Frapper aux portes

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Frapper aux portes
Frapper aux portes
ou comment mobiliser pour
les prochaines élections
Auteurs : Guillaume Liegey, Arthur Muller et Vincent Pons
Date : Octobre 2010
www.laboratoire-des-idees.fr
Sommaire
La mobilisation électorale au coeur des campagnes
américaines
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5
1) Le retour progressif du porte-à-porte à destination des abstentionnistes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2) Une efficacité sans comparaison avec les techniques ordinaires de campagne . . . . . . . . . . . . . 5
Le porte-à-porte, une stratégie électorale pour le Parti
Socialiste: le projet pilote de 2010
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6
1) Baser la stratégie électorale sur des faits : la genèse du projet pilote . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2) Ciblage des cantons prioritaires, formation des militants et évaluation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
Les trois bénéfices du porte-à-porte : efficacité électorale,
reconquête de l’électorat populaire et importance accrue du
militant
8
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1) Le porte-à-porte, une technique électorale efficace qui appelle un ciblage préalable . . . . 8
2) Le porte-à-porte, une première réponse à la désaffection de l’électorat populaire
pour la gauche. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
3) Le porte-à-porte, une forme de militantisme moderne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Le porte-à-porte, pour gagner la prochaine élection
présidentielle - massifier et professionnaliser la campagne
Conclusion
. . . .
13
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Frapper aux portes - ou comment mobilisr pour les prochaines élections | Le Laboratoire des idées du Parti socialiste | octobre 2010
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Préambule :
yy Pour gagner une élection, il est souvent plus efficace de mobiliser les électeurs de son propre camp
risquant de s’abstenir que de tenter de persuader
les indécis et les électeurs de l’autre camp de voter
pour soi. Or, pour mobiliser un électeur hésitant à
se rendre aux urnes, le porte-à-porte, technique qui
pourrait sembler rudimentaire à l’heure d’Internet,
se révèle au contraire très efficace.
yy A l’occasion des élections régionales de mars
2010, huit sections socialistes d’Ile-de-France ont
mené une campagne de mobilisation. Les résultats
sont prometteurs : accueil très positif des électeurs,
implication considérable des militants et forte augmentation de la participation de certains groupes
d’électeurs, qu’une évaluation scientifique a permis
d’estimer rigoureusement.
yy Cette campagne s’est inspirée de celle menée il
Quelques mots sur les auteurs :
Nous sommes trois militants de la section de Boston ;
après des études à l’ENS Ulm et à HEC en France,
nous nous sommes retrouvés fin 2008 à Boston,
autour des universités de Harvard et du MIT où nous
étudions les sciences politiques et l’économie. Nous
avons participé à la fin de la campagne de Barack
Obama et nous avons réalisé que ni le charisme
du candidat, ni ses actions à grand spectacle ne
l’auraient porté à la Maison Blanche sans le travail
y a deux ans par Barack Obama aux Etats-Unis. De
nombreux articles ont décrit en détail ce qui avait
fait le succès des démocrates : la mobilisation sans
précédent de millions de volontaires bénévoles, qui
sont allés de façon systématique à la rencontre des
électeurs démocrates abstentionnistes. La principale technique utilisée à cet effet était le porte-àporte.
yy Comme l’a démontré le projet organisé en Ile-deFrance, le porte-à-porte n’est pas un outil exclusivement américain. L’élection présidentielle de 2012
sera l’occasion pour le Parti socialiste de déployer
une campagne ciblée dans la France entière. Cette
mobilisation des abstentionnistes de gauche jouera
un rôle essentiel pour la victoire de la gauche en
2012. Mais cette stratégie suppose de mettre en
place dès aujourd’hui un processus systématique
de recrutement et de formation d’un grand nombre
de volontaires. ■
de terrain titanesque des militants démocrates.
Nous nous sommes dès lors demandé comment
notre parti pouvait mettre en œuvre une campagne
similaire. Dès le mois de novembre 2009, nous avons
lancé un projet pilote avec l’équipe de campagne
de Jean-Paul Huchon en Ile-de-France pour tester
l’efficacité de la mobilisation électorale pendant la
campagne des élections régionales de mars 2010.
Nous présentons dans cette note les résultats de
ce projet et les leçons à en tirer, avec pour objectif
principal l’élection présidentielle de 2012. ■
Frapper aux portes - ou comment remporter les prochaines élections | Le Laboratoire des idées du Parti socialiste | septembre 2010
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Synthèse de la note :
Pour gagner l’élection présidentielle de 2012, la
stratégie politique générale (le programme, le choix
du candidat), l’organisation interne du parti (le rôle
du militant, l’intégration des sympathisants) et sa
capacité à se rassembler après les primaires seront
déterminantes. Mais l’exécution de la campagne
proprement dite et le choix des techniques utilisées
le seront tout autant. Or, le déploiement d’une campagne massive de porte-à-porte, notamment dans
les quartiers populaires, où l’abstention est historiquement la plus forte, est l’une des techniques de
campagne les plus efficaces : il est plus facile de
convaincre un abstentionniste de sensibilité socialiste de se rendre aux urnes que de persuader un
électeur indécis ou qui vote pour l’autre camp de
voter pour le PS. C’est là l’un des trois bénéfices que
l’on peut attendre d’une campagne de porte-à-porte
à grande échelle :
yy Une campagne de porte-à-porte bien menée peut faire gagner suffisamment de voix
pour faire la différence dans une élection serrée. En effet, le porte-à-porte est nettement
plus efficace que la plupart des techniques couramment utilisées par les partis politiques français lors des élections nationales (notamment
meetings, affiches et tracts). Elle permet d’instaurer un contact direct avec des électeurs qui
ne s’intéressent pas spontanément au débat politique, et que les autres méthodes n’arrivent pas
à atteindre. Or ce sont ces électeurs peu actifs,
hésitant fortement à aller voter, que la campagne peut espérer faire changer d’avis et qu’elle
doit donc cibler en priorité. Lorsqu’on sait que
depuis 1974, le Président de la République est
élu avec un écart moyen de 2.5% (à l’exception
de l’élection de 2002), le gain de voix qu’on peut
raisonnablement attendre d’une opération de
porte-à-porte devient déterminant.
yy Le porte-à-porte nous permettra par
ailleurs de partir à la reconquête de notre électorat de base. En effet, c’est dans les quartiers
populaires que la proportion d’abstentionnistes
de gauche est la plus élevée. Une campagne de
porte-à-porte efficace visera donc d’abord ces
quartiers. Ainsi, le porte-à-porte peut constituer
une des premières étapes pour renouer avec
des électeurs souvent déçus et détachés de la
politique.
yy Enfin, des campagnes de porte-à-porte
de grande ampleur auront des conséquences
sur l’organisation interne du parti : parce qu’il
consiste en un contact direct entre le militant
et l’électeur, le porte-à-porte met le militant au
cœur de la campagne et suppose que le parti
centre son organisation et ses ressources autour
de ses militants. C’est ce qu’a réussi à faire la
gigantesque campagne de terrain de Barack
Obama : une large partie du professionnalisme,
des ressources et des outils modernes (internet,
notamment) étaient mis au service, non du candidat, mais des millions de bénévoles qui, parfois pour quelques heures seulement, allaient à
la rencontre des électeurs. ■
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La mobilisation électorale au coeur des
campagnes américaines
1) Le retour progressif du
porte-à-porte à destination
des abstentionnistes
De nombreux articles et rapports ont décrit en
détail la campagne présidentielle de Barack Obama
en 20081. Révolutionnaire, cette campagne l’a été
à plusieurs niveaux : recours à une multitude de
petits donateurs ; recrutement de plus de 5 millions
de volontaires bénévoles, organisés de façon
décentralisée et très structurée ; et utilisation
des outils informatiques les plus modernes pour
leur permettre de coordonner leurs actions.
Mais si l’ampleur des forces mobilisées est sans
précédent, ces volontaires ont passé le plus clair
de leur temps à faire ce qui constituait le cœur de
chaque campagne jusque dans les années 1960 :
frapper aux portes pour encourager les électeurs
abstentionnistes de sensibilité démocrate à aller
voter. Cette technique avait été délaissée depuis
les années 60 au profit de moyens de campagne
plus modernes mais aussi plus impersonnels : spots
télévisés, et appels téléphoniques automatisés au
message standardisé.
Il est intéressant de noter que parallèlement à
cette évolution des techniques de campagne, la
participation électorale s’était érodée. Certes, de
nombreuses explications ont été avancées pour
expliquer cette tendance (déclin de l’esprit civique,
décomposition du tissu social et du capital social).
Mais pour Alan Gerber et Donald Green, chercheurs
à l’université de Yale, une partie significative du
déclin de la participation électorale s’explique par
l’abandon progressif du contact direct entre électeurs
et militants politiques lors des campagnes.
2) Une efficacité sans comparaison avec les techniques
ordinaires de
campagne
Ces deux chercheurs ont redécouvert le porteà-porte comme technique de campagne. Leurs
travaux du début des années 20002 montrent que
le contact personnel entre militants et électeurs est
déterminant pour encourager ceux-ci à aller voter :
le porte-à-porte est le meilleur moyen pour toucher
les électeurs démobilisés, notamment parce qu’il
assure un contact direct et personnel avec ces
derniers. Au contraire, le collage d’affiches, la
distribution de tracts sur les marchés, les envois
directs de programmes ne touchent souvent que les
électeurs les plus politisés, déjà actifs et mobilisés.
Les stratèges politiques se sont rapidement emparés
de ces résultats pour développer des campagnes de
« Get-Out-The-Vote »3. Dans un contexte d’abstention
croissante, augmenter le taux de participation de
ses propres partisans était une technique bien plus
efficace et plus simple pour gagner une élection
que de tenter de convaincre des électeurs d’autres
sensibilités de changer de camp. ■
_________________
1. Voir notamment le rapport de la fondation Terra Nova
2. Alan S. Gerber and Donald P. Green, The Effects of Canvassing, Telephone Calls and Direct Mail on Voter Turnout: A Field
Experiment, American Political Science Review, Vol. 94, No. 3
(Septembre 2000).
3. Campagnes visant à encourager les électeurs de son propre
camp à aller voter, notamment grâce au porte-à-porte
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Le porte-à-porte, une stratégie
électorale pour le Parti Socialiste:
le projet pilote de 2010
1) Baser la stratégie électorale
sur des faits : la genèse du
projet pilote
En France, le Parti Socialiste est bien armé pour
mettre en œuvre une campagne de porte-à-porte
à grande échelle pour la présidentielle de 2012. Il
bénéficie d’un réseau de militants motivés et actifs et
le porte-à-porte est encore pratiqué régulièrement
par certaines sections. Mais si l’enjeu est de faire
du porte-à-porte une des techniques principales
de la campagne de 2012, il ne suffit pas de décrire
les succès de l’équipe d’Obama : il faut d’abord
s’assurer de l’efficacité réelle de ces techniques et
de la possibilité de les transposer en France, dans
un contexte politique très différent. C’est l’objet de
la campagne pilote que nous avons menée dans le
cadre des élections régionales de 2010, assortie
d’une évaluation rigoureuse de l’effet du porte-àporte sur la participation électorale.
Les campagnes électorales de terrain reposent très
souvent sur l’expérience vécue et l’intuition des
équipes de campagne, avec pour données factuelles
principales les résultats des élections passées et les
sondages d’opinion. Les études universitaires, de
leur côté, portent sur les déterminants du vote et
ou de l’abstention, mais très peu sur les actions de
campagne. Avant l’expérience décrite ici, il n’existait
donc en France aucune mesure rigoureuse de
l’efficacité des techniques de campagne en termes
de gain de voix.
Notre étude avait donc pour objectif de répondre
aux questions suivantes : le porte-à-porte permet-il
d’augmenter la participation électorale ? Le porteà-porte est-il plus efficace dans certains contextes ?
Certaines catégories d’électeurs y sont-elles plus
sensibles que d’autres ?
La campagne de porte-à-porte proprement dite s’est
déroulée pendant les quatre semaines précédant le
premier tour des élections régionales, le 14 mars
2010, et entre les deux tours. Les militants socialistes
de huit sections ont frappé à plus de 9 000 portes,
principalement dans les quartiers populaires.
Avant cette phase de terrain, les trois mois précédant
l’élection ont été consacrés à la préparation de la
campagne. Elle s’est organisée en trois étapes.
2) Ciblage des cantons prioritaires, formation des militants
et évaluation
1ère étape : sélection des cantons
prioritaires.
Pour que le porte-à-porte soit le plus efficace possible, il faut d’abord identifier les quartiers à fort
potentiel de mobilisation. Pour mobiliser les abstentionnistes de gauche, l’opération devra cibler
les zones où la proportion de tels électeurs est la
plus forte. En utilisant les résultats électoraux de
tous les scrutins depuis les élections régionales de
19984, nous avons identifié les cantons à fort potentiel (ceux dans lesquels la proportion moyenne
d’abstentionnistes de gauche5 est la plus élevée).
Cette analyse montre que ces cantons sont d’abord
situés dans les quartiers populaires en banlieue. Ce
résultat confirme l’intuition selon laquelle le taux
de participation dans les banlieues est systématiquement plus faible qu’ailleurs et que la sensibilité
de gauche y est dominante.
2ème étape : mobiliser et former les
secrétaires de section et les militants
Parmi les sections situées dans les cantons
prioritaires, huit se sont portées volontaires pour
participer au projet : Bagneux, Domont, Malakoff,
Montrouge, Paris 11, Pierrefitte-sur-Seine, Sevran, et
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Villetaneuse. Des formations spécifiques au porteà-porte ont été organisées pour les militants de
ces sections pilote. Chacun d’entre eux a reçu un
guide pratique, comprenant des argumentaires et
des éléments concrets sur les actions de la région
dans sa ville. Enfin, avec les secrétaires de section,
et sur la base de leur connaissance du terrain et des
résultats électoraux passés, nous avons identifié
précisément les quartiers qui, au sein de leur ville,
seraient ciblés par l’opération.
3ème étape : mettre en place une méthode
d’évaluation rigoureuse pour mesurer
l’effet du porte-à-porte sur la participation
électorale
La méthode la plus fiable pour mesurer l’effet
d’une campagne de ce type est l’évaluation dite
« andomisée ». Au sein de chaque canton sélectionné,
les bâtiments résidentiels ont été affectés de façon
aléatoire soit à un groupe dit de traitement (dans
lesquels les militants iraient faire du porte-à-porte),
soit à un groupe dit de contrôle (dans lesquels les
militants ne feraient pas de porte-à-porte). L’impact
du porte-à-porte est la différence entre les taux
de participation des électeurs des bâtiments des
groupes de traitement et de contrôle.
_________________
4. En France, les données sur les résultats des élections passées
sont disponibles au niveau des cantons (~10 000 électeurs),
et parfois au niveau des bureaux de vote (~1 000 électeurs). Il
n’existe toutefois pas de base de données au niveau individuel.
5. Proportion moyenne d’abstentionnistes de gauche = taux de
participation moyen x moyenne de la part du vote pour les partis
de gauche (PS, Radicaux de gauche, Ecologistes, PC, LCR, LO)
– ce calcul fait implicitement l’hypothèse selon laquelle la proportion d’électeurs de sensibilité de gauche est la même parmi les
électeurs actifs et les électeurs abstentionnistes.
POURQUOI L’AFFECTATION ALEATOIRE
EST-ELLE IMPORTANTE POUR LA RIGUEUR
DE L’EVALUATION ?
Au niveau individuel, de nombreux paramètres
affectent la décision de se rendre aux urnes : le
niveau d’éducation, la distance entre le domicile
et le bureau de vote, l’intérêt pour la politique,
etc. En conséquence, si on constate que la
participation est plus forte dans le groupe de
traitement, par exemple, mais que les diplômés
du supérieur y sont plus nombreux que dans le
groupe de contrôle, il est difficile de déterminer
si la différence de taux de participation
s’explique par le porte-à-porte proprement
dit ou plutôt par les différences de départ
entre les deux groupes. L’affectation aléatoire
des électeurs à l’un et l’autre groupe permet
de répondre à ce problème et d’éliminer tout
biais : si l’échantillon est de taille suffisante,
le hasard garantit que les caractéristiques
des électeurs habitant dans les bâtiments du
groupe de traitement et de ceux vivant dans
les bâtiments du groupe de contrôle sont
identiques. Ainsi, si la participation est plus
forte dans le groupe de traitement, cela ne
peut être attribué qu’à la présence du porte-àporte dans ce groupe, seule différence avec le
groupe de contrôle ; on peut alors conclure de
façon rigoureuse à l’efficacité de l’opération.
Après l’élection, les résultats de participation au
niveau individuel ont été relevés en consultant les
listes d’émargement des bureaux de vote couverts
par la campagne6.
Grâce au travail rigoureux des secrétaires de section et des militants, toutes les sections ont atteint
leurs objectifs de couverture de bâtiments : 80 militants ont frappé à plus de 9 000 portes, avec un
taux de contact moyen de 50% (soit plus de 11 000
électeurs7) et un très bon accueil de la part des
électeurs. ■
_________________
6. Tout électeur peut consulter auprès des préfectures les
listes d’émargement jusqu’au 10ème jour suivant le 2nd tour de
l’élection.
7. Le nombre d’électeurs couverts n’est que légèrement supérieur au nombre de portes, en raison notamment de la présence
d’étrangers non inscrits.
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Les trois bénéfices du porte-à-porte :
efficacité électorale, reconquête de
l’électorat populaire et importance
accrue du militant
1) Le porte-à-porte, une technique électorale efficace qui appelle un ciblage préalable
Il restait à prouver que l’efficacité du porte-à-porte
n’est pas propre au contexte américain. Présentons
les résultats de notre expérimentation.
Résultat n°1 : un impact électoral fort sur
les électeurs nés à étranger et dans les
DOM-TOM
Notre évaluation montre d’abord que le porte-à-
porte a eu un effet fort et statistiquement significatif8 sur les électeurs nés à l’étranger et dans les
DOM-TOM (un tiers de notre échantillon total). Au sein
de ce groupe, le taux de participation des ménages du
groupe de traitement est de 4,1 points de pourcentage
supérieur à celui des ménages du groupe de contrôle,
soit une augmentation de plus de 13%9. Le porte-àporte a permis de convaincre un abstentionniste sur
9 d’aller voter10. Notons que si nous considérons uniquement le sous-échantillon de Français nés au Maghreb, l’effet est encore plus fort puisque les militants
ont convaincu 1 abstentionniste sur 6 d’aller voter.
_________________
Effet du porte à porte sur les français nés à l’étranger et dans les DOM-TOM
Lieu de naissance des
électeurs
Taux de participation…
Dans le groupe de
contrôle
Dans le groupe de
traitement
+4,1 pts
31,8%
3644
Taux de
contact*
3438
49,5%
Effet statistiquement significatif
à 1%
* Nb de porte ouvertes/nb de portes frappées
DOM-TOM
28,2%
Maghreb
21,6%
Afrique
hors
Maghreb
15,3%
Asie
9,0%
Reste du
monde
35,9%
Taux de
participation
Nombre
d’électeurs
25,9%
8. Ce résultat est statistiquement significatif à 1%, ce qui signifie que nous sommes certains à 99% que les résultats
observés sont dus au traitement – c’est à
dire au porte-à-porte – et non pas au hasard. C’est un résultat très robuste selon
les standards en vigueur en recherche.
9. Pour le groupe d’électeurs nés à
l’étranger et dans les DOM-TOM, le
taux de participation dans le groupe de
contrôle – parmi les électeurs chez qui
les militants n’ont pas fait de porte-àporte – est de 31,8%. Il est de 35,9% dans
le groupe de traitement.
10. Sur 100 électeurs nés à l’étranger ou
dans les DOM-TOM, il y a 68 électeurs
abstentionnistes. Les militants ont effectivement contacté la moitié de ces électeurs, soit 34 (le taux de contact est de
50%) et en ont convaincu 4 d’aller voter,
soit environ 1 électeur sur 9 (4/34). Ce
ratio est plus élevé que ceux mesurés
aux Etats-Unis par Gerber et Green. Ce
résultat qui traduit un taux d’ouverture
des portes de 50% est obtenu sous
les hypothèses suivantes : il y a autant
d’électeurs en moyenne derrière une
porte qui s’ouvre que derrière une porte
qui reste fermée et tous les électeurs
habitant derrière une porte ouverte sont
touchés. Cette seconde hypothèse nous
conduit sans doute à surestimer notre
taux de contact, et donc à sous-estimer
le nombre d’abstentionnistes effectivement touchés qui ont été convaincus
d’aller voter.
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Comment expliquer ce résultat significatif ? Il y a
de nombreuses raisons pour lesquelles le contact
direct entre un militant et un électeur peut encourager ce dernier à aller voter.
yy Les militants apportent des informations
concrètes sur les élections : de nombreux
électeurs, en particulier dans les quartiers populaires, ignorent parfois jusqu’à la date des
prochaines élections. Ce phénomène est encore
accentué lors des consultations locales. Ainsi,
le simple fait de rappeler à un électeur qu’une
élection aura lieu à telle date peut inciter celui-ci
à aller voter.
yy Le contact direct crée un sentiment de
« micro-obligation »11 sociale à aller voter.
Selon de nombreuses études, une des raisons
de l’abstention est la diminution du sentiment
d’obligation sociale à aller voter : si voter cesse
d’être un réflexe majoritaire autour de soi, on
cesse de voter régulièrement. Or, parce qu’il
offre un contact direct avec une personne qui
affirme son engagement pour le vote, le porteà-porte recrée un micro sentiment d’obligation
sociale.
yy La présence de militants sur le terrain
témoigne de la considération pour un électorat souvent délaissé par les partis politiques. C’est en particulier vrai pour l’électorat d’origine étrangère. Dans ce contexte,
un contact direct entre un militant socialiste
et un électeur peut avoir un effet fort car il
suggère un regain d’intérêt de la part du parti pour l’électorat des quartiers populaires.
_________________
11. Expression reprise à Céline Braconnier et Jean Yves Dormagen, La démocratie d’abstention, Aux origines de la démobilisation électorale en milieu populaire, Editions Galimard 2007
Résultat n°2 :
un impact électoral hétérogène
Le second enseignement de notre évaluation
concerne les autres électeurs, ceux nés en France
métropolitaine (environ deux tiers de notre
échantillon) : le porte-à-porte n’a pas eu d’impact
significatif sur cette partie de notre échantillon.
Ainsi, on constate que certains électeurs ont été
particulièrement difficiles à mobiliser.
Notre étude ne permet pas d’apporter d’explication
certaine à ce résultat, mais on peut avancer les
hypothèses suivantes : les élections régionales se sont
déroulées dans un contexte de très forte abstention,
nettement plus élevée que lors des précédents
scrutins régionaux ; en outre, les militants ne sont
passés qu’une seule fois dans les bâtiments alors
que, par exemple, les équipes d’Obama visaient au
moins 3 contacts par électeur.
Enseignements sur l’efficacité électorale du porte-à-porte. Trois enseignements peuvent être tirés
de ces résultats :
yy Le porte-à-porte offre un potentiel de gain
de voix considérable. Parmi nos concitoyens nés
hors de France métropolitaine, les militants ont
convaincu un abstentionniste sur 9 d’aller voter ; et ce grâce à un contact unique d’une durée
moyenne comprise entre 2 et 5 minutes.
yy Le porte-à-porte n’est efficace que s’il est
précédé d’un ciblage attentif. L’hétérogénéité
des effets mesurés renforce en effet l’importance
d’un ciblage de l’électorat contacté. Cela signifiet-il qu’à l’avenir il ne faut cibler que les électeurs
nés à l’étranger ou dans les DOM-TOM ? Nullement, comme le montre l’enseignement suivant.
yy Un seul contact avec l’électeur n’est probablement pas suffisant pour avoir un effet
sur l’ensemble de la population. L’absence d’effet statistiquement significatif global sur le taux
de participation des Français nés en Métropole
n’implique nullement que le porte-à-porte est
inutile auprès de la majorité de la population. Au
contraire, l’hétérogénéité des résultats au sein
de ce groupe ainsi que le succès des expériences
américaines reposant sur 3 contacts minimums
laissent raisonnablement penser que, pour certains électeurs, plusieurs contacts sont nécessaires pour observer un effet sur la participation.
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2) Le porte-à-porte, une première réponse à la désaffection
de l’électorat populaire pour la
gauche
Renouer contact avec l’électorat populaire
L’abandon économique et social des quartiers
populaires se double d’un abandon politique :
spécialiste des quartiers populaires, le journaliste
du Monde Luc Bronner le résume ainsi : « […]
L’abstention place les quartiers dans un cercle
vicieux. Parce que les hommes politiques pourront
être tentés par une lecture cynique et considérer ces
territoires comme définitivement «non rentables»
électoralement. Pour la droite, qui y recueille des
scores dérisoires. Pour la gauche, qui obtient des
pourcentages flatteurs mais un nombre de voix
réduit »12.
Il est au contraire urgent de renouer le contact avec
ces électeurs abstentionnistes, souvent déçus ou
indifférents vis-à-vis de la politique, et qui ne se
sentent pas concernés par les partis politiques. Cela
présenterait en effet deux bénéfices pour le Parti
socialiste.
D’une part, un bénéfice politique de fond : la présence
des militants sur le terrain et le contact direct
avec les électeurs par le porte-à-porte permettent
d’écouter ce que ces électeurs ont à nous dire
et sont un premier pas pour mieux répondre aux
demandes exprimées par les résidents des quartiers
populaires.
D’autre part, un bénéfice électoral : notre évaluation
révèle que cette démarche est efficace, puisqu’elle se
traduit par une augmentation de la participation des
électeurs d’origine immigrée. Lorsque les électeurs
des quartiers populaires votent, ils soutiennent
largement le parti socialiste et les autres partis
de gauche, comme le confirment les analyses des
résultats des élections passées. Si le Parti socialiste
parvient à remobiliser la partie abstentionniste de
cet électorat, il en bénéficiera directement.
L’abstention parmi l’électorat populaire : un large
problème qu’une action unique de porte-à-porte
ne peut pas résoudre seule
Des actions isolées de porte-à-porte en période
électorale ne suffiront évidemment pas à elles
seules à faire baisser massivement et durablement
l’abstention de l’électorat populaire. La reconquête
de cet électorat passe aussi par des propositions
de politiques publiques innovantes – la réflexion sur
ces dernières n’est pas l’objet de cette note. Ainsi,
une action ponctuelle de porte-à-porte n’est que
l’initiation d’un dialogue qui doit être entretenu par
une présence régulière sur le terrain, en et hors
campagne. Par ailleurs, indépendamment de la
désaffection des quartiers populaires pour la politique,
la faible participation électorale s’y explique aussi
par la fréquence d’un phénomène décrit par Céline
Braconnier et Jean-Yves Dormagen dans leur ouvrage
La démocratie de l’abstention13: la « malinscription ».
Au cours de leur enquête menée dans la cité des
Cosmonautes à Saint-Denis (93), ces chercheurs ont
remarqué que de nombreux électeurs inscrits dans
un bureau de vote de la cité résidaient en fait hors
de celle-ci. Inversement, des électeurs habitant la cité
étaient inscrits dans d’autres bureaux de vote. Pour
ces deux types d’électeurs « mal inscrits », la distance
domicile-bureau de vote est nettement plus élevée
que pour les électeurs bien inscrits : aller voter prend
donc davantage de temps et est plus coûteux ; or, pour
des électeurs peu politisés, ce coût du vote devient
vite rédhibitoire. Ainsi, la malinscription transforme
ces électeurs en abstentionnistes récidivistes.
D’après les estimations de C. Braconnier et J-Y.
Dormagen, ce phénomène concerne plus du quart des
électeurs des quartiers populaires et explique à lui
seul une part importante de l’abstention supérieure à
la moyenne observée dans les quartiers populaires14.
Cette malinscription pourrait néanmoins être réduite
grâce à une large campagne d’inscription et de réinscription sur les listes électorales. Le porte-à-porte
est tout indiqué pour une telle action de terrain. C’est
l’une de ses applications possibles pour les prochaines
échéances électorales.
_________________
12. Luc Bronner, L’abstention en banlieue plus grave que les
émeutes, Le Monde du 26 mars 2010
13. Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen, La démocratie
de l’abstention, Aux origines de la démobilisation électorale en
milieu populaire, Editions Galimard, 2007.
14. Ibid, p.53
Frapper aux portes - ou comment remporter les prochaines élections | Le Laboratoire des idées du Parti socialiste | septembre 2010
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3) Le porte-à-porte, une forme
de militantisme moderne
Le militant : au contact direct de l’électeur et au
cœur de la campagne
Au sein des huit sections pilote, peu de militants
avaient une expérience préalable de porte-à-porte.
Aller toquer aux portes, c’était pour eux s’aventurer
sur un terrain moins familier que les marchés ou
les gares de leur ville, lieux traditionnels de tractage pendant les campagnes électorales. Contrairement au tractage pendant lequel les discussions
entre militants et électeurs sont généralement très
courtes voire inexistantes, le porte-à-porte donne
lieu à un échange exclusif et donne l’occasion aux
militants de répondre aux questions des électeurs,
de les informer sur les élections à venir et sur le
programme du parti. Ce contact direct a beaucoup
plu aux militants, qui voyaient là une forme très
concrète d’action politique, structurée en séances
de deux heures environ, entre 18 et 20h le soir ou
le samedi en journée. Les retours des militants sont
sans équivoque : il est gratifiant daller à la rencontre d’électeurs d’ordinaire ignorés après s’être préparés de façon adéquate. Les militants ont notamment beaucoup apprécié les supports qui leur ont
été proposés (formation au porte-à-porte, guide de
mobilisation, fiche de suivi de la couverture des immeubles, fiche de commentaires).
Par ailleurs, une campagne de porte-à-porte met le
militant au cœur de la campagne. Nombre de campagnes électorales se concentrent principalement
sur le candidat, qui s’adresse de manière indirecte
à l’ensemble des électeurs (par les médias, les affiches, les brochures). Au contraire, le contact direct
que suppose le porte-à-porte donne au militant un
rôle essentiel qui le place au cœur de la campagne,
de ses efforts et de ses ressources.
L’électeur : un très bon accueil
L’accueil des électeurs a été en général très bon,
et très rarement hostile, y compris parmi les électeurs que les militants n’ont pas réussi à mobiliser :
contrairement à ce qu’on pouvait penser, sous cet
aspect l’électeur français ne réagit pas de manière
fondamentalement différente de l’électeur américain.
Le parti : une image positive
Les militants ont par ailleurs souligné à plusieurs
reprises que la démarche d’aller à la rencontre des
électeurs donnait une image positive de notre parti.
Celle-ci ne pourra que s’améliorer si de telles actions ont lieu régulièrement. Certaines sections ont
ainsi décidé de refaire du porte-à-porte en dehors
des périodes de campagne électorale, pour communiquer autour d’évènements locaux ou de campagnes nationales (par exemple sur le débat sur les retraites). Le porte-à-porte a en effet de nombreuses
applications et peut devenir un outil fréquemment
utilisé par les sections, tant pendant les campagnes
(cantonales en 2011, présidentielles et législatives
en 2012, municipales en 2014) qu’en dehors des périodes électorales (par exemple pour organiser une
campagne d’inscription sur les listes électorales).
Les premiers retours des militants sont positifs et encouragent le PS à
faire davantage de porte à porte*
t Résultats d’un
sondage réalisé auprès
les militants ayant
participé au projet
Pensez-vous participer à d’autres campagnes de porte à porte à
l’avenir ?
Oui
Non
Pensez-vous que le PS devrait faire davantage de porte à porte ?
Oui
Non
* Sondage réalisé auprès des militants ayant participé à l’opération (25 réponses)
Frapper aux portes - ou comment remporter les prochaines élections | Le Laboratoire des idées du Parti socialiste | septembre 2010
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L’expérience pilote invite sans conteste à poursuivre le porte-à-porte dans les quartiers populaires :
yy Un potentiel électoral fort qu’il s’agit de
concrétiser pleinement en établissant un
contact répété avec l’électeur, à la fois pendant
les périodes électorales et après celles-ci ; cela
permettra également de mieux comprendre les
raisons des variations de l’effet selon les types
d’électeurs et d’affiner le ciblage des opérations
de campagne.
yy Un effet très positif sur le parti, ses militants
et son image
yy Une signification politique plus large : audelà de l’évaluation menée dans le cadre de
notre projet, la reconquête de l’électorat des
quartiers populaires est un objectif très important pour notre parti. Les futures campagnes de porte-à-porte devront donc multiplier les contacts entre militants et électeurs,
déterminants pour renouer le contact avec
les électeurs les plus déçus de la politique. ■
Les applications possibles du porteà-porte
Campagne d’information nationale, pour
communiquer directement auprès des électeurs
sur les arguments du PS concernant les grands
enjeux nationaux (réforme du système de
retraite, de l’éducation nationale, etc)
Campagne d’inscription sur les listes électorales,
en se concentrant sur les cantons dans lesquels
le taux d’inscription est le plus faible ou le taux
de mal-inscription le plus élevé.
Campagne de promotion des primaires
socialistes ouvertes, afin de maximiser la
participation. Pour cela, cette campagne devra
se concentrer sur les cantons dans lesquels le
potentiel de participation est élevé.
Elections cantonales de mars 2011, au cours
desquelles le projet que nous avons organisé
peut-être reproduit et la préparation des militants
adaptée à la spécificité de ces élections
Election présidentielle de mai 2012 : pour
avoir un effet significatif sur les résultats du
scrutin, la campagne de porte-à-porte devra être
organisée au niveau national et préparée le plus
tôt possible afin de pouvoir recruter et former le
nombre adéquat de volontaires.
Frapper aux portes - ou comment remporter les prochaines élections | Le Laboratoire des idées du Parti socialiste | septembre 2010
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Le porte-à-porte, pour gagner la
prochaine élection présidentielle
- massifier et professionnaliser la
campagne
Un très fort besoin de volontaires
Pendant un mois, 80 militants ont couvert environ
9 000 portes réparties dans huit villes différentes.
Le déploiement d’une telle campagne à l’échelle
nationale implique de mobiliser un très grand nombre de militants et de sympathisants ayant envie de
s’investir dans la campagne. Pour estimer le nombre de volontaires, nous utilisons le ratio militant/
électeurs couverts, calculé sur la base du projet.
80 militants ont contacté environ 11 000 électeurs
en 4 semaines, à raison de 3 sessions par semaine
en moyenne. Or, on peut estimer que pour que le
porte-à-porte joue un rôle significatif lors de la présidentielle de 2012, il faudrait contacter au moins
15% de l’électorat (soit 7 millions d’électeurs) ; en 3
mois de campagne, à raison d’une session de porte-
à-porte par semaine en moyenne, il faudrait environ
160 000 volontaires.
Ce calcul demeure sommaire mais il permet de tirer
un enseignement : déployer une campagne de porte-à-porte à grande échelle implique de mobiliser
sur le terrain et de former un nombre de volontaires
que le PS n’a encore jamais réussi à atteindre lors
des campagnes présidentielles précédentes.
Mobiliser implique trois choses : recruter
les volontaires, les former, mettre en
place une organisation efficace pour coordonner leurs actions.
Ces trois étapes sont décrites ci-dessous :
3ème étape : mise en place de l’organisation d’ensemble
2ème étape partage de la stratégie
et déclinaison des premiers
objectifs
1ère étape recrutement
•! Constitution d’une base de
contacts
•! Identification d’organizers
(« mobiliseurs ») potentiels
•! Formation des leaders aux
techniques de mobilisation et
d’organisation de campagne
Les formations sont
centrées autour de jeux de
rôle, ce qui explique un
ratio formateur / formé de
1à5
•! En utilisant la base de contacts, les
mobiliseurs recrutent des volontaires
•! Chaque mobiliseur a un objectif de
recrutement de volontaires mais il reste
autonome quant aux moyens pour y
parvenir
•! Une fois les volontaires recrutés, les
mobiliseurs les forment
•! Les volontaires recrutés peuvent à leur tour devenir mobiliseurs : la
hiérarchie de la campagne de mobilisation est flexible et s’adapte aux
aspirations des volontaires
•! Si un volontaire souhaitent lui-même devenir mobiliseur, il doit simplement
montrer qu’il peut organiser des évènements de campagne et recruter de
nouveaux volontaires
•! Une fois ces objectifs atteints, il reçoit à son tour une formation spécifique
Mobiliseur
Un mobiliseurs travaille en
général avec une centaine de
volontaires
Mobiliseur
Responsable
départemental
ou régional
Mobiliseur
$
Mobiliseur
Mobiliseur
Mobiliseur
Frapper aux portes - ou comment mobilisr pour les prochaines élections | Le Laboratoire des idées du Parti socialiste | octobre 2010
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Notre projet montre très nettement l’importance de
la formation et de l’encadrement des volontaires.
Pour beaucoup de militants, aller frapper aux portes
d’électeurs qu’ils ne connaissaient pas était intimidant.
Pour les accompagner, nous avons conçu un guide de
mobilisation les guidant pas à pas, leur suggérant des
pistes de réponses en cas de questions ou situations
difficiles. La mise en place d’une campagne de porteà-porte à l’échelle nationale doit s’accompagner
de formations similaires pour tous les volontaires
participant à l’opération. Le plan de campagne
précis préparé avec les secrétaires de section a aussi
permis aussi de les rassurer : chaque binôme avait
des objectifs précis (une liste de bâtiments à couvrir
sur une période donnée).
Pour former rapidement un grand nombre de
militants, la méthode la plus efficace est l’approche
dite virale ou boule de neige: constituer une première
base de militants formés, ayant l’expérience des
campagnes électorales et capables de former à
leur tour d’autres volontaires, et ainsi de suite. Ces
militants mobiliseurs formeront d’autres militants
et volontaires, dont certains pourront aussi devenir
mobiliseurs. Cette approche est illustrée ci-dessous :
A ce titre, l’exemple américain est éclairant. Pour
former ce premier cercle de mobiliseurs, les ressources consacrées à la formation étaient très
importantes : la formation type durait deux jours
et le rapport entre le nombre de formateurs et
de participants était de 1 à 5. Cela permettait notamment d’organiser de nombreux jeux de rôles.
Une fois ces formateurs prêts, ils pouvaient à leur
tour recruter et former des volontaires. Cette approche virale permet donc de démultiplier très
rapidement le nombre de volontaires formés. ■
Point de départ : les mobiliseurs
Principes d’une méthode virale
… qui eux-mêmes recrutent des sympathisants
…des sympathisants
Les « mobiliseurs » identifient…
Militants
Sympathisants
1er cercle
Le procédé peut
ensuite être
répété avec les
deuxième,
troisième,…
cercles de
militants
Sympathisants
2ème cercle
• Une approche virale commence
par l’action d’organizers ou
« mobiliseurs », chargés de
mobiliser
– D’autres militants moins
actifs
– Des sympathisants
• N’importe qui le souhaitant peut
devenir mobiliseur, à condition de
recevoir la formation prévue
• Notre parti dispose déjà d’un
réseau de militants expérimentés
et motivés, tout à fait capable
d’exercer ce rôle de mobiliseur
• Il s’agit de faire d’orienter la
compétence et la motivation de ce
premier cercle de militants vers la
formation et le recrutement de
nouvelles forces militantes
• Cela doit devenir un objectif
explicite, suivi et encadré par le
parti
Frapper aux portes - ou comment remporter les prochaines élections | Le Laboratoire des idées du Parti socialiste | septembre 2010
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Conclusion :
La mise en œuvre d’une campagne de mobilisation
à grande échelle pour la présidentielle de 2012 est
à portée de main pour notre parti. L’étude menée
pendant les élections régionales montre qu’accompagnée d’un ciblage pertinent de l’électorat, cette
approche est efficace pour gagner des voix. Mais
passer à l’échelle nationale implique de recruter un
nombre très important de volontaires, de les former rigoureusement et de coordonner leurs actions.
Trois dimensions que les équipes d’Obama ont très
bien maîtrisées, en plaçant les militants politiques au
cœur du travail de terrain de la campagne. Ce niveau
de professionnalisme et d’implication des militants
socialistes sera l’une des clés du retour au pouvoir
de la gauche sur la scène nationale. Les stratèges des
campagnes américaines ont coutume de dire qu’une
élection se gagne deux ans avant le jour du scrutin.
Afin d’être le plus efficace possible en 2012, il est nécessaire d’entamer dès maintenant la préparation de
la campagne et la mise en place d’une organisation
permettant de former et coordonner nos militants. ■
Frapper aux portes - ou comment remporter les prochaines élections | Le Laboratoire des idées du Parti socialiste | septembre 2010
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