Carcinomes épidermoïdes muco-cutanés Cheval
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Carcinomes épidermoïdes muco-cutanés Cheval
Cheval Carcinomes épidermoïdes muco-cutanés SYNTHÈSE Les traitements disponibles Tumeurs très fréquentes, les carcinomes muco-cutanés métastasent relativement peu mais les récidives locales sont nombreuses. Dans Equine Veterinary Education de juillet 2013, Taylor et coll. font le point sur l’épidémiologie de ces cancers et sur les traitements disponibles. Les carcinomes épidermoïdes muco-cutanés (CEMC) sont les deuxièmes tumeurs cutanées les plus fréquentes chez le Cheval, et les deuxièmes tumeurs les plus fréquentes d’une manière générale. L’exposition chronique aux UV semble un facteur étiologique majeur. La nature des CEMC est très variable, il peut s’agir de cancers à croissance lente ou rapide, plus ou moins malins, ils sont localement invasifs et métastasent dans environ 19 % des cas. Les lésions précoces peuvent se présenter sous la forme de petits nodules superficiels recouverts d’une peau normale. Cependant, des ulcérations et une nécrose peuvent se présenter au fur et à mesure de l’évolution. Une localisation semble plus péjorative que d’autres : il s’agit de l’atteinte pénienne chez de jeunes chevaux (moins de 8 ans) pour laquelle on constate fréquemment des métastases au niveau des nœuds lymphatiques satellites. De manière identique, la localisation gastrique est de mauvais pronostic avec 68 % de métastases et une survie médiane de 4 semaines. La localisation la plus fréquente des CEMC est la région périorbitaire (oculaire et annexielle) qui constitue 72 % de l’ensemble. Les structures les plus atteintes sont dans l’ordre : la paupière, la troisième paupière, la cornée, le limbe, la conjonctive, l’orbite. Puis viennent les localisations génitales (13 %), celles concernant la face et les oreilles (5 %), la région périanale (5 %), les extrémités (3 %). Une prévalence plus élevée des CEMC périorbitaires est observée dans différentes races : paint horse, quarter horse, Appaloosa et chevaux lourds. La localisation pénienne et préputiale se rencontre plus volontiers chez l’Appaloosa et le quarter horse. L’âge moyen d’apparition des CEMC périorbitaires est de 13 ans alors que les localisations péniennes concernent des animaux plus âgés (moyenne d’âge de 20 ans). Un papillomavirus en cause Si l’exposition aux UV est un facteur de risque bien identifié, un nouveau papillomavirus équin, appelé Equus caballus papillomavirus 2 (EcPV2) a récemment été identifié, détecté dans 100 % des lésions oculaires et génitales (50 % chez des chevaux sains). Ceci suggère que l’infection par ce virus est nécessaire mais pas suffisante pour induire une transformation maligne. Le diagnostic différentiel inclut les sarcoïdes, papillomes (particulièrement en ce qui concerne l’appareil génital et la troisième paupière), les mastocytomes, les chéloïdes, l’habronémose, les phycomycoses, les lymphomes cutanés et les mélanomes. Le diagnostic de certitude est histologique. Une recherche d’éventuelles métastases doit être systématiquement réalisée car celles-ci assombrissent considérablement le pronostic. Chez le Cheval, les CEMC sont gradés comme en pathologie humaine, de G1 à G3 en fonction de l’aspect de la tumeur. Ce grade est assez bien corrélé à l’éventualité de métastases. Traitements disponibles Le traitement est d’autant plus efficace qu’il est initié précocement, les auteurs passent en revue les diverses techniques disponibles : • Exérèse chirurgicale : elle est possible quand on peut obtenir une marge saine de 0,5-1 cm mais les récidives sont nombreuses, au niveau oculaire, sans traitement adjuvant. Plusieurs techniques sont disponibles pour le pénis, allant de la phallectomie partielle à l’exérèse en bloc du pénis. L’utilisation du laser CO2 permet, en cas d’exérèse partielle, d’améliorer le pronostic. • Cryothérapie : elle est indiquée pour les lésions précoces en complément de l’exérèse chirurgicale. • Hyperthermie : quelques publications font part de l’intérêt de cette technique, toujours en complément de l’exérèse. • Radiothérapie : peu disponible en Europe. Quelques publications américaines font part d’excellents résultats. • Chimiothérapie : elle peut être topique ou intralésionnelle. Des résultats encourageants ont été obtenus avec le cisplatine, le 5 fluorouracile, la mitomycine C et la bléomycine. Le cisplatine peut être employé en injection ou avec des dispositifs à libération prolongée. Pour le cisplatine, le protocole comprend 4 injections à 2 semaines d’intervalle à la dose de 1 mg / cm3. Les auteurs détaillent ensuite les protocoles concernant les autres antimitotiques cités. Le 5 FU, notamment, est très utile en traitement topique pour les tumeurs superficielles et les lésions précancéreuses. Comme pour tous les cancers, le traitement est d’autant plus efficace qu’il est commencé tôt. TAYLOR (S) : A review of equine mucocutaneous squamous cell carcinoma. Equine Veterinary Education. 2013. Vol 25, N°7, p 374-378. N°319 du 13 au 19 février 2014 24