l`union agricole - SAFER Marche
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l`union agricole - SAFER Marche
ASSISES FONCIÈRES 2016 L’installation au cœur des préoccupations des acteurs du foncier agricole Segmentation du marché foncier Au-delà des chiffres, les Assises foncières organisées à Chamborand (Creuse) par la Safer Marche Limousin ont été l’occasion de revenir sur la problématique de « l’accompagnement des nouveaux installés en Limousin. » Les acteurs de l’installation, comme Claude Souchaud pour la Chambre d’agriculture de la Haute-Vienne, ou Geneviève Barat pour la Région Nouvelle-Aquitaine, ont réaffirmé l’engagement de leur organisation pour trouver des solutions permettant d’installer des jeunes, en leur fournissant notamment les moyens d’accéder à des terres. Actuellement, plus de la moitié des exploitants de plus de 55 ans n’ont pas d’acquéreur déclaré pour leur exploitation. O rganisées par la Safer Limousin, les Assises foncières qui se sont tenues le 14 octobre à Chamborand (Creuse) ont évidemment été l’occasion de présenter les chiffres du marché 2015. Mais l’exercice reste délicat, comme l’a fait remarquer Geneviève Doncœur (Société de conseil pour l’aménagement foncier rural - Scafr) lors de son exposé : une moyenne de prix « peut cacher d’énormes disparités. Dans une région où la moyenne est à 4 250 par hectare en euros constants, on trouve des terres à plus de 15 000 euros. » Elle constatait également que « dès qu’une parcelle peut être retournée, vous atteignez les prix des grandes cultures. Un phénomène qui commence à arriver par chez vous, notamment par la Vienne. » D’obscurs capitaux Autre phénomène aujourd’hui bien identifié : « L’acquisition faite par des sociétés agricoles plutôt que par des personnes physiques. Il y a un bond, ces dernières années, des achats de terre via des GFA ou des SCI, des sociétés dont il est difficile de voir qui les contrôle. » Cette opacité, Geneviève Barat, vice-présidente de NouvelleAquitaine, chargée de la Ruralité, du Vivre ensemble, de la Vie associative et de la Citoyenneté, l’a dénoncée avec fermeté : « Cette financiarisation de l’économie qui fait de la terre une valeur refuge ne correspond pas à ce que doit être la terre qui, avant tout, sert à nourrir. Les Safer avaient été créées pour ça, pour que le foncier garde sa vocation première : nourrir. La Pac a poussé à l’agrandissement, avec des aides à l’hectare et non pas à la valeur ajoutée. Sur ces sujets, l’État doit avoir son mot à dire et trouver des modèles économiques plus pertinents qui permettent à l’agriculteur d’en tirer un revenu. » Claude Souchaud, représentant de la Chambre d’agriculture de la Haute-Vienne, plus particulièrement en charge du volet Installation, s’est également ému de ce « foncier agricole qui est en train de changer de main. Même chez nous, il y a des exploitations qui changent de main et on ne sait pas qui les reprend. Je crois qu’il faut réagir, ne pas attendre que les choses se fassent sans nous. » Plusieurs outils, notamment en lien avec l’installation, ont été mis en place. « Quand on travaille dans le foncier, il faut un arsenal. On ne peut pas s’appuyer sur un outil unique », rappelait Geneviève Barat, avant de se féliciter que « le modèle Limousin de stockage de foncier est en train de séduire les autres acteurs de la nouvelle région. » Réagissant à l’intervention d’un représentant de la Confédération paysanne qui dénonçait l’agrandissement comme vecteur de déprise agricole, Jean-Marie Colon, président des Jeunes Agriculteurs de la Creuse, assurait que dans son département « l’agrandissement ne produisait pas de déprise agricole. Je ne connais pas de terrains qui partent à la friche. » Sans partir à la friche, des terres ne sont plus agricoles lorsqu’elles sont artificialisées. Catherine Lavaud (Draaf) revenait sur ce phénomène et précisait que l’artificialisation n’est pas forcément « du bâti. À 50 %, il s’agit de non-bâti comme les routes, les parkings... » En Haute-Vienne, le phénomène a connu une progression de + 10 % depuis 2006. « Les sols agricoles les plus vulnérables pour basculer sont ceux qui sont en prairie artificielle ou prairie permanente. » L’inverse existe, des espaces artificialisés qui redeviennent agricoles ou naturels, « mais c’est plus rare. » Jouer collectif Finalement, qui parle terres agricoles en vient à parler installation et, dans les trois anciennes régions de Nouvelle-Aquitaine, la situation semble identique : plus de la moitié des exploitants de plus de 55 ans n’ont pas d’acquéreur déclaré. « Chez nous, comme en Limousin, déclarait Pierre Pouget, directeur de la Safer Aquitaine, la question de la transmission est posée. Cinquante pour cent des surfaces sont exploités par des plus de 55 ans. Je crois qu’un seul organisme ou collectivité n’aura pas les moyens de faire face à l’ampleur du problème. Si la Région peut être chef de file sur ces questions, je crois qu’il faut mobiliser d’autres acteurs comme les filières agricoles par exemple. On ne gagnera que si on est en capacité de jouer le plus collectif possible. » Même son de cloche du côté de Patrice Coutin, président de la Safer Poitou-Charentes - Vendée : « Il nous faut réagir, car même si nous constatons un recul de la consommation des espaces agricoles, il faut rester mobilisé. En 10 ans, il y a eu beaucoup de gaspillage. Beaucoup de terres ont quitté l’agriculture pour permettre la construction d’importants ouvrages d’art. Heureusement, depuis 2004, nous avions mis en place une convention de stockage avec la Région Poitou-Charentes. Nous pouvions stocker une exploitation pendant deux ans, le temps de trouver des jeunes à installer, et notamment des hors-cadre familiaux. » Jean Mouzat, maire de Chanteix et vice-président de l’agglomération de Tulle, demandait que la « ruralité ne soit pas qu’un mot à la mode. Quand j’ai été élu à l’agglomération de Tulle, 37 communes tout de même, j’ai fait un premier constat : j’étais le seul maire paysan. Alors que l’agriculture a un rôle économique indiscutable sur les territoires, un rôle social, culturel, les paysans ne sont plus impliqués dans la vie de ces territoires... » de l’espace rural en Haute-Vienne en 2015 en surface (ha) 51 % Installation 24 % Agrandissement 14 % Maintien de fermiers en place Marché agricole Jean-Luc Niveau, président de la Safer Marche Limousin, a ouvert les Assises foncières le 14 octobre à Chamborand (Creuse). Il a rappelé que les trois Safer de Nouvelle-Aquitaine travaillaient actuellement à leur rapprochement. Bernard Rebière, directeur régional adjoint à la Chambre d’agriculture Nouvelle-Aquitaine, a présenté le Centre de ressources du foncier agricole (CRFA) qui vise à rassembler toutes les données disponibles pour les mettre à disposition des partenaires. 8 % Opérations forestières 7 364 ha 2 % Biens ruraux 1 % Opérations pastorales Sources : Safer CRA IV 6-2 Orientation en faveur de l’installation en nombre de dossiers 2015 43 % Bovin viande 14 % Ovin viande 5 % Lait Marché des collectivités 50 ha 14 % Culture ou polyculture-élevage Marché de l’artificialisation 165 ha Catherine Lavaud (Draaf) a répondu à Claude Souchaud qui s’était emporté sur la révision des Zones défavorisées. Elle a tenu à rassurer la salle, assurant qu’il s’agissait d’une première étape et que toutes les communes écartées actuellement des Zones défavorisées ne le seraient pas forcément. Matthieu Carlini (Réseau Chambre d’agriculture) a présenté une étude « d’intérêt général visant à détecter les surfaces à potentiel maraîchage sur l’ensemble du Limousin ». Seules les données « eau potable », pour laver les légumes, n’ont pu être intégrées. « Nous n’avons pas pu récupérer ces données jugées sensibles. » 24 % Productions diversifiantes Marché des loisirs 242 ha Marché des résidences 730 ha Marché forestier 1 093 ha Sources : Safer NT 01 Sources : rétrocessions Safer T47C Limousin Orientation des opérations Safer en surface en 2015 50 % Installation Évolution des prix des terres libres en euros courants par hectare 8000 Orientation des opérations Safer en surface en 2015 S. M. 8 000 €/ha Haute-Vienne Le marché agricole 21 % Agrandissement Le marché agricole, qui correspondait déjà à plus de 70 % du marché global en 2014, a de nouveau connu une forte progression en 2015. 13 % Maintien de fermiers en place Le marché forestier 7 670 10 % Opérations forestières Toujours en progression depuis 2013, le marché forestier est en forte hausse en 2015, en raison de dossiers concernant un massif important. 7 000 €/ha 7000 3 % Biens ruraux 2 % Opérations pastorales Le marché des maisons à la camapgne 6 010 6 000 €/ha 6000 5 000 €/ha 5000 4 430 4000 4 000 €/ha 3 110 2 000 €/ha 1999 2000 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Ex-Aquitaine Sources : Safer-SSP-Terres d’Europe-Scafr-INRA page 10 Marc Emery (Safer Marche Limousin) est revenu sur le marché foncier. « Il y a eu beaucoup moins d’achats liés aux routes, dû à une baisse conséquente jamais vue en Limousin des travaux menées par les collectivités. » Forêt : stagnation des surfaces vendues 3 000 €/ha 3000 2000 Jean Mouzat, maire de Chanteix, a rappelé que, dans son secteur, 52 % de la surface était aujourd’hui boisée, alors que « deux siècles en arrière, c’était 17 ou 18 %, et encore, il y avait des châtaigneraies qui étaient avant tout vivrières. » L’UNION AGRICOLE Ex-Limousin Ex-Poitou-Charentes France Le marché de la forêt de Nouvelle-Aquitaine pèse aux alentours de 90 000 ha, dont 4 000 ha en Limousin. « Il y a eu peu de variations d’une année sur l’autre, a commenté Geneviève Doncœur (Scafr). La forêt reste une valeur refuge pour quelques propriétaires. » En Limousin, les ventes concernent principalement des petites surfaces entre 5 et 20 ha. Chantal Dupré-Zakarian, vice-présidente d’Unisylva, a rappelé que la multiplication des petits propriétaires rend la gestion de la forêt limousine difficile. « On a connu deux tempêtes, l’une en 1982, l’autre en 1999. En 1999, on a retrouvé les bois tombés en 1982, car personne n’avait pu y accéder. Il faut que les propriétés s’agrandissent. Un demi ou un hectare ce n’est pas suffisant pour faire une gestion durable. Je crois que nous sommes dans le bon chemin. » 4 novembre 2016 Le marché des maisons à la campagne est le segment qui, en dehors du marché forestier, a réalisé un véritable bon en avant en 2015. À grande échelle, il entraîne avec lui une diminution des surfaces agricoles exploitées, avec des situations précaires pour les agriculteurs, en l’absence de bail. Le marché des loisirs < 2 % Réorientations non-agricoles et remaniements parcellaires. Sources : Safer CRA IV 6-2 Orientation en faveur de l’installation en nombre de dossiers 2015 Le marché des loisirs peut trouver son origine dans la vente d’îlots de petite surface. À grande ampleur, ce marché participe à la diminution des surfaces exploitées par les agriculteurs et exerce une pression sur les prix du marché agricole. 27 % Bovin viande 16 % Ovin viande Le marché des collectivités 9 % Lait La rigueur économique et financière est davantage perceptible au niveau des acquisitions réalisées par les collectivités : peu de projets émergent. 21 % Culture ou polyculture-élevage 27 % Productions diversifiantes Le marché des terrains à bâtir Le marché des terrains à bâtir est particulièrement stable depuis 2013. Les lots de terrain à bâtir sont désormais plus petits qu’il y a 10 ans et le marché bénéficie de taux d’emprunt de plus en plus favorables pour la création d’une résidence principale. Sources : rétrocessions Safer T47C L’UNION AGRICOLE page 11