Usinage de pièces en béryllium ou en alliage aluminium

Transcription

Usinage de pièces en béryllium ou en alliage aluminium
Fiche d’Information et
de Prévention
FIP 7
Usinage de pièces en béryllium
ou en alliage aluminium-béryllium
M o t s C l e f s ( A c t i v i t é – M é t ie r – P o s t e d e t r a v a i l – N u i s a n c e )
INDUSTRIE NUCLEAIRE - USINAGE - TOURNAGE - FRAISAGE - BERYLLIUM METAL - ALLIAGE BERYLLIUM - PREVENTION - CANCER
PROFESSIONNEL
Description de l’activité, du métier, du poste
Description de l’activité :
- Usinage du béryllium métal ou des alliages de béryllium, à sec ou
avec un fluide de coupe.
- L’usinage des pièces est régulièrement interrompu pour vérifier les
cotes : la pièce est d’abord nettoyée avec un produit en aérosol pour
éliminer l’excédent de fluide de coupe, puis essuyée avec un papier
absorbant. Les cotes sont vérifiées et l’usinage est repris si besoin.
- Ebavurage.
Copyright Gaël Kerbaol pour l’INRS
ƒ
Cette fiche ne concerne que les risques cancérogènes liés à cette activité. Les autres risques (chimiques, physiques…) ne sont pas pris en compte.
Les photos ci-dessus illustrent des situations de travail sans préjuger de la pertinence des mesures de prévention présentées.
Ce document provient du site « cramif.fr »
Version n° 5 du 1/04/2011
1/6
Fiche d’Information et de Prévention
Prévention des cancers professionnels
ƒ Substance ou procédé : Béryllium sous forme de poussières (usinage à sec) ou d’aérosol (fluide de coupe contaminé).
ƒ Classification UE actuelle (a) : Cancérogène catégorie 2« Probable ».
ƒ Classification Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) : Cancérogène groupe 1 « Certain ».
ƒ Organes « cibles » des cancers : Cancer du poumon.
ƒ Autres maladies possibles :
- Bérylliose aigue, pneumonie chimique observée uniquement en cas de situations accidentelles.
- Bérylliose chronique : atteinte pulmonaire chronique (fibrose) qui peut survenir après un délai de plusieurs mois à plusieurs dizaines d’années
après le début d’exposition.
Il s’agit d’une maladie pulmonaire dont l’évolution peut être grave.
La sensibilisation au béryllium précède toujours la maladie. C’est un stade où il n’existe aucun symptôme : on peut dépister cette sensibilisation
en réalisant chez les exposés un test sanguin. Mais sa réalisation reste actuellement difficile.
- Dermatose allergique ou irritative.
Voies de contamination habituelle
ƒ Inhalation : La voie respiratoire (inhalation de fumées, poussières ou aérosols) est considérée comme la voie principale.
ƒ
Passage à travers la peau : Le rôle de la peau en tant que voie d’exposition au béryllium est de plus en plus souvent évoqué : les particules de
moins de 1 µm sont susceptibles de pénétrer à travers la peau, le passage est favorisé par la présence de lésions cutanées.
Cette voie de contamination récemment mise en évidence doit faire évoluer le choix des mesures de prévention.
ƒ Ingestion : Possible soit par les mains souillées, soit par déglutition des poussières inhalées.
ƒ Diffusion du risque hors du poste de travail : Possible : Contamination des vêtements de travail, des chaussures, etc. Elle peut être à l’origine de la
contamination cutanée et/ou digestive et de la remise en suspension de particules dans l’air.
(a)
Equivalence entre la classification UE actuelle et la nouvelle classification selon le règlement CLP
Classification UE actuelle
Cancérogène de catégorie 1
R45 ou R49
Cancérogène de catégorie 2
R45 ou R49
Cancérogène de catégorie 3
R40
Catégorie 1A
H 350
Catégorie 1B
H 350
Catégorie 2
H 351
Règlement CLP
Ce document provient du site « cramif.fr »
Version n° 5 du 1/04/2011
2/6
Fiche d’Information et de Prévention
Nuisances cancérogènes
ƒ Prélèvements atmosphériques des poussières inhalables :
Béryllium :
- France : VME : 2 µg/m3 d’air.
- L’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire, anciennement AFFSET) recommande en 2010 une valeur de 0,01 µg/m3.
- L’ACGIH * a abaissé cette valeur à 0,05 µg/m3 en 2009.
Attention !
t Les VME/VLE ne constituent pas un seuil de protection pour le risque cancer et ne prennent pas en compte la contamination cutanée et/ou digestive.
t Pour les cancérigènes, même lorsque les VME/VLE existent, il convient de maintenir une concentration dans l’air la plus faible techniquement possible.
ƒ Frottis de surface (dosage du produit sur une surface pouvant être contaminée) :
Très important à réaliser pour évaluer :
- soit l’efficacité du nettoyage des surfaces : 3 µg/dm2 (USA).
- soit la dépollution pour restituer les locaux décontaminés pour une nouvelle activité.
Proposition du Laboratoire de Toxicologie de la CRAMIF de retenir la valeur de 3 µg/dm2 pour les surfaces situées à l’intérieur de l’atelier et de
réserver la valeur de 0,2 µg/dm2 à celles situées en dehors de l’atelier et qui ne devraient pas être polluées.
ƒ Prélèvements sanguins ou urinaires :
- Dosage du béryllium urinaire.
- Test de dépistage sanguin de la sensibilisation des exposés au béryllium appelé TTL Be (test de prolifération des lymphocytes en présence de
béryllium).
*
American Conference of Governmental Industrial Hygienists : c’est un organisme américain qui réexamine les limites d’exposition et présente ensuite ses
recommandations.
Ce document provient du site « cramif.fr »
Version n° 5 du 1/04/2011
3/6
Fiche d’Information et de Prévention
Outils d’évaluation
ƒ Substitution : Le béryllium étant utilisé pour ses qualités techniques particulières (dureté, résistance à la corrosion, hautes conductivités thermique
et électrique), sa substitution est difficile dans certains secteurs. Cependant, compte tenu de la toxicité du métal et de la difficulté de la maîtrise du
risque, la question de la substitution doit être posée systématiquement.
ƒ
Machines d’usinage à sec (pour usiner le béryllium pur) :
- Travailler en enceinte fermée, enceinte mise en dépression, avec filtre à très haute efficacité pour filtrer les rejets. La vitesse de l’air entrant dans
l’enceinte, au moment de l’ouverture des portes, ne devra pas être < 0,5 m/s sur 4 points de mesures.
- Nettoyer et dépoussiérer la pièce usinée à l’intérieur de l’enceinte.
- Appliquer journellement une procédure de décontamination par aspiration et par voie humide de la machine après utilisation.
ƒ
Machines d’usinage à fluide de coupe (pour alliage avec béryllium) :
- Usiner avec des machines équipées d’enceintes dont les dimensions ou la conception assurent le confinement des aérosols (centres d’usinage)
et assurer la ventilation de cette enceinte.
- Un asservissement ne permettra l’ouverture de l’enceinte que lorsque la production d’aérosols et l’écoulement du fluide de coupe seront arrêtés.
- Avant toute sortie de la pièce de l’enceinte, la pièce usinée devra être égouttée afin d’éliminer l’excédent de fluide. Elle devra être ensuite
asséchée à l’aide de papier absorbant jetable (proscrire la soufflette).
- Une procédure de suivi de récupération et d’élimination du fluide de coupe pollué devra être mise en place.
- La décontamination de la machine, des outils, des surfaces de travail annexes polluées (plan de stockage, table porte-outils…) sera faite
journellement.
- Renouvellement du fluide de coupe : Lorsque la machine est utilisée pour usiner d’autres matériaux, le fluide de coupe doit être changé et la
machine décontaminée. Si ces mesures ne sont pas appliquées, les procédures ci-dessus seront maintenues, même pour l’usinage de pièces ne
contenant pas de béryllium.
ƒ
Ventilation : La ventilation générale assurera une mise en dépression du local de l’atelier. L’air sera filtré par un filtre à très haute efficacité avant de
le rejeter à l’extérieur.
ƒ
Mode opératoire - Organisation - Maintenance : Procédures spécifiques pour les changements de filtres à très haute efficacité, pour la récupération
des déchets et pour les différentes opérations de maintenance.
ƒ
Mesures d’hygiène :
- Local pour les vêtements de ville et local pour les vêtements de travail, séparés par une douche.
- Ne pas emporter les vêtements de travail à l’extérieur. Leur nettoyage doit être organisé par l’entreprise.
- Ne pas manger, boire, fumer, mâcher du chewing-gum dans l’atelier.
- Manger dans des locaux propres, après avoir quitté ses vêtements sales et bien se nettoyer le visage et les mains (brosser les ongles) avant de
sortir.
- Les locaux où est présent le béryllium doivent être interdits aux salariés non concernés, sauf procédures et EPI spécifiques.
- Procéder journellement au nettoyage à l’humide des surfaces et/ou outils de travail ayant pu être contaminés à l’aide de papier absorbant jetable.
Ce document provient du site « cramif.fr »
Version n° 5 du 1/04/2011
4/6
Fiche d’Information et de Prévention
Prévention
Equipement de protection individuel (= EPI) :
- Combinaison jetable à chaque prise de poste
- Gants nitrile jetables à chaque prise de poste
- Surbottes jetables ou chaussures spécifiques dédiées.
- Protection respiratoire avec filtre de type P3 lors des opérations de maintenance.
ƒ
Indicateurs de contrôle de l’efficacité des mesures prises :
- Contrôle atmosphérique du béryllium dans l’air.
- Contrôle surfacique (frottis).
- Contrôle régulier des vitesses d’air de la ventilation générale et des captages à la source.
- Dosage du béryllium urinaire.
Réparation
ƒ
Tableau de MP : Le Tableau 33 « Maladies professionnelles dues au béryllium et à ses composés » cite dermatose, conjonctivite, bérylliose
chronique mais le cancer pulmonaire n’est pas inscrit dans ce tableau et il est nécessaire de faire une demande de reconnaissance de maladie
professionnelle devant le Comité Régional de Reconnaissance des Maladies Professionnelles.
ƒ
Droit au suivi cancérogène post professionnel : Oui
Autres activités pouvant être concernées
Fabrication d’isolateur et pièce isolante en céramique, production d’aluminium, production de cuivre, chaudronnerie tuyauterie, fabrication d’articles de
sport, d’appareils médico-chirurgicaux, métallurgie des métaux non ferreux, bijouterie-orfèvrerie, fabrication de lunettes, prothésiste dentaire.
Pour en savoir plus
ƒ
Béryllium et composés minéraux. INRS. Fiche toxicologique n° 92
ƒ
Le béryllium. INRS. ED 5020
ƒ
Recherche sur le béryllium : Conférence internationale. 8-11 mars 2005, Montréal, Canada
INRS - 103 TD 142 - DMT 103 - 3ème trimestre 2005, pp. 347-356
ƒ
Bérylliose pulmonaire
INRS - 104 TR 36 - DMT 104 - 4ème trimestre 2005, pp. 513-521
Ce document provient du site « cramif.fr »
Version n° 5 du 1/04/2011
5/6
Fiche d’Information et de Prévention
ƒ
Proposition d’abaissement de la TLV-TWA de l’ACGIH du béryllium et ses composés.
INRS - 104 TR 36 - DMT 104 - 4ème trimestre 2005, p. 547
ƒ Consulter la base de données MetroPol sur le site INRS : Recueil de méthodes de prélèvement et d’analyse de l’air pour l’évaluation de l’exposition
professionnelle aux agents chimiques.
ƒ Biotox : Guide biotoxicologique pour le médecin du travail. INRS/BIOTOX. ED 791
Evolution de la fiche
Cette fiche est appelée à être modifiée en fonction des connaissances toxicologiques et des techniques utilisées dans les entreprises.
Vos remarques nous intéressent et vous pouvez nous les faire parvenir à l’adresse suivante : [email protected]
Autres outils disponibles
Le réseau prévention CNAMTS-CRAM/CARSAT-CGSS-INRS met à votre disposition d’autres outils complémentaires :
h sur le site INRS (www.inrs.fr), le dossier Agir sur le risque chimique cancérogène en entreprise dans lequel vous trouverez :
- les fiches FAR (Fiches d’Aide au Repérage par activité),
- les fiches FAS (Fiches d’Aide à la Substitution par activité),
h un cd-rom (CD 0371) « Agir pour prévenir les cancers professionnels d’origine chimique », que vous pouvez vous procurer :
⇒ si vous êtes en Ile de France, auprès de la CRAMIF
⇒ si vous êtes en province, prenez contact auprès de votre CRAM/CARSAT.
La CRAMIF programme régulièrement des formations (www.cramif.fr) concernant les cancérogènes professionnels dont l’amiante.
Ce document provient du site « cramif.fr »
Version n° 5 du 1/04/2011
6/6
Fiche d’Information et de Prévention
ƒ