DOSSIER 8 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006

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DOSSIER 8 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
82 ème année - Hebdomadaire
n°3028 -
9 juin 2006
www.france-catholique.fr
2,90 €
ISSN 0015-9506
FRANCE
FRANCE
Catholique
Catholique
FRANCE
Un hebdo
engagé
pour l’Amour
et la Vérité
HISTOIRE
■ Chrétiens, arabes
et juifs... victimes
de la religion ?
TIBET
■ Georges Mathieu
à l’honneur
La Salette
3:HIKLMI=YUW^U[:?d@k@c@s@a;
VERSAILLES
160 anniversaire
de l’apparition
de
e
M 01284 - 3028 - F: 2,90 E
■ Une croix sur
le toit du monde
BREVES
FRANCE
POLITIQUE : Les Verts ne sont pas parvenus le 30 mai à choisir leur candidat à
la présidentielle de 2007, Yves Cochet
n’ayant obtenu que 2 voix de plus que
Dominique Voynet sur plus de 5 000 votants.
Ségolène royal, en visite en Seine-StDenis le 31 mai, a fait sensation en prônant une politique de sécurité "beaucoup plus ferme" et en plaidant pour "un
encadrement à dimension militaire" des
jeunes délinquants et la mise sous tutelle des allocations familiales ; cette prise
de position a provoqué de vives réactions dans toute la gauche. Elle a récidivé le 4 juin sur internet en estimant que
les 35 heures avaient entraîné une
dégradation de la situation des plus fragiles.
Lors de sa 11e conférence de presse,
organisée à Chartres le 1er juin, le
Premier ministre a défendu le bilan
d’une année à Matignon, insistant sur la
baisse du chômage et le rythme de
croissance qui dépasse 2% l’an ; il a promis de ne pas faire de pause et de présenter dans un an "un modèle social
rénové".
ENTREPRISES : L’Etat a lancé le 31 mai
le processus de privatisation partielle
d’Aéroports de Paris par une introduction en bourse qui rapportera 600 à 800
millions d’euros aux finances publiques
(entre 42 et 48,5 euros par action).
Les marques de l’opérateur France Telecom (Wanadoo, Equant ou MaLigne TV)
sont passées sous pavillon "Orange" le
1er juin ; seule la téléphonie fixe garde le
nom de France Telecom.
Eurotunnel a obtenu une réduction de
54% de sa dette pour la ramener de 9 à
4,2 milliards d’euros grâce à un accord
préliminaire avec ses principaux créanciers, a-t-on appris le 31 mai.
Le président du groupe de BTP Vinci, Antoine Zacharias, en conflit avec son directeur général, a été mis en minorité le
1er juin par son conseil d’administration
et contraint de démissionner ; le montant de ses rémunérations avait été jugé
extravagant.
EMPLOI : Le nombre de demandeurs
d’emploi a reculé de 26 000 en avril, ramenant le taux de chômage de 9,5 à
9,3% de la population active.
FESTIVITE : L’opération "Immeubles en
fête" pour renforcer les liens entre habitants d’un immeuble ou d’un quartier
aurait réuni le 30 mai 6 millions de participants selon les organisateurs.
LOGEMENT : La proposition de loi UMP
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visant à protéger les locataires contre
les ventes d’immeubles "à la découpe" a
été définitivement adoptée le 1er juin par
le Parlement. Le prêt à taux zéro va aussi
être amélioré.
JUSTICE : J.M. Deperrois, incarcéré depuis 1994 dans l’affaire de la "josacine
empoisonnée", a obtenu le 30 mai une
libération conditionnelle devant la cour
d’appel de Versailles ; il avait déposé en
septembre 2005 une seconde requête en
révision de son jugement.
Le professeur Pierre Pellerin a été mis en
examen le 31 mai dans l’affaire "Tchernobyl" ; il est soupçonné d’avoir minimisé les retombées en France du nuage
radioactif.
J.L. Gergorin a été présenté le 1er juin
aux juges en charge de l’affaire "Clearstream" au pôle financier du palais de
justice de Paris ; il a été mis en examen,
mais laissé en liberté sous contrôle judiciaire. Imad Lahoud, soupçonné de lui
avoir remis les listes de comptes truquées, devait être entendu par les juges
le 7 juin et mis à son tour en examen.
Dans l’affaire des emplois fictifs de la
MNEF, le député socialiste J.-C. Cambadélis a été condamné le 2 juin par le tribunal correctionnel de Paris à 6 mois de
prison avec sursis et 20 000 euros d’amende.
SECURITE SOCIALE : A l’occasion des
élections professionnelles aux unions
régionales des médecins, les opposants
au parcours de soins coordonné ont
emporté la majorité le 2 juin.
VIOLENCES : Des affrontements ont opposé des jeunes gens aux forces de l’ordre au cours de plusieurs nuits consécutives à Montfermeil et Clichy-sous-Bois,
deux villes qui avaient été le point de
départ des émeutes de l’automne 2005.
La justice est préoccupée par un groupuscule extrémiste noir, "Tribu Ka", à l’origine d’incidents antisémites survenus
le 28 mai rue des Rosiers à Paris.
ROUTE : Délégué à la sécurité routière,
Rémy Heitz, a indiqué le 4 juin que des
aménagements au permis à points
étaient à l’étude, en particulier la réduction du délai (actuellement de 6 mois)
pour repasser un permis invalidé.
TABAC : La Journée mondiale sans tabac
a été l’occasion pour le ministre de la
Santé, Xavier Bertrand, d’annoncer le 31
mai une interdiction de fumer dans les
lieux publics avant la fin de l’année.
ECOLOGIE : Un nouveau lâcher d’ours
slovène a eu lieu le 2 juin en Haute-Garonne, alimentant la tension entre partisans et adversaires de la réintroduction
de l’animal dans les Pyrénées.
MONDE
EUROPE : Les 25 ont approuvé le 29 mai
la directive remaniée sur la libéralisation
des services.
SANTE : L’agence de l’ONU chargée de la
lutte contre le sida a annoncé le 30 mai
que l’épidémie s’était stabilisée dans le
monde après avoir atteint un pic au
cours des années 1990.
BOURSE : Après avoir pris le contrôle
d’Euronext pour un montant de 10 milliards d’euros, la bourse de New York a
entamé des discussions en vue d’une alliance avec Borsa Italiana.
IRAN : Les Etats-Unis se sont déclarés
prêts le 31 mai à discuter avec la République islamique à condition que
celle-ci abandonne ses travaux d’enrichissement d’uranium ; les cinq membres permanents du conseil de sécurité et
l’Allemagne, réunis à Vienne, se sont mis
d’accord sur de nouvelles propositions
assorties de sanctions (embargo sur les
armes et gel des avoirs d’organisations
liées au régime islamique).
CHILI : Trois mois après sa prise de fonctions, la présidente Michelle Bachelet
affronte une révolte des étudiants qui
dénoncent la mauvaise qualité de l’enseignement, les inégalités budgétaires
entre public et privé et réclament la gratuité des transports et du baccalauréat.
PEROU : L’ancien président social-démocrate, Alan Garcia, a remporté la présidentielle du 4 juin face au nationaliste
de gauche Humala.
REPUBLIQUE TCHEQUE : Les libéraux de
droite sont arrivés en tête des législatives du 3 juin ; alliés aux chrétiens-démocrates, ils font jeu égal avec les sociaux-démocrates alliés aux communistes, ce qui rend la constitution d’un
gouvernement particulièrement laborieuse.
TERRORISME : En Syrie, les autorités
affirment avoir déjoué le 2 juin une opération terroriste en tuant quatre assaillants à proximité du siège de la radiotélévision de Damas. Au Canada, une
dizaine de personnes ont été arrêtées le
2 juin dans le cadre d’une opération
antiterroriste menée par 400 policiers
dans la banlieue de Toronto. En GrandeBretagne, les forces de sécurité, qui
redoutent une attaque au gaz sarin ou
au cyanure, ont mené le 3 juin des perquisitions chez deux suspects arrêtés à
Londres la veille au cours d’une opération antiterroriste.
J.L.
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EDITORIAL
SOMMAIRE
ACTUALITÉ
4 TERRORISME
Perdre Kaboul ?
Yves La Marck
5 FRANCE
A la gauche de la gauche
6 SOCIETE
La famille, valeur refuge
Alice Tulle
Tugdual Derville
DOSSIER
8 ANNIVERSAIRE
Notre-Dame de la Salette
Père Maurice Tochon/Anne Montabone
Pédagogie d’Arcabas
Piotr Rak/A.M.
Aquero à La Salette
Jean-Paul Prat/A.M.
ESPRIT
16 EN MEMOIRE DES JOURS
Henri Teissier
Robert Masson
17
ECCLESIA
Pentecôte à Rome
20
LECTURES
La Trinité, mon programme social
21
B.D.
Père Michel Gitton
Avec Jean-Paul II et Benoît XVI (6/36)
Dominique Bar - Guy Lehideux
MAGAZINE
22 MISSION Tibet, une croix sur le toit du monde
Ludovic Lécuru
25
SELECTION
26
HISTOIRE
Juifs, Arabes et Musulmans
28
THEATRE
Théâtre à Gap
29
CINEMA
30
EXPOSITIONS
Multimédia
Pierre Thomas
Pierre Chaunu
Pierre François
“American Dreamz”, “Zidane...”
“Le passager de l’été” “Marie-Antoinette”
Marie-Christine Renaud d’André /Marie-Lorraine Roussel
Hommage à Georges Mathieu
Alain Solari
32
L'envolée lyrique
A. S.
35
TELEVISION
“L’enfant d’une autre”
36
TELEVISION
Votre début de soirée
38
BLOC-NOTES
M.-Ch. R. d’A.
Marie-Christine Renaud d’André
Vie associative et d’Eglise
Brigitte Pondaven
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60, rue de Fontenay 92350 Le Plessis-Robinson
Couverture : © N.-D. de La Salette
La joie
de la foi
our cette Pentecôte 2006, l’Eglise catholique a vécu un événement dont la visibilité atteignait, une fois de plus, la planète
entière à partir de l’admirable scène imaginée à Rome par les
artistes de la Renaissance. Décidément, l’art, la tradition, la
modernité technique peuvent s’accorder pour le meilleur service.
En l’espèce, ici, répercuter la prière commune de 350.000 pèlerins, représentant les nouvelles communautés surgies depuis Vatican II, comme un
printemps inattendu. En regardant cette immense assemblée, on ne pouvait
qu’adhérer aux propos de Benoît XVI sur le charisme de ces militants de la
Nouvelle Evangélisation, qui peut se résumer en un quelques mots : la joie
de la foi. Il y a, en effet, dans le christianisme une possibilité pour les cœurs
de vibrer, ou pour les âmes de respirer dans le climat de l’espérance et dans
l’espace de la communion trinitaire, qui n’a d’équivalent en aucune culture.
Pour ceux qui ont en perspective le demi-siècle passé, le surgissement de
ces communautés est un phénomène tout à
fait intéressant à observer. En un certain
sens, il n’est pas sans relation avec la révolution des mentalités et des mœurs apparue
dans les années soixante, mais il contredit
radicalement la tendance dominante de ce
que François Ricard - cet excellent observateur de la sociologie contemporaine - a appelé, depuis son Québec secoué par la révolution tranquille, “la génération lyrique”.
Cette génération qui a voulu changer le
par Gérard LECLERC
monde, en adoptant des valeurs contraires
aux précédentes, s’est rapidement trouvée dans les impasses de la consommation et de l’éclatement individualiste. Ayant délaissé les structures familiales, et la pratique religieuse, son “lyrisme” a tourné court, empoisonné par
un nihilisme débilitant. En contraste, les nouvelles communautés chrétiennes ont trouvé dans l’Esprit de Pentecôté de quoi renouveler la face de
la terre. Loin de toute réaction étroite et de tout conformisme social, elles
ont développé les ressources d’un christianisme joyeux et missionnaire.
Le cardinal Ratzinger s’est intéressé tout de suite à cette éclosion, dont
il définissait l’originalité dans ses fameux entretiens de 1985 avec Vittorio
Messori : «Ce qui est signe d’espoir dans l’étendue de toute l’Eglise - précisément aussi au milieu de la crise de l’Eglise dans le monde occidental - c’est
l’éclosion de nouveaux mouvements que personne n’a planifiés, auxquels
personne n’a fait appel, mais qui proviennent simplement de la vitalité intérieure même de la foi. En eux se dessine - bien que sans aucun bruit - ce qui
fera surgir une aurore de Pentecôte dans l’Eglise. Je pense par exemple au
Mouvement Charismatique, à Cursillo, aux Focolari, à Communion et Libération, etc.», tous ces mouvements qui se trouvaient réunis samedi et dimanche, place saint Pierre, autour de Benoît XVI. Sans doute, le Pape est-il
exigeant avec eux, leur recommandant de parvenir à une vraie maturité spirituelle, en puisant dans la tradition ecclésiale de quoi donner un témoignage éclairé. Ce que Vatican II attendait de l’apostolat des laïcs a ainsi
trouvé son lieu d’expression dans un monde en recherche d’une conscience
elle-même nouvelle. Vers une civilisation de l’Amour ? ■
P
FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
3
ACTUALITE
AFGHANISTAN
par Yves LA MARCK
Perdre Kaboul ?
Les Américains disent avoir éliminé les deux-tiers de l’étatmajor d’Al Kaïda. Mais, même si Ben Laden était capturé ou
tué, le sort de Kaboul n’en serait pas assuré pour autant.
ffrontements dans le
sud, flambée de violence anti-américaine
à Kaboul. L’Afghanistan se rappelle à
notre souvenir. Il convient en
effet de revenir aux fondamentaux de la lutte contre le terrorisme d’Al Kaïda par quoi tout a
commencé le 11 septembre
2001. Personne n’avait discuté
l’opération ‘Enduring Freedom’
(liberté immuable) contre le
régime taliban qui abritait ou
couvrait les groupes terroristes.
La guerre en Irak a fait passer la
question au second plan parce
qu’on avait cru que des armes
de destruction massive pouvaient être, non pas utilisées par
Saddam Hussein, mais transmises clandestinement à ces
groupes. Washington et
Londres commencent à
tirer quelques leçons de
leurs erreurs stratégiques et tactiques en
Irak et en Afghanistan.
En Afghanistan, la
priorité a été dirigée sur
la recherche d’Osama Ben
Laden dans les montagnes à la
frontière du Pakistan, en
oubliant finalement que c’était
l’Afghanistan en soi qui posait
problème. Le déséquilibre est
devenu trop flagrant entre les
moyens militaires mis en œuvre
dans des opérations spéciales et
ceux consacrés à la reconstruction du pays. Les militants
qui ont fait plier Moscou, et qui
peuvent se dire qu’ils ont été,
A
(
tout autant que la guerre des
étoiles de Reagan, responsables
de la chute du mur de Berlin,
comment imaginer qu’ils allaient
tout à coup entrer dans le camp
américain sans crier gare ? Le
Pentagone a donc décidé de
remettre 2500 hommes de l’opération ‘Enduring freedom’ à la
force internationale de soutien
au gouvernement afghan
qui, essentiellement, ne
contrôle que Kaboul
et les environs.
moderne de Kipling. C’est dire
que le mal doit être profond et
qu’il y a urgence.
En effet, les Taliban, qui recrutaient hier majoritairement au
Pakistan, se sont afghanisés. Ils
sont en passe de réincarner l’opposition ancienne au pouvoir
communiste et de se voir rejoints
par les anciennes factions isla-
Mieux, il a accepté de faire passer
ses soldats sous le commandement intégré dans le cadre de
l’OTAN avec à sa tête un général britannique, vétéran de
l’Irlande du Nord et de la Sierra
Leone, qui se rêve en héros
mistes. On n’ose penser à la répétition de ce qu’a vécu l’Armée
Rouge, sans remonter à l’Armée
des Indes. Et pourtant c’est ce
qui est en train de se préparer
pour l’OTAN. La France, qui participe à “Enduring Freedom”, n’a
Les Taliban, qui recrutaient hier
majoritairement au Pakistan, se sont afghanisés
4 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
plus beaucoup de temps pour
s’interposer.
Or c’est là qu’interviennent
le procès Moussaoui et la récente intervention de Ben Laden
qui prétend l’innocenter. Les
Etats-Unis ont choisi ce Francais
comme bouc émissaire, le seul
cas qu’ils se soient jusqu’à présent risqués à présenter à leur
justice civile. En cinq ans, pas
un seul suspect de terrorisme
aux Etats-Unis n’a été traduit
en justice et a fortiori condamné.
5000 personnes croupissent en
détention préventive. Le dossier
est vide. Comment une telle
situation pénale peut-elle se
concevoir dépasse l’entendement. Elle porte le soupçon sur
l’ensemble de l’Etat de droit dans
ce pays. L’antiaméricanisme à
travers le monde s’en nourrit.
Que pèse la non-condamnation à mort de Zacharias Moussaoui face à ce déni de justice ?
Que le système ne soit pas totalement devenu fou ne suffit pas
à nous rassurer sur son réel équilibre, les garanties et les libertés.
Folie contre folie bien plus
grande certes, mais on
attend autre chose de la
justice américaine.
Or ce seul cas a eu pour
effet que le gouvernement
francais a été réduit
au silence. Il n’aurait
pas pu défendre ce ressortissant sans affirmer
quelque part sa différence, ce
que Ben Laden (ou ceux qui
pensent, voire parlent pour lui) a
bien vu. Paris ne pouvait que dire
ce que Al Kaïda a déclaré, que
Moussaoui n’était pas le dixneuvième terroriste du 11 septembre. Donc nous nous sommes
tus. Idem sur l’Afghanistan. Le
piège terroriste se referme sur
nous, et d’abord là où tout a
commencé: à Kaboul. ■
ACTUALITE
PRESIDENTIELLES
par Alice TULLE
Gauche de la gauche
aradoxe doctrinal pour
l’extrême gauche mais c’est un vieux paradoxe - la personnalisation des partis et
mouvements est, notamment, la
conséquence de l’élection présidentielle à deux tours : au premier tour, on choisit entre
plusieurs candidats possibles et
les vastes regroupements ne
sont pas indispensables ; au
second tour, on élimine l’un des
deux candidats et l’on pratique
dans la discipline le jeu des
désistements.
A l’extrême gauche donc,
comme à droite et au Parti
socialiste, la course à la candidature est depuis longtemps
commencée : la liste des candidatures implicites ou explicites
ne cesse de s’allonger. Parmi les
candidates et candidats sérieux,
il y a bien entendu Arlette Laguiller. Marie-Georges Buffet
est elle aussi sur les rangs au
nom du Parti communiste
ainsi que le médiatique Olivier
Besancenot pour la Ligue
communiste révolutionnaire. On sait que les écologistes ne renonceront
pas à une participation à la
présidentielle, surtout après
tous les efforts faits pour désigner leur candidat par de lourdes procédures démocratiques
internes !
Marie-Georges Buffet, Olivier Besancenot et divers collectifs rassemblant les anciens
partisans du Non au référendum
du 29 mai, militent officiellement
pour une candidature unique de
la gauche antilibérale et affirment rechercher un fédérateur.
P
Depuis des mois, bien des
regards se tournaient vers José
Bové, mais le champion de l’altermondialisme laissait planer le
doute sur ses intentions. Dans
Le Monde du 9 mai, il se disait
cependant prêt à "causer" avec
les communistes et les trotskystes, à "discuter du fond des
choses, autrement dit d’un projet politique qui rompe avec la
logique économique libérale et
productiviste de ces vingt-cinq
dernières années".
Avant même que cette
discussion de fond ait
eu lieu, José Bové
franchissait un grand
à côté du Parti socialiste".
Cette déclaration aurait dû
ravir les unitaires. Au contraire,
Marie-Georges Buffet s’est empressée de déclarer que le choix
du candidat appartenait aux
"collectifs d’union populaire"
pas le 29 mai en annonçant
qu’il était "prêt à mener
campagne à partir du moment
où toutes les conditions sont
réunies et que l'on est capable
de désigner un candidat unique
pour l'ensemble de la gauche,
qui sont contrôlés ou du moins
fortement inspirés par… le Parti
communiste. Il ne serait donc
pas étonnant que ces "collectifs" finissent par désigner la
secrétaire nationale du PCF et
que la Ligue communiste fasse
campagne pour Olivier Besancenot avec une résignation qui
n’aura d’égale que sa satisfaction.
Ces deux candidatures répondraient à une logique politique : la LCR ne peut continuer
à exister que dans une opposition
pure et dure, sans la moindre
alliance avec le Parti socialiste,
alors que le Parti communiste
ne peut continuer à exister que
s’il bénéficie de la bienveillance
des socialistes aux élections législatives et municipales.
La candidature de José Bové,
si elle se concrétise, risque
d’être celle des seuls altermondialistes. Or cette mouvance est
en crise. Le mouvement Attac
perd du terrain faute de pouvoir
participer aux campagnes électorales en raison de la diversité
idéologique de ses militants ;
Le Monde diplomatique, qui
rassemble le lectorat anti-libéral de gauche, est en proie à de
vifs conflits internes qui portent
sur sa ligne politique – notamment sur la question israélopalestinienne – et connaît une
forte diminution de ses ventes.
Les militants qui ont fait le succès des forums altermondialistes (Porto Alegre, Florence…)
sont divisés entre trotskystes, libertaires, écologistes
et réformistes.
Depuis cinq ans, ces différentes tendances n’ont jamais
pu se mettre d’accord sur la
moindre esquisse d’un programme commun. Il est douteux qu’elles y parviennent dans
les six prochains mois. Malgré la
sympathie des grands médias, la
démarche de José Bové s’annonce périlleuse. ■
Les militants qui ont fait le succès des forums
altermondialistes sont divisés
(
A l’extrême gauche, on affirme rechercher une candidature
commune pour 2007. José Bové s’est mis sur les rangs,
ce qui ne fait pas plaisir à tout le monde.
FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
5
ACTUALITE
SOCIETE
Valeur refuge
La grande préoccupation affichée par le monde politique,
à un an des élections présidentielles, est la famille. Voilà un
retour de flamme qu’il faudrait apprécier à son juste prix.
e ministre de la Famille a
annoncé l’élargissement
de la vieille carte famille
nombreuse SNCF. Effet
d’annonce ? La réforme
annoncée confirme en tout cas
que ce mot "famille" est passé
du statut de suspect n°1 à celui
de valeur refuge. Philippe Bas a
insisté sur le surcoût lié au troisième enfant qui impose "de
changer la machine à laver". La
carte devrait ainsi ouvrir droit à
des réductions dans le domaine
"des services locaux, des musées
mais aussi dans la grande distribution". Craignant une mesure
plus symbolique que tangible, des
associations suspectent d’ailleurs
le gouvernement de renommer
ce qui existe déjà. Mais le symbole pourrait avoir un facteur entraînant.
A gauche, Ségolène Royal a
choisi le thème de la famille pour
ses premières propositions. Dans
la précampagne présidentielle,
les éléphants du PS lui reprochaient de ne s’en tenir aux idées
générales. Réagissant aux nouvelles émeutes urbaines, l’ancien
ministre de la Famille du gouvernement Jospin veut que les allocations familiales soient mises
sous tutelle pour les ayant-droit
jugés fautifs dans leur éducation,
et "mettre au carré" ces familles,
quitte à faire appel aux compétences éducatives de l’armée ! La
défaillance des parents est regardée par elle comme cause de
traumatisme, de désinsertion
voire de délinquance. C’est donc
L
(
qu’on considère la famille comme
fondement de la société et condition de la paix sociale. Voire du
dynamisme économique.
Le ministre délégué au Tourisme vient ainsi d’annoncer la
création d’un nouveau
label national inti-
tulé “Familleplus".
Léon Bertrand explique
que des communes vont être
évaluées selon des critères en
rapport avec les "besoins croissants des familles, notamment
en matière de sécurité et d’accueil". Une façon de proclamer
que la France se veut accueillante
aux enfants des touristes. Cent
millions sont concernés en
Europe, estime le ministre qui les
considère comme "des prescripteurs mais aussi de futurs
consommateurs".
A constater la vitalité relative de la démographie hexagonale, on peut se féliciter d’une
politique familiale
qui maintient
la France à
flots en
comparaison de
ses voisins. Mais
apparaissent
quelques paradoxes,
au nombre desquels figure l’abus
de certains qualificatifs. Re—
composée, monoparentale, voire
homoparentale : suffit-il de dire
"famille, famille" – tout en la
déconstruisant – pour prétendre
servir les enfants ? Leurs besoins
sont souvent occultés. Admettant
le désir des Françaises d’avoir en
moyenne un enfant de plus,
Une politique familiale qui maintient la France
à flots en comparaison de ses voisins
6 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
par Tugdual DERVILLE
Philippe Bas a avancé : "le travail
des femmes n’est pas l’ennemi
de la natalité". Une formule qu’on
peut juger incantatoire lorsqu’on
écoute les intéressées. La peur
de l’employeur ou le souci de la
carrière, sans oublier la réalité
des tâches domestiques, qui incombent le plus souvent aux
femmes, transforment souvent
leur conciliation entre vie professionnelle et vie familiale en exercice d’équilibriste. En réponse, le
ministre de la Famille annonce
davantage de crèches tandis que
François Hollande suggère, au
nom du PS, d’étendre la scolarisation des enfants dès 3 ans… La
socialisation précoce pourraitelle suppléer la famille ? Le déficit d’amour, de stabilité et de
présence peut-il être compensé
par un dispositif étatique ?
Et la même limite s’impose à
l’autre bout de la vie : la solitude
et l’abandon des personnes âgées
dans les institutions manifestent
une distension des liens familiaux. Un "plan quinquennal solidarité grand âge" vient d’être
présenté par le gouvernement
combinant augmentation du
nombre des places en maisons
de retraite et développement des
services de soins à domicile.
Il reste que les "transferts de
ressources" effectués au sein des
familles (argent mais surtout
temps de service gratuit) constituent un amortisseur de crise
plus puissant que tous les dispositifs publics. Nulle raison de s’en
étonner : Benoît XVI rappelle en
substance dans sa première encyclique qu’aucun Etat ne peut se
faire pourvoyeur de l’essentiel
qu’est l’amour. ■
DOSSIER
ANNIVERSAIRE DE L'APPARITION
Notre Dame
de
La Salette
propos recueillis par Anne MONTABONE
■ Père Maurice Tochon, vous êtes missionnaire de la Salette
depuis 1964, et chapelain du sanctuaire où vous animez
notamment des sessions “Sciences et Foi”. Pourquoi la
Vierge a-t-elle choisi ce lieu perdu dans la montagne ?
"Pourquoi ?" est une question souvent posée par
les visiteurs. Pourquoi un coin si perdu ? Certes, il est
difficile de demander à
Marie les raisons de son
choix. Elle n’en a pas fait
discours. C’est à nous d’essayer de déchiffrer…
Pourquoi pas une allusion
au Mont Sinaï ? C’est là
que le peuple d’Israël a reçu
la Loi de Vie. La Belle Dame
parle, elle aussi, du "Nom",
si maltraité ; du "Septième
jour", réservé au Seigneur…
évoque la "soumission" qui
fait grincer certaines dents :
"se soumettre à Dieu ?". Elle
donne en quelque sorte ses
commandements sur la
Montagne.
Apparaissant dans ce
coin des Alpes dauphinoises,
Marie rejoint ces deux petits paysans qui sont de ceux
dont Jules Michelet a pu dire qu’ils étaient "les vrais
parias de la société". Elle ne leur propose pas un projet
de société utopiste - comme il s’en conçut tellement
dans ces années-là - tel qu’on aurait pu en attendre
en des lieux plus “civilisés”. C’est l’Alliance entre Dieu
et les humains oublieux, qu’elle vient rappeler. Le fait
est qu’elle obtiendra un grand retentissement.
■ Ce retentissement est vite retombé en France ?
Sanctuaire 38970 La Salette Fallavaux
Tél. 04 76 30 00 11 - Fax. 04 76 30 03 65
[email protected] http://lasalette.cef.fr
8 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
Après 1858, "La Salette" a été progressivement
éclipsée par Lourdes. D’un point de vue "statistique",
© LA SALETTE
La Salette “se mérite”, disent les
pèlerins marcheurs et même les
automobilistes : il faut vouloir y venir.
Apparaissant dans un coin perdu des
Alpes dauphinoises, Marie a pourtant
donné là un élan missionnaire unique
en son genre. Aujourd’hui la
Congrégation des Missionnaires de
N.-D. de La Salette est internationale.
La Belle Dame est visitée par de
nombreux groupes de Pologne,
République tchèque, Slovaquie,
Philippines... Des agences de voyages
mettent régulièrement La Salette
dans leurs programmes, d’autant plus
cette année que, du 15 juillet au 15
octobre, le Sanctuaire organise de
nombreux événements pour marquer
le 160e anniversaire de l’apparition.
La fête de l’Assomption sera présidée
par le cardinal Barbarin en août.
Le 19 septembre verra la grande fête
des congrégations et de toute la
famille salettine. Mgr de Béranger
viendra début octobre pour accueillir
tous les laïcs associés à la Salette...
les millions de pèlerins qui fréquentent Lourdes
"écrasent" les 200.000 de la Salette. En France, c’est
surtout l’Est de l’axe "Rhône-Saône" qui vient à La Salette. Nous sommes à l’écart des grands axes de
migrations, ou de circuits pèlerins. Entre 1846 et
1900, La Salette a connu cependant une énorme fréquentation (plusieurs centaines de milliers de personnes par an). Des circonstances historiques ont
réduit le flux, sauf en 1946 et 1995-96. Les modes
touristiques et les nouvelles donnes actuelles modifient le style de fréquentation. Nous avons beaucoup
de touristes qui viennent de l’étranger.
L’infinie
tendresse
de Dieu à
travers
Marie
C’est en cela surtout que le message mérite d’être
interrogé, médité, creusé, exploré dans ses conséquences. Ce message est "carré", avec un commencement : "Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur !" – et
une conclusion : "Allons, mes enfants, faites-le bien
passer à tout mon peuple !" Rien en amont, rien en
aval. L’épisode que la Belle Dame ravive dans la mémoire de Maximin : l’histoire si minuscule d’un morceau de pain, la vue d’un champ de blé malade du
charbon, l’inquiétude de son mécréant de père… tout
cela, Marie le détaille, Elle qui apparaît vêtue comme
une femme du pays. Et cet épisode dit l’infinie tendresse de Dieu – à travers Marie – pour ce peuple qui
■ N’est-ce pas pourtant un message pour la France ?
La Belle Dame s’est adressée en effet à deux
petits bergers ignorants même de la religion ; et audelà d’eux, aux paysans de cette région — elle a
parlé le patois de Corps aussi bien que le français.
Son discours est profondément enraciné dans une
réalité concrète, datée ; provincial tout comme
l’Evangile, il atteint comme l’Evangile à l’universel.
Des Salettins de l’Inde savent comment relire, chez
eux, les peuples du riz, le fait que Marie parle de blé
et de pommes de terre : "Elle nous oblige à regarder
sous nos pieds !" ; et "sous les pieds", ce sont les
pauvres écrasés par des systèmes-bulldozers. Sans
engagement dans les solidarités, la prière et la
dévotion, l’observance formelle des commandements, sont des trahisons.
FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
9
DOSSIER
souffre et ne sait plus pourquoi. Cela dépasse la
France, c’est vrai pour l’Angola, le Soudan, la Bolivie et
tant de pays écrasés par l’égoïsme de quelques-uns.
"Mettre en série" des lieux d’apparitions, voire des
messages, est la route la plus facile. Certes, Marie
parle partout de pénitence et de prière ; mais c’est le
message même de Jésus transmis par les Evangiles –
message trop oublié au profit d’autres choses – "Se
retirer à l’écart pour prier" est souvent nécessaire pour
ne pas perdre pied dans l’agitation de notre temps – et
Jésus l’a fait lui-même bien souvent.
C’est donc de "là-haut sur la montagne" que Marie envoie les deux
enfants de 1846 ; et, aujourd’hui, tant
de pèlerins qui montent vers Elle chercher un sens à leur vie, force pour
eux-mêmes et leurs proches, et soutien dans leurs engagements.
Comme beaucoup de pèlerins,
vous demandez en quoi le message mérite qu’on s’y
attache aujourd’hui. Nous pouvons ici répondre : si
les pèlerins s’intéressent concrètement à la prière
que Jésus a donnée à ses disciples, le "Notre Père", ils
comprennent le message de la Belle Dame de La Salette.
Se retirer à
l’écart pour
prier est
souvent
nécessaire
© LA SALETTE
■ Quels sont les critères qui permettent de discerner que
quelque chose est enraciné dans la Parole de Dieu ?
L’amitié de la diversité
Elena vient de Russie, pour la deuxième fois, au Sanctuaire de la Salette :
"A La Salette nous sommes une petite dizaine de bénévoles
chaque mois qui venons de l’Université de l’Amitié des
Peuples de Moscou, pour un stage. Parmi nous il y a des
orthodoxes mais aussi des personnes qui ne croient pas en
Dieu. Parmi les volontaires on peut rencontrer des musulmans et des bouddhistes ! La Salette est un lieu où l’on peut
reposer son esprit et ressourcer son âme et aussi rencontrer
de nouveaux amis et apprendre à connaître leur culture.
A La Salette on ne perçoit pas, dans notre vie commune,
les différences dues à nos origines religieuses. On
travaille ensemble, on mange ensemble, on fait des
sorties ensemble, on apprend le français ensemble, on
chante, on prie : bref, on se parle et on vit comme dans une famille. Le travail
au Sanctuaire est parfois dur, avec beaucoup de services à assurer (chambres,
buanderie, lingerie, réception, bar, librairie, magasin, cuisine, plonge,
restaurant, accueil jeunes, sacristie, musée, bibliothèque) mais grâce à notre
amitié nous nous soutenons pour accomplir chacun sa tâche." A Notre Dame
de la Salette on réalise que c’est en donnant qu’on reçoit et c’est cette
expérience qui m’attire ici depuis deux ans. Bienvenue aux nouveaux ! ■
10 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
Question immense qui touche à la théologie de
l’inspiration biblique ; au discernement quant aux manifestations célestes, privées et surtout publiques ; à
l’intelligence et l’éducation de la foi ; à la vie même de
l’Eglise ; et elle s’inscrit dans le contexte actuel de
manipulation des faits et des consciences.
Des éléments précieux sont donnés déjà dans les
Actes des Apôtres (5, 34-42). Gamaliel, un théologien
juif réputé, éveille la mémoire des faits, mis en perspective avec "l’affaire Jésus".
Il conclut : "Si leur intention
ou leur action vient des
hommes, elle tombera. Mais
si elle vient de Dieu, vous ne
pourrez pas les faire tomber".
Ce qu’on appelle le Concile
de Jérusalem (Actes 15, 7-21)
apporte une remarquable lecture à la fois de ce qui se
passe – la conversion des
païens – et de la Parole de Dieu qui a passé par Moïse.
Dieu est libre de ses dons, et il est capable d’aider non
pas à renier ce qu’il a établi pour son peuple, mais à le
dépasser pour que le salut en son Fils soit ouvert à
tous les peuples. Le principe "Hors de l’Eglise, pas de
salut" doit lui-même s’ouvrir à la Parole de Dieu : c’est
Dieu qui connaît le contenu à donner à l’Eglise.
© LA SALETTE
■ En quoi ce message complète-t-il celui d’autres lieux
comme Lourdes ou Fatima ?
■ Marie participerait à cette prescience de Dieu ?
Les missionnaires de la Salette
La variété des apparitions est grande. Marie se
manifeste comme il lui paraît nécessaire pour le bien
des personnes – ceci en communion avec son Fils et le
Père, qu’elle ne supplante pas. Quand une apparition –
surtout à destination publique – invite les chrétiens à
se reporter à des aspects majeurs de la Bonne Nouvelle : la conversion, la prière, la charité, l’espérance
du Royaume, la familiarité avec la Parole de Dieu… on
peut être assuré de son authenticité.
Quand elle s’inscrit dans le prophétisme au sens
plénier, il en va de même. A savoir :
- aider le peuple croyant à relire ce qu’il vit plutôt
mal : épreuves, obscurités, etc…
- l’aider à retrouver la source de sa vie : JésusChrist vivant – dans la Parole et les sacrements ;
- l’aider à attendre de manière active et patiente
le Royaume.
L’évêque de Grenoble reconnaît l’Apparition, en 1851. Restait à
accueillir les pèlerins venus, souvent en groupe, prier sur la montagne en
un lieu désert à 1800 m d’altitude. En 1852, afin de construire là-haut
une église et une hôtellerie, l’évêque choisit dans son clergé quelques
prêtres-bâtisseurs qui mèneront leur ministère auprès des pèlerins :
présentation du Message de conversion de Marie, confessions, célébration de l’Eucharistie. L’hiver, quand les travaux doivent s’interrompre et
les foules moins nombreuses, ils iront réveiller la foi endormie des fidèles
des paroisses, comme tant d’autres groupes missionnaires diocésains de
cette époque. Le Message de La Salette confirmait l’essentiel de cette
action pastorale : rappel du repos du dimanche avec
participation à la Messe, lutte contre le blasphème,
respect du carême, appel à la prière...
Ce groupe de missionnaires va peu à peu s’interroger
sur l’éventualité de se constituer en Institut
Religieux. Vivre ensemble, selon une règle, en
s’appuyant sur l’esprit du Message de Marie. Ce
cheminement aboutit à la profession religieuse de six
prêtres le 2 février 1858. Bientôt les rejoindront
d’autres membres, dont des religieux frères (76
aujourd’hui dans le monde). Onze ans plus tard se
fondera le premier Institut des Sœurs de La Salette.
Grâce à un petit-séminaire, lancée en 1876, la
Congrégation va grandir. Un décret de Rome la
reconnaît en 1879. Les lois antireligieuses des
premières années 1900 favoriseront l’expansion en
Suisse, en Belgique, en Italie, avec des petits et grands
séminaires, et plus tard en Pologne. En 1899 partent
pour Madagascar des Missionnaires, précurseurs d’autres missions, telles
que celles du Brésil, de Birmanie, d’Angola, des Philippines…
Quel est le message particulier de ces 800 religieux, répartis dans plus
de 20 pays ? Marie est venue à La Salette "nous conter une grande
nouvelle", pour reprendre ses propres termes, allusion certaine à
l’Evangile, signifiant en grec ‘Bonne Nouvelle’. "Aller à Jésus par Marie"
– cette formule de Saint Bernard pourrait résumer leur projet pastoral.
"Plus que jamais le monde a besoin d’être réconcilié par le fils de
Marie" – déclarait cette année le chapitre général réuni aux Philippines.
Nous sommes loin du "merveilleux", mais tout au contraire, près d’une
foi vivante, capable d’interpeller un monde malade de ses multiples
divisions. ■
Pierre KERLOC’H,
■ Que penser des apparitions où Marie fait des révélations extraordinaires ?
L’aspect "annonce de malheurs et de châtiments" fait partie aussi bien du prophétisme que
de l’Evangile, mais cet aspect ne doit pas être
surévalué, ni rendu exclusif au détriment des
autres. Il s’agit toujours des conséquences de
l’amour refusé.
Quand une apparition se dilue dans des bavardages pieux, et couvre des discours contre le cheminement de l’Eglise, on peut à bon droit se demander si
elle est authentique. En effet, Marie n’a reçu aucune
mission judiciaire dans l’Eglise. Marie est dans l’Eglise,
pas au-dessus d’elle. Selon la doctrine de Lumen Gentium (Vatican II), Marie ne peut pas être mise au-dessus de son Fils. Son service auprès du peuple chrétien
relève de la participation dans l’ordre de la grâce ; il
n’ajoute rien à ce qu’accomplit Jésus-Christ. Celui-ci
est le seul Sauveur, médiateur et pasteur ; sa Mère
accompagne le peuple de Dieu dans le pèlerinage terrestre. ■
missionnaire de N.-D. de la Salette, au service d’une paroisse de Grenoble.
FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
11
DOSSIER
Les racines des sœurs de La Salette
N
Madagascar. En 1992, des jeunes filles en Angola demandent à
otre Congrégation est née après l’apparition de la
devenir Sœurs de Notre-Dame de la Salette. La guerre ne
"Belle Dame" comme disent Maximin et Mélanie à la
favorise pas leur venue en France, ni l’envoi de sœurs pour les
Salette, le 19 septembre 1846. En gestation depuis
accompagner et les former. Avec l’évêque de leur diocèse,
1855, la Congrégation n’a vraiment pris forme que le 17
elles vont créer les sœurs Messagères de Notre-Dame de la
septembre 1871, quand Henriette Deluy-Fabry et cinq sœurs
Salette. La fusion pourra s’opérer en 2004.
ont fondé les sœurs Réparatrices pour soulager les souffrances
Au début des années 2000, nous nous sommes réimplantées
de Marie dans l’immolation, la réparation, dans la prière et
en Pologne, aux Etats-Unis. En novembre 2005, nous nous
l’apostolat. Le 20 décembre 1872, Les Religieuses Réparatrices
sommes implantées au Myanmar avec des sœurs autochtones.
arrivent à pied, au sanctuaire de la Salette, dans la neige et le
Notre Congrégation a donc plusieurs racines. Les
froid. Elles prient et travaillent à la lingerie, la buanderie, la
Constitutions ont été repensées, priées au fil du temps et des
cuisine, le restaurant, le magasin… En 1876, elles ouvrent une
propositions de l’Eglise. Aujourd’hui, nous vivons la
maison d’accueil à St-Martin-le-Vinoux (Isère) pour les enfants
dynamique de l’Universalité de l’Eglise dans huit pays. Marie
handicapés mentaux.
nous dit : "Avancez mes enfants, n’ayez pas peur". Notre
En 1905, les sœurs entrent dans la clandestinité et leurs biens
charisme est tourné vers la Réconciliation et nous voulons dire
sont confisqués. Les pères quittent le sanctuaire de la Salette
au monde que la
avec trois sœurs.
L’apostolat des missionnaires de La Salette
différence est une
Les autres religieuses
s’étend à tous les âges (chapelle de la Rencontre)
richesse, qu’elle est une
restent. Elles prennent
mosaïque pour parler
un habit civil pour
de la Bonne Nouvelle
continuer à accueillir
de Jésus Christ. Nous
les pèlerins. 1905 est
voulons dire que même
aussi l’année des
si nous n’avons pas la
premiers vœux
même manière de
perpétuels. En 1911,
vivre, de penser, de
les sœurs ouvrent une
construire l’avenir, de
communauté en
prier avec la même
Pologne.
langue, nous pouvons
En 1930, après de
vivre ensemble,
multiples démarches,
avancer, bâtir le
sans résultats, auprès
Royaume de Dieu. La
des Religieuses
Réconciliation se vit sur
Réparatrices, les
plusieurs axes. En ayant
Supérieurs Généraux
fait l’expérience pour
des Missionnaires de
nous-mêmes, nous
la Salette fondent une
voulons aider les
Congrégation féminine
personnes que nous rencontrons à se réconcilier avec ellesmissionnaire pour annoncer avec eux le message de Marie
mêmes, avec ceux qui les entourent, avec Dieu, mais
dans le monde : Les sœurs Missionnaires de Notre-Dame de la
également avec la Création. Comme le dit Marie : "S’ils se
Salette. Les deux Congrégations se réuniront, le 20 janvier
convertissent les pierres et les rochers deviendront des
1962 ; en 1965, le Vatican approuve officiellement l'union.
monceaux de blé." Si nous changeons ce qui est mort en nous,
Elles sont alors présentes au Brésil, aux Philippines, à
la vie pourra jaillir, s’épanouir, et nous
porterons beaucoup de fruits.
Nous désirons nous engager auprès des plus
Je suis Malgache et j’ai 26 ans. Quand j’étais petite, j’étudiais dans un collège géré par pauvres avec tout ce que nous sommes
une congrégation religieuse. (Sœurs de l’Immaculée Conception de Niort) Après mes
personnellement, et communautairement.
études, j’étais encore pensionnaire dans leur maison. Je faisais partie du mouvement
Avec les laïcs qui, comme nous, se savent
eucharistique des jeunes. J’ai rencontré quelques jeunes filles qui avaient l’intention de aimés de leur Père, nous voulons proclamer
fonder une Congrégation et j’ai avancé avec elles pour vivre la vie religieuse. Comme
au monde Sa miséricorde et Son amour pour
notre communauté était nouvelle, nous étions chez les Sœurs de Notre-Dame de la
chacun. Marie nous demande de "Le faire
Salette pour vivre notre formation. Leur charisme, leur spiritualité et l’appel de la Sainte passer à tout son peuple". Dans tous nos
Vierge à la Salette : "Avancez mes enfants, n’ayez pas peur" m’ont finalement attirée et engagements, nous vivons ces missions avec
j’ai demandé à entrer chez les Sœurs de Notre-Dame de la Salette. Je suis entrée au
des laïcs convaincus que la Réconciliation
postulat le 8 décembre 2002. Aujourd’hui, je suis en France. J’ai vécu la formation au
est la seule solution contre les déchirements
noviciat ici et, depuis mes premiers vœux, en juin 2005, je suis en mission à N.-D. de
de ce monde. ■
l’Hermitage dans la Loire. Dans ma vie quotidienne, j’essaie d’offrir ma vie à Dieu et de
Sœur Sophie RICHER,
vivre en union avec Jésus et Marie.
sœur de ND de la Salette
Sœur Florence
au service de N.-D. de l’Hermitage (42)
La vocation de Florence
12 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
DOSSIER
La pédagogie
d’
Arcabas
Depuis plusieurs années on voit
arriver à La Salette des touristes,
qui ne sont attirés que par la
beauté du site et la montagne
avec ses sentiers balisés. Les
œuvres du peintre Arcabas, dans
le Sanctuaire, ont aussi pour
vocation de les interpeller.
■ Piotr Rak, comment le sanctuaire de la Salette a-t-il choisi
Arcabas comme peintre “officiel” ?
© MARCEL CROZET/ADAGP/CERF
Dans les années 1970, suite au Concile Vatican II
notre Eglise vit de profonds changements qui se font
sentir dans différents domaines, comme la liturgie,
mais aussi l’aménagement et la décoration de nos
églises. La basilique du sanctuaire de Notre-Dame de
La Salette n’échappe pas à cette vague de réaménagements : après d’importants travaux de rénovation, entrepris au milieu des années 1970, le P. Daniel Charmot ms, à l’époque l’un des responsables du Sanctuaire, a l’idée de faire appel à Arcabas pour le réaménagement de l’intérieur de la Basilique. (Il faut rappeler qu’à ce moment-là Arcabas commence à être reconnu au niveau international, et ses œuvres réalisées
à l’église de Saint-Hugues de Chartreuse attirent de
plus en plus de monde).
C’est tout simplement cette rencontre entre deux
hommes qui est au départ de l’œuvre monumentale
qu’Arcabas va réaliser à différentes périodes à NotreDame de La Salette. Vers 1990 – les peintures de la
FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
13
DOSSIER
■ Quelles sont les réactions des pèlerins ?
Les œuvres d’Arcabas ne laissent jamais
indifférent : elles peuvent interpeller, émerveiller…
Mais aussi faire fuir, baisser les yeux, provoquer un
refus… Tous les jours on peut voir des personnes –
pèlerins ou visiteurs – passer de longs moments
devant ces peintures, à essayer d’en saisir le sens, la
symbolique, cette beauté singulière et sobre, émouvante ; ou encore toute la profondeur évangélique et
scripturaire, voire théologique, toujours si surprenante
dans les réalisations d’Arcabas. Combien de conversa-
tions, d’échanges, provoqués par ces peintures !
Combien de découvertes ! Le style d’Arcabas y est également pour quelque chose ; aujourd’hui tout le
monde semble d’accord : Arcabas est un des maîtres
de l’art sacré (ou de l’art tout court) contemporain.
■ Comment ses œuvres rejoignent-elles le message de la
Salette ?
Combien de
conversations,
d'échanges,
provoqués
par ces
peintures !
L’œcuménisme de La Salette
En tant que responsable de l’animation de bénévoles de La Salette, je
rencontre des jeunes de différents pays, d’Europe de l’ouest ou centrale,
de Moldavie, Roumanie, Ukraine, Biélorussie, Lettonie, Russie mais aussi
d’Egypte et de Chine. Parmi eux, on rencontre beaucoup de catholiques,
mais également des protestants, des orthodoxes, des musulmans, des
bouddhistes et des athées. Il ne faut pas croire que tout le monde vient ici
pour vénérer la Vierge Marie. Les jeunes qui ne sont pas catholiques
viennent souvent dans le cadre du stage linguistique organisé par leurs
universités. Ce qu’ils cherchent d’abord c’est enrichir leurs connaissances
du français. En même temps, pour beaucoup d’entre eux, c’est leur
premier contact avec l’Eglise Catholique, avec des prêtres qui ne sont pas
mariés et qui n’ont pas de famille (comme chez les orthodoxes), avec des
religieux, des religieuses qui ne sont pas enfermés dans un monastère,
mais qui sont disponibles pour répondre à leurs questions, pour sortir en
montagne ou visiter la région… Bref, ils peuvent rencontrer des gens qui
tout simplement passent du temps avec eux.
La grâce de Dieu passe par la nature et au bout de leurs séjours ils sont
toujours marqués par ce lieu et cette ambiance qui sont à l’œuvre ici. Ils
ne manquent jamais de respect envers le sanctuaire, les pèlerins, le fait et
l’histoire de l’Apparition. En plus, chaque nationalité participe à la
présentation du message de La Salette dans sa langue.
Ce lieu leur permet d’élargir leurs cœurs et de faire des liens
internationaux et interreligieux qui durent. Ils se donnent ensuite des
rendez-vous en Russie, en Ukraine, en Pologne, en Slovaquie, en
Tchéquie… et à La Salette l’année suivante.
L’enjeu que la Vierge de La Salette a mis en place en se manifestant aux
deux enfants illettrés va certainement au-delà de ses relations humaines.
Mais son message qui habite ce lieu et cette maison, cet oikoumene de La
Salette, imprègne ceux qui viennent ici et fait d’eux les porteurs de la
réconciliation. ■
Père André ZONTEK,
missionnaire d’origine polonaise, responsable des volontaires et chapelain
14 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
La Vierge Marie, Mère de Dieu, est souvent représentée par Arcabas à La Salette : auprès de son Fils (et
des serviteurs) pendant les Noces de Cana ; ou au
moment de s’effondrer au pied de la croix (Déploration) ou encore à la Chapelle de la Rencontre. Ce
lien entre les peintures d’Arcabas à La Salette, et le
Message de ce lieu, même s’il n’est pas toujours explicite, est indéniablement très fort, on pourrait dire
même : organique.
Voici un extrait de la méditation du tableau de la
Déploration : "Vierge de Golgotha, Vierge de La
Salette. Le bras de son fils, qu’il est pesant du poids de
notre péché, qu’il est lourd de notre refus d’aimer ! ‘Si
mon peuple ne veut pas se soumettre’, se mettre sous
la Loi de l’amour, ‘je suis forcée de laisser aller le bras
de mon fils’. Bras crucifiés, poids mort, ‘si pesant que je
ne peux le maintenir’. Je m’effondre en lui. ‘Depuis le
temps que je souffre pour vous !’ dit-elle encore.
Emouvant dialogue et silencieux écho des lignes : les
bras levés en croix du Christ, reflétés au sol, et ceux de
sa mère. Personne comme elle n’est associé au mystère de la Croix" – par M. Patrick Laudet.(1)
Un détail : le tableau de la Vierge à l’Enfant, se
trouvant dans la Chapelle de la Rencontre, porte la
dédicace de l’artiste : "A ma Mère Marie". Faut-il en
dire davantage ? ■
© MARCEL CROZET/ADAGP/CERF
Basilique, avec le Christ Pantocrator, particulièrement
impressionnant (8m sur 6m), sont exécutées. Et puis,
avant le 150e Anniversaire de l’Apparition (1996), le
Sanctuaire et le P. Charmot font à nouveau appel à
Arcabas, qui réalise cette fois la décoration de la toute
nouvelle Chapelle de la Rencontre, avec le tabernacle,
les vitraux, le tableau de la Vierge et le mobilier. Les
grandes baies vitrées de cette chapelle, très appréciée
par les pèlerins, permettent d’apercevoir la grande
harmonie entre l’œuvre de l’artiste et l’œuvre du Créateur, les pentes et les sommets des montagnes environnantes invitant au recueillement et à la prière.
"Arcabas – Notre-Dame de La Salette",
texte : Patrick Laudet, photos : Marcel Crozet,
préface : Mgr Guy de Kerimel ; un superbe album
de 140 pages, grand format, Le Cerf, 29 €.
DOSSIER
AQUERO
Blues Brothers
à La Salette
La journée "musique" de ce jubilé
de la Salette sera vécue autour
du groupe "Aquero", le pop rock
cuivré chrétien, le 9 septembre
prochain. Interview du chanteur.
protestant et nous aimons jouer pour tous les hommes,
non-chrétiens et chrétiens de toutes dénominations
■ En quoi la Vierge Marie est-elle importante
pour vous ?
■ Jean-Paul Prat, y-a-t'il quelque chose à la Salette, qu'on
ne retrouve pas dans d'autres lieux mariaux ?
Les larmes de la Mère de Dieu. La Salette est le
lieu qu’a choisi Marie pour pleurer sur les blessures de
notre monde. Mais ses larmes sont comme de la
lumière ; comme le paysage, le message de la Salette
a quelque chose d’abrupt tout en étant très doux :
"avancez mes enfants, n’ayez pas peur..."
■ Certains d'entre vous font partie de la communauté charismatique des Apôtres de la Paix, fondée en 1988. Quel
est le lien avec La Salette ?
Les larmes de notre Mère, si on les rapproche du
texte d’Ezéchiel au chap. 47, nous parlent de la source
du Temple. Les apôtres de la Paix voudraient être chacun une de ces larmes qui finissent par former un torrent. Nous voudrions appeler chaque
personne de bonne volonté à choisir
d’être une goutte de cette eau-là. Ce
torrent vient du Cœur transpercé de
l’Agneau et "se déverse dans la mer en
sorte que ses eaux deviennent saines"
(Ez 47, 8b).
Et puis Marie vient à La Salette
comme Réconciliatrice des pécheurs ;
point de paix sans réconciliation.
■ En venant à La Salette, quel est votre
désir ?
Jean-Paul Prat,
chant, basse et
piano du groupe
Ce torrent
vient du Cœur
transpercé de
l’Agneau
Concert d’Aquero à Bercy
D’abord donner un concert ! En tant qu’Apôtre de
la Paix, c’est une grande joie pour nous que les
Missionnaires de la Salette nous aient invités. Aquero
essaie d’apporter un message de vie, de joie et aussi
d’unité, de réconciliation. David, notre batteur, est
Nos chansons ne parlent pas explicitement de la Vierge mais nous désirons,
comme elle, être "la servante du Seigneur" (Lc 1, 38) et dire au monde : "Tout
ce qu’il vous dira, faites-le" (Jn 2, 5) Marie
est importante pour nous car c’est à elle
que Jésus nous a confiés (Jn 19, 27) et qu’elle est le
moule parfait dans lequel nous pouvons devenir semblables à Lui.
■ Un concert peut-il être aussi une prière ?
Nous avons fait le choix que nos concerts ne
soient pas des concerts de louange ou des veillées de
prière pour que ceux qui n’ont pas la foi puissent ne
pas s’y sentir gênés. Mais cela n’empêche pas nos
concerts d’être prière. Bien qu’à aucun moment, la
prière ne soit proposée : nous sommes temples du
Saint Esprit ; nous désirons, malgré nos misères, que
Dieu passe à travers nous pour donner du bonheur à
tous ceux qui sont là.
■ Comment situez-vous votre place dans
cet anniversaire de la Salette ?
Festive, c’est sûr, car un concert
d’Aquero est toujours une fête, ne sommes-nous pas les "Blues Brothers de
Dieu" ? La musique d’Aquero entraîne à
la danse. Evangélisation, sans doute, si
par nos chansons des personnes découvrent qu’elles sont aimées sans condition et à la folie. Humour, assurément,
car nous comptons bien rire avec le public. ■
Aquero, Le Clos Saint-Joseph
69610 St Genis l’Argentière, tél. 04 74 26 17 78
e-mail : [email protected]
http://www.apotres-de-la-paix.net
FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
15
ESPRIT
En
mémoire des jours
Les devenirs
divins
Par
Robert Masson
Q
uand tout commence
pour lui, l’Algérie est
encore officiellement
française, mais déjà bouleversée par un de ces mouvements de fond, comme en
connaît l’histoire quand son
cours se fait irréversible.
On est en 1955, alors
qu’un jeune prêtre du nom
d’Henri Teissier, est ordonné
par Mgr Duval, figure emblématique d’une Eglise qui a
pour premier souci l’Evangile
et ses exigences. Ce sont des
choses qui ne vont plus de
soi, à une heure où la parole
est à la violence, et le sera de
plus en plus, au long de ces
années qui correspondent à
ce qu’on finira par appeler la
guerre d’Algérie.
Pouvait-on savoir alors,
qu’une autre épreuve allait
un jour dévaster un pays,
qu’on dirait abonné au malheur ? Cette fois ce sont les
islamistes qui entraînent leur
pays dans une spirale de violence, dont on ne sait pas
encore ce qu’elle a coûté au
juste de morts. 150 000, diton, et dans des conditions qui
ont fait reculer les frontières
de l’horreur. Au cours de ces
tourmentes, Henri Teissier se
tient là où Dieu l’appelle.
Sans toujours comprendre ses
desseins, qui ramènent à si
peu une présence d’Eglise qui
se trouve réduite à presque
rien.
En 1962, sont signés à
Evian les accords de paix. En
quelques jours, 800.000
Européens qu’on nommait
des “pieds noirs”, s’enfuient
d’un pays qui les avait vus
naître, pour la plupart. A
Marseille, mais dans l’autre
sens, Henri Teissier regagne
l’Algérie, où il aurait dû ramener des jeunes en vacances. Aucun, et surtout pas
leur famille, n’était volontaire
pour rentrer. Henri Teissier
prend alors la mesure de sa
solitude, qui est désormais
celle de son Eglise, appelée à
vivre une situation de minorité, au cœur d’un peuple
musulman. Les disciples de
Jésus, qui viennent de subir
une sorte de séïsme spirituel,
réalisent ce que voulaient
dire leurs écritures les plus
simples, quand elles leur parlaient de force dans la faiblesse.
Christian Chessel - père
blanc assassiné à Tizi-Ouzou
le 27 décembre 1994 - écrira
un jour un texte, qui a valeur
de référence pour l’Eglise
d’Algérie. Comme l’apôtre,
aux premiers jours de la foi,
c’est dans la faiblesse que
l’Eglise d’Algérie trouve sa
force. Ce n’est pas sur elle
qu’elle compte, mais sur son
Seigneur et Maître, qui n’avait où reposer sa tête.
Henri Teissier sait bien
que le disciple n’est pas audessus du maître. Ce qui le
passionne, c’est de vivre le
rapport islamo-chrétien, qui
est un des défis majeurs du
monde d’aujourd’hui. En
1972, il est appelé à l’épiscopat comme évêque d’Oran, et
16 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
quelques années plus tard, au
siège d’Alger, où il devient le
coadjuteur de Mgr Duval,
dont la confiance de l’Eglise
fait alors un cardinal, manière d’honorer cette figure
de l’Eglise en ce temps. Henri
Teissier, qui a fait de longs
séjours au Proche-Orient, en
Egypte et au Liban tout spécialement, réalise la spécificité de l’Eglise algérienne.
“Nous sommes des pauvres”,
constate Henri Teissier. Pas
seulement au plan matériel,
où subsistent plus pauvres
qu’eux. Le dénuement est un
autre ordre, il est spirituel,
c’est-à-dire essentiel.
L’Eglise en Algérie est une
force de consentement, non
de pouvoir. Sept ou huit mille
chrétiens parmi des millions
de musulmans, avec une majorité d’étudiants de l’Afrique
subsahélienne, cela ne fait
pas un groupe de pression.
C’est en terme de témoignage, que tout s’évalue ici.
Ce n’est pas par hasard que
les hauts lieux de cette Eglise
se nomment Tibhirine, ou
bien encore un couvent de
clarisses à Alger, qui tiendront aussi longtemps qu’il
leur est possible.
Le pape Jean-Paul II, recevant à sa table les évêques
du Maghreb, leur dit qu’ils
sont signes, et qu’on ne demande pas précisemment à
un signe de faire nombre.
C’est aux heures de Dieu,
qu’on s’en remet sur ces
terres d’Afrique du Nord, qui
furent longtemps, on ne l’oublie pas, des terres mères
pour le christianisme. Il en
reste quelques souvenances
avec Cyprien, et le grand
saint Augustin, dont l’Afrique
officielle reconnaît aujourd’hui son appartenance na-
tionale. La grâce de cette
Eglise, c’est de s’établir dans
la foi et la conviction profonde, que là où il y a un
chrétien, là est l’Eglise.
Cette dernière décennie,
qui fut celle du chagrin et
des larmes, a vérifié toutes
les intuitions apostoliques,
qui furent celles des évêques
de cette région du monde.
L’Eglise d’Algérie est référence pour tant d’autres, qui
vivent à l’obscur cette mission. C’est Henri Vergès, petit
frère mariste, qui disait :
“Notre vie est comme un cinquième évangile que tout le
monde devrait pouvoir lire. Il
brille d’un éclat d’accomplissement. L’évêque d’Alger,
dans ces circonstances dramatiques, eut à discerner en
ces années, les signes qui
engageaient la vie d’autrui.
Ce qui n’était pas plus simple
que de donner la sienne.
C’est un grand parcours
dans la foi, que l’on fait avec
ce livre sur Mgr Teissier, cet
évêque d’Algérie, qui eut à
connaître la grâce d’une
Eglise, pour un peuple musulman.
Des moines de Tibhirine,
Henri Teissier écrivait qu’ils
étaient “icône d’une présence
chrétienne en terre d’Islam”.
Ce n’est pas en passant que
cette icône a brillé, mais pour
la durée des temps.
Lisez ce livre, qui nous
rapporte une grande histoire.
Rien de moins que celle de
devenirs divins dans le
monde qui vient. ■
"Henri Teissier, un évêque
en Algérie, de l’Algérie française à la crise islamiste",
entretiens avec Martine de
Sauto, journaliste à La Croix,
éditions Bayard, 367 pages,
19,80 €.
Pentecôte à Rome
Message du pape aux membres des mouvements ecclésiaux et communautés
nouvelles qui ont participé du 31 mai au 2 juin au IIe Congrès mondial des
Mouvements ecclésiaux et Communautés nouvelles, à Rocca di Papa (Italie) et à
la rencontre place Saint-Pierre, le samedi 3 juin, veille de la Pentecôte.
Je suis heureux de vous souhaiter, représentants de toutes ces réalités ecclésiales,
réunis à Rocca di Papa pour un Congrès mondial, un salut chaleureux à travers les
paroles de l'Apôtre : « Que le Dieu de l'espérance vous donne en plénitude dans
votre acte de foi la joie et la paix, afin que l'espérance surabonde en vous par la
vertu de l'Esprit Saint » (Rm 15, 13). Le souvenir du précédent Congrès mondial des
mouvements ecclésiaux, qui s'est déroulé à Rome, du 26 au 29 mai 1998, auquel
je fus invité à apporter ma contribution, alors en qualité de préfet de la
Congrégation pour la Doctrine de la Foi, avec une conférence sur le thème de la
place théologique des mouvements est encore vivante dans ma mémoire et dans
mon cœur. Ce Congrès fut couronné par la mémorable rencontre avec le bienaimé pape Jean-Paul II, le 30 mai 1998, place Saint-Pierre, au cours de laquelle
mon prédécesseur confirma son appréciation pour les mouvements ecclésiaux et
les communautés nouvelles, qu'il qualifia « de signes d'espérance pour le bien de
l'Eglise et des hommes ».
Aujourd'hui, conscient du chemin parcouru depuis sur le sentier tracé par la
sollicitude pastorale, par l'affection et par les enseignements de Jean-Paul II, je
voudrais féliciter le Conseil pontifical pour les Laïcs, en la personne de son président, Mgr Stanislas Rylko, du secrétaire, Mgr Joseph Clemens et de leurs
collaborateurs, pour l'importante et la précieuse initiative de ce Congrès mondial,
dont le thème — « La beauté d'être chrétien et la joie de le communiquer » —, est
issu d'une affirmation que j'ai faite dans mon homélie au début de mon ministère
pétrinien. Il s'agit d'un thème qui invite à réfléchir sur ce qui caractérise
essentiellement l'événement chrétien : en effet, en lui, nous rencontrons Celui qui,
en chair et en sang, de façon visible et historique, a apporté la splendeur de la
gloire de Dieu sur terre. C'est à Lui que s'appliquent les paroles du Psaume 44 :
« Tu es le plus beau des enfants des hommes ». Et c'est à Lui, de façon paradoxale,
que font également référence les paroles du prophète : « Sans beauté ni éclat pour
attirer nos regards, et sans apparence qui nous eût séduits » (Is 53, 2). Dans le Christ
se rencontrent la beauté de la vérité et la beauté de l'amour; mais l'amour, on le
sait, implique également la disponibilité à souffrir, une disponibilité qui peut aller
jusqu'au don de la vie pour ceux que l'on aime (cf. Jn 15, 13) ! Le Christ, qui est « la
beauté de toute beauté » (cf. Jn 15, 13) comme avait l'habitude de le dire saint
Bonaventure (Sermones dominicales, 1, 7), se rend présent dans le cœur de
l'homme et l'attire vers sa vocation qui est l'amour. C'est grâce à cette
extraordinaire force d'attraction que la raison est tirée de sa torpeur et ouverte au
Mystère. C'est ainsi que se révèle la beauté suprême de l'amour miséricordieux de
Dieu et, dans le même temps, la beauté de l'homme qui, créé à l'image de Dieu,
est régénéré par la grâce et destiné à la gloire éternelle.
Au cours des siècles, le christianisme a été communiqué et s'est diffusé grâce à
la nouveauté de vie de personnes et de communautés capables d'apporter un
témoignage incisif d'amour, d'unité et de joie. C'est précisément cette force qui a
mis tant de personnes en « mouvement » au fil des générations. N'est-ce pas la
beauté que la foi a engendrée sur le visage des saints qui a poussé tant d'hommes
et de femmes à en suivre les pas ? Au fond, cela vaut également pour vous : à
travers les fondateurs et les initiateurs de vos mouvements et communautés, vous
avez entrevu avec une luminosité particulière le visage du Christ et vous vous êtes
PARIS
Le 1er juin 2006, le Pape a attribué
deux nouveaux évêques auxiliaires à Mgr
Vingt-Trois, archevêque de Paris : Mgr Jérôme Beau et Mgr Jean-Yves Nahmias,
qui étaient respectivement supérieur du
Séminaire de Paris et vicaire général de
l'archidiocèse de Paris. Ils sont tous les
deux nés en 1957. Leur consécration épiscopale aura lieu le vendredi 8 septembre
2006 à 18h00 à Notre-Dame de Paris.
CEF
LONDRES
La contribution des religions au dialogue, spécialement avec l’islam modéré,
et la difficile situation de l’Afrique qui
requiert le soutien de la communauté internationale ont été les deux sujets au
centre de la rencontre privée entre Tony
Blair et Benoît XVI au Vatican, le samedi
3 juin. T. Blair, anglican, était accompagné de Cherie, son épouse, catholique
pratiquante, qui avait déjà été reçue par le
Pape en avril dernier.
ZF06060406
FATIMA
Un ouvrage inédit rédigé par sœur Lucie, dernier témoin des apparitions de la
Vierge à Fatima, décédée à 97 ans le 13
février 2005, paraît ce mois-ci.
Sœur Lucie de Jésus dos Santos a été
avec François et Jacinthe Marto, témoin
des apparitions de la Vierge à Fatima à
partir du 13 mai 1917. Le Saint-Siège a
attendu 45 ans avant de révéler le contenu
de ce que l'on a appelé le troisième secret
de Fatima.
L'ouvrage intitulé Il messaggio di Fatima (Le message de Fatima) sortira en
italien le 10 juin, et en français (aux éditions Parole et Silence), dans les semaines
à venir. Il est édité avec l’imprimatur de
Mgr Serafim de Sousa Ferriera e Silva,
évêque émérite de Leira-Fatima et présente
le message de Fatima en relation avec le
temps qui s'est écoulé et les événements
qui se sont produits. Dans l'introduction,
le père Geremia Carlo Vechina, confesseur de sœur Lucie, raconte que la voyante avait déjà travaillé à la rédaction
d'un texte à la demande du Père général
FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 17
mis en chemin. Aujourd'hui encore, le Christ continue de faire retentir dans le
cœur de nombreuses personnes ce « viens et suis-moi », qui peut décider de leur
destin. Cela a lieu normalement à travers le témoignage de ceux qui ont fait une
expérience personnelle de la présence du Christ. Sur le visage et dans la parole de
ces « créatures nouvelles », sa lumière devient visible et son invitation peut être
entendue.
C'est pourquoi je vous dis, chers amis des mouvements: faites en sorte que
ceux-ci soient toujours des écoles de communion, des compagnies en chemin,
dans lesquelles on apprend à vivre dans la vérité et dans l'amour que le Christ nous
a révélés et communiqués au moyen du témoignage des Apôtres, au sein de la
grande famille de ses disciples. Que retentisse toujours dans votre âme l'exhortation
de Jésus : « Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu'ils voient
vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5, 16).
Apportez la lumière du Christ dans tous les milieux sociaux et culturels dans lesquels vous vivez. L'élan missionnaire est la preuve de la radicalité d'une expérience
de fidélité toujours renouvelée à son propre charisme, qui conduit à dépasser tout
repli las et égoïste sur soi. Illuminez l'obscurité d'un monde transformé par les
messages contradictoires des idéologies! Il n'y a pas de beauté qui vale s'il n'existe
pas de vérité à reconnaître et à suivre, si l'amour est relégué à un sentiment
passager, si le bonheur devient un mirage insaisissable, si la liberté dégénère en
instinctivité. Combien la soif de pouvoir, de richesse, de plaisir est capable de
produire de mal dans la vie de l'homme et des nations! Apportez dans ce monde
troublé le témoignage de la liberté à travers laquelle le Christ nous a libérés
(cf. Ga 5, 1). La fusion extraordinaire entre l'amour de Dieu et l'amour du prochain
rend la vie belle et fait refleurir le désert dans lequel nous vivons souvent. Là où la
charité se manifeste comme une passion pour la vie et pour le destin des autres,
illuminant le domaine des sentiments et du travail, et devenant la force de
construction d'un ordre social plus juste, là s'édifie la civilisation capable de faire
face à la progression de la barbarie. Devenez artisans d'un monde meilleur selon
l'ordo amoris dans lequel se manifeste la beauté de la vie humaine.
Les mouvements ecclésiaux et les communautés nouvelles représentent
aujourd'hui le signe lumineux de la beauté du Christ et de l'Eglise, son Epouse.
Vous appartenez à la structure vivante de l'Eglise. Celle-ci vous remercie pour votre
engagement missionnaire, pour le travail de formation que vous développez de
façon croissante dans les familles chrétiennes, pour la promotion des vocations au
sacerdoce ministériel et à la vie consacrée que vous développez en votre sein. Je
vous remercie également pour la disponibilité dont vous faites preuve pour accueillir les indications d'action non seulement du successeur de Pierre, mais
également des évêques et des diverses Eglises locales qui sont, avec le pape, les
gardiens de la vérité et de la charité dans l'unité. Je suis certain de pouvoir
compter sur votre obéissance. Au-delà de l'affirmation du droit à l'existence doit
toujours prévaloir, avec une priorité indiscutable, l'édification du Corps du Christ
parmi les hommes. Chaque problème doit être affronté par les mouvements avec
des sentiments de profonde communion, dans un esprit d'adhésion aux pasteurs
légitimes. Que vous soutienne la participation à la prière de l'Eglise, dont la liturgie
est la plus haute expression de la beauté de la gloire de Dieu, et constitue d'une
certaine façon une présence du Ciel sur terre.
Je vous confie à l'intercession de Celle que nous invoquons comme la Tota
pulchra, la «Toute Belle», un idéal de beauté que les artistes ont toujours tenté de
reproduire dans leurs œuvres, la « Femme enveloppée de soleil » (cf. Ap 12, 1) ;
dans laquelle la beauté humaine rencontre la beauté de Dieu.
Avec ces sentiments, je vous envoie à tous, en signe d'affection constante, une
Bénédiction apostolique particulière.
ZF06060209 © Libreria Editrice Vaticana - Traduction par Zenit
de l'époque, qui deviendra le cardinal
Ballestrero, à l'occasion de son passage à
Coimbra au cours de l'année 1955.
Ce travail fut envoyé à Rome, à la demande du pape Paul VI, mais - écrit le
Père Vechina - «fut oublié dans les Archives vaticanes». Sœur Lucie raconte que
le 15 mai 1982 elle reçut de la part du
P. Geremia Carlo Vechina, alors provincial
de l'ordre des Carmes déchaux, l'invitation
de transcrire tous les détails concernant le
Message de Fatima, depuis le début.
18 FRANCECatholique N°3028
9 JUIN 2006
La voyante affirma être restée un peu
sceptique, craignant de ne pas avoir l'autorisation du Saint-Siège.
Ses doutes s'évanouirent lorsqu’elle eut
l'occasion de parler avec le cardinal
Eduardo Pironio, en visite à la communauté, le 9 septembre 1983.
Dans la première partie du livre sœur
Lucie s'interroge sur la raison pour laquelle le Seigneur a choisi «des enfants
aussi pauvres et ignorants» pour la réalisation de ses projets. Et elle explique que
le Seigneur « veut des cœurs purs pour
agir en eux selon son bon plaisir » comme
il est écrit dans l'Evangile «Bienheureux les
cœurs purs car ils verront Dieu».
Sœur Lucie aborde par conséquent
tous les passages de la rencontre avec la
Vierge, les demandes de prier le chapelet,
le respect des commandements, les mystères de la Très Sainte Trinité, la pratique
de l’Eucharistie et surtout le sens chrétien
de la souffrance.
«La Dame» (c’est ainsi que sœur Lucie
appelle la Vierge) demanda aux pastoureaux d’offrir leurs personnes à Dieu et
« de supporter toutes les souffrances qu’Il
voudra vous envoyer, comme acte de
réparation pour les péchés qui l’offensent,
et de supplication pour la conversion des
pécheurs ».
Sœur Lucie raconte que les pastoureaux, «sans se préoccuper des souffrances
que le Seigneur leur aurait envoyées,
s’abandonnèrent totalement à la volonté
de Dieu et, sans le savoir, car ils ne
connaissaient pas les Ecritures, ils répondirent en suivant le Christ lorsqu’il dit
‘Me voici O Père, pour faire ta volonté’».
Selon sœur Lucie, c’est dans ce passage
que l’on comprend l’Eucharistie.
Sœur Lucie raconte également des événements inédits, comme lorsque la Vierge,
en référence à la guerre 1914-1918 aurait
dit : «La guerre est sur le point de se terminer mais si l’on ne cesse pas d’offenser
Dieu sous le pontificat de Pie XI, une
autre, pire encore, commencera».
La voyante explique que l’histoire a vu
«l’éclatement d’une guerre athée, contre la
foi, contre Dieu, contre le peuple de Dieu.
Une guerre qui voulait exterminer le
judaïsme d’où provenait Jésus Christ, la
Vierge et les Apôtres qui nous ont transmis
la parole de Dieu et le don de la foi, de
l’espérance et de la charité, peuple élu de
Dieu, choisi depuis le commencement : ‘le
salut vient des Juifs’».
Sœur Lucie évoque ensuite la Russie
communiste et les guerres.
Elle rappelle que la Vierge a demandé
la «consécration de la Russie à son Cœur
immaculé». «S’ils écoutent mes demandes
– aurait dit la Vierge à sœur Lucie – la
Russie se convertira et la paix règnera. Si
non, elle diffusera ses erreurs dans le
monde, suscitant des guerres et des persécutions contre l’Eglise. Les bons seront
martyrisés, le Saint-Père devra souffrir
beaucoup, diverses nations seront détruites».
Après tout cela, cependant, la Vierge
aurait confié aux pastoureaux : «Le SaintPère me consacrera la Russie qui se
convertira et un temps de paix sera accordé au monde. Mon Cœur Immaculé
triomphera enfin».
Sœur Lucie explique cette partie du
message de la Vierge par la consécration
de la Russie au Cœur Immaculé de Marie
que le pape Jean-Paul II fit à Rome le 25
mars 1984, devant la statue de la Vierge
vénérée dans la petite chapelle des Apparitions à Cova d’Iria, à Fatima. Cet acte,
aux côtés de tant d’autres, aurait, selon
sœur Lucie, converti également les
dirigeants de la Russie communiste.
ZF06060207
Rappel sur La Salette : en ce qui
concerne le secret de La Salette - peu
évoqué dans le dossier de cette semaine
de France Catholique - nous rappelons que
le dernier livre paru marquant est celui du
Père Michel Corteville, avec l’abbé René
Laurentin, à partir de la thèse universitaire
du premier sur des archives de la Congrégation de la doctrine de la foi à Rome :
Découverte du secret de La Salette, éd.
Fayard, 2002, 263 pages, 24 €. Il constitue
aussi une bonne réhabilitation des voyants
de La Salette, Mélanie et Maximin, par
rapport à la dévalorisation dont ils ont
souvent fait l’objet à propos de la manière
dont ils ont difficilement mené leur vie
d’adultes.
CHINE
Jeudi 25 mai, jour de l’Ascension, Mgr
Anthony Li Du’an, évêque du diocèse de
Xi’an, dans la province du Shaanxi, s’est
éteint à l’âge de 79 ans, atteint d’un
cancer du foie, diagnostiqué il y a deux
ans. Selon le chancelier du diocèse, le
P. Stephen Chen Ruixue, dès la nouvelle
connue, à 4 heures du matin, plusieurs
centaines de fidèles ainsi que des représentants des autorités locales ont pris
part à une assemblée de prière pour le
repos de l’âme du défunt. A 6h30, une
messe a été célébrée à la cathédrale StFrancis, de Xi’an, par Mgr Anthony Dang
Mingyan, le jeune évêque coadjuteur de
Mgr Li Du’an, et par Mgr Joseph Tong
Changping, évêque du diocèse voisin de
Weinan.
Des messes de requiem pour l’évêque
défunt ont été organisées dans le diocèse
jusqu’au 28 mai dernier et les funérailles
se sont déroulées le 31 mai, en l’église
Gongyi, à Lintong, dans la banlieue de
Xi’an. Les autorités civiles avaient demandé au diocèse d’organiser les funérailles «de manière solennelle et ordonnée». Celles-ci ont été imposantes :
présidées par Mgr Anthony Dang Mingyan, elles ont été concélébrées par sept
évêques du Shaanxi ; près de 200 prêtres
et 500 religieuses de la province y ont pris
part, ainsi qu’une foule estimée à 20 000
personnes. Avant la messe, le cercueil de
Mgr Li Du’an avait été porté en procession
dans les rues autour de la paroisse de
Gongyi durant près de deux heures.
Mgr Li Du’an était l’un des quatre
évêques chinois invités par Benoît XVI à
participer au synode sur l’Eucharistie
d’octobre 2005, à Rome. Comme ses
frères dans l’épiscopat, il n’avait pu obtenir des autorités chinoises l’autorisation de
se rendre au Saint-Siège. Sur les ondes de
Radio Vatican, la mémoire de l’évêque
défunt, évêque «officiel» et reconnu par le
pape, a été saluée. «Il a toujours défendu
avec une grande détermination la liberté
religieuse», a-t-on pu entendre. En Chine
même ainsi qu’auprès des personnes qui
l’ont connu, l’action persistante de Mgr Li
Du’an en faveur de la formation des
prêtres et des religieuses ainsi que ses
efforts pour réconcilier les communautés
catholiques « officielles » et « clandestines » ont été mis en avant.
Depuis son ordination en tant qu’évêque de Xi’an, le 5 avril 1987, Mgr Li
Du’an s’était attaché, pas à pas, à reconstruire son diocèse, confié en 1924
aux franciscains italiens de la province de
Toscane. En dépit de ressources financières limitées, il avait remis sur pieds un
séminaire régional, et un petit séminaire.
En 2004, le séminaire de Xi’an était le premier de Chine à offrir un programme de
deux ans aux sœurs. Il laisse un diocèse
riche de 59 prêtres et 300 religieuses, pour
60 paroisses et 20 000 fidèles (sur 6
millions d’habitants).
Mgr Li Du’an avait beaucoup contribué à ce que Mgr Joseph Zong Huaide, de
Sanyuan, et Mgr Luke Li Jingfeng, de
Fengxiang, deux évêques «clandestins» du
Shaanxi, acceptent, respectivement en
1992 et en 2004, de «faire surface» et
contribuent ainsi à l’unité de l’Eglise
catholique dans le Shaanxi.
Né le 13 juin 1927 dans une famille
catholique, Mgr Li est entré au petit séminaire en 1938. Ordonné prêtre en
1951, il sert durant près de quatre ans
comme curé de la cathédrale de Xi’an,
avant d’être emprisonné en octobre 1954.
Libéré en juin 1957, il peut alors enseigner au séminaire durant quelques mois,
avant d’être à nouveau incarcéré et
condamné à une peine de deux ans de
rééducation par le travail. Ce n’est qu’en
1979 qu’il retrouve la liberté. En janvier
1980, il retrouve son diocèse, sert comme
curé à Gongyi et, finalement, est choisi
pour devenir évêque en avril 1987.
ZF06060108 © Eglises d’Asie n°442 - 1er juin 2006
RUSSIE
Un sommet des chefs religieux aura
lieu à Moscou en juillet 2006, a annoncé
la représentation de l’Eglise orthodoxe
russe auprès de l’Union européenne.
Lors de sa visite en France du 10 au 13
février 2006 et notamment à la rencontre
avec le secrétaire général du ministère des
Affaires étrangères de la République française, M. Hubert Colin de Verdière, le mé-
tropolite Cyrille (Kirill) de Smolensk et de
Kaliningrad, a évoqué la tenue à Moscou
le 4 et le 5 juillet 2006 du Sommet des
chefs religieux du monde.
Ce sommet précédera la rencontre des
chefs d'État du G8, programmé quelques
jours plus tard à Saint-Pétersbourg.
Il est prévu que ce sommet rassemble
les chefs ou les représentants des Églises
orthodoxes, des Églises pré-chalcédoniennes, de l'Église catholique romaine.
Les organisateurs du sommet comptent
également sur la présence des responsables religieux chinois, de l'Église luthérienne allemande, du Conseil national des
Églises des Etats-Unis, des grands rabbins
d'Israël, des Etats-Unis et des pays européens, des responsables musulmans des
pays de la CEI, du Moyen-Orient et de la
péninsule arabique, des bouddhistes, des
hindouistes, des dirigeants du Conseil
œcuménique des Églises et d'autres organisations religieuses internationales.
ZF06053106
TIBET
Il y a onze ans, le 17 mai 1995, les autorités chinoises enlevaient Gendhun
Choekyi Nyima, 11e Panchen Lama, alors
âgé de 6 ans. Ce dignitaire du bouddhisme tibétain devra jouer un rôle central
pour la désignation du successeur de l’actuel Dalaï-Lama.
Plus de 4.000 jours se sont écoulés
sans que la Chine ne donne de nouvelle
de ce garçon qui a passé son 17e anniversaire en détention. L'association Solidarité Tibet coordonne une pétition qui
compte à ce jour plus de 130.000 signatures en France, exigeant que la Chine,
qui a été élue au nouveau Conseil des
Droits de l’Homme de l’ONU en mai dernier, respecte la convention internationale
des droits de l’enfant qu’elle a ratifiée en
1992.
Solidarité Tibet, 17 rue Roland Garros, 41000 Blois
POLOGNE
Le 31 mai, Mgr Dziwisz, évêque de
Cracovie et ancien secrétaire de JeanPaul II, a interdit la publication d’une liste
de prêtres accusés d’avoir collaboré avec
le régime communiste, mettant notamment
en cause le père Mieczyslaw Malinski, ami
de Jean-Paul II. Début mars l’épiscopat polonais avait fait une déclaration de repentance à l’égard des victimes qu’une
telle collaboration - qu’il est impossible de
nier en bloc - avait pu faire, mais refusant
une chasse aux sorcières sur la base de
fiches policières dont la véracité est
toujours sujette à caution.
www.france-catholique.fr
www.monde-catholique.com
FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 19
ESPRIT
SOLENNITE DE LA SAINTE TRINITÉ
Mon programme
social
par le Père Michel GITTON
Matthieu 28, 16-20
a formule “La trinité, mon programme social !” n’est pas de
moi, mais de Nicolas Berdiaev,
un grand penseur russe (18741947). Nos frères d’Orient sont
très sensibles aux liens qui unissent la
terre et le ciel, la vie humaine et les plus
hautes réalités de la foi. Ils ont raison.
La Trinité n’est pas un rébus, un petit
jeu de l’esprit pour théologiens désœuvrés, qui cherchent à concilier dans
d’obscures formules la triplicité des personnes avec l’unique nature
divine. Il s’agit d'une vérité illuminante, qui doit pouvoir apporter un éclairage sur tous les
aspects de notre existence,
puisque nous avons été faits à
l’image de Dieu, donc à l’image
de la Trinité !
Ecartons d’abord des caricatures. Je n’aime pas les formules
du genre "Dieu est famille". Les
Pères de l’Eglise, qui vivaient en
monde païen, nous ont bien mis
en garde contre la confusion
qu’il y aurait à comparer la vie du Père,
du Fils et du Saint Esprit à celle d’un
groupe humain, fût-ce celui de la famille avec papa, maman et bébé. Les
témoins de Jéhovah auraient beau jeu,
après cela, de nous montrer les triades
divines des mythologies antiques, en
L
(
nous disant que nous ne sommes pas
loin de les rejoindre dans le culte que
nous vouons à la Trinité (D’ailleurs, à
cause de cela, je n’aime pas trop non
plus certaines représentations artistiques, même très anciennes, qui peuvent prêter à confusion). Le lien du Père,
du Fils et de l’Esprit n’est pas celui de
trois individus de l’espèce "Dieu". Nous
croyons, figurez-vous, en un Dieu
unique, et les trois, dans leurs relations
d’amour, sont ce Dieu unique. Bref, pour
vivre une vie de relation, la divinité n’a
pas à sortir d’elle-même, elle est ainsi.
Néanmoins, il est permis de voir
dans la Trinité la source de toutes nos
relations, dans la mesure où nous, créatures humaines, nous nous découvrons
faits pour la relation, incapables de
vraiment nous développer tout seuls. Le
petit d’homme est le moins indépendant
de toutes les créatures animales, il lui
faut très longtemps (toujours ?) grandir
dans une étroite relation avec ses semblables, ses parents, d’abord, mais aussi
tous ceux qui lui sont donnés pour
œuvrer avec lui, il n’existe profondément que dans la mesure où il est parvenu à développer des relations harmonieuses avec tous ceux-là. Pourtant, à
Il est permis de voir dans la Trinité
la source de toutes nos relations
20 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
l’instar des personnes divines, il reste
lui-même, il ne se fond pas dans la relation, il est un pôle absolument unique
et irremplaçable. Dans l’extase des relations trinitaires, le Père s’ouvre totalement au Fils et lui donne tout ce qu’il
est, sauf précisément cette paternité qui
lui permet de se donner, et, s’il lui transmet encore la possibilité d’être avec lui
à l’origine d’une troisième personne
divine, le Saint Esprit, il reste néanmoins
la Source abyssale, unique principe de la
Trinité. Donc nous aussi, si liés que nous
soyons à ceux qui nous ont transmis la
vie, nous ne sommes pas la réplique de
ce qu’ils sont, nous sommes nousmêmes, à la fois proches et différents.
On n’a pas rendu compte d’un être humain en décrivant ses ascendants, ni
d’ailleurs non plus ses descendants.
Sujet imprévisible, fait pour une mission
propre, il a seul à répondre de ce qu’il
est devant Dieu, mais il ne peut non
plus se construire tout seul et il
doit reconnaître sa dette par
rapport à ceux qui le précèdent.
Notre vie sociale est ainsi.
Nous ne sommes pas d’abord
citoyens du monde, nous avons à
assumer nos liens avec des
sociétés plus ou moins vastes
(milieu, culture, patrie) qui nous
ont portés et qui nous ont permis d’être pour une part ce que
nous sommes. Nous avons des
devoirs à leur égard. Mais si elles
prétendent nous imposer une
manière de vivre et de penser qui ne
réponde pas à notre appel profond, si
elles veulent nous dicter nos choix spirituels et moraux, si elles nous traitent
comme les simples parties d’un tout,
elles perdent leur légitimité.
Simple point de départ d’une réflexion qui gagnerait beaucoup à s’enraciner sur une méditation assidue du
mystère de la simple et indivisible
Trinité. A suivre. ■
© JACQUES LECAILLON
“De toutes les nations
faites des disciples,
baptisez-les au nom
du Père et du Fils, et
du Saint-Esprit.”
par
Dominique Bar,
Guy Lehideux
Avec Jean-Paul II et Benoît XVI
6/36
Le Vent de l'Histoire
© Editions du Triomphe, 7, rue Bayen, 75017 Paris
FRANCE CATHOLIQUE
à suivre...
MISSIONS
CHRETIENS DU TIBET
Une Croix sur le toit
Quelques rares chrétiens
vivent au Tibet. Ils sont les
héritiers héroïques d’une
épopée missionnaire
commencée en 1854 et
dont le chanoine Maurice
Tornay fut une des
dernières et des plus
lumineuses figures.
© JEAN-LUC MOREAU-DELERIS/ORIZON
Lu Rendi, 34 ans, a été ordonné
prêtre le 17 novembre 1996 en
l’église officielle chinoise de Xian.
Originaire de Yerkalo, il est le
premier prêtre en charge de cette
paroisse depuis l’assassinat de
Maurice Tornay en 1949.
■ André Bonet, vous êtes l’auteur d’une biographie du Curé d’Ars et une autre de sainte Rita.
Vous publiez aujourd’hui un ouvrage sur l’évangélisation du Tibet. Quelles raisons vous ont
incité à nous parler de ces missionnaires en
pays bouddhiste ?
Le sujet est venu à moi sans que je
l’ai cherché. L’été 2001, je lisais un article de Jean-Luc Moreau-Deleris, dans
le Figaro-magazine sur des chrétiens
perdus au Tibet, et qui évoquait plus
particulièrement la figure d’un jeune
chanoine suisse Maurice Tornay, martyr
béatifié par Jean-Paul II en 1993, venu
"se perdre" sur le Toit du Monde au début des années 1930, avant de mourir
tragiquement, assassiné dans les sousbois d’un col au Tibet, sur ordres de lamas tibétains en août 1949 !
Mon sang n’a fait qu’un tour en lisant cet article. Nous avions attribué en
2000 le prix Spiritualités d’aujourd’hui
au Dalaï-Lama. Avec quelques amis,
nous avions même passé une semaine à
ses côtés à Lodève où le prix Nobel de
la Paix était venu donner des enseignements. Bref, je me trouvais à ce moment de ma vie un peu sous le charme
dès que j’entendais parler de bouddhisme, "vecteur d’amour et de paix".
(
J’avais même laissé, un temps, ma Bible
de côté pour lire tout ce qui me passait
entre les mains sur la vie du Bouddha !
■ Maurice Tornay n’est ni le premier ni le seul à
avoir assuré une présence chrétienne au Tibet.
Qui furent ces autres missionnaires partis
évangéliser le Toit du monde ?
Maurice Tornay,
début 1945
Le rêve fou de fonder au Tibet un Hospice
identique à celui que fonda saint Bernard
22 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
En 1918, dans la province ecclésiastique du Kientchang au nord du Yunnan, Mgr Budes de Guébriant était en
tournée dans la partie la plus occidentale de son Vicariat. Tout en faisant
l’ascension du col du Sianglin, l’évêque
songea à ces admirables hospices que,
dans les grands cols des Alpes, les voyageurs trouvaient, tenus par des hommes
infatigables. Arrivé au sommet du col, il
songea à l’hospice du Grand SaintBernard en voyant de pauvres gens
défiler devant lui. Dieu lui inspira le
rêve fou de fonder sur ce col du Tibet
un Hospice à l’identique de celui que
fonda saint Bernard sur le col du MontJoux, dans le Valais. Encouragé par le
MISSIONS
du monde
pape Pie XI, Mgr de Guébriant s’adressa
à Mgr Bourgeois, le prévôt de l’Hospice.
Il savait que cette congrégation demandait à ses religieux de vivre de longues années en haute montagne ; elle
lui semblait donc apte à fournir des
missionnaires acclimatés d’avance à ce
rude Tibet. L’emplacement du futur
Hospice, eut lieu sur un axe international : la circulation des objets et des
personnes entre le Tibet indépendant et
la Chine passait en partie par la route
du Mékong. C’est là, à Latsa, que sera
placé dans un premier temps, en 1936,
Maurice Tornay, pour seconder ses
confrères bernardins dans la surveillance des travaux du col, avant qu’il ne
rejoigne, son vieux confrère des MEP, le
père Nussbaum à la mission de Yerkalo,
qui avait été fondée dès les années
1880, et où onze chrétiens avaient été
martyrisés en 1905. Le même sort y attendra le père Nussbaum en 1940 et le
père Tornay en 1949.
propos recueillis par Ludovic LECURU
Eglise de Bahang vers
1940
Travail dans les champs
autour de l’église de
Bahang, dans la vallée
de la rivière Ni Jiang.
■ Dans votre livre, vous évoquez l’œuvre de missionnaires précurseurs…
En effet, il faut remonter au début
du XIVe siècle pour trouver trace d’une
première tentative d’évangélisation au
Tibet. Un religieux de l’ordre de saint
François d’Assise, connu sous le nom
d’Odoric de Pordenone, a voyagé sur
terre par la Chine avant de rejoindre
Lhassa au Tibet par le Yunnan nordique.
Trois siècles plus tard, un jésuite portugais connu, António Andrade, part en
mission en Inde, avec le projet de s’établir à Lhassa. L’entrée d’une poignée de
jésuites portugais au Tibet, de 1624 à
1635, s’inscrit dans un double contexte :
celui de l’Extrême-Orient, où l’ordre fondé par Ignace de Loyola tenta d’asiatiser
le christianisme et celui du monde musulman, dans lequel il était également
engagé. Les tentatives d’apostolat au
FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
23
MISSIONS
■ Quelle est la situation des chrétiens à l’heure
actuelle ?
Femmes priant à l’église
catholique de Bahang
Recueil de chants chrétiens
en tibétain et imprimé
à Hong Kong en 1894
Tibet avaient été, sauf celle d’Odoric de
Pordenone, faites par des religieux de la
Compagnie de Jésus. Gênés dans leur
apostolat par les tenants du bouddhisme, les missionnaires se replient sur
le Népal vers 1745. Pendant plus de
cent ans, on n’entend plus parler du
"Royaume interdit".
Le pape Grégoire XVI érige le Tibet
en mission autonome en 1846, sous le
titre de vicariat apostolique de Lhassa.
Il en confie le mandat aux pères des
Missions étrangères de Paris. Une
soixantaine de missionnaires se sont
succédé jusqu’en 1952, dont le courage,
l’intelligence et la charité firent merveille sur ces marches âprement disputées par les Chinois. Les années 1930
semblèrent très prometteuses avant que
guerre civile et communisme ne fassent
leur œuvre de destruction.
24 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
■ Comment la situation des missionnaires français et suisses a-t-elle évolué à partir de l’invasion du Tibet par la Chine ?
L’avènement de la République populaire de Chine (octobre 1949) met un
terme à la présence des missionnaires
en Chine et au Tibet. Les jésuites sont
chassés en 1951. A partir de 1952, la
plupart des missionnaires se réfugient à
Hong Kong ou à Formose. Le Tibet est
définitivement occupé par la Chine en
1959. La Dalaï-Lama part vers les Indes,
tandis que le drapeau rouge flotte au
Potola de Lhassa. Le temps semble
depuis s’être arrêté pour les chrétiens.
Coupés du monde depuis plus de
cinquante ans, aux contreforts du Tibet,
dans les vallées de la Salouen et du
haut Mékong, douze mille catholiques
attendent le retour des missionnaires.
Malgré l’absence de missionnaires
depuis plus d’un demi-siècle aux
Marches Tibétaines, la communauté
catholique dans les villages de Bahang
Lu et de Yerkalo est plus fervente que
jamais. Tous les dimanches, à l’appel de
la cloche, les villageois de Bahang Lu –
2.500 mètres d’altitude – se réunissent
dans leur petite église plus que centenaire, mélange de style taoïste, bouddhiste et chrétien. Ils invoquent sainte
Thérèse de l’Enfant Jésus, patronne des
Missions étrangères.
Au village de Yerkalo, perché à
3.000 mètres d’altitude, le père Lu
Rendi est le seul curé de ce diocèse plus
grand et plus haut que le massif alpin.
Dans l’église cloîtrée, des hadas, les
écharpes de soie tibétaines, ornent les
statues de la Vierge Marie et de
quelques saints, autour d’une fresque
représentant un Christ aux yeux bridés.
Ordonné prêtre en 1996 à Xian dans
l’église "officielle" chinoise, Lu Rendi
prêche sur sa terre natale. À la messe
dominicale, il accueille une centaine de
paroissiens, très vieux pour la plupart.
Le village a conservé la foi catholique
malgré les vicissitudes traversées au
cours du siècle passé et il compte
aujourd’hui 70% de catholiques, soit
520 paroissiens.
En 2003, le curé de Yerkalo a lancé
la construction d’une nouvelle église,
un vaste édifice de près de 1.000 m2.
Avec cette église, achevée depuis peu,
l’espérance renaît. Elle est la réponse au
plus cher désir de Maurice Tornay qui
souhaitait que la haute croix de Dieu
demeure toujours plantée sur le Toit du
Monde, et nous confirme aussi que la
résurrection n’est pas un mythe.
Nul doute que Benoît XVI, en continuant le dialogue avec la Chine et le
Vietnam, instauré par Jean-Paul II,
garde à l’esprit le sacrifice de tous ces
missionnaires qui ont porté le Saint
Nom du Christ aux confins du monde, à
commencer par Maurice Tornay. ■
André Bonet, "Les chrétiens oubliés
du Tibet", préface de Mgr Benoît
Vouilloz, Avant-propos de JeanBaptiste Etcharren, Presses de la
Renaissance, 24 pages avec deux
cahiers de photos de Jean-Luc
Moreau-Deleris, 21 €.
MULTIMEDIA
■ FRITZ 9
DVD-Rom PC, éd. Profil, 55 €
■ ECHECS DELUXE
CD-Rom PC, éd. Micro Application, 15 €
Reconnu comme l’un des plus fort et des plus
puissants jeux d’échec Fritz 9 a été totalement refondu, dispose d’un moteur encore amélioré et d’une
nouvelle interface. Cet entraîneur personnel s’adapte
à votre niveau de jeu et vous permet de progresser
que vous soyez débutant ou professionnel !
Basé, lui aussi, sur le moteur Fritz, Echecs Deluxe
ce jeu d’échecs très convivial constitue une bonne
introduction au monde échiquéen ! Tacticien exceptionnel ou entraîneur exigeant, il sait également s'adapter au niveau de son adversaire, du débutant au
professionnel.
■ SUDOKU
livre et CD-Rom PC, éd. Micro Application, 9,50 €
■ KAKURO
CD-Rom PC, éd. Emme, 7 €
■ KAKURO ILLIMITÉ
CD-Rom PC, éd. Mindscape, 10 €
Le Sudoku, sorte de mots croisés de chiffres, est
devenu en quelques mois un phénomène de société.
Le guide Micro Application en fournit les règles, des
trucs et astuces ainsi que 180 grilles avec solution,
des plus faciles aux plus ardues, ainsi qu’un CDROM de 1000 grilles imprimables.
Devenu fan de Sudoku, vous apprécierez aussi le
Kakuro qui demande encore plus de réflexion et de
logique. Le joueur doit remplir la grille en inscrivant
les chiffres de 1 à 9 dans les cases blanches. La
somme des chiffres doit toutefois être égale au
numéro inscrit dans les cases sombres. Kakuro chez
Emme contient 1000 grilles imprimables (4 tailles :
6x8, 8x10, 10x12, 12x12) et 3 niveaux de difficulté.
Vous pouvez aussi aborder ce jeu et imprimer
vos grilles avec Kakuro illimité de Mindscape, son
nombre infini de puzzles, ses cinq niveaux de difficulté et son outil universel de solutions graduelles.
■ THE SECRETS OF DA VINCI
2 CD-Rom PC, éd. Nobilis, 40 €
1522. Ancien apprenti chez l'héritier de Vinci,
Valdo étudie les œuvres du Grand Maître. Un jour,
un mystérieux mécène lui confie la mission de rassembler des codex dissimulés par De Vinci. Valdo se
lance à leur recherche sans se douter du secret qu'il
est sur le point de mettre à jour ni des dangers qui
le guettent… Avec des graphismes d’une beauté et
d’un réalisme époustouflants, ce jeu d’aventures
basé sur la vie de Léonard de Vinci offre une quête
passionnante pleine de risques, de rebondissements
et de découvertes. Un partenariat exclusif avec le
Clos Lucé, dernière demeure et musée officiel de
Vinci garanti un respect historique minutieux.
■ ROME TOTAL WAR
DVD-Rom PC, éd. Sega, 30,25 €
Sega édite une gold édition de son grand succès
Rome Total War en y ajoutant un add on : Barbarian
SELECTION
DVD-Rom
et CD-Rom
par Pierre THOMAS
Invasion. Vous veniez de conquérir Rome et le soleil
ne se couchait jamais sur votre empire. Mais la
convoitise et les guerres intestines vous ont affaibli.
Les développeurs de Creative Assembly en profitent
pour mettre à vos portes des hordes de barbares,
prenez les armes car il n’y aura de place que pour
les braves. Stratégie en Tour par Tour (gestion de
ville et diplomatie) et Stratégie Temps Réel (passage à l’action) confluent ici pour offrir une formule
très attractive de jeu de stratégie et d’action avec
des campagnes aussi nombreuses que variées.
■ DIPLOMACY
CD-Rom PC, éd. Mindscape, 20 €
Parmi les jeux de stratégie, Diplomacy est manifestement l'héritier direct des échecs. Le principe est
simple : la carte de jeu représente l'Europe avant le
déclenchement du premier conflit mondial. Même si
les positions ne sont pas symétriques, les chances de
gagner sont équivalentes, chaque joueur débutant
avec le même potentiel... et c'est là le nœud du problème : la seule façon de vaincre ses adversaires est
d'arriver à forger et animer une alliance contre eux,
tout en limitant la puissance de ses alliés. Tout dans
le jeu est négociable... La transposition informatique
du célèbre jeu de société en respecte et valorise
intelligemment les principaux atouts.
■ OBLIVION IV
DVD-Rom PC, éd. Take 2 interactive, 45 €
Une peuplade fantastique, des lieux magiques à
découvrir, des dieux généreux à rencontrer, une flore
à cueillir, une faune à chasser, des créatures à combattre, des factions à rejoindre, des empereurs à servir, des grottes, des mines, des cavernes, des forts à
visiter, des plaines à parcourir… Crédité par tous les
critiques des appréciations les plus élogieuses, "The
Elder Scrolls IV" ne renouvelle pas le jeu de rôle sur
ordinateur, si ce n’est dans les progrès graphiques.
Mais il excelle tellement en tout, en particulier pour
créer une ambiance, qu’il conquiert aisément les
joueurs les plus exigeants.
■ SPLINTER CELL CHAOS THEORY
DVD-Rom PC, éd. Ubisoft, 32,50 €
Des terroristes menacent le monde. Vous incarnez Sam Fisher l'agent d'élite spécial le plus entraîné et expérimenté. Opérant au sein de Echelon 3,
une entité secrète de la NSA, votre mission est de
collecter par tous les moyens les renseignements
vitaux à la sécurité des USA, protéger les systèmes
d'information critiques et travailler dans l'ombre.
Efficacité, rapidité et discrétion sont vos maîtres
mots ! Ce 3ème volet de la collection inspirée des
ouvrages de Tom Clancy reprend tous les ingrédients
des deux premiers mais en mieux ! Ubisoft n'a pas
lésiné sur les moyens : les graphismes, animations et
divers effets sont éblouissants. Mais le plus fort est
sans conteste l'attention toute particulière qui a été
portée à l'intelligence artificielle des ennemis : cette
fois en cas de faux pas les rôles s'inversent vite :
c’est vous qui êtes chassé. ■
FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
25
HISTOIRE
LEÇONS SUR LA PAIX (5)
Chrétiens, arab
C’est la dernière "leçon
de paix" de Pierre Chaunu
que nous publions. Lui seul
peut dire certaines choses
avec l’autorité d’un grand
professeur et l’optimisme
d’un grand croyant.
ans son beau livre Les Sarrasins
(Aubier, 2002), John Tolan met
en exergue le texte d’un dominicain, Ricold de Monte Croce.
Nous sommes en 1291. Ce
jeune religieux arrive en Orient : «J’étais à
Bagdad, au milieu des cactus, au bord du
fleuve Kébar. D’un côté, je savourais le
charme de ce lieu verdoyant. J’étais en un
vrai paradis au milieu du désert, plein d’arbres, un jardin arrosé par les eaux du paradis, avec des maisons couvertes d’or qui se
dressaient jusqu’à l’horizon [...]. Mais d’un
autre côté, la tristesse saisissait mon cœur
devant le spectacle de l’asservissement des
chrétiens. Je pleurais son humiliation
après la prise d’Acre.» C’est en effet en
1291 que tombe cette dernière place forte
du royaume franc de Jérusalem, défendu
jusqu’au dernier bout par les moines-chevaliers. «Je voyais les Sarrasins épanouis,
fiers de leur force et de leur prospérité,
tandis que les chrétiens en haillons, accablés, voyaient leurs enfants emmenés chez
les barbares pour y subir la captivité.»
Paradoxalement, le désespoir de ce dominicain, témoin du triomphe des Sarrasins,
est contemporain du début de la montée
inexorable de l’Occident chrétien et d’un
impérialisme qui va aller grandissant.
Les médiévistes savent combien le XIIIe
siècle est important. Mes amis de l’école
des Annales, Georges Duby et Jacques Le
Goff, ont surtout travaillé sur cette période fascinante. Le Moyen Âge sort de sa
D
(
chrysalide. L’Europe prend la tête de l’évolution du monde, et dépasse le MoyenOrient et l’Extrême-Orient. En vieux démographe que je suis, je veux voir une raison
démographique à cet épanouissement : en
un siècle, la population européenne est
multipliée par quatre. On peut attribuer
cette évolution foudroyante aux conditions de vie et surtout à la condition de la
femme. L’image de la femme se modifie
considérablement et s’idéalise. Du coup,
les femmes se marient plus tard. Les femmes donnent naissance à leurs enfants
alors qu’elles sont plus mûres et donc plus
solides physiologiquement. Il y a beaucoup
moins de mortalité des femmes et des
nouveau-nés à l’accouchement. Alors que
Ricold se lamente sur l’abaissement des
chrétiens, le poids de la chrétienté s’impose au XIIIe siècle.
Les XIVe et XVe siècles marquent le «désenclavement planétaire». Il est lié à cette
évolution démographique et aux mutations technologiques. Les voiliers, les gouvernails, les audaces des voyageurs à la recherche des épices et de l’or stimulent les
expéditions et les découvertes.
Du point de vue intellectuel, ce désenclavement permet aux théologiens d’avoir
accès à la philosophie juive et arabe. Par
les savants juifs et arabes, les théologiens
catholiques découvrent la pensée d’Aristote. La scolastique est une philosophie
réaliste, qui voit la merveille des choses
créées, qui découvre à travers elle la présence de Dieu qui crée, l’adéquation entre
la chose et l’intelligence que j’en ai.
Mutation intellectuelle, dynamisme
théologique, progrès démographiques et
techniques... Oui, l’Europe s’impose à partir
du XIII e siècle. Au XIX e siècle, elle aura
acculturé le monde entier.
Mais ces ressacs de population, au
Moyen-Orient entre juifs, chrétiens et musulmans à partir du XIe siècle, en Europe
centrale et en Espagne, laissent des traces,
Ceux qui font remonter les antagonismes à
l’Antiquité ou au Moyen Age se trompent...
26 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
comme en témoigne Ricold. Des traces
douloureuses et durables. Peut-être qu’une
partie des querelles qui existent aujourd’hui entre les religions, le «choc des
civilisations», les failles de notre monde
trouvent leur frontière et leur origine dans
cette époque médiévale, avec les territoires disputés par les religions et les forces politiques.
L’émergence du monde musulman et
son extension ont bien sûr donné lieu à de
nombreux conflits, dont les traces sont
encore visibles aujourd’hui. Mais il me
semble que la situation originale de l’Espagne peut être un signe d’espoir pour l’avenir. L’Espagne, terre d’Europe et terre de
la Méditerranée, porte du Sud aujourd’hui
pour la majeure partie de l’immigration
africaine vers l’Europe, a connu des heures
longues et rudes de combat entre juifs,
musulmans et catholiques. Elle a vu l’éclosion monstrueuse de l’Inquisition d’État.
Mais si on traite la destinée de ce pays à
l’échelle de la longue durée chère à l’école
des Annales, on peut dire que les conflits
religieux n’ont pas été ceux qui ont marqué le plus douloureusement l’Espagne,
par rapport aux campagnes napoléoniennes immortalisées par Goya et à la
guerre d’Espagne qui fut au XXe siècle la
sinistre répétition générale de la Seconde
Guerre mondiale.
Il y a eu des bouffées de haine, il y a
eu des batailles bien sûr, mais globalement, pendant des siècles, musulmans,
juifs et chrétiens ont vécu dans les mêmes
villes, dans les mêmes campagnes en Espagne sans antipathie. Mieux : la grandeur de l’Espagne doit beaucoup à cette
collaboration tacite des différentes
confessions, au Moyen Âge et au début de
l’époque moderne. L’histoire de l’Espagne
nous donne peut-être un modèle de vie
ensemble, paisible, féconde, pleine d’émulation entre musulmans, chrétiens et juifs
pour aujourd’hui, pour cette communauté
de destin des peuples qui vivent autour de
la Méditerranée.
En revanche, le temps de la décolonisation a laissé des traces, des humiliations,
HISTOIRE
es et juifs
des rancœurs et des haines tenaces qui
suppurent encore beaucoup aujourd’hui.
Finalement, l’histoire nous enseigne l’optimisme en ce qui concerne la paix à venir.
En général, lorsque les questions ne prennent pas un tour politique ou ethnique, les
identités religieuses ne sont pas un obstacle à la paix. Au contraire. Les différences
de croyance peuvent stimuler des théologies, des rapports au monde et aux
conditions nouvelles. Les différences de
croyance peuvent féconder une société.
Certes, on ne peut pas écarter entièrement
la violence. Même entre chrétiens, disciples d’un Dieu qui exigerait de ses fidèles
des gages de non-violence. Mais cette violence sur les zones de fracture peut être
réglée et gérée.
Du coup, on peut s’étonner de la violence des conflits aujourd’hui entre juifs et
musulmans par exemple, alors que l’histoire avait appris aux uns et aux autres,
pendant des siècles, à vivre ensemble.
C’est, à mon avis, que les zones potentielles de conflit ont été particulièrement
mal gérées par les structures politiques
chargées de la décolonisation. La décolonisation a été faite sans tenir suffisamment compte des équilibres séculaires et
des adaptations possibles dont l’histoire
nous donnait la leçon.
Si on y est attentif, on constate que la
vraie source des conflits actuels est récente. Les idéologues qui font remonter les
antagonismes à l’Antiquité ou au Moyen
Âge se trompent ou mentent. Ce sont les
prémices de la décolonisation et le mouvement précipité de cette décolonisation qui
ont polarisé les haines.
L’affaire de la Palestine est à cet égard
symptomatique. Le problème est né des
bouleversements idéologiques du début du
siècle et de la Première Guerre mondiale.
Au moment de l’affaire Dreyfus, le sionisme devient un concept. Peu de juifs de
France envisagent sérieusement de quitter
la France pour le désert de Palestine. Les
juifs de France sont très enracinés dans la
vie de la Nation. Ils revendiquent leur appartenance au pays, comme le montre leur
par Pierre CHAUNU
de l’Institut
nationalisme au moment de la Grande
Guerre. Les grandes familles juives, Rothschild, Pereire, très engagées dans le développement économique et industriel de la
France, partagent leur richesse avec les
juifs des communautés pauvres ou menacées en Europe centrale. En Biélorussie,
aux marches de l’Empire austro-hongrois,
les juifs avaient des statuts sociaux inférieurs au reste de la population mais un
niveau de vie supérieur. En effet, ils
étaient plus cultivés et s’adonnaient ainsi
plus aisément au commerce, y compris au
commerce international. Le Kaiser-Koenig
d’Autriche-Hongrie protégeait les communautés juives. Mais après la Première
Guerre mondiale, les juifs se sentent fragilisés dans une Europe en feu, où le ressentiment de nombreuses populations risque
à nouveau de se défouler à leurs dépens.
En Russie, les juifs sont assez mal considérés. Certains foyers du judaïsme sont en
relation avec l’Allemagne, avec les intellectuels de l’Europe des Lumières. De
même en Algérie. Si, par le décret Crémieux, les juifs séfarades reçoivent la
nationalité française, ils sont du coup
mieux traités par la République française
que les musulmans. Ils subissent l’animosité jalouse d’une partie des Algériens et
aussi des colons.
Le mandat britannique sur la Palestine
va obliger lord Balfour à envisager un retour de quelques dizaines de milliers de
juifs d’Europe sur la terre de leurs lointains
ancêtres. Après tout, la Palestine est un
territoire où il y a de la place, des dunes à
fertiliser... Mais les promesses faites aux
tribus arabes et l’invention du nationalisme dans cette région dans l’entre-deuxguerres vont braquer les communautés les
unes face aux autres. Les enjeux du pétrole et de l’eau, la démographie foudroyante des populations arabes vont
troubler les plans anglais.
Les Anglais pensaient que, si les juifs
s’installaient en petit nombre, les Arabes
profiteraient de leurs moyens techniques
et financiers pour la mise en valeur du
pays au bénéfice de tous.
De fait, jusqu’en 1935, les fermes juives nouvellement installées rémunèrent
mieux les ouvriers agricoles palestiniens et
les communautés vivent en bons rapports.
Les juifs s’installent dans des zones abandonnées par les Palestiniens. En 1935, la
pression et la violence exercées sur les
juifs d’Allemagne augmentent singulièrement le nombre des immigrés. Entre 1945
et 1948, de nombreux juifs, survivant à la
Shoah, tournent le dos à l’Europe où leurs
souvenirs ont un goût de cendre. Il aurait
fallu pouvoir proposer aux juifs une autorégulation dans le nombre des immigrants.
Mais la guerre de 1947 a encore amplifié
le mouvement. En effet, le nationalisme
sioniste, la fierté revendiquée d’être juifs a
attiré en Palestine de nombreux ressortissants étrangers venus défendre le nouvel
État. Les Palestiniens, humiliés militairement et économiquement, ont fini par ressentir l’installation des juifs comme une
agression.
Les Américains, qui étaient portés à
soutenir les juifs en Palestine du fait de
leurs six millions de citoyens juifs, le sont
encore plus aujourd’hui dans le contexte
de la mondialisation où nul ne conteste
leur suprématie. Les autres pays développés ont plus d’échanges économiques avec
Israël qu’avec les Palestiniens. Ils sont portés à soutenir plutôt Israël. Ils ont en outre
pour beaucoup d’entre eux une dette morale immense envers le peuple juif à cause
du comportement des pays d’Europe vis-àvis de l’idéologie raciale des années 1930
et 1940. Il était difficile de trouver les
bons arguments et les bons moyens de
freiner l’exode juif vers la Palestine. Mais il
est flagrant que les difficultés endémiques
entre les communautés religieuses au
Moyen-Orient ont des origines politiques
récentes et non pas des origines religieuses et historiques lointaines. ■
* Pierre Chaunu, "Leçons sur la paix",
éditions du Cerf, 127 pages, 15 €. Le
texte ci-dessus est la dix-huitième leçon
de ce nouvel ouvrage de Pierre Chaunu,
qui en compte vingt-et-une dont la
cohérence ressort d’une lecture suivie.
FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
27
FESTIVALS
SCENE NATIONALE A GAP
L’oasis
dynamique
par Pierre FRANÇOIS
e train serpente le long du Drac puis du
Buëch, la verdeur des alpages témoigne
de leur arrosage céleste régulier, les sommets sont chapeautés de brume. On traverse villages et hameaux, et finit par se
demander à quoi ressemble la ville de Gap et
comment une scène nationale s’y est perdue.
Sur place, on est rassuré. Gap compte trentehuit mille âmes et sa foire exposition témoigne
d’une réelle activité. C’est dans cet écrin entouré
de neiges éternelles qu’on trouve un centre dramatique national de huit cent cinquante places
agrémenté d’une médiathèque et d’une galerie
photographique.
L’explication de cette capacité tient dans un
fait simple : il n’y a pas d’autre scène nationale
entre Grenoble et Aix-en-Provence. C’est aussi la
seule scène du département, avec Briançon. La
direction est d’ailleurs commune, et les programmations complémentaires. A Briançon les
musiques actuelles, jazz, chansons et jeune
public, à Gap les spectacles théâtraux nécessitant
un grand plateau et la danse, parfois un concert
classique. Une navette relie les deux villes.
L
© DANIEL MICHIELS
Etre un centre Dramatique
National au milieu d’un désert de
la scène requiert une motivation
puissante, qui se traduit par des
initiatives multiples.
Des spectacles
étonnants
dans des lieux
inattendus
Incantation
"September, 11" (1), qui a été créée en France dans le cadre de "frictions" (Cf. FC
3025 du 19 mai), à Dijon, se donne au théâtre de la Colline, à Paris, jusqu’au
17 juin prochain. Mise en scène et décor, plus que sobres, mettent en valeur la
dimension de "melting pot" des Etats-Unis. La pièce, en anglais sur-titrée en
français, reprend des citations en boucle, sans lasser cependant. Il paraît que les
phrases auraient été agencées comme une musique… Par contre, la parenté
entre les discours de Ben Laden et Bush est si évidente que l’ambassade de
France a retiré la subvention qu’elle avait accordée au spectacle lorsqu’il fut
joué à Los Angeles. Peu importe, on est pris par ces voix, leur caractère
incantatoire et les vérités éternelles qu’elles transmettent.
(1) De Michel Vinaver, avec Jonathan Ahmanson, Jorge Castaneda, Celeste Den, Max Eugene Jr... au théâtre
national de la Colline, 15 rue Malte-Brun, 75020 Paris, tél. 01.44.62.52.52. Le mardi à 19h, du mercredi au
samedi à 21h, le dimanche à 16h. Places à 26, 18 et 13 €.
28 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
La dimension de cette salle de
vingt mètres d’ouverture pour une
profondeur pratiquement égale
n’est pas la seule originalité de ce
théâtre aux multiples ressources
techniques. Il est le seul à s’être associé avec deux autres scènes
nationales - ici Cavaillon et Martigues – pour soutenir une compagnie indépendante. Ainsi depuis 15
ans Catherine Marmas fait-elle
toutes ses créations ici. Elle y a
récemment mis en scène "Sainte
Jeanne des abattoirs", qui sera joué
la saison prochaine à Montreuil.
Auparavant, elle l’aura tourné dans
toutes les Hautes-Alpes.
Car la scène de Gap a aussi le souci des
communes isolées du département. Trois fois l’an,
sept villes sont visitées par la troupe du théâtre,
dans lesquelles on reconstitue la pièce à l’identique : vrai spectacle et vrai confort technique.
Les régisseurs du lieu ne chôment pas! Cette
tournée a pris le nom d’"excentrés". Parallèlement, un second festival biennal a été mis en
place depuis deux ans : "cité cirque".
Il s’agit de créer "des spectacles étonnants
dans des lieux inattendus". Ainsi en ce moment
voit-on "le manège magique" emmener les enfants en compagnie d’un lézard de course poursuivant des coccinelles gobeuses de mouche, d’un
avion nain ou d’un caméléon géant… Auparavant
se sont déjà produits un danseur escaladeur de
façade, des jongleurs ou des cabaretiers particuliers…
Enfin, le CDN de Gap est le seul à avoir une
activité indépendante de galerie photographique.
Et les signatures qui s’y exposent sont reconnues.
En ce moment, par exemple, on peut y voir une
série de clichés pris par Daniel Michiels, un
ardennais amoureux de son pays. Il le montre
avec des accents contrastés, noirs et blancs,
macabres et profondément humains selon qu’il
donne à contempler la région ou ses habitants. ■
La Passerelle, Scène Nationale, 137 bld Georges
Pompidou, 05000 Gap, Tél. 04.92.52.52.52.
CINEMA
Le passager de l’été
AMERICAN DREAMZ
Dans les années 50, l'arrivée de Joseph, commis
de ferme et travailleur saisonnier, dans un petit
village de la presqu'île du Cotentin ne passe pas
inaperçue. Il se fait engager par Monique,
femme de caractère délaissée par son mari, qui
n'a pas hésité à faire des sacrifices pour assurer
le bon fonctionnement de sa ferme. Celle-ci
n'est pas insensible au charme de Joseph.
Un cadre magnifique, une distribution
prestigieuse, une intrigue de départ séduisante,
le film de Florence Moncorgé-Gabin a de beaux
atouts à faire valoir. Mais les situations dépeintes
ne sont pas toujours crédibles et les
personnages manquent de relief, peu
embarrassés qu’ils sont par des cas de
conscience. Tout paraît trop convenu et la trame
aurait pu être davantage approfondie.
L’interprétation est, cependant, de qualité. La
peinture de ce monde rural, dans ses petits
gestes quotidiens, est assez réussie et
l’atmosphère de l’époque bien rendue.
M.-L. R.
Drame français
(2005) de Florence
Moncorgé-Gabin,
avec Catherine Frot
(Monique), Grégori
Derangère (Joseph),
Laura Smet
(Jeanne), François
Berléand (Maurice
Lecouvey), Mathilde
Seigner (1h37).
Sortie le 7 juin 2006.
Marie-Antoinette
La jeune Marie-Antoinette avait à peine 15 ans
lorsqu’elle quitta son Autriche natale pour
épouser Louis XVI. La réalisatrice Sofia Coppola,
peu soucieuse de la stricte vérité historique
(anachronismes et erreurs fourmillent), signe un
film très personnel, le personnage de MarieAntoinette lui permettant d’aborder des thèmes
qui lui sont chers, comme la solitude de
l’adolescence. Le résultat est plutôt brillant et
touche le jeune public, qui a ainsi au moins la
chance d’échapper aux caricatures habituelles
sur la monarchie finissante.
M.-L. R.
Film historique américain
(2005)de Sofia Coppola,
avec Kirsten Dunst (MarieAntoinette), Jason
Schwarztman (Louis XVI),
Rip Torn (Louis XV), Asia
Argento (la comtesse
du Barry), Marie Nighy
(2h03).
Sortie le 24 mai 2006.
Une
satire percutante
Paul Weitz (« Pour un garçon »)
s'est beaucoup impliqué dans
ce film qu'il a écrit, co-produit
et mis en scène.
L
par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ
e cinéma et la télévision sont souvent présentés comme des rivaux.
Le grand écran met en avant ses
ambitions artistiques face au formatage de la petite lucarne. Celle-ci lui
réplique que les scénarios de certaines
de ses séries sont bien plus inventifs
que ceux de ces films peu inspirés ressassant éternellement les mêmes
thèmes. Le cinéma lance une nouvelle
pique, à travers ce film, satirique pourfendant la télé-réalité et sa quête
d'audience effrénée.
Pour augmenter son audience,
«American Dreamz», émission de téléralité à succès, doit sans cesse trouver
des candidats capables de réunir une
large audience. Martin Tweed, animateur vedette de l'émission, se met en
quête de ces perles rares. Quant au
président américain, il est déprimé.
Martin lui propose de participer à son
émission.
Choisissant d'aborder avec une légèreté cathartique des phénomènes
anxiogènes comme le terrorisme ou le
cynisme du monde médiatique, Paul
Weitz signe une comédie particulièrement réjouissante. Il dépeint des personnages qui ne semblent pas être à
leur place dans un monde où tout est
de plus en plus calculé. Ceux qui
acceptent de jouer sans remords leur
(
Le film s'inspire de
l'émission «American
Idol» qui connaît un
immense succès
partition font preuve d'un épanouissement de façade qui n'a pas besoin de
grand-chose pour se flétrir. Cette
comédie tonique vise juste et se révèle
très drôle à de nombreuses reprises. La
portée corrosive de son discours est
sans doute atténuée par le fait qu'il
s'agit avant tout d'un film de divertissement qui compte bien sur le caractère attractif de son sujet et le charisme de ses acteurs pour se tailler
une belle place au box-office ! ■
American Dreamz. Comédie américaine (2006) de Paul
Weitz, avec Hugh Grant (Martin Tweed), Dennis Quaid (le
Président Staton), Mandy Moore (Sally Kendoo), Willem Dafoe
(le Secrétaire d'État), Jennifer Coolidge (Martha Kendoo),
Sam Golzari (Omer) (1h48). Sortie le 7 juin 2006.
Zidane, un portrait du XXIe siècle
Le 23 avril 2005, le Real Madrid reçoit l'équipe de Villarreal au
stade Bernabeu à Madrid. Zinedine Zidane est l'une des têtes
d'affiche de la prestigieuse équipe madrilène.
Le titre peut paraître trompeur, car il ne s'agit pas tant d'un
portrait du champion que d’un exercice de style cherchant à
capter les sensations du meneur de jeu français lors d'un match
de football. La durée du film correspondant à la durée du match. Les auteurs jouent beaucoup sur les
ruptures de rythme, d'angles et de sons et privilégient les plans assez serrés cadrant Zizou sur les
plans larges et en plongée. Autant dire qu'il s'agit, pour le spectateur, d'une expérience déroutante,
parfois fascinante, mais qui risque de paraître longue et répétitive.
Marie-Lorraine ROUSSEL
Documentaire français (2005) de Philippe Parreno et Douglas Gordon, avec Zinedine Zidane, Roberto Carlos... Montage : Hervé Schneid. Image : Darius
Khondji. Musique : Mogwaï. Sound designer : Tom Johnson (1h30). Sortie le 24 mai 2006.
FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 29
EXPOSITIONS
MATHIEU A VERSAILLES
L'abstraction ly
à l'ho
C
“C’est lui
rendre justice
et lui
témoigner sa
reconnaissance
à sa démesure”
’est dans la nef centrale de la Petite Ecurie
du château que se tient pour la première
fois une exposition consacrée à un artiste
français vivant. "Mathieu à Versailles"
réunit quatorze œuvres monumentales de
la collection particulière du peintre, ainsi que "Les
Capétiens partout" (1954) prêtés par le Centre
Pompidou. A côté des toiles de la période lyrique de
Mathieu est également exposée une petite tapisserie
des Gobelins, intitulée "Château de Versailles", qui fut
commandée en 1968 par la Compagnie Air France.
Dans la préface du catalogue de l’exposition, le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, écrit :
"Georges Mathieu est une personnalité éminente du
monde artistique. Il marque son époque par le combat
incessant qu’il a mené pour donner ses lettres de noblesse à une expression picturale qui, à la fin des
années quarante, n’avait pas encore voix au chapitre.
Il fut précurseur, mais surtout il influença de manière
déterminante toute une lignée d’artistes. Lui rendre
un hommage dans un lieu aussi prestigieux que
Versailles, c’est lui rendre justice et lui témoigner une
COLLECTION PERSONNELLE DE L’ARTISTE - D.R.
Avec "l’Envolée lyrique"
au Musée du Luxembourg et
l’hommage rendu à Georges
Mathieu à Versailles,
l’abstraction lyrique revient
sur le devant de la scène en
des lieux prestigieux. Après
une période de "purgatoire",
il est enfin rendu justice aux
artistes qui participèrent,
après guerre, à ce
formidable élan créateur.
La nécessité de l’espérance, 3 août 71 - Huile sur Toile, 200 x 600 cm
30 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
EXPOSITIONS
COLLECTION PERSONNELLE DE L’ARTISTE - D.R.
par Alain SOLARI
yrique
nneur
COLLECTION PERSONNELLE DE L’ARTISTE - D.R.
COLLECTION DU CENTRE POMPIDOU, PARIS
© PHILIPPE MIGEAT, © CNAC/MAAM, DISTR.RMN
Zongulak, 30 mars 78 - Huile sur toile, 250 x 600 cm
COLLECTION PERSONNELLE DE L’ARTISTE - D.R.
Les Capétiens partout, 1954 - Huile sur toile, 295 x 600 cm
Hommage au Connétable de Bourbon, Wien 59 - Huile sur toile, 250 x 600 cm
COLLECTION PERSONNELLE DE L’ARTISTE - D.R.
MUSÉE NATIONAL D’ART MODERNE/ CENTRE DE CRÉATION INDUSTRIELLE
reconnaissance à sa démesure, ainsi qu’au rôle prépondérant qui a été le sien sur la scène artistique".
Georges Mathieu commence à peindre en 1942.
Cinq ans plus tard, il organise une série de manifestations en faveur d’un art libéré de toutes les contraintes et habitudes classiques. Il se fait le promoteur de
ce qu’il nomme "l’Abstraction lyrique", en opposition
avec l’abstraction géométrique. En 1954, il exécute
ses premières grandes toiles et part pour le Japon en
1957. Il y rencontre un accueil triomphal avant de
séjourner aux Etats-Unis, puis au Brésil, en Argentine,
au Liban, au Canada… Dès 1959, des rétrospectives de
ses œuvres ont lieu dans de nombreux musées :
Cologne, Bâle, Neuchâtel, Genève… Mais l’artiste ne
limite pas son talent à la peinture. Il donne des cartons pour la Manufacture des Gobelins, dessine des
assiettes pour Sèvres, crée une nouvelle pièce de 10
francs et des médailles pour la Monnaie de Paris. Il
réalise une série d’affiches pour Air France… Son
œuvre est actuellement présente dans plus de quatrevingt-dix musées et collections publiques. Lorsqu’on
lui demande quelle est la définition la plus juste de
l’abstraction lyrique (1), Georges Mathieu répond :
"peindre une œuvre qui ne se réfère à rien d’autre
qu’à elle-même et qui rend caduc tout ce qui la précède… C’est en 1947 que je décidai de nommer ainsi
mon travail. J’organisais alors la première exposition
collective dont l’approche artistique s’opposait à l’abstraction géométrique. Ce que j’ai appelé ‘Abstraction
lyrique’ est né à partir de la révolution sémantique qui
proclame que le signe précède sa signification. Cette
nature transcendante appartient au royaume des
puissances cachées d’où surgissent les formes…"
Aux journalistes qui lui demandaient, le jour de
l’inauguration de l’exposition, quel sentiment lui
inspirait le fait d’être exposé à Versailles, Mathieu a
fait cette réponse, en accord avec son œuvre : "c’est
un grand honneur d’être célébré à Versailles qui est
une ville pour laquelle j’ai une grande admiration.
Cela fait partie de mon patrimoine. D’autre part, étant
royaliste, Versailles ne m’est pas indifférent. Cela tient
en particulier à l’admiration que je porte à Louis XIV.
Ce roi s’est intéressé à la culture et à l’art avec ses
Erzurum, 17.3.78 - Huile sur toile, 250 x 600 cm
La victoire de Denain, 26 mars 1963 - Huile sur toile, 275 x 700 cm
EXPOSITIONS
COLLECTION PARTICULIÈRE © ADAGP, PARIS 2006 - © JOCHEN HERLING
▲
collaborateurs : Charles le Brun… Il a fait en sorte que
la beauté intervienne dans tous les événements de la
vie quotidienne. C’est extrêmement important pour
moi que tous les actes humains soient en corrélation
avec ce que l’on peut appeler une civilisation… Tout
devrait contribuer à la grandeur de ce pays qui a toujours été – peut-être moins maintenant – la lumière
du monde. Si ce n’est pas dix siècles, pendant quatre,
cinq, six siècles, la France a été prééminente. La
France a eu ce privilège d’une unité de gouvernement,
d’une unité territoriale que n’ont connu ni
l’Angleterre, ni l’Espagne, ni l’Italie, sans parler de
l’Allemagne. Cette unité est capitale. On s’aperçoit
que Paris en particulier, et Versailles attirent les foules
de touristes. Mais ce n’est pas véritablement du tourisme, c’est quelque chose de plus profond. J’imagine
que ceux qui ont construit Versailles doivent être très
honorés de voir autant de monde. Cela prouve que le
rayonnement de Versailles se poursuit partout, pour la
gloire du roi. La Révolution, qui a détruit tant de choses, a permis que le château ne soit pas détruit".
Pour Christine Albanel, présidente de l’Etablissement public de Versailles, "les œuvres majeures,
superbement lyriques, présentées dans les Petites
Ecuries de Versailles nous parlent d’histoire".
Comment, en effet, ne pas y songer en regardant les
titres de beaucoup des toiles exposées depuis "les
Capétiens partout", en passant par "la Victoire de
Denain", "Hommage au Connétable de Bourbon",
"Souvenir de la Maison d’Autriche", jusqu’à "l’Election
de Charles Quint" ou à "l’Ecartèlement de François
Ravaillac" ? Pourtant, interrogé à ce propos, l’artiste
déclare : "le titre des toiles est en général assez arbitraire… C’est un peu comme les noms que nous portons". De "Samsum" (1978), il dit par exemple :
"Samsum est une ville de Turquie. Ce titre n’a aucun
rapport avec la couleur et l’atmosphère du
tableau". Mais de "la Victoire de Denain" (1963),
Wolfgang Schulze dit, Wols
Sans titre, 1944/45 - Aquarelle
32 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
REHABILITATION
L’envolée
lyrique
P
Les artistes
ont toujours
préservé
leur liberté,
leur indépendance
d'esprit et
de création
our sa 10e exposition depuis que le Sénat en a
pris la direction, le Musée du Luxembourg
s’offre une "Envolée lyrique" pour célébrer
une période, courte mais capitale, de l’art
contemporain en France : l’abstraction
lyrique. "C’est la célébration d’un grand mouvement
et de grands artistes", déclare Patrick-Gilles Persin, le
commissaire de l’exposition qui a fait de cette manifestation une véritable entreprise militante de réhabilitation. Une soixantaine de peintres, dont 7 femmes,
se partagent, avec plus de 110 œuvres, les cimaises
du Luxembourg. La moitié d’entre eux est d’origine
étrangère, même si beaucoup ont été naturalisés. Le
choix a été resserré sur des artistes vivant et travaillant à Paris entre 1945 et 1957. Pour la première
exposition importante consacrée à l’abstraction
lyrique, le Centre Pompidou a prêté cinq tableaux,
des œuvres jamais vues sont issues de collections particulières pour l’occasion, et Patrick-Gilles Persin a
fait sortir plusieurs toiles des réserves où elles étaient
reléguées. C’est dire si cette période faisait l’objet
d’un oubli, sinon d’une disgrâce. Il avait été envisagé
de faire une place aux sculpteurs dans les jardins du
Luxembourg. Cela n’a malheureusement pas été possible. Mais avec des noms comme Bazaine, Debré,
Estève, Manessier, Mathieu, Soulages, de Staël ou
Vieira da Silva… les visiteurs seront comblés.
1910 est communément considérée comme la date
de naissance de l’art abstrait. A Munich, Kandinsky
réalise ses premières gouaches abstraites. En 1912,
"l’Arc noir" que l’on peut voir aujourd’hui au Centre
Pompidou, est une de ses œuvres majeures qui marquent les esprits. Dix ans plus tard, Hans Hartung,
représenté au Luxembourg par trois
œuvres fort différentes, réalise lui aussi une série d’aquarelles abstraites. Dans les années trente, d’autres
artistes se tournent vers l’abstraction. Kandinsky
rejoint à Paris, en 1933, Mondrian, Delaunay...
Pendant l’Occupation, certains artistes encore actifs
comme Bazaine, Manessier ou Estève s’éloignent eux
aussi du classicisme et de la figuration. A la
Libération, d’autres peintres de retour de captivité,
ou sortant de la clandestinité, rejoignent cet élan
lyrique naissant. Sans qu’il soit évidemment possible
de parler de chefs de file pour un mouvement – mouvement et non Ecole – comme celui-ci, des artistes
comme Roger Bissière (qui enseigne à l’Académie
COLLECTION DE L'ARTISTE - © ADAGP, PARIS 2006 - © JEAN-OLIVIER ROUSSEAU
COLLECTION PARTICULIÈRE © ADAGP, PARIS 2006
© SVO - MUSÉE DU LUXEMBOURG / STUDIO ARTIGRAPHIS
EXPOSITIONS
Pierre Fichet - Sans titre, 1954 - Huile sur toile
Hans Hartung - Sans titre, 1947 - Fusain et mine de plomb
MUSÉE PICASSO, ANTIBES - MPA 1957.1.1 © ADAGP, PARIS 2006
PHOTO MUSÉE PICASSO, ANTIBES
Ranson entre 1925 et 1938, avec des élèves comme
Manessier, Le Moal ou Vieira da Silva) ou Otto Alfred
Wols exercent une certaine influence. Ils exposent
tous deux chez René Drouin ; le premier en 1945, le
second en 1947. En 1947 et 1948, Georges Mathieu
organise deux expositions fondamentales pour l’abstraction lyrique. Durant cette période, une cinquantaine de galeries défendent les artistes qui s’en réclament et quelques critiques ou théoriciens – Charles
Estienne, Michel Ragon, Michel Tapié… - soutiennent
avec vigueur des artistes exposés au feu d’une critique parfois violente.
L’abstraction lyrique n’est, en aucune manière, une
Ecole. Et les artistes qui ont participé à ce formidable
élan pictural ont toujours farouchement préservé leur
liberté, leur indépendance d’esprit et de création. S’ils
ont eu en commun de privilégier le geste et la lumière – chez les abstraits lyriques, la lumière vient toujours du fond du tableau – cette diversité ne laissait d’autre choix que d’opter
pour un accrochage chronologique.
C’est sous une citation de Malraux, "la
grande peinture n’est plus figurative",
que commence le parcours. Certains artistes sont représentés par plusieurs
œuvres. C’est notamment le cas de
Gérard Schneider dont l’Opus 92 B de
1955 a été retenu pour l’affiche, mais ne
peut éclipser une œuvre très forte, antérieure de deux ans : Opus 49 B. Georges
Mathieu est aussi très présent. "Açone"
(1948) est une de ses premières toiles
qui se dégagent de l’influence de Wols.
Le peintre commence alors à utiliser
directement la couleur sortie du tube.
Quant à "l’Hommage à Godefroy de
Bouillon" (1952) ou au "Grand syllogisme conjonctif" (1955), ces deux
œuvres justifient le titre décerné par
Jean-Michel Atlan
Malraux à Mathieu : "le premier calliL'Oiseau de feu, 1956 - Huile sur toile
graphe occidental". On retrouve avec bonheur Alfred
Manessier dont des toiles comme "Salve Regina" ou la
"Nuit de l’Epiphanie", qui font penser à des vitraux,
disent assez l’inspiration religieuse. La facture de
"l’Hiver" est assez différente. Les initiés discerneront
dans ce labyrinthe deux petits personnages...
"L’Homme debout", d’Olivier Debré, impressionne,
tandis que du "Paysage" de Bazaine jaillit une joyeuse
poésie et que l’on retrouve le graphisme simple et
rude de Soulages dans "Peinture" (1950). Des œuvres
exposées de Nicolas de Staël se détache le "Ciel", une
toile exceptionnelle de 1953. Parmi celles de Vieira
da Silva, on remarque particulièrement "la Ville de
Sindbad", très caractéristique de son œuvre. De Zao
Wou-Ki, Patrick-Gilles Persin est fier d’avoir pu obtenir "Vent", première œuvre abstraite du
peintre. "Ce fut le premier tableau qui ne racontait
rien, si ce n’est l’évocation du bruissement des feuilles
ou du moutonnement de la surface de l’eau au passage de la brise". Il serait injuste de passer sous silence trois artistes, peut-être moins connus, mais
excellemment représentés : Pierre Dmitrienko, Luis
Feito et Pierre Fichet. De ce dernier, les transparences
blafardes du "Sans titre" de 1954 sont superbes.
Ce ne sont là que quelques exemples de ce fabuleux
élan que fut l’abstraction lyrique, véritable révolution
picturale au même titre que le cubisme ou le fauvisme. Elan qui relança, après guerre, Paris pour en
faire un carrefour international et l’une des capitales
de l’avant-garde. "L’Envolée lyrique" est une exposition qui vient combler un manque dans l’histoire de
l’art contemporain en France. ■
"L’Envolée lyrique, Paris 1945-1956", au
Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard,
75006 Paris. Jusqu’au 6 août 2006, ouvert
tous les jours, du lundi au vendredi de 11h à
19h. Nocturne le vendredi jusqu’à 22h. Samedi et dimanche et tous les jours fériés de
9h à 19h. Catalogue de l’exposition édité
par Skira (280 p., 32 € TTC).
FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
33
COLLECTION PERSONNELLE DE L’ARTISTE - D.R.
EXPOSITIONS
Hommage aux Frères Boisserée, 14 mai 1967 - Huile sur toile , 300 x 500 cm
102 x 57 cm
Musée Air France
Photo : D.R.
(1) L’entretien avec Georges Mathieu, conduit
par Alain Derey, figure dans le catalogue de
l’exposition.
(2) Villars y remporta, le 24 juillet 1712, une
victoire sur le Prince Eugène qui amena la fin
de la guerre de Succession d’Espagne et sauva
le royaume.
"Mathieu à Versailles", Petite Ecurie, château
de Versailles, jusqu’au 2 juillet 2006, ouvert
tous les jours, sauf le lundi, de 12h30 à
18h30.
Catalogue : Editions de la Réunion des musées
nationaux, 24 x 30 cm, 80 pages, 48 illustrations en couleurs, broché, prix : 28 €.
COLLECTION PERSONNELLE DE L’ARTISTE - D.R.
▲
Georges Mathieu n’omet pas de rappeler qu’il
s’agit de "…l’événement de 1712 où la France
était menacée de toute part. Grâce à une bataille qui
fut une victoire, la France fut sauvée".(2) L’histoire est
donc bien présente, si ce n’est directement sur la toile,
au moins dans l’esprit du peintre. Les grands artistes
ont droit à leurs petites contradictions…
"Paris, Capitale des Arts", à la dominante bleue,
une œuvre superbe, a été accrochée à la place d’honneur. C’est la première toile que l’on aperçoit, au fond
sous la coupole, en entrant dans le magnifique bâtiment de Jules Hardouin-Mansart. Ce n’est pourtant
pas l’œuvre que Mathieu juge la plus importante. Sa
préférence va à "l’Election de Charles Quint" dont il
dit : "je considère cette toile comme la plus belle de
l’exposition parce qu’il y a une invention des formes
et des couleurs… Au départ, j’avais voulu exprimer la
fête, l’amour et la mort". Pour Alfred Pacquement,
directeur du Musée national d’art moderne, "les
Capétiens partout" sont un chef-d’œuvre. "Cette toile
va symboliser l’art de Georges Mathieu dans l’esprit
du public. On peut même penser qu’elle y tient longtemps place de manifeste pour une peinture abstraite
contemporaine". Toutes différentes et toutes semblables, telles sont les toiles exposées dans la Petite
Ecurie de Versailles. Aux couleurs éclatantes, joyeuses
et multiples, de "la Nécessité
de l’Espérance", s’oppose le
graphisme noir de "Batoumi" ;
et c’est pourtant de la même
œuvre, si reconnaissable, qu’il
s’agit. Christine Albanel a raison de rappeler que : "entre
Versailles et Georges Mathieu,
il y a un lien fort, une évidence,
fondés sur des affinités électives. La personnalité de l’artiste, faite de générosité, de sensibilité, mais aussi de hauteur
et d’exigence, son projet… le
rattachent aux ambitions qui
ont présidé au ‘Projet-VerChâteau de Versailles, 1968
sailles’". ■
Tapisserie
La nécessité de l’espérance, 3 août 71 - Huile sur Toile, 200 x 600 cm
34 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
TÉLÉVISION
Soirée thématique
«Les soldats de Napoléon»
L’enfant d’une autre
par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ
Arte rend un bel hommage aux soldats de
l’Empereur, héros de son épopée.
Austerlitz, la victoire en marchant.
Le tout nouvel empereur a besoin de conquêtes
pour assoir son pouvoir face aux autres puissances européennes. Jean-François Delassus
retrace avec maestria et clarté l’histoire de la
plus belle des victoires napoléoniennes.
D’excellents comédiens donnent chair à leurs
personnages historiques, tandis que des historiens viennent préciser les détails de la
bataille. Surtout, c’est un hommage au génie
militaire de l’empereur.
Le colonel Chabert. En adaptant fidèlement la nouvelle de Balzac, Yves Angelo,
un ancien directeur de la photographie, a
réussi son entrée dans la cour des metteurs
en scène. Il faut reconnaître que Gérard
Depardieu est un colonel Chabert sensationnel et que l’ensemble de la distribution rend
justice au texte de Balzac. Tout au plus
peut-on reprocher à Yves Angelo un style un
peu trop académique. Mais la beauté des
décors et de la lumière et la qualité de l’interprétation font de cette histoire poignante
une réussite.
Bien sûr, la comtesse a un comportement scandaleux, mais cette œuvre sombre
et pessimiste est transcendée par la belle
figure du héros (surtout à la fin).
Austerlitz, la victoire en marchant. Documentaire-fiction français (2006) de Jean-François Delassus, avec Bernard-Pierre
Donnadieu (Napoléon), Julien Collard (Garnier), John
Bobrynine (Talleyrand) (1h32).
Le colonel Chabert. Drame français de Yves Angelo, d’après
Balzac, avec Gérard Depardieu (le colonel Chabert), Fanny
Ardant (la comtesse Ferraud), Fabrice Luchini (Derville), André
Dussollier (le comte Ferraud) (1h50). Diffusion le dimanche 11
juin, sur Arte, à partir de 20h40.
La lutte d’une femme brisée par
l’enlèvement de sa fille bébé,
et qui croit la reconnaître dans
une fillette de 11 ans.
e nombreux et tragiques faits divers
ont sensibilisé les gens à ces parents biologiques et adoptifs qui se
déchirent pour la garde d’un enfant. Dans
le cadre de la série de téléfilm «Mères/
filles», commandée par Arte, la cinéaste
Virginie Wagon pose la question de ce
qu’est la maternité.
C’est dans une piscine, en voyant une
tâche de naissance sur son corps, que
Maud croit reconnaître en Zita, une fillette
de 11 ans, l’enfant qu’on lui a enlevée à
l’âge de six mois. Immédiatement, cette
femme d’affaires redoutable abandonne
tout et décide de rencontrer la mère de
l’enfant. Celle-ci est une Espagnole bohème qui vit chichement, mais en entourant Zita de tout son amour. Après avoir
D
écouté l’histoire tragique de Maud,
Johana l’accueille simplement, tout en
l’assurant que Zita est bien sa fille.
Catherine Jacob est extraordinaire dans ce personnage de femme blessée, devenue dure et odieuse (mais toujours avec un humour cinglant), comme
pour exorciser sa souffrance. Sans elle et
son interprétation tout en finesse, le téléfilm aurait pu sombrer dans le sentimentalisme et le mélo. Mais tout le savoirfaire de Virginie Wagon est de naviguer,
dans ses dialogues comme dans sa mise
(
Cette œuvre poignante
et souvent drôle pose
une question terrible :
qui est la vraie mère ?
en scène, entre tragédie et comédie, toujours sur le fil du rasoir, mais maintenant
un équilibre étonnant entre les deux.
Dans cette histoire bouleversante,
la réalisatrice montre, en une brève scène,
ce qu’est une maman, et l’héroïne, malgré
sa détermination à récupérer sa fille, le
remarque. La fin est admirable et devrait
servir d’exemple à bien des gens. ■
L’enfant d’une autre. Téléfilm français (2005) de Virginie
Wagon, avec Catherine Jacob (Maud Kert), Maéva Munoz (Zita
Iglesias), Arly Jover (Johana Iglesias), Olivier Marchal (Jérôme),
Arnaud Garnier (Tony), Eric Debrosse (le détective Dituc), Didier
Menin (1h30). Diffusion le vendredi 16 juin, sur Arte, à 20h40.
Papa
Quoi de plus banal qu'un père et son fils de 8 ans qui
roulent sur une autoroute. On ne sait où ils vont, mais
on rit des pitreries du père. Le plus enfant des deux
n'est pas celui que l'on croit. Surtout lorsque ce père,
que l'on sent plein d'amour et de tendresse pour son
fils, en fait des tonnes, ce qui a le don d'agacer son
fils. Peu à peu, on devine qu'au-delà de l'amour, un
terrible drame réunit ces deux êtres.
C'est ce glissement progressif vers le tragique qui fait toute la force de ce film un peu lent à démarrer. Car les clowneries du père
cachent une grande souffrance qu'il a du mal à évacuer. Grâce à ce long voyage en tête-àtête avec son fils, il va apprendre à accepter sa douleur et même à la raconter, ce qui nous
vaut une scène magnifique avec Yael Abecassis. Alain Chabat, décidement capable de tout
jouer, impose la finesse et la sensibilité de son personnage. Avec le jeune Martin Combes,
étonnant de naturel, il est l'atout majeur d'une œuvre parfois maladroite, mais poignante.
De cette œuvre pleine de délicatesse et d’émotion contenue, on retiendra l’amour fou
qui unit un père meurtri et son fils.
Comédie française (2005) de Maurice Barthélemy, avec Alain Chabat (Papa), Martin Combes (Louis), Yael Abecassis (Léa), Judith Godrèche (Maman),
Anne Benoit (Tata Martine), Michel Scourneau (Tonton Yves), Pierre Richard (1h20). Diffusion le mercredi 14 juin, sur Canal +, à 20h50.
FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
35
TELEVISION
Samedi 10 juin
Dimanche 11 juin
Lundi 12 juin
TF1
TF1
TF1
TF1
20.45 Coupe du monde
20.45 Coupe du monde
20.45 Coupe du monde
20.50 Les experts Miami :
«Conduite dangereuse», «Retour
sur le passé», «À deux doigts
d’être coupable». Série avec Emily
Procter, Adam Rodriguez 2.
23.20 Vis ma vie. Magazine présenté par Laurence Ferrari, avec
Patrick Bosso, Vincent Lagaf’.
01.05 Concert pour Laurette.
Concert avec Maurane, Nolwenn
Leroy, Faudel, Nadiya, Nicolas
Peyrac, Lââm, Ginie Line, Michel
Fugain, Philippe Lavil, etc.
France 2
20.50 Sacrés pères.
Divertissement présenté par
Daniela Lumbroso, avec David
Douillet, Bernard Tapie, Ted
Lapidus, Michel Galabru, Dida
Diafat, Alain Robert, etc.
22.55 Les amateurs GA. Comédie
(2004) de Martin Valente, avec
Lorànt Deutsch, François
Berléand, Jalil Lespert (1h24).
ឭឰ Sympathique, mais raté.
France 3
«Argentine/Côte d’Ivoire».
«Angola/Portugal».
«Italie/Ghana».
23.10 New York, unité spéciale.
23.10 48 heures de plus A.
23.10 Y’a que la vérité qui
36 FRANCECatholique N°3028
9 JUIN 2006
Claude médale
DR
DR
Série avec Chris Meloni 2.
Comédie (1990) de Walter Hill,
compte. Magazine présenté par
avec Eddie Murphy, Nick Nolte
Pascal Bataille et Laurent
France 2
(1h40) 2. ឭឰ Poussif et vulgaire.
Fontaine.
20.55 Le plus grand cabaret du
France
2
France 2
monde «Best of». Divertissement
présenté par Patrick Sébastien.
20.50 Les égarés A/Ø.
Émissions religieuses :
23.15 Tout le monde en
Comédie dramatique (2003) de
parle. Magazine de Thierry
André Téchiné, avec
08h30 Émissions religieuses : «Voix boudArdisson.
Emmanuelle Béart, Gaspard
dhistes», «Islam», «À Bible ouverte»,
«Orthodoxie», «Présence protestante» - 10h30 Ulliel (1h31) 2. ឭឭឰឰ Une
France 3
belle histoire, bien racontée,
Le jour du Seigneur «Tout à la foi : L’Esprit
mais se terminant par une
saint» - 11h00 Messe, en direct de l’église
scène très crue.
Saint-Matthieu, à Morlaix (29).
22.35 Mots croisés. Magazine
présenté par Yves Calvi.
00.50 Musiques au cœur «Les
étés de la danse : Coup de ballet
aux Archives». Magazine présenté
20.55 Les beaux jours GA.
par Ève Ruggieri.
Téléfilm avec Clotilde Courau,
France 3
Nadine Marcovici, Guillaume
Cramoisan. ឭឭឰ Un hommage
20.55
La brigade des jardiniers
20.55 Les barbouzes GA.
aux premiers congés de 36 déce(3 et 4/8). Documentaire de
Comédie en NB (1964) de Georges
vant, malgré un aspect documenAntoine Baldassari.
Lautner, avec Lino Ventura,
taire intéressant.
Arte
Bernard Blier, Francis Blanche
23.00 La brigade du courage :
(1h48). ឭឭឭ Hilarant
20.40
Satreelex, the iron ladies
«Les aveux», «Le dossier secret».
22.50 Faites entrer l’accusé
GA. Comédie dramatique en VO
Série avec Glen Murphy, Andrew
«Thierry Paulin, le tueur des
(2000) de Y. Thongkonthun, avec
Kazamia.
vieilles dames» GA. Magazine préSahaphap Tor (1h44). ឭឰ Cette
Arte
senté par Christophe Hondelatte
histoire d’équipe sportive compo2. ឭឭ Affreux, mais intéressant.
20.45 L’aventure humaine «La
sée d’homosexuels est lourde et
mémoire perdue de l’île de
caricaturale.
France 3
Pâques» J. ឭឭឭ Superbe et très
22.25 Grand format «Un dragon
20.55 On ne peut pas plaire à
intéressant.
dans les eaux pures du Caucase»
tout le monde. Magazine de
21.40 360°, le reportage géo
GA. ឭឭ Poignant.
Marc-Olivier Fogiel et Guy Carlier.
«Les seigneurs des aigles».
M6
00.10 Princesse Tam Tam GA.
Musica
Comédie dramatique en NB
20.50 Desperate housewives (7
22.05 Otello. Opéra de Verdi, avec
(1935) de Edmond T. Greville, avec
et 8/23) GA. Série avec Teri
les Chœurs et l’Orchestre du
Joséphine Baker (1h17). ឭ
Hatcher,
Marcia Cross, Felicity
Théâtre du Mai musical florentin,
Sympathique, mais mineur.
Huffman, Eva Longoria, Nicollette
sous la direction de Zubin Mehta,
Sheridan, Steven Culp. ឭឭឭឰ
Arte
et avec Vladimir Galouzine,
Hilarant, mais corrosif.
Barbara Frittoli, Carlo Guelfi,
Les soldats de Napoléon
22.45 Allumeuses ! A/Ø. Comédie
Raymond Very (2h35).
(Voir notre analyse page 35)
(2002) de Roger Kumble, avec
00.40 Metropolis.
20.40 Austerlitz, la victoire en
Cameron Diaz (1h27) 2. ឭឰឰ
01.30 La lucarne «Paysage de fer».
marchant J. Documentaire-ficRaté, lourd et très vulgaire.
Documentaire.
tion (1h32).
Canal +
22.15 Le colonel Chabert GA.
M6
Drame (1994) de Yves Angelo,
20.50 Nouvelle star «Le rappel».
avec Gérard Depardieu, Fanny
Divertissement présenté par
Ardant, Fabrice Luchini (1h50).
Virginie Efira, avec Marianne
M6
James, Manu Katché, Dove Attia
et André Manoukian, et avec
20.50 Capital «Vacances :
Patrick Bruel, Pascal Obispo, etc.
Nouveaux pièges et nouveaux
23.30 Rats «L’invasion commenfilons». Magazine présenté par
20.50 Million dollar baby A.
ce». Téléfilm avec Ralph,
Guy Lagache.
Drame (2004) de et avec Clint
Hereforth 2.
22.50 Secrets d’actualité
Eastwood, et avec Hillary Swank,
«Outreau : Comment tout a basCanal +
Morgan Freeman (2h08) 2.
culé». Magazine présenté par
20.50 Hardball GA. Comédie draឭឭឭឰឰ Une œuvre bouleverLaurent Delahousse.
matique (2002) de Brian Robbins,
sante et profonde, mais une fin
Canal +
avec Keanu Reeves, Diane Lane
très contestable.
(1h41) 2. ឭឭ Bien fait.
20.50 After life (3 et 4/6) GA.
KTO
Série avec Lesley Sharp 3. ឭឭឰ
KTO
20.50 KTO magazine «Le scouUne histoire de médium prenante,
20.50 Jean-Sébastien Bach
tisme : Pourquoi un tel succès ?».
mais angoissante.
«Cantates 179, 199 et 113», avec
Près de cent ans après sa création,
KTO
le Monteverdi Choir et l’English
le scoutisme regroupe 28 millions
Baroque Soloists, sous la direction
20.50 Le Père Yvon.
de membres dans 216 pays.
de John Eliott Gardiner.
21.45 KTO magazine «Comment
21.45 Pascal Gallo, flamenco.
21.50 Solidairement vôtre «Gol de
les éditeurs traitent-ils du
21.55 VIP «Jean-Jacques Beineix
Letra».
religieux ?».
(l’intégrale)».
Mardi 13 juin
20.55 Famille d’accueil «Le secret
de Lulu» GA. Téléfilm avec
Virginie Lemoine, Christian
Charmetant, Ginette Garcin. ឭឭ
Prenant et émouvant.
23.10 France Europe Express.
Magazine présenté par Christine
Ockrent.
00.55 La case de l’oncle Doc
«Harti et Margot». Documentaire.
Arte
DR
De quoi j’me mêle !
Le monde bouge… et nous ?
20.40 La plus grande ville du
monde GA. ឭឭ Une analyse
intéressante du gigantisme chinois.
21.25 Dubaï vertigo GA. ឭឭ
Bien fait.
22.05 Débat, avec Pascal Lamy.
22.45 Allô-stop GA. Téléfilm avec
Ulrich Matthes, Anna
Brüggemann (1h27). ឭឰ
Interminable et sans intérêt.
M6
20.35 Coupe du monde 2006
«Brésil/Croatie (groupe F)».
23.00 L’incendiaire. Téléfilm avec
Lisa Martinek (1h34) 3.
Canal +
21.00 Coupe du monde de la Fifa
2006 «Brésil/Croatie».
KTO
20.50 Solidairement vôtre «SOS
Villages d’enfants».
21.45 Passer la frontière.
22.50 La foi prise au mot «Foi au
Moyen Âge (l’intégrale)».
TELEVISION
Mercredi 14 juin
Jeudi 15 juin
Vendredi 16 juin
TF1
TF1
TF1
20.45 Coupe du monde de la
20.50 Julie Lescaut «Une jeune
fille en danger» GA. Téléfilm avec
20.50 Ciel, mon mardi
DR
20.55 Des racines et des ailes
«Spéciale Musée du quai Branly».
Magazine présenté par Louis
Laforge, avec Stéphane Martin,
président du musée.
23.40 Légende «Jacques Villeret
par Philippe Labro».
00.35 Champions du monde (2
et 3/3) : «L’art et la manière», «Le
marché de l’art». Documentaire.
Arte
20.40 Les mercredis de l’histoire «Indira Gandhi : L’assassinat
de Mother India» J. ឭឭឰ
Intéressant, mais incomplet.
21.40 Arte reportage.
22.35 Le dessous des cartes «Le
Monténégro». Magazine.
22.50 Les larmes du Tigre Noir
GA. Western en VO (2000) de
Wisit Sasanatieng, avec Chartchai
Ngamsan (1h40). ឭឰ Mineur et
sanglant.
M6
20.50 Laura, le compte à
rebours a commencé (2/4) GA.
Feuilleton avec Delphine Chanéac,
Sophie Duez, Christophe Malavoy.
ឭឰ Très conventionnel.
22.40 Une histoire de spectacle
«Franck Dubosc». Documentaire.
23.45 Le protocole Windsor I «Le
testament interdit». Téléfilm avec
Kyle MacLahan(1h31) 2.
Canal +
20.50 Papa J. Comédie (2005) de
Maurice Barthélémy, avec Alain
Chabat, Martin Combes, Yaël
Abecassis (1h15) 2. (Voir notre
analyse page 35)
KTO
20.50 La foi prise au mot «Sport
et religion». Régis Burnet s’entretient avec John Palfrey.
21.40 Arthur Rimbaud, Chypre
poste restante. C’est au cours
d’un séjour sur l’île que Rimbaud
décida d’abandonner la littérature.
22.55 Audience générale.
20.40 Gas-oil GA. Drame en NB
(1955) de Gilles Grangier, avec
Jean Gabin, Jeanne Moreau,
Ginette Leclerc (1h32). ឭឭ Une
œuvre prenante.
22.15 La vie en face «Dans les
champs de coton» J. ឭឭ
Intéressant, mais pessimiste.
23.10 Tracks.
M6
20.50 NICS «Enquêtes spéciales.
Série avec Mark Harmon, Sasha
Alexandre, Michael Weatherly,
Pauley Perrette 2.
22.40 Jeepers creepers «Le chant
du Diable» A/Ø. Horreur (2002) de
Victor Salva, avec Gina Philips
(1h27) 3. ឭឰឰ Peu crédible et
morbide.
00.25 Le protocole Windsor II
«Les réseaux de l’aigle». Téléfilm
avec Kyle MacLahan (1h35) 2.
Canal +
21.00 Coupe du monde de la Fifa
2006 «Suède/Paraguay».
KTO
20.50 Elias Chacour. Portrait d’un
archevêque grec-catholique, un
arabe israélien qui défend les
siens.
21.45 KTO magazine «Les
moines : Comment vivent-ils ?».
22.55 Rachmaninov «Les Vêpres».
Gavini "Donner le goût de lire à
nos enfants", avec Emmanuelle
Rémond (directrice de collection
chez Fleurus)
21h00 Génération, par Marco.
Emission, destinée aux 15/25 ans,
interactive, tél. 01.56.56.44.45.
Mercredi 14 juin
14h30 Esprit de famille, par Cathe-
rine Antéblian "Grands-parents de
petits enfants handicapés"
22h00 Ecoute dans la nuit, par
Chantal Bally, avec le Père Guy
Gilbert.
Jeudi 15 juin
9h00 Le bistrot de la vie, par Billie,
DR
William Petersen 3.
France 2
20.55 Mes parents chéris GA.
Téléfilm avec Catherine Jacob,
Adriana Asti, Michel Aumont,
Jean-Michel Noirey, Christophe
Alévêque (1h31). (Voir ci-contre)
22.35 Ça se discute «Première
grossesse, premier bébé :
Comment les parents débutants
font-ils face ?». Magazine.
France 3
Mardi 13 juin
14h30 Esprit de famille, par Anne
«L’émission coup de poing».
Divertissement présenté par
Christophe Dechavanne, avec la
participation de Patrice
Carmouze, Sophie Favier, Michel
Field, Renaud Rahard, Clémentine
Célarié, Michèle Bernier, etc.
23.25 Sans aucun doute.
Magazine présenté par Julien
Courbet.
France 2
Véronique Genest, Mouss Diouf,
Renaud Marx, Jennifer Lauret,
Joséphine Serret. ឭឭ Un épisode
réussi.
22.40 La méthode Cauet.
Magazine présenté par Cauet.
France 2
20.55 Envoyé spécial : «La route
du cheveu», «Les enfants de l’injustice», «Folles de macarons».
Magazine présenté par Guilaine
Chenu et Françoise Joly.
23.00 Infrarouge : «Les
trotskistes : Les trotskistes du
monde (2/2)», «Coup de froid sur
la planète». Documentaires.
France 3
20.55 Meurtre au soleil GA.
Policier (1981) de Guy Hamilton,
avec Peter Ustinov, Jane Birkin,
Nicholas Clay (1h58). ឭ Très
décevant.
23.30 Taratata. Divertissement
présenté par Nagui, avec
Indochine, Katie Melua, Sinik,
Kubb, Ayo, Phoenix, Noyau Dur,
Didier Wampas, El Presidente, etc.
Arte
20.55 Boulevard du Palais
«Trahisons» GA. Téléfilm avec
DR
Fifa 2006 «Allemagne/Pologne».
23.10 Les experts. Série avec
RADIOS
Radio Notre Dame
Anne Richard, Jean-François
Balmer, Philippe Ambrosini, JeanLouis Tribes, Michel Robin (1h29).
ឭឭ Un épisode à la fois bourré
d’humour et très émouvant.
22.35 Campus. Magazine présenté par Guillaume Durand.
France 3
20.55 Thalassa «Pêcheurs de
l’impossible». Magazine présenté
par Georges Pernoud.
23.20 La vie comme un roman
«Coluche, la France a besoin de
toi !». Documentaire.
Arte
20.40 L’enfant d’une autre GA.
Téléfilm de Virginie Wagon, avec
Catherine Jacob, Maéva Munoz,
Arly Jover, Olivier Marchal,
Arnaud Garnier (1h30). (Voir notre
analyse page 35)
Avoir des idées…
Comment ça marche ?
22.15 L’invasion des idées J.
ឭឭ Vivant et bien fait, mais trop
dense.
23.55 Georgi et les papillons J.
ឭឭ Portrait d’un homme généreux et inventif.
00.50 Qui a tué l’idée ? J. Court
métrage. ឭឭ Original et intéressant.
M6
20.35 Coupe du monde 2006
«Mexique/Angola (groupe D)».
22.55 Nip/Truck. Série avec Dylan
Walsh 4.
23.45 Sex & the City. Série avec
Sarah Jessica Parker 2.
Canal +
21.00 Coupe du monde de la
FIfa 2006 «Mexique/Angola».
KTO
20.50 KTO magazine «Les dieux
du stade : Comment expliquer une
telle fascination ?».
21.45 Itinéraires «Choix de vie
alternatifs».
23.30 L’art du photographe «Hay
Tiempo».
"Le surendettement des ménages"
17h00 Face aux chrétiens, par
Frédéric Mounier, avec Bernard
Kouchner (ancien ministre délégué à
la santé)
Vendredi 16 juin
14h30 Esprit de famille, par Béatrice
Auger, "Créer son école", avec
Anne Coffinier.
17h00 Les médias en question, par
Emmanuel de la Taille, avec Michel Field (le grand journal LCI).
RCF
Samedi 10 juin
9h15 Table ronde, en direct de Bor-
deaux, à l’occasion des Journées
de Convivialité RCF, animée par
Violaine Breurec et Christian Vadon, sur le thème "Les médias en
font-ils trop ?", avec le Cardinal
Jean-Pierre Ricard (archevêque de
Bordeaux et président de la Conférence
des évêques de France), René Poujol
(directeur/rédaction du Pèlerin), JeanFrançois Bodin (directeur de l’Information à RCF)...
Lundi 12 juin
13h30 Repères "Télé, internet, por-
table : comment gérer les médias
en famille ?", avec Monique de
Hadjetlaché (psychanalyste) - rediffusion, mercredi 14 juin (22h).
M.B.
sur France 2
Mercredi 14 juin, à 20h55
Mes parents chéris GA
Un concours de circonstances oblige
Marie à passer ses vacances avec ses
amis et ses parents.
ឭឭឰ Il fallait tout l’humour caustique de Catherine Jacob pour rendre
tout le sel de son personnage. Même
si la comédie est parfois lourde (et si
l’héroïne est souvent odieuse), on rit
de bon cœur avec cette cohabitation
forcée. D’autant que l’interprétation
est épatante.
ឭឭឰ Quel joli couple ! On comprend que les amis de l’héroïne craquent pour lui ! Quel dommage que
celle-ci ne parvienne pas à leur dire
qu’elle les aime ! Des trivialités.
T :
J :
GA:
A :
Ø :
ឭ:
ឰ:
Tout public
Repères
Adolescents
Grands adolescents
Adultes
Œuvre (ou scène) nocive
Elément positif
Elément négatif
FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 37
BLOC-NOTES
Calvados
✔ La communauté des Béatitudes, Le Château, 14100 Hermival-les-Vaux, ✆ 02.31.32.00.44,
organise du 31 juillet au 4 août,
le rassemblement d’été pour
tous (y compris familles) "Venez,
marchons dans la lumière", avec
Carlos Payan, Mgr Rey, Philippe
Oswald, Mgr Gaucher... Possibilité de participer à 1, 2, 3, 4 ou
5 jours au choix. Courriel :
[email protected]
Indre-et-Loire
✔ Le sanctuaire de l'Ile Bouchard propose, à la maison de
Chézelles, les 17 et 18 juin, une
session de réflexion avec la communauté de l'Emmanuel, sur le
thème "Les sectes, comment faire
face ?" [une information et une
aide au discernement pour un
sujet préoccupant et complexe],
animée par le père Bernard Peyrous (ancien responsable de la pastorale des sectes pour le diocèse de Bordeaux) et Christian Piron [co-responsable de la pastorale des sectes
pour le diocèse de Luçon, ancien officier de police chargé du phénomène
sectaire]. Rens./insc. : Maison de
Chézelles, 37220 Chézelles,
✆ 02.47.58.52.01 / amisdechezelles@ wanadoo.fr
Oise
✔ 7e pèlerinage des hommes à
Saint Joseph "De la forêt de
Compiègne à l'abbaye d'Ourscamp", les 24 et 25 juin sur le
thème "L'Eucharistie". Rendezvous le 24 juin (8h15) au Francport. Bénédiction puis marche
jusqu'à l'abbaye Notre-Dame
d'Ourscamp. Messe, enseignements, temps de prière, conférence, adoration du Saint Sacrement, confessions possibles... Le
dimanche, journée familiale,
Messe (10h) avec la communauté, pique-nique, chapelet avec
les moines, conférence par Sœur
Caroline Runacher, op. Activités
pour les enfants. Rens./insc. :
Grégoire Guillaume, 7 rue Aubrelicque, 60200 Compiègne, ✆ 03.
44.97.56.03 ou 06.75.24.68.69.
✔ Un concert sera donné le 30
juin (20h30) dans l'église de
Montmille, par la soprano Adèle
Belmont, artiste lyrique internationale "Ave Maria" et gospels.
Cette église du 11e siècle (crypte
du 9e) est le lieu du pèlerinage à
saint Lucien, martyr ici au 3e siècle [à quelques km de Beauvais].
Rens. "Les Amis de Montmille",
Dominique Lauchard,
✆ 03.44.79.07.16
ou 06.62.11.50.54.
Yvelines
✔ Le Centre spirituel Notre
Dame du Cénacle, 68 av. de
Paris, 78000 Versailles, ✆ 01.39.
50.21.56, propose des retraites
prêchées : du 1er au 7 juillet "Jésus le don de Dieu", du 20 au 27
juillet "Prier avec l'Art", du 22 au
31 août "Prier avec l'Evangile de
Jean" ; des retraites de 2, 3, 5, 8
jours au choix, entre le 18 et le
27 juillet ou entre le 22 août et le
2 septembre. Courriel : cenacle.
[email protected]
Sénégal
✔ Grandes conférences du
Centre Lebret "Léopold Sédar
O f f re d ' a b o n n e m e n t
✂Abonnez-vous !
Senghor, alchimiste de l’imaginaire
chrétien" par le frère Henri
Ndong (directeur du collège StGabriel de Thiès, spécialiste de l’œuvre
poétique de Léopold Sédar Senghor)
et frère Philippe Verdin (écrivain,
journaliste), le 8 juin (19h), salle
Lebret, en face l’université, avenue Cheikh Anta Diop. Sénégal,
✆ 824.26.08.
Pèlerinage
✔ Sur les routes de Saint-Jacques
de Compostelle, pour les 18-30
ans. 6 jours de Saint-Palais à
Pampelune, trois jours en France
et trois jours en Espagne. Une
marche organisée par les sœurs
de la Providence du 15 au 22
juillet. Coût : 180 € + le voyage.
Rens. ✆ 01.45.04.73.55 ou ✆ 03.
89.49.80.32 / francine.heinis@
laposte.net
Camps
✔ Le Catholic Youth World Network
(Apostolat des Légionnaires du
Christ) vous propose ses camps d’été,
pour les garçons de 10 à 16 ans, du
5 au 17 juillet ; du 19 au 31 juillet. 3
camps d’été sont prévus : un camp
Surf, dans le bassin d’Arcachon ; un
camp Montagne, près d’Annecy ; un
camp Voile, dans la région de Brest.
Prix 450 €. (Voyage aller-retour,
déplacements pendant le séjour, activités sportives et culturelles, intendance et hébergement, t-shirt du
camp). Nbre de places limité. Rens. :
www.campscatholiques.org
Découverte
de la vie monastique
✔ Pour les jeunes, (18 à 35 ans),
une session est organisée du 5
(matin), au 12 juillet (matin).
Logés à l’hôtellerie du monastère,
ils participent aux temps essentiels
de la journée d’un moine : prière
liturgique et prière personnelle,
enseignement sur la règle de saint
Benoît et la spiritualité monastique, temps de travail manuel, de
partage et de détente. Rens. : père
Hôtelier, Abbaye Saint-Pierre,
72300 Solesmes, ✆ 02.43.95.
03.08 / hospes@ solesmes.com
site : www.solesmes.com
Séjours
✔ Vacances en famille, seul ou
entre amis au sanctuaire ND de
Laghet (06), entre
mer et montagne
(15 km de Nice).
Animations ponctuelles organisées
par les Bénédictines
du Sacré Cœur de
Montmartre pour enfants et
adultes. ✆ Sr hôtelière : 04.92.41.
50.50, fax 04.92.41.50.59, courriel : [email protected]
Rassemblement
des jeunes catholiques
✔ Cet été, venez tous au Rassemblement des Jeunes Catholiques ! Les jeunes de 18 à 30 ans
sont invités à Saint-Laurent-surSèvre (Vendée) du 31 juillet au 6
août. Au programme de la semaine : liturgie et adoration,
enseignements sur le thème :
"Chrétien aujourd'hui ? Rendre
raison de l'espérance qui est en
nous" (I Pi 3, 15), amitié, détente,
visite de la région. Aumônier :
FRANCE
à
Catholique
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séparée). Si vous offrez cet abonnement ce cadeau peut être envoyé chez vous (****)
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préciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un
droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres
entreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.
Abbé Pozzetto. Direction doctrinale : Père de Blignières. Présence
de prêtres des communautés
Ecclesia Dei (messe en latin rite
saint Pie V) Rens. : RJC, 3 rue Balny d'Avricourt, 75017 Paris,
✆ 06.63.35.95.09 / contact@
rjc2006.com ou [email protected]
Site : www.rjc2006.com
Marches : Les Goums
✔ 8 jours de désert avec les
GOUMS, une expérience unique en
son genre... Les GOUMS commençent à être connus, du moins, par
ce qu'on en dit mais rien ne vaut
d'en connaître la réalité par l'expérience. Il y a bien des manières de
traverser le désert, même en 4x4,
mais avant la curiosité des paysages la vérité du désert se trouve en
soi. Nous vivons une époque où,
malgré la montée en puissance de
la science, l'individu vit de plus en
plus dans l'incertitude. Au milieu
des villes à millions d'habitants, on
ne sait plus qui l'on est... soi. On
se demande même parfois si la vie
a un Sens. Le désert "vécu à la manière GOUM" vous donne au moins
une chance de trouver un commencement de réponse à cette
question. Nos marches au long
cours, nos bivouacs à la belle étoile, nos petites équipes fraternelles
de 15 à 20, nos Eucharisties quotidiennes avec des Prêtres qui marchent avec nous, donnent à notre
expérience GOUM une captivante
originalité. Les GOUMS lancent 30
Raids cet été, du 2 juillet au 6 septembre dans les Causses, le Jura,
l'Aubrac, au Maroc, en Italie, en
Turquie. Age des participants : 2035 ans (90 à 120 € la semaine).
Informations : Michel de Malartic,
1800 route du colonel Bellec,
13540 Puyricard, ✆/fax 04.42.92.
27.40, ou Jean Latil, 16 av. Alfred
Capus, 13090 Aix-en-Provence,
✆/fax 04.42.29.72.75 / equipe@
goums.org / www.goums.org
Université d'été
œcuménique de la Mission
✔ Neufs services et mouvements
des Eglises chrétiennes en France
[catholique, protestantes et orthodoxe] à l’initiative des OPMCoopération missionnaire, organisent pour les 20-30 ans une Université d’été œcuménique de la
Mission. Elle se tiendra du 22 au
27 août 2006 dans le Massif de la
Sainte Baume entre Toulon et
Marseille avec pour thème "Christ
notre Espérance : dans un monde
pluriel, traçons des chemins d’espérance". Rens. : Université d’été
Mission 2006, 5 rue Monsieur,
75007 Paris, ✆ 01.53.69.17. 46 /
[email protected]
Site
http://www.universite-ete-mission.org
Cheminement intérieur
en peignant une icône
✔ Astride Hild vous invite à faire
un voyage intérieur au travers de
la beauté des couleurs et la
Présence du Divin en peignant
une icône. C’est le temps de la
Rencontre par excellence, qui
ouvre à l’Infini et à l’Intimité de
Dieu. Pour débutants et initiés,
ces retraites sont prévues : à l’abbaye de Maredsous (en Belgique),
du 9 (soir) au 15 juillet (soir),
"Chemin d’Evangile avec St
Benoît", en peignant l’icône de St
Benoît, en étroite collaboration
avec les moines bénédictins ; à
l’Abbaye de Valognes (près de
Cherbourg), du 5 (soir) au 11 août
(soir), "Contemplation du Christ
Transfiguré", en peignant l’icône
du Christ Transfiguré, en étroite
collaboration avec les moniales
bénédictines ; à Marienthal (Lieu
de pèlerinage marial en Alsace Bas-Rhin), du 20 (soir) au 26 août
(soir) "Chemin avec Marie, notre
Mère", en peignant l’icône de la
Vierge du Signe. Rens./insc. :
a s t r i d . d e l a n d e @ p a n d o ra . b e
Site : http://users.pandora.be/astrid
Amis du Pape Urbain V
✔ L’Association des Amis du
Bienheureux pape Urbain V
(1310- 1370) tiendra son assemblée
générale le 17 juin (10h) à l’archevêché d’Avignon, 35 rue
d’Annabelle, 84000 Avignon.
Créée en 2005, cette association
s’est donnée pour but d’œuvrer
pour la canonisation de ce Pape
français, premier pape d’Avignon
à revenir à Rome, humaniste
éclairé, grand intellectuel, disciple de saint Benoît, homme de
Dieu, et champion de l’Europe
chrétienne et de l’œcuménisme.
Rens. et adhésions : Général
Merle, 48000 Le Born, ✆ 04.66.
47.70.78.
CEPHI
✔ Rentrée universitaire 20062007 du CEPHI (Centre d’études
philosophiques), 115117 rue Notre Dame
des Champs, 75006
Paris, ✆ 06.08.62.01.
40 et 01.56.24.02.13/
[email protected]
site : www.cephi.com
Le Cephi offre un double cursus :
CEPHI/ Sorbonne et permet aux
étudiants d’obtenir (avec plus de
90% de réussite) la licence, grâce à
un accompagnement pédagogique
de qualité et un suivi individuel
dans l’orientation des études vers la
vie active. L’esprit de l’école favorise la considération de la personne
humaine et offre la possibilité
d’une aide spirituelle auprès de frères de la congrégation Saint-Jean
du père Marie-Dominique Philippe.
Pour passer un communiqué, contactez :
[email protected]
fax : 01.46.30.04.64
Le slogan "La fraternité en actes" donne l’orientation
de la nouvelle formule qui paraît ce mois-ci, à l’occasion du numéro 500, du mensuel Nouvelle Cité.
"La fraternité est la catégorie de pensée capable de
rendre compte à la fois de l’unité et de la distinction auxquelles tend l’humanité contemporaine"
rappelait récemment Chiara Lubich, fondatrice des Focolari, mouvement dont Nouvelle Cité est l’expression éditoriale.
32 pages proposant dossiers et articles sur des sujets d’actualité,
thèmes spirituels, témoignages et faits de vie, dialogue entre religions…
Spécimen gratuit "découverte", auprès de Nouvelle Cité, 37 avenue
de la Marne, 92120 Montrouge, Tél. 01.40.92.70.85, fax 01.
40.92.11.68. Site : www.nouvellecite.fr
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l'abonné / Ne paraît pas en août.
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chambre, salle d'eau, salle de séjour-cuisine, piscine.
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Azillanet, tél. 04.68.91.22.66.
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2006, auxiliaire de
vie confirmée s'occuperait de personnes âgées. Ecrire au
journal (avec la référence 106) qui
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➥ Entretien et réparation d'orgues :
Marc Hédelin. Tél. :
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FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
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