux de la
vallée, à propos du rôle joué par The North Face Ultratrail du Mont-Blanc en matière de développement de
l'EMB, en est la meilleure preuve. Seul un groupuscule qui s'est rassemblé sous le nom L'Ultra-Sieste critique cet événement en tant que symbole de la compétition libérale et de la mondialisation.
COMMUNICATION AU SERVICE DE TOUS
The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc innove
aussi par la fabrication d'une communication au service de tous. Pour cela, les organisateurs se sont attaché les services de professionnels afin de valoriser
l'événement auprès de l'ensemble des acteurs res-
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pensables du développement du territoire, des partenaires économiques associés mais aussi des participants, des bénévoles et plus largement des habitants,
afin qu'en retour chacun se sente impliqué et promu.
Ce travail est confié à l'agence Infocimes, basée à
Servez, dans la vallée de Chamomx Mont-Blanc, qui
assure un suivi presse de l'événement toute l'année.
Cette valorisation repose sur l'élaboration de messages de communication pertinents et adaptés au
contexte, sur l'utilisation de supports de communication extrêmement variés et optimisés, mais aussi
sur une diffusion mondiale de l'image grâce à un travail permanent réalisé auprès des différents médias.
Tous les éléments de communication utilisés depuis
la première édition de l'UTBM mettent en avant le
caractère unique de cet événement, en relation avec
un territoire exceptionnel chargé d'histoire et symbolise par le Mont-Blanc. C'est le cas des différents
visuels, et notamment des plus récents, avec l'omniprésence du Mont-Blanc sous toutes ses faces et toutes
ses couleurs, et sur la base d'imaginaires stimulant la
symbolique de l'aventure extrême. C'est vrai aussi
pour le slogan ("sommet mondial de la course nature")
qui classe immédiatement le type d'événement auquel
on a affaire et qui donne envie d' "en être", selon les
capacités d'investissement de chacun. C'est visible
également dans le logo, très expressif, qui situe bien le
heu de l'exploit tout en associant les notions d'effort
et de fête. Cette communication particulièrement bien
pensée favorise en retour l'identification à l'événement des principaux acteurs et participants potentiels
(cf. illustration 3).
Outre les supports de communication classiques
(calicots, banderoles, affiches, plaquettes, programmes,
numéros spéciaux de journaux, DVD...), les organisateurs ont optimisé deux supports de communication spécifiques : le site internet et
un salon pendant l'épreuve. Le site
Illustration 3
internet www.ultratrailmb.com a
Le logo de The North Face
été particulièrement pensé et traUltra-trail du Mont-Blanc
vaillé comme un outil de partage.
D'après les organisateurs, "c'est
un espace dédié, mis au service des
coureurs et du plus grand nombre:
100 % des inscriptions se font en
ligne, on y trouve de multiples
conseils, des témoignages, des
newsletters... ". Un bon indicateur
est le nombre de visites qui n'a fait
que croître ces dernières années :
de I 029 069 visites en 2007 (soit
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une moyenne de 2 820 par jour) à
I 406456 en 2008 (3 853 par
jour) et I 488 064 en 2009 (4 077
par jour), soit une augmentation
de plus de 45 % en deux ans.
Créé lors de la sixième édition,
le Salon de l'Ultra-trail se tient en
même temps que les épreuves. Il a
pour vocation de réunir une fois
l'an et pendant trois jours, en plein
centre de Chamomx, sur la place
du Mont-Blanc, tous les acteurs du
marché des courses nature, qu'il
s'agisse des équipementiers producteurs et distributeurs, des industriels proposant des produits techniques ou alimentaires, des médias
spécialisés, des organisateurs de
trails, des tours-opérateurs... Sa
situation, sa composition comme
ses multiples animations (conférences, films, initiation, restauration...) en font un lieu de communication par excellence.
The North Face Ultra-trail du
Mont-Blanc est un événement dont
l'image est diffusée dans le monde
entier. Lors de l'édition 2009,133
journalistes et photographes représentant douze pays européens ainsi
que le Brésil, le Japon et les ÉtatsUnis ont couvert l'événement.
Douze chaînes de télévision étaient
présentes, dont les plus grandes
chaînes françaises généralistes
(TF1, France 2, France 3, M6...),
les chaînes spécialisées (Sky Sport,
Eurosport, L'Équipe TV...) et de
nombreuses chaînes étrangères (la
Rai pour l'Italie, RTVE pour
l'Espagne, RTBF pour la Belgique,
NHK pour le Japon, ESPN pour le
Brésil), sans oublier les plus grandes
radios nationales (RTL, France
Info, Europe I... ) et de nombreuses
radios locales (France Bleu Pays de
Savoie, Radio Mont-Blanc).
Si l'on prend comme exemple le
bilan média réalisé sur la période
allant de janvier à septembre 2009,
ce sont 615 retombées qui ont été
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recensées au niveau national : 493
en presse papier, 77 en presse internet, 29 reportages télévisés et 16
émissions de radio. On note, pour
cette même période, une augmentation très importante des retombées internationales avec des reportages réalisés par de nombreuses
chaînes de télévision étrangères ou
sur des sites internet.
Envisagée dans sa globalité, la
stratégie de communication innovante qui a été mise en œuvre pour
l'UTMB contribue à construire une
image très positive de l'événement
au sein de l'EMB, et plus largement
au-delà des frontières, parallèlement à la renommée touristique
internationale des lieux.
Cette première approche des différents registres dans lesquels The
North Face Ultra-trail du MontBlanc a été foncièrement innovant,
en matière de concept, de gouvernance et de communication, permet de repérer les conditions dans
lesquelles la ressource initiale liée
au potentiel du site a été travaillée
et exploitée grâce au jeu intentionnel des acteurs, pour faire de
l'événement une véritable ressource
territoriale au service du développement de l'EMB.
PARTICIPATION À
LA DYNAMIQUE DU TERRITOIRE
En quoi un événement, par définition ponctuel et éphémère, peutil réellement impacter le développement d'un territoire ? Ce sont
les caractéristiques structurantes
et innovantes de The North Face
Ultra-trail du Mont-Blanc, associées aux particularismes de
l'Espace Mont-Blanc, qui font que
cet événement participe de manière
active à la dynamique de ce territoire, car il respecte les cinq principes proposés par Gumuchian et
Pecqueur"21 et présentés dans notre
NORTH2
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(12)
Hervé GUMUCHIAN et
Bernard PECQUEUR
op cil 2007
(13)
Olivier BESSY op cil
2010
article mtroductif sur les relations entre courses de
nature et développement terntorial"Jl.
• Le principe géographique est en grande partie respecté, dans la mesure où les communes les plus investies au sein de l'EMB sont traversées par la course. Si
on prend les chiffres bruts, seulement quinze communes sur trente-quatre sont représentées (neuf sur
quatorze en France, quatre sur cinq en Italie et deux
sur quinze en Suisse). Mais si on ne retient que les
communes les plus proches du massif, elles sont toutes
impliquées, ce qui leur permet de tirer profit, à des
degrés divers certes, des retombées de l'événement et
notamment de renforcer leur coopération.
Il est intéressant d'observer que, pour mieux respecter ce principe, les organisateurs ont évolué au fil
des éditions en modifiant le parcours et en créant deux
nouvelles courses. La modification du parcours de
The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc concerne
le crochet effectué à partir de la troisième édition par
le centre-ville de Samt-Gervais à la demande de la
municipalité. Monsieur Pelleix, maire de Samt-Gervais,
déclare à ce propos : "Avant l'édition 2005, The North
Face Ultra-trail du Mont-Blanc se contentait du "minimum syndical" en passant sur les hauteurs de SamtGervais. Je n'en retirai aucune valeur ajoutée pour ma
commune. Aujourd'hui, The North Face Ultra-trail
du Mont-Blanc génère une triple dynamique. Il traverse le bourg et crée une animation extraordinaire
qui dure toute la journée avec comme point d'orgue
le passage des coureurs en soirée. C'est très positif
aussi pour ma commune car cet événement attire beaucoup de monde et fait connaître Samt-Gervais a des
gens qui ne connaissaient pas. Ce sont enfin des retombées économiques importantes pour tout le commerce
local. C'est la plus grosse journée de l'année sur le
plan économique ; sans parler des gens qui viennent
dormir à Samt-Gervais avant la course et qui restent
un peu après. The North Face Ultra-traû du MontBlanc prolonge notre saison touristique jusqu'à début
septembre, alors que cette dernière a tendance a commencer de plus en plus tard".
La création de deux courses supplémentaires, la
PTL (Petite Trotte à Léon), en 2008, et la TDS (Sur
les Traces du Duc de Savoie), en 2009, participe aussi
de ce principe géographique. La PTL a permis d'élargir le périmètre du territoire concerné, notamment
avec une grande partie courue en Italie et le passage à
Morgex. La TDS relie les deux Savoie et la région
autonome d'Aoste et permet la traversée de cinq nouvelles communes (Pré Saint-Didier, La Thuile, Séez,
Beaufort, Hauteluce). Elle renforce aussi le rôle joué
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par certaines communes (Les Contamines et Les
Houches) qui sont sollicitées deux fois, par les premiers kilomètres de l'UTMB et par les derniers de la
TDS, ce qui multiplie les moments d'animation et les
possibilités de communication. Didier Joseph, directeur de l'office de tourisme des Houches, nous précise à ce propos : "On est davantage concerné. On
parle plus de nous. C'est gagnant pour nous, aussi
bien sur le plan de la communication interne, de la
communication promotionnelle vis-à-vis des clients
extérieurs que de la communication de proximité qui
s'adresse à la population locale".
Pensé à l'origine comme un projet de territoire, The
North Face Ultra-trail du Mont-Blanc a d'emblée
répondu à une forme d'équité territoriale en renforçant
la proximité territoriale entre acteurs. Il va encore
plus loin aujourd'hui grâce à ses adaptations et évolutions récentes qui mobilisent de nouvelles collectivités et augmentent les impacts positifs sur les plans
économique, culturel et social, notamment avec les
deux autres pays frontaliers.
• Le principe sociologique est plutôt respecté si l'on
considère que The North Face Ultra-trail du MontBlanc concerne toutes les franges de la population
locale du côté des acteurs, organisateurs et partenaires
à l'année, des bénévoles, et des consommateurs, participants et spectateurs qui jouissent de la manifestation.
Dans la première catégorie, les acteurs politiques et
le personnel des collectivités locales concernées sont
fortement impliqués comme partenaires car ils font
partie du comité de pilotage et ils organisent la logistique technique d'information et d'accueil sur leurs
territoires respectifs. Les acteurs institutionnels représentant les organismes territoriaux (École nationale
du ski et de l'alpinisme, École militaire de haute montagne, associations de secours en montagne, préfecture de Haute-Savoie...) sont aussi mobilisés, essentiellement pour la sécurité. Les acteurs économiques
et touristiques, autrement dit l'ensemble des prestataires de services, sont pour la plupart d'entre eux
partenaires, fournisseurs officiels ou associés d'une
manière ou d'une autre à l'événement. Les acteurs
environnementaux (représentants d'associations
diverses comme Asters, la Fondation montagne sûre...)
sont également investis pour veiller au respect de
l'éthique environnementale. Et enfin les acteurs socioculturels représentant des associations culturelles,
sportives et cantatives sont invités à se joindre à l'organisation de l'événement à travers sa commission
environnement.
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Toute la communauté des socioprofessionnels des trois régions est
donc largement mobilisée par cette
manifestation, ce qui permet de tisser des liens professionnels et amicaux avec les acteurs italiens et
suisses. Jean-Michel Bouteille, responsable des ressources humaines
à la mairie de Chamonix, nous
déclare à ce propos : "Nous avons
avec The North Face Ultra-trail du
Mont-Blanc un partenariat très fort
qui se concrétise par une subvention très conséquente, un investissement très important de la part
de nombreux élus et personnels
administratifs et techniques, le tout
consigné dans un cahier des
charges extrêmement lourd et précis qui engage énormément la ville
de Chamonix." Pierre Oudot,
directeur de l'Ensa, témoigne :
"Catherine Poletti [directrice des
Traders du Mont-Blanc] est venue
me chercher pour être partenaire
de l'événement en me faisant comprendre que je pouvais, et même
que je devais y jouer un rôle en tant
qu'institution de l'État spécialisée
dans les pratiques de montagne,
prônant une culture de l'ouverture
et implantée à Chamonix."
La deuxième catégorie est représentée par les I 700 bénévoles qui
s'occupent de l'accueil des participants, balisent les parcours, tiennent les points de contrôle et de
ravitaillement, gèrent les sacs des
participants, assurent l'animation,
une partie des transports et de l'assistance médicale... Ils sont mobilisés toute l'année, quinze jours
avant, ou seulement pendant les
cinq jours de la manifestation,
mais ils ont le sentiment de faire
partie de l'événement, d' "en être"
à leur manière. The North Face
Ultra-trail du Mont-Blanc représente pour eux un moyen original
de tisser des échanges et de recréer
du lien social dans une région ou le
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climat et le relief facilitent le repli
sur soi.
Bertrand Saviez, professeur
d'éducation physique et sportive
et responsable bénévole du poste
de Trient en Suisse, nous déclare :
"Trient, qui est la plus petite commune traversée par The North
Face Ultra-trail du Mont-Blanc,
rassemble 120 bénévoles pour 150
habitants. Certes, tous ne sont pas
d'ici mais ils ont un lien avec la
commune et s'engagent en tant
que bénévoles pendant l'événement. C'est pour eux un moment
fort de rassemblement et de convivialité. C'est l'événement de l'année car il crée une véritable dynamique fédératrice."
La troisième catégorie concerne
les habitants en tant que participants et consommateurs du service proposé et/ou spectateurs du
véritable show offert par les organisateurs. Pour ce qui est des participants, il n'existe pas de statistiques précises concernant leur
représentativité sociologique (sexe,
âge, origine sociale), par rapport
a la population de l'EMB. Cependant, si l'on met de côté les variables sexe et âge dont la sousreprésentation (11 % de femmes
et 42,6 ans de moyenne d'âge sur
les quatre épreuves) est surdéterminée par la spécificité de ce type
d'effort extrême1141, on peut considérer, en croisant un certain
nombre d'informations (enquête
organisation et observation participante), que les différentes catégories sociales sont représentées,
même si des inégalités dans l'acces à l'événement persistent. Quant
aux 50 000 spectateurs estimés, ils
affichent une bonne répartition des
deux genres et des différentes catégories d'âge et ils représentent tous
(i4)
oimer BESSY,
"Sociologie des
pratiquants de
i extrême Le cas de
figure des
participants au Grand
les horizons SOCiaUX, dans la
Raid de La Reunion '
mesure où il s'agit d'une manifesrevue STOPS 2005
tation gratuite, accessible, animée, pp 57 72
NORTH2
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médiatisée et identitaire qui facilite la venue de tous.
The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc participe à une certaine forme d'équité sociale car il est
devenu en quelques années un espace/temps privilégié d'investissement pour tous les acteurs locaux, un
événement fédérateur pour les centaines de bénévoles,
et le rendez-vous annuel le plus populaire de la vallée de Chamonix. Il contribue ainsi à renforcer l'identité locale en permettant le partage d'une culture commune.
- Le principe économique est très largement respecté
par PUTBM, dans la mesure ou cet événement, même
s'il se déroule dans un temps limité, participe à la
diversification de l'économie locale en produisant des
retombées économiques directes et indirectes relativement importantes. D'après les entretiens réalisés
avec les acteurs économiques locaux et les résultats
de l'enquête réalisée par les organisateurs en 2009
portant sur 3 143 réponses, The North Face Ultratrail du Mont-Blanc est un véritable moteur de croissance économique pour l'EMB, principalement grâce
à une augmentation significative de la fréquentation
de la clientèle sur le territoire avant, pendant et après
la course :
- avant l'événement. 20 % des coureurs déclarent être
venus repérer le parcours, accompagnés de deux personnes, pour une durée de 4,5 jours, et 62 % d'entre
eux consomment à cette occasion de l'hébergement
(soit 9 900 nuitées payantes), de la restauration, des
transports et d'autres services. Les coureurs viennent
de plus en plus avant l'événement et en profitent pour
organiser un séjour entre amis ou en famille, voire
participer à un stage de préparation à l'épreuve. Ce
nouveau service, proposé par deux champions locaux
(Dawa Sherpa dans le cadre de l'UCPA et Vincent
Delebarre, membre du comité d'organisation et
conseiller pour le tracé du parcours) en relation avec
la revue Ultrafondus, montre le processus en cours de
"marchandisation" de l'événement ;
- pendant l'événement. Les traders viennent en
moyenne pour une durée de 4,4 jours, accompagnés
en moyenne de deux personnes qui ne courent pas,
soit au total un flux de 15 000 personnes supplémentaires pour l'EMB durant la dernière semaine
d'août. 73 % des coureurs consomment de l'hébergement, soit 50 300 nuitées payantes. On ne trouve
plus aucun hébergement disponible dans la vallée de
Chamonix et les communes alentour durant la dernière semaine du mois d'août, qui est désormais la
semaine la plus fréquentée de toute la saison touristique. Les traders consomment de nombreux biens et
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trail du Mont-Blanc, et qui
consomment toute l'année des
biens liés à leur pratique d'entraînement et de compétition.
La grande majorité des communes concernées des trois pays
retirent donc des retombées économiques importantes de cet événement. On constate toutefois des
différences substantielles liées à
l'histoire et à l'organisation de
l'événement : Chamomx est le
point de focalisation avec deux
départs (PTL et UTMB) et quatre
arrivées (CGC, TDS, UTMB et
PTL). Des représentations culturelles différentes du trail entre la
France, l'Italie et la Suisse expliquent aussi ces décalages d'engouement et de fréquentation.
La France est le pays qui en profite le plus : 62 % des traders sont
français et huit communes concernées sur quinze sont situées en
France. Parmi elles, c'est Chamomx
qui bénéficie des plus grosses
retombées économiques. En effet
si l'on cumule l'avant et le pendant
la course, Chamomx totalise
services durant leur séjour. Les restaurants sont bondés et tous les commerces, des plus spécialisés aux
plus basiques, bénéficient de retombées économiques
conséquentes. Un pass Ultra-trail a d'ailleurs été créé
pour permettre aux coureurs, ainsi qu'à leurs accompagnants, de bénéficier d'un accueil et de conditions
privilégiés dans tous les établissements affichant le
sticker spécifique "Bienvenue aux traders". Enfin, les
120 exposants du Salon de l'Ultra-Trail, qui s'étend sur
2 000 m2 en plein centre de Chamomx, profitent des
milliers de visiteurs présents captés par l'événement
pour se faire connaître et pour réaliser de bonnes
ventes, présentes ou futures. En effet, les deux tiers
des 30 000 visiteurs du salon y ont effectué des achats
(selon les organisateurs) ;
- après l'événement. Aucune enquête n'a été réalisée
sur les retombées indirectes après l'événement. Seuls
quelques éléments de réponse fournis par nos différents entretiens avec des acteurs et des participants
nous permettent d'affirmer qu'un certain nombre de
traders, surtout lorsqu'ils sont venus seuls, reprogramment un séjour de vacances en famille ou entre
amis sur les lieux de l'exploit. La connaissance de l'espace peut même générer des séjours d'hiver. Toutefois,
ces retombées restent à quantifier.
À ces flux financiers créés par les touristes il convient
d'ajouter ceux qui sont engendrés par les coureurs
locaux, dont le nombre a augmenté ces dernières
années dans la dynamique de The North Face Ultra-
Tableau 2
Décompte du nombre de nuitées consommées par les participants et leur famille,
par commune, avant et pendant la course
(source organisation)
Avant la course
%
3 028
49 %
684
11 %
305
5%
223
4%
131
2%
493
8%
438
7%
183
9
49
6l
55
545
NORTH2
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3%
0%
I %
I %
I%
9%
Communes
Chamomx-Argentiere
Les Mouches
Samt-Gervais
Les Contamines
Bourg-Samt-Maunce
Courmayeur
Champex-La Fouly
Trient
Vallorcme
Passy
Sallanches
Megeve
Combloux
Autres communes
Pendant la course
3l 840
5 131
I 757
824
233
3280
498
264
855
498
871
342
233
3685
%
63,29 %
10,20%
3,49 %
1,64%
0,46 %
6,52 %
0,99 %
0,53 %
1,70%
0,99 %
1,73%
0,68 %
0,46 %
7,32%
Total nuitées
34868
5815
2062
I 047
364
3773
936
264
I 038
507
920
403
288
4230
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34 868 nuitées, suivie par les
Houches avec 5 815 nuitées et
Samt-Gervais avec 2 062 nuitées
(cf. tableau 2). Tous les acteurs économiques rencontrés sont unanimes à ce sujet : The North Face (is)
Ultra-trail du Mont-Blanc leur
apporte une valeur ajoutée économique très importante.
D'après Jean-François
Cohgnon président
du bureau des guides
Pour Monsieur Payot-Pertin, de chamomx il y a
directeur du Super U et des Refuges une baisse
Payot à Chamomx, et élu à la significative de la
chambre de commerce et d'indus- demande pour ces
trie de la Haute-Savoie : "The
activités depuis
North Face Ultra-trail du Mont-
quatre a cinq ans en
Blanc est générateur de chiffres
d'affaires colossaux pour de nombreux commerçants. Chamomx ne
raison d une
evolution des
pratiques de
peut plus Se passer aujourd'hui de
montagne mais aussi
l'UTBM. C'est l'étape du Tour de
en raison de l'image
France, en mieux. C'est le premier
événement de la vallée. A titre
acadentogene de la
montagne
d'exemple, je SUIS partenaire à hau-
constamment relayée
teur de 40 000 euros et je récupère par les médias
un million d'euros en chiffre d'affaires additionnel".
(16)
L'Italie aussi tire bien son épingle D après Paul coquoz
du
jeu
Car
Courmayeur,
qui
directeur du magasin
accueille deux départs (CGC et
intersports a
TDS), bénéficie de 3 773 nuitées chamomx et
(493 avant la course et 3 773 pen- président de
dant), ce qui la classe en troisième
chamomx
position derrière Chamomx et les Promotion
Houches (cf. tableau 2). Une réelle (organisme de
dynamique économique est créée commercialisation de
par The North Face Ultra-trail du la vallée) "L'offre de
Mont-Blanc en Italie.
D'après
Federica
ski stagne depuis deux
Cortese,
ans Le marche est au
adjointe à l'environnement à la point mon"
mairie de Courmayeur et présidente de la fondation Montagne (i7)
sûre : "Courmayeur retire des EHCBARGET
bénéfices substantiels (hôtels, res- "Méthodologie du
taurants, commerces) de The North calcul d impact
Face Ultra-trad du Mont-Blanc, car économique des
cet événement provoque une aug- spectacles sportifs '
mentation du nombre de touristes dans Tourisme et
sur notre territoire et pas seulement sport, coii Les
pendant la semaine du trail ".
Cahiers Espaces
La Suisse est un peu en retrait, n° 52 ETE 1997,
mais elle n'a que deux communes pp 164 176
NORTH2
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concernées par l'événement et ne jouit d'aucun départ
et d'aucune arrivée étant donnée sa proximité géographique avec Chamomx. Champex est certainement la station à qui The North Face Ultra-trail du
Mont-Blanc a le plus profité, avec une progression de
la clientèle à l'année. Elle profite de 498 nuitées pendant la course. Trient ne vit l'été que grâce à la randonnée (point de passage du Tour du Mont-Blanc) et
à The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc qui lui
apporte de 264 nuitées pendant l'épreuve (cf.
tableau 2).
The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc est un
événement très structurant pour l'économie locale car
il crée un nouveau marché, qui vient compléter le marché de la randonnée en plein essor et contrebalancer
la stagnation des pratiques d'alpinisme"" et de ski"61.
La clientèle du trad n'est, en effet, pas la clientèle classique de Chamomx ou de Courmayeur. Ce transfert
économique est particulièrement important pour une
station comme Chamomx qui vit autant en été (47 %)
qu'en hiver (53 %). Grâce à The North Face Ultratrail du Mont-Blanc, Chamomx est la seule station
de montagne qui affiche complet la dernière semaine
d'août.
Paul Coquoz, directeur du magasin Intersport à
Chamomx et président de Chamomx Promotion (organisme de commercialisation de la vallée) reconnaît
que, "d'une manière générale, l'événementiel sportif est
très structurant pour l'économie locale avec le Kandhar
pour le ski en janvier, l'étape de Coupe du monde d'escalade début juillet, la Fête des guides le 15 août et
The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc la dernière
semaine d'août, car leurs dates permettent d'étendre
la saison touristique en l'avançant et en la rallongeant.
Reste qu'aujourd'hui, il n'y a pas photo, c'est The
North Face Ultra-trail du Mont-Blanc qui crée la plus
grosse dynamique économique car il est devenu une tribune extraordinaire, avec son salon notamment. Il a
su s'adapter a la nouvelle demande montagnarde et
il fait venir au pays du Mont-Blanc une clientèle plus
modeste qui ne serait jamais venue sans The North
Face Vltra-trail du Mont-Blanc. Aujourd'hui, la place
consacrée aux équipements propres au trail est plus
importante dans les devantures des magasins de sports
de Chamomx que celle réservée à l'alpinisme".
Reste qu'une mesure plus complète et précise des
impacts économiques directs et indirects de The North
Face Ultra-trail du Mont-Blanc sur le territoire de
l'EMB est un exercice très difficile à mener"71. Elle
nécessite la mise en œuvre d'une méthodologie scientifique fondée sur l'utilisation d'un multiplicateur
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régional afin d'évaluer le plus justement possible la
croissance économique endogène.
• Le principe écologique est largement respecté dans
la mesure où la préservation de l'écosystème est la
priorité absolue des organisateurs, et ce depuis la première édition. Véritable positionnement marketing,
cette vigilance environnementale est en cohérence avec
la vulnérabilité du heu investi et avec la politique
volontariste de protection de l'environnement menée
au sein de l'EMB, mais aussi avec la sensibilité écologique montante dans la société, dans le sport et chez
les traders en particulier, au regard de leur terrain d'expression. Il est important de préciser à ce propos que
le trail comme la randonnée pédestre sont des pratiques peu dégradantes pour l'environnement, sauf
lorsque les conditions météo transforment les sentiers
en rivières de boue. Cette pratique à pied est moins
"agressive" que le VTT et, a fortiori, les pratiques
motorisées.
En matière d'environnement, l'objectif poursuivi
par les organisateurs est double : minimaliser l'empreinte écologique de l'événement et en faire un espace
temps privilégié de sensibilisation à la protection de
l'environnement pour l'ensemble des personnes concernées. Pour donner de la consistance à leurs propos,
les organisateurs combinent plusieurs actions concrètes
dans des secteurs varies (transports, déchets, comportements des coureurs, balisage, logistique, communication...).
Ils privilégient une gestion raisonnée des transports
en incitant au covoiturage et à l'utilisation des transports en commun pour se rendre à Chamomx. Une
page du site internet est d'ailleurs dédiée au covoiturage. D'après les organisateurs, 46 % des coureurs et
64 % des bénévoles venus en voiture l'ont fait en
covoiturage. Dans le même esprit, ils incitent, grâce
à des tarifs préférentiels, à l'utilisation des transports
en commun durant l'événement, et mettent gratuitement à la disposition des coureurs et des bénévoles
des navettes pour se rendre sur les différents lieux du
parcours, et notamment à Courmayeur. Les résultats
sont plutôt probants puisque, selon les organisateurs,
11 300 personnes ont été transportées en 2009, contre
10 400 en 2008 et 32 % des accompagnants ont utilisé les bus de l'organisation. En 2010, les organisateurs
ont été encore plus loin en fermant la route aux voitures de 19 h à 21 h entre le Fayet et Samt-Gervais,
obligeant ainsi le public à utiliser les bus mis à disposition pour voir passer les coureurs de The North
Face Ultra-trail du Mont-Blanc dans Saint-Gervais.
Une forte priorité est donnée aussi à la réduction
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(18)
Cette mesure a
permis de diminuer
de 90 000 le nombre
de gobelets sur les
trois courses (source
organisation)
des déchets : sont combinées des
mesures incitatives (travail sur la
signalétique, utilisation des toilettes
adéquates...) et des mesures obligatoires (sac de transport des
déchets, gobelet personnel en
20091181). Par ailleurs, l'utilisation
de l'eau du réseau public est optimisée afin de diminuer le nombre
de bouteilles plastiques.
Un travail important est également mené sur le comportement
des coureurs qui doivent signer une
charte éthique de bonne conduite
les engageant à ne rien jeter par
terre, à suivre les recommandations, à ne pas couper les chemins
pour éviter l'érosion des sols et à
respecter la faune comme la flore.
Un écobalisage est utilisé afin de
minimiser les effets néfastes sur
l'environnement, et la logistique
technique est optimisée afin de
réduire à son strict minimum
l'usage de véhicules à moteur en
privilégiant la marche et le transport à dos de mulet. Par exemple,
il n'y pas d'hélicoptère qui survole
l'épreuve pour transporter des journalistes.
Enfin, la communication privilégie l'outil internet, aussi bien pour
les coureurs (téléchargements de
documents) que pour les bénévoles
(création d'un espace numérique
propre à l'organisation) afin de
diminuer la consommation de
papier.
Toutes ces actions ont permis à
l'association Les Traders du MontBlanc de signer en 2007, dès la cinquième édition, un contrat éthique
de partenariat avec la CTMB, et
d'obtenir ainsi pour The North
Face Ultra-trail du Mont-Blanc, le
label qualité EMB. En effet, cet événement respecte les trois grands
principes de la charte qualité EMBMamfestations, à savoir : "minimiser les nuisances inhérentes à la
course pédestre, lutter contre les
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gaspillages de matière et d'énergie,
inciter les individus a adopter des
attitudes responsables envers l'environnement". Il est précisé, dans le
contrat signé le 28 juillet 2007, à
Courmayeur que : "la CTMB soutient à titre expérimental la manifestation en tant que manifestation
éco-responsable et accorde a l'association Les Trailers du MontBlanc le droit d'utiliser le logo
EMB pour l'année 2007". Ce
contrat a été signé au siège de la
Fondation montagne sûre, à
Courmayeur, ce qui est très symbolique. Daméla Dufour, administratrice de la fondation, nous
déclare à ce propos : "C'est le premier contrat éthique de partenariat signé en matière de durabihté
d'un événement sportif en montagne".
L'analyse tant des discours que
des actions montre que The North
Face Ultra-trail du Mont-Blanc
peut être considéré aujourd'hui
comme un modèle en matière
d'événement écoresponsable, et
comme une véritable tribune au
service du développement durable.
Il répond ainsi aux exigences nationales en la matière, mais aussi et
surtout aux exigences locales de
placer la protection de l'environnement au cœur du développement
des territoires. Il ouvre la voie à
une généralisation de l'esprit de
durabihté dans l'organisation
d'événements sportifs de nature.
• Le principe politique est respecté,
dans la mesure où The North Face
Ultra-trail du Mont-Blanc permet
d'accroître les occasions de collaborations politiques entre les trois
pays concernés, et de conforter un
projet politique commun a l'échelle
du territoire de l'EMB. Ce projet
vise à un équilibre entre le renforcement de Pattractivité de la destination par rapport à la concurrence et la recherche de durabihté
NORTH2
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au sein d'un espace fragilisé par l'urbanisation, les
transports et le tourisme de masse. Les principaux
acteurs politiques locaux sont unanimes.
Pour Jean-François Lattion, président d'Orsières en
Suisse : "The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc
représente un rapprochement transfrontalier au service d'une cause commune : la montagne et ses habitants. Cet événement ne pourrait exister sans l'appui
et la participation des communes de l'EMB. Surtout,
il n'aurait aucun sens".
Selon Fedenca Cortese, "l'UTMB est une opportunité unique de rencontre et de collaborations avec nos
voisins français et surtout avec Chamomx, pour donner a l'Espace Mont-Blanc une cohérence et une légitimité plus forte".
Enfin, Eric Fournier, maire de Chamomx, nous
déclare : "L'UTMB s'inscrit aujourd'hui dans une
volonté politique partagée par les trois pays concernes
de faire de cet événement un outil au service du projet de territoire qu'incarné l'Espace Mont-Blanc. Ce ne
sont pas uniquement des mots. C'est une réelle alchimie. Les choses avancent avec mes collègues suisses
et italiens et l'UTMB y est pour quelque chose car il
est un vecteur de reconnaissance du territoire".
Ainsi, de toute évidence, The North Face Ultra-trail
du Mont-Blanc contribue au développement territorial de l'EMB : il va dans le sens d'une équité territoriale ; il respecte une certaine forme d'équité sociale ;
il contribue à une croissance économique endogène ;
il agit pour l'environnement et s'inscrit dans le projet politique local. Plus qu'un simple événement sportif, The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc est
aujourd'hui une véritable ressource territoriale au service de l'EMB. En effet, l'EMB ne se réduit pas à un
simple échelon spatio-administratif et s'impose comme
un construit social permanent, au sein duquel l'UTMB
joue un rôle non négligeable en favorisant les relations entre acteurs.
Éric Fournier résume bien la contribution de The
North Face Ultra-trail du Mont-Blanc au développement territorial de l'EMB lorsqu'il nous déclare :
"Nous casserions le pacte d'équité si Chamomx prenait tout. Chamomx est simplement la locomotive et
le camp de base de l'UTMB, mais nous travaillons
ensemble par rapport à un territoire commun qui est
le fruit de notre histoire. Je ressens une forte adhésion
de la population à cet événement, une véritable communion même. Au-delà du couple classique montagneski, le trail prend une place de plus en plus importante à Chamomx, en s'installant a l'année et en ayant
une réelle traduction économique pour toute la
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branche des prestataires concernés. L'UTMB est aussi
un événement exemplaire en matière d'éco-citoyenneté. On va d'ailleurs s'en servir comme modèle pour
définir des critères à l'aune desquels nous pourrons
juger nos événements, et tendre ainsi vers une écoconditionnahté."
S'il fait aujourd'hui l'unanimité, The North Face
Ultra-trail du Mont-Blanc présente toutefois des limites
dans sa contribution à la dynamique territoriale locale.
• Des limites géographiques. Si quantitativement,
toutes les communes les plus investies dans l'EMB
sont concernées, qualitativement elles ne sont pas
toutes impliquées au même niveau. Leur position sur
le parcours, le fait qu'elles ne possèdent pas de départ
ou d'arrivée, l'histoire même de l'événement qui est
né à Chamonix, expliquent en grande partie ces déséquilibres géographiques. Néanmoins, des ajustements
et des améliorations dans l'implication de certaines
communes sont possibles et restent à mener dans le
souci d'une plus grande équité territoriale. À titre
d'exemple, pourquoi ne pas offrir à la Suisse, qui est
le pays le plus délaissé par la configuration actuelle
de l'événement, un départ et notamment celui de la
PTL, sachant que cette épreuve porte de surcroît le
nom (Léon) de l'actuel président des Traders de Suisse ?
• Des limites sociologiques. S'il ne semble pas y avoir
d'acteurs locaux délaissés par l'événement, il existe
en revanche une catégorie de la population qui est
très peu présente, ce sont les jeunes, tant chez les bénévoles que chez les participants. Du côté des coureurs,
les "espoirs" ne représentent par exemple que 33 coureurs sur 5 600, et si l'on croise avec la variable genre,
il n'y a que deux femmes. Il s'agit là d'une caractéristique sociologique récurrente que l'on observe dans
toutes les pratiques extrêmes"'". Dès lors, il semble
que les organisateurs auront du mal à l'inverser. En
revanche, du côté des bénévoles, un travail plus approfondi de mobilisation de la population jeune est certainement réalisable et en tout cas souhaitable, si l'on
considère que les jeunes représentent l'avenir du territoire. Didier Joseph, directeur de l'office de tourisme
des Houches, nous confiait à ce propos :
"L'organisation doit faire un effort de séduction en
direction des jeunes car nous sommes dans une vallée jeune, notamment aux Houches."
• Des limites économiques. Comme tout événement
qui se développe, The North Face Ultra-trail du MontBlanc se "marchandise" en créant des flux financiers
de plus en plus importants, sous la double pression
des agents économiques et de la demande croissante.
Un certain nombre de voix s'élèvent aujourd'hui pour
NORTH2
9037476200505/GDF/OTO/3
(19)
Olivier BESSY op c/t,
2005
condamner tour à tour "le gigantisme" de cet événement, "la redistribution inégale des bénéfices" et
la transformation en "grande foire
du trail", en faisant référence au
Salon de PUltra-Trail.
Au sujet du "gigantisme", il est
clair que, avec 5 500 participants et
environ 100 000 personnes présentes à Chamonix durant les cinq
jours de la manifestation, les organisateurs sont arrivés à un point
de rupture. Il serait dangereux de le
dépasser car cela irait à l'encontre
du positionnement éthique initial
de l'événement. "Il y a des seuils à
ne pas franchir par rapport à l'environnement. Il est nécessaire de
mettre en place des indicateurs précis" (Pierre Oudot, directeur de
l'Ensa).
À propos de "la redistribution
inégale des bénéfices", on ne peut
mer que ce sont aujourd'hui les
partenaires marchands et les commerçants qui"touchent le gros
lot". On peut peut-être imaginer
que les acteurs publics environnementaux, culturels et sportifs profitent davantage des retombées de
cet événement. De nouveaux dispositifs de redistribution sont à
inventer.
En ce qui concerne le Salon de
l'Ultra-trail, on peut se poser légitimement la question de savoir
pourquoi il ne privilégie que la
logique économique en contradiction avec la démarche de développement durable prônée par cet
événement. Un "éco-village" qui
rassemblerait toutes les organisations économiques, mais aussi
environnementales et socioculturelles, est sans doute une idée à
creuser.
• Des limites environnementales.
En dépit de son statut d'événement
écoresponsable et de la signature
d'un contrat éthique de partenariat avec l'EMB qui l'engage à
JANVIER 11
Mensuel
6 RUE CELS
75014 PARIS - 01 43 27 55 90
N° de page : 19-39
Page 21/21
minimiser son empreinte écologique, thé North Face Ultra-trail
du Mont-Blanc présente une réelle
limite liée à l'augmentation
constante du nombre de personnes
présentes lors de l'événement. En
effet, plus on augmente le nombre
de participants et plus les impacts
sur l'environnement sont importants. De surcroît, cette croissance
du nombre de traders multiplie le
nombre de personnes qui se déplacent pour venir des quatre coins
de l'hexagone et de la planète, augmentant ainsi la pollution par les
transports utilisés pour se rendre à
Chamomx et se déplacer sur l'ensemble du parcours. Une étude très
précise sur les impacts environnementaux de l'événement reste donc
à mener pour vérifier que le principe écologique est vraiment respecté.
• Des limites politiques. Les cultures et fonctionnement politiques
propres à chaque pays représentent toujours un frein, qui rend la
réalisation d'un projet de territoire
partagé, en l'occurrence celui de
l'EMB, très difficile. Le rôle joué
et reconnu par thé North Face
Ultra-trail du Mont-Blanc dans ce
projet n'échappe pas à ce contexte.
"Chamomx a pu vivre hier sans
The North Face Ultra-trail du
Mont-Blanc mais ne pourrait pas
vivre sans demain". Cette phrase,
citée par René Bachelard, président des Traders du Mont-Blanc
et figure emblématique locale,
montre à quel point cet événement
participe aujourd'hui à la dynamique du territoire de l'EMB. Plus
qu'un événement sportif, il s'impose grâce à ses caractéristiques
structurantes et innovantes comme
une ressource territoriale majeure
pour l'EMB, pour Chamomx, mais
aussi indirectement pour d'autres
NORTH2
9037476200505/GDF/OTO/3
(20)
Olivier BESSY (dir).
Sports, loisirs,
tourisme et
développement durable
des territoires PUS
2008
(2l)
Extrait d un entretien
avec Jean-Michel
Bouteille responsable
des ressources
humaines a la mairie
de Chamomx
territoires. En effet, cet événement entraîne une augmentation de la participation à des trails et impulse
la création de nouveaux trails, localement et à l'extérieur.
The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc produit
ainsi de fortes retombées économiques, directes et
indirectes, pour le territoire. Plus globalement, il symbolise bien le passage du paradigme productivité,
lié à une micro-économie sportive, au paradigme territorial, davantage structuré par une macro-économie englobant toutes les dimensions du territoire. Il
pose alors de manière cruciale la question de la compatibilité entre la recherche d'une attractivité plus
grande pour un territoire et la poursuite de l'objectif
de durabilité1201.
The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc représente aussi un enjeu culturel fort, car il permet de
faire connaître l'EMB à l'ensemble de la population.
"Le Chamomard moyen ne connaît pas l'Espace
Mont-Blanc. Il va assez rarement en Suisse ou en
Italie. Grâce à The North Face Ultra-trail du MontBlanc, il comprend le lien très fort qui unit les trois
pays et il s'ouvre à la culture valdautame et valaisanne. The North FaceUltra-trail du Mont-Blanc
donne de la chair a l'EMB"'21'.
The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc peut
être également considéré comme un modèle en matière
de protection de l'environnement, devenant emblématique du territoire et partageant le grand défi de
notre société actuelle autour du développement
durable.
Mais cet événement va plus loin et s'inscrit résolument dans l'avenir, car il participe au développement de l'EMB, qui est la seule entité territoriale qui
aura demain la légitimité institutionnelle et la puissance financière suffisante pour aller se vendre à
l'étranger. L'UTBM permet ainsi le passage d'un événement exemplaire à une politique exemplaire.
Il n'empêche qu'un certain nombre de limites ont
été soulevées, qui doivent être considérées comme
autant de pistes à explorer, dans un souci constant
de cohérence entre les discours et les actes, mais aussi
d'amélioration de la contribution de cet événement au
sein de l'EMB. Il ne faut pas oublier non plus que, à
l'image de n'importe quel événement sportif de nature,
The North Face Ultra-trail du Mont-Blanc reste fragile car soumis à des impondérables climatiques.
L'édition 2010 l'a rappelé. Enfin, on peut se demander si Chamomx peut devenir la capitale mondiale
du trail en complément de son statut déjà reconnu
de capitale mondiale de l'alpinisme ?
•

fhe NÔrth Face Ultra-traïF du Mont-Blanc i Un outil de

Transcription

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