DOSSIER 8 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
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DOSSIER 8 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006
82 ème année - Hebdomadaire n°3028 - 9 juin 2006 www.france-catholique.fr 2,90 € ISSN 0015-9506 FRANCE FRANCE Catholique Catholique FRANCE Un hebdo engagé pour l’Amour et la Vérité HISTOIRE ■ Chrétiens, arabes et juifs... victimes de la religion ? TIBET ■ Georges Mathieu à l’honneur La Salette 3:HIKLMI=YUW^U[:?d@k@c@s@a; VERSAILLES 160 anniversaire de l’apparition de e M 01284 - 3028 - F: 2,90 E ■ Une croix sur le toit du monde BREVES FRANCE POLITIQUE : Les Verts ne sont pas parvenus le 30 mai à choisir leur candidat à la présidentielle de 2007, Yves Cochet n’ayant obtenu que 2 voix de plus que Dominique Voynet sur plus de 5 000 votants. Ségolène royal, en visite en Seine-StDenis le 31 mai, a fait sensation en prônant une politique de sécurité "beaucoup plus ferme" et en plaidant pour "un encadrement à dimension militaire" des jeunes délinquants et la mise sous tutelle des allocations familiales ; cette prise de position a provoqué de vives réactions dans toute la gauche. Elle a récidivé le 4 juin sur internet en estimant que les 35 heures avaient entraîné une dégradation de la situation des plus fragiles. Lors de sa 11e conférence de presse, organisée à Chartres le 1er juin, le Premier ministre a défendu le bilan d’une année à Matignon, insistant sur la baisse du chômage et le rythme de croissance qui dépasse 2% l’an ; il a promis de ne pas faire de pause et de présenter dans un an "un modèle social rénové". ENTREPRISES : L’Etat a lancé le 31 mai le processus de privatisation partielle d’Aéroports de Paris par une introduction en bourse qui rapportera 600 à 800 millions d’euros aux finances publiques (entre 42 et 48,5 euros par action). Les marques de l’opérateur France Telecom (Wanadoo, Equant ou MaLigne TV) sont passées sous pavillon "Orange" le 1er juin ; seule la téléphonie fixe garde le nom de France Telecom. Eurotunnel a obtenu une réduction de 54% de sa dette pour la ramener de 9 à 4,2 milliards d’euros grâce à un accord préliminaire avec ses principaux créanciers, a-t-on appris le 31 mai. Le président du groupe de BTP Vinci, Antoine Zacharias, en conflit avec son directeur général, a été mis en minorité le 1er juin par son conseil d’administration et contraint de démissionner ; le montant de ses rémunérations avait été jugé extravagant. EMPLOI : Le nombre de demandeurs d’emploi a reculé de 26 000 en avril, ramenant le taux de chômage de 9,5 à 9,3% de la population active. FESTIVITE : L’opération "Immeubles en fête" pour renforcer les liens entre habitants d’un immeuble ou d’un quartier aurait réuni le 30 mai 6 millions de participants selon les organisateurs. LOGEMENT : La proposition de loi UMP 2 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 visant à protéger les locataires contre les ventes d’immeubles "à la découpe" a été définitivement adoptée le 1er juin par le Parlement. Le prêt à taux zéro va aussi être amélioré. JUSTICE : J.M. Deperrois, incarcéré depuis 1994 dans l’affaire de la "josacine empoisonnée", a obtenu le 30 mai une libération conditionnelle devant la cour d’appel de Versailles ; il avait déposé en septembre 2005 une seconde requête en révision de son jugement. Le professeur Pierre Pellerin a été mis en examen le 31 mai dans l’affaire "Tchernobyl" ; il est soupçonné d’avoir minimisé les retombées en France du nuage radioactif. J.L. Gergorin a été présenté le 1er juin aux juges en charge de l’affaire "Clearstream" au pôle financier du palais de justice de Paris ; il a été mis en examen, mais laissé en liberté sous contrôle judiciaire. Imad Lahoud, soupçonné de lui avoir remis les listes de comptes truquées, devait être entendu par les juges le 7 juin et mis à son tour en examen. Dans l’affaire des emplois fictifs de la MNEF, le député socialiste J.-C. Cambadélis a été condamné le 2 juin par le tribunal correctionnel de Paris à 6 mois de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende. SECURITE SOCIALE : A l’occasion des élections professionnelles aux unions régionales des médecins, les opposants au parcours de soins coordonné ont emporté la majorité le 2 juin. VIOLENCES : Des affrontements ont opposé des jeunes gens aux forces de l’ordre au cours de plusieurs nuits consécutives à Montfermeil et Clichy-sous-Bois, deux villes qui avaient été le point de départ des émeutes de l’automne 2005. La justice est préoccupée par un groupuscule extrémiste noir, "Tribu Ka", à l’origine d’incidents antisémites survenus le 28 mai rue des Rosiers à Paris. ROUTE : Délégué à la sécurité routière, Rémy Heitz, a indiqué le 4 juin que des aménagements au permis à points étaient à l’étude, en particulier la réduction du délai (actuellement de 6 mois) pour repasser un permis invalidé. TABAC : La Journée mondiale sans tabac a été l’occasion pour le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, d’annoncer le 31 mai une interdiction de fumer dans les lieux publics avant la fin de l’année. ECOLOGIE : Un nouveau lâcher d’ours slovène a eu lieu le 2 juin en Haute-Garonne, alimentant la tension entre partisans et adversaires de la réintroduction de l’animal dans les Pyrénées. MONDE EUROPE : Les 25 ont approuvé le 29 mai la directive remaniée sur la libéralisation des services. SANTE : L’agence de l’ONU chargée de la lutte contre le sida a annoncé le 30 mai que l’épidémie s’était stabilisée dans le monde après avoir atteint un pic au cours des années 1990. BOURSE : Après avoir pris le contrôle d’Euronext pour un montant de 10 milliards d’euros, la bourse de New York a entamé des discussions en vue d’une alliance avec Borsa Italiana. IRAN : Les Etats-Unis se sont déclarés prêts le 31 mai à discuter avec la République islamique à condition que celle-ci abandonne ses travaux d’enrichissement d’uranium ; les cinq membres permanents du conseil de sécurité et l’Allemagne, réunis à Vienne, se sont mis d’accord sur de nouvelles propositions assorties de sanctions (embargo sur les armes et gel des avoirs d’organisations liées au régime islamique). CHILI : Trois mois après sa prise de fonctions, la présidente Michelle Bachelet affronte une révolte des étudiants qui dénoncent la mauvaise qualité de l’enseignement, les inégalités budgétaires entre public et privé et réclament la gratuité des transports et du baccalauréat. PEROU : L’ancien président social-démocrate, Alan Garcia, a remporté la présidentielle du 4 juin face au nationaliste de gauche Humala. REPUBLIQUE TCHEQUE : Les libéraux de droite sont arrivés en tête des législatives du 3 juin ; alliés aux chrétiens-démocrates, ils font jeu égal avec les sociaux-démocrates alliés aux communistes, ce qui rend la constitution d’un gouvernement particulièrement laborieuse. TERRORISME : En Syrie, les autorités affirment avoir déjoué le 2 juin une opération terroriste en tuant quatre assaillants à proximité du siège de la radiotélévision de Damas. Au Canada, une dizaine de personnes ont été arrêtées le 2 juin dans le cadre d’une opération antiterroriste menée par 400 policiers dans la banlieue de Toronto. En GrandeBretagne, les forces de sécurité, qui redoutent une attaque au gaz sarin ou au cyanure, ont mené le 3 juin des perquisitions chez deux suspects arrêtés à Londres la veille au cours d’une opération antiterroriste. J.L. www.monde-catholique.com EDITORIAL SOMMAIRE ACTUALITÉ 4 TERRORISME Perdre Kaboul ? Yves La Marck 5 FRANCE A la gauche de la gauche 6 SOCIETE La famille, valeur refuge Alice Tulle Tugdual Derville DOSSIER 8 ANNIVERSAIRE Notre-Dame de la Salette Père Maurice Tochon/Anne Montabone Pédagogie d’Arcabas Piotr Rak/A.M. Aquero à La Salette Jean-Paul Prat/A.M. ESPRIT 16 EN MEMOIRE DES JOURS Henri Teissier Robert Masson 17 ECCLESIA Pentecôte à Rome 20 LECTURES La Trinité, mon programme social 21 B.D. Père Michel Gitton Avec Jean-Paul II et Benoît XVI (6/36) Dominique Bar - Guy Lehideux MAGAZINE 22 MISSION Tibet, une croix sur le toit du monde Ludovic Lécuru 25 SELECTION 26 HISTOIRE Juifs, Arabes et Musulmans 28 THEATRE Théâtre à Gap 29 CINEMA 30 EXPOSITIONS Multimédia Pierre Thomas Pierre Chaunu Pierre François “American Dreamz”, “Zidane...” “Le passager de l’été” “Marie-Antoinette” Marie-Christine Renaud d’André /Marie-Lorraine Roussel Hommage à Georges Mathieu Alain Solari 32 L'envolée lyrique A. S. 35 TELEVISION “L’enfant d’une autre” 36 TELEVISION Votre début de soirée 38 BLOC-NOTES M.-Ch. R. d’A. Marie-Christine Renaud d’André Vie associative et d’Eglise Brigitte Pondaven En cas de difficultés pour trouver le journal dans un kiosque près de chez vous, appelez Eric Bosher, Pagure-presse 01 44 69 82 82 Pour soutenir notre campagne de promotion en kiosques n’oubliez pas de faire un don à l’ordre de ADCC 60, rue de Fontenay 92350 Le Plessis-Robinson Couverture : © N.-D. de La Salette La joie de la foi our cette Pentecôte 2006, l’Eglise catholique a vécu un événement dont la visibilité atteignait, une fois de plus, la planète entière à partir de l’admirable scène imaginée à Rome par les artistes de la Renaissance. Décidément, l’art, la tradition, la modernité technique peuvent s’accorder pour le meilleur service. En l’espèce, ici, répercuter la prière commune de 350.000 pèlerins, représentant les nouvelles communautés surgies depuis Vatican II, comme un printemps inattendu. En regardant cette immense assemblée, on ne pouvait qu’adhérer aux propos de Benoît XVI sur le charisme de ces militants de la Nouvelle Evangélisation, qui peut se résumer en un quelques mots : la joie de la foi. Il y a, en effet, dans le christianisme une possibilité pour les cœurs de vibrer, ou pour les âmes de respirer dans le climat de l’espérance et dans l’espace de la communion trinitaire, qui n’a d’équivalent en aucune culture. Pour ceux qui ont en perspective le demi-siècle passé, le surgissement de ces communautés est un phénomène tout à fait intéressant à observer. En un certain sens, il n’est pas sans relation avec la révolution des mentalités et des mœurs apparue dans les années soixante, mais il contredit radicalement la tendance dominante de ce que François Ricard - cet excellent observateur de la sociologie contemporaine - a appelé, depuis son Québec secoué par la révolution tranquille, “la génération lyrique”. Cette génération qui a voulu changer le par Gérard LECLERC monde, en adoptant des valeurs contraires aux précédentes, s’est rapidement trouvée dans les impasses de la consommation et de l’éclatement individualiste. Ayant délaissé les structures familiales, et la pratique religieuse, son “lyrisme” a tourné court, empoisonné par un nihilisme débilitant. En contraste, les nouvelles communautés chrétiennes ont trouvé dans l’Esprit de Pentecôté de quoi renouveler la face de la terre. Loin de toute réaction étroite et de tout conformisme social, elles ont développé les ressources d’un christianisme joyeux et missionnaire. Le cardinal Ratzinger s’est intéressé tout de suite à cette éclosion, dont il définissait l’originalité dans ses fameux entretiens de 1985 avec Vittorio Messori : «Ce qui est signe d’espoir dans l’étendue de toute l’Eglise - précisément aussi au milieu de la crise de l’Eglise dans le monde occidental - c’est l’éclosion de nouveaux mouvements que personne n’a planifiés, auxquels personne n’a fait appel, mais qui proviennent simplement de la vitalité intérieure même de la foi. En eux se dessine - bien que sans aucun bruit - ce qui fera surgir une aurore de Pentecôte dans l’Eglise. Je pense par exemple au Mouvement Charismatique, à Cursillo, aux Focolari, à Communion et Libération, etc.», tous ces mouvements qui se trouvaient réunis samedi et dimanche, place saint Pierre, autour de Benoît XVI. Sans doute, le Pape est-il exigeant avec eux, leur recommandant de parvenir à une vraie maturité spirituelle, en puisant dans la tradition ecclésiale de quoi donner un témoignage éclairé. Ce que Vatican II attendait de l’apostolat des laïcs a ainsi trouvé son lieu d’expression dans un monde en recherche d’une conscience elle-même nouvelle. Vers une civilisation de l’Amour ? ■ P FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 3 ACTUALITE AFGHANISTAN par Yves LA MARCK Perdre Kaboul ? Les Américains disent avoir éliminé les deux-tiers de l’étatmajor d’Al Kaïda. Mais, même si Ben Laden était capturé ou tué, le sort de Kaboul n’en serait pas assuré pour autant. ffrontements dans le sud, flambée de violence anti-américaine à Kaboul. L’Afghanistan se rappelle à notre souvenir. Il convient en effet de revenir aux fondamentaux de la lutte contre le terrorisme d’Al Kaïda par quoi tout a commencé le 11 septembre 2001. Personne n’avait discuté l’opération ‘Enduring Freedom’ (liberté immuable) contre le régime taliban qui abritait ou couvrait les groupes terroristes. La guerre en Irak a fait passer la question au second plan parce qu’on avait cru que des armes de destruction massive pouvaient être, non pas utilisées par Saddam Hussein, mais transmises clandestinement à ces groupes. Washington et Londres commencent à tirer quelques leçons de leurs erreurs stratégiques et tactiques en Irak et en Afghanistan. En Afghanistan, la priorité a été dirigée sur la recherche d’Osama Ben Laden dans les montagnes à la frontière du Pakistan, en oubliant finalement que c’était l’Afghanistan en soi qui posait problème. Le déséquilibre est devenu trop flagrant entre les moyens militaires mis en œuvre dans des opérations spéciales et ceux consacrés à la reconstruction du pays. Les militants qui ont fait plier Moscou, et qui peuvent se dire qu’ils ont été, A ( tout autant que la guerre des étoiles de Reagan, responsables de la chute du mur de Berlin, comment imaginer qu’ils allaient tout à coup entrer dans le camp américain sans crier gare ? Le Pentagone a donc décidé de remettre 2500 hommes de l’opération ‘Enduring freedom’ à la force internationale de soutien au gouvernement afghan qui, essentiellement, ne contrôle que Kaboul et les environs. moderne de Kipling. C’est dire que le mal doit être profond et qu’il y a urgence. En effet, les Taliban, qui recrutaient hier majoritairement au Pakistan, se sont afghanisés. Ils sont en passe de réincarner l’opposition ancienne au pouvoir communiste et de se voir rejoints par les anciennes factions isla- Mieux, il a accepté de faire passer ses soldats sous le commandement intégré dans le cadre de l’OTAN avec à sa tête un général britannique, vétéran de l’Irlande du Nord et de la Sierra Leone, qui se rêve en héros mistes. On n’ose penser à la répétition de ce qu’a vécu l’Armée Rouge, sans remonter à l’Armée des Indes. Et pourtant c’est ce qui est en train de se préparer pour l’OTAN. La France, qui participe à “Enduring Freedom”, n’a Les Taliban, qui recrutaient hier majoritairement au Pakistan, se sont afghanisés 4 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 plus beaucoup de temps pour s’interposer. Or c’est là qu’interviennent le procès Moussaoui et la récente intervention de Ben Laden qui prétend l’innocenter. Les Etats-Unis ont choisi ce Francais comme bouc émissaire, le seul cas qu’ils se soient jusqu’à présent risqués à présenter à leur justice civile. En cinq ans, pas un seul suspect de terrorisme aux Etats-Unis n’a été traduit en justice et a fortiori condamné. 5000 personnes croupissent en détention préventive. Le dossier est vide. Comment une telle situation pénale peut-elle se concevoir dépasse l’entendement. Elle porte le soupçon sur l’ensemble de l’Etat de droit dans ce pays. L’antiaméricanisme à travers le monde s’en nourrit. Que pèse la non-condamnation à mort de Zacharias Moussaoui face à ce déni de justice ? Que le système ne soit pas totalement devenu fou ne suffit pas à nous rassurer sur son réel équilibre, les garanties et les libertés. Folie contre folie bien plus grande certes, mais on attend autre chose de la justice américaine. Or ce seul cas a eu pour effet que le gouvernement francais a été réduit au silence. Il n’aurait pas pu défendre ce ressortissant sans affirmer quelque part sa différence, ce que Ben Laden (ou ceux qui pensent, voire parlent pour lui) a bien vu. Paris ne pouvait que dire ce que Al Kaïda a déclaré, que Moussaoui n’était pas le dixneuvième terroriste du 11 septembre. Donc nous nous sommes tus. Idem sur l’Afghanistan. Le piège terroriste se referme sur nous, et d’abord là où tout a commencé: à Kaboul. ■ ACTUALITE PRESIDENTIELLES par Alice TULLE Gauche de la gauche aradoxe doctrinal pour l’extrême gauche mais c’est un vieux paradoxe - la personnalisation des partis et mouvements est, notamment, la conséquence de l’élection présidentielle à deux tours : au premier tour, on choisit entre plusieurs candidats possibles et les vastes regroupements ne sont pas indispensables ; au second tour, on élimine l’un des deux candidats et l’on pratique dans la discipline le jeu des désistements. A l’extrême gauche donc, comme à droite et au Parti socialiste, la course à la candidature est depuis longtemps commencée : la liste des candidatures implicites ou explicites ne cesse de s’allonger. Parmi les candidates et candidats sérieux, il y a bien entendu Arlette Laguiller. Marie-Georges Buffet est elle aussi sur les rangs au nom du Parti communiste ainsi que le médiatique Olivier Besancenot pour la Ligue communiste révolutionnaire. On sait que les écologistes ne renonceront pas à une participation à la présidentielle, surtout après tous les efforts faits pour désigner leur candidat par de lourdes procédures démocratiques internes ! Marie-Georges Buffet, Olivier Besancenot et divers collectifs rassemblant les anciens partisans du Non au référendum du 29 mai, militent officiellement pour une candidature unique de la gauche antilibérale et affirment rechercher un fédérateur. P Depuis des mois, bien des regards se tournaient vers José Bové, mais le champion de l’altermondialisme laissait planer le doute sur ses intentions. Dans Le Monde du 9 mai, il se disait cependant prêt à "causer" avec les communistes et les trotskystes, à "discuter du fond des choses, autrement dit d’un projet politique qui rompe avec la logique économique libérale et productiviste de ces vingt-cinq dernières années". Avant même que cette discussion de fond ait eu lieu, José Bové franchissait un grand à côté du Parti socialiste". Cette déclaration aurait dû ravir les unitaires. Au contraire, Marie-Georges Buffet s’est empressée de déclarer que le choix du candidat appartenait aux "collectifs d’union populaire" pas le 29 mai en annonçant qu’il était "prêt à mener campagne à partir du moment où toutes les conditions sont réunies et que l'on est capable de désigner un candidat unique pour l'ensemble de la gauche, qui sont contrôlés ou du moins fortement inspirés par… le Parti communiste. Il ne serait donc pas étonnant que ces "collectifs" finissent par désigner la secrétaire nationale du PCF et que la Ligue communiste fasse campagne pour Olivier Besancenot avec une résignation qui n’aura d’égale que sa satisfaction. Ces deux candidatures répondraient à une logique politique : la LCR ne peut continuer à exister que dans une opposition pure et dure, sans la moindre alliance avec le Parti socialiste, alors que le Parti communiste ne peut continuer à exister que s’il bénéficie de la bienveillance des socialistes aux élections législatives et municipales. La candidature de José Bové, si elle se concrétise, risque d’être celle des seuls altermondialistes. Or cette mouvance est en crise. Le mouvement Attac perd du terrain faute de pouvoir participer aux campagnes électorales en raison de la diversité idéologique de ses militants ; Le Monde diplomatique, qui rassemble le lectorat anti-libéral de gauche, est en proie à de vifs conflits internes qui portent sur sa ligne politique – notamment sur la question israélopalestinienne – et connaît une forte diminution de ses ventes. Les militants qui ont fait le succès des forums altermondialistes (Porto Alegre, Florence…) sont divisés entre trotskystes, libertaires, écologistes et réformistes. Depuis cinq ans, ces différentes tendances n’ont jamais pu se mettre d’accord sur la moindre esquisse d’un programme commun. Il est douteux qu’elles y parviennent dans les six prochains mois. Malgré la sympathie des grands médias, la démarche de José Bové s’annonce périlleuse. ■ Les militants qui ont fait le succès des forums altermondialistes sont divisés ( A l’extrême gauche, on affirme rechercher une candidature commune pour 2007. José Bové s’est mis sur les rangs, ce qui ne fait pas plaisir à tout le monde. FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 5 ACTUALITE SOCIETE Valeur refuge La grande préoccupation affichée par le monde politique, à un an des élections présidentielles, est la famille. Voilà un retour de flamme qu’il faudrait apprécier à son juste prix. e ministre de la Famille a annoncé l’élargissement de la vieille carte famille nombreuse SNCF. Effet d’annonce ? La réforme annoncée confirme en tout cas que ce mot "famille" est passé du statut de suspect n°1 à celui de valeur refuge. Philippe Bas a insisté sur le surcoût lié au troisième enfant qui impose "de changer la machine à laver". La carte devrait ainsi ouvrir droit à des réductions dans le domaine "des services locaux, des musées mais aussi dans la grande distribution". Craignant une mesure plus symbolique que tangible, des associations suspectent d’ailleurs le gouvernement de renommer ce qui existe déjà. Mais le symbole pourrait avoir un facteur entraînant. A gauche, Ségolène Royal a choisi le thème de la famille pour ses premières propositions. Dans la précampagne présidentielle, les éléphants du PS lui reprochaient de ne s’en tenir aux idées générales. Réagissant aux nouvelles émeutes urbaines, l’ancien ministre de la Famille du gouvernement Jospin veut que les allocations familiales soient mises sous tutelle pour les ayant-droit jugés fautifs dans leur éducation, et "mettre au carré" ces familles, quitte à faire appel aux compétences éducatives de l’armée ! La défaillance des parents est regardée par elle comme cause de traumatisme, de désinsertion voire de délinquance. C’est donc L ( qu’on considère la famille comme fondement de la société et condition de la paix sociale. Voire du dynamisme économique. Le ministre délégué au Tourisme vient ainsi d’annoncer la création d’un nouveau label national inti- tulé “Familleplus". Léon Bertrand explique que des communes vont être évaluées selon des critères en rapport avec les "besoins croissants des familles, notamment en matière de sécurité et d’accueil". Une façon de proclamer que la France se veut accueillante aux enfants des touristes. Cent millions sont concernés en Europe, estime le ministre qui les considère comme "des prescripteurs mais aussi de futurs consommateurs". A constater la vitalité relative de la démographie hexagonale, on peut se féliciter d’une politique familiale qui maintient la France à flots en comparaison de ses voisins. Mais apparaissent quelques paradoxes, au nombre desquels figure l’abus de certains qualificatifs. Re— composée, monoparentale, voire homoparentale : suffit-il de dire "famille, famille" – tout en la déconstruisant – pour prétendre servir les enfants ? Leurs besoins sont souvent occultés. Admettant le désir des Françaises d’avoir en moyenne un enfant de plus, Une politique familiale qui maintient la France à flots en comparaison de ses voisins 6 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 par Tugdual DERVILLE Philippe Bas a avancé : "le travail des femmes n’est pas l’ennemi de la natalité". Une formule qu’on peut juger incantatoire lorsqu’on écoute les intéressées. La peur de l’employeur ou le souci de la carrière, sans oublier la réalité des tâches domestiques, qui incombent le plus souvent aux femmes, transforment souvent leur conciliation entre vie professionnelle et vie familiale en exercice d’équilibriste. En réponse, le ministre de la Famille annonce davantage de crèches tandis que François Hollande suggère, au nom du PS, d’étendre la scolarisation des enfants dès 3 ans… La socialisation précoce pourraitelle suppléer la famille ? Le déficit d’amour, de stabilité et de présence peut-il être compensé par un dispositif étatique ? Et la même limite s’impose à l’autre bout de la vie : la solitude et l’abandon des personnes âgées dans les institutions manifestent une distension des liens familiaux. Un "plan quinquennal solidarité grand âge" vient d’être présenté par le gouvernement combinant augmentation du nombre des places en maisons de retraite et développement des services de soins à domicile. Il reste que les "transferts de ressources" effectués au sein des familles (argent mais surtout temps de service gratuit) constituent un amortisseur de crise plus puissant que tous les dispositifs publics. Nulle raison de s’en étonner : Benoît XVI rappelle en substance dans sa première encyclique qu’aucun Etat ne peut se faire pourvoyeur de l’essentiel qu’est l’amour. ■ DOSSIER ANNIVERSAIRE DE L'APPARITION Notre Dame de La Salette propos recueillis par Anne MONTABONE ■ Père Maurice Tochon, vous êtes missionnaire de la Salette depuis 1964, et chapelain du sanctuaire où vous animez notamment des sessions “Sciences et Foi”. Pourquoi la Vierge a-t-elle choisi ce lieu perdu dans la montagne ? "Pourquoi ?" est une question souvent posée par les visiteurs. Pourquoi un coin si perdu ? Certes, il est difficile de demander à Marie les raisons de son choix. Elle n’en a pas fait discours. C’est à nous d’essayer de déchiffrer… Pourquoi pas une allusion au Mont Sinaï ? C’est là que le peuple d’Israël a reçu la Loi de Vie. La Belle Dame parle, elle aussi, du "Nom", si maltraité ; du "Septième jour", réservé au Seigneur… évoque la "soumission" qui fait grincer certaines dents : "se soumettre à Dieu ?". Elle donne en quelque sorte ses commandements sur la Montagne. Apparaissant dans ce coin des Alpes dauphinoises, Marie rejoint ces deux petits paysans qui sont de ceux dont Jules Michelet a pu dire qu’ils étaient "les vrais parias de la société". Elle ne leur propose pas un projet de société utopiste - comme il s’en conçut tellement dans ces années-là - tel qu’on aurait pu en attendre en des lieux plus “civilisés”. C’est l’Alliance entre Dieu et les humains oublieux, qu’elle vient rappeler. Le fait est qu’elle obtiendra un grand retentissement. ■ Ce retentissement est vite retombé en France ? Sanctuaire 38970 La Salette Fallavaux Tél. 04 76 30 00 11 - Fax. 04 76 30 03 65 [email protected] http://lasalette.cef.fr 8 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 Après 1858, "La Salette" a été progressivement éclipsée par Lourdes. D’un point de vue "statistique", © LA SALETTE La Salette “se mérite”, disent les pèlerins marcheurs et même les automobilistes : il faut vouloir y venir. Apparaissant dans un coin perdu des Alpes dauphinoises, Marie a pourtant donné là un élan missionnaire unique en son genre. Aujourd’hui la Congrégation des Missionnaires de N.-D. de La Salette est internationale. La Belle Dame est visitée par de nombreux groupes de Pologne, République tchèque, Slovaquie, Philippines... Des agences de voyages mettent régulièrement La Salette dans leurs programmes, d’autant plus cette année que, du 15 juillet au 15 octobre, le Sanctuaire organise de nombreux événements pour marquer le 160e anniversaire de l’apparition. La fête de l’Assomption sera présidée par le cardinal Barbarin en août. Le 19 septembre verra la grande fête des congrégations et de toute la famille salettine. Mgr de Béranger viendra début octobre pour accueillir tous les laïcs associés à la Salette... les millions de pèlerins qui fréquentent Lourdes "écrasent" les 200.000 de la Salette. En France, c’est surtout l’Est de l’axe "Rhône-Saône" qui vient à La Salette. Nous sommes à l’écart des grands axes de migrations, ou de circuits pèlerins. Entre 1846 et 1900, La Salette a connu cependant une énorme fréquentation (plusieurs centaines de milliers de personnes par an). Des circonstances historiques ont réduit le flux, sauf en 1946 et 1995-96. Les modes touristiques et les nouvelles donnes actuelles modifient le style de fréquentation. Nous avons beaucoup de touristes qui viennent de l’étranger. L’infinie tendresse de Dieu à travers Marie C’est en cela surtout que le message mérite d’être interrogé, médité, creusé, exploré dans ses conséquences. Ce message est "carré", avec un commencement : "Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur !" – et une conclusion : "Allons, mes enfants, faites-le bien passer à tout mon peuple !" Rien en amont, rien en aval. L’épisode que la Belle Dame ravive dans la mémoire de Maximin : l’histoire si minuscule d’un morceau de pain, la vue d’un champ de blé malade du charbon, l’inquiétude de son mécréant de père… tout cela, Marie le détaille, Elle qui apparaît vêtue comme une femme du pays. Et cet épisode dit l’infinie tendresse de Dieu – à travers Marie – pour ce peuple qui ■ N’est-ce pas pourtant un message pour la France ? La Belle Dame s’est adressée en effet à deux petits bergers ignorants même de la religion ; et audelà d’eux, aux paysans de cette région — elle a parlé le patois de Corps aussi bien que le français. Son discours est profondément enraciné dans une réalité concrète, datée ; provincial tout comme l’Evangile, il atteint comme l’Evangile à l’universel. Des Salettins de l’Inde savent comment relire, chez eux, les peuples du riz, le fait que Marie parle de blé et de pommes de terre : "Elle nous oblige à regarder sous nos pieds !" ; et "sous les pieds", ce sont les pauvres écrasés par des systèmes-bulldozers. Sans engagement dans les solidarités, la prière et la dévotion, l’observance formelle des commandements, sont des trahisons. FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 9 DOSSIER souffre et ne sait plus pourquoi. Cela dépasse la France, c’est vrai pour l’Angola, le Soudan, la Bolivie et tant de pays écrasés par l’égoïsme de quelques-uns. "Mettre en série" des lieux d’apparitions, voire des messages, est la route la plus facile. Certes, Marie parle partout de pénitence et de prière ; mais c’est le message même de Jésus transmis par les Evangiles – message trop oublié au profit d’autres choses – "Se retirer à l’écart pour prier" est souvent nécessaire pour ne pas perdre pied dans l’agitation de notre temps – et Jésus l’a fait lui-même bien souvent. C’est donc de "là-haut sur la montagne" que Marie envoie les deux enfants de 1846 ; et, aujourd’hui, tant de pèlerins qui montent vers Elle chercher un sens à leur vie, force pour eux-mêmes et leurs proches, et soutien dans leurs engagements. Comme beaucoup de pèlerins, vous demandez en quoi le message mérite qu’on s’y attache aujourd’hui. Nous pouvons ici répondre : si les pèlerins s’intéressent concrètement à la prière que Jésus a donnée à ses disciples, le "Notre Père", ils comprennent le message de la Belle Dame de La Salette. Se retirer à l’écart pour prier est souvent nécessaire © LA SALETTE ■ Quels sont les critères qui permettent de discerner que quelque chose est enraciné dans la Parole de Dieu ? L’amitié de la diversité Elena vient de Russie, pour la deuxième fois, au Sanctuaire de la Salette : "A La Salette nous sommes une petite dizaine de bénévoles chaque mois qui venons de l’Université de l’Amitié des Peuples de Moscou, pour un stage. Parmi nous il y a des orthodoxes mais aussi des personnes qui ne croient pas en Dieu. Parmi les volontaires on peut rencontrer des musulmans et des bouddhistes ! La Salette est un lieu où l’on peut reposer son esprit et ressourcer son âme et aussi rencontrer de nouveaux amis et apprendre à connaître leur culture. A La Salette on ne perçoit pas, dans notre vie commune, les différences dues à nos origines religieuses. On travaille ensemble, on mange ensemble, on fait des sorties ensemble, on apprend le français ensemble, on chante, on prie : bref, on se parle et on vit comme dans une famille. Le travail au Sanctuaire est parfois dur, avec beaucoup de services à assurer (chambres, buanderie, lingerie, réception, bar, librairie, magasin, cuisine, plonge, restaurant, accueil jeunes, sacristie, musée, bibliothèque) mais grâce à notre amitié nous nous soutenons pour accomplir chacun sa tâche." A Notre Dame de la Salette on réalise que c’est en donnant qu’on reçoit et c’est cette expérience qui m’attire ici depuis deux ans. Bienvenue aux nouveaux ! ■ 10 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 Question immense qui touche à la théologie de l’inspiration biblique ; au discernement quant aux manifestations célestes, privées et surtout publiques ; à l’intelligence et l’éducation de la foi ; à la vie même de l’Eglise ; et elle s’inscrit dans le contexte actuel de manipulation des faits et des consciences. Des éléments précieux sont donnés déjà dans les Actes des Apôtres (5, 34-42). Gamaliel, un théologien juif réputé, éveille la mémoire des faits, mis en perspective avec "l’affaire Jésus". Il conclut : "Si leur intention ou leur action vient des hommes, elle tombera. Mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez pas les faire tomber". Ce qu’on appelle le Concile de Jérusalem (Actes 15, 7-21) apporte une remarquable lecture à la fois de ce qui se passe – la conversion des païens – et de la Parole de Dieu qui a passé par Moïse. Dieu est libre de ses dons, et il est capable d’aider non pas à renier ce qu’il a établi pour son peuple, mais à le dépasser pour que le salut en son Fils soit ouvert à tous les peuples. Le principe "Hors de l’Eglise, pas de salut" doit lui-même s’ouvrir à la Parole de Dieu : c’est Dieu qui connaît le contenu à donner à l’Eglise. © LA SALETTE ■ En quoi ce message complète-t-il celui d’autres lieux comme Lourdes ou Fatima ? ■ Marie participerait à cette prescience de Dieu ? Les missionnaires de la Salette La variété des apparitions est grande. Marie se manifeste comme il lui paraît nécessaire pour le bien des personnes – ceci en communion avec son Fils et le Père, qu’elle ne supplante pas. Quand une apparition – surtout à destination publique – invite les chrétiens à se reporter à des aspects majeurs de la Bonne Nouvelle : la conversion, la prière, la charité, l’espérance du Royaume, la familiarité avec la Parole de Dieu… on peut être assuré de son authenticité. Quand elle s’inscrit dans le prophétisme au sens plénier, il en va de même. A savoir : - aider le peuple croyant à relire ce qu’il vit plutôt mal : épreuves, obscurités, etc… - l’aider à retrouver la source de sa vie : JésusChrist vivant – dans la Parole et les sacrements ; - l’aider à attendre de manière active et patiente le Royaume. L’évêque de Grenoble reconnaît l’Apparition, en 1851. Restait à accueillir les pèlerins venus, souvent en groupe, prier sur la montagne en un lieu désert à 1800 m d’altitude. En 1852, afin de construire là-haut une église et une hôtellerie, l’évêque choisit dans son clergé quelques prêtres-bâtisseurs qui mèneront leur ministère auprès des pèlerins : présentation du Message de conversion de Marie, confessions, célébration de l’Eucharistie. L’hiver, quand les travaux doivent s’interrompre et les foules moins nombreuses, ils iront réveiller la foi endormie des fidèles des paroisses, comme tant d’autres groupes missionnaires diocésains de cette époque. Le Message de La Salette confirmait l’essentiel de cette action pastorale : rappel du repos du dimanche avec participation à la Messe, lutte contre le blasphème, respect du carême, appel à la prière... Ce groupe de missionnaires va peu à peu s’interroger sur l’éventualité de se constituer en Institut Religieux. Vivre ensemble, selon une règle, en s’appuyant sur l’esprit du Message de Marie. Ce cheminement aboutit à la profession religieuse de six prêtres le 2 février 1858. Bientôt les rejoindront d’autres membres, dont des religieux frères (76 aujourd’hui dans le monde). Onze ans plus tard se fondera le premier Institut des Sœurs de La Salette. Grâce à un petit-séminaire, lancée en 1876, la Congrégation va grandir. Un décret de Rome la reconnaît en 1879. Les lois antireligieuses des premières années 1900 favoriseront l’expansion en Suisse, en Belgique, en Italie, avec des petits et grands séminaires, et plus tard en Pologne. En 1899 partent pour Madagascar des Missionnaires, précurseurs d’autres missions, telles que celles du Brésil, de Birmanie, d’Angola, des Philippines… Quel est le message particulier de ces 800 religieux, répartis dans plus de 20 pays ? Marie est venue à La Salette "nous conter une grande nouvelle", pour reprendre ses propres termes, allusion certaine à l’Evangile, signifiant en grec ‘Bonne Nouvelle’. "Aller à Jésus par Marie" – cette formule de Saint Bernard pourrait résumer leur projet pastoral. "Plus que jamais le monde a besoin d’être réconcilié par le fils de Marie" – déclarait cette année le chapitre général réuni aux Philippines. Nous sommes loin du "merveilleux", mais tout au contraire, près d’une foi vivante, capable d’interpeller un monde malade de ses multiples divisions. ■ Pierre KERLOC’H, ■ Que penser des apparitions où Marie fait des révélations extraordinaires ? L’aspect "annonce de malheurs et de châtiments" fait partie aussi bien du prophétisme que de l’Evangile, mais cet aspect ne doit pas être surévalué, ni rendu exclusif au détriment des autres. Il s’agit toujours des conséquences de l’amour refusé. Quand une apparition se dilue dans des bavardages pieux, et couvre des discours contre le cheminement de l’Eglise, on peut à bon droit se demander si elle est authentique. En effet, Marie n’a reçu aucune mission judiciaire dans l’Eglise. Marie est dans l’Eglise, pas au-dessus d’elle. Selon la doctrine de Lumen Gentium (Vatican II), Marie ne peut pas être mise au-dessus de son Fils. Son service auprès du peuple chrétien relève de la participation dans l’ordre de la grâce ; il n’ajoute rien à ce qu’accomplit Jésus-Christ. Celui-ci est le seul Sauveur, médiateur et pasteur ; sa Mère accompagne le peuple de Dieu dans le pèlerinage terrestre. ■ missionnaire de N.-D. de la Salette, au service d’une paroisse de Grenoble. FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 11 DOSSIER Les racines des sœurs de La Salette N Madagascar. En 1992, des jeunes filles en Angola demandent à otre Congrégation est née après l’apparition de la devenir Sœurs de Notre-Dame de la Salette. La guerre ne "Belle Dame" comme disent Maximin et Mélanie à la favorise pas leur venue en France, ni l’envoi de sœurs pour les Salette, le 19 septembre 1846. En gestation depuis accompagner et les former. Avec l’évêque de leur diocèse, 1855, la Congrégation n’a vraiment pris forme que le 17 elles vont créer les sœurs Messagères de Notre-Dame de la septembre 1871, quand Henriette Deluy-Fabry et cinq sœurs Salette. La fusion pourra s’opérer en 2004. ont fondé les sœurs Réparatrices pour soulager les souffrances Au début des années 2000, nous nous sommes réimplantées de Marie dans l’immolation, la réparation, dans la prière et en Pologne, aux Etats-Unis. En novembre 2005, nous nous l’apostolat. Le 20 décembre 1872, Les Religieuses Réparatrices sommes implantées au Myanmar avec des sœurs autochtones. arrivent à pied, au sanctuaire de la Salette, dans la neige et le Notre Congrégation a donc plusieurs racines. Les froid. Elles prient et travaillent à la lingerie, la buanderie, la Constitutions ont été repensées, priées au fil du temps et des cuisine, le restaurant, le magasin… En 1876, elles ouvrent une propositions de l’Eglise. Aujourd’hui, nous vivons la maison d’accueil à St-Martin-le-Vinoux (Isère) pour les enfants dynamique de l’Universalité de l’Eglise dans huit pays. Marie handicapés mentaux. nous dit : "Avancez mes enfants, n’ayez pas peur". Notre En 1905, les sœurs entrent dans la clandestinité et leurs biens charisme est tourné vers la Réconciliation et nous voulons dire sont confisqués. Les pères quittent le sanctuaire de la Salette au monde que la avec trois sœurs. L’apostolat des missionnaires de La Salette différence est une Les autres religieuses s’étend à tous les âges (chapelle de la Rencontre) richesse, qu’elle est une restent. Elles prennent mosaïque pour parler un habit civil pour de la Bonne Nouvelle continuer à accueillir de Jésus Christ. Nous les pèlerins. 1905 est voulons dire que même aussi l’année des si nous n’avons pas la premiers vœux même manière de perpétuels. En 1911, vivre, de penser, de les sœurs ouvrent une construire l’avenir, de communauté en prier avec la même Pologne. langue, nous pouvons En 1930, après de vivre ensemble, multiples démarches, avancer, bâtir le sans résultats, auprès Royaume de Dieu. La des Religieuses Réconciliation se vit sur Réparatrices, les plusieurs axes. En ayant Supérieurs Généraux fait l’expérience pour des Missionnaires de nous-mêmes, nous la Salette fondent une voulons aider les Congrégation féminine personnes que nous rencontrons à se réconcilier avec ellesmissionnaire pour annoncer avec eux le message de Marie mêmes, avec ceux qui les entourent, avec Dieu, mais dans le monde : Les sœurs Missionnaires de Notre-Dame de la également avec la Création. Comme le dit Marie : "S’ils se Salette. Les deux Congrégations se réuniront, le 20 janvier convertissent les pierres et les rochers deviendront des 1962 ; en 1965, le Vatican approuve officiellement l'union. monceaux de blé." Si nous changeons ce qui est mort en nous, Elles sont alors présentes au Brésil, aux Philippines, à la vie pourra jaillir, s’épanouir, et nous porterons beaucoup de fruits. Nous désirons nous engager auprès des plus Je suis Malgache et j’ai 26 ans. Quand j’étais petite, j’étudiais dans un collège géré par pauvres avec tout ce que nous sommes une congrégation religieuse. (Sœurs de l’Immaculée Conception de Niort) Après mes personnellement, et communautairement. études, j’étais encore pensionnaire dans leur maison. Je faisais partie du mouvement Avec les laïcs qui, comme nous, se savent eucharistique des jeunes. J’ai rencontré quelques jeunes filles qui avaient l’intention de aimés de leur Père, nous voulons proclamer fonder une Congrégation et j’ai avancé avec elles pour vivre la vie religieuse. Comme au monde Sa miséricorde et Son amour pour notre communauté était nouvelle, nous étions chez les Sœurs de Notre-Dame de la chacun. Marie nous demande de "Le faire Salette pour vivre notre formation. Leur charisme, leur spiritualité et l’appel de la Sainte passer à tout son peuple". Dans tous nos Vierge à la Salette : "Avancez mes enfants, n’ayez pas peur" m’ont finalement attirée et engagements, nous vivons ces missions avec j’ai demandé à entrer chez les Sœurs de Notre-Dame de la Salette. Je suis entrée au des laïcs convaincus que la Réconciliation postulat le 8 décembre 2002. Aujourd’hui, je suis en France. J’ai vécu la formation au est la seule solution contre les déchirements noviciat ici et, depuis mes premiers vœux, en juin 2005, je suis en mission à N.-D. de de ce monde. ■ l’Hermitage dans la Loire. Dans ma vie quotidienne, j’essaie d’offrir ma vie à Dieu et de Sœur Sophie RICHER, vivre en union avec Jésus et Marie. sœur de ND de la Salette Sœur Florence au service de N.-D. de l’Hermitage (42) La vocation de Florence 12 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 DOSSIER La pédagogie d’ Arcabas Depuis plusieurs années on voit arriver à La Salette des touristes, qui ne sont attirés que par la beauté du site et la montagne avec ses sentiers balisés. Les œuvres du peintre Arcabas, dans le Sanctuaire, ont aussi pour vocation de les interpeller. ■ Piotr Rak, comment le sanctuaire de la Salette a-t-il choisi Arcabas comme peintre “officiel” ? © MARCEL CROZET/ADAGP/CERF Dans les années 1970, suite au Concile Vatican II notre Eglise vit de profonds changements qui se font sentir dans différents domaines, comme la liturgie, mais aussi l’aménagement et la décoration de nos églises. La basilique du sanctuaire de Notre-Dame de La Salette n’échappe pas à cette vague de réaménagements : après d’importants travaux de rénovation, entrepris au milieu des années 1970, le P. Daniel Charmot ms, à l’époque l’un des responsables du Sanctuaire, a l’idée de faire appel à Arcabas pour le réaménagement de l’intérieur de la Basilique. (Il faut rappeler qu’à ce moment-là Arcabas commence à être reconnu au niveau international, et ses œuvres réalisées à l’église de Saint-Hugues de Chartreuse attirent de plus en plus de monde). C’est tout simplement cette rencontre entre deux hommes qui est au départ de l’œuvre monumentale qu’Arcabas va réaliser à différentes périodes à NotreDame de La Salette. Vers 1990 – les peintures de la FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 13 DOSSIER ■ Quelles sont les réactions des pèlerins ? Les œuvres d’Arcabas ne laissent jamais indifférent : elles peuvent interpeller, émerveiller… Mais aussi faire fuir, baisser les yeux, provoquer un refus… Tous les jours on peut voir des personnes – pèlerins ou visiteurs – passer de longs moments devant ces peintures, à essayer d’en saisir le sens, la symbolique, cette beauté singulière et sobre, émouvante ; ou encore toute la profondeur évangélique et scripturaire, voire théologique, toujours si surprenante dans les réalisations d’Arcabas. Combien de conversa- tions, d’échanges, provoqués par ces peintures ! Combien de découvertes ! Le style d’Arcabas y est également pour quelque chose ; aujourd’hui tout le monde semble d’accord : Arcabas est un des maîtres de l’art sacré (ou de l’art tout court) contemporain. ■ Comment ses œuvres rejoignent-elles le message de la Salette ? Combien de conversations, d'échanges, provoqués par ces peintures ! L’œcuménisme de La Salette En tant que responsable de l’animation de bénévoles de La Salette, je rencontre des jeunes de différents pays, d’Europe de l’ouest ou centrale, de Moldavie, Roumanie, Ukraine, Biélorussie, Lettonie, Russie mais aussi d’Egypte et de Chine. Parmi eux, on rencontre beaucoup de catholiques, mais également des protestants, des orthodoxes, des musulmans, des bouddhistes et des athées. Il ne faut pas croire que tout le monde vient ici pour vénérer la Vierge Marie. Les jeunes qui ne sont pas catholiques viennent souvent dans le cadre du stage linguistique organisé par leurs universités. Ce qu’ils cherchent d’abord c’est enrichir leurs connaissances du français. En même temps, pour beaucoup d’entre eux, c’est leur premier contact avec l’Eglise Catholique, avec des prêtres qui ne sont pas mariés et qui n’ont pas de famille (comme chez les orthodoxes), avec des religieux, des religieuses qui ne sont pas enfermés dans un monastère, mais qui sont disponibles pour répondre à leurs questions, pour sortir en montagne ou visiter la région… Bref, ils peuvent rencontrer des gens qui tout simplement passent du temps avec eux. La grâce de Dieu passe par la nature et au bout de leurs séjours ils sont toujours marqués par ce lieu et cette ambiance qui sont à l’œuvre ici. Ils ne manquent jamais de respect envers le sanctuaire, les pèlerins, le fait et l’histoire de l’Apparition. En plus, chaque nationalité participe à la présentation du message de La Salette dans sa langue. Ce lieu leur permet d’élargir leurs cœurs et de faire des liens internationaux et interreligieux qui durent. Ils se donnent ensuite des rendez-vous en Russie, en Ukraine, en Pologne, en Slovaquie, en Tchéquie… et à La Salette l’année suivante. L’enjeu que la Vierge de La Salette a mis en place en se manifestant aux deux enfants illettrés va certainement au-delà de ses relations humaines. Mais son message qui habite ce lieu et cette maison, cet oikoumene de La Salette, imprègne ceux qui viennent ici et fait d’eux les porteurs de la réconciliation. ■ Père André ZONTEK, missionnaire d’origine polonaise, responsable des volontaires et chapelain 14 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 La Vierge Marie, Mère de Dieu, est souvent représentée par Arcabas à La Salette : auprès de son Fils (et des serviteurs) pendant les Noces de Cana ; ou au moment de s’effondrer au pied de la croix (Déploration) ou encore à la Chapelle de la Rencontre. Ce lien entre les peintures d’Arcabas à La Salette, et le Message de ce lieu, même s’il n’est pas toujours explicite, est indéniablement très fort, on pourrait dire même : organique. Voici un extrait de la méditation du tableau de la Déploration : "Vierge de Golgotha, Vierge de La Salette. Le bras de son fils, qu’il est pesant du poids de notre péché, qu’il est lourd de notre refus d’aimer ! ‘Si mon peuple ne veut pas se soumettre’, se mettre sous la Loi de l’amour, ‘je suis forcée de laisser aller le bras de mon fils’. Bras crucifiés, poids mort, ‘si pesant que je ne peux le maintenir’. Je m’effondre en lui. ‘Depuis le temps que je souffre pour vous !’ dit-elle encore. Emouvant dialogue et silencieux écho des lignes : les bras levés en croix du Christ, reflétés au sol, et ceux de sa mère. Personne comme elle n’est associé au mystère de la Croix" – par M. Patrick Laudet.(1) Un détail : le tableau de la Vierge à l’Enfant, se trouvant dans la Chapelle de la Rencontre, porte la dédicace de l’artiste : "A ma Mère Marie". Faut-il en dire davantage ? ■ © MARCEL CROZET/ADAGP/CERF Basilique, avec le Christ Pantocrator, particulièrement impressionnant (8m sur 6m), sont exécutées. Et puis, avant le 150e Anniversaire de l’Apparition (1996), le Sanctuaire et le P. Charmot font à nouveau appel à Arcabas, qui réalise cette fois la décoration de la toute nouvelle Chapelle de la Rencontre, avec le tabernacle, les vitraux, le tableau de la Vierge et le mobilier. Les grandes baies vitrées de cette chapelle, très appréciée par les pèlerins, permettent d’apercevoir la grande harmonie entre l’œuvre de l’artiste et l’œuvre du Créateur, les pentes et les sommets des montagnes environnantes invitant au recueillement et à la prière. "Arcabas – Notre-Dame de La Salette", texte : Patrick Laudet, photos : Marcel Crozet, préface : Mgr Guy de Kerimel ; un superbe album de 140 pages, grand format, Le Cerf, 29 €. DOSSIER AQUERO Blues Brothers à La Salette La journée "musique" de ce jubilé de la Salette sera vécue autour du groupe "Aquero", le pop rock cuivré chrétien, le 9 septembre prochain. Interview du chanteur. protestant et nous aimons jouer pour tous les hommes, non-chrétiens et chrétiens de toutes dénominations ■ En quoi la Vierge Marie est-elle importante pour vous ? ■ Jean-Paul Prat, y-a-t'il quelque chose à la Salette, qu'on ne retrouve pas dans d'autres lieux mariaux ? Les larmes de la Mère de Dieu. La Salette est le lieu qu’a choisi Marie pour pleurer sur les blessures de notre monde. Mais ses larmes sont comme de la lumière ; comme le paysage, le message de la Salette a quelque chose d’abrupt tout en étant très doux : "avancez mes enfants, n’ayez pas peur..." ■ Certains d'entre vous font partie de la communauté charismatique des Apôtres de la Paix, fondée en 1988. Quel est le lien avec La Salette ? Les larmes de notre Mère, si on les rapproche du texte d’Ezéchiel au chap. 47, nous parlent de la source du Temple. Les apôtres de la Paix voudraient être chacun une de ces larmes qui finissent par former un torrent. Nous voudrions appeler chaque personne de bonne volonté à choisir d’être une goutte de cette eau-là. Ce torrent vient du Cœur transpercé de l’Agneau et "se déverse dans la mer en sorte que ses eaux deviennent saines" (Ez 47, 8b). Et puis Marie vient à La Salette comme Réconciliatrice des pécheurs ; point de paix sans réconciliation. ■ En venant à La Salette, quel est votre désir ? Jean-Paul Prat, chant, basse et piano du groupe Ce torrent vient du Cœur transpercé de l’Agneau Concert d’Aquero à Bercy D’abord donner un concert ! En tant qu’Apôtre de la Paix, c’est une grande joie pour nous que les Missionnaires de la Salette nous aient invités. Aquero essaie d’apporter un message de vie, de joie et aussi d’unité, de réconciliation. David, notre batteur, est Nos chansons ne parlent pas explicitement de la Vierge mais nous désirons, comme elle, être "la servante du Seigneur" (Lc 1, 38) et dire au monde : "Tout ce qu’il vous dira, faites-le" (Jn 2, 5) Marie est importante pour nous car c’est à elle que Jésus nous a confiés (Jn 19, 27) et qu’elle est le moule parfait dans lequel nous pouvons devenir semblables à Lui. ■ Un concert peut-il être aussi une prière ? Nous avons fait le choix que nos concerts ne soient pas des concerts de louange ou des veillées de prière pour que ceux qui n’ont pas la foi puissent ne pas s’y sentir gênés. Mais cela n’empêche pas nos concerts d’être prière. Bien qu’à aucun moment, la prière ne soit proposée : nous sommes temples du Saint Esprit ; nous désirons, malgré nos misères, que Dieu passe à travers nous pour donner du bonheur à tous ceux qui sont là. ■ Comment situez-vous votre place dans cet anniversaire de la Salette ? Festive, c’est sûr, car un concert d’Aquero est toujours une fête, ne sommes-nous pas les "Blues Brothers de Dieu" ? La musique d’Aquero entraîne à la danse. Evangélisation, sans doute, si par nos chansons des personnes découvrent qu’elles sont aimées sans condition et à la folie. Humour, assurément, car nous comptons bien rire avec le public. ■ Aquero, Le Clos Saint-Joseph 69610 St Genis l’Argentière, tél. 04 74 26 17 78 e-mail : [email protected] http://www.apotres-de-la-paix.net FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 15 ESPRIT En mémoire des jours Les devenirs divins Par Robert Masson Q uand tout commence pour lui, l’Algérie est encore officiellement française, mais déjà bouleversée par un de ces mouvements de fond, comme en connaît l’histoire quand son cours se fait irréversible. On est en 1955, alors qu’un jeune prêtre du nom d’Henri Teissier, est ordonné par Mgr Duval, figure emblématique d’une Eglise qui a pour premier souci l’Evangile et ses exigences. Ce sont des choses qui ne vont plus de soi, à une heure où la parole est à la violence, et le sera de plus en plus, au long de ces années qui correspondent à ce qu’on finira par appeler la guerre d’Algérie. Pouvait-on savoir alors, qu’une autre épreuve allait un jour dévaster un pays, qu’on dirait abonné au malheur ? Cette fois ce sont les islamistes qui entraînent leur pays dans une spirale de violence, dont on ne sait pas encore ce qu’elle a coûté au juste de morts. 150 000, diton, et dans des conditions qui ont fait reculer les frontières de l’horreur. Au cours de ces tourmentes, Henri Teissier se tient là où Dieu l’appelle. Sans toujours comprendre ses desseins, qui ramènent à si peu une présence d’Eglise qui se trouve réduite à presque rien. En 1962, sont signés à Evian les accords de paix. En quelques jours, 800.000 Européens qu’on nommait des “pieds noirs”, s’enfuient d’un pays qui les avait vus naître, pour la plupart. A Marseille, mais dans l’autre sens, Henri Teissier regagne l’Algérie, où il aurait dû ramener des jeunes en vacances. Aucun, et surtout pas leur famille, n’était volontaire pour rentrer. Henri Teissier prend alors la mesure de sa solitude, qui est désormais celle de son Eglise, appelée à vivre une situation de minorité, au cœur d’un peuple musulman. Les disciples de Jésus, qui viennent de subir une sorte de séïsme spirituel, réalisent ce que voulaient dire leurs écritures les plus simples, quand elles leur parlaient de force dans la faiblesse. Christian Chessel - père blanc assassiné à Tizi-Ouzou le 27 décembre 1994 - écrira un jour un texte, qui a valeur de référence pour l’Eglise d’Algérie. Comme l’apôtre, aux premiers jours de la foi, c’est dans la faiblesse que l’Eglise d’Algérie trouve sa force. Ce n’est pas sur elle qu’elle compte, mais sur son Seigneur et Maître, qui n’avait où reposer sa tête. Henri Teissier sait bien que le disciple n’est pas audessus du maître. Ce qui le passionne, c’est de vivre le rapport islamo-chrétien, qui est un des défis majeurs du monde d’aujourd’hui. En 1972, il est appelé à l’épiscopat comme évêque d’Oran, et 16 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 quelques années plus tard, au siège d’Alger, où il devient le coadjuteur de Mgr Duval, dont la confiance de l’Eglise fait alors un cardinal, manière d’honorer cette figure de l’Eglise en ce temps. Henri Teissier, qui a fait de longs séjours au Proche-Orient, en Egypte et au Liban tout spécialement, réalise la spécificité de l’Eglise algérienne. “Nous sommes des pauvres”, constate Henri Teissier. Pas seulement au plan matériel, où subsistent plus pauvres qu’eux. Le dénuement est un autre ordre, il est spirituel, c’est-à-dire essentiel. L’Eglise en Algérie est une force de consentement, non de pouvoir. Sept ou huit mille chrétiens parmi des millions de musulmans, avec une majorité d’étudiants de l’Afrique subsahélienne, cela ne fait pas un groupe de pression. C’est en terme de témoignage, que tout s’évalue ici. Ce n’est pas par hasard que les hauts lieux de cette Eglise se nomment Tibhirine, ou bien encore un couvent de clarisses à Alger, qui tiendront aussi longtemps qu’il leur est possible. Le pape Jean-Paul II, recevant à sa table les évêques du Maghreb, leur dit qu’ils sont signes, et qu’on ne demande pas précisemment à un signe de faire nombre. C’est aux heures de Dieu, qu’on s’en remet sur ces terres d’Afrique du Nord, qui furent longtemps, on ne l’oublie pas, des terres mères pour le christianisme. Il en reste quelques souvenances avec Cyprien, et le grand saint Augustin, dont l’Afrique officielle reconnaît aujourd’hui son appartenance na- tionale. La grâce de cette Eglise, c’est de s’établir dans la foi et la conviction profonde, que là où il y a un chrétien, là est l’Eglise. Cette dernière décennie, qui fut celle du chagrin et des larmes, a vérifié toutes les intuitions apostoliques, qui furent celles des évêques de cette région du monde. L’Eglise d’Algérie est référence pour tant d’autres, qui vivent à l’obscur cette mission. C’est Henri Vergès, petit frère mariste, qui disait : “Notre vie est comme un cinquième évangile que tout le monde devrait pouvoir lire. Il brille d’un éclat d’accomplissement. L’évêque d’Alger, dans ces circonstances dramatiques, eut à discerner en ces années, les signes qui engageaient la vie d’autrui. Ce qui n’était pas plus simple que de donner la sienne. C’est un grand parcours dans la foi, que l’on fait avec ce livre sur Mgr Teissier, cet évêque d’Algérie, qui eut à connaître la grâce d’une Eglise, pour un peuple musulman. Des moines de Tibhirine, Henri Teissier écrivait qu’ils étaient “icône d’une présence chrétienne en terre d’Islam”. Ce n’est pas en passant que cette icône a brillé, mais pour la durée des temps. Lisez ce livre, qui nous rapporte une grande histoire. Rien de moins que celle de devenirs divins dans le monde qui vient. ■ "Henri Teissier, un évêque en Algérie, de l’Algérie française à la crise islamiste", entretiens avec Martine de Sauto, journaliste à La Croix, éditions Bayard, 367 pages, 19,80 €. Pentecôte à Rome Message du pape aux membres des mouvements ecclésiaux et communautés nouvelles qui ont participé du 31 mai au 2 juin au IIe Congrès mondial des Mouvements ecclésiaux et Communautés nouvelles, à Rocca di Papa (Italie) et à la rencontre place Saint-Pierre, le samedi 3 juin, veille de la Pentecôte. Je suis heureux de vous souhaiter, représentants de toutes ces réalités ecclésiales, réunis à Rocca di Papa pour un Congrès mondial, un salut chaleureux à travers les paroles de l'Apôtre : « Que le Dieu de l'espérance vous donne en plénitude dans votre acte de foi la joie et la paix, afin que l'espérance surabonde en vous par la vertu de l'Esprit Saint » (Rm 15, 13). Le souvenir du précédent Congrès mondial des mouvements ecclésiaux, qui s'est déroulé à Rome, du 26 au 29 mai 1998, auquel je fus invité à apporter ma contribution, alors en qualité de préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, avec une conférence sur le thème de la place théologique des mouvements est encore vivante dans ma mémoire et dans mon cœur. Ce Congrès fut couronné par la mémorable rencontre avec le bienaimé pape Jean-Paul II, le 30 mai 1998, place Saint-Pierre, au cours de laquelle mon prédécesseur confirma son appréciation pour les mouvements ecclésiaux et les communautés nouvelles, qu'il qualifia « de signes d'espérance pour le bien de l'Eglise et des hommes ». Aujourd'hui, conscient du chemin parcouru depuis sur le sentier tracé par la sollicitude pastorale, par l'affection et par les enseignements de Jean-Paul II, je voudrais féliciter le Conseil pontifical pour les Laïcs, en la personne de son président, Mgr Stanislas Rylko, du secrétaire, Mgr Joseph Clemens et de leurs collaborateurs, pour l'importante et la précieuse initiative de ce Congrès mondial, dont le thème — « La beauté d'être chrétien et la joie de le communiquer » —, est issu d'une affirmation que j'ai faite dans mon homélie au début de mon ministère pétrinien. Il s'agit d'un thème qui invite à réfléchir sur ce qui caractérise essentiellement l'événement chrétien : en effet, en lui, nous rencontrons Celui qui, en chair et en sang, de façon visible et historique, a apporté la splendeur de la gloire de Dieu sur terre. C'est à Lui que s'appliquent les paroles du Psaume 44 : « Tu es le plus beau des enfants des hommes ». Et c'est à Lui, de façon paradoxale, que font également référence les paroles du prophète : « Sans beauté ni éclat pour attirer nos regards, et sans apparence qui nous eût séduits » (Is 53, 2). Dans le Christ se rencontrent la beauté de la vérité et la beauté de l'amour; mais l'amour, on le sait, implique également la disponibilité à souffrir, une disponibilité qui peut aller jusqu'au don de la vie pour ceux que l'on aime (cf. Jn 15, 13) ! Le Christ, qui est « la beauté de toute beauté » (cf. Jn 15, 13) comme avait l'habitude de le dire saint Bonaventure (Sermones dominicales, 1, 7), se rend présent dans le cœur de l'homme et l'attire vers sa vocation qui est l'amour. C'est grâce à cette extraordinaire force d'attraction que la raison est tirée de sa torpeur et ouverte au Mystère. C'est ainsi que se révèle la beauté suprême de l'amour miséricordieux de Dieu et, dans le même temps, la beauté de l'homme qui, créé à l'image de Dieu, est régénéré par la grâce et destiné à la gloire éternelle. Au cours des siècles, le christianisme a été communiqué et s'est diffusé grâce à la nouveauté de vie de personnes et de communautés capables d'apporter un témoignage incisif d'amour, d'unité et de joie. C'est précisément cette force qui a mis tant de personnes en « mouvement » au fil des générations. N'est-ce pas la beauté que la foi a engendrée sur le visage des saints qui a poussé tant d'hommes et de femmes à en suivre les pas ? Au fond, cela vaut également pour vous : à travers les fondateurs et les initiateurs de vos mouvements et communautés, vous avez entrevu avec une luminosité particulière le visage du Christ et vous vous êtes PARIS Le 1er juin 2006, le Pape a attribué deux nouveaux évêques auxiliaires à Mgr Vingt-Trois, archevêque de Paris : Mgr Jérôme Beau et Mgr Jean-Yves Nahmias, qui étaient respectivement supérieur du Séminaire de Paris et vicaire général de l'archidiocèse de Paris. Ils sont tous les deux nés en 1957. Leur consécration épiscopale aura lieu le vendredi 8 septembre 2006 à 18h00 à Notre-Dame de Paris. CEF LONDRES La contribution des religions au dialogue, spécialement avec l’islam modéré, et la difficile situation de l’Afrique qui requiert le soutien de la communauté internationale ont été les deux sujets au centre de la rencontre privée entre Tony Blair et Benoît XVI au Vatican, le samedi 3 juin. T. Blair, anglican, était accompagné de Cherie, son épouse, catholique pratiquante, qui avait déjà été reçue par le Pape en avril dernier. ZF06060406 FATIMA Un ouvrage inédit rédigé par sœur Lucie, dernier témoin des apparitions de la Vierge à Fatima, décédée à 97 ans le 13 février 2005, paraît ce mois-ci. Sœur Lucie de Jésus dos Santos a été avec François et Jacinthe Marto, témoin des apparitions de la Vierge à Fatima à partir du 13 mai 1917. Le Saint-Siège a attendu 45 ans avant de révéler le contenu de ce que l'on a appelé le troisième secret de Fatima. L'ouvrage intitulé Il messaggio di Fatima (Le message de Fatima) sortira en italien le 10 juin, et en français (aux éditions Parole et Silence), dans les semaines à venir. Il est édité avec l’imprimatur de Mgr Serafim de Sousa Ferriera e Silva, évêque émérite de Leira-Fatima et présente le message de Fatima en relation avec le temps qui s'est écoulé et les événements qui se sont produits. Dans l'introduction, le père Geremia Carlo Vechina, confesseur de sœur Lucie, raconte que la voyante avait déjà travaillé à la rédaction d'un texte à la demande du Père général FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 17 mis en chemin. Aujourd'hui encore, le Christ continue de faire retentir dans le cœur de nombreuses personnes ce « viens et suis-moi », qui peut décider de leur destin. Cela a lieu normalement à travers le témoignage de ceux qui ont fait une expérience personnelle de la présence du Christ. Sur le visage et dans la parole de ces « créatures nouvelles », sa lumière devient visible et son invitation peut être entendue. C'est pourquoi je vous dis, chers amis des mouvements: faites en sorte que ceux-ci soient toujours des écoles de communion, des compagnies en chemin, dans lesquelles on apprend à vivre dans la vérité et dans l'amour que le Christ nous a révélés et communiqués au moyen du témoignage des Apôtres, au sein de la grande famille de ses disciples. Que retentisse toujours dans votre âme l'exhortation de Jésus : « Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu'ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5, 16). Apportez la lumière du Christ dans tous les milieux sociaux et culturels dans lesquels vous vivez. L'élan missionnaire est la preuve de la radicalité d'une expérience de fidélité toujours renouvelée à son propre charisme, qui conduit à dépasser tout repli las et égoïste sur soi. Illuminez l'obscurité d'un monde transformé par les messages contradictoires des idéologies! Il n'y a pas de beauté qui vale s'il n'existe pas de vérité à reconnaître et à suivre, si l'amour est relégué à un sentiment passager, si le bonheur devient un mirage insaisissable, si la liberté dégénère en instinctivité. Combien la soif de pouvoir, de richesse, de plaisir est capable de produire de mal dans la vie de l'homme et des nations! Apportez dans ce monde troublé le témoignage de la liberté à travers laquelle le Christ nous a libérés (cf. Ga 5, 1). La fusion extraordinaire entre l'amour de Dieu et l'amour du prochain rend la vie belle et fait refleurir le désert dans lequel nous vivons souvent. Là où la charité se manifeste comme une passion pour la vie et pour le destin des autres, illuminant le domaine des sentiments et du travail, et devenant la force de construction d'un ordre social plus juste, là s'édifie la civilisation capable de faire face à la progression de la barbarie. Devenez artisans d'un monde meilleur selon l'ordo amoris dans lequel se manifeste la beauté de la vie humaine. Les mouvements ecclésiaux et les communautés nouvelles représentent aujourd'hui le signe lumineux de la beauté du Christ et de l'Eglise, son Epouse. Vous appartenez à la structure vivante de l'Eglise. Celle-ci vous remercie pour votre engagement missionnaire, pour le travail de formation que vous développez de façon croissante dans les familles chrétiennes, pour la promotion des vocations au sacerdoce ministériel et à la vie consacrée que vous développez en votre sein. Je vous remercie également pour la disponibilité dont vous faites preuve pour accueillir les indications d'action non seulement du successeur de Pierre, mais également des évêques et des diverses Eglises locales qui sont, avec le pape, les gardiens de la vérité et de la charité dans l'unité. Je suis certain de pouvoir compter sur votre obéissance. Au-delà de l'affirmation du droit à l'existence doit toujours prévaloir, avec une priorité indiscutable, l'édification du Corps du Christ parmi les hommes. Chaque problème doit être affronté par les mouvements avec des sentiments de profonde communion, dans un esprit d'adhésion aux pasteurs légitimes. Que vous soutienne la participation à la prière de l'Eglise, dont la liturgie est la plus haute expression de la beauté de la gloire de Dieu, et constitue d'une certaine façon une présence du Ciel sur terre. Je vous confie à l'intercession de Celle que nous invoquons comme la Tota pulchra, la «Toute Belle», un idéal de beauté que les artistes ont toujours tenté de reproduire dans leurs œuvres, la « Femme enveloppée de soleil » (cf. Ap 12, 1) ; dans laquelle la beauté humaine rencontre la beauté de Dieu. Avec ces sentiments, je vous envoie à tous, en signe d'affection constante, une Bénédiction apostolique particulière. ZF06060209 © Libreria Editrice Vaticana - Traduction par Zenit de l'époque, qui deviendra le cardinal Ballestrero, à l'occasion de son passage à Coimbra au cours de l'année 1955. Ce travail fut envoyé à Rome, à la demande du pape Paul VI, mais - écrit le Père Vechina - «fut oublié dans les Archives vaticanes». Sœur Lucie raconte que le 15 mai 1982 elle reçut de la part du P. Geremia Carlo Vechina, alors provincial de l'ordre des Carmes déchaux, l'invitation de transcrire tous les détails concernant le Message de Fatima, depuis le début. 18 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 La voyante affirma être restée un peu sceptique, craignant de ne pas avoir l'autorisation du Saint-Siège. Ses doutes s'évanouirent lorsqu’elle eut l'occasion de parler avec le cardinal Eduardo Pironio, en visite à la communauté, le 9 septembre 1983. Dans la première partie du livre sœur Lucie s'interroge sur la raison pour laquelle le Seigneur a choisi «des enfants aussi pauvres et ignorants» pour la réalisation de ses projets. Et elle explique que le Seigneur « veut des cœurs purs pour agir en eux selon son bon plaisir » comme il est écrit dans l'Evangile «Bienheureux les cœurs purs car ils verront Dieu». Sœur Lucie aborde par conséquent tous les passages de la rencontre avec la Vierge, les demandes de prier le chapelet, le respect des commandements, les mystères de la Très Sainte Trinité, la pratique de l’Eucharistie et surtout le sens chrétien de la souffrance. «La Dame» (c’est ainsi que sœur Lucie appelle la Vierge) demanda aux pastoureaux d’offrir leurs personnes à Dieu et « de supporter toutes les souffrances qu’Il voudra vous envoyer, comme acte de réparation pour les péchés qui l’offensent, et de supplication pour la conversion des pécheurs ». Sœur Lucie raconte que les pastoureaux, «sans se préoccuper des souffrances que le Seigneur leur aurait envoyées, s’abandonnèrent totalement à la volonté de Dieu et, sans le savoir, car ils ne connaissaient pas les Ecritures, ils répondirent en suivant le Christ lorsqu’il dit ‘Me voici O Père, pour faire ta volonté’». Selon sœur Lucie, c’est dans ce passage que l’on comprend l’Eucharistie. Sœur Lucie raconte également des événements inédits, comme lorsque la Vierge, en référence à la guerre 1914-1918 aurait dit : «La guerre est sur le point de se terminer mais si l’on ne cesse pas d’offenser Dieu sous le pontificat de Pie XI, une autre, pire encore, commencera». La voyante explique que l’histoire a vu «l’éclatement d’une guerre athée, contre la foi, contre Dieu, contre le peuple de Dieu. Une guerre qui voulait exterminer le judaïsme d’où provenait Jésus Christ, la Vierge et les Apôtres qui nous ont transmis la parole de Dieu et le don de la foi, de l’espérance et de la charité, peuple élu de Dieu, choisi depuis le commencement : ‘le salut vient des Juifs’». Sœur Lucie évoque ensuite la Russie communiste et les guerres. Elle rappelle que la Vierge a demandé la «consécration de la Russie à son Cœur immaculé». «S’ils écoutent mes demandes – aurait dit la Vierge à sœur Lucie – la Russie se convertira et la paix règnera. Si non, elle diffusera ses erreurs dans le monde, suscitant des guerres et des persécutions contre l’Eglise. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père devra souffrir beaucoup, diverses nations seront détruites». Après tout cela, cependant, la Vierge aurait confié aux pastoureaux : «Le SaintPère me consacrera la Russie qui se convertira et un temps de paix sera accordé au monde. Mon Cœur Immaculé triomphera enfin». Sœur Lucie explique cette partie du message de la Vierge par la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie que le pape Jean-Paul II fit à Rome le 25 mars 1984, devant la statue de la Vierge vénérée dans la petite chapelle des Apparitions à Cova d’Iria, à Fatima. Cet acte, aux côtés de tant d’autres, aurait, selon sœur Lucie, converti également les dirigeants de la Russie communiste. ZF06060207 Rappel sur La Salette : en ce qui concerne le secret de La Salette - peu évoqué dans le dossier de cette semaine de France Catholique - nous rappelons que le dernier livre paru marquant est celui du Père Michel Corteville, avec l’abbé René Laurentin, à partir de la thèse universitaire du premier sur des archives de la Congrégation de la doctrine de la foi à Rome : Découverte du secret de La Salette, éd. Fayard, 2002, 263 pages, 24 €. Il constitue aussi une bonne réhabilitation des voyants de La Salette, Mélanie et Maximin, par rapport à la dévalorisation dont ils ont souvent fait l’objet à propos de la manière dont ils ont difficilement mené leur vie d’adultes. CHINE Jeudi 25 mai, jour de l’Ascension, Mgr Anthony Li Du’an, évêque du diocèse de Xi’an, dans la province du Shaanxi, s’est éteint à l’âge de 79 ans, atteint d’un cancer du foie, diagnostiqué il y a deux ans. Selon le chancelier du diocèse, le P. Stephen Chen Ruixue, dès la nouvelle connue, à 4 heures du matin, plusieurs centaines de fidèles ainsi que des représentants des autorités locales ont pris part à une assemblée de prière pour le repos de l’âme du défunt. A 6h30, une messe a été célébrée à la cathédrale StFrancis, de Xi’an, par Mgr Anthony Dang Mingyan, le jeune évêque coadjuteur de Mgr Li Du’an, et par Mgr Joseph Tong Changping, évêque du diocèse voisin de Weinan. Des messes de requiem pour l’évêque défunt ont été organisées dans le diocèse jusqu’au 28 mai dernier et les funérailles se sont déroulées le 31 mai, en l’église Gongyi, à Lintong, dans la banlieue de Xi’an. Les autorités civiles avaient demandé au diocèse d’organiser les funérailles «de manière solennelle et ordonnée». Celles-ci ont été imposantes : présidées par Mgr Anthony Dang Mingyan, elles ont été concélébrées par sept évêques du Shaanxi ; près de 200 prêtres et 500 religieuses de la province y ont pris part, ainsi qu’une foule estimée à 20 000 personnes. Avant la messe, le cercueil de Mgr Li Du’an avait été porté en procession dans les rues autour de la paroisse de Gongyi durant près de deux heures. Mgr Li Du’an était l’un des quatre évêques chinois invités par Benoît XVI à participer au synode sur l’Eucharistie d’octobre 2005, à Rome. Comme ses frères dans l’épiscopat, il n’avait pu obtenir des autorités chinoises l’autorisation de se rendre au Saint-Siège. Sur les ondes de Radio Vatican, la mémoire de l’évêque défunt, évêque «officiel» et reconnu par le pape, a été saluée. «Il a toujours défendu avec une grande détermination la liberté religieuse», a-t-on pu entendre. En Chine même ainsi qu’auprès des personnes qui l’ont connu, l’action persistante de Mgr Li Du’an en faveur de la formation des prêtres et des religieuses ainsi que ses efforts pour réconcilier les communautés catholiques « officielles » et « clandestines » ont été mis en avant. Depuis son ordination en tant qu’évêque de Xi’an, le 5 avril 1987, Mgr Li Du’an s’était attaché, pas à pas, à reconstruire son diocèse, confié en 1924 aux franciscains italiens de la province de Toscane. En dépit de ressources financières limitées, il avait remis sur pieds un séminaire régional, et un petit séminaire. En 2004, le séminaire de Xi’an était le premier de Chine à offrir un programme de deux ans aux sœurs. Il laisse un diocèse riche de 59 prêtres et 300 religieuses, pour 60 paroisses et 20 000 fidèles (sur 6 millions d’habitants). Mgr Li Du’an avait beaucoup contribué à ce que Mgr Joseph Zong Huaide, de Sanyuan, et Mgr Luke Li Jingfeng, de Fengxiang, deux évêques «clandestins» du Shaanxi, acceptent, respectivement en 1992 et en 2004, de «faire surface» et contribuent ainsi à l’unité de l’Eglise catholique dans le Shaanxi. Né le 13 juin 1927 dans une famille catholique, Mgr Li est entré au petit séminaire en 1938. Ordonné prêtre en 1951, il sert durant près de quatre ans comme curé de la cathédrale de Xi’an, avant d’être emprisonné en octobre 1954. Libéré en juin 1957, il peut alors enseigner au séminaire durant quelques mois, avant d’être à nouveau incarcéré et condamné à une peine de deux ans de rééducation par le travail. Ce n’est qu’en 1979 qu’il retrouve la liberté. En janvier 1980, il retrouve son diocèse, sert comme curé à Gongyi et, finalement, est choisi pour devenir évêque en avril 1987. ZF06060108 © Eglises d’Asie n°442 - 1er juin 2006 RUSSIE Un sommet des chefs religieux aura lieu à Moscou en juillet 2006, a annoncé la représentation de l’Eglise orthodoxe russe auprès de l’Union européenne. Lors de sa visite en France du 10 au 13 février 2006 et notamment à la rencontre avec le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères de la République française, M. Hubert Colin de Verdière, le mé- tropolite Cyrille (Kirill) de Smolensk et de Kaliningrad, a évoqué la tenue à Moscou le 4 et le 5 juillet 2006 du Sommet des chefs religieux du monde. Ce sommet précédera la rencontre des chefs d'État du G8, programmé quelques jours plus tard à Saint-Pétersbourg. Il est prévu que ce sommet rassemble les chefs ou les représentants des Églises orthodoxes, des Églises pré-chalcédoniennes, de l'Église catholique romaine. Les organisateurs du sommet comptent également sur la présence des responsables religieux chinois, de l'Église luthérienne allemande, du Conseil national des Églises des Etats-Unis, des grands rabbins d'Israël, des Etats-Unis et des pays européens, des responsables musulmans des pays de la CEI, du Moyen-Orient et de la péninsule arabique, des bouddhistes, des hindouistes, des dirigeants du Conseil œcuménique des Églises et d'autres organisations religieuses internationales. ZF06053106 TIBET Il y a onze ans, le 17 mai 1995, les autorités chinoises enlevaient Gendhun Choekyi Nyima, 11e Panchen Lama, alors âgé de 6 ans. Ce dignitaire du bouddhisme tibétain devra jouer un rôle central pour la désignation du successeur de l’actuel Dalaï-Lama. Plus de 4.000 jours se sont écoulés sans que la Chine ne donne de nouvelle de ce garçon qui a passé son 17e anniversaire en détention. L'association Solidarité Tibet coordonne une pétition qui compte à ce jour plus de 130.000 signatures en France, exigeant que la Chine, qui a été élue au nouveau Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU en mai dernier, respecte la convention internationale des droits de l’enfant qu’elle a ratifiée en 1992. Solidarité Tibet, 17 rue Roland Garros, 41000 Blois POLOGNE Le 31 mai, Mgr Dziwisz, évêque de Cracovie et ancien secrétaire de JeanPaul II, a interdit la publication d’une liste de prêtres accusés d’avoir collaboré avec le régime communiste, mettant notamment en cause le père Mieczyslaw Malinski, ami de Jean-Paul II. Début mars l’épiscopat polonais avait fait une déclaration de repentance à l’égard des victimes qu’une telle collaboration - qu’il est impossible de nier en bloc - avait pu faire, mais refusant une chasse aux sorcières sur la base de fiches policières dont la véracité est toujours sujette à caution. www.france-catholique.fr www.monde-catholique.com FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 19 ESPRIT SOLENNITE DE LA SAINTE TRINITÉ Mon programme social par le Père Michel GITTON Matthieu 28, 16-20 a formule “La trinité, mon programme social !” n’est pas de moi, mais de Nicolas Berdiaev, un grand penseur russe (18741947). Nos frères d’Orient sont très sensibles aux liens qui unissent la terre et le ciel, la vie humaine et les plus hautes réalités de la foi. Ils ont raison. La Trinité n’est pas un rébus, un petit jeu de l’esprit pour théologiens désœuvrés, qui cherchent à concilier dans d’obscures formules la triplicité des personnes avec l’unique nature divine. Il s’agit d'une vérité illuminante, qui doit pouvoir apporter un éclairage sur tous les aspects de notre existence, puisque nous avons été faits à l’image de Dieu, donc à l’image de la Trinité ! Ecartons d’abord des caricatures. Je n’aime pas les formules du genre "Dieu est famille". Les Pères de l’Eglise, qui vivaient en monde païen, nous ont bien mis en garde contre la confusion qu’il y aurait à comparer la vie du Père, du Fils et du Saint Esprit à celle d’un groupe humain, fût-ce celui de la famille avec papa, maman et bébé. Les témoins de Jéhovah auraient beau jeu, après cela, de nous montrer les triades divines des mythologies antiques, en L ( nous disant que nous ne sommes pas loin de les rejoindre dans le culte que nous vouons à la Trinité (D’ailleurs, à cause de cela, je n’aime pas trop non plus certaines représentations artistiques, même très anciennes, qui peuvent prêter à confusion). Le lien du Père, du Fils et de l’Esprit n’est pas celui de trois individus de l’espèce "Dieu". Nous croyons, figurez-vous, en un Dieu unique, et les trois, dans leurs relations d’amour, sont ce Dieu unique. Bref, pour vivre une vie de relation, la divinité n’a pas à sortir d’elle-même, elle est ainsi. Néanmoins, il est permis de voir dans la Trinité la source de toutes nos relations, dans la mesure où nous, créatures humaines, nous nous découvrons faits pour la relation, incapables de vraiment nous développer tout seuls. Le petit d’homme est le moins indépendant de toutes les créatures animales, il lui faut très longtemps (toujours ?) grandir dans une étroite relation avec ses semblables, ses parents, d’abord, mais aussi tous ceux qui lui sont donnés pour œuvrer avec lui, il n’existe profondément que dans la mesure où il est parvenu à développer des relations harmonieuses avec tous ceux-là. Pourtant, à Il est permis de voir dans la Trinité la source de toutes nos relations 20 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 l’instar des personnes divines, il reste lui-même, il ne se fond pas dans la relation, il est un pôle absolument unique et irremplaçable. Dans l’extase des relations trinitaires, le Père s’ouvre totalement au Fils et lui donne tout ce qu’il est, sauf précisément cette paternité qui lui permet de se donner, et, s’il lui transmet encore la possibilité d’être avec lui à l’origine d’une troisième personne divine, le Saint Esprit, il reste néanmoins la Source abyssale, unique principe de la Trinité. Donc nous aussi, si liés que nous soyons à ceux qui nous ont transmis la vie, nous ne sommes pas la réplique de ce qu’ils sont, nous sommes nousmêmes, à la fois proches et différents. On n’a pas rendu compte d’un être humain en décrivant ses ascendants, ni d’ailleurs non plus ses descendants. Sujet imprévisible, fait pour une mission propre, il a seul à répondre de ce qu’il est devant Dieu, mais il ne peut non plus se construire tout seul et il doit reconnaître sa dette par rapport à ceux qui le précèdent. Notre vie sociale est ainsi. Nous ne sommes pas d’abord citoyens du monde, nous avons à assumer nos liens avec des sociétés plus ou moins vastes (milieu, culture, patrie) qui nous ont portés et qui nous ont permis d’être pour une part ce que nous sommes. Nous avons des devoirs à leur égard. Mais si elles prétendent nous imposer une manière de vivre et de penser qui ne réponde pas à notre appel profond, si elles veulent nous dicter nos choix spirituels et moraux, si elles nous traitent comme les simples parties d’un tout, elles perdent leur légitimité. Simple point de départ d’une réflexion qui gagnerait beaucoup à s’enraciner sur une méditation assidue du mystère de la simple et indivisible Trinité. A suivre. ■ © JACQUES LECAILLON “De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils, et du Saint-Esprit.” par Dominique Bar, Guy Lehideux Avec Jean-Paul II et Benoît XVI 6/36 Le Vent de l'Histoire © Editions du Triomphe, 7, rue Bayen, 75017 Paris FRANCE CATHOLIQUE à suivre... MISSIONS CHRETIENS DU TIBET Une Croix sur le toit Quelques rares chrétiens vivent au Tibet. Ils sont les héritiers héroïques d’une épopée missionnaire commencée en 1854 et dont le chanoine Maurice Tornay fut une des dernières et des plus lumineuses figures. © JEAN-LUC MOREAU-DELERIS/ORIZON Lu Rendi, 34 ans, a été ordonné prêtre le 17 novembre 1996 en l’église officielle chinoise de Xian. Originaire de Yerkalo, il est le premier prêtre en charge de cette paroisse depuis l’assassinat de Maurice Tornay en 1949. ■ André Bonet, vous êtes l’auteur d’une biographie du Curé d’Ars et une autre de sainte Rita. Vous publiez aujourd’hui un ouvrage sur l’évangélisation du Tibet. Quelles raisons vous ont incité à nous parler de ces missionnaires en pays bouddhiste ? Le sujet est venu à moi sans que je l’ai cherché. L’été 2001, je lisais un article de Jean-Luc Moreau-Deleris, dans le Figaro-magazine sur des chrétiens perdus au Tibet, et qui évoquait plus particulièrement la figure d’un jeune chanoine suisse Maurice Tornay, martyr béatifié par Jean-Paul II en 1993, venu "se perdre" sur le Toit du Monde au début des années 1930, avant de mourir tragiquement, assassiné dans les sousbois d’un col au Tibet, sur ordres de lamas tibétains en août 1949 ! Mon sang n’a fait qu’un tour en lisant cet article. Nous avions attribué en 2000 le prix Spiritualités d’aujourd’hui au Dalaï-Lama. Avec quelques amis, nous avions même passé une semaine à ses côtés à Lodève où le prix Nobel de la Paix était venu donner des enseignements. Bref, je me trouvais à ce moment de ma vie un peu sous le charme dès que j’entendais parler de bouddhisme, "vecteur d’amour et de paix". ( J’avais même laissé, un temps, ma Bible de côté pour lire tout ce qui me passait entre les mains sur la vie du Bouddha ! ■ Maurice Tornay n’est ni le premier ni le seul à avoir assuré une présence chrétienne au Tibet. Qui furent ces autres missionnaires partis évangéliser le Toit du monde ? Maurice Tornay, début 1945 Le rêve fou de fonder au Tibet un Hospice identique à celui que fonda saint Bernard 22 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 En 1918, dans la province ecclésiastique du Kientchang au nord du Yunnan, Mgr Budes de Guébriant était en tournée dans la partie la plus occidentale de son Vicariat. Tout en faisant l’ascension du col du Sianglin, l’évêque songea à ces admirables hospices que, dans les grands cols des Alpes, les voyageurs trouvaient, tenus par des hommes infatigables. Arrivé au sommet du col, il songea à l’hospice du Grand SaintBernard en voyant de pauvres gens défiler devant lui. Dieu lui inspira le rêve fou de fonder sur ce col du Tibet un Hospice à l’identique de celui que fonda saint Bernard sur le col du MontJoux, dans le Valais. Encouragé par le MISSIONS du monde pape Pie XI, Mgr de Guébriant s’adressa à Mgr Bourgeois, le prévôt de l’Hospice. Il savait que cette congrégation demandait à ses religieux de vivre de longues années en haute montagne ; elle lui semblait donc apte à fournir des missionnaires acclimatés d’avance à ce rude Tibet. L’emplacement du futur Hospice, eut lieu sur un axe international : la circulation des objets et des personnes entre le Tibet indépendant et la Chine passait en partie par la route du Mékong. C’est là, à Latsa, que sera placé dans un premier temps, en 1936, Maurice Tornay, pour seconder ses confrères bernardins dans la surveillance des travaux du col, avant qu’il ne rejoigne, son vieux confrère des MEP, le père Nussbaum à la mission de Yerkalo, qui avait été fondée dès les années 1880, et où onze chrétiens avaient été martyrisés en 1905. Le même sort y attendra le père Nussbaum en 1940 et le père Tornay en 1949. propos recueillis par Ludovic LECURU Eglise de Bahang vers 1940 Travail dans les champs autour de l’église de Bahang, dans la vallée de la rivière Ni Jiang. ■ Dans votre livre, vous évoquez l’œuvre de missionnaires précurseurs… En effet, il faut remonter au début du XIVe siècle pour trouver trace d’une première tentative d’évangélisation au Tibet. Un religieux de l’ordre de saint François d’Assise, connu sous le nom d’Odoric de Pordenone, a voyagé sur terre par la Chine avant de rejoindre Lhassa au Tibet par le Yunnan nordique. Trois siècles plus tard, un jésuite portugais connu, António Andrade, part en mission en Inde, avec le projet de s’établir à Lhassa. L’entrée d’une poignée de jésuites portugais au Tibet, de 1624 à 1635, s’inscrit dans un double contexte : celui de l’Extrême-Orient, où l’ordre fondé par Ignace de Loyola tenta d’asiatiser le christianisme et celui du monde musulman, dans lequel il était également engagé. Les tentatives d’apostolat au FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 23 MISSIONS ■ Quelle est la situation des chrétiens à l’heure actuelle ? Femmes priant à l’église catholique de Bahang Recueil de chants chrétiens en tibétain et imprimé à Hong Kong en 1894 Tibet avaient été, sauf celle d’Odoric de Pordenone, faites par des religieux de la Compagnie de Jésus. Gênés dans leur apostolat par les tenants du bouddhisme, les missionnaires se replient sur le Népal vers 1745. Pendant plus de cent ans, on n’entend plus parler du "Royaume interdit". Le pape Grégoire XVI érige le Tibet en mission autonome en 1846, sous le titre de vicariat apostolique de Lhassa. Il en confie le mandat aux pères des Missions étrangères de Paris. Une soixantaine de missionnaires se sont succédé jusqu’en 1952, dont le courage, l’intelligence et la charité firent merveille sur ces marches âprement disputées par les Chinois. Les années 1930 semblèrent très prometteuses avant que guerre civile et communisme ne fassent leur œuvre de destruction. 24 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 ■ Comment la situation des missionnaires français et suisses a-t-elle évolué à partir de l’invasion du Tibet par la Chine ? L’avènement de la République populaire de Chine (octobre 1949) met un terme à la présence des missionnaires en Chine et au Tibet. Les jésuites sont chassés en 1951. A partir de 1952, la plupart des missionnaires se réfugient à Hong Kong ou à Formose. Le Tibet est définitivement occupé par la Chine en 1959. La Dalaï-Lama part vers les Indes, tandis que le drapeau rouge flotte au Potola de Lhassa. Le temps semble depuis s’être arrêté pour les chrétiens. Coupés du monde depuis plus de cinquante ans, aux contreforts du Tibet, dans les vallées de la Salouen et du haut Mékong, douze mille catholiques attendent le retour des missionnaires. Malgré l’absence de missionnaires depuis plus d’un demi-siècle aux Marches Tibétaines, la communauté catholique dans les villages de Bahang Lu et de Yerkalo est plus fervente que jamais. Tous les dimanches, à l’appel de la cloche, les villageois de Bahang Lu – 2.500 mètres d’altitude – se réunissent dans leur petite église plus que centenaire, mélange de style taoïste, bouddhiste et chrétien. Ils invoquent sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, patronne des Missions étrangères. Au village de Yerkalo, perché à 3.000 mètres d’altitude, le père Lu Rendi est le seul curé de ce diocèse plus grand et plus haut que le massif alpin. Dans l’église cloîtrée, des hadas, les écharpes de soie tibétaines, ornent les statues de la Vierge Marie et de quelques saints, autour d’une fresque représentant un Christ aux yeux bridés. Ordonné prêtre en 1996 à Xian dans l’église "officielle" chinoise, Lu Rendi prêche sur sa terre natale. À la messe dominicale, il accueille une centaine de paroissiens, très vieux pour la plupart. Le village a conservé la foi catholique malgré les vicissitudes traversées au cours du siècle passé et il compte aujourd’hui 70% de catholiques, soit 520 paroissiens. En 2003, le curé de Yerkalo a lancé la construction d’une nouvelle église, un vaste édifice de près de 1.000 m2. Avec cette église, achevée depuis peu, l’espérance renaît. Elle est la réponse au plus cher désir de Maurice Tornay qui souhaitait que la haute croix de Dieu demeure toujours plantée sur le Toit du Monde, et nous confirme aussi que la résurrection n’est pas un mythe. Nul doute que Benoît XVI, en continuant le dialogue avec la Chine et le Vietnam, instauré par Jean-Paul II, garde à l’esprit le sacrifice de tous ces missionnaires qui ont porté le Saint Nom du Christ aux confins du monde, à commencer par Maurice Tornay. ■ André Bonet, "Les chrétiens oubliés du Tibet", préface de Mgr Benoît Vouilloz, Avant-propos de JeanBaptiste Etcharren, Presses de la Renaissance, 24 pages avec deux cahiers de photos de Jean-Luc Moreau-Deleris, 21 €. MULTIMEDIA ■ FRITZ 9 DVD-Rom PC, éd. Profil, 55 € ■ ECHECS DELUXE CD-Rom PC, éd. Micro Application, 15 € Reconnu comme l’un des plus fort et des plus puissants jeux d’échec Fritz 9 a été totalement refondu, dispose d’un moteur encore amélioré et d’une nouvelle interface. Cet entraîneur personnel s’adapte à votre niveau de jeu et vous permet de progresser que vous soyez débutant ou professionnel ! Basé, lui aussi, sur le moteur Fritz, Echecs Deluxe ce jeu d’échecs très convivial constitue une bonne introduction au monde échiquéen ! Tacticien exceptionnel ou entraîneur exigeant, il sait également s'adapter au niveau de son adversaire, du débutant au professionnel. ■ SUDOKU livre et CD-Rom PC, éd. Micro Application, 9,50 € ■ KAKURO CD-Rom PC, éd. Emme, 7 € ■ KAKURO ILLIMITÉ CD-Rom PC, éd. Mindscape, 10 € Le Sudoku, sorte de mots croisés de chiffres, est devenu en quelques mois un phénomène de société. Le guide Micro Application en fournit les règles, des trucs et astuces ainsi que 180 grilles avec solution, des plus faciles aux plus ardues, ainsi qu’un CDROM de 1000 grilles imprimables. Devenu fan de Sudoku, vous apprécierez aussi le Kakuro qui demande encore plus de réflexion et de logique. Le joueur doit remplir la grille en inscrivant les chiffres de 1 à 9 dans les cases blanches. La somme des chiffres doit toutefois être égale au numéro inscrit dans les cases sombres. Kakuro chez Emme contient 1000 grilles imprimables (4 tailles : 6x8, 8x10, 10x12, 12x12) et 3 niveaux de difficulté. Vous pouvez aussi aborder ce jeu et imprimer vos grilles avec Kakuro illimité de Mindscape, son nombre infini de puzzles, ses cinq niveaux de difficulté et son outil universel de solutions graduelles. ■ THE SECRETS OF DA VINCI 2 CD-Rom PC, éd. Nobilis, 40 € 1522. Ancien apprenti chez l'héritier de Vinci, Valdo étudie les œuvres du Grand Maître. Un jour, un mystérieux mécène lui confie la mission de rassembler des codex dissimulés par De Vinci. Valdo se lance à leur recherche sans se douter du secret qu'il est sur le point de mettre à jour ni des dangers qui le guettent… Avec des graphismes d’une beauté et d’un réalisme époustouflants, ce jeu d’aventures basé sur la vie de Léonard de Vinci offre une quête passionnante pleine de risques, de rebondissements et de découvertes. Un partenariat exclusif avec le Clos Lucé, dernière demeure et musée officiel de Vinci garanti un respect historique minutieux. ■ ROME TOTAL WAR DVD-Rom PC, éd. Sega, 30,25 € Sega édite une gold édition de son grand succès Rome Total War en y ajoutant un add on : Barbarian SELECTION DVD-Rom et CD-Rom par Pierre THOMAS Invasion. Vous veniez de conquérir Rome et le soleil ne se couchait jamais sur votre empire. Mais la convoitise et les guerres intestines vous ont affaibli. Les développeurs de Creative Assembly en profitent pour mettre à vos portes des hordes de barbares, prenez les armes car il n’y aura de place que pour les braves. Stratégie en Tour par Tour (gestion de ville et diplomatie) et Stratégie Temps Réel (passage à l’action) confluent ici pour offrir une formule très attractive de jeu de stratégie et d’action avec des campagnes aussi nombreuses que variées. ■ DIPLOMACY CD-Rom PC, éd. Mindscape, 20 € Parmi les jeux de stratégie, Diplomacy est manifestement l'héritier direct des échecs. Le principe est simple : la carte de jeu représente l'Europe avant le déclenchement du premier conflit mondial. Même si les positions ne sont pas symétriques, les chances de gagner sont équivalentes, chaque joueur débutant avec le même potentiel... et c'est là le nœud du problème : la seule façon de vaincre ses adversaires est d'arriver à forger et animer une alliance contre eux, tout en limitant la puissance de ses alliés. Tout dans le jeu est négociable... La transposition informatique du célèbre jeu de société en respecte et valorise intelligemment les principaux atouts. ■ OBLIVION IV DVD-Rom PC, éd. Take 2 interactive, 45 € Une peuplade fantastique, des lieux magiques à découvrir, des dieux généreux à rencontrer, une flore à cueillir, une faune à chasser, des créatures à combattre, des factions à rejoindre, des empereurs à servir, des grottes, des mines, des cavernes, des forts à visiter, des plaines à parcourir… Crédité par tous les critiques des appréciations les plus élogieuses, "The Elder Scrolls IV" ne renouvelle pas le jeu de rôle sur ordinateur, si ce n’est dans les progrès graphiques. Mais il excelle tellement en tout, en particulier pour créer une ambiance, qu’il conquiert aisément les joueurs les plus exigeants. ■ SPLINTER CELL CHAOS THEORY DVD-Rom PC, éd. Ubisoft, 32,50 € Des terroristes menacent le monde. Vous incarnez Sam Fisher l'agent d'élite spécial le plus entraîné et expérimenté. Opérant au sein de Echelon 3, une entité secrète de la NSA, votre mission est de collecter par tous les moyens les renseignements vitaux à la sécurité des USA, protéger les systèmes d'information critiques et travailler dans l'ombre. Efficacité, rapidité et discrétion sont vos maîtres mots ! Ce 3ème volet de la collection inspirée des ouvrages de Tom Clancy reprend tous les ingrédients des deux premiers mais en mieux ! Ubisoft n'a pas lésiné sur les moyens : les graphismes, animations et divers effets sont éblouissants. Mais le plus fort est sans conteste l'attention toute particulière qui a été portée à l'intelligence artificielle des ennemis : cette fois en cas de faux pas les rôles s'inversent vite : c’est vous qui êtes chassé. ■ FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 25 HISTOIRE LEÇONS SUR LA PAIX (5) Chrétiens, arab C’est la dernière "leçon de paix" de Pierre Chaunu que nous publions. Lui seul peut dire certaines choses avec l’autorité d’un grand professeur et l’optimisme d’un grand croyant. ans son beau livre Les Sarrasins (Aubier, 2002), John Tolan met en exergue le texte d’un dominicain, Ricold de Monte Croce. Nous sommes en 1291. Ce jeune religieux arrive en Orient : «J’étais à Bagdad, au milieu des cactus, au bord du fleuve Kébar. D’un côté, je savourais le charme de ce lieu verdoyant. J’étais en un vrai paradis au milieu du désert, plein d’arbres, un jardin arrosé par les eaux du paradis, avec des maisons couvertes d’or qui se dressaient jusqu’à l’horizon [...]. Mais d’un autre côté, la tristesse saisissait mon cœur devant le spectacle de l’asservissement des chrétiens. Je pleurais son humiliation après la prise d’Acre.» C’est en effet en 1291 que tombe cette dernière place forte du royaume franc de Jérusalem, défendu jusqu’au dernier bout par les moines-chevaliers. «Je voyais les Sarrasins épanouis, fiers de leur force et de leur prospérité, tandis que les chrétiens en haillons, accablés, voyaient leurs enfants emmenés chez les barbares pour y subir la captivité.» Paradoxalement, le désespoir de ce dominicain, témoin du triomphe des Sarrasins, est contemporain du début de la montée inexorable de l’Occident chrétien et d’un impérialisme qui va aller grandissant. Les médiévistes savent combien le XIIIe siècle est important. Mes amis de l’école des Annales, Georges Duby et Jacques Le Goff, ont surtout travaillé sur cette période fascinante. Le Moyen Âge sort de sa D ( chrysalide. L’Europe prend la tête de l’évolution du monde, et dépasse le MoyenOrient et l’Extrême-Orient. En vieux démographe que je suis, je veux voir une raison démographique à cet épanouissement : en un siècle, la population européenne est multipliée par quatre. On peut attribuer cette évolution foudroyante aux conditions de vie et surtout à la condition de la femme. L’image de la femme se modifie considérablement et s’idéalise. Du coup, les femmes se marient plus tard. Les femmes donnent naissance à leurs enfants alors qu’elles sont plus mûres et donc plus solides physiologiquement. Il y a beaucoup moins de mortalité des femmes et des nouveau-nés à l’accouchement. Alors que Ricold se lamente sur l’abaissement des chrétiens, le poids de la chrétienté s’impose au XIIIe siècle. Les XIVe et XVe siècles marquent le «désenclavement planétaire». Il est lié à cette évolution démographique et aux mutations technologiques. Les voiliers, les gouvernails, les audaces des voyageurs à la recherche des épices et de l’or stimulent les expéditions et les découvertes. Du point de vue intellectuel, ce désenclavement permet aux théologiens d’avoir accès à la philosophie juive et arabe. Par les savants juifs et arabes, les théologiens catholiques découvrent la pensée d’Aristote. La scolastique est une philosophie réaliste, qui voit la merveille des choses créées, qui découvre à travers elle la présence de Dieu qui crée, l’adéquation entre la chose et l’intelligence que j’en ai. Mutation intellectuelle, dynamisme théologique, progrès démographiques et techniques... Oui, l’Europe s’impose à partir du XIII e siècle. Au XIX e siècle, elle aura acculturé le monde entier. Mais ces ressacs de population, au Moyen-Orient entre juifs, chrétiens et musulmans à partir du XIe siècle, en Europe centrale et en Espagne, laissent des traces, Ceux qui font remonter les antagonismes à l’Antiquité ou au Moyen Age se trompent... 26 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 comme en témoigne Ricold. Des traces douloureuses et durables. Peut-être qu’une partie des querelles qui existent aujourd’hui entre les religions, le «choc des civilisations», les failles de notre monde trouvent leur frontière et leur origine dans cette époque médiévale, avec les territoires disputés par les religions et les forces politiques. L’émergence du monde musulman et son extension ont bien sûr donné lieu à de nombreux conflits, dont les traces sont encore visibles aujourd’hui. Mais il me semble que la situation originale de l’Espagne peut être un signe d’espoir pour l’avenir. L’Espagne, terre d’Europe et terre de la Méditerranée, porte du Sud aujourd’hui pour la majeure partie de l’immigration africaine vers l’Europe, a connu des heures longues et rudes de combat entre juifs, musulmans et catholiques. Elle a vu l’éclosion monstrueuse de l’Inquisition d’État. Mais si on traite la destinée de ce pays à l’échelle de la longue durée chère à l’école des Annales, on peut dire que les conflits religieux n’ont pas été ceux qui ont marqué le plus douloureusement l’Espagne, par rapport aux campagnes napoléoniennes immortalisées par Goya et à la guerre d’Espagne qui fut au XXe siècle la sinistre répétition générale de la Seconde Guerre mondiale. Il y a eu des bouffées de haine, il y a eu des batailles bien sûr, mais globalement, pendant des siècles, musulmans, juifs et chrétiens ont vécu dans les mêmes villes, dans les mêmes campagnes en Espagne sans antipathie. Mieux : la grandeur de l’Espagne doit beaucoup à cette collaboration tacite des différentes confessions, au Moyen Âge et au début de l’époque moderne. L’histoire de l’Espagne nous donne peut-être un modèle de vie ensemble, paisible, féconde, pleine d’émulation entre musulmans, chrétiens et juifs pour aujourd’hui, pour cette communauté de destin des peuples qui vivent autour de la Méditerranée. En revanche, le temps de la décolonisation a laissé des traces, des humiliations, HISTOIRE es et juifs des rancœurs et des haines tenaces qui suppurent encore beaucoup aujourd’hui. Finalement, l’histoire nous enseigne l’optimisme en ce qui concerne la paix à venir. En général, lorsque les questions ne prennent pas un tour politique ou ethnique, les identités religieuses ne sont pas un obstacle à la paix. Au contraire. Les différences de croyance peuvent stimuler des théologies, des rapports au monde et aux conditions nouvelles. Les différences de croyance peuvent féconder une société. Certes, on ne peut pas écarter entièrement la violence. Même entre chrétiens, disciples d’un Dieu qui exigerait de ses fidèles des gages de non-violence. Mais cette violence sur les zones de fracture peut être réglée et gérée. Du coup, on peut s’étonner de la violence des conflits aujourd’hui entre juifs et musulmans par exemple, alors que l’histoire avait appris aux uns et aux autres, pendant des siècles, à vivre ensemble. C’est, à mon avis, que les zones potentielles de conflit ont été particulièrement mal gérées par les structures politiques chargées de la décolonisation. La décolonisation a été faite sans tenir suffisamment compte des équilibres séculaires et des adaptations possibles dont l’histoire nous donnait la leçon. Si on y est attentif, on constate que la vraie source des conflits actuels est récente. Les idéologues qui font remonter les antagonismes à l’Antiquité ou au Moyen Âge se trompent ou mentent. Ce sont les prémices de la décolonisation et le mouvement précipité de cette décolonisation qui ont polarisé les haines. L’affaire de la Palestine est à cet égard symptomatique. Le problème est né des bouleversements idéologiques du début du siècle et de la Première Guerre mondiale. Au moment de l’affaire Dreyfus, le sionisme devient un concept. Peu de juifs de France envisagent sérieusement de quitter la France pour le désert de Palestine. Les juifs de France sont très enracinés dans la vie de la Nation. Ils revendiquent leur appartenance au pays, comme le montre leur par Pierre CHAUNU de l’Institut nationalisme au moment de la Grande Guerre. Les grandes familles juives, Rothschild, Pereire, très engagées dans le développement économique et industriel de la France, partagent leur richesse avec les juifs des communautés pauvres ou menacées en Europe centrale. En Biélorussie, aux marches de l’Empire austro-hongrois, les juifs avaient des statuts sociaux inférieurs au reste de la population mais un niveau de vie supérieur. En effet, ils étaient plus cultivés et s’adonnaient ainsi plus aisément au commerce, y compris au commerce international. Le Kaiser-Koenig d’Autriche-Hongrie protégeait les communautés juives. Mais après la Première Guerre mondiale, les juifs se sentent fragilisés dans une Europe en feu, où le ressentiment de nombreuses populations risque à nouveau de se défouler à leurs dépens. En Russie, les juifs sont assez mal considérés. Certains foyers du judaïsme sont en relation avec l’Allemagne, avec les intellectuels de l’Europe des Lumières. De même en Algérie. Si, par le décret Crémieux, les juifs séfarades reçoivent la nationalité française, ils sont du coup mieux traités par la République française que les musulmans. Ils subissent l’animosité jalouse d’une partie des Algériens et aussi des colons. Le mandat britannique sur la Palestine va obliger lord Balfour à envisager un retour de quelques dizaines de milliers de juifs d’Europe sur la terre de leurs lointains ancêtres. Après tout, la Palestine est un territoire où il y a de la place, des dunes à fertiliser... Mais les promesses faites aux tribus arabes et l’invention du nationalisme dans cette région dans l’entre-deuxguerres vont braquer les communautés les unes face aux autres. Les enjeux du pétrole et de l’eau, la démographie foudroyante des populations arabes vont troubler les plans anglais. Les Anglais pensaient que, si les juifs s’installaient en petit nombre, les Arabes profiteraient de leurs moyens techniques et financiers pour la mise en valeur du pays au bénéfice de tous. De fait, jusqu’en 1935, les fermes juives nouvellement installées rémunèrent mieux les ouvriers agricoles palestiniens et les communautés vivent en bons rapports. Les juifs s’installent dans des zones abandonnées par les Palestiniens. En 1935, la pression et la violence exercées sur les juifs d’Allemagne augmentent singulièrement le nombre des immigrés. Entre 1945 et 1948, de nombreux juifs, survivant à la Shoah, tournent le dos à l’Europe où leurs souvenirs ont un goût de cendre. Il aurait fallu pouvoir proposer aux juifs une autorégulation dans le nombre des immigrants. Mais la guerre de 1947 a encore amplifié le mouvement. En effet, le nationalisme sioniste, la fierté revendiquée d’être juifs a attiré en Palestine de nombreux ressortissants étrangers venus défendre le nouvel État. Les Palestiniens, humiliés militairement et économiquement, ont fini par ressentir l’installation des juifs comme une agression. Les Américains, qui étaient portés à soutenir les juifs en Palestine du fait de leurs six millions de citoyens juifs, le sont encore plus aujourd’hui dans le contexte de la mondialisation où nul ne conteste leur suprématie. Les autres pays développés ont plus d’échanges économiques avec Israël qu’avec les Palestiniens. Ils sont portés à soutenir plutôt Israël. Ils ont en outre pour beaucoup d’entre eux une dette morale immense envers le peuple juif à cause du comportement des pays d’Europe vis-àvis de l’idéologie raciale des années 1930 et 1940. Il était difficile de trouver les bons arguments et les bons moyens de freiner l’exode juif vers la Palestine. Mais il est flagrant que les difficultés endémiques entre les communautés religieuses au Moyen-Orient ont des origines politiques récentes et non pas des origines religieuses et historiques lointaines. ■ * Pierre Chaunu, "Leçons sur la paix", éditions du Cerf, 127 pages, 15 €. Le texte ci-dessus est la dix-huitième leçon de ce nouvel ouvrage de Pierre Chaunu, qui en compte vingt-et-une dont la cohérence ressort d’une lecture suivie. FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 27 FESTIVALS SCENE NATIONALE A GAP L’oasis dynamique par Pierre FRANÇOIS e train serpente le long du Drac puis du Buëch, la verdeur des alpages témoigne de leur arrosage céleste régulier, les sommets sont chapeautés de brume. On traverse villages et hameaux, et finit par se demander à quoi ressemble la ville de Gap et comment une scène nationale s’y est perdue. Sur place, on est rassuré. Gap compte trentehuit mille âmes et sa foire exposition témoigne d’une réelle activité. C’est dans cet écrin entouré de neiges éternelles qu’on trouve un centre dramatique national de huit cent cinquante places agrémenté d’une médiathèque et d’une galerie photographique. L’explication de cette capacité tient dans un fait simple : il n’y a pas d’autre scène nationale entre Grenoble et Aix-en-Provence. C’est aussi la seule scène du département, avec Briançon. La direction est d’ailleurs commune, et les programmations complémentaires. A Briançon les musiques actuelles, jazz, chansons et jeune public, à Gap les spectacles théâtraux nécessitant un grand plateau et la danse, parfois un concert classique. Une navette relie les deux villes. L © DANIEL MICHIELS Etre un centre Dramatique National au milieu d’un désert de la scène requiert une motivation puissante, qui se traduit par des initiatives multiples. Des spectacles étonnants dans des lieux inattendus Incantation "September, 11" (1), qui a été créée en France dans le cadre de "frictions" (Cf. FC 3025 du 19 mai), à Dijon, se donne au théâtre de la Colline, à Paris, jusqu’au 17 juin prochain. Mise en scène et décor, plus que sobres, mettent en valeur la dimension de "melting pot" des Etats-Unis. La pièce, en anglais sur-titrée en français, reprend des citations en boucle, sans lasser cependant. Il paraît que les phrases auraient été agencées comme une musique… Par contre, la parenté entre les discours de Ben Laden et Bush est si évidente que l’ambassade de France a retiré la subvention qu’elle avait accordée au spectacle lorsqu’il fut joué à Los Angeles. Peu importe, on est pris par ces voix, leur caractère incantatoire et les vérités éternelles qu’elles transmettent. (1) De Michel Vinaver, avec Jonathan Ahmanson, Jorge Castaneda, Celeste Den, Max Eugene Jr... au théâtre national de la Colline, 15 rue Malte-Brun, 75020 Paris, tél. 01.44.62.52.52. Le mardi à 19h, du mercredi au samedi à 21h, le dimanche à 16h. Places à 26, 18 et 13 €. 28 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 La dimension de cette salle de vingt mètres d’ouverture pour une profondeur pratiquement égale n’est pas la seule originalité de ce théâtre aux multiples ressources techniques. Il est le seul à s’être associé avec deux autres scènes nationales - ici Cavaillon et Martigues – pour soutenir une compagnie indépendante. Ainsi depuis 15 ans Catherine Marmas fait-elle toutes ses créations ici. Elle y a récemment mis en scène "Sainte Jeanne des abattoirs", qui sera joué la saison prochaine à Montreuil. Auparavant, elle l’aura tourné dans toutes les Hautes-Alpes. Car la scène de Gap a aussi le souci des communes isolées du département. Trois fois l’an, sept villes sont visitées par la troupe du théâtre, dans lesquelles on reconstitue la pièce à l’identique : vrai spectacle et vrai confort technique. Les régisseurs du lieu ne chôment pas! Cette tournée a pris le nom d’"excentrés". Parallèlement, un second festival biennal a été mis en place depuis deux ans : "cité cirque". Il s’agit de créer "des spectacles étonnants dans des lieux inattendus". Ainsi en ce moment voit-on "le manège magique" emmener les enfants en compagnie d’un lézard de course poursuivant des coccinelles gobeuses de mouche, d’un avion nain ou d’un caméléon géant… Auparavant se sont déjà produits un danseur escaladeur de façade, des jongleurs ou des cabaretiers particuliers… Enfin, le CDN de Gap est le seul à avoir une activité indépendante de galerie photographique. Et les signatures qui s’y exposent sont reconnues. En ce moment, par exemple, on peut y voir une série de clichés pris par Daniel Michiels, un ardennais amoureux de son pays. Il le montre avec des accents contrastés, noirs et blancs, macabres et profondément humains selon qu’il donne à contempler la région ou ses habitants. ■ La Passerelle, Scène Nationale, 137 bld Georges Pompidou, 05000 Gap, Tél. 04.92.52.52.52. CINEMA Le passager de l’été AMERICAN DREAMZ Dans les années 50, l'arrivée de Joseph, commis de ferme et travailleur saisonnier, dans un petit village de la presqu'île du Cotentin ne passe pas inaperçue. Il se fait engager par Monique, femme de caractère délaissée par son mari, qui n'a pas hésité à faire des sacrifices pour assurer le bon fonctionnement de sa ferme. Celle-ci n'est pas insensible au charme de Joseph. Un cadre magnifique, une distribution prestigieuse, une intrigue de départ séduisante, le film de Florence Moncorgé-Gabin a de beaux atouts à faire valoir. Mais les situations dépeintes ne sont pas toujours crédibles et les personnages manquent de relief, peu embarrassés qu’ils sont par des cas de conscience. Tout paraît trop convenu et la trame aurait pu être davantage approfondie. L’interprétation est, cependant, de qualité. La peinture de ce monde rural, dans ses petits gestes quotidiens, est assez réussie et l’atmosphère de l’époque bien rendue. M.-L. R. Drame français (2005) de Florence Moncorgé-Gabin, avec Catherine Frot (Monique), Grégori Derangère (Joseph), Laura Smet (Jeanne), François Berléand (Maurice Lecouvey), Mathilde Seigner (1h37). Sortie le 7 juin 2006. Marie-Antoinette La jeune Marie-Antoinette avait à peine 15 ans lorsqu’elle quitta son Autriche natale pour épouser Louis XVI. La réalisatrice Sofia Coppola, peu soucieuse de la stricte vérité historique (anachronismes et erreurs fourmillent), signe un film très personnel, le personnage de MarieAntoinette lui permettant d’aborder des thèmes qui lui sont chers, comme la solitude de l’adolescence. Le résultat est plutôt brillant et touche le jeune public, qui a ainsi au moins la chance d’échapper aux caricatures habituelles sur la monarchie finissante. M.-L. R. Film historique américain (2005)de Sofia Coppola, avec Kirsten Dunst (MarieAntoinette), Jason Schwarztman (Louis XVI), Rip Torn (Louis XV), Asia Argento (la comtesse du Barry), Marie Nighy (2h03). Sortie le 24 mai 2006. Une satire percutante Paul Weitz (« Pour un garçon ») s'est beaucoup impliqué dans ce film qu'il a écrit, co-produit et mis en scène. L par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ e cinéma et la télévision sont souvent présentés comme des rivaux. Le grand écran met en avant ses ambitions artistiques face au formatage de la petite lucarne. Celle-ci lui réplique que les scénarios de certaines de ses séries sont bien plus inventifs que ceux de ces films peu inspirés ressassant éternellement les mêmes thèmes. Le cinéma lance une nouvelle pique, à travers ce film, satirique pourfendant la télé-réalité et sa quête d'audience effrénée. Pour augmenter son audience, «American Dreamz», émission de téléralité à succès, doit sans cesse trouver des candidats capables de réunir une large audience. Martin Tweed, animateur vedette de l'émission, se met en quête de ces perles rares. Quant au président américain, il est déprimé. Martin lui propose de participer à son émission. Choisissant d'aborder avec une légèreté cathartique des phénomènes anxiogènes comme le terrorisme ou le cynisme du monde médiatique, Paul Weitz signe une comédie particulièrement réjouissante. Il dépeint des personnages qui ne semblent pas être à leur place dans un monde où tout est de plus en plus calculé. Ceux qui acceptent de jouer sans remords leur ( Le film s'inspire de l'émission «American Idol» qui connaît un immense succès partition font preuve d'un épanouissement de façade qui n'a pas besoin de grand-chose pour se flétrir. Cette comédie tonique vise juste et se révèle très drôle à de nombreuses reprises. La portée corrosive de son discours est sans doute atténuée par le fait qu'il s'agit avant tout d'un film de divertissement qui compte bien sur le caractère attractif de son sujet et le charisme de ses acteurs pour se tailler une belle place au box-office ! ■ American Dreamz. Comédie américaine (2006) de Paul Weitz, avec Hugh Grant (Martin Tweed), Dennis Quaid (le Président Staton), Mandy Moore (Sally Kendoo), Willem Dafoe (le Secrétaire d'État), Jennifer Coolidge (Martha Kendoo), Sam Golzari (Omer) (1h48). Sortie le 7 juin 2006. Zidane, un portrait du XXIe siècle Le 23 avril 2005, le Real Madrid reçoit l'équipe de Villarreal au stade Bernabeu à Madrid. Zinedine Zidane est l'une des têtes d'affiche de la prestigieuse équipe madrilène. Le titre peut paraître trompeur, car il ne s'agit pas tant d'un portrait du champion que d’un exercice de style cherchant à capter les sensations du meneur de jeu français lors d'un match de football. La durée du film correspondant à la durée du match. Les auteurs jouent beaucoup sur les ruptures de rythme, d'angles et de sons et privilégient les plans assez serrés cadrant Zizou sur les plans larges et en plongée. Autant dire qu'il s'agit, pour le spectateur, d'une expérience déroutante, parfois fascinante, mais qui risque de paraître longue et répétitive. Marie-Lorraine ROUSSEL Documentaire français (2005) de Philippe Parreno et Douglas Gordon, avec Zinedine Zidane, Roberto Carlos... Montage : Hervé Schneid. Image : Darius Khondji. Musique : Mogwaï. Sound designer : Tom Johnson (1h30). Sortie le 24 mai 2006. FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 29 EXPOSITIONS MATHIEU A VERSAILLES L'abstraction ly à l'ho C “C’est lui rendre justice et lui témoigner sa reconnaissance à sa démesure” ’est dans la nef centrale de la Petite Ecurie du château que se tient pour la première fois une exposition consacrée à un artiste français vivant. "Mathieu à Versailles" réunit quatorze œuvres monumentales de la collection particulière du peintre, ainsi que "Les Capétiens partout" (1954) prêtés par le Centre Pompidou. A côté des toiles de la période lyrique de Mathieu est également exposée une petite tapisserie des Gobelins, intitulée "Château de Versailles", qui fut commandée en 1968 par la Compagnie Air France. Dans la préface du catalogue de l’exposition, le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, écrit : "Georges Mathieu est une personnalité éminente du monde artistique. Il marque son époque par le combat incessant qu’il a mené pour donner ses lettres de noblesse à une expression picturale qui, à la fin des années quarante, n’avait pas encore voix au chapitre. Il fut précurseur, mais surtout il influença de manière déterminante toute une lignée d’artistes. Lui rendre un hommage dans un lieu aussi prestigieux que Versailles, c’est lui rendre justice et lui témoigner une COLLECTION PERSONNELLE DE L’ARTISTE - D.R. Avec "l’Envolée lyrique" au Musée du Luxembourg et l’hommage rendu à Georges Mathieu à Versailles, l’abstraction lyrique revient sur le devant de la scène en des lieux prestigieux. Après une période de "purgatoire", il est enfin rendu justice aux artistes qui participèrent, après guerre, à ce formidable élan créateur. La nécessité de l’espérance, 3 août 71 - Huile sur Toile, 200 x 600 cm 30 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 EXPOSITIONS COLLECTION PERSONNELLE DE L’ARTISTE - D.R. par Alain SOLARI yrique nneur COLLECTION PERSONNELLE DE L’ARTISTE - D.R. COLLECTION DU CENTRE POMPIDOU, PARIS © PHILIPPE MIGEAT, © CNAC/MAAM, DISTR.RMN Zongulak, 30 mars 78 - Huile sur toile, 250 x 600 cm COLLECTION PERSONNELLE DE L’ARTISTE - D.R. Les Capétiens partout, 1954 - Huile sur toile, 295 x 600 cm Hommage au Connétable de Bourbon, Wien 59 - Huile sur toile, 250 x 600 cm COLLECTION PERSONNELLE DE L’ARTISTE - D.R. MUSÉE NATIONAL D’ART MODERNE/ CENTRE DE CRÉATION INDUSTRIELLE reconnaissance à sa démesure, ainsi qu’au rôle prépondérant qui a été le sien sur la scène artistique". Georges Mathieu commence à peindre en 1942. Cinq ans plus tard, il organise une série de manifestations en faveur d’un art libéré de toutes les contraintes et habitudes classiques. Il se fait le promoteur de ce qu’il nomme "l’Abstraction lyrique", en opposition avec l’abstraction géométrique. En 1954, il exécute ses premières grandes toiles et part pour le Japon en 1957. Il y rencontre un accueil triomphal avant de séjourner aux Etats-Unis, puis au Brésil, en Argentine, au Liban, au Canada… Dès 1959, des rétrospectives de ses œuvres ont lieu dans de nombreux musées : Cologne, Bâle, Neuchâtel, Genève… Mais l’artiste ne limite pas son talent à la peinture. Il donne des cartons pour la Manufacture des Gobelins, dessine des assiettes pour Sèvres, crée une nouvelle pièce de 10 francs et des médailles pour la Monnaie de Paris. Il réalise une série d’affiches pour Air France… Son œuvre est actuellement présente dans plus de quatrevingt-dix musées et collections publiques. Lorsqu’on lui demande quelle est la définition la plus juste de l’abstraction lyrique (1), Georges Mathieu répond : "peindre une œuvre qui ne se réfère à rien d’autre qu’à elle-même et qui rend caduc tout ce qui la précède… C’est en 1947 que je décidai de nommer ainsi mon travail. J’organisais alors la première exposition collective dont l’approche artistique s’opposait à l’abstraction géométrique. Ce que j’ai appelé ‘Abstraction lyrique’ est né à partir de la révolution sémantique qui proclame que le signe précède sa signification. Cette nature transcendante appartient au royaume des puissances cachées d’où surgissent les formes…" Aux journalistes qui lui demandaient, le jour de l’inauguration de l’exposition, quel sentiment lui inspirait le fait d’être exposé à Versailles, Mathieu a fait cette réponse, en accord avec son œuvre : "c’est un grand honneur d’être célébré à Versailles qui est une ville pour laquelle j’ai une grande admiration. Cela fait partie de mon patrimoine. D’autre part, étant royaliste, Versailles ne m’est pas indifférent. Cela tient en particulier à l’admiration que je porte à Louis XIV. Ce roi s’est intéressé à la culture et à l’art avec ses Erzurum, 17.3.78 - Huile sur toile, 250 x 600 cm La victoire de Denain, 26 mars 1963 - Huile sur toile, 275 x 700 cm EXPOSITIONS COLLECTION PARTICULIÈRE © ADAGP, PARIS 2006 - © JOCHEN HERLING ▲ collaborateurs : Charles le Brun… Il a fait en sorte que la beauté intervienne dans tous les événements de la vie quotidienne. C’est extrêmement important pour moi que tous les actes humains soient en corrélation avec ce que l’on peut appeler une civilisation… Tout devrait contribuer à la grandeur de ce pays qui a toujours été – peut-être moins maintenant – la lumière du monde. Si ce n’est pas dix siècles, pendant quatre, cinq, six siècles, la France a été prééminente. La France a eu ce privilège d’une unité de gouvernement, d’une unité territoriale que n’ont connu ni l’Angleterre, ni l’Espagne, ni l’Italie, sans parler de l’Allemagne. Cette unité est capitale. On s’aperçoit que Paris en particulier, et Versailles attirent les foules de touristes. Mais ce n’est pas véritablement du tourisme, c’est quelque chose de plus profond. J’imagine que ceux qui ont construit Versailles doivent être très honorés de voir autant de monde. Cela prouve que le rayonnement de Versailles se poursuit partout, pour la gloire du roi. La Révolution, qui a détruit tant de choses, a permis que le château ne soit pas détruit". Pour Christine Albanel, présidente de l’Etablissement public de Versailles, "les œuvres majeures, superbement lyriques, présentées dans les Petites Ecuries de Versailles nous parlent d’histoire". Comment, en effet, ne pas y songer en regardant les titres de beaucoup des toiles exposées depuis "les Capétiens partout", en passant par "la Victoire de Denain", "Hommage au Connétable de Bourbon", "Souvenir de la Maison d’Autriche", jusqu’à "l’Election de Charles Quint" ou à "l’Ecartèlement de François Ravaillac" ? Pourtant, interrogé à ce propos, l’artiste déclare : "le titre des toiles est en général assez arbitraire… C’est un peu comme les noms que nous portons". De "Samsum" (1978), il dit par exemple : "Samsum est une ville de Turquie. Ce titre n’a aucun rapport avec la couleur et l’atmosphère du tableau". Mais de "la Victoire de Denain" (1963), Wolfgang Schulze dit, Wols Sans titre, 1944/45 - Aquarelle 32 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 REHABILITATION L’envolée lyrique P Les artistes ont toujours préservé leur liberté, leur indépendance d'esprit et de création our sa 10e exposition depuis que le Sénat en a pris la direction, le Musée du Luxembourg s’offre une "Envolée lyrique" pour célébrer une période, courte mais capitale, de l’art contemporain en France : l’abstraction lyrique. "C’est la célébration d’un grand mouvement et de grands artistes", déclare Patrick-Gilles Persin, le commissaire de l’exposition qui a fait de cette manifestation une véritable entreprise militante de réhabilitation. Une soixantaine de peintres, dont 7 femmes, se partagent, avec plus de 110 œuvres, les cimaises du Luxembourg. La moitié d’entre eux est d’origine étrangère, même si beaucoup ont été naturalisés. Le choix a été resserré sur des artistes vivant et travaillant à Paris entre 1945 et 1957. Pour la première exposition importante consacrée à l’abstraction lyrique, le Centre Pompidou a prêté cinq tableaux, des œuvres jamais vues sont issues de collections particulières pour l’occasion, et Patrick-Gilles Persin a fait sortir plusieurs toiles des réserves où elles étaient reléguées. C’est dire si cette période faisait l’objet d’un oubli, sinon d’une disgrâce. Il avait été envisagé de faire une place aux sculpteurs dans les jardins du Luxembourg. Cela n’a malheureusement pas été possible. Mais avec des noms comme Bazaine, Debré, Estève, Manessier, Mathieu, Soulages, de Staël ou Vieira da Silva… les visiteurs seront comblés. 1910 est communément considérée comme la date de naissance de l’art abstrait. A Munich, Kandinsky réalise ses premières gouaches abstraites. En 1912, "l’Arc noir" que l’on peut voir aujourd’hui au Centre Pompidou, est une de ses œuvres majeures qui marquent les esprits. Dix ans plus tard, Hans Hartung, représenté au Luxembourg par trois œuvres fort différentes, réalise lui aussi une série d’aquarelles abstraites. Dans les années trente, d’autres artistes se tournent vers l’abstraction. Kandinsky rejoint à Paris, en 1933, Mondrian, Delaunay... Pendant l’Occupation, certains artistes encore actifs comme Bazaine, Manessier ou Estève s’éloignent eux aussi du classicisme et de la figuration. A la Libération, d’autres peintres de retour de captivité, ou sortant de la clandestinité, rejoignent cet élan lyrique naissant. Sans qu’il soit évidemment possible de parler de chefs de file pour un mouvement – mouvement et non Ecole – comme celui-ci, des artistes comme Roger Bissière (qui enseigne à l’Académie COLLECTION DE L'ARTISTE - © ADAGP, PARIS 2006 - © JEAN-OLIVIER ROUSSEAU COLLECTION PARTICULIÈRE © ADAGP, PARIS 2006 © SVO - MUSÉE DU LUXEMBOURG / STUDIO ARTIGRAPHIS EXPOSITIONS Pierre Fichet - Sans titre, 1954 - Huile sur toile Hans Hartung - Sans titre, 1947 - Fusain et mine de plomb MUSÉE PICASSO, ANTIBES - MPA 1957.1.1 © ADAGP, PARIS 2006 PHOTO MUSÉE PICASSO, ANTIBES Ranson entre 1925 et 1938, avec des élèves comme Manessier, Le Moal ou Vieira da Silva) ou Otto Alfred Wols exercent une certaine influence. Ils exposent tous deux chez René Drouin ; le premier en 1945, le second en 1947. En 1947 et 1948, Georges Mathieu organise deux expositions fondamentales pour l’abstraction lyrique. Durant cette période, une cinquantaine de galeries défendent les artistes qui s’en réclament et quelques critiques ou théoriciens – Charles Estienne, Michel Ragon, Michel Tapié… - soutiennent avec vigueur des artistes exposés au feu d’une critique parfois violente. L’abstraction lyrique n’est, en aucune manière, une Ecole. Et les artistes qui ont participé à ce formidable élan pictural ont toujours farouchement préservé leur liberté, leur indépendance d’esprit et de création. S’ils ont eu en commun de privilégier le geste et la lumière – chez les abstraits lyriques, la lumière vient toujours du fond du tableau – cette diversité ne laissait d’autre choix que d’opter pour un accrochage chronologique. C’est sous une citation de Malraux, "la grande peinture n’est plus figurative", que commence le parcours. Certains artistes sont représentés par plusieurs œuvres. C’est notamment le cas de Gérard Schneider dont l’Opus 92 B de 1955 a été retenu pour l’affiche, mais ne peut éclipser une œuvre très forte, antérieure de deux ans : Opus 49 B. Georges Mathieu est aussi très présent. "Açone" (1948) est une de ses premières toiles qui se dégagent de l’influence de Wols. Le peintre commence alors à utiliser directement la couleur sortie du tube. Quant à "l’Hommage à Godefroy de Bouillon" (1952) ou au "Grand syllogisme conjonctif" (1955), ces deux œuvres justifient le titre décerné par Jean-Michel Atlan Malraux à Mathieu : "le premier calliL'Oiseau de feu, 1956 - Huile sur toile graphe occidental". On retrouve avec bonheur Alfred Manessier dont des toiles comme "Salve Regina" ou la "Nuit de l’Epiphanie", qui font penser à des vitraux, disent assez l’inspiration religieuse. La facture de "l’Hiver" est assez différente. Les initiés discerneront dans ce labyrinthe deux petits personnages... "L’Homme debout", d’Olivier Debré, impressionne, tandis que du "Paysage" de Bazaine jaillit une joyeuse poésie et que l’on retrouve le graphisme simple et rude de Soulages dans "Peinture" (1950). Des œuvres exposées de Nicolas de Staël se détache le "Ciel", une toile exceptionnelle de 1953. Parmi celles de Vieira da Silva, on remarque particulièrement "la Ville de Sindbad", très caractéristique de son œuvre. De Zao Wou-Ki, Patrick-Gilles Persin est fier d’avoir pu obtenir "Vent", première œuvre abstraite du peintre. "Ce fut le premier tableau qui ne racontait rien, si ce n’est l’évocation du bruissement des feuilles ou du moutonnement de la surface de l’eau au passage de la brise". Il serait injuste de passer sous silence trois artistes, peut-être moins connus, mais excellemment représentés : Pierre Dmitrienko, Luis Feito et Pierre Fichet. De ce dernier, les transparences blafardes du "Sans titre" de 1954 sont superbes. Ce ne sont là que quelques exemples de ce fabuleux élan que fut l’abstraction lyrique, véritable révolution picturale au même titre que le cubisme ou le fauvisme. Elan qui relança, après guerre, Paris pour en faire un carrefour international et l’une des capitales de l’avant-garde. "L’Envolée lyrique" est une exposition qui vient combler un manque dans l’histoire de l’art contemporain en France. ■ "L’Envolée lyrique, Paris 1945-1956", au Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard, 75006 Paris. Jusqu’au 6 août 2006, ouvert tous les jours, du lundi au vendredi de 11h à 19h. Nocturne le vendredi jusqu’à 22h. Samedi et dimanche et tous les jours fériés de 9h à 19h. Catalogue de l’exposition édité par Skira (280 p., 32 € TTC). FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 33 COLLECTION PERSONNELLE DE L’ARTISTE - D.R. EXPOSITIONS Hommage aux Frères Boisserée, 14 mai 1967 - Huile sur toile , 300 x 500 cm 102 x 57 cm Musée Air France Photo : D.R. (1) L’entretien avec Georges Mathieu, conduit par Alain Derey, figure dans le catalogue de l’exposition. (2) Villars y remporta, le 24 juillet 1712, une victoire sur le Prince Eugène qui amena la fin de la guerre de Succession d’Espagne et sauva le royaume. "Mathieu à Versailles", Petite Ecurie, château de Versailles, jusqu’au 2 juillet 2006, ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 12h30 à 18h30. Catalogue : Editions de la Réunion des musées nationaux, 24 x 30 cm, 80 pages, 48 illustrations en couleurs, broché, prix : 28 €. COLLECTION PERSONNELLE DE L’ARTISTE - D.R. ▲ Georges Mathieu n’omet pas de rappeler qu’il s’agit de "…l’événement de 1712 où la France était menacée de toute part. Grâce à une bataille qui fut une victoire, la France fut sauvée".(2) L’histoire est donc bien présente, si ce n’est directement sur la toile, au moins dans l’esprit du peintre. Les grands artistes ont droit à leurs petites contradictions… "Paris, Capitale des Arts", à la dominante bleue, une œuvre superbe, a été accrochée à la place d’honneur. C’est la première toile que l’on aperçoit, au fond sous la coupole, en entrant dans le magnifique bâtiment de Jules Hardouin-Mansart. Ce n’est pourtant pas l’œuvre que Mathieu juge la plus importante. Sa préférence va à "l’Election de Charles Quint" dont il dit : "je considère cette toile comme la plus belle de l’exposition parce qu’il y a une invention des formes et des couleurs… Au départ, j’avais voulu exprimer la fête, l’amour et la mort". Pour Alfred Pacquement, directeur du Musée national d’art moderne, "les Capétiens partout" sont un chef-d’œuvre. "Cette toile va symboliser l’art de Georges Mathieu dans l’esprit du public. On peut même penser qu’elle y tient longtemps place de manifeste pour une peinture abstraite contemporaine". Toutes différentes et toutes semblables, telles sont les toiles exposées dans la Petite Ecurie de Versailles. Aux couleurs éclatantes, joyeuses et multiples, de "la Nécessité de l’Espérance", s’oppose le graphisme noir de "Batoumi" ; et c’est pourtant de la même œuvre, si reconnaissable, qu’il s’agit. Christine Albanel a raison de rappeler que : "entre Versailles et Georges Mathieu, il y a un lien fort, une évidence, fondés sur des affinités électives. La personnalité de l’artiste, faite de générosité, de sensibilité, mais aussi de hauteur et d’exigence, son projet… le rattachent aux ambitions qui ont présidé au ‘Projet-VerChâteau de Versailles, 1968 sailles’". ■ Tapisserie La nécessité de l’espérance, 3 août 71 - Huile sur Toile, 200 x 600 cm 34 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 TÉLÉVISION Soirée thématique «Les soldats de Napoléon» L’enfant d’une autre par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ Arte rend un bel hommage aux soldats de l’Empereur, héros de son épopée. Austerlitz, la victoire en marchant. Le tout nouvel empereur a besoin de conquêtes pour assoir son pouvoir face aux autres puissances européennes. Jean-François Delassus retrace avec maestria et clarté l’histoire de la plus belle des victoires napoléoniennes. D’excellents comédiens donnent chair à leurs personnages historiques, tandis que des historiens viennent préciser les détails de la bataille. Surtout, c’est un hommage au génie militaire de l’empereur. Le colonel Chabert. En adaptant fidèlement la nouvelle de Balzac, Yves Angelo, un ancien directeur de la photographie, a réussi son entrée dans la cour des metteurs en scène. Il faut reconnaître que Gérard Depardieu est un colonel Chabert sensationnel et que l’ensemble de la distribution rend justice au texte de Balzac. Tout au plus peut-on reprocher à Yves Angelo un style un peu trop académique. Mais la beauté des décors et de la lumière et la qualité de l’interprétation font de cette histoire poignante une réussite. Bien sûr, la comtesse a un comportement scandaleux, mais cette œuvre sombre et pessimiste est transcendée par la belle figure du héros (surtout à la fin). Austerlitz, la victoire en marchant. Documentaire-fiction français (2006) de Jean-François Delassus, avec Bernard-Pierre Donnadieu (Napoléon), Julien Collard (Garnier), John Bobrynine (Talleyrand) (1h32). Le colonel Chabert. Drame français de Yves Angelo, d’après Balzac, avec Gérard Depardieu (le colonel Chabert), Fanny Ardant (la comtesse Ferraud), Fabrice Luchini (Derville), André Dussollier (le comte Ferraud) (1h50). Diffusion le dimanche 11 juin, sur Arte, à partir de 20h40. La lutte d’une femme brisée par l’enlèvement de sa fille bébé, et qui croit la reconnaître dans une fillette de 11 ans. e nombreux et tragiques faits divers ont sensibilisé les gens à ces parents biologiques et adoptifs qui se déchirent pour la garde d’un enfant. Dans le cadre de la série de téléfilm «Mères/ filles», commandée par Arte, la cinéaste Virginie Wagon pose la question de ce qu’est la maternité. C’est dans une piscine, en voyant une tâche de naissance sur son corps, que Maud croit reconnaître en Zita, une fillette de 11 ans, l’enfant qu’on lui a enlevée à l’âge de six mois. Immédiatement, cette femme d’affaires redoutable abandonne tout et décide de rencontrer la mère de l’enfant. Celle-ci est une Espagnole bohème qui vit chichement, mais en entourant Zita de tout son amour. Après avoir D écouté l’histoire tragique de Maud, Johana l’accueille simplement, tout en l’assurant que Zita est bien sa fille. Catherine Jacob est extraordinaire dans ce personnage de femme blessée, devenue dure et odieuse (mais toujours avec un humour cinglant), comme pour exorciser sa souffrance. Sans elle et son interprétation tout en finesse, le téléfilm aurait pu sombrer dans le sentimentalisme et le mélo. Mais tout le savoirfaire de Virginie Wagon est de naviguer, dans ses dialogues comme dans sa mise ( Cette œuvre poignante et souvent drôle pose une question terrible : qui est la vraie mère ? en scène, entre tragédie et comédie, toujours sur le fil du rasoir, mais maintenant un équilibre étonnant entre les deux. Dans cette histoire bouleversante, la réalisatrice montre, en une brève scène, ce qu’est une maman, et l’héroïne, malgré sa détermination à récupérer sa fille, le remarque. La fin est admirable et devrait servir d’exemple à bien des gens. ■ L’enfant d’une autre. Téléfilm français (2005) de Virginie Wagon, avec Catherine Jacob (Maud Kert), Maéva Munoz (Zita Iglesias), Arly Jover (Johana Iglesias), Olivier Marchal (Jérôme), Arnaud Garnier (Tony), Eric Debrosse (le détective Dituc), Didier Menin (1h30). Diffusion le vendredi 16 juin, sur Arte, à 20h40. Papa Quoi de plus banal qu'un père et son fils de 8 ans qui roulent sur une autoroute. On ne sait où ils vont, mais on rit des pitreries du père. Le plus enfant des deux n'est pas celui que l'on croit. Surtout lorsque ce père, que l'on sent plein d'amour et de tendresse pour son fils, en fait des tonnes, ce qui a le don d'agacer son fils. Peu à peu, on devine qu'au-delà de l'amour, un terrible drame réunit ces deux êtres. C'est ce glissement progressif vers le tragique qui fait toute la force de ce film un peu lent à démarrer. Car les clowneries du père cachent une grande souffrance qu'il a du mal à évacuer. Grâce à ce long voyage en tête-àtête avec son fils, il va apprendre à accepter sa douleur et même à la raconter, ce qui nous vaut une scène magnifique avec Yael Abecassis. Alain Chabat, décidement capable de tout jouer, impose la finesse et la sensibilité de son personnage. Avec le jeune Martin Combes, étonnant de naturel, il est l'atout majeur d'une œuvre parfois maladroite, mais poignante. De cette œuvre pleine de délicatesse et d’émotion contenue, on retiendra l’amour fou qui unit un père meurtri et son fils. Comédie française (2005) de Maurice Barthélemy, avec Alain Chabat (Papa), Martin Combes (Louis), Yael Abecassis (Léa), Judith Godrèche (Maman), Anne Benoit (Tata Martine), Michel Scourneau (Tonton Yves), Pierre Richard (1h20). Diffusion le mercredi 14 juin, sur Canal +, à 20h50. FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 35 TELEVISION Samedi 10 juin Dimanche 11 juin Lundi 12 juin TF1 TF1 TF1 TF1 20.45 Coupe du monde 20.45 Coupe du monde 20.45 Coupe du monde 20.50 Les experts Miami : «Conduite dangereuse», «Retour sur le passé», «À deux doigts d’être coupable». Série avec Emily Procter, Adam Rodriguez 2. 23.20 Vis ma vie. Magazine présenté par Laurence Ferrari, avec Patrick Bosso, Vincent Lagaf’. 01.05 Concert pour Laurette. Concert avec Maurane, Nolwenn Leroy, Faudel, Nadiya, Nicolas Peyrac, Lââm, Ginie Line, Michel Fugain, Philippe Lavil, etc. France 2 20.50 Sacrés pères. Divertissement présenté par Daniela Lumbroso, avec David Douillet, Bernard Tapie, Ted Lapidus, Michel Galabru, Dida Diafat, Alain Robert, etc. 22.55 Les amateurs GA. Comédie (2004) de Martin Valente, avec Lorànt Deutsch, François Berléand, Jalil Lespert (1h24). ឭឰ Sympathique, mais raté. France 3 «Argentine/Côte d’Ivoire». «Angola/Portugal». «Italie/Ghana». 23.10 New York, unité spéciale. 23.10 48 heures de plus A. 23.10 Y’a que la vérité qui 36 FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 Claude médale DR DR Série avec Chris Meloni 2. Comédie (1990) de Walter Hill, compte. Magazine présenté par avec Eddie Murphy, Nick Nolte Pascal Bataille et Laurent France 2 (1h40) 2. ឭឰ Poussif et vulgaire. Fontaine. 20.55 Le plus grand cabaret du France 2 France 2 monde «Best of». Divertissement présenté par Patrick Sébastien. 20.50 Les égarés A/Ø. Émissions religieuses : 23.15 Tout le monde en Comédie dramatique (2003) de parle. Magazine de Thierry André Téchiné, avec 08h30 Émissions religieuses : «Voix boudArdisson. Emmanuelle Béart, Gaspard dhistes», «Islam», «À Bible ouverte», «Orthodoxie», «Présence protestante» - 10h30 Ulliel (1h31) 2. ឭឭឰឰ Une France 3 belle histoire, bien racontée, Le jour du Seigneur «Tout à la foi : L’Esprit mais se terminant par une saint» - 11h00 Messe, en direct de l’église scène très crue. Saint-Matthieu, à Morlaix (29). 22.35 Mots croisés. Magazine présenté par Yves Calvi. 00.50 Musiques au cœur «Les étés de la danse : Coup de ballet aux Archives». Magazine présenté 20.55 Les beaux jours GA. par Ève Ruggieri. Téléfilm avec Clotilde Courau, France 3 Nadine Marcovici, Guillaume Cramoisan. ឭឭឰ Un hommage 20.55 La brigade des jardiniers 20.55 Les barbouzes GA. aux premiers congés de 36 déce(3 et 4/8). Documentaire de Comédie en NB (1964) de Georges vant, malgré un aspect documenAntoine Baldassari. Lautner, avec Lino Ventura, taire intéressant. Arte Bernard Blier, Francis Blanche 23.00 La brigade du courage : (1h48). ឭឭឭ Hilarant 20.40 Satreelex, the iron ladies «Les aveux», «Le dossier secret». 22.50 Faites entrer l’accusé GA. Comédie dramatique en VO Série avec Glen Murphy, Andrew «Thierry Paulin, le tueur des (2000) de Y. Thongkonthun, avec Kazamia. vieilles dames» GA. Magazine préSahaphap Tor (1h44). ឭឰ Cette Arte senté par Christophe Hondelatte histoire d’équipe sportive compo2. ឭឭ Affreux, mais intéressant. 20.45 L’aventure humaine «La sée d’homosexuels est lourde et mémoire perdue de l’île de caricaturale. France 3 Pâques» J. ឭឭឭ Superbe et très 22.25 Grand format «Un dragon 20.55 On ne peut pas plaire à intéressant. dans les eaux pures du Caucase» tout le monde. Magazine de 21.40 360°, le reportage géo GA. ឭឭ Poignant. Marc-Olivier Fogiel et Guy Carlier. «Les seigneurs des aigles». M6 00.10 Princesse Tam Tam GA. Musica Comédie dramatique en NB 20.50 Desperate housewives (7 22.05 Otello. Opéra de Verdi, avec (1935) de Edmond T. Greville, avec et 8/23) GA. Série avec Teri les Chœurs et l’Orchestre du Joséphine Baker (1h17). ឭ Hatcher, Marcia Cross, Felicity Théâtre du Mai musical florentin, Sympathique, mais mineur. Huffman, Eva Longoria, Nicollette sous la direction de Zubin Mehta, Sheridan, Steven Culp. ឭឭឭឰ Arte et avec Vladimir Galouzine, Hilarant, mais corrosif. Barbara Frittoli, Carlo Guelfi, Les soldats de Napoléon 22.45 Allumeuses ! A/Ø. Comédie Raymond Very (2h35). (Voir notre analyse page 35) (2002) de Roger Kumble, avec 00.40 Metropolis. 20.40 Austerlitz, la victoire en Cameron Diaz (1h27) 2. ឭឰឰ 01.30 La lucarne «Paysage de fer». marchant J. Documentaire-ficRaté, lourd et très vulgaire. Documentaire. tion (1h32). Canal + 22.15 Le colonel Chabert GA. M6 Drame (1994) de Yves Angelo, 20.50 Nouvelle star «Le rappel». avec Gérard Depardieu, Fanny Divertissement présenté par Ardant, Fabrice Luchini (1h50). Virginie Efira, avec Marianne M6 James, Manu Katché, Dove Attia et André Manoukian, et avec 20.50 Capital «Vacances : Patrick Bruel, Pascal Obispo, etc. Nouveaux pièges et nouveaux 23.30 Rats «L’invasion commenfilons». Magazine présenté par 20.50 Million dollar baby A. ce». Téléfilm avec Ralph, Guy Lagache. Drame (2004) de et avec Clint Hereforth 2. 22.50 Secrets d’actualité Eastwood, et avec Hillary Swank, «Outreau : Comment tout a basCanal + Morgan Freeman (2h08) 2. culé». Magazine présenté par 20.50 Hardball GA. Comédie draឭឭឭឰឰ Une œuvre bouleverLaurent Delahousse. matique (2002) de Brian Robbins, sante et profonde, mais une fin Canal + avec Keanu Reeves, Diane Lane très contestable. (1h41) 2. ឭឭ Bien fait. 20.50 After life (3 et 4/6) GA. KTO Série avec Lesley Sharp 3. ឭឭឰ KTO 20.50 KTO magazine «Le scouUne histoire de médium prenante, 20.50 Jean-Sébastien Bach tisme : Pourquoi un tel succès ?». mais angoissante. «Cantates 179, 199 et 113», avec Près de cent ans après sa création, KTO le Monteverdi Choir et l’English le scoutisme regroupe 28 millions Baroque Soloists, sous la direction 20.50 Le Père Yvon. de membres dans 216 pays. de John Eliott Gardiner. 21.45 KTO magazine «Comment 21.45 Pascal Gallo, flamenco. 21.50 Solidairement vôtre «Gol de les éditeurs traitent-ils du 21.55 VIP «Jean-Jacques Beineix Letra». religieux ?». (l’intégrale)». Mardi 13 juin 20.55 Famille d’accueil «Le secret de Lulu» GA. Téléfilm avec Virginie Lemoine, Christian Charmetant, Ginette Garcin. ឭឭ Prenant et émouvant. 23.10 France Europe Express. Magazine présenté par Christine Ockrent. 00.55 La case de l’oncle Doc «Harti et Margot». Documentaire. Arte DR De quoi j’me mêle ! Le monde bouge… et nous ? 20.40 La plus grande ville du monde GA. ឭឭ Une analyse intéressante du gigantisme chinois. 21.25 Dubaï vertigo GA. ឭឭ Bien fait. 22.05 Débat, avec Pascal Lamy. 22.45 Allô-stop GA. Téléfilm avec Ulrich Matthes, Anna Brüggemann (1h27). ឭឰ Interminable et sans intérêt. M6 20.35 Coupe du monde 2006 «Brésil/Croatie (groupe F)». 23.00 L’incendiaire. Téléfilm avec Lisa Martinek (1h34) 3. Canal + 21.00 Coupe du monde de la Fifa 2006 «Brésil/Croatie». KTO 20.50 Solidairement vôtre «SOS Villages d’enfants». 21.45 Passer la frontière. 22.50 La foi prise au mot «Foi au Moyen Âge (l’intégrale)». TELEVISION Mercredi 14 juin Jeudi 15 juin Vendredi 16 juin TF1 TF1 TF1 20.45 Coupe du monde de la 20.50 Julie Lescaut «Une jeune fille en danger» GA. Téléfilm avec 20.50 Ciel, mon mardi DR 20.55 Des racines et des ailes «Spéciale Musée du quai Branly». Magazine présenté par Louis Laforge, avec Stéphane Martin, président du musée. 23.40 Légende «Jacques Villeret par Philippe Labro». 00.35 Champions du monde (2 et 3/3) : «L’art et la manière», «Le marché de l’art». Documentaire. Arte 20.40 Les mercredis de l’histoire «Indira Gandhi : L’assassinat de Mother India» J. ឭឭឰ Intéressant, mais incomplet. 21.40 Arte reportage. 22.35 Le dessous des cartes «Le Monténégro». Magazine. 22.50 Les larmes du Tigre Noir GA. Western en VO (2000) de Wisit Sasanatieng, avec Chartchai Ngamsan (1h40). ឭឰ Mineur et sanglant. M6 20.50 Laura, le compte à rebours a commencé (2/4) GA. Feuilleton avec Delphine Chanéac, Sophie Duez, Christophe Malavoy. ឭឰ Très conventionnel. 22.40 Une histoire de spectacle «Franck Dubosc». Documentaire. 23.45 Le protocole Windsor I «Le testament interdit». Téléfilm avec Kyle MacLahan(1h31) 2. Canal + 20.50 Papa J. Comédie (2005) de Maurice Barthélémy, avec Alain Chabat, Martin Combes, Yaël Abecassis (1h15) 2. (Voir notre analyse page 35) KTO 20.50 La foi prise au mot «Sport et religion». Régis Burnet s’entretient avec John Palfrey. 21.40 Arthur Rimbaud, Chypre poste restante. C’est au cours d’un séjour sur l’île que Rimbaud décida d’abandonner la littérature. 22.55 Audience générale. 20.40 Gas-oil GA. Drame en NB (1955) de Gilles Grangier, avec Jean Gabin, Jeanne Moreau, Ginette Leclerc (1h32). ឭឭ Une œuvre prenante. 22.15 La vie en face «Dans les champs de coton» J. ឭឭ Intéressant, mais pessimiste. 23.10 Tracks. M6 20.50 NICS «Enquêtes spéciales. Série avec Mark Harmon, Sasha Alexandre, Michael Weatherly, Pauley Perrette 2. 22.40 Jeepers creepers «Le chant du Diable» A/Ø. Horreur (2002) de Victor Salva, avec Gina Philips (1h27) 3. ឭឰឰ Peu crédible et morbide. 00.25 Le protocole Windsor II «Les réseaux de l’aigle». Téléfilm avec Kyle MacLahan (1h35) 2. Canal + 21.00 Coupe du monde de la Fifa 2006 «Suède/Paraguay». KTO 20.50 Elias Chacour. Portrait d’un archevêque grec-catholique, un arabe israélien qui défend les siens. 21.45 KTO magazine «Les moines : Comment vivent-ils ?». 22.55 Rachmaninov «Les Vêpres». Gavini "Donner le goût de lire à nos enfants", avec Emmanuelle Rémond (directrice de collection chez Fleurus) 21h00 Génération, par Marco. Emission, destinée aux 15/25 ans, interactive, tél. 01.56.56.44.45. Mercredi 14 juin 14h30 Esprit de famille, par Cathe- rine Antéblian "Grands-parents de petits enfants handicapés" 22h00 Ecoute dans la nuit, par Chantal Bally, avec le Père Guy Gilbert. Jeudi 15 juin 9h00 Le bistrot de la vie, par Billie, DR William Petersen 3. France 2 20.55 Mes parents chéris GA. Téléfilm avec Catherine Jacob, Adriana Asti, Michel Aumont, Jean-Michel Noirey, Christophe Alévêque (1h31). (Voir ci-contre) 22.35 Ça se discute «Première grossesse, premier bébé : Comment les parents débutants font-ils face ?». Magazine. France 3 Mardi 13 juin 14h30 Esprit de famille, par Anne «L’émission coup de poing». Divertissement présenté par Christophe Dechavanne, avec la participation de Patrice Carmouze, Sophie Favier, Michel Field, Renaud Rahard, Clémentine Célarié, Michèle Bernier, etc. 23.25 Sans aucun doute. Magazine présenté par Julien Courbet. France 2 Véronique Genest, Mouss Diouf, Renaud Marx, Jennifer Lauret, Joséphine Serret. ឭឭ Un épisode réussi. 22.40 La méthode Cauet. Magazine présenté par Cauet. France 2 20.55 Envoyé spécial : «La route du cheveu», «Les enfants de l’injustice», «Folles de macarons». Magazine présenté par Guilaine Chenu et Françoise Joly. 23.00 Infrarouge : «Les trotskistes : Les trotskistes du monde (2/2)», «Coup de froid sur la planète». Documentaires. France 3 20.55 Meurtre au soleil GA. Policier (1981) de Guy Hamilton, avec Peter Ustinov, Jane Birkin, Nicholas Clay (1h58). ឭ Très décevant. 23.30 Taratata. Divertissement présenté par Nagui, avec Indochine, Katie Melua, Sinik, Kubb, Ayo, Phoenix, Noyau Dur, Didier Wampas, El Presidente, etc. Arte 20.55 Boulevard du Palais «Trahisons» GA. Téléfilm avec DR Fifa 2006 «Allemagne/Pologne». 23.10 Les experts. Série avec RADIOS Radio Notre Dame Anne Richard, Jean-François Balmer, Philippe Ambrosini, JeanLouis Tribes, Michel Robin (1h29). ឭឭ Un épisode à la fois bourré d’humour et très émouvant. 22.35 Campus. Magazine présenté par Guillaume Durand. France 3 20.55 Thalassa «Pêcheurs de l’impossible». Magazine présenté par Georges Pernoud. 23.20 La vie comme un roman «Coluche, la France a besoin de toi !». Documentaire. Arte 20.40 L’enfant d’une autre GA. Téléfilm de Virginie Wagon, avec Catherine Jacob, Maéva Munoz, Arly Jover, Olivier Marchal, Arnaud Garnier (1h30). (Voir notre analyse page 35) Avoir des idées… Comment ça marche ? 22.15 L’invasion des idées J. ឭឭ Vivant et bien fait, mais trop dense. 23.55 Georgi et les papillons J. ឭឭ Portrait d’un homme généreux et inventif. 00.50 Qui a tué l’idée ? J. Court métrage. ឭឭ Original et intéressant. M6 20.35 Coupe du monde 2006 «Mexique/Angola (groupe D)». 22.55 Nip/Truck. Série avec Dylan Walsh 4. 23.45 Sex & the City. Série avec Sarah Jessica Parker 2. Canal + 21.00 Coupe du monde de la FIfa 2006 «Mexique/Angola». KTO 20.50 KTO magazine «Les dieux du stade : Comment expliquer une telle fascination ?». 21.45 Itinéraires «Choix de vie alternatifs». 23.30 L’art du photographe «Hay Tiempo». "Le surendettement des ménages" 17h00 Face aux chrétiens, par Frédéric Mounier, avec Bernard Kouchner (ancien ministre délégué à la santé) Vendredi 16 juin 14h30 Esprit de famille, par Béatrice Auger, "Créer son école", avec Anne Coffinier. 17h00 Les médias en question, par Emmanuel de la Taille, avec Michel Field (le grand journal LCI). RCF Samedi 10 juin 9h15 Table ronde, en direct de Bor- deaux, à l’occasion des Journées de Convivialité RCF, animée par Violaine Breurec et Christian Vadon, sur le thème "Les médias en font-ils trop ?", avec le Cardinal Jean-Pierre Ricard (archevêque de Bordeaux et président de la Conférence des évêques de France), René Poujol (directeur/rédaction du Pèlerin), JeanFrançois Bodin (directeur de l’Information à RCF)... Lundi 12 juin 13h30 Repères "Télé, internet, por- table : comment gérer les médias en famille ?", avec Monique de Hadjetlaché (psychanalyste) - rediffusion, mercredi 14 juin (22h). M.B. sur France 2 Mercredi 14 juin, à 20h55 Mes parents chéris GA Un concours de circonstances oblige Marie à passer ses vacances avec ses amis et ses parents. ឭឭឰ Il fallait tout l’humour caustique de Catherine Jacob pour rendre tout le sel de son personnage. Même si la comédie est parfois lourde (et si l’héroïne est souvent odieuse), on rit de bon cœur avec cette cohabitation forcée. D’autant que l’interprétation est épatante. ឭឭឰ Quel joli couple ! On comprend que les amis de l’héroïne craquent pour lui ! Quel dommage que celle-ci ne parvienne pas à leur dire qu’elle les aime ! Des trivialités. T : J : GA: A : Ø : ឭ: ឰ: Tout public Repères Adolescents Grands adolescents Adultes Œuvre (ou scène) nocive Elément positif Elément négatif FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 37 BLOC-NOTES Calvados ✔ La communauté des Béatitudes, Le Château, 14100 Hermival-les-Vaux, ✆ 02.31.32.00.44, organise du 31 juillet au 4 août, le rassemblement d’été pour tous (y compris familles) "Venez, marchons dans la lumière", avec Carlos Payan, Mgr Rey, Philippe Oswald, Mgr Gaucher... Possibilité de participer à 1, 2, 3, 4 ou 5 jours au choix. Courriel : [email protected] Indre-et-Loire ✔ Le sanctuaire de l'Ile Bouchard propose, à la maison de Chézelles, les 17 et 18 juin, une session de réflexion avec la communauté de l'Emmanuel, sur le thème "Les sectes, comment faire face ?" [une information et une aide au discernement pour un sujet préoccupant et complexe], animée par le père Bernard Peyrous (ancien responsable de la pastorale des sectes pour le diocèse de Bordeaux) et Christian Piron [co-responsable de la pastorale des sectes pour le diocèse de Luçon, ancien officier de police chargé du phénomène sectaire]. Rens./insc. : Maison de Chézelles, 37220 Chézelles, ✆ 02.47.58.52.01 / amisdechezelles@ wanadoo.fr Oise ✔ 7e pèlerinage des hommes à Saint Joseph "De la forêt de Compiègne à l'abbaye d'Ourscamp", les 24 et 25 juin sur le thème "L'Eucharistie". Rendezvous le 24 juin (8h15) au Francport. Bénédiction puis marche jusqu'à l'abbaye Notre-Dame d'Ourscamp. Messe, enseignements, temps de prière, conférence, adoration du Saint Sacrement, confessions possibles... Le dimanche, journée familiale, Messe (10h) avec la communauté, pique-nique, chapelet avec les moines, conférence par Sœur Caroline Runacher, op. Activités pour les enfants. Rens./insc. : Grégoire Guillaume, 7 rue Aubrelicque, 60200 Compiègne, ✆ 03. 44.97.56.03 ou 06.75.24.68.69. ✔ Un concert sera donné le 30 juin (20h30) dans l'église de Montmille, par la soprano Adèle Belmont, artiste lyrique internationale "Ave Maria" et gospels. Cette église du 11e siècle (crypte du 9e) est le lieu du pèlerinage à saint Lucien, martyr ici au 3e siècle [à quelques km de Beauvais]. Rens. "Les Amis de Montmille", Dominique Lauchard, ✆ 03.44.79.07.16 ou 06.62.11.50.54. Yvelines ✔ Le Centre spirituel Notre Dame du Cénacle, 68 av. de Paris, 78000 Versailles, ✆ 01.39. 50.21.56, propose des retraites prêchées : du 1er au 7 juillet "Jésus le don de Dieu", du 20 au 27 juillet "Prier avec l'Art", du 22 au 31 août "Prier avec l'Evangile de Jean" ; des retraites de 2, 3, 5, 8 jours au choix, entre le 18 et le 27 juillet ou entre le 22 août et le 2 septembre. Courriel : cenacle. [email protected] Sénégal ✔ Grandes conférences du Centre Lebret "Léopold Sédar O f f re d ' a b o n n e m e n t ✂Abonnez-vous ! Senghor, alchimiste de l’imaginaire chrétien" par le frère Henri Ndong (directeur du collège StGabriel de Thiès, spécialiste de l’œuvre poétique de Léopold Sédar Senghor) et frère Philippe Verdin (écrivain, journaliste), le 8 juin (19h), salle Lebret, en face l’université, avenue Cheikh Anta Diop. Sénégal, ✆ 824.26.08. Pèlerinage ✔ Sur les routes de Saint-Jacques de Compostelle, pour les 18-30 ans. 6 jours de Saint-Palais à Pampelune, trois jours en France et trois jours en Espagne. Une marche organisée par les sœurs de la Providence du 15 au 22 juillet. Coût : 180 € + le voyage. Rens. ✆ 01.45.04.73.55 ou ✆ 03. 89.49.80.32 / francine.heinis@ laposte.net Camps ✔ Le Catholic Youth World Network (Apostolat des Légionnaires du Christ) vous propose ses camps d’été, pour les garçons de 10 à 16 ans, du 5 au 17 juillet ; du 19 au 31 juillet. 3 camps d’été sont prévus : un camp Surf, dans le bassin d’Arcachon ; un camp Montagne, près d’Annecy ; un camp Voile, dans la région de Brest. Prix 450 €. (Voyage aller-retour, déplacements pendant le séjour, activités sportives et culturelles, intendance et hébergement, t-shirt du camp). Nbre de places limité. Rens. : www.campscatholiques.org Découverte de la vie monastique ✔ Pour les jeunes, (18 à 35 ans), une session est organisée du 5 (matin), au 12 juillet (matin). Logés à l’hôtellerie du monastère, ils participent aux temps essentiels de la journée d’un moine : prière liturgique et prière personnelle, enseignement sur la règle de saint Benoît et la spiritualité monastique, temps de travail manuel, de partage et de détente. Rens. : père Hôtelier, Abbaye Saint-Pierre, 72300 Solesmes, ✆ 02.43.95. 03.08 / hospes@ solesmes.com site : www.solesmes.com Séjours ✔ Vacances en famille, seul ou entre amis au sanctuaire ND de Laghet (06), entre mer et montagne (15 km de Nice). Animations ponctuelles organisées par les Bénédictines du Sacré Cœur de Montmartre pour enfants et adultes. ✆ Sr hôtelière : 04.92.41. 50.50, fax 04.92.41.50.59, courriel : [email protected] Rassemblement des jeunes catholiques ✔ Cet été, venez tous au Rassemblement des Jeunes Catholiques ! Les jeunes de 18 à 30 ans sont invités à Saint-Laurent-surSèvre (Vendée) du 31 juillet au 6 août. Au programme de la semaine : liturgie et adoration, enseignements sur le thème : "Chrétien aujourd'hui ? Rendre raison de l'espérance qui est en nous" (I Pi 3, 15), amitié, détente, visite de la région. Aumônier : FRANCE à Catholique Offrez un abonnement ! HEBDOMADAIRE chèque à l’ordre de FRANCE CATHOLIQUE 60 rue de Fontenay - 92350 Le Plessis-Robinson ❒ Je souscris un premier abonnement à FRANCE CATHOLIQUE : 1 an = 75 € (au lieu de 110) (*)(**) et je reçois un cadeau ❒ une boîte de marrons glacés "Clément Faugier" (poids net 400 g) (***) ❒ Mme ❒ Mlle ❒ M. Nom/prénom : ............................................................................................................................... 75 € pour un an (au lieu de 110 €) Adresse : ...................................................................................................................................................................... Code postal : .....................Ville : ............................................................................................................................... ❒ J'offre un premier abonnement à FRANCE CATHOLIQUE : 1 an = 75 € (au lieu de 110) (*)(**) à un prêtre, une communauté, mes enfants, dont voici les coordonnées : (vous pouvez joindre une feuille séparée). Si vous offrez cet abonnement ce cadeau peut être envoyé chez vous (****) ❒ Mme ❒ Mlle ❒ M. Nom/prénom : ............................................................................................................................... Adresse : ...................................................................................................................................................................... Code postal : .....................Ville : ............................................................................................................................... ❒ Je souhaite recevoir 5 numéros de FRANCE CATHOLIQUE gratuitement et sans engagement (*****) Avec l'abonnement, en cadeau, une boîte de marrons glacés "Clément Faugier" (*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le préciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement. Abbé Pozzetto. Direction doctrinale : Père de Blignières. Présence de prêtres des communautés Ecclesia Dei (messe en latin rite saint Pie V) Rens. : RJC, 3 rue Balny d'Avricourt, 75017 Paris, ✆ 06.63.35.95.09 / contact@ rjc2006.com ou [email protected] Site : www.rjc2006.com Marches : Les Goums ✔ 8 jours de désert avec les GOUMS, une expérience unique en son genre... Les GOUMS commençent à être connus, du moins, par ce qu'on en dit mais rien ne vaut d'en connaître la réalité par l'expérience. Il y a bien des manières de traverser le désert, même en 4x4, mais avant la curiosité des paysages la vérité du désert se trouve en soi. Nous vivons une époque où, malgré la montée en puissance de la science, l'individu vit de plus en plus dans l'incertitude. Au milieu des villes à millions d'habitants, on ne sait plus qui l'on est... soi. On se demande même parfois si la vie a un Sens. Le désert "vécu à la manière GOUM" vous donne au moins une chance de trouver un commencement de réponse à cette question. Nos marches au long cours, nos bivouacs à la belle étoile, nos petites équipes fraternelles de 15 à 20, nos Eucharisties quotidiennes avec des Prêtres qui marchent avec nous, donnent à notre expérience GOUM une captivante originalité. Les GOUMS lancent 30 Raids cet été, du 2 juillet au 6 septembre dans les Causses, le Jura, l'Aubrac, au Maroc, en Italie, en Turquie. Age des participants : 2035 ans (90 à 120 € la semaine). Informations : Michel de Malartic, 1800 route du colonel Bellec, 13540 Puyricard, ✆/fax 04.42.92. 27.40, ou Jean Latil, 16 av. Alfred Capus, 13090 Aix-en-Provence, ✆/fax 04.42.29.72.75 / equipe@ goums.org / www.goums.org Université d'été œcuménique de la Mission ✔ Neufs services et mouvements des Eglises chrétiennes en France [catholique, protestantes et orthodoxe] à l’initiative des OPMCoopération missionnaire, organisent pour les 20-30 ans une Université d’été œcuménique de la Mission. Elle se tiendra du 22 au 27 août 2006 dans le Massif de la Sainte Baume entre Toulon et Marseille avec pour thème "Christ notre Espérance : dans un monde pluriel, traçons des chemins d’espérance". Rens. : Université d’été Mission 2006, 5 rue Monsieur, 75007 Paris, ✆ 01.53.69.17. 46 / [email protected] Site http://www.universite-ete-mission.org Cheminement intérieur en peignant une icône ✔ Astride Hild vous invite à faire un voyage intérieur au travers de la beauté des couleurs et la Présence du Divin en peignant une icône. C’est le temps de la Rencontre par excellence, qui ouvre à l’Infini et à l’Intimité de Dieu. Pour débutants et initiés, ces retraites sont prévues : à l’abbaye de Maredsous (en Belgique), du 9 (soir) au 15 juillet (soir), "Chemin d’Evangile avec St Benoît", en peignant l’icône de St Benoît, en étroite collaboration avec les moines bénédictins ; à l’Abbaye de Valognes (près de Cherbourg), du 5 (soir) au 11 août (soir), "Contemplation du Christ Transfiguré", en peignant l’icône du Christ Transfiguré, en étroite collaboration avec les moniales bénédictines ; à Marienthal (Lieu de pèlerinage marial en Alsace Bas-Rhin), du 20 (soir) au 26 août (soir) "Chemin avec Marie, notre Mère", en peignant l’icône de la Vierge du Signe. Rens./insc. : a s t r i d . d e l a n d e @ p a n d o ra . b e Site : http://users.pandora.be/astrid Amis du Pape Urbain V ✔ L’Association des Amis du Bienheureux pape Urbain V (1310- 1370) tiendra son assemblée générale le 17 juin (10h) à l’archevêché d’Avignon, 35 rue d’Annabelle, 84000 Avignon. Créée en 2005, cette association s’est donnée pour but d’œuvrer pour la canonisation de ce Pape français, premier pape d’Avignon à revenir à Rome, humaniste éclairé, grand intellectuel, disciple de saint Benoît, homme de Dieu, et champion de l’Europe chrétienne et de l’œcuménisme. Rens. et adhésions : Général Merle, 48000 Le Born, ✆ 04.66. 47.70.78. CEPHI ✔ Rentrée universitaire 20062007 du CEPHI (Centre d’études philosophiques), 115117 rue Notre Dame des Champs, 75006 Paris, ✆ 06.08.62.01. 40 et 01.56.24.02.13/ [email protected] site : www.cephi.com Le Cephi offre un double cursus : CEPHI/ Sorbonne et permet aux étudiants d’obtenir (avec plus de 90% de réussite) la licence, grâce à un accompagnement pédagogique de qualité et un suivi individuel dans l’orientation des études vers la vie active. L’esprit de l’école favorise la considération de la personne humaine et offre la possibilité d’une aide spirituelle auprès de frères de la congrégation Saint-Jean du père Marie-Dominique Philippe. Pour passer un communiqué, contactez : [email protected] fax : 01.46.30.04.64 Le slogan "La fraternité en actes" donne l’orientation de la nouvelle formule qui paraît ce mois-ci, à l’occasion du numéro 500, du mensuel Nouvelle Cité. "La fraternité est la catégorie de pensée capable de rendre compte à la fois de l’unité et de la distinction auxquelles tend l’humanité contemporaine" rappelait récemment Chiara Lubich, fondatrice des Focolari, mouvement dont Nouvelle Cité est l’expression éditoriale. 32 pages proposant dossiers et articles sur des sujets d’actualité, thèmes spirituels, témoignages et faits de vie, dialogue entre religions… Spécimen gratuit "découverte", auprès de Nouvelle Cité, 37 avenue de la Marne, 92120 Montrouge, Tél. 01.40.92.70.85, fax 01. 40.92.11.68. Site : www.nouvellecite.fr REGISTRE DU COMMERCE NANTERRE B 314 344 474 BLOC-NOTES ABONNEMENTS À FRANCE CATHOLIQUE France, 6 mois : 58 € / 1 an (47 numéros) : 110 € / Etranger, 1 an : 122 €. Abonnement soutien : 250 €. Pour la Belgique, virements à l'ordre de E. Kerkhove, chaussée de Dottignies 50 7730 Estaimpuis, tél. 056.330585, compte bancaire : 275.0512. 029.11. Pour les autres pays, procédez par virements postaux internationaux sur notre compte chèque postal SCE 43 553 55 X La Source, ou bien par mandats internationaux à l'ordre de la SPFC ou par chèques bancaires libellés en euros et payables en France ou par chèques bancaires domiciliés à l'étranger moyennant une surtaxe de 18 €, ou par carte bancaire via le site internet www.france-catholique.fr Le journal ne rembourse pas les abonnements interrompus du fait de l'abonné / Ne paraît pas en août. PETITES ANNONCES Tarif : la ligne de 35 lettres : 6 €. Domiciliation : 9 €. Communiqué dans le bloc-notes, forfait : 20 € ➥ Location : Juillet en Minervois, gîte rural, T2, chambre, salle d'eau, salle de séjour-cuisine, piscine. 300 € la semaine. "Le Pech d'André", 34210 Azillanet, tél. 04.68.91.22.66. ➥ Libre au 1er août 2006, auxiliaire de vie confirmée s'occuperait de personnes âgées. Ecrire au journal (avec la référence 106) qui transmettra. ➥ Entretien et réparation d'orgues : Marc Hédelin. Tél. : 01.39.55.33.29. FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaire N° Commission Paritaire de la Presse : 1006 I 85771 valable jusqu’au 31 octobre 2006 CNIL : 6778405 60, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-Robinson Téléphone : 08.75.69.14.92 - 01.46.30.79.06 - 01.46.30.37.38 - Fax : 01.46.30.04.64 Courriel : [email protected] - CCP La Source 43 553 55 X édité par la Société de Presse France Catholique, s.a. au capital de 327.136 euros. - 418 382 149 R.C.S. Nanterre Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (Itinéris 06.08.77.55.08) - Conseiller de la direction : Robert Masson - Editorialiste : Gérard Leclerc - Rédaction : Anne Montabone - Tugdual Derville - Ludovic Lécuru - Grégoire Coustenoble - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven - Abonnements/Comptabilité : Marie-José Carreira. Imprimé par IPPAC-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 Langres Les documents envoyés spontanément ne sont pas retournés. L'essentiel des collaborateurs du journal est composé de bénévoles. Forum internet ouvert à tous http://www.france-catholique.fr FRANCECatholique N°3028 9 JUIN 2006 39